L E P E T I T L I V R E D E

L A I A FA R R A N G R AV E S

PRADA

© Groupe Eyrolles 2012 pour l’édition en langue françaiseISBN : 978-2-212-13556-5

Introduction 6

L’héritage 8

Les premières années 16

Prada, une esthétique 26

Miu Miu, la petite sœur de Prada 48

Prada pour homme 78

Les collections du millénaire 94

Collections récentes 116

Beauté, parfums 132

Art et design 138

Bibliographie 156

Collections 156

Index 158

Remerciements 160

Sommaire

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Introduction 7

Introduction

Voici la saga extraordinaire de Prada, une boutique milanaise d’abord spécialisée dans la maroquinerie de luxe, qui est devenue un véritable empire quand Miuccia Prada, la petite-fi lle du fondateur, en a pris les rênes en 1978. Ce livre, qui retrace la trajectoire étonnante de cette société, présente aussi la philosophie visionnaire de Prada et tout ce qu’évoque aujourd’hui la marque.

Les premiers chapitres sont consacrés au développement de l’esthé-tique Prada, depuis les premières collections d’accessoires – le plus célèbre est le fourre-tout en nylon créé en 1985, qui interroge la notion même d’accessoire de luxe – jusqu’aux collections de prêt-à-porter les plus récentes. Tous les éléments clés de cette esthétique sont analysés, ainsi que la façon très nouvelle dont la maison utilise textures, tissus et couleurs pour questionner nos certitudes sur ce que peut et doit être la beauté.

Sont ensuite explorés l’essor de la société, le rôle essentiel que Prada a joué dans le retour en force du minimalisme et d’une féminité très inspirée des silhouettes des années 1940, 1950 et 1960. Parallèlement est analysée l’éthique d’une marque qui mixe constamment idées nova-trices, valeurs et techniques traditionnelles.

Un chapitre entier est consacré à Miu Miu, une ligne dérivée, et retrace son parcours depuis la première présentation à Milan jusqu’à son irruption, plutôt culottée, à la Fashion Week de Paris. Les collections récentes sont abordées et l’essence de cette entreprise atypique mise en exergue. Le succès de Prada Hommes fait l’objet d’un chapitre spécifi que qui analyse ce que cette ligne peut avoir d’unique. D’autres secteurs où Prada s’est impliqué, comme les cosmétiques, sont également abordés. La dernière section du livre est consacrée à son engagement dans le domaine artistique, à travers la Fondation Prada, à but non lucratif ; elle lève le voile sur de fabuleux projets et l’implication de la société dans le monde artistique. Page de gauche

Les éléments clés de la marque :

des couleurs fortes, des formes simples

et élégantes, des textures contrastées.

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L’héritage 9

L’héritage

La capitale italienne de la mode a vu naître l’une des plus grandes success stories du XXe siècle. L’adresse ? Via Bergamo 21, Milano – celle du siège de Prada.

L’histoire de Prada commence à Milan en 1913, quand Mario Prada et son frère Martino ouvrent une maroquinerie dans la galerie Vittorio Emanuele II, une double suite d’arcades coiffées de verre, au sol pavé de mosaïques de marbres, percée au XIXe siècle pour relier la place du Dôme et la place de la Scala.

La boutique, Fratelli Prada (Les Frères Prada), fut d’emblée renommée pour la grande qualité des articles qu’elle proposait. S’appuyant sur un savoir-faire d’excellence, utilisant les plus belles matières, Mario et Martino Prada présentent des créations dont toutes les caractéristiques – luxe, sens du style et originalité – allaient rapidement être associées à leur nom. Les frères Prada ont ainsi créé une valise en cuir de morse, et importé d’Angleterre des malles de marine. Ils proposaient des bagages, des sacs à main, des vanity-cases et toute une gamme d’acces-soires raffi nés, notamment des cannes et des parapluies. En 1919, après quelques années seulement d’activité, Fratelli Prada devient le fournis-seur attitré de la famille royale italienne : depuis lors, sur le logo de Prada fi gurent les armoiries de la maison de Savoie.

Mario légua son affaire à sa fi lle Luisa, qui la transmit en 1978 à sa propre fi lle, Miuccia. Cette dernière, qui a reçu une formation univer-sitaire, aurait pu se révéler une bien piètre héritière, mais son fl air incroyable, qui lui a toujours fait devancer les tendances, et son sens aigu de la mode lui ont permis, même si elle n’a aucune formation dans ce domaine, de devenir la principale styliste de la société.

Aujourd’hui, Prada a bien changé : la petite affaire familiale est devenue un empire international, présent dans soixante-dix pays à travers

Page de gauche

La première boutique Prada s’est ouverte

sous le nom de Fratelli Prada en 1913 dans

la galerie Vittorio Emanuele II. Élégance,

luxe et prestige : tout ce qui fait aujourd’hui

encore le succès de la marque était déjà au

rendez-vous.

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plus de deux cent cinquante boutiques. Outre la mode, Prada explore aussi le domaine de l’art, avec la Fondation Prada, et celui du sport, avec l’équipe America’s Cup Challenge Luna Rossa.

Miuccia Prada n’a pas fait d’études de stylisme ni appris la couture, ni même fréquenté une école d’art. Après un doctorat de sciences politiques

de maroquinerie quand il a rencontré

Miuccia Prada, à la fi n des années 1970.

En unissant leurs forces, ils ont fait d’une

simple affaire familiale une marque connue

dans le monde entier. Ils se sont mariés

en 1987, le jour de la Saint-Valentin.

Page de droite

Une deuxième boutique Prada s’est

ouverte en 1983 Via della Spiga. Aussi

luxueuse que la première, elle adopte

cependant une esthétique plus moderne.

Pages précédentes

C’est dans la somptueuse galerie

Vittorio Emanuele II que s’est ouverte la

première boutique Prada. Sa voûte en

berceau, de verre et d’acier, est typique

de l’architecture du XIXe siècle ; le sol est

revêtu de spectaculaires mosaïques de

marbres. Un imposant dôme vitré marque

l’intersection des deux galeries d’arcades.

Ci-dessus

Patrizio Bertelli avait sa propre société

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à l’université de Milan, elle a étudié le mime au Piccolo Teatro di Milano, se destinant à une carrière de comédienne qu’elle abandonna à contre-cœur pour reprendre l’affaire familiale. Sans doute en réaction à une enfance qu’elle qualifi e de triste – elle rêvait de robes roses, mais les siennes étaient bien plus sages –, elle se forgea plus tard un look très personnel, basé sur de fabuleux vêtements signés Yves Saint Laurent ou Pierre Cardin. Son caractère et un sens du style qui n’appartient qu’à elle ont été déterminants quand elle a repris la société Prada ; ils lui ont permis de faire de la petite affaire familiale l’une des maisons de haute couture les plus importantes du monde.

Quelque temps après avoir pris les rênes de la maison, Miuccia rencontre Patrizio Bertelli, qui possédait sa propre société de maroqui-nerie. Passionné par la fi nance, il devient son associé… et son mari. Il fut pour elle un appui constant, pendant qu’elle mettait toute son énergie à diriger l’entreprise et développer la marque. C’est lui qui lui conseilla d’arrêter d’importer des produits d’Angleterre et de changer le style des bagages que la société proposait : de fait, dès 1979, Miuccia lançait la première ligne de sacs en nylon. Elle avait un faible pour les matières

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L’héritage14

industrielles et choisit le Pocone, une toile de nylon utilisée à l’origine pour doubler les malles. Ce choix original fut un véritable défi sur le plan technique, et travailler cette matière se révéla plus coûteux que façonner le cuir, mais elle voulait essayer quelque chose de nouveau, d’excitant, qui serait à la fois fonctionnel et esthétique… Le fait que ces sacs parais-saient impossibles à réaliser ne faisait qu’ajouter du piment au défi … La persévérance paya, et même si les sacs Pocone n’ont pas été d’emblée un succès, ils sont devenus avec le temps la première grande vente de la marque.

En quelques années, Miuccia apprit tout ce qu’il faut savoir pour réussir dans les affaires. En 1983, elle ouvrit avec Patrizio Bertelli une seconde boutique à Milan, Via della Siga ; les articles proposés témoi-gnaient du même sens du détail que ceux de la maison mère, mais ils traduisaient une esthétique plus moderne.

C’est en 1985 que Miuccia a créé une véritable icône de la mode, le fameux fourre-tout de nylon Prada. Ce sac en Pocone, et non pas en cuir, fut une véritable révolution : il fut copié dans le monde entier. Miuccia avait fait d’une toile industrielle un matériau de luxe, et le succès incroyable de ce sac ne pouvait que renforcer la notorité de la marque. Ce sac noir, avec sa plaque et son logo métallique triangulaire, devint un must have pour les rédactrices de mode du monde entier, et établit plus fermement encore la notoriété de Prada.

Une ligne de chaussures a vu le jour à cette époque, suivie quatre ans plus tard des premières collections de prêt-à-porter. Leurs lignes mini-malistes et strictes reçurent d’abord un accueil mitigé : elles n’étaient guère dans le ton de ce qui se faisait dans les années 1980. Mais le vent n’allait pas tarder à tourner, et en quelques saisons le look unique que Miuccia proposait était devenu synonyme de chic : le Prada que nous connaissons était né.

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L’héritage 15

Ci-dessus

Prada continue de se diversifi er en 1979

en ajoutant une ligne de chaussures à sa

collection d’accessoires. Tous les modèles

ont en partage la qualité et le savoir-faire

Prada.

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