le patronat europÉen au maroc

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Page 1: LE PATRONAT EUROPÉEN AU MAROC
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LE PATRONAT EUROPÉEN AU MAROC

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Page 4: LE PATRONAT EUROPÉEN AU MAROC

RENÉ GALLISSOT Agrégé de l'Université

Docteur du Troisième Cycle Assistant à la Faculté des Lettres d'Alger

LE PATRONAT EUROPÉEN AU MAROC ACTION SOCIALE, ACTION POLITIQUE

(1931-1942)

OUVRAGE PUBLIÉ PAR LE

CENTRE UNIVERSITAIRE DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE

DU MAROC

ÉDITIONS TECHNIQUES NORD-AFRICAINE S

22, RUE DU BÉARN — RABAT

1 9 6 4

Page 5: LE PATRONAT EUROPÉEN AU MAROC

DU MEME AUTEUR

Economie de l'Afrique du Nord. — Collection « Que Sais-Je ? »,

P.U.F., Paris, 1961 - 2 édition, 1964.

Page 6: LE PATRONAT EUROPÉEN AU MAROC

S O U R C E S

I. OUVRAGES

A. Etudes d'ensemble

Données générales. principalement géographiques.

BERNARD (A.). — L'Afrique du Nord (Géographie universelle). A. Colin, Paris, 1937.

DESPOIS (J.). — L'Afrique du Nord. P.U.F., Paris, 1949.

BIROT (P.) et DRESCH (J.). — La Méditerranée et le Moyen Orient. Tome I : La Méditerranée occidentale (Afrique du Nord, par J. Dresch). P.U.F., Paris, 1953.

LACOSTE (Y.). — L'Afrique du Nord. Histoire-Géographie, 2 fascicules. Docu- ments Edsco, Chambéry, 1954.

LEDUC (G.) (sous la direction de). — L'industrialisation de l'Afrique du Nord. A. Colin, Paris, 1951.

DRESCH (J.). — L'agriculture de l'Afrique du Nord. C.D.U., Paris, 1955.

CHEVALIER (L.). — Le problème démographique nord-africain. P.U.F., Paris, 1958.

GALLISSOT (R.). — L'économie de l'Afrique du Nord. P.U.F., Paris, 1961.

DESFEUILLES (P.). — Le Maroc. Pierre Roger, Paris, 1932.

SARAT (E.). — Le Maroc en 1932, et Le Maroc en 1938. Edition de l'Afrique du Nord illustrée, Casablanca.

Initiation au Maroc. Institut des Hautes Etudes marocaines. Editions d 'art et d'histoire, Paris, 1937.

GUERNIER (E.) (sous la direction d'). — Maroc (Encyclopédie coloniale et ma- ritime), 2 édition, Paris, 1940.

Introduction à la connaissance du Maroc. Imprimeries réunies. Casablanca, 1942.

CÉLÉRIER (J.). — Le Maroc. A. Colin, Paris, 1948.

CÉLÉRIER (J.). — Le Maroc. Berger-Levrault, Paris, 1948 et 1954.

COINDREAU (R) et PENZ (Ch.). —- Le Maroc. Paris, 1949. MIÈGE (J.L.) — Le Maroc. P.U.F., Paris, 1950.

Maroc, 1954. 2 numéros spéciaux de l'Encyclopédie mensuelle d'Outre-Mer, 1954.

Page 7: LE PATRONAT EUROPÉEN AU MAROC

Données générales historiques.

Or ienta t ion :

CROUZET (M.). — L 'époque contemporaine (Histoire générale des civilisations). P . U . F . , Paris , 1957.

BAUMONT (M.). — La faillite de la pa ix (1918-1939). 2 volumes. (Peuples et civilisations.) P . U . F . , Paris, 1948 et 1951.

CHEVALIER (L.). — Classes laborieuses et classes dangereuses. Plon. Paris, 1959.

BERQUE (J.). — Les Arabes. Delpire, Paris, 1959.

BERQUE (J. ). — Les Arabes d 'h ie r à demain. Le Seuil, Paris, 1960.

Techniciens de la colonisation. P . U . F . , Paris, 1945.

EHRMANN (H.-W.) . — La poli t ique du P a t r o n a t français 1936-1955. A. Colin, Paris, 1959.

Sur l 'Afrique du Nord :

JULIEN (Ch.-A.). — L 'Afr ique du Nord en marche. Jull iard, Paris, 1953.

BERQUE (J.). — Le Maghreb entre deux guerres. Le Seuil, Paris, 1962.

LE TOURNEAU (R.). — Evolut ion polit ique de l 'Afrique du Nord musulmane 1920-1961. A. Colin, Paris, 1962.

Sur le Maroc :

LANDAU (Rom.). — Marrocan D r a m a (1900-1955). The American Academy of Asian Studies. San Francisco, 1956.

AYACHE (A.). — Le Maroc. Bilan d ' une colonisation. Edi t ions sociales, Paris, 1956.

LACOUTURE (J. et S.). — Le Maroc à l 'épreuve. Le Seuil, Paris, 1958.

B. E tudes particulières

Histoire po l i t i que

GOULVEN (J.). — L a France au Maroc. 25 ans de Pro tec tora t (1912-1937). Publ ica t ion du Comité de l 'Afrique française, Paris, 1937.

KAMMERER (A.). — La véri té sur l 'armist ice. Edi t ions de Médicis, Paris, 1944.

GUILLAUME (Général). — Les Berbères marocains et la pacification de l 'Atlas central . Paris, 1946.

F in de l 'ère coloniale ? — Peuples et évolutions. Numéro spécial de la revue « Chemins du Monde ». Octobre 1948. Paris.

CATROUX (Général). — Dans la bataille de la Méditerranée. Jull iard, Paris, 1949.

ISTIQLAL. — Le Maroc. Bureau de documenta t ion et d ' informat ion, 1951. MADALYN (H.). — Présence française au Maroc, 1912-1952. Monte-Carlo, 1952.

CATROUX (Général). — L y a u t e y le Marocain. Hache t te , Paris, 1952.

Page 8: LE PATRONAT EUROPÉEN AU MAROC

MONTAGNE (R.). — Révolut ion au Maroc. Edi t ions F rance -Empi re . Paris , 1953.

REZETTE (R.). — Les par t is poli t iques marocains. A. Colin, Paris , 1955.

Recueils de droit .

RIVIÈRE et CATTENOZ. — Précis de législation marocaine. 2 volumes. Caen, 1942-1946.

VUILLET (P.). — Code marocain du travail . R a b a t , 1936.

LANCRE (P.). — La législation marocaine du travail . Casablanca, 1951.

LANCRE (P.). — Le droit adminis t ra t i f marocain et le droit pénal . Casablanca, 1939.

RUAUDEL (J.). — Le cont ra t de t ravai l et les délais de préavis au Maroc. Casablanca, 1938.

Histoire économique.

HOFFHERR (R.). — L 'économie marocaine. Sirey, Paris , 1932.

EVIN (G.). — L ' indus t r ie au Maroc et ses problèmes. Sirey, Paris, 1934. HOFFHERR et MAUCHAUSSÉE. — Charbon et pétrole en Afrique du Nord . Sirey,

Paris, 1935.

« Libre pensée de la Région de R a b a t ». — Maroc, voici tes maî t res . Moncho, Raba t , 1937.

CHEVALIER LE MORE (G.). — L ' indus t r ia l i sa t ion du Maroc. Facu l té de droit . Thèse dactylographiée . Alger, 1952.

MILLERON (J.). — Regards sur l 'économie marocaine. R a b a t , 1954.

PAGE (A.). — Regard sur l 'économie marocaine. Economie de l 'Un ion fran- çaise d 'ou t re -mer . Sirey, Paris , 1954.

La France et les Trusts. Numéro spécial, « Economie et Pol i t ique ». Paris , 1954.

Histoire sociale.

MONTAGNE (R.). — Villages et kasbahs berbères. Alcan, Paris , 1930.

MONTAGNE (R.). — Les Berbères et le Maghzen dans le sud du Maroc. Alcan, Paris , 1930.

BOUY (E.). — Le problème de la m a i n - d ' œ u v r e et la législation du t ravai l au Maroc. Sirey, Paris, 1930.

HOFFHERR (R.) e t MORIS (R.) . — Revenus et n iveaux de vie indigènes au Maroc. Sirey, Paris , 1934.

GENDRONNEAU. — Manuel de l ' en t repreneur . R a b a t , 1934.

MAHÉ (Yvonne). — L 'ex tens ion des villes indigènes au Maroc. Bordeaux , 1936.

RAY (J.). — Les Marocains en France . Paris , 1938.

BERNARD (Joseph). — Le droit du t ravai l au Maroc. Casablanca, Alger, Librai- rie économique et sociale, Paris , 1952.

D u PAC (J.). — Anecdotes marocaines. Edi t ions de l 'Atlas , Marrakech , 1947.

L ' E v o l u t i o n sociale du Maroc. — 3 études : —- Une famille marocaine par J e a n d 'E t i enne . — L 'évolu t ion de la vie ci tadine au Maroc p a r Louis Villème. — Le prolé tar ia t marocain de P o r t - L y a u t e y p a r S t éphane Delisle. Cahiers de l 'Afr ique e t l 'Asie, n° I. Pey ronne t , Paris , 1951.

Page 9: LE PATRONAT EUROPÉEN AU MAROC

MONTAGNE (R.). — Naissance du prolétariat marocain. Enquête collective. Cahiers de l'Afrique et l'Asie, n° III. Peyronnet, Paris, 1951.

CROZE (H.). — Souvenirs du vieux Maroc. Préface de la maréchale Juin. Edi- tions des Deux-Mondes, Paris, 1952.

TRYSTRAM (J.P.). — L'ouvrier mineur au Maroc. Larose, Paris, 1957.

II. ARTICLES

Pour la connaissance du Maroc

JOLY (F.). — Casablanca : éléments pour une étude de géographie urbaine. Cahiers d'Outre-mer, n" 2, avril-juin 1948.

VASSAL (Serge). — Les industries de Casablanca. Cahiers d'Outre-mer, n° 13, janvier-mars 1951.

DRESCH (J.). — Aspects nouveaux de l'Afrique du Nord. Annales de géogra- phie, 1953.

MARTIN (Pierre). — Le Maroc sous les ultras. Economie et politique, n° 16, octobre 1955.

Pour la connaissance de la période 1931-1939

AMPHOUX. — Le Maroc et la crise économique. Revue d'économie politique, janvier-février 1933.

AMPHOUX. — L'organisation bancaire au Maroc. Annales d'histoire économi- que et sociale, janvier 1934.

SABATIER. — Perspective marocaine. Revue politique et parlementaire, décem- bre 1933.

HOFFHERR (R.). — L'industrie marocaine dans « La Science au Maroc ». Casablanca, 1934.

HOFFHERR (R.) et MORIS (R.) — La crise et les indigènes. Revue politique et parlementaire, août 1934.

Pour l'étude des questions sociales

BERNARD (Augustin). — La main-d'œuvre d'Afrique du Nord. Renseignements coloniaux, supplément à l'Afrique française de septembre 1931.

DRESCH (J.). — Le prolétariat marocain. Peuples et évolution ; Chemins du Monde, octobre 1948.

AYACHE (A.). — Les grèves de juin 1936 au Maroc. Annales : Economies-Socié- tés-Civilisations, juillet-septembre 1957.

ADAM (A.). — Le bidonville de Ben Msik à Casablanca. Annales de l' Institut d'études orientales de l'Université d'Alger. Tome VIII, 1949-1950.

MIÈGE (J.L.) — La nouvelle médina de Casablanca, le Derb Carlotti. Les Cahiers d'Outre-mer. Tome VI, 1953.

GUÉRIF. — Naissance du prolétariat marocain. Les Temps modernes, juin 1952.

LEFEBVRE (Amédée). — Le prolétariat marocain. Vie intellectuelle, janvier 1953.

Page 10: LE PATRONAT EUROPÉEN AU MAROC

III. PÉRIODIQUES

« Annuaire du Maroc », publié par la Société anonyme de l'Annuaire général de l'Afrique du Nord (Agence Havas) jusqu'en 1939.

« Annuaire de statistique générale du Maroc », 1931 à 1939 et un seul numéro 1939-1944. Service du Protectorat, Rabat.

« Bulletin économique du Maroc ». Rabat. Trimestriel, depuis juillet 1933, n° 1.

« Bulletin officiel ». Rabat.

« Hespéris ». Bulletin de l 'Institut des Hautes Etudes marocaines, Rabat.

« Bulletin de l 'Institut d'hygiène ». Rabat. « Gazette des tribunaux du Maroc ». Rabat.

« La Vigie marocaine », quotidien. Casablanca.

« Le Petit marocain », quotidien. Casablanca. « L'Echo du Maroc », quotidien. Rabat. « Le Maroc socialiste », hebdomadaire. Casablanca.

« L'Encyclopédie mensuelle d'Outre-mer ». Paris.

« L'Afrique française », revue mensuelle. Paris. « L'Entreprise au Maroc », hebdomadaire, Casablanca « L'Avenir du rail », revue mensuelle. Casablanca.

« Faits et Idées ». Rabat. — Cahier n° 1 : La famille marocaine. 1956. — Cahier n° 2 : L'économie marocaine et la personne humaine. 1956. — Cahier n° 3 : Le rôle de la communauté européenne au Maroc. 1957.

IV. ARCHIVES

Bibliothèque générale et Archives du Maroc

Conseil de Gouvernement (sténographie des séances et documents annexes) : — 1932 : 2 sessions, 2 volumes. — 1933 : 1 session, 1 volume. — 1934 : 3 sessions, 3 volumes. — 1935 : 1 session, 1 volume. — 1936 : 1 session, 1 volume. — 1937 : session de juin, 1 volume,

session de décembre, 2 volumes. — 1938 : session de juin, 1 volume,

session de décembre, 2 volumes. — 1939 : 2 sessions, 2 volumes.

Bulletin du Comité central des Industriels. Casablanca. — N 1 et 2 : 1934 — N 3, 4 et 5 : 1935. — N 6 et 7 : 1939.

Page 11: LE PATRONAT EUROPÉEN AU MAROC

D o c u m e n t n° 6 du Comité central des Industriels . Mars 1936 (les autres docu- ments n ' o n t pas été retrouvés).

Le Travail . Organe officiel de l 'Union des Syndicats confédérés du Maroc, mensuel et bi-mensuel, pa ra î t du 15 juillet 1937 au 15 août 1939 (man- quen t plusieurs numéros).

Coupures de presse, K. 3, recueillies pa r année, n o t a m m e n t articles de : « La F rance militaire » — « Le Peuple » (organe C.G.T. français) — « La Croix » — « La Vie financière » — « Le Temps » — « Je suis par- tou t », etc.

Archives du Ministère marocain du Travail

Au Ministère du Travai l , sont répart ies dans des dossiers des pièces qui ont servi à l ' é laborat ion de la législation du t ravai l et des documents concernant l 'appl icat ion. U n sondage a été opéré dans les divers dossiers, et un dépouille- men t des dossiers suivants :

Dossier « Durée du travail » :

Le t t res des Chambres de commerce. — Let t res de la Chambre syndi- cale du bâ t imen t . — Tableaux des diverses consultat ions des Chambres de commerce. — Let t res du Service du t rava i l aux Chambres de com-

merce. — E x t r a i t de procès-verbal de la réunion d ' une commission tri- par t i te . — Rappor t s des inspecteurs du travail . — Note des chef et sous-chefs du Service du t rava i l au Résident. — Textes des projets de dahirs et des dahirs définitifs.

Dossier « Pa iemen t du salaire » :

Réponses des Chambres de commerce à une enquête de 1933. — Procès- ve rbaux d ' inspect ion du travail . — Comptes rendus d 'audiences, en 1939, de divers représentan ts pa t ronaux , n o t a m m e n t de membres de la Chambre syndicale du bâ t imen t et de la Direction des mines de Dje- rada. — Notes des chef et sous-chef du Service du t ravai l au Résident. — Textes des dahirs et arrêtés viziriels.

Dossier « Syndicat ». Très mince pour notre période : Le t t r e du contrôleur civil de P o r t - L y a u t e y du 6 avril 1938. — Ext ra i t s de presse favorables aux corporations. — Notes des chef et sous-chef du Service du t ravai l au Résident. — Textes des dahirs.

Bibl iothèque et Archives de la Chambre de Commerce de Casablanca

Bullet in de la Chambre de commerce et industrie de Casablanca, mensuel. 1931-1942.

Bullet in de la Chambre de commerce et industrie de R a b a t . Mars 1934-février 1936.

Documents et é tudes imprimés :

BAILLE. — R a p p o r t à la X V I I conférence des Chambres de commerce fran- çaises de la Méditerranée, mai 1931 : Le Maroc et son économie.

BAILLE. — Note sur l 'évolut ion de l 'économie marocaine, juin 1939.

BESTIEU (Ch.). — Les réalisations sociales au Maroc, sans date (époque 1952- 55).

Page 12: LE PATRONAT EUROPÉEN AU MAROC

III. PÉRIODIQUES

« Annuaire du Maroc », publié par la Société anonyme de l'Annuaire général de l'Afrique du Nord (Agence Havas) jusqu'en 1939.

« Annuaire de statistique générale du Maroc », 1931 à 1939 et un seul numéro 1939-1944. Service du Protectorat, Rabat.

« Bulletin économique du Maroc ». Rabat. Trimestriel, depuis juillet 1933, n° 1.

« Bulletin officiel ». Rabat.

« Hespéris ». Bulletin de l 'Institut des Hautes Etudes marocaines, Rabat. « Bulletin de l 'Institut d'hygiène ». Rabat. « Gazette des tribunaux du Maroc ». Rabat.

« La Vigie marocaine », quotidien. Casablanca. « Le Petit marocain », quotidien. Casablanca.

« L'Echo du Maroc », quotidien. Rabat. « Le Maroc socialiste », hebdomadaire. Casablanca.

« L'Encyclopédie mensuelle d'Outre-mer ». Paris. « L'Afrique française », revue mensuelle. Paris.

« L'Entreprise au Maroc », hebdomadaire, Casablanca « L'Avenir du rail », revue mensuelle. Casablanca. « Faits et Idées ». Rabat.

— Cahier n° 1 : La famille marocaine. 1956. — Cahier n° 2 : L'économie marocaine et la personne humaine. 1956. — Cahier n° 3 : Le rôle de la communauté européenne au Maroc. 1957.

IV. ARCHIVES

Bibliothèque générale et Archives du Maroc

Conseil de Gouvernement (sténographie des séances et documents annexes) : — 1932 : 2 sessions, 2 volumes. — 1933 : 1 session, 1 volume. — 1934 : 3 sessions, 3 volumes. — 1935 : 1 session, 1 volume. — 1936 : 1 session, 1 volume. — 1937 : session de juin, 1 volume,

session de décembre, 2 volumes. — 1938 : session de juin, 1 volume,

session de décembre, 2 volumes. — 1939 : 2 sessions, 2 volumes.

Bulletin du Comité central des Industriels. Casablanca. — N 1 et 2 : 1934. — N 3, 4 et 5 : 1935. — N 6 et 7 : 1939.

Page 13: LE PATRONAT EUROPÉEN AU MAROC

D o c u m e n t n° 6 du Comité central des Industriels . Mars 1936 (les autres docu- ments n ' o n t pas été retrouvés).

Le Travail . Organe officiel de l 'Union des Syndicats confédérés du Maroc, mensuel e t bi-mensuel, pa ra î t du 15 juillet 1937 au 15 août 1939 (man- quen t plusieurs numéros).

Coupures de presse, K. 3, recueillies p a r année, n o t a m m e n t articles de : « La F rance militaire » — « Le Peuple » (organe C.G.T. français) — « La Croix » — « La Vie financière » — « Le Temps » — « Je suis par- tou t », etc.

Archives du Ministère marocain du Travail

Au Ministère du Travai l , sont répart ies dans des dossiers des pièces qui ont servi à l ' é laborat ion de la législation du t ravai l et des documents concernant l 'appl icat ion. Un sondage a été opéré dans les divers dossiers, et un dépouille- m e n t des dossiers suivants :

Dossier « Durée du travail » :

Le t t res des Chambres de commerce. — Let t res de la Chambre syndi- cale du bâ t iment . — Tableaux des diverses consultat ions des Chambres de commerce. — Let t res du Service du t ravai l aux Chambres de com- merce. — E x t r a i t de procès-verbal de la réunion d ' une commission tri- par t i te . — Rappor t s des inspecteurs du travail . — Note des chef et sous-chefs du Service du t rava i l au Résident. — Textes des projets de dahirs et des dahirs définitifs.

Dossier « Pa iemen t du salaire » :

Réponses des Chambres de commerce à une enquête de 1933. — Procès- ve rbaux d ' inspect ion du t ravai l . — Comptes rendus d 'audiences, en 1939, de divers représentan ts pa t ronaux , n o t a m m e n t de membres de la Chambre syndicale du bâ t imen t et de la Direction des mines de Dje- rada. — Notes des chef et sous-chef du Service du t ravai l au Résident. — Textes des dahirs et arrêtés viziriels.

Dossier « Syndicat ». Très mince pour notre période : Le t t re du contrôleur civil de P o r t - L y a u t e y du 6 avril 1938. — Ext ra i t s de presse favorables aux corporations. — Notes des chef et sous-chef du Service du t ravai l au Résident. — Textes des dahirs.

Bibl iothèque et Archives de la Chambre de Commerce de Casablanca

Bullet in de la Chambre de commerce et industrie de Casablanca, mensuel.

1931-1942. Bullet in de la Chambre de commerce et industrie de Raba t . Mars 1934-février

1936.

Documents et études imprimés :

BAILLE. — R a p p o r t à la X V I I conférence des Chambres de commerce fran- çaises de la Méditerranée, mai 1931 : Le Maroc et son économie.

BAILLE. — Note sur l 'évolution de l 'économie marocaine, juin 1939.

BESTIEU (Ch.). — Les réalisations sociales au Maroc, sans date (époque 1952- 55).

Page 14: LE PATRONAT EUROPÉEN AU MAROC

Documents et é tudes ronéotypés :

JOURDAN (H.). — Le Maroc économique, 1931-1932.

Le Maroc et la crise. — Mémoires e t documents , 1 fascicule ronéotypé p a r la Société d ' é tudes et d ' in format ions économiques. Paris, ma i 1933.

Notes sur la conférence économique de la F rance métropol i ta ine et d 'ou t re - mer (décembre 1934-avril 1935).

Note sur la mine de Bou-Arfa.

MILLERON (J.). — Note sur les n iveaux de vie, 1952.

V. T É M O I G N A G E S

Témoignage de M. Lancre , sous-chef du service d u t rava i l p e n d a n t la pér iode étudiée.

Témoignages de M. Henr i Croze, ancien prés ident de la Chambre de com- merce de Casablanca, et Antoine de Pere t t i , ancien prés ident de la Chambre de Raba t .

En t re t i en avec M. Romion, inspecteur d u t ravai l en fonction p e n d a n t no t re période.

En t re t i ens avec d 'anciens membres d u 3 Collège et d ' anc iens mi l i tants C .G.T.

Ent re t iens à l 'Union marocaine du t ravai l en 1957-1958.

R E M A R Q U E S

1. Système de référence.

Les notes en bas de pages renvoient à un ouvrage ou à un art icle cité dans les sources, en ind iquan t le nom de l ' a u t e u r :

Exemple : EVIN, p. 21 = EVIN (G.). — L ' indus t r i e au Maroc et ses problèmes. Sirey, Paris , 1934, page 21 .

Toutefois, q u a n d un au t eu r a écri t plusieurs articles ou ouvrages, le n o m de l ' au t eu r ne renvoie q u ' à une seule publ ica t ion ; c ' es t le cas pour :

AMPHOUX = AMPHOUX. — Le Maroc et la crise économique. Revue d 'économie poli t ique, janvier-février 1933.

HOFFHERR = HOFFHERR (R.) . — L 'économie marocaine. Paris, 1932.

HOFFHERR e t MORIS = HOFFHERR (R.) et MORIS (R.). — Revenus et n iveaux de vie indigènes au Maroc. Paris , 1934.

LANCRE = LANCRE (P.). — La législation marocaine du t ravai l . Casa- blanca, 1951.

MONTAGNE = MONTAGNE (R.). — Naissance du pro lé ta r ia t maroca in . Enquê t e collective, Paris , 1957.

BERNARD = BERNARD (Joseph). — Le droit du t ravai l au Maroc. Par is , 1942.

AYACHE = AYACHE (A.). — Le Maroc. Bi lan d ' une colonisation. Par is , 1956.

Page 15: LE PATRONAT EUROPÉEN AU MAROC

BERQUE = BERQUE (J.). — Le Maghreb entre deux guerres. Paris, 1962.

CATROUX = CATROUX (Général). — L y a u t e y le Marocain. Paris, 1952.

Pou r les références à une autre publ icat ion des mêmes auteurs , c 'es t le t i t re de l 'ouvrage ou de l 'art icle qui est indiqué.

Exemple : MONTAGNE (R.). — Révolut ion au Maroc. Paris, 1953, page 27, sera por té en note : Révolut ion au Maroc, p. 27.

L 'ar t ic le d 'A . AYACHE : Les grèves de juin 1936 au Maroc, publié pa r la revue « Annales » en 1957, est s implement indiqué : « Annales », p. . .

2. Abréviat ions.

B.E.M. = Bullet in Economique du Maroc (1933-1939).

Archives marocaines = Bibl iothèque générale et Archives. Chambre de commerce = Bullet in de la Chambre de commerce et industrie

de Casablanca.

Archives du t rava i l = Archives du Ministère du Travail .

Conseil de gouvernement = Comptes rendus s ténographiques des séances du Conseil de gouvernement .

Union marocaine du Travai l = Témoignage recueilli auprès de l 'Union maro- caine du Travai l .

3. Noms des villes.

Les noms en usage p e n d a n t la période étudiée on t été conservés dans notre texte , même si ces villes depuis o n t changé d 'appel la t ion.

Exemples : Pe t i t j ean devenu Sidi-Kacem. P o r t - L y a u t e y devenu Ken i t r a puis Po r t Hassan II . Mogador devenu Essaouira. Feda la devenu Mohammedia .

Mazagan devenu El Jad ida , etc.

Page 16: LE PATRONAT EUROPÉEN AU MAROC

I N T R O D U C T I O N

Pour la majorité des Français d'aujourd'hui, le Maroc de 1931 à 1942 conserve vraisemblablement le prestige d'une réussite coloniale. Lyautey passe pour le créateur d'une œuvre prospère, et lui parti, Abd el Krim soumis, le Maroc semble avoir vécu des années heureuses, en marge des perturbations européennes. Alors que l'après-guerre mettait à vif le mal dont allait mourir le Protectorat, jusqu'en 1942 une cordiale entente, ou tout au moins la paternelle sollicitude française et l'humble reconnais- sance des Marocains paraissent avoir donné au pays ordre et tranquillité. Cette vie sans histoire aurait été autant dire, épargnée par la grande crise économique, les heurts sociaux et politiques de 1934 et 1936, la prépa- ration et le déchaînement de la guerre ; à peine si les mouvements natio- naux pouvaient éveiller les craintes.

Cette vision n'est jamais qu'un effet de la nostalgie qui prolonge la glorification ancienne de l'empire français. Mais les temps sont changés ; le doute atteint la croyance dans les vertus de l'œuvre coloniale, et même le jugement des valeurs se renverse. Au siècle dernier, les ouvriers quand ils n'étaient pas ignorés, étaient généralement tenus pour suspects ; aujourd'hui ils attirent la bienveillance des historiens. La prise de cons- cience des problèmes sociaux ennoblit la misère, et la classe ouvrière bénéficie de respect pendant que la bourgeoisie tombe en suspicion. De même, les colonisés reprennent l'avantage ; ils étaient oubliés, ou appa- raissaient seulement comme les « indigènes » de service, éléments de cou- leur locale, ou bonnes âmes à civiliser ; ils gagnent maintenant la dignité des pauvres. Notre étude, tout en évitant de s'abuser en réaction, ne cher- che pas à échapper aux influences des préoccupations actuelles. La pers- pective historique, même quand elle prétend prendre le point de vue de Sirius, ou quand l'auteur s'évertue au nom de l'équilibre, à répartir les responsabilités, comme si un mouvement de balancement le rendait impar- tial, est orientée par les inquiétudes en éveil au moment de la recherche. Inutile donc de dissimuler que l'origine de notre tentative se place dans l'attention pour l'évolution présente des pays colonisés, de l'Afrique du Nord en particulier. Le recueil des événements, la description des forces en présence, l'exposé des conflits, la pénétration de la vie ouvrière maro- caine, la mise en évidence des effets de l'action européenne garantissent une plus juste approche de notre période qu'un effort hautain pour se tenir à distance ; l'impartialité n'est pas l'indifférence.

Ce que l'on prenait pour l'histoire du Maroc et n'était que version officielle et apologie, se trouve ainsi mis en question. Comme il n'existe guère d'études historiques concernant le Maroc de 1931 à 1942, notre travail devient critique de ce qui fut croyance générale. Quelques écarts,

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quelques insistances sur des aspects secondaires peuvent se manifester, mais les faits avancés sont réels : notre travail se fonde pas à pas sur la documentation, et les citations de texte d'époque seront nombreuses. La nouvelle appréciation de l'histoire marocaine, et d'une façon générale de l'histoire coloniale, n'a rien de scandaleuse : la découverte impudente brise simplement bien des charmes ; quand on regarde de près, le réa- lisme s'impose ; au reste, si le tableau apparaît sombre, c'est essentielle- ment par contraste avec la vision flatteuse qui fut celle des années passées et demeure encore commune.

Par ailleurs, l'historien ne peut s'empêcher, surtout quand les consé- quences sont sous ses yeux, de découvrir sa période et de la reconstituer en se repérant sur les événements qui ont suivi. Cette attention à ce qui fait suite, peut être bénéfique puisqu'elle pousse à distinguer ce qui prend de l'importance et se dessinait seulement à l'époque. La période 1931-1942 enferme bien évidemment l'avenir du Maroc, devenu depuis histoire actuelle ; et même, c'est la génération qui arrive à l'âge adulte en 1931 qui guide l'évolution présente. Proche ou lointaine, l'histoire par nature n'est- elle pas toujours, Marc Bloch l'a remarqué, récurrente ? Ainsi la connais- sance historique enrichit la chronique et complète les impressions du moment. Les erreurs d'appréciation sont possibles, mais cette direction de recherche conduit à ne pas se satisfaire des apparences, à discerner les changements par derrière les dissimulations qui tendent à faire croire à l'immobilité. Notre travail ne cache pas qu'il remonte le cours de l'his- toire du Maroc ; attention à la société marocaine, intérêt pour la condi- tion ouvrière, analyse du contact entre des représentants de la colonie française et la population du pays, souci de noter ce qui est naissant, changeant et annonciateur, découverte à rebours telles sont donc les orien- tations de notre recherche.

L'histoire du Maroc de 1931 à 1942 a la chance d'étudier une période relativement cohérente ; l'évolution suit une ligne simple ; les boulever- sements sont rarement violents ; les troubles sont encore circonscrits, le calme en définitive demeure prédominant. L'époque se détache avec assez de netteté. La coupure de départ est certes quelque peu voilée : la date de 1931 correspond au ralentissement de l'installation européenne après les années 1926-30, période de pénétration en force qui a suivi la fin de la guerre du Rif ; plus exactement elle marque le moment où la grande crise économique touche le Maroc. L'évolution n'est pas brisée ; il s'agit plutôt d'un changement de rythme. La ligne de partage est sinueuse entre les années 1930 et 1931. Par contre, 1942 est une véritable rupture pour l'histoire marocaine bien que la situation ne soit pas claire jusqu'en juin 1943. Le débarquement allié, essentiellement américain, du 8 novembre 1942 ouvre le temps de l'affirmation nationale qui se terminera par la proclamation de l'indépendance. Secondairement deux années fixent des paliers au cours de notre période : 1936 et 1940 ; le front populaire et la guerre. Le déroulement chronologique s'articule ainsi en groupe d'an-

nées : 1931-1935 époque de la crise économique, puis après l'année sociale

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1936, l'avant-guerre de 1937 à 1939, et enfin le temps de la drôle de guerre : 1940-42. Les étapes de notre récit sont facilement tracées.

Histoire de la colonisation, notre étude se place au point de rencon- tre d'une partie de la communauté européenne et de la population maro- caine. Précisément le mot « colonial », qui revient souvent, et pour cause, indique cet approche ou cet affrontement ; en soi, il n'a rien de péjoratif puisqu'il exprime seulement un rapport de fait ; le terme « colonialiste » qui vise les opinions, le jugement porté, n'est pas employé ici. Evidem- ment, l'analyse de l'action sociale et politique du patronat touche cette zone sensible qui met en présence Européens et Marocains, et la ligne qui les sépare ; de par sa fonction, le patronat européen a prise sur les ouvriers marocains et ceux-ci se trouvent entraînés dans la machine euro- péenne. Les questions du travail, l'opposition de classes, l'activité patro- nale s'inscrivent ainsi dans le jeu des relations de colonisation ; l'origi- nalité du problème social au Maroc se situe dans ces interférences. Notre effort, c'est là l'intérêt historique du sujet, cherchera donc à saisir, si possible, les liaisons entre les attitudes sociales et politiques du patronat, et sa situation, non seulement les correspondances entre rôle économique, conduite sociale et intervention politique, mais aussi les prédispositions, les inclinations, les impulsions données par la condition coloniale, la vie européenne au Maroc.

Notre sujet se restreint au patronat européen du Maroc, c'est-à-dire au groupe de Français et de Méditerranéens, Portugais, Espagnols principa- lement qui se sont installés à demeure dans le pays, et ont charge d'en- treprises minières ou industrielles, de chantiers bien souvent. La coloni- sation rurale, l'artisanat marocain, le commerce sont négligés, et en outre sont également exclus les hommes d'affaires, de finances plus précisé- ment, qui ont des intérêts dans le Protectorat, vont et viennent entre Paris, Rabat et Casablanca, mais n'en sont pas moins fixés en Europe, en France en général, et n'interviennent pas directement sur place dans la politique marocaine. Mais notre groupe patronal n'est pas pour cela tota- lement autonome ; il rassemble au contraire des industriels qui ne sont bien souvent que des agents de grandes sociétés métropolitaines. De toute façon, chefs d'entreprises indépendantes ou non, ce groupe n'est pas vraiment une grande bourgeoisie ; c'est plutôt une bourgeoisie improvisée, vulgaire parfois, car parvenue, mais qui joue au Maroc, les premiers rôles. Le personnage le plus représentatif est l'entrepreneur ; n'est-il pas avec le colon, un des types (1) d'homme colonial ? Quoi qu'il en soit, le patronat est l'élément dominant du Protectorat ; par sa puissance financière, la variété des affaires, la multiplicité des relations, il l'emporte sur les représentants de la colonisation agricole Même les employeurs les plus modestes possèdent une élémentaire compétence technique ; ainsi une certaine ouverture d'esprit donne au patronat une vision plus large que celle, terre à terre, des colons (2). Seuls les fonction-

(1) BERQUE, p p . 337 e t s u i v a n t e s .

(2) JULIEN, p p . 63 e t 64.

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naires, les enseignants notamment, qui seront fréquemment des adver- saires, ont la prétention de l'emporter par une connaissance plus appro- fondie des questions marocaines et des problèmes politiques. Le patro- nat européen n'en constitue pas moins la haute société du Maroc ; c'est un privilège de notre travail d'étudier la catégorie la plus en avant de la colonie ; le témoignage est ainsi d'importance sur l'évolution de la mentalité européenne.

L'action sociale et l'action politique sont envisagées en des limites très étroites. Toute prise de position qui n'est pas liée à la fonction patronale est écartée. Le but n'est pas de faire l'inventaire des appartenances politi- ques ou des engagements individuels, mais d'observer des comportements qui ont, au départ, une détermination professionnelle. L'action sociale c'est avant tout la pratique du patronat dans ses relations avec les ouvriers. L'analyse des attitudes porte en premier lieu, sur les questions du travail, occasions d'interventions patronales : l'embauche et le contrat de travail, le repos et la durée du travail, minimum et paiement du salaire, congés payés, conventions collectives, droit syndical. Ce sont les conduites habituelles du patronat qui sont décrites d'abord, pour relever ensuite les intentions plus ambitieuses, et dégager éventuellement une pensée sociale. De la pratique patronale, l'on passe aux opinions, puis aux esquisses d'un programme d'ensemble. Nous sommes à la recherche du sens de l'action patronale.

De la même façon, l'action politique nous intéresse seulement comme l'aboutissement des prises de position sociales, quand le patronat par exemple, demande l'appui des pouvoirs publics, fait pression sur la Rési- dence générale, pour justifier sa pratique ou imposer ses conceptions ; la volonté patronale peut aller jusqu'à prétendre diriger le Protectorat ; le glissement de l'action sociale à l'action politique est si facile pour un groupe prépondérant. Bien sûr, les attitudes peuvent se contredire ; les objectifs changent et la politique patronale n'est pas nécessairement une ; notre ambition n'en est pas moins de préciser les liaisons entre les diffé- rents comportements patronaux pour mettre en évidence, si possible, la signification générale de l'action patronale, la ligne d'évolution de 1931 à 1942.

Notre méthode sera donc simple : exposer les données principales poli- tiques, économiques et sociales de l'histoire marocaine, à chaque étape chronologique ; les orientations une fois dessinées, les influences du moment notées, l'étude des questions du travail nous révèlera la démar- che première du patronat ; nous aurons ensuite à recueillir, dans le pro- longement de cette pratique, les éléments de doctrine sociale, et sui- vant les prises de position jusqu'à leur terme, nous arriverons, pour chaque période, aux agissements et aux desseins politiques. La description des conduites patronales est tracée dans un cadre strict, par désir de décou- vrir les enchaînements.

Les limites d'intention ne sont pas les seules ; la nature et les lacunes de la documentation imposent parfois des arrêts ; à l'opposé, l'abon-

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dance de renseignements peut privilégier certaines directions d'étude. Les difficultés matérielles de recherche sont peu de chose : nécessité de dépla- cements, de vie au Maroc, d'entrer en contact avec des témoins de l'épo- que ; en contrepartie la Chambre de commerce de Casablanca, le minis- tère marocain du Travail, la Bibliothèque générale de Rabat ont donné toute facilité d'accès aux archives.

Circonstance plus grave, notre étude était peu préparée par des tra- vaux antérieurs. Il n'existe aucune histoire du Maroc pour la période contemporaine. L'histoire politique, tout au moins en ce qui concerne le nationalisme, a été exposée à grands traits par Rom Landau, Ch. A. Julien R. Rézette et tout dernièrement par R. Le Tourneau ; l'histoire économique trouve sa matière dans l'ouvrage d'A. Ayache ; l'histoire sociale n'est abordée que par J. Berque dans son livre récent sur le Maghreb entre deux guerres. Les articles de revue n'offrent que des indi- cations fragmentaires Il nous a donc fallu établir la courbe de l'évolution du Maroc ; cette tentative présente le caractère hypothétique d'une pre- mière recherche.

Des archives manquent, ce qui est plus déplorable encore. Le défaut de documents s'explique par des raisons diverses : certains n'ont jamais existé ; d'autres ne peuvent actuellement être consultés ; enfin beaucoup ont disparu. La quête de documentation est sans objet quand elle désire connaître des interventions qui furent uniquement orales ; les audiences de patrons à la Résidence n'ont ordinairement pas donné lieu à des comp- tes rendus. De plus, il arrive que la recherche soit vaine, car les services du Protectorat n'étaient pas d'une organisation parfaite ; les questions sociales en particulier ne bénéficiaient que d'une attention secondaire ; des organismes ont fonctionné mais les papiers se sont envolés. Il existait un Comité supérieur du travail, il n'a jamais eu d'autres archives que les notes prises en réunion par les assistants, aujourd'hui égarées Le Conseil supérieur du commerce a laissé un souvenir au ministère marocain du commerce, mais de traces écrites, point. Au reste, bien des documents se perdent encore ; il en est ainsi de ceux qui sont entassés, pêle-mêle, dans les caves du ministère du commerce, sans crainte de détérioration. Notre documentation n'est donc pas continue. D'autres archives sont conservées sûrement : mais l'accès est interdit. La plupart des archives du Secrétariat général du Protectorat, en premier lieu, celles qui concernaient les affaires civiles, et celles des « Régions » qui rendent compte de l'acti- vité des Contrôleurs civils et des Officiers des affaires indigènes ont quitté le Maroc, et sont en dépôt au ministère français des Affaires étrangères pour dépouillement.

Enfin des documents ont été détruits. Il est des casiers vides à la Bibliothèque générale de Rabat, certains étrangement ; à Paris, les séries correspondantes de la Bibliothèque nationale sont incomplètes. Des dis- paritions relèvent d'une destruction volontaire, en particulier les syndi- calistes n'ont pas conservé leurs dossiers. Plusieurs vagues de suspicion et perquisition se sont succédées au Maroc, et les syndicats n'ont pas pu

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constituer d'archives puisque leur existence a toujours été précaire. A partir de 1938 le mouvement syndical est considéré comme suspect ; après 1940, beaucoup de syndicalistes sont même en danger. Dans les années 1952-1955, de nouvelles éliminations eurent lieu ; enfin, lors de l'accession du Maroc à l'indépendance, la passation des pouvoirs fut souvent pré- cédée de la mise à feu des documents jugés compromettants Un « direc- teur technique » de Service municipaux, resté à son poste avant comme après, nous a répondu : « Mais monsieur, il n'y a plus rien ; je puis bien vous le dire puisque vous êtes Français, mais j'ai tout brûlé. » Les des- tructions ont été finalement importantes, et voici que le dernier docu- ment consulté, une thèse de droit dactylographiée, vient de disparaître à Alger, dans l'incendie de la bibliothèque de l'Université.

En définitive, nos archives fondamentales sont celles du ministère marocain du travail, conservées par les soins de M. Lancre. chef-adjoint du Service du travail, qui en outre a bien voulu ajouter ses souvenirs, et surtout celles très riches de l'ancienne Chambre de commerce de Casa- blanca. Nous disposons ainsi, soit de sources autant dire officielles com- me les rapports d'inspecteurs du travail ou de fonctionnaires de la Rési- dence, soit de sources d'origine patronale. Aussi, nous n'avons pas hésité, chaque fois que ce fut possible, à compléter notre information par des données récentes, mais résultats de recherches impartiales, et des rensei- gnements émanant de défenseurs des ouvriers. Ainsi, une part de la documentation est postérieure à la période étudiée ; nous l'utiliserons quand les faits étaient déjà attestés à notre époque ; c'est en particu- lier le cas pour les enquêtes sur la condition ouvrière établies par A. Adam, J.L. Miège, J.P. Trystram qui peuvent être rapprochées des études effectuées en 1936 par le Bulletin économique du Maroc ; jusqu'à la part du loyer en bidonville qui se retrouve identique : un cinquième du salaire.

Pour les documents provenant d'organisations professionnelles, soit patronales, soit ouvrières, ou favorables à l'un des deux groupes, non seulement la source est indiquée, mais dans la mesure du possible, les affirmations sont confrontées. Le Conseil de gouvernement mettait en présence les deux parties ; les débats permettaient les démentis ; les décla- rations ne sauraient guère être gratuites. Pour les premiers temps de notre période, les travaux de R. Hoffherr donnent un point de vue voisin de celui du patronat ; cet économiste était conseiller du Comité central des industriels du Maroc ; pour les années 1940, le livre de Joseph Bernard sur le droit du travail s'avère bienveillant pour les chefs d'entreprise puis- que ce juriste se prononce même pour la mise en oeuvre d'une politique corporatiste ; c'était alors la doctrine du patronat européen comme du gouvernement de Vichy ; enfin tout au long de notre travail, le Bulletin économique du Maroc nous offre une version officielle des événements ; cette publication est faite par les services du Protectorat ; précisons que le directeur n'est autre que René Hoffherr. Une telle documentation jus- tifie, en contrepartie, le recours fréquent aux informations fournies par les partisans des ouvriers, syndicalistes et délégués socialistes du 3 Col-

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lège du Conseil de gouvernement. Cette opposition au patronat en outre est seule à parler au nom des Marocains et en leur faveur ; le sous-pro- létariat du Maroc était laissé sans moyens d'expression ; toute la docu- mentation est d'origine européenne ; même chez les délégués syndicaux, l'inspiration française demeure sensible, cependant ce témoignage étant le plus proche de la société marocaine, il a droit à une large attention. Les défaillances des sources sont ainsi faiblement compensées.

Les questions sociales évoquent la peine des hommes ; l'histoire colo- niale met en évidence les réactions d'une nation qui subit les atteintes d'une action étrangère menée par un groupe social qui dispose de la toute puissance, financière et technique principalement, et même pour un temps de la faculté d'écrire l'histoire à sa façon ; les adoucissements ne risquent-ils pas alors d'être plus trompeurs que les formules abruptes ? Notre recherche fut sans détours, notre étude n'a aucun scrupule à s'ex- primer librement.

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PREMIÈRE PARTIE

LE MAROC EN 1931 :

SITUATION DU PATRONAT EUROPÉEN

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CHAPITRE PREMIER

LE PROTECTORAT : PRÉSENTATION DU MAROC COLONIAL

A Paris, ou plus exactement à Vincennes, sur les bords du Lac Dau- mesnil, le 6 mai 1931, le Maréchal Lyautey et le Président de la Républi- que française inaugurent (1) l' « Exposition Coloniale Internationale ». La Grande Avenue des Colonies françaises passant entre les pavillons missionnaires et les pavillons militaires, devant le temple d'Angkor re- constitué et les cases rouges du village noir de l'Afrique occidentale, conduit au pavillon du Maroc, qui s'ouvre d'autre part sur la place de l'Afrique du Nord. Le Maroc représente l'aboutissement de la colonisa- tion française et, avec Lyautey, son triomphe. A l'intérieur du pavillon, la salle de la pacification montre la victoire militaire et ses effets civilisa- teurs par l'arrivée du médecin et de l'instituteur. L'économie maro- caine est exaltée par des graphiques, et des échantillons de produits témoignent de la prospérité. Des jardins « andalous » se réflètent dans les eaux du bassin du grand patio ; les souks sont bleus, les toits verts sur des tours blanches, et le minaret de la Koutoubia, étrangement rose, domine une ville de Marrakech, agitée de charmeurs de serpents et de dan- seurs maures. « Le Maroc atteste avec une sobre grandeur les richesses économiques et artistiques du Protectorat en plein développement et les bienfaits de la collaboration de l'indigène et du colon ». Pour donner du Maroc une image de félicité, l'exotisme et l'apologie se mêlent ; reflet de l'Exposition Coloniale et réalité marocaine en 1931 sont à confronter.

Le pays et la population.

En 1931, le Maroc est un pays aux frontières incertaines. Le tracé entre l'Algérie et le Maroc n'est fixé que sur 100 kilomètres ; mais l'état de fait n'est pas mis en question : trois zones partagent l'Empire Chéri- fien : la zone française : Protectorat, la zone espagnole, la zone inter- nationale de Tanger. Cette division, sans précision exacte de limite, est garantie par la convention franco-anglaise d'avril 1904, par l'acte d'Algé- siras de 1906, la convention franco-allemande de novembre 1911, le traité de Fès de mars 1912 et par le traité franco-espagnol de novembre 1912.

(1) « L'I l lustrat ion », 23 mai 1931, article de Pierre Paraf.

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LE MAROC EN 1 9 3 1

CONQUÊTE FRANÇAISE. ET SITUATION DES VILLES

(Les dotes dans les hachures indiquent la fin de la conquête)

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La zone française (1) qui sera seule le champ de cette étude, couvre 415 000 k m soit les 8/ 10 des territoires reconnus à l'Empire Chérifien.

La pacification, ou plutôt la conquête de la zone française n'est pas encore achevée. L'opinion est encore hantée par la guerre du Rif ; la soumission d'Abd el Krim est de 1926, et le souvenir (2) de « l'année du Rifain » entretient les appréhensions européennes, et peut-être anime la résistance des tribus marocaines. La période 1926-1930 a été un temps d'arrêt pour la pénétration française ; après 1930, l'armée reprend l'offen- sive pour réduire les « taches d'insoumission », en réalité pour occuper une grande part du pays montagnard et le sud demeurés jusqu'alors hors d'atteinte : Moyen-Atlas méridional, Haut-Atlas central et oriental, et Sahara marocain ; oasis du Tafilalet et du Dra (Voir carte 1). Dernière conquête coloniale, tel apparaît bien le Maroc ; après avoir suscité l'en- vie des puissances européennes, il est encore terrain d'opération pour l'armée et domaine ouvert aux aventuriers, quand il est déjà le champ d'investissement et des réalisations économiques françaises.

Les statistiques de la population rendent compte de cette implantation européenne nouvelle dans le vieux pays marocain. La population de la zone française est estimée par le recensement de mars 1931 à 5 400 000 habitants environ (3). Dans ce dénombrement 5 070 000 habitants sont dits « marocains musulmans », soit près de 94 % ; 125 000 « maro- cains israélites », soit 2,3 % ; les Français sont 128 200, soit 2,4 % ; il y a, en outre, 22 700 Espagnols, 12 600 Italiens, 11 700 « Algériens », et des nationaux très divers, mais en nombre négligeable. Les Français représentent les 3/4 du peuplement européen, la colonie française est passée de 66 220 à 128 200 habitants entre 1926 et 1931 ; en 5 ans, elle a donc presque doublé, c'est la belle époque d'installation avant la crise et le contrôle des entrées.

La population des villes s'élève à 875 000 habitants, soit 16,2 % de la population totale. Dans ce chiffre sont comptés les habitants des villes moribondes qui ne vivent plus que d'une économie rurale. Même, dans de grandes villes, une petite fraction de population reste agricole. A Salé, par exemple (4), en 1934, 300 familles pratiquent encore l'agriculture et subsistent par les ressources tirées directement de la terre, Marrakech, ville partiellement agricole, demeure la première ville du Maroc avec plus de 195 000 habitants, mais Casablanca grandit : 107 000 habitants en 1926 ; plus de 163 000 en 1931 ; c'est la montée de la ville nouvelle qui devient la capitale économique du pays. « La colonisation européenne est une colonisation urbaine » (5). En son premier temps, la croissance

(1) « Annuaire de statistiques générales 1931 ». (2) BERQUE, p. 332. (3) Les chiffres sont arrondis. La marge d 'erreur des statistiques coloniales est impor-

tante ; Rober t Montagne jugeait que le recensement du Protec tora t en 1936 péchait par défaut de 10 %. Les erreurs du recensement de 1931 sont d ' un ordre voisin ou supérieur Les chiffres sont donc simplement indicatifs.

(4) HOFFHERR et MORIS, p. 162. (5) B.E.M., 1936, p. 192 ; article de J . Le Meur.

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des villes est due essentiellement à l'installation des Européens : ce n'est que plus tard que les bidonvilles s'agglutineront autour des centres dont l'activité est renouvelée. Le partage entre Européens et Marocains tant musulmans qu'israélites se résume dans le tableau suivant, pour les principales villes :

Il est à remarquer que si, pour la population totale, le classement s'effectue : 1) Marrakech, 2) Casablanca, 3) Fès, 4) Meknès, 5) Rabat, 6), Oujda, l'ordre est différent pour chaque élément de population, ainsi pour les Musulmans : 1) Marrakech, 2) Fès, 3) Casablanca, 4) Meknès, 5) Rabat, 6) Salé ; les villes anciennes conservent une importance. Pour les Européens, la répartition est autre : 1) Casablanca, 2) Rabat, 3) Oujda, 4) Fès, 5) Meknès, 6) Marrakech. Les Israélites sont nombreux à Marra- kech et Casablanca, mais la proportion est plus grande pour les petites villes. (Voir graphique 1).

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Graphique n° 1

POURCENTAGES DES TROIS G R O U P E S

DE POPULATION DANS LES 18 VILLES PRINCIPALES

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En 1931, considération capitale, le Maroc des campagnes rassemble donc près de 84 % de la population totale, et plus de 85 % des Maro- cains. Le Maroc est un pays agricole et d'une agriculture traditionnelle que vient ébranler l'économie moderne européenne. Ce bouleversement s'inscrit dans le cadre du Protectorat français.

Le Protectorat : organisation administrative.

Depuis le départ de Lyautey en 1925, le régime du Protectorat glisse de plus en plus vers l'administration directe (1) Lucien Saint (2) nommé Résident général en 1929 est un ami de Lyautey et se prétend son dis- ciple : mais la tâche d'achèvement de la pacification absorbe son acti- vité ; le respect des institutions marocaines reste un vœu et la formation de préfet du Résident Saint l'incline du reste à trancher les problèmes d'autorité. La prise en main de l'administration du Maroc par les fonc- tionnaires français s'affirme donc.

Le Résident général commande les décisions du gouvernement chéri- fien : le Maghzen, qui garde à sa tête le Sultan ; Mohammed ben Youssef a été placé sur le trône en 1927 pour sa jeunesse et son inexpérience (3) ; à 21 ans en 1931, le nouveau sultan signe encore sans protester les textes que le Résident lui soumet. Les lois élaborées par les bureaux de la Résidence deviennent après signature du Sultan, des dahirs: les arrêtés d'application, après signature du Grand Vizir, des arrêtés viziriels. La Résidence néglige même parfois de maintenir la fiction du Maghzen et publie directement des arrêtés résidentiels ou des arrêtés du Secrétaire général du Protectorat. Le Résident n'a pas seulement l'initiative en matière législative ; il exerce un pouvoir quasi absolu ; seules les direc- tives du gouvernement français peuvent limiter sa puissance : il dispose de l'armée, de la police et choisit les fonctionnaires.

L'administration est centralisée par le Secrétaire général du Protec- torat. Les Services résidentiels (4) : Affaires chérifiennes, Intérieur, Servi- ces de sécurité contrôlent les ministères du Maghzen, maintiennent l'ordre dans le pays. et veillent sur l'administration locale. Les Services techni- ques : Finances, Douanes, Travaux Publics, Agriculture, Production in- dustrielle et Mines, Santé Publique, Travail et Questions Sociales, bien que qualifiés de « néo-chérifiens », dépendent du Secrétariat général du Protectorat. Dans l'administration régionale et locale, deux personnels sont apparemment juxtaposés, mais le personnel français dirige en fait le personnel maghzénien. Le territoire marocain est divisé en régions, sub- divisions, territoires, cercles et annexes qui englobent tribus et villes. Les

(1) CATROUX, pp. 288 à 291. (2) Lucien Saint, né à Evreux en 1867. avocat puis préfet ; Résident général en

Tunisie de 1921 à 1928, puis au Maroc de 1929 à 1933 ; sénateur en 1933, meurt en 1938. (3) Révolution au Maroc, pp. 191 et suivantes. (4) Parmi les collaborateurs directs de Lucien Saint, deux hommes formés par Lyau-

tey auront plus tard les premiers rôles dans l'histoire du Protectorat : le général Noguès, directeur des Affaires politiques, et le lieutenant-colonel Juin, chef du Cabinet militaire.

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chefs de région (3 régions militaires : Meknès, Fès, Marrakech ; et 3 régions civiles : Casablanca, Rabat, Oujda) sont les délégués de la toute puissance résidentielle. Leur autorité s'exerce par les Contrôleurs civils et les Officiers des affaires indigènes qui surveillent les Caïds des tribus et les Pachas des villes. Contrôleurs civils et Officiers des affaires indi- gènes interviennent dans tous les domaines de la vie publique.

Leur action ne rencontre pas d'obstacles juridiques car tous les moyens sont légaux. Le Maroc en effet, depuis le 2 août 1914, vit sous le régime de l'état de siège. Les garanties judiciaires n'existent pas ; les libertés publiques sont laissées à la discrétion de l'administration fran- çaise (1) La presse est soumise au cautionnement ; les textes en arabe doivent recevoir l'autorisation préalable. Les libertés d'association et de réunion sont limitées ; les associations doivent être autorisées par le Secré- taire général du Protectorat ; le droit syndical n'est pas reconnu.

Les droits politiques sont donc restreints, même pour les Français. Toutefois dans les grandes villes dites « érigées en municipalités » (18 en 1931), une commission municipale franco-marocaine désignée par la Résidence, peut donner son avis pour l'administration locale. Pour les questions d'administration générale, se réunit, en moyenne deux fois par an, le Conseil de gouvernement qui comprend deux sections : française et indigène. La section indigène est formée de membres désignés dont la consultation est expéditive. La section française qui a seulement voix consultative, siège plusieurs jours, en particulier pour discuter le budget du Protectorat ; cette section comprend trois collèges. Le 1 collège se compose des présidents et vice-présidents des Chambres consultatives d'agriculture, et le 2 collège des présidents et vice-présidents des Cham- bres consultatives de commerce et industrie. Ces Chambres sont élues par les agriculteurs, commerçants et industriels français pour 6 ans ; elles sont renouvelées par moitié tous les 3 ans ; elles sont dites consultatives parce que le Secrétariat du Protectorat, en dehors des sessions de Conseil de gouvernement, a mission de prendre leur avis avant toute décision d'ordre économique et social. Les deux premiers collèges existaient depuis 1921 ; en 1926 fut institué le 3 Collège, élu au suffrage universel par les Français qui n'étaient pas inscrits sur les listes électorales des cham- bres économiques. Pour entraver l'agitation politique, les élections du 3 collège n'ont pas lieu la même année que celles des Chambres de commerce et industrie qui elles-mêmes se déroulent un an après les élec- tions des Chambres d'agriculture.

Les 3 collèges français du Conseil de gouvernement défendent les intérêts de leurs électeurs : le 1 collège se bat pour le crédit agricole et l'annulation des dettes des colons ; le 2 collège intervient avant tout pour obtenir la révision du tarif douanier. Le 3 collège représente les intérêts des consommateurs : il parle, en fait, au nom des fonctionnaires français, assez souvent en faveur des employés et ouvriers français, et

(1) REZETTE, p p . 30 à 34.