le parpaillot beaujolais - erf-villefranche.fr

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www.erf-villefranche.fr Pasteur Franck Nespoulet 04 74 68 19 56 - 06 33 85 70 19 La ballade des Bibles fatiguées (Séquence Nostalgie) Fini le temps de ces vieilles Bibles qu’on ne sait plus où ranger. Le verset du jour ? Directement, sur votre smartphone. Toute la Bible en 20 traductions ? Accessible en quelques secondes à travers votre écran... La page qu’on veut relire ? Visible instantanément à la demande, pour peu qu’on lui ait collé l’étique%e qu’il faut... Un passage recherché ? Le moteur le trouvera. Pourquoi encombrer notre mémoire ? L’époque nous demande de libérer dans nos têtes la place nécessaire à l’immédiat, à l’intuition et aux ré*exes qui vont nous perme%re d’éloigner l’ennui et de décoder (bien ou mal) les myriades de messages qui nous parviennent, presque toujours inutiles. Certes, on utilise moins de papier-journal que par le passé. Mais combien plus d’énergie ! Qu’elle soit lue sur papier ou sur écran, la Bible reste un support incontournable de notre foi, lue seul.e ou avec la communauté des croyants. Ci-après pour mémoire un article retrouvé sur une vieille coupure de presse du journal Réveil. ue je vous aime, ô ma Bible et tes sœurs feuilletées par les mains avides de connaître le Seigneur ! Si fatiguées au bout du compte à cause de vos pages frois- sées qui portent la marque des doigts, des bougies et parfois même des repas ; jalonnées de plis proclamant au coin d’un feuillet nos désirs de nous emparer d’une promesse, ou de retrouver un verset pour en être à nouveau quasiment conquis : clivées par l’usage, de sorte que chacun de nous procède à l’aveu des sources préférées de sa consolation. Que je t’aime, ô ma Bible entaillée de coups de crayon et de repères imprudents que j’ai tracés à l’encre, si bien qu’ils révèlent les cheminements et les pentes de ma foi dévêtue, au point qu’il m’arrive d’en éprouver jusqu’à de la honte, ô miroir où je me rencontre avec humiliation sans que je parvienne cependant à renier les signes de l’aventure maculant tes feuillets : les encres, par leurs nuances, ne proclament-elles pas les saisons de la foi ? Q Que je t’aime, avec ta couverture cassée, ton bro- chage démoli, tes tranches aux teintes de fauteuil ancien où l’on discerne les zigzags in-igés par l’usage ; comme il est doux de t’aimer à cause de ce que l’on découvre entre tes pages : une -eur parmi les Proverbes, une image qui a/este la communion des saints, quelques mots d’une main amie sur un papier jauni par les jours ; à cause aussi du souve- nir des surprises passées : n’ai-je pas trouvé dans saint Marc et dans Josué ce que je n’y cherchais nullement et qu’il a fallu désormais entendre ? Que je t’aime grâce à ce signet décoloré qui demeu- re depuis dix ans dans ce chapitre des Chroniques, rempli de sève un soir par le Saint-Esprit pour quel- ques-uns d’entre nous qui le lisions ensemble ; et surtout (comment le dire sans hausser la voix ni la rendre indiscrète ?) à cause des ordres qu’on a reçus par une parole imprimée, de sorte qu’on ne relût plus ce/e page inoubliable sans une émotion qu’il me semble que personne au monde ne peut partager avec moi. Ce ne sont ni les rats, ni les humidités, ni les tribu- lations des siècles qui rongent les saintes Bibles, mais la foi dont l’œuvre frémissante consiste à les fréquenter jusqu’à les détruire. Est-ce une chose si étonnante ? La foi qui n’use pas le Livre et ne travaille pas le lecteur mérite-t-elle encore qu’on l’appelle ainsi ? Aussi faut-il presque se répandre en exclamations et tout au moins vous saluer, Bibles fatiguées par la foi qui témoignez au moyen des paroles transmises par vos feuillets défraîchis, et parfois même en piteux état, que ce n’est pas impunément que nous avons rencontré Celui dont l’infatigable a/ente a conduit la Parole faite chair au devant de nous. Texte écrit en 1961 par Fadiey Lovsky (1914-2015), historien, écrivain, prix 2000 de l’Amitié judéo-chrétienne de France. Le Parpaillot Beaujolais N°138 M A R S 2021 Temple de Villefranche 17, rue Auguste Aucour 69400 Villefranche-sur-Saône Culte chaque dimanche à 10h30

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www.erf-villefranche.fr Pasteur Franck Nespoulet 04 74 68 19 56 - 06 33 85 70 19

La ballade des Bibles fatiguées (Séquence Nostalgie)

Fini le temps de ces vieilles Bibles qu’on ne sait plus où ranger.

Le verset du jour ? Directement, sur votre smartphone. Toute

la Bible en 20 traductions ? Accessible en quelques secondes à

travers votre écran... La page qu’on veut relire ? Visible

instantanément à la demande, pour peu qu’on lui ait collé

l’étique%e qu’il faut... Un passage recherché ? Le moteur le

trouvera. Pourquoi encombrer notre mémoire ? L’époque nous

demande de libérer dans nos têtes la place nécessaire à

l’immédiat, à l’intuition et aux ré*exes qui vont nous perme%re

d’éloigner l’ennui et de décoder (bien ou mal) les myriades de

messages qui nous parviennent, presque toujours inutiles.

Certes, on utilise moins de papier-journal que par le passé. Mais

combien plus d’énergie ! Qu’elle soit lue sur

papier ou sur écran, la Bible reste un support

incontournable de notre foi, lue seul.e ou avec

la communauté des croyants. Ci-après pour

mémoire un article retrouvé sur une vieille

coupure de presse du journal Réveil.

ue je vous aime, ô ma Bible ettes sœurs feuilletées par lesmains avides de connaître le

Seigneur ! Si fatiguées au bout ducompte à cause de vos pages frois-sées qui portent la marque des doigts, des bougieset parfois même des repas ; jalonnées de plisproclamant au coin d’un feuillet nos désirs de nousemparer d’une promesse, ou de retrouver un versetpour en être à nouveau quasiment conquis : clivéespar l’usage, de sorte que chacun de nous procède àl’aveu des sources préférées de sa consolation. Que je t’aime, ô ma Bible entaillée de coups decrayon et de repères imprudents que j’ai tracés àl’encre, si bien qu’ils révèlent les cheminements etles pentes de ma foi dévêtue, au point qu’il m’arrived’en éprouver jusqu’à de la honte, ô miroir où je merencontre avec humiliation sans que je parviennecependant à renier les signes de l’aventuremaculant tes feuillets : les encres, par leursnuances, ne proclament-elles pas les saisons de lafoi ?

Q

Que je t’aime, avec ta couverture cassée, ton bro-chage démoli, tes tranches aux teintes de fauteuilancien où l’on discerne les zigzags in-igés parl’usage ; comme il est doux de t’aimer à cause de ceque l’on découvre entre tes pages : une -eur parmiles Proverbes, une image qui a/este la communiondes saints, quelques mots d’une main amie sur unpapier jauni par les jours ; à cause aussi du souve-nir des surprises passées : n’ai-je pas trouvé danssaint Marc et dans Josué ce que je n’y cherchaisnullement et qu’il a fallu désormais entendre ? Que je t’aime grâce à ce signet décoloré qui demeu-

re depuis dix ans dans ce chapitredes Chroniques, rempli de sève unsoir par le Saint-Esprit pour quel-ques-uns d’entre nous qui le lisionsensemble ; et surtout (comment ledire sans hausser la voix ni la rendreindiscrète ?) à cause des ordres qu’ona reçus par une parole imprimée, desorte qu’on ne relût plus ce/e pageinoubliable sans une émotion qu’ilme semble que personne au mondene peut partager avec moi.

Ce ne sont ni les rats, ni les humidités, ni les tribu-lations des siècles qui rongent les saintes Bibles,mais la foi dont l’œuvre frémissante consiste à lesfréquenter jusqu’à les détruire. Est-ce une chose siétonnante ? La foi qui n’use pas le Livre et netravaille pas le lecteur mérite-t-elle encore qu’onl’appelle ainsi ? Aussi faut-il presque se répandreen exclamations et tout au moins vous saluer,Bibles fatiguées par la foi qui témoignez au moyendes paroles transmises par vos feuillets défraîchis,et parfois même en piteux état, que ce n’est pasimpunément que nous avons rencontré Celui dontl’infatigable a/ente a conduit la Parole faite chairau devant de nous.

Texte écrit en 1961 par Fadiey Lovsky

(1914-2015), historien, écrivain, prix 2000 de l’Amitié judéo-chrétienne de France.

Le Parpaillot BeaujolaisN°138 M A R S 2021

Temple de Villefranche 17, rue Auguste Aucour 69400 Villefranche-sur-Saône

Culte chaque dimanche à 10h30

Page 2: Le Parpaillot Beaujolais - erf-villefranche.fr

ous voici au temps du Carême. Jeûne et renoncements seraient-ils demise ? On peut répondre par la négative.

Ce/e année, pas d’injonction à la frugalité.Manquerait plus que ça, qu’on se rajoute desrestrictions. Car nous constatons que nous nesommes pas vraiment sortis du Carême de l’andernier. Nous pouvons donc déclarer décalé à l’anprochain le jeûne de ce/e année, car nous nevoulons pas ajouter un Carême au Carême encoreen cours.

N

Pourrons-nous ouvrir le mois d’avril avec une fêtede Pâques qui ne soit pas mise sous le boisseaucomme la précédente ? Nous l’espérons. La pandé-mie échappe largement aux décrets sanitaires. Lenombre de décès répertoriés comme “liés auCovid” donne le vertige. Mais on constate qu’uneannée ‘sans contact’ n’a pas empêché que près de20 % de la population1 soit confrontée au virus sansconséquence grave. Nous pleurons nos morts.Nous comprenons que les vivants auront forcémentà aDronter le virus, avec l’immunité acquise avecou sans vaccin. Le Carême 2020 s’est prolongé, et ilest douloureux. Les personnes qui ces derniersmois auraient accumulé quelques kilos super-ussavent ce qu’elles ont à faire.Ce carême prolongé nous a éloignés les uns desautres. Nous avons vécu la réclusion, nous avonsvécu une privation de relations et nous n’avons pasFni d’en supporter les conséquences. Nous voici bien en peine. L’Église ecclésia, (lespersonnes “rassemblées”...) est confrontée à sonantithèse (les personnes “éloignées” pour cause deCovid) et doit s’en accommoder. Beaucoup desolutions ont été inventées par les paroisses, depuisun an : messages personnels, forums, publicationsimprimées, publications virtuelles, retransmissionsaudio ou vidéo, cultes en direct au téléphone, envisio-conférence, ou en diDéré, Newsle/ers,chaînes Youtoub’... Parmi tous ceux-là, seuls lescontacts téléphoniques et les envois par la Posten’émargent pas encore à un compte en banqueaméricain. Tous les autres nous obligent àcontribuer au Fnancement indécent des Gafam2 etdes Natu3. Quel est le monde dans lequel nous voulons vivre ?

1 En moyenne, avec des variantes régionales, selon l’Institut

Pasteur, étude réalisée en collaboration avec l’INSERM et Santé

publique France, actualisée le 24 février 2021 :

https://modelisation-covid19.pasteur.fr/realtime-analysis/infected

-population/?s=09

2 Acronyme de Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft.

3 Acronyme de Netflix, Airbnb, Tesla, Uber.

Hergé, L’Étoile Mystérieuse

Dans l’ensemble, Dieu merci, à Villefranche, toutesles rencontres prévues ont pu avoir lieu, de loin oude près, malgré les contraintes du couvre-feu. Ellesont eu lieu en présence, avec une assistance réduiteet les précautions qui nous sont maintenantfamilières. Elles ont eu lieu à distance, avec lesoutils techniques qui fonctionnent aussi bien quepossible, mais jamais parfaitement, et qui ne sontmalheureusement pas familiers à tout le monde.Celles qui ont été organisées en présence ontdisposé d’un lien (micro et caméra) avec possiblitéde connexion de loin. La participation en visio estproposée pour chaque culte, et pour les principalesrencontres. Osez donc vous connecter, si vous nepouvez pas vous déplacer ! Pour ce qui concerneles enregistrements, la diDusion en diDéré, nousmanquons de technicien(ne)s... Avis aux personnesintéressées : l’apprentissage n’est pas hors deportée, et tout savoir-faire a commencé par unessai... Bien sûr, il y a tous ceux qui craignent d’avoir étéabandonnés en route... Être destinataires de notreintercession ne fait pas tout, et nous devons avouernotre impuissance à garder visibles tous les liens.Que les éloignés sachent que nos pensées lesaccompagnent, avant que soient autorisées desrelations plus concrètes.

Que Dieu nous garde de la solitude !

Franck

Nespoulet

Le Parpaillot Beaujolais - Mars 2021 - page 2

Carême en Carême

Dessin extrait de

Calvin et Hobbes, de Bill Watterson

(USA 1990)

Page 3: Le Parpaillot Beaujolais - erf-villefranche.fr

eux veillées de Noël à la suite l'une del'autre, avec masques et sur réservation, ilfaut dire que nous ne l’avions jamais fait.

Le sapin sans sapin, on ne l'avait jamais fait nonplus. Eh bien ce fut un cadeau. Lesbougies, les images, les catéchu-mènes en vidéo, avec des lectures etdes histoires, l'évangile de Noël surl'écran... La chorale Rakotovao nousa enchantés (voir photo en bas depage) on en aurait presque oublié lapandémie ! Merci à Franck pourl'organisation.

D

oirée de l'unité : pour tenircompte du couvre feu, ellefut avancée de deux heures,

le mercredi soir... et l'on apprendquelques jours avant que le couvre-feu passe à 18h. La soirée de l'unitea Fnalement eu lieu comme prévu àla Collégiale, mais le samedi. Et desoirée elle s'est transformée enmatinée. Une assistance masquée,nombreuse et recueillie, deslectrices/teurs appliqués et inspirés,(Danielle Radtke, Claire Mermin,Elisabeth Cuillerier, Alain de Guido,

S

Jorge Jimenez et Franck Nespoulet, dont laprédication est reproduite en pages suivantes)Encore une belle occasion de prière et de lecturebiblique communes. La liturgie a été préparée à

partir des propositions de laCommunauté de Grandchamp enSuisse.

'ai de bonnes nouvelles, Vole

l'hirondelle... Le culte élaboré àpartir des chansons d'Anne

Sylvestre a été une découverte pourbeaucoup de participants. Ses motspeuvent porter les chrétiens, même sises textes n'ont pas été écrits dans cebut. Le regard qu'elle porte sur lemonde est chaleureux, la poète saitvoir la beauté du monde, elle donnela priorité au plus faible (ça, c'estl'Évangile), elle n'a pas peur d'expri-mer sa colère (ça, c'est les Prophètes).La chanteuse de fabule/es n'a jamaiscessé d'écrire des chansons pouradultes émouvantes et justes. Lapoète parle vrai et profond. Merci aupasteur Franck Nespoulet de fairepartager son enthousiasme ! D.R

J

Le Parpaillot Beaujolais - Mars 2021 - page 3

Ça s’est (bien) passé

Page 4: Le Parpaillot Beaujolais - erf-villefranche.fr

es enfants, qui sont adultes et parents,sont non chrétiens ou assez éloignés dela religion. M

Avec mon mari, nous respectons leurs idées.Cependant, pour ce/e veillée de Noël que nousdevions partager ensemble, je souhaitais tenterce/e approche que Noël est une fête importanteparce qu’elle marque lanaissance de Jésus.Je voulais vivre avec mafamille autre chose que lescadeaux et le repas àpartager.Après que les deux petits-cousins, âgés de 6 et 3 ans,ont joué ensemble dans toutela maison et que les plusgrands se sont retrouvés,mamie a donc proposé quetout le monde se pose etdécouvre l’histoire « adap-tée » de « trésors de Noël ».Nous nous sommes doncassis en cercle, les enfants etmes Flles sur le sol. Pour ce/e histoire, que j’aiécourtée, j’ai essayé de ne pas utiliser des mots tropreligieux aFn de rester accessible à tous. L’histoirepouvait se raconter comme n’importe quellehistoire, interrompue par de jolis chants oumusique de Noël. L’histoire commence ainsi : « Mamie est assise dans le fauteuil (pas de chaise àbascule, pas de tricot ; eh oui ! les temps ontchangé ! les mamies ne sont plus ce qu’ellesétaient), elle lit.

Ses petits-enfants jouent

assis sur un tapis :

Mamie – asseyez-vous !

Tenez, prenez des coussins

et asseyez-vous confortable-

ment autour de moi !

Ah, je me souviens quand

j’avais votre âge… j’adorais

ces jours juste avant Noël.

Mes frères et sœurs et moi

étions tout excités ! …

Tiens, j’y pense, j’ai une

grande malle au grenier (un

grenier ? quel grenier ? tout le monde éclate derire) dans laquelle il me reste quelques souvenirs de

Noël. Si vous voulez, nous allons la chercher nous

allons remonter le temps, je vous raconterai

l’histoire d’une nuit tout à fait hors du commun :

la première nuit de Noël.

Les enfants (accompagnés deleurs papas très costauds)vont chercher la malle,

posent les photophores, les

allument pendant une petite

musique d’ambiance …

La séance est très interactive.Les enfants peuventintervenir en plaçant lespersonnages dans la crècheque j’avais fabriquée(malheureusement sans lesenfants, à cause du COVID).J’ai recherché des peluchesreprésentant les animaux dela crèche ; le plus petit lesdisposait dans le sapin, en faitil tournait autour du sapincherchant désespérément un

abri pour ces pauvres bêtes ; j’avais oublié deconstruire l’étable !Bien sûr la maman d’Elio/ qui n’a que 3 ans a lupour lui, mais celui-ci s’est appliqué, trèssérieusement, à répéter chaque mot. Gabriel, 6 ans,était Fer de nous montrer qu’il savait lire.Les papa, tonton, papi ont participé bien volontiersà la saynète, les petits savaient à la Fn de l’histoireque l’enfant né ce/e nuit-là dans la crèches’appelait « Jésus ». Ce que chacun aura ressenti de

ce moment, je ne lesais pas vraiment,mais l’instant futmagique.Quel divin momentpour un divinenfant !

Mamie Claire

Le Parpaillot Beaujolais - Mars 2021 - page 4

Veillée de Noël en famille par Claire Mermin

Page 5: Le Parpaillot Beaujolais - erf-villefranche.fr

e ne connais pas les sœursde Grandchamp, en Suisse.Elles ont accepté de prépa-

rer ce/e semaine de prièrepour l’unité. Depuis leur lieude prière et de vie, elles nousenvoient de quoi méditer.Deux petits textes. Deuxgrands textes. Elles nous disentaDectueusement : regardez là.Lisez. Lisez pour de vrai !

J

Ce Psaume 103 ! Un chant d’amour incomparable !Dieu pardonne. Dieu est miséricordieux. Dieu esttendre. Dieu nous connaît (il sait de quoi nos

sommes faits). Dieu guérit. Dieu ressuscite (Il

réclame ta vie à la tombe). Dieu est Fdèle (de

toujours à toujours)... Ce Psaume est unémerveillement ! Nous en avons lu quelques versets,il faut absolument que vous le relisiez chez vous, enentier ! C’est sans doute le Psaume qui célèbre leplus ce Dieu qui pardonne. C’est un psaume delouange. Une louange qu’on croirait empruntéedirectement aux paroles de Jésus. Sauf qu’elle amille ans d’histoire en plus. Ce Psaume nous placedans le pardon. Et c’est vrai que, en matière d’unité, nous avonsbeaucoup à nous faire pardonner. Nos divisionssont un contre-témoignage pour le monde. Noussommes tout prêts à faire l’unité, pourvu que l’autrevienne nous rejoindre où nous sommes. Pourvu quece soit l’autre qui nous demande pardon. Et voici cepsaume : il dit simplement à quel point noussommes connus de Dieu, il nous montre la distancequ’il y a entre nos querelles, nos violences, nosvengeances, notre histoire d’un côté, et de l’autrel’éternité de sa Fdélité. Il nous rappelle que lepardon, c’est lui qui le donne. L’unité, ce n’est pas lafusion ! La diversité n’est pas ennemie de l’unité !Et puis il y a l’image de la vigne. Ce deuxièmediscours d’adieu, dans l’Evangile selon Jean, est trèsdiDérent du précédent qui se terminait sur undépart rapide vers un « ailleurs ». Je lis les deux derniers versets de Jean 14 :Désormais, je ne m’entretiendrai plus guère avec

vous, car le prince de ce monde vient. Certes, il n’a

en moi aucune prise ; mais de la sorte le monde

saura que j’aime mon Père et

que j’agis conformément à ce

que le Père m’a prescrit. Levez-

vous, partons d’ici !

Et tout de suite après, nouslisons ces mots de Jésus : Je

suis la vraie vigne.

Quand Jésus dit « Je suis »,tous les croyants juifs quil’entourent ne peuvent pas nepas penser à la rencontre de

Moïse au buisson ardent. Moïse envoyé, mais Moïsequi veut savoir qui l’envoie, exactement, et quidemande à Dieu ce que personne n’a osé luidemander. Il lui pose la question : Comment tut’appelles ? Dieu répond. La réponse c’est : « jesuis ». Tu leur diras : « je suis » m’a envoyé vers

vous. Jésus dit : Je suis la vigne. Le vigneron veille.Sa Parole émonde. En tant que sarments, nous voilàémondés, puriFés. En tant que « je suis », Dieudemeure en moi et je demeure dans son amour.

Vous aussi, demeurez en moi comme je demeure en

vous !

Il y a parfois des passages de la Bible qui reviennentet qui se rappellent à nous de façon répétitive. Je nesais pas pourquoi, il y a un mot qui vient trèssouvent comme en écho dans mes lectures en cemoment... Quatre exemples :

L’appel des premiers disciples, Jean 1 38-39 : « Que cherchez-vous ? » Ils répondirent : « Rabbi

– ce qui signiBe Maître –, où demeures-tu ? »

Il leur dit : « Venez et vous verrez. » Ils allèrent

donc, ils virent où il demeurait et ils demeurèrent

auprès de lui ce jour-là ; c’était environ la dixième

heure.

Les disciples en mission (apôtres), Marc 6.10 : « Si, quelque part, vous entrez dans une maison,

demeurez-y jusqu’à ce que vous quiEiez l’endroit »

À Gethsémané, Ma/hieu 26.38 :Il leur dit alors : « Mon âme est triste à en mourir.

Demeurez ici et veillez avec moi.

Les pèlerins d’Emmaüs, Luc 24.28-29...et lui Bt mine d’aller plus loin. Ils le pressèrent en

disant : « Reste avec nous car le soir vient et la

journée déjà est avancée. »

Et il entra pour demeurer avec eux.

Le commandement impossible (prédication) Lire le Psaume 103 Jean 15

Le Parpaillot Beaujolais - Mars 2021 - page 5

Page 6: Le Parpaillot Beaujolais - erf-villefranche.fr

Eh bien, ce mot « demeurer », dans notre lecture dece matin, apparaît 13 fois. Demeurer c’est rester.Demeurer c’est habiter. Mais c’est beaucoup plusque ça. Dans le verbe grec meno il y a ce/e idée dePrésence. Être présent. Une présence qui transformel’instant en éternité. Le temps est rassemblé toutentier dans cet instant de Présence. Nous sommes pélerins, Jésus entre pour demeurer avec nous. Il ne reste qu’un instant, jusqu’à ce qu’onFnisse par le reconnaître. Mais cet instant, c’est tout.Je suis là, c’est tout. Je suis là. C’est TOUT ! Le passén’est pas eDacé, l’avenir est ouvert, mais le temps necompte plus. La rencontre est possible. Jésusdemeure, et le Royaume est là. Celui qui demeure enmoi portera du fruit. Parce que c’est ce qui esta/endu par le vigneron. Du fruit. Plus de fruit. Levigneron émonde aFn que le sarment porte encoredavantage de fruit. Que les paroles de Jésus demeurent en nous, et nouspourrons tout demander. Que nous observions ses commandements, et nousdemeurerons dans son amour. Et Jésus précise : parce qu’il faut que votre joie soitparfaite. Au bout, il y a la joie. La joie qui manquait àCana, et qui a été trouvée en même temps qu’un vinmeilleur et nouveau était servi sur les tables... La joiequi manque, en ces temps d’incertitude, d’inquié-tudes et d’angoisse... c’est de joie dont nous avonsbesoin ! Mais a/ention : au moment où il leur parlede joie, Jésus devient grave. La joie, c’est grave ! Lajoie, c’est profond. « Voici mon commandement... » On est heureux d’avoir une mission, quelque chose àfaire. On va tout faire pour l’accomplir. Si Jésus nousle demande, c’est qu’on peut, n’est-ce pas ? Alors,quel est donc ce commandement ? « ...Aimez--vous les uns les autres. »Mais Jésus, comment tu veux qu’on s’oblige àaimer ? Lorsque deux amoureux se font desdéclarations, est-ce qu’ils disent : j’ai décidé det’aimer ? Bien sûr que non. Ça ne veut pas dire qu’ilsn’y peuvent rien. Mais ça les dépasse, de loin.L’amour leur est venu, l’amour leur est donné.Comment peut on commander d’aimer ? Est-ce queJésus se serait trompé ? Et qu’en est-il de l’hymne à l’amour écrit par l’apôtrePaul dans sa première le/re aux Corinthiens ? Si je

n’ai pas l’amour, je suis une cymbale qui résonne...

nous connaissons ce texte presque par coeur.L’amour est ceci, l’amour est cela, une montagne

d’absolus... Une feuille de route en béton. Mais unchemin impossible. Impraticable. Je chute aupremier virage. Ce que je pense, c’est que Paul saittrès bien qu’il désigne un chemin impossible. Il lesconnaît bien, ses amis de Corinthe. Vous voulez êtredes champions de l’amour ? Voilà le chemin ! Jésusparle de la même manière au jeune homme riche :une seule chose te manque. Donne tout, et suis-moi. Jésus parle de même à ses disciples : je vous

commande d’aimer. Une exigence surhumaine. Non pas quelque chose de di<cile. Mais quelquechose d’impossible. Vous voyez bien, que vous n’yarriverez pas comme ça. Je le sais bien, que je nepeux pas, avec mes petits bras... Si c’est moi qui mebats de toutes mes forces, je n’y arrive pas. Cet appel de Jésus, cet appel de Paul, c’est un appelà se laisser déplacer. À laisser de la place pour Dieu.Ce qui nous est demandé, c’est impossible. Mais àDieu, tout est possible. Tout est possible si c’est Dieuqui agit en nous. « Vous êtes mes amis. Vous savez de quoi ilretourne. Je vous ai tout dit. Je vous ai fait connaîtrele Père. Il demeure en vous. Alors, aimez-vous les

uns les autres. Ce que j’ai fait pour vous, je l’ai faitpour que vous sachiez que c’était possible. »Quant à l’union dont il est question ce/e semaine,union des chrétiens, personne n’a dit qu’il fallaitfusionner ! L’unité n’interdit pas la diversité. Etmême elle la permet. Il y a de l’absolu dans la foi. Dès qu’il y a de l’absolu,il y a de l’exclusif. Mon Dieu est le seul, le vrai. Mamanière de croire est mon absolu ? Il ne peut pas yen avoir deux ? Ce/e tentation de l’exclusif et del’exclusion, elle est liée à toute pensée religieuse. Etsi on y me/ait un peu plus de tolérance ? Ma foi doits’accommoder et tolérer l’autre qui priediDéremment de moi. L’autre est diDérent de moi.L’autre Église représente une autre face/e del’unique Église du Christ. L’Évangile serait annoncéailleurs que chez moi d’une manière qui ne meconvient pas ? Et alors ? Ce ne doit pas être mon problème. L’Esprits’en occupe. Je ne peux que regarder mon frèrediDérent et lui dire : je suis content que tu existes, etje te reconnais comme une créature de Dieu. Etmême à mon ennemi je pourrais dire : si on arrivaità se connaître un peu... je suis sûr que je peuxt’aimer. Alors, on y va ? Il est grand temps. Levons-nous, c’est d’ici que nous partons ! Amen

Franck Nespoulet, Notre Dame des Marais, 23 janvier 2021

Le Parpaillot Beaujolais - Mars 2021 - page 6

Page 7: Le Parpaillot Beaujolais - erf-villefranche.fr

omment se porte l’Eglise protestanteunie en ce début d’année ? Je pourraisrépondre de manière lapidaire « bien »,

mais alors vous risquezde jeter ce/e le/re sansaller plus loin, tant votreimpression est peut-être àl’opposé. Pourtant, je voisavec reconnaissance latrès grande Fdélité desmembres de l’Eglise, quirestent en lien avec leurparoisse, et découvrentdes manières alternativesde vivre le culte ensem-ble, de prier ensemble, delire la Bible ensemble,d’être solidaires. Ce/eFdélité s’est manifestéenotamment pas un enga-gement Fnancier excep-tionnel. Pour ce/e Fdé-lité, pour ce/e imagi-nation et cet engagement,merci à chacune et à cha-cun de vous. (...)

C

Chaque Eglise locale, cha-que paroisse porte lesmêmes préoccupations : comment vivre l’Evan-gile dans un temps d’épreuve ? Commentsoutenir et être soutenus dans une vie entravée ?Comment accompagner sans sortir de chez soi ?Et au quotidien, comment faire pour bien faire,alors que l’incertitude règne ?

En tout cela nous ne sommes pas seuls. LeSeigneur est Fdèle. C’est en Lui que noustrouvons la paix dans ce temps d’instabilité. Et

avec l’Apôtre Paul, « jesuis persuadé que ni lamort, ni la vie », ni lesépidémies, ni l’incerti-tude... « rien ne pourranous séparer de l’amourde Dieu manifesté enJésus-Christ notre Sei-gneur » (Romains 8.38-39)Dans ce temps d’instabilitéet de pandémie mondiale,soyons portés par l’espé-rance, encourageons nousmutuellement, soyonsa/entifs à ceux qui-anchent, consolons ceuxqui sont dans le deuil ;soyons solidaires avecceux qui sont privés deressources. Le Seigneurdonne la vie et il ouvrel’avenir. Nous pouvons entémoigner. Lettre reçue

d'Emmanuelle Seyboldt pré-

sidente du Conseil National

de l'Eglise protestante unie de France

Le Parpaillot Beaujolais - Mars 2021 - page 7

Allô Allô ? Quelles nouvelles ? par Emmanuelle Seyboldt

Je crois au Solei l , même quand i l ne bri l le pas.Je crois en l ’amour, même quand i l ne m’entoure pas.

Et pour moi, c’est déjà dire quelque chose de Dieu.Ce qui se passera de l ’autre côté, quand tout pour moi aura basculé dans l ’éternité,

je ne le sais pas. Je crois, je crois seulement qu’un amour m’attend.Je sais pourtant qu’alors i l me faudra faire, pauvre et sans poids, le bi lan de moi.

Mais ne pensez pas que je désespère : Je crois, je crois tel lement qu’un amour m’attend.

Ne me parlez pas des gloires et louanges des bienheureux, et ne me dites r ien non plus des anges... Tout ce que je peux, c’est croire, obstinément, qu’un amour m’attend.

Si j ’ai peur,— et pourquoi pas ? Si j ’ai t rop mal, Si le f roid de dedans m’envahit ,Alors rappelez-moi s implement qu’un amour, qu’un amour m’attend.

Oui, c’est vrai, je crois. . . Je crois au Solei l , même quand i l ne bri l le pas.

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e ne crois pas assez à la raison pour souscrireau progrès, ni à aucune philosophie del’histoire. Je crois du moins que les hommes

n’ont jamais cessé d’avancer dans la consciencequ’ils prenaient de leurdestin. Nous n’avons passurmonté notre condition,et cependant nous laconnaissons mieux. Noussavons que nous sommesdans la contradiction, maisque nous devons refuser lacontradiction et faire cequ’il faut pour la réduire.Notre tâche d’homme estde trouver les quelquesformules qui apaiserontl’angoisse inFnie des êtreslibres. Nous avons à recou-dre ce qui est destiné àrendre la justiceimaginable dans un mondesi évidemment injuste, lebonheur signiFcatif pourdes peuples empoisonnéspar le malheur du siècle.Naturellement c’est unetâche surhumaine. Mais onappelle surhumaines lestâches que les hommesme/ent longtemps àaccomplir, voilà tout.

J

Sachons donc ce que nous voulons, restons fermessur l’esprit, même si la force prend pour nousséduire le visage d’une idée ou du confort. Lapremière chose est de ne pas désespérer.N’écoutons pas trop ceux qui crient à la Fn dumonde. Les civilisations ne meurent pas si aisémentet même si ce monde devait crouler, ce serait aprèsd’autres. Il est bien vrai que nous sommes dans uneépoque tragique. Mais trop de gens confondent letragique et le désespoir.« Le tragique, disait Lawrence, devrait être commeun grand coup de pied donné au malheur.»Voilà une pensée saine et immédiatementapplicable. Il y a beaucoup de choses aujourd’huiqui méritent ce coup de pied .Quand j’habitais Alger, je patientais toujours dansl’hiver parce que je savais qu’en une nuit, une seulenuit froide et pure de février, les amandiers de lavallée des Consuls se couvriraient de -eurs

blanches. Je m’émerveillais de voir ensuite ce/eneige fragile résister à toutes les pluies et au ventde la mer. Chaque année, pourtant, elle persistait, juste ce

qu’il fallait pour préparerle fruit. Ce n’est pas là unsymbole. Nous negagnerons pas notrebonheur avec dessymboles. Il y faut plusde sérieux. Je veux direseulement que parfois,quand le poids de la viedevient trop lourd dansce/e Europe encore toutepleine de son malheur, jeme retourne vers ces payséclatants où tant de forcessont encore intactes. Je lesconnais trop pour ne passavoir qu’ils sont la terred’élection où la contem-plation et le couragepeuvent s’équilibrer.

La méditation de leurexemple m’enseigne alorsque si l’on veut sauverl’esprit, il faut ignorer sesvertus gémissantes etexalter sa force et ses

prestiges. Ce monde est empoisonné de malheurset semble s’y complaire. Il est tout entier livré à cemal que Nieasche appelait l’esprit de lourdeur. N’yprêtons pas la main. Il est vain de pleurer surl’esprit. Il subt de travailler pour lui. Mais où sontles vertus conquérantes de l’esprit ?Le même Nieasche les a énumérées comme lesennemis mortels de l’esprit de lourdeur. Pour lui,ce sont la force de caractère, le goût, le « monde », lebonheur classique, la dure @erté, la froide frugalitédu sage. Ces vertus, plus que jamais, sontnécessaires et chacun peut choisir celle qui luiconvient. Devant l’énormité de la partie engagée,qu’on n’oublie pas en tout cas la force de caractère.Je ne parle pas de celle qui s’accompagne sur lesestrades électorales de froncements de sourcils etde menaces. Mais de celle qui résiste à tous lesvents de la mer par la vertu de la blancheur et de lasève. C’est elle qui, dans l’hiver du monde,préparera le fruit. Albert Camus, « L’été » 1940

Les Amandiers Texte d’espérance, écrit en un temps incomparablement plus dur que celui d''aujourd'hui...

Le Parpaillot Beaujolais - Mars 2021 - page 8

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Après quelques réGexions sur les liturgies des pre-

mières communautés (voir PB n°137), le Parpaillot

donne la parole à Pierre Bécheret qui s'interroge sur

la pratique actuelle et ancienne de la liturgie dans le

cadre du culte.

λειτουργία - 2

oute liturgie dans l’organisation d’un serviced’église tant soit peu structuré se doitd’ouvrir au Fdèle un chemin d’accès tant aux

sacrements de la célébration, qu’aux futuresinterrogations de la prédication. Elle développe unesuite d’invocations, de louanges, de repentances,d’actions de grâce et de prières dont la formulationoscille souvent entre deux expressions :• Soit celle d’une récitation d’un rituel élaboré quise répète au mot et à l’articulation près, d’unecérémonie à l’autre ;

T

• Soit celle d’une subtile composition d’un ensem-ble de citations et de témoignages puisés auxmeilleures sources et dont l’association est censéeconférer une spiritualité incontestable à l’exposé àvenir.

L’un et l’autre de ces dispositifs s’enrichissent demultiples chants d’assemblée dont les résonnanceset les paroles peuvent varier à l’inFni pour mieux secouler dans un raisonnement ou une émotionrecherchée par le célébrant. Tout devient aDaired’éloquence : les risques de dérapage du langage engrandiloquence ou en langage abscons sont réels.

Pour s’en protéger, et créer un climat de conFancedans une assemblée apaisée, le remède tient dansla manifestation d’une sincérité et d’une bien-veillance qui rassure les paroissiens les uns enversles autres. Toute option de consommation disparaîtalors pour donner à chacun des membres del’assemblée le sentiment d’une authenticité vécue. Les célébrants de liturgie n’ont pas de mandat pourse comporter en modèle de piété ou de savoir, ni enmagicien de la parole toute puissante. Se diDéren-cier des membres de l’assemblée par exemple enrevêtant des habits sacerdotaux agit contre l’essencemême de ce que la liturgie est censée nouer au seinde l’assemblée : un service du peuple, un échangedialogué à plusieurs, libéré de tout jugement dansune ré-exion de l’instant.Le silence et le temps du recueillement constituentau sein de la liturgie autant de plages de respirationet de rumination intérieure essentielles à unpèlerinage orienté sur une ouverture évangélique.Le partage en commun de tels moments intem-porels, privés de son, donnera à chacun la sensationd’être à la juste place au bon moment. En somme, pour être reçue par les membres de lacommunauté, toute liturgie, avec des mots simpleset sincères se doit de parler un langage ancré dansles réalités du présent. Il ne peut s’agir de rappelspermanents à des invocations et expressions dupassé. La communauté est en marche, la liturgieégalement, respectant sans doute, mais surtoutsollicitant la libre conscience de l’homme engagédans la société.

Loin d’être une langue morte,le langage utilisé en liturgiedevrait se nourrir des épreu-ves, des joies, des découvertesde la vie quotidienne pourcélébrer le lien de Dieu avecson peuple. Ce/e communiond’esprit et de pensée n’est passervie par une simple récitationde belles paroles. Elle ne peutrésulter que d’allers retoursincessants entre discours pré-parés dans le recueillement etimprovisations ré-échies dansl’instant de la rencontre.C’est un exercice inFnimentplus engageant que celui de laprédication, car il se doit d’ins-taller dans la communauté,pour le temps de la rencontre

Liturgie : langue morte ou communion d’esprit ? par Pierre Bécheret

Mix & Remix

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dominicale, l’Esprit avec lequel Jésus-Christ nous aparlé de son Père.Paul nous a livré, par ses salutations aux diDérentescommunautés du monde méditerranéen qu’il aaccompagnées dans son ministère, une liturgiedirecte, condensée, ancrée dans l’actualité de leurpropre histoire.Aux Galates (ch. 1 v3 à 5) il annonce : « À vous la grâce et la Paix de la part de Dieu notre Père etdu Seigneur Jésus-Christ qui s’est livré pour nospéchés, a+n de nous arracher à ce monde du mal,

Le culte et sa liturgie peuvent (doivent) être mis à

plat, être toujours réinventés... c'est le rôle des

chrétiens voulant célébrer ensemble. Mais ne faut-il

pas garder au culte un peu de sa "magie" ? C'est

l'avis de Franck Nespoulet

λειτουργία - 3

a liturgie est au fond l’application d’unesorte de « pédagogie » que Dieu utiliseenvers nous, et non le contraire (de nous

envers Dieu). C’est une démarche cohérente.Elle vient de loin. Deux mille ans, et plus.

LNous vivons une époque moderne :nous avons toute autorité pourmodiFer, retirer, compléter laliturgie à notre guise. Pour laréinventer totalement au gré desmodes, au gré de notre foi, au gréde notre manque de foi... Maiscurieusement, nous revenonstoujours à une structurepresque toujours la même. On peut analyser laliturgie. On peut la décortiquer, la«démythologiser».C’est une deschoses que l’on fait dans lesfacultés de théo-logie. Ce faisant, oncourt le risque de« désenchanter » la liturgie, comme on enlèverait sans le vouloirla poussière des ailes d’un

papillon qu’on aurait voulu « étudier », eDaçant du même coup la magie de ses couleurs mordorées... Dans beaucoup de religions les mots utilisés dans leculte (la liturgie) acquièrent un caractère sacré aucours des années, au cours des siècles. Nous savonsque les caractères hiéroglyphiques des Égyptiensont été vocalisés longtemps après qu’on ait cessé deles comprendre, et en même temps que leurécriture était devenue dessins magiques, amule/esacrée, manifestation de quelque divinité d’appa-rence animale.

conformément à la volonté de Dieu qui est notre Père...»puis il interroge directement la communauté (ch.1 v10 ) :« Car maintenant, est-ce que je cherche la faveur des hommes ou celle de Dieu ? Est-ce que je cherche à plaire aux hommes ?»... La réponse peut nous sembler évidente, mais sa mise en pratique, révolutionnaire ; de quoi nourrir toute une liturgie de la Parole. Pierre Bécheret

Pédagogie de la liturgie par Franck Nespoulet

Le Parpaillot Beaujolais - Mars 2021 - page 10

Mix & Remix

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Nous savons que la langue de certains cultesorthodoxes n’est plus parlée par le peuple depuisdes siècles. Nous savons qu’il en fut de même pourle latin de la messe. Si on tient à conserver unelangue sans modiFcation (ce qui revient à la laissermourir, puisque elle va inexorablement s’éloignerde la langue réellement parlée), il subt de l'utiliserpour une liturgie que l'on qualiFera d’éternelle...

Les premiers cultes protestants au 16è siècles’appuyaient sur ce qu’ils voulaient garder dudéroulement de la messe de l’Eglise catholiqueromaine et apostolique. C’est précisément sur laquestion de ce qu’il fallait garder ou supprimer queles réformateurs se disputaient, sans qu’il fûtpossible de les me/re d’accord. Philip Melanch-thon4 fut un de ceux qui l’ont le plus regre/é. Aprèsavoir travaillé de toute son intelligence et de touteson énergie à la recherche d’un compromis quipuisse satisfaire tout le monde protestant, il a dûreconnaître son échec. C’est le début de la diversitédu protestantisme, qui n’est pas forcément un motifde Ferté, mais qui est, tout simplement. Les protestants s'entendent parfois dire : « Noussommes des protestants pas comme les autres. Lesautres protestants ne sont pas des gens commenous.» Les protestants américains qui soutiennentmordicus Bolsonaro ou Trump ne nous sont-ils pasétrangers ? Pourtant, ils sont protestants. Il fautfaire avec eux.

Pour revenir à la liturgie, essayez donc de lareconstruire, ou de la créer de toutes pièces : vousallez vous rendre compte à quel point il est dibcilede sortir de l’ordre ci-dessous (encadré), que l’onpeut décliner en trois temps principaux. DesmodiFcations / suppressions sont possibles, biensûr, mais elles ne se font le plus souvent qu’à lamarge. Les « sacrements » sont occasionnels, et ilsfont l’objet d’un temps liturgique spéciFque au seindu culte. La place de la musique, des psaumes et descantiques n’est pas indiquée dans l’encadré.Pourtant ce sont eux qui donnent le rythme. Ilsnous aident à nous laisser porter au delà des mots...Pour les choses les plus fortes, pour les soupirsinexprimables, comme Paul les qualiFe5, il n’y a pasde mots. Et puis, même s'il est dibcile de faire l'unanimité, sila musique est belle alors elle nous élève.

4 Philip Melanchthon 1497-1560, de 14 ans le cadet de Luther,

et de 8 ans l’aîné de Calvin.

5 Epître aux Romains 8.26.

Le dernier temps de la liturgie se prolonge au delàdu temps du culte. Nous sommes « envoyé(e)s » etbéni(e)s, et forcément la semaine qui suit en seratoute imprégnée... Pas vrai ? Frères et soeurs, Dieu a fait de vous des apôtres(envoyés) et il a dit du bien de vous (= bénir) : voilàqui change tout, vous ne trouvez pas ?

Une fois que l’analyse est faite, que les textes lus ouparlés ont été décortiqués, je pense qu’il faut lâcher.Il faut laisser le culte se réenchanter spontanément àtravers ce dialogue et ce/e Présence. Notre espritcritique ne nous abandonne pas, bien sûr. Maisl’émotion a toute sa part. Laissons-nous porter. Et sile culte était une forme positive et joyeused’enchantement ? Dans notre société désenchantée,sans nous me/re hors du monde, l’enchantementsécurise et apporte la paix ; la Parole nous déplace,et nous met en route. Nous sommes placés dans lemonde, mais nous ne sommes pas « du monde ».Notre racine est ailleurs. La conFance devientpossible. Et la conFance en Dieu, ça s’appelle :la foi. Franck Nespoulet

1 - Temps de l’accueil : Se présenter devant Dieu

• Dieu parle d’abord : c’est la grâce.• Le croyant parle ensuite : louange • Dieu donne la loi• Le croyant reconnaît qu’il n’est pas parfait

(repentance, péché)et il demande pardon à Dieu

• Dieu accorde son pardon• [+ Baptême, confirmation ]

2 - Temps de la Parole : Lire, écouter, proclamer

• Le croyant demande l’aide de l’Esprit• La Parole est lue (lectures bibliques)• La Parole est proclamée (prédication)

3 - Temps du Partage : Être chrétiens ensemble, dans le monde

• Confession de foi commune • [ Sainte Cène ]• Nouvelles à partager • Offrande • Prière d’intercession + Notre Père• Envoi + Bénédiction

•••

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ous terminons une année « Fnances »assez dure, mais elle se termine positive-ment grâce à vos dons.. alors un grand

merci. En particulier aux personnes qui ont optépour un virement automatique mensuel :

Ncela a vraiment permis, pendant lapériode de conFnement (et doncd’absence de cultes en présentiel), desubvenir aux besoins réguliers de laparoisse. Car même en conFnement, lesfactures de gaz, eau, électricité doiventêtre honorées. ! Le graphique ci-contre re-ète l’évolutiondes dons au cours de ce/e année 2020.

Carnet

Nous avons entouré de notre sympathie etaccompagné de nos prières Christiane Reymond etses enfants, suite au décès de Eric Reymond àl’âge de 90 ans.Un service d’action de grâces a eu lieu au templele 15 janvier.

Lors de l’assemblée générale, il vous sera donnéplus d’explications et de détails. Mais en a/endant,sachez que notre Eglise compte toujours sur vous !MERCI ENCORE Danielle Radtke

Depuis une année, dans notre paroissecomme partout, les mariages ont dû être décalés,ainsi que les baptêmes. Nous voulons penser àtoutes les familles qui sont dans l’a/ente dumoment où, enFn, elles pourront célébrer et seréjouir avec leurs proches. Que familles et lescouples reçoivent ici l’assurance de notresympathie. Un proverbe prétend que tout vient àpoint à qui sait a/endre... Mais ce/e épreuverisque de nous faire a/eindre le "trop cuit". QueDieu nous accorde la patience !

Le nerf de la guerre... &nances paroissiales

Le Parpaillot Beaujolais - Mars 2021 - page 12

Conseil presbytéral

Annie Babut [email protected] ; Pierre Bécheret [email protected] ;Joël Imbert [email protected] ; Claire Mermin [email protected] ;

Franck Nespoulet [email protected] ; Danielle Radtke [email protected] ; Cornélis Van der Slikke cornelis.van-der-sl [email protected]

Pasteur Franck Nespoulet Tél. 06 33 85 70 19 - 21 rue Auguste Aucour Président Cornélis van der Slikke Tél. 06 07 78 27 93Trésorière Danielle Radtke Tél. 04 74 62 12 73 - 154 rue Roncevaux 69400 Vil lefranche

CCP Église Réformée de Vil lefranche 7 506 36 G Lyon