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journÉe missionnaire salÉsienne 2017 - amÉrique2

Le modèle par excellence du missionnaire est Jésus-Christ. Par l’Incarnation il a assumé la nature humaine, s’est inséré dans une culture, a appris une langue, a vécu les valeurs de sonpeuple. Il a placé sa tente parmi nous (Jn 1,14). Il a voulu demeurer avec nous pour toujours, Ilnous a aimés jusqu’à la fin (cf. Jn 13,1). Toute son existence est missionnaire : de l’Incarnationjusqu’au don définitif de soi sur la Croix.

La vocation missionnaire suit le modèle du Seigneur. En particulier cette année, nous te-nons à souligner la présence des Salésiens de Don Bosco parmi les peuples indigènes d’Amé-rique. Une présence qui a cherché à connaître, à valoriser et souvent à sauver leur culture etleur identité. Certes, une activité missionnaire généreuse, non sans les limites propres del’époque, à ses débuts, et qui sera enrichie par les sciences anthropologiques et la théologie deVatican II. Une présence parmi les peuples Mapuche, Fuégiens, Guarani, Bororos, Chavantès,Shuar, Yanomami, Mixe, Chianteco, Aymara, Quechua, Qeqchi et bien d’autres. Avec eux,nous partageons l’annonce de la Bonne Nouvelle de Jésus et ses conséquences de la pleinehumanisation à travers l’éducation, la formation technique, le développement agricole, la ré-flexion sur l’identité. De la mission salésienne se dégagent des fruits de culture et de sainteté,comme nous le montre le bienheureux Ceferino Namuncurá.

La présence missionnaire n’est pas une visite culturelle ou touristique, elle se fait à l’exem-ple de celle du Seigneur, qui est venu « rester avec nous ». C’est-à-dire qu’il est venu demeurerau milieu de nous en donnant sa vie, comme c’est le cas de centaines de missionnaires qui ont dépensé leur vie au service de leurs frères indigènes et, dans certains cas, ont scellé ce don de soi par le martyre.

Que ces Journées Missionnaires aident la Famille Salésienne à rendre le Christ présentdans la culture indigène et les richesses originaires de l’Amérique présentes dans l’Église universelle.

... Et ils sont restésavec nous

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Table des matières Explication du poster de JMS 2017............................................................................................................................................................3

Lettre du Recteur Majeur..................................................................................................................................................................................................4Lettre du Conseiller pour les Missions..............................................................................................................................................5Où le péché a abondé, la Grâce a Surabondé! .............................................................................................................6Journée Missionnaire Salésienne : Une tradition qui continue......................................................8Thème général pour ce Sexennat : la “Première annonce ...” .................................................10Les Peuples Autochtones en Amérique.....................................................................................................................................13La Vierge de Guadalupe et l’Évangélisation...................................................................................................................14Don Bosco et les Missions Indigènes de l’Amérique Latine........................................................16De la Première Annonce à l’Église Locale...........................................................................................................................20

La Première Annonce dans la Prélature Mixepolitana de Marie Auxiliatrice...........21Chaco Paraguayen: Terre de la Première Annonce! ............................................................................................22

Les Salésiens et les Populations Autochtones en Amérique Latine .............................24Les Salésiens et les Peuples Autochtones Andins de l’Équateur.....................................................25Les Salésiens et les Peuples Aymara et Quechua en Bolivie..................................................................26La Présence Salésienne dans les Andes Péruviennes........................................................................................28Indigène et Salésien .......................................................................................................................................................................................................29Les sœurs de la Résurrection........................................................................................................................................................................30Les Salésiens et la Préservation des Cultures des Peuples Indigènes ..........................................31

Saints Indigènes..............................................................................................................................................................................................................................34Saint Juan Diego Cuauhtlatoatzin ............................................................................................................................................................34Sainte Kateri Tekakwitha.........................................................................................................................................................................................35Les 3 Martyrs de Tlaxcala ...................................................................................................................................................................................35Bienheureux Ceferino Namuncurá .....................................................................................................................................................36

Missionnaires Salésiens d’hier et d’aujourd’hui......................................................................................................38Mon nom est Yankuam ...............................................................................................................................................................................................40Avec les Peuples Indigènes, je Découvre Toujours davantage l’Appel de Dieu pour Moi ...41Heureux d’être Missionnaire sur la Terre des Songes de Don Bosco ....................................42

Promouvoir la Première Annonce ...........................................................................................................................................................43Matériaux didactiques......................................................................................................................................................................................................44Le Projet pour la JMS 2017 ......................................................................................................................................................................................46Coplas del Yaraví...........................................................................................................................................................................................................................47

Le premier plan d’un jeune Yanomami traduit bien le thème de la Journée MissionnaireSalésienne pour 2017 : Les Peuples indigènes d’Amérique. Don Bosco envoya les Salésiensen Patagonie ; à partir de là jusqu’à présent, les Salésiens sont restés chez tant d’autres peuples indigènes et continuent de promouvoir la première annonce, la naissance et le développement de l’Église locale. La photo d’arrière-plan montre la procession d’un peupleindigène, présidée par leur Évêque et vue à travers les yeux de Don Bosco. La présenced’une famille indigène dans l’affiche relie la JMS à l’Étrenne du Recteur Majeur : « Noussommes une Famille ! Chaque maison, une école de vie et d’amour ».

La JMS 2017 est non seulement une occasion pour se souvenir et raconter encore unehistoire glorieuse, c’est aussi une invitation pressante aux Salésiens pour qu’ils se rendentcompte qu’ils ont encore une grande histoire à construire au milieu des peuples indigènesavec toute la Famille Salésienne d’Amérique.

EXPLICATION DE L’AFFICHE DE LA JMS 2017

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journÉe missionnaire salÉsienne 2017 - amÉrique4

LETTRE du Recteur MajeurSavoir que cette année, notre regard missionnaire se tourne vers l’Amérique, aimée et rêvée

par notre Père Don Bosco, me remplit de joie et de gratitude. Vous savez bien que l’Amérique estla terre à laquelle j’ai eu la grâce d’être appelé pour la servir et l’animer pendant quelques années.

Lorsque, à la conclusion de l’Année du Bicentenaire de la naissance de Don Bosco, j’avaisdit à mes frères salésiens que je rêvais d’une Congrégation Salésienne de plus en plus mission-naire, je voulais dire aussi que nous devons revenir à nos racines missionnaires. Cette JournéeMissionnaire Salésienne nous offre cette précieuse opportunité.

Je souhaite que le thème choisi pour la Mission Salésienne de cette année puisse égalementaller de pair avec l’Étrenne. Autrement dit, nous nous rendons compte, en premier lieu, dela façon dont les premiers missionnaires arrivés en Amérique avaient réussi à créer un espritde famille et le climat d’un foyer familial en chacun des peuples et des cultures qu’ils avaienttrouvés en arrivant. Ils aimaient vraiment tous les groupes indigènes auxquels ils avaient étéenvoyés. Ils les ont respectés et se sont rendus solidaires de leurs peines et de leurs joies, de leurs frustrations et de leurs rêves. Ils se sont battus jusqu’à donner leur vie pour eux.

Leur exemple reste toujours un défi missionnaire tout particulier pour nous, un appel de Don Bosco à rester très présent dans chacune des périphéries où les jeunes les plus pauvreset abandonnés nous attendent.

Je souhaite et j’espère que cette Journée Missionnaire Salésienne pourra :– Promouvoir et consolider dans nos présences salésiennes d’Amérique et dans le monde

entier la défense et la promotion des minorités ethniques. La raison de ce désir ne doit pas nous échapper. C’est dans ces minorités ethniques que se trouvent nos chers jeunes.Notre présence parmi eux et avec eux ne peut pas être purement générique, elle doit impliquer toute la richesse de notre charisme juvénile et populaire.

– Renforcer notre capacité d’être des prophètes dela fraternité et des bâtisseurs d’une humanité

réconciliée et en paix, en particulier dans lescontextes pluriculturels et pluri-religieuxdans lesquels nous vivons. C’est là que nosjeunes sont plus tentés par la violence et la division.

– Être de plus en plus passionnés, et raviverdans toute la Famille Salésienne le zèleet l’enthousiasme pour l’évangélisationdes jeunes et des peuples à travers la première annonce de Jésus. Notre famille est née missionnaire et ne peutqu’être missionnaire ! ■

P. Ángel Fernández Artime, SDBRector Mayor

11 Novembre 2016

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LETTRE du Conseillerpour les Missions

Avec cette Journée Missionnaire Salésienne du 2017, nous tournons notre regard et notre at-tention missionnaire vers l’Amérique. C’est comme si, autrefois, nous montions dans le bateauqui avait conduit nos premiers missionnaires en Amérique du Sud, ce fameux 11 novembre 1875.

Déjà dans les années passées, l’Amérique avait été le thème de la Journée MissionnaireSalésienne. Cette année en particulier, nous trouverons une excellente opportunité pour :– Faire mémoire historique missionnaire, pleins de gratitude. Chacune des Provinces Salé-

siennes du monde a une belle histoire missionnaire de ses débuts, de ses pionniers, mêmecelles de fondation plus récente, comme les présences qui ont été le fruit du Projet Afrique.Il est donc urgent que nos jeunes générations de Salésiens puissent étudier en profondeuret avec soin les figures des pionniers missionnaires de leur Province, ainsi que la diversitédes méthodologies d’évangélisation qui furent adoptées dans des contextes variés.

– Promouvoir le volontariat missionnaire des jeunes, en particulier celui qui concerne les communautés indigènes du Continent américain. Cela devrait susciter l’intérêt desjeunes missionnaires laïcs de nos milieux, non seulement au niveau des deux Régions del’Amérique (Cône Sud et Interamérique), mais aussi des autres Régions et continents.Avec cette Journée Missionnaire Salésienne, nous cherchons à motiver et à promouvoirun volontariat missionnaire des jeunes plus riche et articulé, soit à l’intérieur des Provinces,soit dans chaque pays.

– Prier pour les vocations missionnaires ad gentes. Beaucoup de ces populations indigènesn’auraient pas trouvé le salut, n’exis-teraient aujourd’hui si elles n’avaientpas trouvé des jeunes Salésiens prêtsà donner leur vie jusqu’à leur derniersouffle, comme Don Bosco, pour la mission. C’est pour cela que nousrendons grâces à l’Esprit Saint : pour la vocation de chaque missionnaire ad gentes, ad exteros, ad vitam. Et c’estce que nous voulons demander à cha-cune de nos communautés individuel-lement, cette année : qu’elles prientl’Esprit Saint d’envoyer plus d’ouvriersdans la moisson. ■

P. Guillermo Basañes, SDBConseiller pour les Missions

journÉe missionnaire salÉsienne 2017 - amÉrique

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Où le Péché a abondé,la Grâce a Surabondé!

Disons NON aux vieilles et nouvellesformes de colonialisme. Disons OUI à la ren-contre entre les peuples et les cultures. Bien-heureux les artisans de paix !

Et ici je veux m’arrêter sur un sujet impor-tant. Car, quelqu’un pourra dire, avec raison,« quand le Pape parle du colonialisme, il ou-blie certaines actions de l’Église. » Je leur dis,avec peine : de nombreux et de graves pé-chés ont été commis contre les peuples origi-naires de l’Amérique au nom de Dieu. Mesprédécesseurs l’ont reconnu, le CELAM, leConseil Épiscopal Latino-américain l’a dit etje veux le dire également. ... je voudrais vousdire, je veux être très clair, comme l’a étésaint Jean-Paul II : je demande humblementpardon, non seulement pour les offenses del’Église même, mais pour les crimes contreles peuples autochtones durant ce que l’onappelle la conquête de l’Amérique. Et aveccette demande de pardon, et pour être juste,je voudrais que nous nous souvenions desmilliers de prêtres, d’évêques, qui se sont

opposés courageusement à la lo-gique de l’épée avec la force de laCroix. Il y a eu péché, il y a eupéché et en abondance, maisnous ne demandons pas pardon.Et c’est pourquoi nous deman-dons pardon. Et je demande par-don ; mais là aussi, là où il y a eupéché, là où le péché a abondé, lagrâce a surabondé à travers ceshommes qui ont défendu la jus-tice des peuples autochtones.

Je vous demande aussi, à voustous, croyants et non croyants, de

vous souvenir de tant d’Évêques, prêtres etlaïcs qui ont annoncé et annoncent la BonneNouvelle de Jésus avec courage et douceur,respect et dans la paix – j’ai dit évêques, prê-tres, et laïcs, mais je ne voudrais pas oublierles religieuses qui, dans l’anonymat, parcou-rent nos quartiers pauvres, apportant un mes-sage de paix et de bonheur – et qui, passanten cette vie, ont laissé des œuvres émou-vantes de promotion humaine et d’amour,souvent auprès des peuples indigènes ou enaccompagnant leurs mouvements populaires,y compris jusqu’au martyre. L’Église, ses fils etses filles, font partie de l’identité des peupleslatino-américains [...].

Frères et sœurs du Mouvement indigènelatino-américain, permettez-moi de vous manifester mon affection la plus profonde et de vous féliciter pour chercher l’union devos peuples et de vos cultures. Cetteconjonction de peuples et de cultures, j’aimel’appeler polyèdre, une forme de cohabita-tion où les parties conservent leur identité

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en construisant ensemble une pluralité quin’attente pas à l’unité, mais la renforce. Votre recherche de cette interculturalité, qui combine la réaffirmation des droits des peuples autochtones avec le respect de

l’intégrité territoriale des États, nous enrichit et nous fortifie tous. ■

Pape FrançoisDiscours aux Mouvements Populaires

Santa Cruz de la Sierra (Bolivie)9 juillet 2015

Une Attention Spéciale aux Peuples AutochtonesSi l’Église en Amérique, fidèle à l’Évangile du Christ, entend parcourir le chemin de la solidarité,elle doit porter une attention spéciale aux ethnies qui, aujourd’hui encore, sont l’objet de discrimi-nations injustes. En effet, il faut supprimer toute tentative d’exclusion à l’égard des populationsautochtones. Cela implique, en premier lieu, que l’on doit respecter leurs territoires et les accordspassés avec eux ; il faut également répondre à leurs légitimes besoins sociaux, sanitaires, culturels.Et comment oublier l’exigence de réconciliation entre les peuples autochtones et les sociétés danslesquelles ils vivent ?(...) Puisque toute personne, de quelque race ou condition qu’elle soit, a été créée par Dieu à sonimage, il faut promouvoir des actions concrètes, sans oublier la prière en commun, qui favorisentla compréhension et la réconciliation entre peuples différents, et qui soient des ponts pour faire régnerl’amour chrétien, la paix et la justice entre tous les hommes.Pour atteindre ces objectifs, il est indispensable de former des agents pastoraux compétents, capablesd’utiliser des méthodes déjà légitimement « inculturées » dans la catéchèse et la liturgie. Et l’onobtiendra plus facilement un nombre convenable de pasteurs qui exerceront leur activité parmi lesautochtones si l’on se préoccupe de promouvoir les vocations au sacerdoce et à la vie consacréeparmi ces peuples.

Jean Paul IIEcclesia in America, 64

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Journée Missionnaire SalésienneUne tradition qui continueQu’est-ce que cela signifie ? Depuis 1926 est célébré dans l’Église univer-selle le Dimanche Missionnaire Mondial. De-puis 1988, un thème missionnaire est proposéà toute la Congrégation Salésienne. Toutesles communautés salésiennes ont l’opportu-nité de connaître une réalité missionnairespécifique. C’est un temps fort pour l’Anima-tion Missionnaire dans les Communautés sa-lésiennes provinciales ou locales, dans lesGroupes et dans la Famille Salésienne. Ils’agit d’une opportunité pour impliquer lescommunautés SDB et les Communautés Édu-catives et Pastorales (CEP) dans les dyna-miques de l’Église universelle, en renforçantla culture missionnaire.

Pourquoi ?Pour donner une impulsion à l’AnimationMissionnaire en offrant une proposition quidevienne un projet annuel concret. Pour aidertoute la Famille Salésienne à connaître l’en-gagement missionnaire de la Congrégation,ouvrir les yeux aux nouvelles réalités mission-naires, dépasser toute tentation à se replier sursoi dans son propre territoire ou dans son pro-pre contexte et se rappeler le souffle universeldu charisme salésien. « Les activités d’animationdoivent toujours être orientées vers leurs fins spécifiques : informer et former le Peuple de Dieuen ce qui concerne la mission universelle de l’Église, faire naître des vocations ad gentes,susciter la coopération à l’évangélisation. » (Jean-Paul II, Redemptoris Missio, 83).

Quand ?Il n’y a pas de date fixe pour la Journée Mis-sionnaire Salésienne au niveau mondial.Chaque Province choisit une date ou une pé-riode, qui s’adapte le plus à son rythme ou àson calendrier. Certaines dates traditionnelles

dans les Provinces (autour de la fête de DonBosco, en janvier, ou de l’anniversaire de DonBosco en août ; le temps de Carême, la fêtedes Saints Martyrs Missionnaires, Louis Ver-siglia et Calixte Caravario, le 25 févier ; lemois de mai, le mois missionnaire d’octobreou bien le 11 novembre). Tout d’abord, il estimportant d’offrir un itinéraire éducatif etpastoral de quelques semaines qui culmineavec la Journée Missionnaire Salésienne. La JMS est l’expression de l’esprit mission-naire de toute la Communauté Éducative et Pastorale, maintenu vivant durant toutel’année avec des initiatives diverses.

Comment est-elle animée ?À partir d’une rencontre des Directeurs, oùle Délégué pour l’Animation Missionnaireexplique l’objectif et distribue les outils dis-ponibles pour la JMS dans la Province (pageweb provinciale ou bien un lien verswww.sdb.org - GMS). De cette façon, toutesles communautés sont les premières destina-taires des dynamiques de la JMS. En mettantchaque année l’accent sur un aspect concretde la culture missionnaire ; en priant pour lesmissionnaires présentés dans la JMS, on offreun soutien concret à la Mission.

Qui célèbre ?Le premier destinataire est la communautésalésienne SDB. Ensuite, selon les Provinces,il y a diverses façons d’organiser en fonctiondes secteurs de la mission salésienne (école,centre de formation professionnelle, paroisse,groupes de jeunes et particulièrement lesgroupes de volontariat missionnaire), de laFamille Salésienne (Salésiens Coopérateurs,Anciens Elèves, Groupes ADMA) en étantouverts à tout le Mouvement salésien et aux amis de Don Bosco.

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Quels moyens ?Toutes les communautés salésiennes reçoiventune affiche, un document imprimé, un DVDavec des vidéos sur le thème, un DVD avec lematériel didactique et audiovisuel en différenteslangues. Pour le matériel imprimé, il suffit des’adresser au Dicastère pour les Missions à Rome([email protected]). Les DVD sont pro-duits par les MDB à Turin et sont disponiblesen ligne (http://www.missionidonbosco.tv).

L’importance de la prièrepour les missions Tous les membres de la CEP contribuent àl’action missionnaire de la Congrégation et del’Église par la prière accompagnée de sacrificespour les missionnaires salésiens et pour les vocations missionnaires. Chaque 11 du moisest une occasion pour prier selon l’IntentionMissionnaire Salésienne. Chaque année, avecle thème de la JMS, est proposée une prièrespécifique. L’action missionnaire découle etest soutenue par la rencontre avec Dieu.

Année Thème1988 Guinée - Conakry: Le rêve continue1989 Zambie: Projet Lufubu1990 Timor Leste - Venilale: Jeunes Évangélisateurs1991 Paraguay: Enfants de la rue1992 Pérou-Valle Sagrado Incas:

Christ vit sur les sentiers des Incas1993 Togo-Kara: Don Bosco e l’Afrique

- un rêve devenu réalité1994 Cambodge-Phnom Penh:

Missionnaires bâtisseuts de paix1995 Inde - Gujarat: En dialogue pour partager la foi1996 Russie - Yakutsk: Lumières d’espérance en Sibérie1997 Madagascar: Jeune, je te le dis, lève-toi1998 Brésil : Yanomami: Vie nouvelle en Christ1999 Japon: La difficile annonce du Christ au Japon2000 Angola: L’Évangile, semence de réconciliation2001 Papouasie Nouvelle Guinée: En marchant

avec les jeunes2002 Missionnaires au milieu des jeunes réfugiés2003 L’engagement pour la promotion humaine

dans la mission

JMS: Une tradition qui continue (1988 – 2017)

2004 Inde - Arunachal Pradesh: Le réveil d’un peuple2005 Mongolie: Une nouvelle frontière missionnaire2006 Soudan: La mission salésienne au Soudan2007 Soudan: La mission salésienne au Soudan2008 VIH/SIDA: Réponse des Salésiens

- éduquer pour la vie2009 Animation missionnaire

- Tiens vive ta flamme missionnaire2010 Europe: Les Salésiens de Don Bosco

marchent avec les Roms - Sinti2011 Amérique: Volontaires pour proclamer l’Évangile2012 Asie: Raconter l’histoire de Jésus2013 Afrique: Chemin de foi en Afrique2014 Europe: Les autres, c’est nous !

- Attention salésienne aux migrants2015 Seigneur, envoie-moi!

- Vocation salésienne missionnaire2016 Viens à notre secours !

La première annonce et les nouvelles frontièresde l’Océania

2017 … Et ils sont restes avec nous: La PremièreAnnonce et les peuples autochtones de l’Amérique

Le Projet de la JMS 2017Chaque année, un projet est proposé pour toutela Congrégation. C’est une partie importantede la dynamique de la JMS. L’objectif principaldu projet de la JMS n’est pas seulement de recueillir des fonds. Il veut plutôt être une ex-périence éducative de solidarité concrète pourles jeunes. Le DIAM promeut la solidarité grâceà diverses initiatives, en particulier pendant lestemps forts de l’année liturgique, l’Avent et leCarême, et durant le mois d’octobre ou dans lecadre des célébrations de la JMS. Toute la com-munauté provinciale est également invitée à apporter une contribution monétaire en tantqu’expression de solidarité missionnaire.

L’évaluation L’évaluation après la JMS est importante au même titre que la préparation et la célé-bration. Il faut considérer comment l’événe-ment et son déroulement ont fait grandir uneculture missionnaire dans la communauté et l’œuvre salésienne. ■

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journÉe missionnaire salÉsienne 2017 - amÉrique10

Le thème général pour la jour-née Missionnaire salésienne pour2016 est : Première Annonce. Leterme fait référence au témoi-gnage de vie de chaque chrétienet de toute la communauté chré-tienne; chaque activité ou en-semble d’activités, ou une brèveet joyeuse proclamation de Jésusentendant susciter l’intérêt poursa Personne, tout en préservantla liberté de conscience ; cela conduit fina-lement à une adhésion initiale à Lui ou à larevitalisation de la foi en Lui. À cela, suitune pédagogie progressive, attentive aucontexte socio-historique et culturel de l’in-terlocuteur. Grâce à cette compréhension dela première annonce, le milieu où se trouvel’interlocuteur importe peu : que ce soitl’école, l’université, la paroisse, le centre pro-fessionnel, l’oratoire-patronage, la brousse, laville, son propre pays ou à l’étranger ; demême peu importe où l’on est impliqué dansla première évangélisation : l’apostolat en

éducation, en paroisse ou dans le service de lapromotion humaine et le développement. Cequi compte, c’est de vivre sa vie en tant quechrétien et en tant que religieux en « état per-manent de mission »; ainsi, chaque personneet chaque communauté devient un centre derayonnement de la vie chrétienne.

La première annonce, de par sa nature,s’adresse d’abord 1) Non seulement à ceux qui ne connaissent

pas Jésus-Christ (non-chrétiens), maisaussi aux

2) Chrétiens qui ont reçu insuffisamment lapremière annonce de l’Évangile, de sorte que a) après avoir connu Jésus-Christ, ils l’ont

abandonné; b) vivent leur foi comme quelque chose de

culturel, sans une pratique chrétienneavec la communauté, ou sans recevoirles sacrements ou sans s’impliquer dansla vie et les activités de la paroisse;

c) croyant déjà avoir connu suffisammentJésus, ils vivent leur foi commequelque chose de routinier ou simple-ment culturel;

Thème général pour ce Sexennat :La “Première annonce”

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d) ils ont une identité chrétienne faibleet vulnérable;

e) ou bien ils ne pratiquent plus leur foi. La première annonce s’adresse également

3) à ceux qui cherchent Quelqu’un ouquelque chose qu’ils entrevoient maisqu’ils n’arrivent pas à nommer,

4) ou à ceux qui vivent leur vie quotidiennesans aucun sens.Dans des contextes où les chrétiens ont

reçu une première annonce pauvre, ce qu’ilsreçoivent en famille, de leurs parents, n’estpas souvent approprié pour devenir le fonde-ment d’une foi robuste. Sans cette conversioninitiale et la foi « personnelle initiale », leurfoi risque de rester faible. Dans cette optique,la première annonce est considérée comme lepremier pas nécessaire vers une nouvelleévangélisation.

Cette première annonce aux chrétiens quil’ont reçue de manière inappropriée, pourraitêtre appelée «deuxième annonce. » Cettedeuxième première annonce vise à susciterl’intérêt que l’appel initial avait éveillé pour lapersonne de Jésus-Christ, et qui se trouvaitdéjà endormi, chez des chrétiens tièdes ou né-gligents qui vivent leur foi par habi-tude ou comme quelque chose depurement culturel. Souvent,l’Évangile a cessé de les attirerparce qu’ils le considèrentcomme un acquis, commequelque chose de déjà connu etévident. Dans certains cas, leurimage de l’Église, du Catholi-cisme ou du Christianisme estdéformée par les préjugés, pardes expériences négatives etdes peurs. C’est pourquoi leprocessus est reporté à uneseconde annonce. Lepoint de départ est l’ex-périence de foi de la per-sonne. Il devientune seconde et li-bre invitation à

redécouvrir la personne de Jésus-Christ et deson Évangile. Cette deuxième annonce inviteégalement chaque chrétien et toute la com-munauté chrétienne à une seconde écoute dela Parole de Dieu afin de promouvoir « unerencontre avec le Christ, Parole vivante deDieu » et à en être un reflet pour les autres.Bien sûr, la deuxième annonce a donc desconséquences profondes pour la catéchèse.

La redécouverte de l’importance et de l’ur-gence de la première annonce dans toutes lesactivités pastorales est la clé pour faire la lu-mière sur de nouvelles stratégies d’accompa-gnement des jeunes dans la connaissance et larencontre personnelle avec le Christ, dans lapromotion d’une présence missionnaire dansle monde numérique et parmi les migrants etles réfugiés, dans la redécouverte du SystèmePréventif comme proposition d’évangélisationet dans l’effort pour faire découvrir le lien in-séparable entre éducation et évangélisation.

(Study Days on Initial Proclamation in the City, Rome, 2015)

journÉe missionnaire salÉsienne 2017 - amÉrique

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Les Peuples Autochtonesen Amérique du Nord

Il existe de nombreux groupes cul-turels et ethniques très différents aux-quels appartiennent les habitants origi-naires de ce qui constitue maintenantle Canada et les États-Unis. Les Inuitset les Métis sont du Canada, tandis queles Hurons, les Algonquins et les Iroquoisvivaient dans ce qui est aujourd’hui leCanada et les États-Unis. Ces groupesétaient principalement nomades ; ils seregroupaient en petites bandes et vi-vaient de la chasse et de la cueillette. Lespremières rencontres avec les Européensavaient été désastreuses ; pour ce quiconcerne les relations entre les colons et les indigènes, cela variait. Les Français s’attirèrentde nombreux groupes et s’engagèrent dans un commerce de bénéfice mutuel avec les indi-gènes. Cependant, les Iroquois devinrent des ennemis tenaces des Français et les guerresentre les deux groupes étaient implacables.

Les natifs qui vivaient dans ce qui est maintenant les États-Unis étaient un grand groupede différentes tribus nomades. Le plus peuplé était constitué par les Navajo, les Cherokee,les Sioux, les Chippewa et les Apaches. La technologie de ces groupes n’était pas aussi avancéeque celle des civilisations de l’Amérique du Sud. Lorsque les colons européens commencè-rent à se répandre dans les territoires des indigènes la violence commença aussi.

Après la création des États-Unis, les peuples indigènes se trouvèrent à la merci d’un gouvernement et d’un peuple qui considéraient comme leurs les terres américaines. Les tribusnatives américaines furent repoussées de plus en plus vers l’intérieur. Au milieu et à la fin duXIXème siècle, la politique de confiner les Amérindiens dans les réserves entraîna directementou indirectement la mort de milliers d’entre eux.

Les Peuples Autochtones en Amérique LatineEn Amérique latine, il y a actuellement 522 peuples autochtones, allant de la Patagonie à l’Île

de Pâques, et de la Patagonie jusqu’à Oasis-America, au nord du Mexique, en passant par différenteszones géographiques comme le Chaco élargi, l’Amazonie, l’Orénoque, les Andes, la plaine côtièredu Pacifique, les Caraïbes continentales, la Basse Amérique Centrale et la Mésoamérique.

Au plan des pays, le Brésil est l’un des pays avec une plus grande diversité de peuples

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Les Peuples Autocht

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autochtones (241) et une population de 734.127 personnes. La Colombie, avec 83 ethnies(1.392.623 habitants), est le deuxième pays avec le plus grand nombre de peuples, suivie parle Mexique avec 67 (9.504.184 personnes) et le Pérou, qui a 43 peuples différents représentant3.919.214 habitants sur l’ensemble de la population péruvienne.

À l’autre extrémité, se trouvent le Salvador, avec 3 peuples autochtones (13.310 per-sonnes), Belize avec 4 (36.562 habitants) et le Surinam avec 5 (6.601 personnes). Dans le cas de la Caraïbe insulaire, ainsi qu’Antigua-et-Barbuda, Trinité-et-Tobago, Dominiqueet Sainte-Lucie, il y a peu de données sur la survivance des peuples autochtones ; cependantil y a des revendications de l’identité autochtone dans la région.

En outre, Bolivie, Guatemala et Belize se distinguent comme les pays où les autochtonesreprésentent un pourcentage le plus élevé de la population totale avec 66,2%, 39,9% et16,6% respectivement. Par contre, des pays comme le Salvador, le Brésil, l’Argentine, leCosta Rica, le Paraguay et le Venezuela enregistrent un faible pourcentage de populationindigène (0,2% à 2,3%). Cependant, dans la plupart des pays d’Amérique Latine, la popu-lation indigène oscille entre 3% et 10% par rapport à l’ensemble de la population.

Mexique, Bolivie, Guatemala, Pérou et Colombie rassemblent 87% des populations autochtones en Amérique Latine et aux Caraïbes, avec une population qui se situe entre

un maximum de 9.500.000 (Mexique) et un minimum de 1.300.00 habitants(Colombie). Les 13% restant des popu-lations autochtones résident dans 20États différents.

Il y a 5 localités avec plusieurs mil-lions de personnes (peuples Quechua,Nahuatl, Aymara, Maya Yucatan etKi’che) et il y en a 6 (peuples Ma-puches, Maya Q’eqchi, Cakchiquel,Mam, Mixtèque et Otomi) avec des populations qui varient entre 500.000et un million d’habitants.

Selon le recensement officiel effec-tué entre 2000 et 2008, le total de lapopulation indigène identifiée enAmérique Latine est de 28. 858.580,tandis qu’en Amérique Latine vivent479.824.248 de personnes. Cela repré-sente un pourcentage de populationindigène de 6,01%. ■

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ones en Amérique

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De

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P. Salvador Cleofás Murguía, SDB

tuellement un creuset de peuples, a reconnudans le visage métissé de la Vierge de Te-peyac (...) un grand exemple d’évangélisa-tion parfaitement inculturée. Par consé-quent, non seulement dans le centre et lesud, mais en Amérique du Nord aussi, laVierge de Guadalupe est vénérée commeReine de toute l’Amérique. »

Comme tout événement salvifique, celuide Guadalupe, bien qu’il se déroule en un mo-ment historique et en un lieu déterminé, trans-cende les frontières, les cultures, les peuples etles coutumes, atteint les profondeurs de l’êtrehumain et réalise la conversion du plus pro-fond de l’âme, de l’esprit et de la raison ; c’estune rencontre profonde avec Dieu qui est tou-jours le premier à prendre l’initiative, faisantdu changement de notre vie une réalité.

Dans cet événement du Salut se manifesteclairement l’intervention aimante de Dieudans une évangélisation guidée par Marie envue d’une véritable conversion, comme nousdit l’Évangile de Jean (Jn 2,5) quand, aux nocesde Cana, Marie , la Mère de Dieu, guide aveccertitude et sécurité l’être humain : « Faites cequ’il vous dira. » C’est elle qui nous conduità son Fils Miséricordieux, à l’Eucharistie.

C’est une merveilleuse histoire qui consti-tue le point de départ de l’évangélisation del’ensemble du Continent américain et bien au-delà de ses frontières, sous le regard de l’Église.

Il est évident qu’un signe concret, clair etobjectif de l’importance de l’événement deGuadalupe a été la conversion des Indiens

La Vierge de Guadalupeet l’Évangélisation

des Peuples Autochtonesdes Amériques

De même que l’In-carnation ne nous a

pas été donnée sans Marie, l’évangélisation

n’a pas été faite et ne se fera pas sans compter sur Marie. Le processusd’évangélisation et d’inculturation de l’Évan-gile en Amérique a commencé et se poursuitavec la présence maternelle de Marie. L’Égliseaffirme, avec les missionnaires, que ce pro-cessus a été «un accouchement pénible etprolongé, marqué par la croix et l’épée, où levisage maternel de Dieu a touché le cœur dupeuple tout entier, né de la fusion des cul-tures, du sang et des couleurs de la peau ».

La dame « s’imprime » sur la toile avec unvisage brun, calme et serein. Et puisque laconquête du peuple été une guerre meur-trière, elle se présente comme une femme en-ceinte, à savoir, portant avec soi la vie etl’avenir : le Fils de Dieu. Et, choisissantcomme médiateur un pauvre indien, JuanDiego, elle touche le cœur du peuple avec unlangage tendre et maternel : « Mon cher fils,n’aie pas peur, je suis la Mère du vrai Dieuqui a tout créé ; je suis ta Mère, tu n’es pasun orphelin, tu n’es pas abandonné ». Etc’est ainsi que le peuple, et non seulement lesautochtones, est tombé amoureux de Marieet du fruit de ses entrailles. C’est ainsi que lafoi chrétienne a eu sa première grande an-nonce en la personne et le message de Marie.

Saint Jean-Paul II déclara explicitement :« L’Amérique, qui a toujours été et est ac-

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qui, à partir de ce moment, se comptent parmilliers. Et cela se vérifie par de sources histo-riques ; par exemple, Fray Toribio Motolinía,ce grand missionnaire franciscain qui, tout envérifiant que le travail accompli par les Fran-ciscains avait abouti à la conversion d’un cer-tain nombre d’Indiens, ne pouvait cependantpas nier que, dans les premières années, les In-diens étaient réticents à se convertir au catho-licisme : « Les Mexicains restèrent, déclaraitle missionnaire, très froids pendant cinq ans. »En plus, il était conscient de l’insignifiancedes ressources face au travail énorme à accom-plir ; des graves problèmes qui se posaient etdes doutes sur la sincérité des conversions. Lacrainte que la piété ne soit qu’une idolâtrie ca-mouflée subsista pendant une longue périodechez tous les missionnaires, et était devenuepour certains, dont Fray Diego de Duran, uneobsession. Cependant, après ces premières an-nées, Motolinía nous donne des nouvelles desgrandes quantités d’indigènes qui deman-daient le baptême et les chroniques racontentqu’on pouvait les compter par milliers.

Un aspect-clé de cette conversion est queMarie est venue pour nous apporter son FilsJésus-Christ. L’image de Notre-Dame de Gua-dalupe est Christocentrique puisqu’au centrede tout son message et de son image, elle metson Fils Jésus à la place qui lui revient ; Elleest la Fille-Mère en grossesse qui attend JésusChrist, qui le porte en son sein, comme le tré-sor qu’elle nous offre. Ceci est égalementconfirmé par le Nican motecpana : « Dans toutce qui arriva, notre précieuse Mère de Gua-dalupe ne s’était pas seulement montrée ànous comme la Reine du Ciel qui aide les in-digènes dans leurs douleurs et misères de cemonde, mais elle avait bien voulu leur appor-ter sa lumière et son secours, de sorte qu’ilsconnaissaient le vrai et unique Dieu et quepar Lui, ils voient et connaissent le chemindu ciel. »1 « Pour ce faire, poursuit le récit,elle-même vint afin d’introduire et renforcerla foi que les révérends fils de saint Françoisavaient déjà commencé à diffuser. »2

Le Père Francisco Javier Clavijero, S. J.,écrivait en 1782 :« Parmi les grands bienfaits que Dieu afaits au Mexique par la Sainte Vierge,il faut retenir comme le premier et leplus grand, la rapide extinction del’idolâtrie dans ce vaste royaume...) 3

Le grand penseur contemporain d’originechilienne, P. Joaquín Alliende Luco, dit :« L’inculturation a toujours été un pro-cessus compliqué, et même avec desmoments de violence et de lutte. Unmodèle de cette inculturation remar-quable et féconde est Marie de Gua-dalupe. La mission évangélisatricedes débuts semblait vouée à l’échec.Après les apparitions de Tepeyac, lasituation missionnaire changea radi-calement. Des files interminablesd’indigènes demandaient le baptême(...) Guadalupe apparaît commel’événement peut-être le plus réusside l’histoire de l’Église.» 4

Marie conduit le peuple à son Fils, pourêtre nourri de la chair même et du sangmême de Jésus. Elle nous apprend à être desfrères et à construire et former ensemble lacivilisation de l’amour.

Cette première annonce de l’évangélisations’est développée et est passée par divers momentsau cours de l’histoire des peuples de l’Amé-rique. Il semble que cinq cents ans ne suffisentpas ; il semble que la Vierge de Guadalupe està la recherche de nouveaux médiateurs, denouveaux témoignages pour une nouvelleévangélisation. Et nous sommes ceux-là, lesSalésiens et les nouvelles vocations, avecl’humble attitude des enfants, des serviteurs,avec la même attitude de « Juan Diego ». ■

1 Fernando de Alva Ixtlilxóchitl, Nican Motecpana, p. 3072 Fernando de Alva Ixtlilxóchitl, Nican Motecpana, p. 3073 Fernando de Alva Ixtlilxóchitl, Imagen de Nuestra Señorade Guadalupe, cap. 11. p. 595.

4 Joaquín Alliende Luco, Para que nuestra América viva [Pour quevive notre Amérique], Ed. Nueva Patris, Chile 2007. p. 97.

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Don Boscoet les Missions Indigènesde l’Amérique Latine

P. Francesco Motto, SDB - Institut Historique Salésien

Dans le renouveau missionnaire du XIXème siècle, les vagues aspirations missionnaires queDon Bosco avait cultivées au fil des années de sa formation sacerdotale et de ses premières an-nées de sacerdoce resteront de faibles indices jusqu’en 1875. Mais après deux décennies d’at-tention au monde missionnaire, favorisée par l’ambiance ecclésiale de Turin et d’une décenniede contacts directs avec ses propres missionnaires – en particulier les évêques des zones consi-dérées comme « terres de mission » – elles sont devenues des expériences pour ses fils Salésiens.

L’approbation finale des Constitutions Salésiennes (avril 1874), dans lesquelles il n’y avaitaucune référence à la « missio ad gentes », avait fait arriver dans la Société Salésienne l’heurede son internationalisation et de son action missionnaire.

En effet, la demande de fournir des prêtres pour les immigrants italiens de Buenos Aireset de gérer la fondation d’un collège dans la province fut rapidement acceptée par Don Bosco; mais très rapidement (en janvier 1875) avec la créativité salésienne, il la réoriente en unvéritable plan de mission parmi les indigènes.

Aller parmi les « grandes hordes de sauvages » de la Pampa et de la Patagonie, où « ni la religion de Jésus-Christ, ni la civilisation, ni le commerce n’ont encore pénétré, où les pas européens ne pouvaient encore laisser aucune trace. » Reste à savoir si Don Bosco n’avaitpas identifié dans ces terres les « sauvages cruels » de son rêve de quelques années auparavant,où les indigènes avaient tué d’autres missionnaires mais accueilli cordialement et avec satis-faction les Salésiens !

Bien avant leur départ, il cherchait à obtenir un Vicariat Apostolique, qui ne lui sera accordéqu’en 1883. Des obstacles aussi pour le projet « à la Patagonie, à la Patagonie, Dieu le veut ! »,à cause des difficiles réalités locales : difficultés religieuses (anticléricalisme, franc-maçonnerie,libéralisme hostile, protestantisme), sociales (instabilité politique, économique et commerciale,nationalisme hostile à l’Eglise Catholique, problème non résolu des indigènes qui occupaientles terres), migratoires (italiens « plus indiens que les Indiens quant aux coutumes et à la reli-gion»). Quand plus tard, à la mi-janvier 1877, Don Bosco avait demandé au Saint-Siège d’érigerun, deux ou trois Vicariats, il avait immédiatement pensé à Don Cagliero qui était sur le pointde retourner en Italie. Mais celui-ci avait refroidi l’enthousiasme de Don Bosco.

En mai 1878, avait échoué la première tentative d’atteindre par la mer le nord de la Pata-gonie ; c’est seulement en avril 1879 que les portes de la Patagonie s’ouvrirent à deux Salé-siens, à travers la problématique aumônerie militaire de la « campagne du désert », il fautbien le dire, qui donna le coup de grâce à l’extermination des Indiens. Cependant, à la mi-

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août, l’Archevêque de Buenos Aires offrit officiellement à Don Bosco la mission patago-nienne et, le 15 Janvier 1880, le groupe des premiers Salésiens partait pour le Rio Negro. Ilsy travailleraient dans les paroisses et les écoles, mais à partir de là, ils lanceraient les missionsparmi les Indigènes le long des rivières jusqu’à la Cordillère, peut-être avec l’aide de l’armée(1881-1883).

Finalement, le 16 novembre 1883, la Propaganda Fide érigea le Vicariat Apostolique du nord et du centre de la Patagonie, le confiant à Don Cagliero ; et le 2 décembre, ce fut letour de Don Fagnano à être nommé Préfet Apostolique du reste de l’Argentine et de la Pata-gonie chilienne, les Îles Malouines et des territoires au-delà du Détroit de Magellan.

Le rêve du 10 Août 1883 du célèbre voyage en train de Carthagène en Colombie à PuntaArenas au Chili, commençait à se réaliser, car, au début de 1883, quelques Salésiens de Mon-tevideo arrivaient pour fonder la maison de Niteroi au Brésil.

Malgré l’incompréhension avec l’Archevêque de Buenos Aires, ainsi qu’avec le Gouverne-ment argentin dans la période de rupture avec le Saint-Siège (octobre 1884) – on n’a jamaisdonné le consentement à l’érection de districts ecclésiastiques autonomes – en 1887, une loi spéciale a créé trois Vicariats mais pas en Patagonie. La difficulté de trouver un équilibreentre Rome, les Salésiens et les Gouvernements argentin et chilien continuait avec Don Rua.

L’activité missionnaireAu temps de Don Bosco, l’activité missionnaire a eu lieu selon les closes de l’Italie. Les

Salésiens gagnaient le cœur de la communauté des croyants (italiens et indigènes) qui mili-taient dans l’« action sociale » (oratoires-patronages,écoles, sociétés de bienfaisance, fanfare...) et l’« actionpastorale » dans les églises et les chapelles (prédication,catéchèse, sacrements...). Bientôt à l’église de la Misé-ricorde des Italiens (1876) s’ajoutait la paroisse de laBoca (1877) et successivement, en faveur des pe-tites communautés autochtones, la fondation deCarmen et Viedma (1879-1880), de Gallegos(1885), de Chos Malal (1887) et des Îles Ma-louines (1888). Des paroisses furent également ou-vertes en Uruguay (Las Piedras, en 1880, et Pay-sandu en 1881), au Chili et à Punta Arenas(1887). Dans l’ensemble, on ne peut pas dire que denombreuses initiatives aient été prises par rapport à« la missio ad gentes ». Il est également vrai qu’uneforte activité missionnaire a été réalisée à travers lamise en place de 18 présences comme les collèges-in-ternats, les écoles et les centres de premiers soins –également fréquentés par les populations autochtones– ; la plupart d’entre eux sont situés en des points stra-tégiques tant en Argentine (9), comme plus tard

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en Uruguay (3), au Brésil (2), au Chili (3) et en Équateur (1).

En ce qui concerne le personnel salésien à lamort de Don Bosco, il y avait une cinquantainede SDB dans les six œuvres de la Province deDon Costamagna. À son tour, le Vicariat Apos-tolique de Don Cagliero restructura les œuvreslaissées par les Lazaristes ; de leur côté, les au-môniers « militaires » salésiens ou bien les mis-sionnaires itinérants, visitaient les indigènes,plus ou moins civilisés, dispersés dans les colo-nies, les casernes militaires et les zones inhabi-tées de la Pampa et de la Patagonie. Don Fagnano, toujours actif, quand il était à Car-men, avait réussi à organiser les diverses com-munautés des peuples autochtones, des noirsdescendants des esclaves africains et des immi-grés européens et avait aussi réussi à mettre sur pied une société italienne de charité.

Au début de 1884, les Salésiens avaient déjà administré 5.000 baptêmes et exploré250.000 km2 de territoire au nord de la Patagonie pénétrant dans les vallées et longeant les cours d’eau, souvent dans des conditions très difficiles. Les collèges masculins et fémininsde Viedma et de Carmen étaient fréquentés par plusieurs centaines de garçons et de filles ; et dans un orphelinat rattaché aux écoles, un groupe d’orphelins autochtones apprenaient un métier et la musique instrumentale. Au cours des quatre années successives, de nouveauDon Costamagna, ainsi que Mgr Cagliero (pour les deux années (1885-1887) et d’autres Salésiens, parcourent principalement à cheval les vallées ainsi que les déserts précités, faisantdes milliers de kilomètres.

À ces missionnaires de Río Negro devaient s’ajouter onze autres opérateurs au Chili dansle collège de Concepción (avec une mission à Malbarco) et à l’école artisanale de Talca. À son tour, la Préfecture de la Patagonie du Sud avait un Salésien dans les missions de SantaCruz, dans les Malouines, et quatre dans celle de Punta Arenas (1500 hab.), y compris Mgr Fagnano qui, pour faire de la Terre de Feu le domaine privilégié de son activité, y avaitfixé sa résidence en avril 1887. Il avait fallu gérer les problèmes avec les différentes factionsde la politique nationale qui, en 1883, avaient suspendu leurs relations avec le Saint-Siège,avant l’adoption de lois « sécularistes ».

En résuméLe projet de Don Bosco d’établir, en Patagonie argentine, une colonie d’Indigènes avec

une vie sociale ordonnée et chrétienne, calquée sur le modèle européen, s’était avéré une uto-pie, parce que jamais le gouvernement argentin ne permit une région indépendante sur sonterritoire (le gouvernement chilien ferait la même chose pour l’île des Fuégiens Dawson aprèsla mort de Don Bosco). Par ailleurs les deux pays étaient favorables, à la fin du siècle, aux

Le P. Alberto Maria De Agostini avec le selk’nam Pachek en Tierra del Fuego

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« reducciones » [« regroupements » - missions] salésiennes dans la Terre du Feu, rempart utilecontre l’ingérence d’autres nations).

Sur ces terres est restée en vogue l’antinomie : « civilisation ou barbarie», à savoir la politique qui ne sauvegardait pas les droits fonciers et les coutumes indigènes, mais les soumettait par la force. Les Salésiens avaient pressenti et exprimé un sentiment poignantd’impuissance face à cette situation. Leur seule possibilité d’éviter la violence était l’annonceprogressive de l’Évangile ; mais cela nécessitait non seulement du temps, que le gouverne-ment n’avait pas accordé, mais aussi des ressources humaines missionnaires que l’Église d’Argentine n’avait pas. L’alternative d’avancer seuls parmi d’indigènes, hostiles à cause desatrocités commises par les blancs (chrétiens), n’avait pas de sens. Au lieu de cela, ils accom-pagnaient les soldats, pouvant ainsi atténuer leur violence en évitant les massacres aveuglesqui y avaient effectivement eu lieu à plusieurs reprises.

Si l’objectif principal des Salésiens était le « salut de l’âme » des indigènes, étant donnéleur situation d’extrême nécessité, l’aide humanitaire, unie à l’évangélisation, s’imposait dansle partage total de la vie quotidienne. Il s’agissait là d’une anthropologie théologique salé-sienne, qui ne pouvait évidemment pas avoir une grande influence sur l’armée argentine, maisqui aiderait les indigènes à distinguer les missionnaires des militaires.

Pour les Salésiens, en fait, le « sauvage », compris comme celui qui était resté simplementen retard dans l’évolution naturelle de la civilisation, était prêt à devenir « honnête citoyen »et « bon chrétien » à travers l’éducation, la civilisation et l’évangélisation, d’autant plus en présence d’un style d’action pastorale marquée par la charité, sans violence.

Les limites personnelles ne manquèrent pas : formation missionnaire plutôt romantiqueet édifiante, préparation culturelle insuffisante, information géographique, historique et anthropologique inexacte, absence de toute expérience d’évangélisation en faveur des indi-gènes, faiblesse caractérielle et spirituelle. En plus il y avait les limites de l’ecclésiologie et de la missiologie, l’absence d’un directoire pour les missions, le manque de clarté dans les re-lations entre Ordinaires du lieu, missionnaires apostoliques et missionnaires religieux, etc.Mais ces limites furent dépassées etcompensées par un grand esprit degénérosité et de sacrifice, par lecourage, la capacité d’adaptation à la réalité, l’incroyable espritd’entreprise dans des situationsd’extrême pauvreté, le courage etle zèle des missionnaires épris del’enthousiasme de Don Bosco.L’histoire de l’Argentine, l’histoirede la Patagonie, l’histoire des mis-sions salésiennes de ces contréessont strictement liées. ■

Des élèves internes du Collège« María Auxiliadora » de General Roca

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La

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De la Première Annonceà l’Église Locale

La principale raison de l’activité mission-naire ad gentes est de constituer une commu-nauté chrétienne parmi les personnes qui neconnaissent pas encore le Christ et parmilesquelles l’Église n’est pas encore enracinée.Cette activité est progressive et se composede plusieurs étapes. Elle commence par lapremière annonce. Dans la première an-nonce on suscite l’intérêt pour la personnede Jésus-Christ. Éventuellement elle est sui-vie par le kérygme, le catéchuménat, laconversion, le baptême, la catéchèse perma-nente, la construction des structures del’Église locale, le souci de la pastorale de lacommunauté des croyants et la nouvelleévangélisation de ceux qui ont perdu le sensde la foi et d’appartenance à l’Église.

Dans les territoires de mission avec très peude catholiques, le Saint-Siège, à travers laCongrégation pour l’Évangélisation des Peuples,érige une structure ecclésiastique provisoire. Etce, en vue de renforcer les nouvelles communau-tés catholiques sur un territoire où l’on ne peutpas établir un diocèse en raison du petit nom-bre de catholiques, du manque de structuresde base de l’Église locale ou pour des raisons

politiques ou œcuméniques. Initialement, le Saint-

Siège érige une Missio suiiuris avec un prêtrecomme Supérieur ecclé-siastique. Lorsque le nom-bre de catholiques aug-mente, on érige une Pré-

P. Alfred Maravilla, SDB

La Cathédrale du Vicariat Apostoliquede Pucallpa

Mgr Mario Fiandri, SDBVicaire Apostolique

d’El Petén.

journÉe missionnaire salÉsienne 2017 - amÉrique

fecture Apostolique présidée par un prêtrecomme Préfet Apostolique. Lorsque la commu-nauté catholique continue de croître et cer-taines structures ecclésiastiques commencent àêtre érigées, la Préfecture Apostolique est éri-gée en Vicariat Apostolique présidée par un Vi-caire Apostolique qui est généralement unÉvêque titulaire. Dans les terres de mission quine relèvent pas directement de la responsabilitéde la Congrégation pour l’Évangélisation desPeuples, en raison de circonstances particu-lières, le Saint-Siège peut ériger une PrélatureTerritoriale qui est au-dessus des Vicariats maisqui n’est pas encore Diocèse. Quand il y a unnombre suffisant de catholiques, de clergé lo-cal et les structures de base nécessaires pourune Église locale, le Vicariat Apostolique oula Prélature est élevé au rang de Diocèse avecson propre Évêque (CIC 368-371).

Dans de nombreux cas, le Saint-Siègeconfie une Missio sui iuris ou une PréfectureApostolique à une Congrégation religieusecléricale dont la tâche est de promouvoir lacroissance des terres de mission jusqu’à cequ’elle devienne une Église locale. Les respon-sabilités de la Congrégation pour promouvoirle développement de l’Église locale sont stipu-lées dans un accord avec le Siège Apostolique.

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Le

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La Première Annonce dans la PrélatureMixepolitana de Marie Auxiliatrice P. Miguel Ángel Lezama, SDB

Territoires Missionnaires confiés à la Société Salésienne– Vicariat Apostolique de Méndez (Équateur)

Érigé et confié à la Société Salésienne en 1893– Vicariat Apostolique du Chaco Paraguayen (Paraguay)

Érigé et confié à la Société Salésienne en 1893– Vicariat Apostolique de Puerto Ayacucho (Venezuela)

Érigé et confié à la Société Salésienne en 1932, d’abord comme Préfecture Apostolique de Alto Orinoco, puis élevé au rang de Vicariat Apostolique en 1953 sous ce même nom.

– Prélature Territoriale de Mixes (Mexique)Érigée et confiée à la Société Salésienne en 1964

– Vicariat Apostolique d’El Petén (Guatemala)Érigé en 1951 comme Administration Apostolique d’El Petén, devenu Vicariat Apostolique en 1984, confié à la Société Salésienne en 1995

– Préfecture Apostolique de l’AzerbaïdjanLa Mission sui juris de Bakou fut érigée et confiée à la Société Salésienne en 2000, élevée au rang de Préfecture Apostolique en 2011

– Vicariat Apostolique de Gambella (Éthiopie)Érigé et confié à la Société Salésienne en 2000

– Vicariat Apostolique de Pucallpa (Pérou)Érigé en 1956 et confié à la Société Salésienne en 2008

Le zèle missionnaire et la passion aposto-lique des premiers évangélisateurs des Chaînesdu Centre-est de Oaxaca (Mexique) est unecontribution des Dominicains (1548-1763) àtravers la prédication, la catéchèse et la for-mation des personnes et des communautésdans les différents groupes ethniques habitantdans ces régions : Mixes, Chinantèques et Za-potèques. Ont suivi d’inlassables serviteursdiocésains entre les années 1763 et 1966.

Tlahuitoltepec fut la première paroisseconfiée aux SDB, le 24 octobre 1962 ; on lan-çait ainsi les expéditions missionnaires àOaxaca ; en 1964 sont venues les FMA. Sousla responsabilité du Père Braulio SánchezFuentes, débute une étape d’évangélisation

faite de proximité cordiale avec la population.Les Mixes avaient hérité des ancêtres de nom-breuses valeurs ainsi que la fierté de ne jamaisavoir été dominés ; la dévotion à Marie Auxi-liatrice allait gagner l’âme des natifs de la ré-gion, s’épanouissant avec la musique commelangage de vénération de la Mère de Dieu.

Avec les paroisses, pour développer la viechrétienne des communautés, 6 ans après l’ar-rivée des missionnaires salésiens, fut crééepour la zone Mixe, la première école-internatIMCI, dans la perspective de former de futurslaïcs, vrais bâtisseurs de leurs communautés. Lasemence de l’Évangile dans le domaine del’éducation a porté beaucoup de fruits, car dece Centre sont sortis de nombreux serviteurs

La Cathédrale du VicariatApostolique de Méndez

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Chaco Paraguayen : Terre de la Première Annonce!Sr. Graciela Fernández Candia, FMA

Le Chaco Paraguayen est la terre dela première annonce de Jésus, difficileet dangereuse, en particulier dans leHaut-Paraguay, tenant compte quenous sommes encore dans les débuts dela réflexion et de l’étude sur ce thème.

On entame les voyages missionnairesdans le Chaco Paraguayen à la re-cherche d’un endroit propice pour fonder lamission. Une fois établis les accords1 entrel’Évêque du Paraguay, Mgr Juan SymphorianBogarín et la Congrégation Salésienne, dansles années 1917-1918, en constatant la situationdans laquelle se trouvent les fils du Chaco :

«Les habitants chrétiens dis-persés dans les forêts duChaco mènent une vie desouffrances morales très re-grettable ; on ne peut les ras-sembler pour leur parler parcequ’ils vivent isolés et en des ha-bitats instables ».2 Les villages

riverains, secoués par de fréquentes inonda-tions, ne permettent pas la mise en œuvred’une pastorale systématique. Devant cettetriste situation, où construire la mission avecles populations autochtones ? On devraittrouver une solution appropriée.

de la vie publique, hommes et femmes dequalité. Cette école a réuni SDB et FMApour servir les jeunes et leurs familles.

Et en 1990, a vu le jour le Centre pour lazone Chinantèque CECACHIL. Actuelle-ment on gère deux autres écoles élémentaires.

Le désir et le besoin de formation de lapart des laïcs en vue de l’évangélisation et dela promotion humaine ont accompagné les 4plans pastoraux de ces 50 dernières annéesdepuis l’érection canonique comme Préla-ture. Ses 3 Évêques SDB – NN.SS. BraulioSánchez, Luis-Felipe Gallardo et, actuelle-ment, Mgr Hector Guerrero – ont créé et sou-tenu les maisons et les cours de formation afinde doter les communautés de bons leaders(auxiliaires, catéchistes et pères de famille).

Le 4 février 2009, le Nonce Apostoliquea présidé la bénédiction du Petit Séminairediocésain de San Juan Bosco (Séminaire in-

dien) afin de développer l’inculturation del’Évangile : à ce jour, le clergé de la Prélatureatteint déjà 16 prêtres et 44 séminaristes.

De nombreux volontaires, hommes etfemmes, ont enrichi et ont été enrichis par ceservice d’évangélisation.

En 2013, s’en allait à la Maison du PèreMateo Morales, le premier prêtre indigène de la Prélature et, en 2014, l’accompagnaitGeorgine Concepción Perez (Conchita), mis-sionnaire laïque : ce sont des modèles généro-sité apostolique, semence de nouvelles forces.

Le cœur missionnaire de Don Bosco atransmis à sa Famille spirituelle cette convic-tion [missionnaire] à chaque baptisé ; ainsi la Prélature s’est enrichie et a béni un grandnombre de missionnaires ad gentes venantd’Italie, d’Espagne et du Costa Rica. Enmême temps, cette Église locale mûrit danssa condition missionnaire. ■

Séminaristes du Séminaire DiocésainSan Juan Bosco

Mgr Gabriel Escobar, SDBVicaire Apostolique du

Chaco Paraguayen

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Une fois trouvé l’endroit adéquat, Na-pegue, on crée le premier poste permanentdes missions ; le modèle choisi est celui de la« Reducción » [« regroupement » - mission]3où se réunissent les familles autochtones, en-cadrées par les Salésiens de Don Bosco, lesFilles de Marie Auxiliatrice et les familleschrétiennes non-indigènes qui constituent unmodèle de vie familiale chrétienne. La pre-mière annonce de Jésus dans cette périodepeut être définie en ces termes : « conversionet civilisation des Indiens»4 à travers l’école, lacatéchèse, les sacrements, les associationschrétiennes ainsi que les enseignements pra-tiques et le travail agricole.

À partir d’ici on accompagnera pastorale-ment les différentes populations riverainesprogressivement, et, avec l’augmentation dupersonnel missionnaire, on fondera d’autresmaisons depuis Puerto Pinasco jusqu’à BahiaNegra, à la frontière avec la Bolivie.

Les missionnaires, guidés par les directivesdu Concile Vatican II et les documents quisont venus après5, approfondissent les exi-gences de l’Évangile au cœur des cultures au-tochtones, prennent conscience des germes dela Parole qui y sont présents, surmontent l’eth-nocentrisme en revalorisant la culture indi-gène et donnent plus d’importance au rôle despeuples dans leur propre organisation et ges-tion. À ce propos, la formation des agents pas-toraux locaux sera renforcée pour faciliter laproclamation de la Bonne Nouvelles de Jésusavec les codes de chaque groupe ethnique.

Dans les années 1990, on développe laPastorale de la communication avec la créa-tion de Radios Communautaires, élément quifacilite la conscientisation, la catéchèse et lacommunication entre les peuples éloignés.

Face aux exigences des situations histo-riques6 qui impliquent une profonde réflexionsur l’activité missionnaire, on développe desstyles d’accompagnement engagés dans lalutte pour la terre, la création d’organisationspopulaires, l’animation, la promotion et l’au-togestion de projets en interaction avec di-verses institutions.

Actuellement, la première annonce de Jé-

sus est vécue dans un témoignage simple,proche et joyeux, en valorisant le caractèreunique de chaque culture et de chaque peupledans l’expression de l’Évangile avec leurs pro-pres catégories.

Le missionnaire est un promoteur de crois-sance dans la foi, animateur, guide qui stimulela maturité chrétienne, prêt à se laisser inter-roger et transformer. On le trouve dans descommunautés paroissiales, les communautésautochtones, se consacrant à la formation desagents pastoraux, accompagnant les anima-teurs, présents dans les célébrations liturgiquesdes chapelles ou oratoires, créant une am-biance éducative dans l’école-internat, ou ac-compagnant la gestion de jardins d’enfants etcantines, ainsi que la promotion de la dignitéde la femme et des vocations autochtones.

La première annonce de Jésus offre unlarge horizon. Jésus est la Grande Nouvelleannoncée et accueillie mais qui a encore be-soin d’être approfondie, pour répondre auxquestions actuelles, aux défis que présente laculture environnante, et capable de créer un humanisme chrétien enraciné dans des valeurs et dans une foi forte et profonde. ■

1 Archives Centrales Salésiennes A 902 0101 - A 902 0106 2 Archives Centrales Salésiennes A 903 0101043 1925 : année où débutera la présence permanente de laCongrégation Salésienne en tant que première présence ca-tholique dans l’histoire de l’évangélisation du Chaco depuisles premiers essais des Jésuites dans les années 1610 et 1613.

4 S. Congrégation du Consistoire. Archives Centrales Salé-siennes A 902 0106

5 AD, EN et les Documents du CELAM6 Le Chaco Paraguayen fait face aujourd’hui à l’invasion de sesterritoires, devant la vente de terres par le Gouvernement àdes entreprises étrangères, sans distinction et sans tenircompte de la population qui y habite. Le manque de politiquegouvernementale se voit dans l’absence ou l’inefficacité desservices de base (eau potable, services sanitaires, institutionséducatives, routes, etc.)

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P. Juan Bottasso, SDB

Ce qui animait le zèle missionnaire deDon Bosco était de savoir que beaucoupd’âmes risquaient de se perdre éternellementsans avoir reçu le baptême. Le but de la mis-sion, selon la théologie de l’époque, étaitdonc non pas de prêcher le Royaume ou d’im-planter l’Église, mais d’aller sauver les âmes.

Quand les projets de Jean Bosco seconcrétisaient, ces «âmes» ont commencé àassumer les visages des Indiens de la Patago-nie et c’est ainsi que commençait l’aventuremissionnaire salésienne.

Après l’évangélisation des Mapuches etdes Fuégiens ; la Congrégation Salésienne futchargée d’évangéliser les autres peuples : Bo-roros, Shuar (Jivaros), Chavantès, Yanomanis... Le dévouement des missionnaires pourcette tâche fut total et les résultats apprécia-bles dans l’ensemble. Les récits des aventuresmissionnaires remplirent des pages et despages du Bulletin Salésien, donnant aux lec-teurs l’impression qu’un grand nombre de re-ligieux étaient consacrés à cette tâche. Maisla réalité était différente : l’œuvre salésienneen Amérique Latine était essentiellement ur-baine. Jusqu’à ce que les grandes vagues demigrants, à la fin du XIXème siècle, changèrentsubstantiellement cette situation démogra-phique du continent, le pourcentage d’In-diens était encore très élevé, en particulierdans les Andes, en Amérique Centrale et auMexique, mais les Salésiens ne s’occupèrentpas de ces peuples. L’objet de leurs efforts seportait sur un des groupes « primitifs » qui,statistiquement, constituaient un très faiblepourcentage dans le monde des Amérindiens.

Pourquoi les Salésiens ne s’occupèrent-ils

pas des grandes populations autochtones ? Laréponse est complexe.

Les Églises locales demandaient presqueexclusivement la fondation de Centres édu-catifs pour faire face à l’avance du libéralismeet pour retrouver une visibilité dans la so-ciété. De nombreux Gouvernements, mêmelibéraux, voyaient avec sympathie la capacitédes Salésiens pour favoriser l’enseignementtechnique, encore absent dans presque tousles pays.

La promotion des Indigènes n’était pasconsidérée comme une priorité. Ils pouvaientsubir l’exploitation et la pauvreté, rester mar-ginalisés, mais, pour l’Église, leur salut ne cou-rait aucun danger puisqu’ils étaient baptisés.

C’est à partir du Concile Vatican II que la vision, y compris celle des Salésiens, com-mença à changer.

L’«option préférentielle pour les pauvres »,sur laquelle mettait l’accent le document deMedellín, ouvrait les yeux sur une réalité quiavait été presque ignorée.

Les études sociologiques révélèrent que lesIndiens étaient les plus pauvres parmi les pau-vres, parce que, en plus de souffrir d’énormesdifficultés, ils étaient victimes de discrimina-tion et de racisme généralisés.

Ce fut dans les années 70 qu’en Équateur,au Pérou, en Bolivie et au Guatemala, lesmissionnaires salésiens commencèrent à abor-der le problème indigène, vu dans sa dimen-sion réelle et dans le contexte global de la so-ciété. La question avait des implications po-litiques évidentes et exigeait une profondeconnaissance de l’anthropologie pour releverles défis des changements culturels. Il était

Les Salésiens et lesPopulations Autochtones

en Amérique Latine

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également urgent d’entreprendre une vigou-reuse défense du territoire, à un moment oùtous les États luttaient pour élargir les fron-tières de l’agriculture et de l’élevage au détri-ment des zones occupées par les populationsautochtones.

Les sciences sociales et la théologie com-mençaient à présenter une nouvelle visiondes peuples autochtones. D’un côté, on ne lesconsidérait plus comme des gens sans valeur,mais comme porteurs de grandes valeurs ;d’un autre côté, les Églises ne se limitaientplus à s’occuper exclusivement du salut desâmes, mais de la promotion de la personne.Et la personne, on le sait, on ne peut la com-prendre pleinement qu’à l’intérieur d’ungroupe, au sein d’un réseau de relations.

Dans les années 70-90, les activitésfurent intenses. On aida plusieursgroupes à s’organiser politiquement,on développa les écoles bilingues in-terculturelles, on établit la collabo-ration avec des anthropologues, deslinguistes et des historiens, ondonna une grande impulsion à la recherche, ce qui conduisit à des publications très appréciées à travers le continent. En quelquesannées, en Équateur, l’opinion pu-blique en arriva à identifier les Sa-lésiens à des alliés des autochtoneset à des spécialistes des problèmes

Les Salésiens et les Peuples AutochtonesAndins de l’ÉquateurP. Robert Garcia, SDB

Les jeunes Salésiens rêvaient depuis long-temps d’un champ d’apostolat parmi les sec-teurs indigènes les plus marginalisés : ils vou-laient présenter « le Christ des Indigènes » àtravers une évangélisation engagée, libéra-trice, capable de restaurer la dignité des peu-ples autochtones ; un Christ beaucoup plus

proche, un Christ pauvre, comme eux, maisavec beaucoup d’espérance et de foi. C’estainsi qu’est née la Mission Zumbahua, le 2janvier 1972, avec l’approbation du ConseilGénéral en réponse à la nécessité d’aider lesgens à valoriser leur culture, leur langue,leurs traditions, et de rendre la femme capa-

qui concernaient les peuples indigènes.Dernièrement cette ferveur a perdu de son

élan. Les causes en sont multiples. Le scénarioglobal du monde a changé, la globalisation a mis en crise de nombreux projets, l’urbani-sation est en train de déplacer les populationsautochtones vers les villes où elles perdentprogressivement le souci de maintenir leuridentité.

Le personnel salésien est en baisse et les jeunes confrères s’orientent plutôt versd’autres types d’urgences, tels les enfants etles jeunes à risque.

Les Salésiens seront-ils capables de revoirleurs interventions, en accord avec les nou-veaux défis, pour rester fidèles à leur vocationmissionnaire ? ■

P. Roberto Capelletti et les jeunes de la Mision Salésiennede Lauaretê - Amazonie (Brésil)

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Aujourd’hui, la présence salésienne dansles missions andines dessert 8 paroisses, 189communautés autochtones et paysannes quicomptent sur le soutien de 133 catéchistescollaborant à l’œuvre d’évangélisation.

Les défis de la Province :• Redéfinir le service éducatif et d’évangé-

lisation pour qu’il soit plus significatif aucœur de cette réalité.

• Faire que nos collaborateurs puissentconnaître la vie et de la mission que lesSalésiens réalisent.

• Repenser le service aux indigènes dans leszones urbaines.

• Préparer des agents pastoraux pour le ser-vice de la Pastorale des Indigènes en res-pectant et en acceptant leurs coutumes etleur vision du monde.

Le chemin est encore long et, en tant queSalésiens, nous voulons continuer à répondreaux besoins d’aujourd’hui, étant signes et por-teurs de l’amour de Dieu aux plus pauvres. ■

P. Juan Francisco Aparicio, SDB

Les Salésiens en Bolivie accompagnent etencouragent le cheminement pastoral despeuples aymara et quechua dans plusieurs deleurs présences en Bolivie.

La mission d’Escoma débuta en 1972. Ellese déroule au milieu de l’Altiplano bolivien,

à plus de 3800 mètres au-dessus du niveau dela mer, près du lac Titicaca, dans le départe-ment de La Paz. La grande majorité de la po-pulation est Aymara, peuple de culture millé-naire et de traditions ancestrales. Le principaltravail réalisé dans cette zone est l’évangéli-

Les Salésiens et les Peuples Aymaraet Quechua en Bolivie

ble d’être éducatrice et catéchiste de ses en-fants sans oublier son histoire.

Par la suite, le 10 novembre 1976, prenaitnaissance une nouvelle mission dans une zoneconnue sous le nom « Talagua » comprenantSalinas, Simiatug et Facundo Vela pour semettre au service d’un groupe d’environ 50 000paysans autochtones, qui étaient exploités etabandonnés. C’est le Directeur par intérim, leP. Pio Baschirotto, et les Pères Antonio Polo etAlberto Panerati qui commencèrent la mission.Avec Facundo Vela, on organise un ministèred’évangélisation ; à Simiatug, débute le Centrede formation et de promotion de la femme ; àSalinas, on développe des cours d’alphabéti sa -tion, une fabrique de tissus traditionnels et unefabrique de production de fromage et de chocolatconnue jusqu’à présent comme « El Salinerito »et où l’on développe le travail, la participation,la collaboration et la dignité humaine et chré-tienne des autochtones en générant des oppor-tunités de croissance personnelle et spirituelle.

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sation à travers trois paroisses, Es-coma, Carabuco et Puerto Acosta.On a aussi développé un soutienimportant au développement socialdu lieu à travers le Centre de for-mation et de capacitation des pay-sans en matière agricole. Oncompte aussi avec une école secon-daire qui forme les nouvelles géné-rations de jeunes Aymaras. Il y aaussi « Sariri Radio », une stationde radio au niveau local en langueaymara qui prête un précieux service d’inté-gration dans toute la région.

Dans le département de Cochabamba,deux œuvres missionnaires accueillent prin-cipalement la population quechua vivantdans toute la région. L’œuvre de Kami, quantà elle, développe un travail pastoral et depromotion sociale depuis 1977. La Paroisse« Saint Joseph Artisan » compte environ20.000 habitants, et celle de Kami, autour de 10.000 – en particulier des mineurs – et le reste dans les communautés paysannes autochtones. Dans la paroisse, il y a environ100 communautés naturelles (70 Quechuaset 30 Aymaras) dispersées sur une vaste zone,ce qui rend difficile de faire une visite systématique. Elle met fortement l’accent sur le social avec la mise en œuvre des pro-

jets agricoles pour les communautés avec une série d’activités de production, de formation, d’assistance technique, la promotion et le développement, avec un réseau de plus de 50 unités d’enseignement rural danstoute la région; avec la construction d’unecentrale hydroélectrique qui génère des res-sources pour soutenir l’œuvre ; l’appui au développement de la femme paysanne ; l’internat pour les jeunes des communautéséloignées et la construction de routes. Dansle domaine de la communication, il y a la « Radio et TV Don Bosco » qui offre un service éducatif, culturel et d’évangélisationtrès apprécié.

La mission d’Independencia couvre une superficie de 600 km2 et dessert environ 60communautés autochtones et paysannes d’ori-

gine quechua. Les Salésiens ysont présents depuis 1986 avecl’arrivée du Père Pascual Cer-chi, puis avec la présence de lacommunauté religieuse. Le ser-vice offert est varié : de l’évan-gélisation dans les communau-tés et la formation des caté-chistes autochtones jusqu’à laformation et l’éducation des en-fants et des jeunes avec l’école,le centre de formation agricoleet la communication socialeavec la radio communautaire« Santo Domingo Savio ». ■

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La Présence Salésiennedans les Andes PéruviennesPlan missionnaire salésien dans la Vallée Sacrée des Incas

Les Salésiens sont présents dans les Andespéruviennes depuis les premières années deleur arrivée. En 1891, le travail commença àLima. Depuis 1897, les Salésiens arrivèrent àArequipa. En 1905, la présence salésiennes’étendait à Cusco ; en 1923, elle atteignaitYucay situé dans la Vallée Sacrée des Incas.Dans cette même année, ils arrivèrent à lavallée du Mantaro, dans la ville de Huancayo.Quelques années plus tard, en 1929, les voilàà Puno et enfin à Ayacucho.

À partir de 1923, les Salésiens s’établirentdans la Vallée Sacrée des Incas, avec une œu-vre appelé « Ferme Salésienne Yucay » pouréduquer les enfants des agriculteurs de la ré-gion. La Province soutint ce travail jusqu’en1971. Mais, providentiellement, en 1973 onconfia à la Congrégation la Paroisse de Calcaet, en 1974, celles de Huay et de Yucay égale-ment. Depuis 1974, on a ouvert de nouvellesrésidences missionnaires comme Amparaes,Quebrada Honda et Lares, destinées à desser-vir pastoralement les communautés établiesaux sommets des Andes. Plus tard,à Monte Salvado, on ou-vrira un centre de for-mation et de capaci-tation d’agents pasto-raux et pour la promo-tion des jeunes dela région.

La missionsalésiennes’étend en 3 zones, à savoir :

La Vallée Sacrée qui est une belle valléeà 2.900 mètres d’altitude. On y cultive surtoutle maïs en plus d’autres plantes. Les Salésienssont présents à Calca dont la direction estconfiée à des laïcs.

La Zone Haute qui se situe entre 3500 et5000 mètres d’altitude. Le climat y est froid ethumide, voire glacial dans les parties les plusélevées. Les principales cultures dans cette zonesont la pomme de terre, des légumes-racines etd’autres, propres à ce climat. Dans cette zone,nous avons 2 présences : Amparaes et Lares.

La Zone Basse qui est de climat chaud etqui est traversée par la rivière Yanatile la-quelle, périodiquement en temps de pluie, ra-vage de nombreuses routes et cultures. Ici,dans cette zone, se trouve la paroisse de Que-brada et le Collège de Monte Salvado.

La population du territoire est de 65.407 ha-bitants selon le recensement de 2007. Quelque98% sont baptisés et professent la foi catholique.L’ethnie dominante est Quechua des Andes (60% environ) suivie par

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Indigène et SalésienP. Reginaldo Lima Cordeiro, SDB

À la fin du XVIIème siècle et au début duXVIIIème, certains peuples autochtones deRio Negro vécurent une expérience de per-sécution de la part des explorateurs non-au-tochtones. Parmi ces peuples, se trouventaussi mes ancêtres de l’ethnie Arañaos.

À cette époque, certaines personnes mou-rurent de diverses maladies, mais beaucoupd’autres furent tuées ; celles qui avaient puéchapper de la rive du fleuve partirent pourvivre dans la forêt. En arrivant sur ces terres,les Salésiens approchèrent les populationsautochtones et gagnèrent leur confiance enmontrant qu’ils n’étaient pas des gens demauvaise volonté. Cela donna à mon peuplela possibilité de se refaire comme ethnie etde retourner aux abords de la rivière. Vivresur les rives de fleuve est synonyme de paixet de stabilité ; c’est trouver la possibilité des’organiser et de vivre selon ses propres va-leurs culturelles comme le sens de l’autorité,le respect pour les parents, la valorisation dumariage, le sens de la fête, le partage lorsd’une chasse ou d’une pêche abondante, en-fin la possibilité de s’organiser religieusementavec ses propres rites, chants et danses.

La présence des Salésiens au milieu demon peuple a été très importante dans ceprocessus de stabilité sur leur propre terre.Être Indigène Salésien est une grâce, maiscela exige en même temps de savoir combi-ner le charisme salésien avec les valeurs de

son peuple. De mêmeque le charisme salésienpossède une propositionde vie, de même la cul-ture du peuple Arañaosen possède une. Face àcette réalité, le défi estde savoir comment in-tégrer les différentesvaleurs de la culture indigène avec les va-leurs de la vie religieuse salésienne. En mêmetemps, c’est une occasion qui m’enrichit avecplus d’éléments pour accomplir un travail entant que Salésien indigène, qui enrichit aussiles personnes avec lesquelles je suis encontact et qui partagent notre façon de prier,de raisonner, de vivre la vie. Tout celacontribue au processus d’intégration de lathéologie indigène avec la théologie non-in-digène. En étant indigène, Salésien et prêtre,je développe l’évangélisation du peuple bré-silien en témoignant et en offrant les valeursculturelles qui identifient fortement monêtre de salésien indigène avec le sens de lareligiosité, de la communauté, etc. Par ail-leurs aussi, ma façon d’entrer en relationavec la société contribue à une vision qui fa-vorise le dialogue interculturel dans la cul-ture brésilienne qui est composée d’indiens,de noirs et de blancs, et à l’inculturation del’Évangile dans les différents contextes géo-graphiques du pays. ■

près de 40% de métis. La plupart vivent de l’agri-culture et, à plus petite échelle, de l’artisanat.La plupart des jeunes étudient dans des centressemi-urbains. Très peu partent pour faire leursétudes supérieures à Cuzco ; d’ailleurs la plupartd’entre eux ne les achèvent pas. Normalementils vivent seuls près des centres d’études et, par conséquent, deviennent la proie facile desvices qui leur font beaucoup de mal. ■

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Le fondateur est le Père Jorge Puthenpura,SDB, originaire de Poovathode (Inde), dansle Kerala. Depuis 1970, le Père Jorge est mis-sionnaire parmi les Indiens du Guatemala. Àl’époque du Père Jorge, des centaines de gar-çons indigènes, même si 90% d’entre euxétaient analphabètes, étaient heureux d’ap-porter la Bonne Nouvelle de l’Évangile devillage en village. Les filles ont égalementvoulu faire la même chose. Cette possibilitéleur a été ouverte avec la venue des Filles dela Charité.

Le 15 Septembre 1977, de nouvelles «vo-lontaires» qui vivaient avec ces sœurs et gui-dées par le P. Jorge, ont commencé une expé-rience de vie communautaire dans la perspec-tive de la rendre plus stable dans une maisonindépendante. En mai de cette année-là, le P.Ricardo Chinchilla, Provincial des Salésiens,leur a fait la proposition inattendue de les or-

ganiser comme une communauté religieuseindigène. Le Père Ricardo indiqua des procé-dures et donna les moyens de le faire. Ce futprovidentiel. Le 31 janvier 1980, trois jeunesfilles de ce groupe ont exprimé le désir de for-mer une « petite communauté » afin de servirleurs frères paysans.

Le 31 janvier 1987, la communauté fut approuvée par Mgr Gerardo Flores Reyes.Luisa devint la première Supérieure.L’évêque reçut la profession de 14 Sœurs etadmit à la profession perpétuelle les trois pre-mières. Deux maisons de la Communautésont reconnues. Le Centre « Talita Kumi »deviendra l’œuvre la plus significative decette Congrégation.

La petite communauté est vraiment unecommunauté inculturée : les Sœurs sonttoutes des indigènes, même si ce n’est pas uneexigence des statuts. Au début, la plupart

étaient des illettrées,mais cela ne les a pasempêchées de commu-niquer une richesse cul-turelle profonde et sin-cère. Leur apostolat estd’« inculturer » l’Évan-gile et d’aider leursfrères les plus pauvres àtravers la catéchèse et ledéveloppement humainet social, en particulierchez les jeunes et lesfemmes, avec l’alphabé-tisation, l’éducation à lasanté, à la vie de fa-mille, à la vie domes-tique, à l’agriculture etau commerce avec lespetits réseaux de micro-crédit coopératif, etc.

Les sœurs de la RésurrectionP. Eusebio Muñoz, SDB - Délégué du Recteur Majeur pour la Famille Salésienne

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Les Salésiens et la Préservationdes Cultures des Peuples IndigènesP. Georg Lachnitt, SDB

En 1948, les fondateursde l’actuel Museu das Cultu-ras Dom Bosco [Musée desCultures Don Bosco](Campo Grande) avaientdes idées très claires : « Lesindigènes disparaîtront avecleurs cultures, c’est pour cela

que nous devons préser-ver leur mémoire dansun musée. »

Aujourd’hui, presquesoixante-dix ans après lafondation du MuseuDom Bosco, nous con sta -tons que les peuples in-

Une toute nouvelle expérience, donc,avec une devise significative :« Le Christ est ressuscité, ressusci-tons aussi avec Lui. » Le ciergepascal est le signe de la Commu-nauté.

Chacun des 30 Groupes de laFamille Salésienne regarde versDon Bosco et apporte une contri-bution particulière au charismeavec lequel il enrichit l’Église. LesSœurs de la Résurrection nousrappellent que nous devons regar-der les petits avec une attention

particulière. Parmi eux, il y a denombreux peuples indigènes quisont souvent oubliés et mêmecontraints d’abandonner leurpropre culture. La Congrégationdes Sœurs de la Résurrection estune très belle expression del’amour pastoral de la FamilleSalésienne pour les peuples au-tochtones.

Le « Petite Communauté »est actuellement composée de59 professes, 12 novices, 15 pos-tulantes et 23 aspirantes, toutes

indigènes de différents groupes ethniques. ■

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digènes et leurs cultures – en l’occurrence les« Bororos », les « Chavantès » et bien d’autres– ont survécu avec leurs cultures, les uns en lespréservant et en les pratiquant avec unegrande fidélité ; d’autres, en revanche, en cher-chant dans le musée la documentation réaliséesur leur précieuse culture ancestrale. Il est vraiqu’avec l’arrivée des conquérants, de nom-breuses cultures autochtones ont disparu parcequ’elles ne pouvaient pas faire face à l’impactdévastateur de la culture des conquérants.

Depuis le début de notre activité mission-naire parmi les indigènes, il y a toujours eudes missionnaires qui se sont consacrés à larecherche et qui ont recueilli des élémentsculturels et linguistiques des différentsgroupes avec lesquels ils sont entrés encontact.

Ce fut le début d’une grande œuvre qui,en continuelle croissance, a exigé plus d’es-pace et plus de collaborateurs. Et elle néces-site une systématisation de plus en plusgrande jusqu’au moment où tout le merveil-leux travail missionnaire a demandé à être or-donné dans un musée pour assurer sa préser-vation, sa diffusion et enfin pour être mis auservice de la vie et de la culture des peuplesautochtones. Ainsi ceux-ci peuvent-ils iden-tifier dans le musée les merveilleux symbolesde leur culture.

À tout cela, il faut ajouter le souci des au-tochtones et la légitime curiosité de savoird’où vient cette culture, quelle est son origineet comment elle a été formée. Cela a donnélieu à une demande insistante pour récupérerce qui a été exposé dans le musée et le rame-ner sur sa terre d’origine. Les Indigènes duSud du Mato Grosso ne remirent pas leurssymboles ou éléments culturels au Musée, al-léguant leur usage privé et inaliénable.

Le concept du musée, compris comme unsimple dépôt, sans sous-estimer la valeur ar-tistique des éléments culturels, semble obso-lète aujourd’hui. Le musée doit activementfaire en sorte de devenir, pour les cultures in-

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digènes, un Centre associé à des Centres derecherche et de production de documentsécrits et audio-visuels, afin de produire de laculture. En d’autres termes, les chercheursd’aujourd’hui, étroitement liés aux commu-nautés autochtones, et avec la participationactive des parties prenantes, doivent produireune documentation culturelle de plus en plusconsistante, et la répandre parmi leur peuple,à l’intérieur et à l’extérieur de la zone d’où laculture est originaire.

L’élaboration de nouvelles techniquesagricoles pour la production alimentaire, ainsique l’éducation scolaire, la recherche linguis-tique, la didactique, les soins de santé, restentencore une responsabilité du missionnaire, decelui qui perçoit la nécessité de développer larecherche à partir de la sagesse ancestrale desautochtones. De même, la recherche sur lasanté indigène traditionnelle à l’égard desmédicaments modernes, ainsi que la questionde l’alimentation traditionnelle, unies aux re-cherches en cours dans les deux domaines,peuvent signifier une indiscutable améliora-tion dans la vie de ces peuples.

Deux aspects sont importants aujourd’huipour maintenir en vie le musée : La créationde filiales de musées présentes dans certainsvillages où il y a de la population autochtone,et où l’on peut enquêter et compiler des don-nées numériquement. Puis les musées qui setrouvent dans la mission de Sangradouro Xa-vante etMahuta de Bororos. Les Directeurs desdeux musées ont des réunions régulières dansle Museu das Cultures Dom Bosco pour échan-ger des opinions et des informations sur lesrecherches en cours.

Nous avons actuellement les « Points deCulture » et ceux qui sont dans Caarapó doMato Grosso do Sul. Il existe un système decommunications utilisant des ordinateurs dis-tribués dans les différents villages pour re-cueillir les apports et les données des diffé-rents villages des Kaiowá, Guarani et faireque le matériel collecté puisse être mis à la

disposition de tous. Cela se révèle un puissantmotif pour vitaliser et encourager un terri-toire où les indigènes ont été déportés ; avecbeaucoup de difficultés, ils ont commencé àrécupérer leurs particularités et, à travers les« Points de Culture », échangent divers élé-ments culturels pour organiser leur survie ri-tuelle et spirituelle.

Enfin, en termes généraux, la recherchesur la précieuse religion ancestrale, enrichiepar la nouveauté de l’annonce de l’Évangile,qui renforce, élève et purifie, peut faire briller,avec la contribution des missionnaires théo-logiens et indigènes, une expression nouvelle,plus riche et plus festive de l’émerveillementqui produit l’Évangile du Seigneur.

Tous ces éléments doivent être pris encharge par les musées, les entités vivantes etactives, afin de contribuer de manière signi-ficative à la préservation et à la croissance dela culture autochtone. Et pour cela, les mis-sionnaires, en collaboration avec des cher-cheurs externes, doivent apporter leur contri-bution afin que les peuples autochtones assu-rent leur propre survie et la préservation deleurs cultures face à un système politique quine voit pas avec sympathie la présence de cespeuples. ■

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Saints Indigènes

Juan Diego est né en 1474 dans Cuauhtitlan. C’étaitun Indien de l’ethnie Chichimeca, un homme simple,plein de candeur, sans duplicité, docile et humble qui,quand il a rencontré les missionnaires franciscains, a reçul’eau du baptême et embrassé la foi pour toujours, incar-nant avec une fidélité totale les enseignements qu’il re-cevait. Il n’hésitait pas à parcourir 20 km chaque samediet dimanche pour assister au catéchisme et à la SainteMesse. Il avait la grâce que sa femme Maria Lucia –morte en 1529 – partageât sa foi.

La Mère de Dieu a choisi cet indigène vertueux pourlui confier une mission. Le samedi 9 décembre 1531, JuanDiego allait à l’église. Il marchait pieds nus, comme lesgens de sa condition, et se protégeait contre le froid avecune tilma [tunique en fibres d’agave qui n’aurait pas dû seconserver plus d’une vingtaine d’années mais qui est tou-jours là]. Alors qu’il marchait aux abords de la colline duTepeyac, Marie a attiré son attention en s’adressant à luien sa langue Hahuatl [langue aztèque] : « Juanito, Juan Die-

guito... je suis la toujours vierge Sainte Marie, Mère du vrai Dieu ! ». Et elle l’a chargé de demanderà l’Évêque Juan de Zumarraga d’ériger une église en cet endroit même. L’Évêque a réagi avec uneincrédulité totale. Juan Diego est retourné à l’endroit le lendemain et a expliqué à la Vierge cequi est arrivé, en lui suggérant humblement de choisir une autre personne plus importante quelui. Quatre apparitions scellent les conversations sublimes qui ont eu lieu entre Elle et Juan Diego.

Le 12 décembre, la Mère consola Juan Diego, l’encouragea et lui dit de gravir la colline –où les fleurs ne bourgeonnaient pas en cette saison – pour y cueillir des fleurs et les lui apporter.Il crut, il obéit et il descendit après avec un grand bouquet de roses de Castille qu’il portadans sa tilma.

Plus tard, quand Juan Diego réussit à être reçu par l’Évêque, en déployant la tilma, les rosestombèrent et l’on put constater que l’image de la Vierge y était restée imprimée avec de très bellescouleurs. À la vue de ce prodige, l’Évêque crut, se repentit et accomplit la volonté de Marie.

Par la suite, Juan Diego déménagea pour vivre dans une humble maison à côté du temple. Il consacra sa vie à la prière, à la pénitence et à diffuser le miracle parmi les gens. Il s’occupaitde l’entretien de la primitive chapelle dédiée à la Vierge de Guadalupe et de recevoir les nom-breux pèlerins qui venaient à elle. Il est décédé le 30 mai 1548 avec une réputation de sainteté.

« Le message du Christ à travers sa Mère a pris les éléments centraux de la culture indigène,les a purifiés et leur a donné le sens définitif du salut », a déclaré saint Jean-Paul II lors de lacanonisation de Juan Diego en 2002. « Ainsi, donc, Guadalupe et Juan Diego ont une pro-fonde signification ecclésiale et missionnaire et sont un modèle d’évangélisation parfaitementinculturée. » ■

Saint Juan Diego Cuauhtlatoatzin

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Les 3 Martyrs de Tlaxcala

Kateri Tekakwitha [= celle qui avance en hésitant] estnée en 1656 à Ossernenon, un hameau d’Iroquois le long dela rivière Mohawk, aujourd’hui l’État de New York. À l’âgede 4 ans, une épidémie de variole dans le hameau de Tekak-witha lui a emporté ses parents et son frère cadet, la laissantorpheline. Tekakwitha a été adoptée par ses deux tantes etson oncle qui était aussi le chef de Mohawks. Tekakweithaavait 18 ans quand un missionnaire Jésuite fonda une cha-pelle près de son village. Son oncle n’aimait pas l’étrangenouvelle religion du missionnaire, mais toléra sa présence.Cependant, Tekakwitha était fascinée par les nouvelleshistoires qu’elle entendait au sujet de Jésus et voulait en sa-voir plus sur lui au point de vouloir devenir chrétienne. LeJésuite a persuadé l’oncle de permettre à Tekakwitha d’al-ler au catéchisme. À Pâques suivant, Tekakwitha a été

baptisée à 21 ans. On lui a donné le nom de Kateri, qui signifie Catherine en Mohawk. La nou-velle baptisée Kateri est devenue intensément dévote, mais sa famille et les gens du pays n’ontpas accepté qu’elle choisisse le Christ. Sa famille lui refusait la nourriture, le dimanche, parcequ’elle ne travaillait pas ce jour-là. Les enfants l’insultaient et lui jetaient des pierres.

Ils ont menacé de la torturer ou de la tuer si elle ne renonçait pas à sa religion. Kateri quittason hameau à cause de l’hostilité croissante et s’enfuit à plus de 300 km à travers les forêts, lesrivières et les marais jusqu’à atteindre une mission catholique près de Montréal. Elle y vécutdans la cabane d’une femme indigène qui était chrétienne. Bien que vivant dans un villagechrétien, elle a dû faire face à beaucoup de pressions culturelles pour qu’elle se marie et participeà des rites indigènes. Sa prière fréquente devant le Saint Sacrement et la pratique de la prièredu chapelet, qu’elle portait au cou étaient sa force pour vivre sa foi. Kateri a passé sa vie à en-seigner les jeunes et aider les pauvres et les malades dans le village. En 1679, elle a fait vœu devirginité perpétuelle et a totalement consacré le reste de sa vie au Seigneur. À notre connais-sance, c’était la première fois qu’une personne née indienne américaine le faisait. Elle meurt le17 avril 1680. Le 22 juin 1980, Kateri Tekakwitha est la première indienne nord-américaine àêtre béatifiée par le Pape Jean Paul II. Au cours de la canonisation en 2012, le Pape Benoît XVIa souligné qu’« en elle, la foi et la culture s’enrichissaient mutuellement. » ■

Les bienheureux Cristobal, Antonio et Juan sont trois adolescents indigènes de Tlaxcala(Mexique) qui, à partir d’une foi totale et solide, nous montrent que défendre de la cause deDieu est de l’aimer.

Cristobal, né vers 1514 en Atlihuetzia (à Tlaxcala), était le fils d’Acxotécatl, seigneur dulieu. Martyrisé en 1527, il avait probablement 12 ou 13 ans. Acxotécatl avait quatre enfants,dont Cristobal était l’aîné et le favori. Cet adolescent avait beaucoup appris de la doctrinechrétienne en écoutant les moines missionnaires : aussi a-t-il demandé le baptême. Il a étéformé pour convertir son père et serviteurs de celui-ci qui pratiquaient encore le culte de leurs

Sainte Kateri Tekakwitha

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vieilles idoles. Parce que les paroles n’avaient passuffi à convaincre son père, Cristobal prit des dé-cisions radicales et se mit à briser les idoles et àverser le pulque [boisson alcoolisée] dont sonpère s’enivrait. Le père, qui n’avait pas acceptéla conversion à laquelle l’invitait son fils, le fitappeler du couvent à la maison et en faisantsemblant qu’il s’agissait d’une fête, il s’en-ferma avec son fils et le frappa à mort avec ungourdin, pour être jeté après dans un feu parXochipapalotzin, sa belle-mère.

Antonio était le petit-fils de Acxotécatl,il était donc le futur héritier de la seigneurie.Il né entre 1516 et 1517, et a été martyrisé en

1529, au même âge que Cristobal. Juan était unserviteur d’Antonio. Juan était du même endroit etavait pratiquement le même âge qu’Antonio.

Deux ans après le martyre de Cristobal, est arrivé à Tlaxcala un moine nommé BernardinoMinaya avec un autre compagnon. Ils allaient vers la province de Huaxyacac et avaient de-mandé à Fray Martin de Valencia de leur donner un garçon pour les aider dans leur missiond’évangélisation. À cette demande, le frère Martin offrit immédiatement Antonio et Juan.

Frère Bernardino leur fit comprendre les dangers auxquels ils seraient confrontés, car cene serait pas une tâche facile d’évangéliser un peuple éminemment idolâtre ; c’est pourquoila possibilité du martyre se laissait entrevoir. Donc, à Cuahutinchán (Puebla), alors que lesdeux jeunes étaient en train de détruire les idoles dans une maison où ils étaient entrés, deuxIndiens arrivèrent avec des gourdins de chêne et, sans mot dire, déchargèrent leur colère surle jeune Juan. Antonio, voyant la cruauté avec laquelle ils exécutaient son serviteur, loin des’enfuir, lâcha les quelques idoles qu’il tenait en main pour aider Juan ; mais les deux Indiensl’avaient déjà tué et, ensuite, ils firent la même chose avec Antonio.

Le martyre de ces adolescents indigènes est advenu parce qu’ils préféraient sacrifier leurvie, pleine d’amour et de foi, et ils choisirent de défendre leurs convictions. Ils ont été béati-fiés en 1990 au cours de la deuxième visite du Pape Jean-Paul II au Mexique. Au cours de sa visite au Mexique, en 2012, le Pape Benoît XVI a proposé ces petits martyrs comme unexemple à imiter par les jeunes. ■

Bienheureux Ceferino Namuncurá Un indigène saint formé par les fils de Don BoscoP. Jesús Jurado, SDB

L’enfant s’approcha de son père, le Cacique Namuncurá, homme imposant et dur, quiavait une voix forte et ne souffrait pas qu’on lui tienne tête ; résolu et déterminé, il lui dit : « Père, les choses ne peuvent pas continuer ainsi. Je veux étudier pour être utile à mon peuple ! »Ces paroles d’un jeune avaient fait l’effet d’un coup de poignard dans le cœur du père.

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Ce n’était pas l’enfant qui parlait, c’était le fils de Don Bosco qui avait appris des Salésiensqu’il devait être un autre Dominique Savio pour changer le destin de son peuple.

En fait, la situation de la localité Chimpay (Argentine) avait vu avec regret la destructionet la décadence d’un peuple habitué à la souffrance. Ceferino n’était pas un enfant ordinaire :il était né avec une intuition profonde et un regard pénétrant jusqu’à la profondeur de l’âme.

L’adolescent qui, à juste titre était surnommé le garçon aux « yeux souriants », est né àChimpay, le 26 août 1886. Ceferino grandit dans un environnement typiquement mapuche,mais grâce à la formation salésienne, il change sa manière de vivre. Le Cacique Manuel Na-muncurá décide de le placer dans une école-professionnelle de la Marine qu’il rejoint commeapprenti charpentier. Ceferino ne s’y sent pas bien. Le père l’emmène alors au collège salésien« Pie IX » d’Almagro. Ceferino y entre le 20 septembre 1897. Les historiens disent que la viede Ceferino était devenue tout autre, se croyant arrivé au paradis : il était heureux d’être avecles Salésiens.

« La sainteté, expliquait le Pape François, ne consistepas à fermer les yeux, mais à vivre avec amour et à offrir letémoignage chrétien dans les occupations de tous les jours,là où nous sommes appelés à devenir des saints. » La saintetéde Ceferino est l’expression et le fruit de la spiritualité salé-sienne des jeunes, une spiritualité faite de joie, d’amitié avecJésus et Marie, d’accomplissement de ses propres devoirs etdu don de soi aux autres.

Ceferino est la preuve la plus convain-cante de la fidélité avec laquelle lespremiers missionnaires envoyés parDon Bosco ont réussi à reproduire ce qu’il avait fait àl’Oratoire du Valdocco : former de jeunes saints.

À l’école de Don Bosco, Ceferino a commencé l’aven-ture de la grâce qui allait transformer un cœur non encoreéclairé par la foi, dans le témoignage héroïque de la viechrétienne. Il se fit remarquer immédiatement par son in-térêt pour les études ; il était fasciné par les pratiques depiété et se passionna pour le catéchisme ; de plus, il étaitsympathique à tout le monde, tant ses camarades que ses su-périeurs.

Un jour, Francesco De Salvo, voyant arriver Ceferino àcheval comme un éclair, lui a crié : « Ceferino, qu’est-ceque tu aimes le plus ? » Il s’attendait à une réponse liée àl’équitation, mais le garçon, retenant le cheval, dit : « Êtreprêtre !» et il reprit sa course...

Ceferino a vécu une sainteté très salésiennequ’il a découverte dans les biographies desaints, en particulier celle de Dominique Savio,écrite par Don Bosco. ■

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Missionaires Salésiensd’hier et d’aujourd’hui

Unis dans l’amour pour les Chavantèset Fraternellement unis dans le MartyreP. Pierluigi Cameroni, SDB - Postulador General para las Causas de los Santos

Le premier novembre l934, dans une ten-tative d�approche de la tribu des Chavantès,au Brésil, étaient massacrés les Salésiens mis-sionnaires, les Pères Jean Fuchs et Pietro Saci-lotti. Dans une année riche de joie et de satis-factions – l934, année de la canonisation deDon Bosco – s�est répandue cette nouvelleterrifiante qui nous rappelait immédiatementle 1er février l930, date à laquelle étaient massacrés Monseigneur Louis Versiglia et lePère Calixte Caravario, vénérés aujourd�hui comme les premiers martyrs salésiens.

Le P. Jean Fuchs, un vétéran des missions,était né à Pfaffanau, canton de Lucerne, enSuisse, le 8 mai l880. À vingt ans, il se sentaitune vocation à la vie religieuse et se rendit enItalie, à l�Institut Salésien de Penango (Pié-mont) où il se prépara à suivre la voix du Sei-gneur. Ce fut Don Michel Rua qui lui imposala soutane en l906, avant qu’il ne parte pourle Brésil où, après avoir terminés ses étudesdans les maisons salésiennes de Lorena (SP)et de Niteroi (RJ), il reçut l�ordination sacer-dotale le 4 février l912. Prêtre, il exerçacomme enseignant pendant deux ans dans lemême institut jusqu’à ce que, surpris par lamaladie, il dut retourner en Europe pour serétablir. Sa santé s’étant rétablie, il est re-tourné au Brésil après la guerre, le l5 aoûtl920. Il arriva à la « Colonie Sacré-Cœur »du Mato-Grosso pour s’adonner à l�évangéli-sation des Bororos avec une admirable abné-gation et un grand esprit de sacrifice. Ce ter-ritoire missionnaire, confié à la CongrégationSalésienne, était devenu Prélature Nullius en

l914, sous le titre de Registro d’Araguaya, avecune extension de 246.800 km2 et à peine40.000 habitants. Lorsque le P. Fuchs arrivaà sa résidence, l’ardeur de bien des mission-naires s’étaient déjà éteinte, non pas dans letravail avec les civilisés, dispersés dans unevaste zone, mais surtout dans la recherche destribus d’Indiens confinés dans les immensesforêts vierges, avec une faible réponse de lapart des Bororos. Toute fatigue se voyaitanéantie de façon astucieuse par la tribu desChavantès.

Le P. Pierre Sacilotti était né à Lorena(São Paulo) au Brésil, le 11 mai l889, de pa-rents italiens. Ayant grandi et étant éduquéà l�Institut Salésien de sa ville natale, il avaitrépondu avec enthousiasme à la voix du Sei-gneur ; ayant revêtu l�habit religieux à Lau-rinhas (SP), il accomplit ses études de Philo-sophie avec un brillant succès, si bien que lesSupérieurs pensèrent récompenser sa vertu et son amour des études en l�envoyant en Ita-lie faire ses études théologiques dans le Cen-tre International d’études théologiques« Don Bosco » à Turin-Crocetta. Il reçut l�or-dination sacerdotale à la Basilique de Ma-rie Auxiliatrice, le 12 juillet l925, des mainsdu Cardinal Gamba. Rentré dans son pays,destiné à l’assistance et à l’enseignementdans des collèges de sa Province, il futnommé, en 1928, Directeur du collège de Re-gistro d’Araguaya. Mais ce n’était pas la vie àlaquelle il aspirait. Son âme ardente désiraitl�apostolat missionnaire, et il fut comblé dejoie seulement quand les Supérieurs lui

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confièrent la difficile mission des Chavantès. La terrible tribu, dont tout le monde par-

lait au Brésil depuis des siècles, vivait dansdes villages disséminés en une frange duMato-Grosso, qui comprenait des centainesde km2 entre le fleuve « Das Mortes » etle fleuve Kuluene, le bras le plus grand dufleuve Xingú. L’habitat de la tribu était la fo-rêt vierge, sans chemins, où seul l�indien quiy était né pouvait se déplacer en toute sécu-rité. Depuis l932, le P. Fuchs avait pro-grammé un plan pour y pénétrer. Cette an-née-là, il y amena la première croix, d�unehauteur de 5 m, qu�il planta au fleuve « DasMortes ». Le P. Sacilotti partageait son projetet son zèle passionné pour la conversion desChavantès.

En l934, le P. Fuchs, resté tout seul àSanta Teresina, projeta de se rendre au MatoVerde, Presqu’à la limite de la Prélature où,début septembre allait le rejoindre le P. Saci-lotti qui venait d�Araguaya, amenant aveclui des médicaments, de la nourriture, des vi-vres et aussi du personnel. Là, en un peu plusd’un mois de travail fatigant, ils pouvaientavoir la satisfaction de voir toute prête unerésidence tant pour les Salésiens que pour lesFilles de Marie Auxiliatrice. Mais, ayant suque dans le fleuve « Das Mortes » existait ungrand nombre de radeaux, signe évident de laprésence des Chavantès, ils se dépêchèrentpour remonter jusqu�à Santa Teresina où ilsarrivèrent le 24 octobre. Le P. Fuchs y écrivitsa dernière lettre dans laquelle il disait :« L�heure des Chavantès est toute proche,c’est aussi notre heure... »·Ce pressentimentrépondait exactement à la réalité. Puisque lesChavantès se cachaient et fuyaient, il étaitnécessaire d’aller à leur rencontre, et voiciles missionnaires partis, encore une fois, deSanta Teresina, quelques jours après.

Ce fut le dernier voyage. Ils étaient déjàà quelques heures de Saint Domingo et ilsdescendaient le fleuve lorsqu’ils aperçurent,sur le rivage de droite, deux Chavantès. Le P.Sacilotti, avec un Bororo qui l�accompa-gnait, arrêta le moteur pour pouvoir avancerlentement, poussés par le courant. Ils sautè-

rent sur une pirogue qu’ils remorquèrent afind�atteindre le bord, qui était très haut et es-carpé. Une fois arrivés au point de rencontre,le P. Sacilotti ne vit personne ; mais, grim-pant sur un arbre, il aperçut dans la forêttouffue une cinquantaine de Chavantès. Ilappela le P. Fuchs qui arriva tout de suite : ilsparlèrent aux indiens en « caraja », maisceux-ci répondirent de loin sur un ton mena-çant. Ensuite, pendant que les compagnonsdes missionnaires retournaient à la piroguepour y chercher des dons et des cadeaux, uncri de guerre retentit soudainement auquelsuivit l’attaque fulminante des Chavantès.Personne ne put témoigner, par sa propreprésence, tout ce qui arriva dans ces quelquesinstants. Les deux missionnaires, restés seuls,furent massacrés avec les terribles coupe-coupe des Chavantès qui les laissèrent l�un àcôté de l�autre, le crâne fracassé.

Dans la carte géographique du Brésil, celieu est maintenant appelé le « Ravin desMartyrs ». Les deux Salésiens avaient par-couru ensemble plusieurs fois le fleuve « DasMortes » à la recherche des Chavantès et,ensemble, ils avaient désiré, souffert et priépour leur conversion ; ensemble ils ont af-fronté la mort pour leur salut : « Quos eodempassio fecit esse germanos » [« le même mar-tyre les a rendus frères ! »] ■

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Mon nom est Yankuam

Les Shuar et les Achuarconnaissaient le P Luís Bollasous le nom de « Yankuam »(étoile du couchant), mais sesfrères Salésiens aussi l’appe-laient ainsi.

Il y a plusieurs manièresd’approcher les gens d’une autre culture : celledu touriste toujours avide de nouveautés et quiprend des photos avec des «personnages exo-tiques », ou bien celle du scientifique quicherche à connaître la cause de certains com-portements en apparence bizarres, qui les re-garde et les analyse avec intérêt.

L’approche de « Yankuam » n’était sûrementpas celle du touriste ou du simple chercheur. Ilvécut au sein de la culture Achuar, dans les li-mites de sa propre identité de prêtre et reli-gieux, bien sûr. Ce qu’il demandait, c’était sim-plement d’être reçu comme hôte, ce qui exi-geait un renoncement remarquable à sa propreautonomie. Les Achuar, lorsque l’hôte est chezeux, le font travailler et exigent de lui de s’adap-ter à leur propre rythme de vie. Il doit abattredes arbres et charger des troncs, nettoyer leschemins, préparer les terrains pour la semence.Ils ont l’habitude de se lever très tôt – à trois ouquatre heures du matin – et se rassembler au-tour du foyer pour prendre la wayus (une sortede thé), la vomir et ainsi nettoyer l’estomac.

Au cours de ces longues séances matinales,ils racontent leurs mythes et parlent de leursguerres. « Yankuam » leur était reconnaissantde ce qu’ils l’autorisent à être présent pourmieux pour connaître les détails de leur cul-ture, pour perfectionner leur langage et profi-ter de quelques pauses pour proclamer la Pa-role de Dieu. Tout au long de ses mémoires,innombrables sont les cas où il affirme qu’onl’écoutait avec plaisir.

Le Père se rendit compte que cette annoncepénétrait petit à petit et il essayait de mettreen cause leur habitude de vouloir venger lamort de quelqu’un.

Ce fut difficile pour lui de leur faire compren-

dre pourquoi il avait demandéà vivre parmi eux. Pendantlongtemps, ils le soupçonnè-rent d’avoir un but caché : lesquelques contacts qu’ilsavaient eus avec les blancs lesavaient convaincus que ces

mêmes blancs finissaient toujours par les trom-per, par les exploiter. Ce qui les intriguait en par-ticulier, c’était le fait qu’il vive là sans unefemme ; ils lui demandaient où était sa femme,ou bien s’il voulait qu’on lui en accorde une.

Mais à la fin, ils se sont convaincus qu’il nepouvait pas avoir feint pendant des décennieset se sont rendu compte qu’il disait la vérité:il était là seulement parce qu’il voulait et cher-chait à leur faire comprendre que Dieu les ai-mait beaucoup plus que lui et souhaitait qu’ilsarrêtent de se tuer entre eux et qu’ils viventen paix. Sa déclaration était touchante : « Ilsavaient enfin compris que j’étais venu pourdemeurer chez eux. » (Mémoires, 334)

Évidemment, l’enthousiasme ne suffit paspour effacer les difficultés et, encore moins,pour discerner l’orientation qu’on doit donnerà son travail. « Yankuam » décrit clairement cequ’il avait vécu après avoir réussi à rester chezles Achuar : « Je sentais que j’avais fait un bonden avant et que j’étais tombé dans un océan oùje me trouvais savoir comment agir. » Mais ilpercevait de façon très claire ce que ce pas si-gnifiait : « Je devais mourir totalement à mespropres choses sans perdre mon identité, et memettre à leur service en tout et de toutes lesmanières possibles, vivantleur mode de vie sansme croire supérieurmais égal à eux. »(Mémoires, 25) ■

P. Juan Bottasso, SDB

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Ma vie religieuse mission-naire ad gentes a commencéun peu comme l’appel queDieu fait à Samuel. Sur leconseil d’Élie, le jeune Samuela reconnu l’appel de Dieu :« Parle, Seigneur, ton serviteurt’écoute » (1Sam 3,9).

Dès l’enfance, j’ai reconnuun appel particulier, mais jene savais pas qui m’appelait et pourquoi j’étaisappelé. Pendant les années de l’aspirantat, duprénoviciat, du noviciat et du postnoviciat,j’ai eu beaucoup d’opportunités pour écouterdes nouvelles sur la vie des missionnaires sa-lésiens et je me demandais si, un jour, je pour-rais être aussi un missionnaire salésien. Pen-dant le noviciat, j’ai exprimé mon désir mis-sionnaire au Maître des Novices, et ensuite,pendant les trois années de philosophie, jeparlais toujours avec le Directeur de ce désird’être missionnaire ad gentes ; il m’a guidé etaccompagné dans le discernement de ma vo-cation missionnaire salésienne.

En 2012, le Recteur Majeur m’a envoyéau Venezuela et, après 6 mois d’étude de l’es-pagnol, je fus envoyé en Amazonie où j’ai tra-vaillé 2 ans comme stagiaire. Ma vie parmiles populations indigènes fut une surprise dedécouverte de l’autre, à cause de la différencede nourriture, de langue, des choses dechaque jour, en un mot la différence cultu-relle. Vivre ensemble dans la nouvelle cul-ture, dans les premiers mois, m’a causé un choc culturel ; des choses se sont passéesque je n’aurais jamais pu imaginer dans mavie. Avant d’aller en Amazonie, beaucoup de personnes m’ont conseillé de ne pas m’effrayer du choc culturel, mais lorsque jel’ai expérimenté, j’ai éprouvé un grand

« stress » à cause desdifficultés à parler, àc ommun i qu e r. . .dans la nouvellelangue.

Jour après jour,avec l’aide et l’ani-mation des confrèressalésiens, avec laproximité et le bon

accueil des personnes en Amazonie, j’ai faitl’effort d’affronter ce choc et surtout, j’ai relule journal que j’avais écrit pendant le courspour les nouveaux missionnaires à Rome enseptembre 2011. Je l’ai repris, j’ai réfléchi etj’ai partagé mes expériences et mes ré-flexions. Celles-ci m’ont beaucoup aidé à res-ter serein dans les moments difficiles. Peu àpeu, j’ai pu affronter tranquillement le chocculturel et reconnaître clairement la grâceinfinie de Dieu pour moi ; Il est toujours avecmoi dans toutes les situations et les circons-tances. Je suis convaincu que la vie de prièreet l’union à Dieu sont vraiment importantes,parce qu’elles sont la source des motivationsqui nous aident à surmonter les moments difficiles de notre vie.

Je me sens heureux et satisfait commemissionnaire en Amazonie parmi les peuplesindigènes : les Piarora et les Jivi. « ... le mis-sionnaire salésien assume les valeurs des peu-ples qu’il évangélise et partage leurs angoisseset leurs espérances. » (Constitutions salé-siennes, 30). Je reconnais que la culture deces peuples est une culture riche et impres-sionnante. Ils font partie de ma vie mission-naire. En marchant avec eux, je reconnaistoujours davantage l’appel que Dieu m’aadressé. ■

Avec les Peuples Indigènes, je Découvre Toujours davantage l’Appel de Dieu pour MoiAbbé José Phan Anh Tuan, SDB - Vietnamien, missionnaire en Amazonie, Venezuela

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Heureux d’être Missionnaire sur la Terredes Songes de Don BoscoP. Natalino Venancio Freitas de Jesus, SDB - Missionnaire de Timor en Argentine

Les témoignages des missionnaires salé-siens au Timor Oriental sont à l’origine dema vocation missionnaire. Je pensais beau-coup à la vie des missionnaires ; après unepériode de discernement et de dialogue avecle Provincial, j’ai exprimé mon désir d’êtremissionnaire dans une lettre adressée au Rec-teur Majeur, et je fus affecté en Argentine.En septembre 2008, j’ai reçu le crucifix mis-sionnaire à Turin et, un mois plus tard, je suisarrivé en Argentine, en Patagonie. J’y ai ap-pris la langue et la culture et j’ai fait mes pre-mières expériences de travail pastoral parmiles jeunes de la paroisse. Ce fut une très belleexpérience de fraternité et de vie aposto-lique, en particulier avec les indigènes de laPatagonie Plateau Gangan, Trelew.

Je me trouve aujourd’hui dans la missionsalésienne de l’Ouest de la Pampa. Pendantla semaine, je travaille le matin à l’InstitutSan Juan Bosco qui a un effectif de 640 élèves(enseignement primaire et secondaire) dontbeaucoup sont en difficulté à cause de la réa-lité socio-économique et des situations fami-liales complexes. Puis, dans l’après-midi, jetravaille dans le Centre avec les jeunes, gar-çons et filles, également en situation difficileet sans défense (Inaun Don Bosco). Nous leuroffrons des cours de consolidation de leursconnaissances, l’artisanat, le mot du soir etun goûter. Ces réalités m’invitent à réfléchir

à nouveau sur la condition des jeunes, enparticulier la situation d’abandon. Je me sensappelé à offrir la tendresse et la miséricordede Dieu le Père à ceux qui vivent en situa-tion d’abandon.

D’un autre côté, dans la mission de laPampa Occidentale, je travaille avec lesconfrères et FMA dans des réalités différentesparmi les populations. Ceux que nous desser-vons de façon prioritaire dans cette présencemissionnaire, ce sont les milieux populaires etruraux. Les week-ends, avec les SDB et lesFMA, nous allons vers l’Ouest de la Provincepour partager des moments de célébration,des rencontres catéchétiques, des visites auxvillages reculés, des visites à domicile et desrencontres régulières avec les adolescents, lesamedi soir. SDB et FMA, nous allons ensem-ble dans les villages, faisons des visites à do-micile et partageons la Parole de Dieu dansles petites communautés.

Le travail avec les peuples autochtones,en particulier les Mapuches, reste toujoursune option prioritaire de notre ProvinceARS. Les confrères salésiens en Patagoniecontinuent de travailler avec les Mapuches.Ce travail missionnaire en Patagonieconsiste à annoncer la Bonne Nouvelles, àdénoncer ce qui porte atteinte à la dignitédes peuples Mapuches, à les aider à défendreleurs terres, à être proches des gens, à respec-ter et apprécier leur culture, à les aider à ga-gner leur propre autonomie, à rechercher en-semble des possibilités et des alternativespour une vie plus digne.

La Patagonie et la région où je travailleconstituent toujours une terre de mission. Levillage a toujours beaucoup de vie et lesjeunes ont besoin d’un accompagnement.

Je suis heureux d’être un missionnaire sur laterre des rêves de notre Père Don Bosco. ■

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Promouvoir la Première AnnonceLe Motif Principal pour lequel les SalésiensRestent parmi les Peuples Indigènes

Ce livret nous a amenés à voir et à apprécier l’engagement des Salésiens enfaveur des peuples indigènes tout au long de cette histoire salésienne.

C’est un engagement qui continue aujourd’hui avec des expressions diverseset dans une grande variété de contextes. Ce que nous avons vu, ce ne sont quequelques exemples d’initiatives en des contextes différents : protection et promo-tion des cultures indigènes, conscientisation de sa propre dignité, défense desdroits des peuples indigènes, programmes d’alphabétisation, initiatives sociales,propositions pour l’émancipation de la femme, cliniques et hôpitaux, formationprofessionnelle des jeunes, écoles, coopératives, etc.

Mais nous ne devons jamais oublier que toutes ces initiatives sont une richeet nécessaire préparation pour favoriser la Première Annonce du Christ parmi lespeuples indigènes. Cette harmonie entre témoignage et évangélisation est claire dans Evangelii Nun-tiandi [PAUL VI, L’Évangélisation dans le monde moderne, 8 décembre 1975).

Toutes ces initiatives auront un sens missionnaire dans la mesure où elles éveillent un intérêtqui conduise à la rencontre personnelle avec le Christ.« Il n’y a pas d’évangélisation vraie si le nom, l’enseignement, la vie, les promesses, le Règne, lemystère de Jésus de Nazareth, Fils de Dieu, ne sont pas annoncés. » (Evangelii Nuntiandi 22)

La Première Annonce n’est pas un but en soi mais le début, qui est intentionnellement orientéà la conversion, au catéchuménat, au baptême, à la catéchèse, à la communion ecclésiale, à tout leprocessus d’évangélisation.

Cette JMS a des conséquences pratiques pour les Salésiens, pour la Communauté Éducative etPastorale et pour toute la Famille Salésienne :– C’est une opportunité pour que tous puissent connaître et valoriser les richesses humaines et

culturelles que Dieu a semées chez les peuples, richesses menacées d’être anéantis par une globa-lisation envahissante.

– C’est une invitation à toute la Société Salésienne pour renouveler l’engagement en faveur desminorités ethniques comme une réponse concrète à l’invitation du Pape François de proclamerl’Évangile à « toutes les périphéries qui ont besoin de la lumière de l’Évangile.» (EG 20).

– C’est un stimulant et un appel à tous ceux qui sont déjà engagés avec les peuples indigènes pourapporter la Première Annonce et l’évangélisation comme intention primaire en toute initiative

et en tout programme. – C’est un appel aux jeunes Salésiens pour discerner si

le Seigneur les appelle à être missionnaires ad gentes etad vitam en faveur des peuples indigènes.

– C’est un défi pour tous les jeunes et groupes de jeunesde nos présences salésiennes pour s’engager dans le vo-lontariat missionnaire et se lancer en des initiativespour recueillir des fonds en faveur du projet JMS 2017.

C’est une proposition à toute la Famille Salésienne pourpromouvoir de manière coordonnée des initiatives envue de l’évangélisation des minorités ethniques. ■

journÉe missionnaire salÉsienne 2017 - amÉrique

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Rendez-vous avec les peuples autochtonesdans la vidéo de la JMS 2017 !Les Mapuches

Les Mapuches (de leur origine Mapudungun : Mapu, « terre » et che « personne », ce qui signifie lesgens de la terre natale) ou Araucans sont un groupe ethnique amérindien vivant principalement dans lesud du Chili et minoritairement en Argentine. D’une manière générale, les Mapuches embrassent tousles groupes qui parlent ou qui parlaient la langue Mapuche ou mapudungun et, en particulier, le terme

fait référence à ceux de la région historique de Arauco (appelés Araucans) ou la régionactuelle de l’Araucania et leurs descendants. À l’arrivée des conquérants espagnols auXVIème siècle, ils vivaient entre la vallée de l’Aconcagua et le centre de l’île de Chiloé,dans l’actuel territoire chilien. Entre les XVIIème et XIXème siècles l’« Araucanisation »a vu le jour et a produit l’expansion des Araucans depuis le Chili vers l’est des Andes,envahissant – violemment dans certains cas et d’une manière paisible dans d’autres –dans un processus qui produisit l’acculturation des Tehuelches et d’autres peuples dela Pampa. À la fin du XIXème siècle, les États argentins et chiliens occupèrent les ter-ritoires habités par les différents groupes mapuches à travers des opérations militairesappelées respectivement « Conquête du désert » et « Pacification de l’Araucanie ».Au Chili, environ 700.000 personnes se déclarent Mapuches ; ils constituent quelque

4% de la population totale et représentent 87,3% de la population autochtone totale. En Argentine,les Mapuches sont le plus grand groupe autochtone, d’environ 210.000 personnes.

On regroupe les Indigènes qui parlent Mapuche en différents groupes en fonction du territoirequ’ils occupaient et de certaines différences culturelles qu’ils comportent : Picunches, Promaucaes,Mapochoes, Maules, Oies, Moluches, Huilliches, Pehuenches, Pehuén, Lafquenches.

Leur culture est basée sur la tradition orale. Leur comportement social et religieux était régi parl’Admapu (ensemble de traditions anciennes, de lois, de droits et de normes). Leur organisation etleur structure sociale étaient basées principalement sur la famille et la relation entre eux ; la familleétant composée du père, de la femme ou des femmes et de leurs enfants. Les groupes de famillesliées autour d’un ancêtre commun ont été appelés le « lof ».

La religion mapuche est largement fondée sur le lien du monde spirituel avec le monde matériel. Sesprincipaux aspects sont le respect du monde spirituel, le culte des esprits et des ancêtres mythiques, leculte des esprits de la nature ; et l’interrelation du peuple mapuche avec Nuke Mapu (la « Terre Mère »).

Les Mixes ou Ayuukjä’äyLes Mixe ou Ayuukjä’äy (de A qui signifie « parole », yuuk « fleuri » et yä’äy « les gens » ; cela

donne un composé de « gens au langage fleuri »). Ils vivent dans le centre/nord-est de l’État de Qaxaca,

P. Martín Lasarte, SDB

Affiche – Format A2 – 6 languesBrochure didactique – 48 pages

Petite image avec prière - 6 languesVideo – http://www.missionidonbosco.tv

Matériaux didactiques

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principalement dans la région de la montagne nord du Mexique. Cetterégion montagneuse Mixe est connue sous le nom « Sierra Mixe ». Ceuxqui parlent Mixe à Oaxaca sont estimés à un peu plus de 110.000 per-sonnes. Lors de la conquête du Mexique, les Mixe, grâce à leur emplace-ment dans les montagnes, ne pouvaient jamais être conquis militaire-ment. Le contact avec l’espagnol se fera à travers l’évangélisation.

Leur territoire se compose de trois régions distinctes : la région haute, à plus de 1500 mètres d’al-titude, près du Zempoaltepetl, qui est le point culminant de l’État avec un climat froid ; la régioncentrale, avec des altitudes allant de 800 à 1.500 mètres, climat tempéré ; et la région inférieure, endessous de 800 m d’altitude, avec un temps chaud et pluvieux.

L’Institut linguistique de Verano a identifié six variantes dialectales de Mixe. Les Mixe vivent prin-cipalement de l’agriculture de subsistance, avec plantations de maïs, de haricots, de courges et depommes de terre, du café, plantations complétées par la chasse et la pêche dans les petites rivières et les ruisseaux. Les Mixes sont bien connus dans Oaxaca pour leurs grands groupes de musique, chaquepeuple Mixe ayant un groupe qui joue dans les festivals locaux. Dans certaines villes, le tissage traditionnelest encore pratiqué au niveau de la taille. Ils produisent aussi des céramiques.

Le Peuple YanomamiLes Yanomami sont un groupe ethnique amérindien divisé en trois groupes

avec des langues similaires : Sanum, Yanomami et Yanaon. Les missionnaires salé-siens leur ont donné le nom Yanomami, qui signifie « être humain ». Ils viventprincipalement en Amazonie (Venezuela) et dans les États brésiliens d’Amazonaset de Roraima, occupant une superficie de 192.000 km2 de forêt tropicale humide.Les Yanomami sont estimés à environ 32.000.

Ils vivent dans de petits villages « circulaires » construits en cercle com-plètement ouvert. Leurs habitations sont de forme conique et ils vivent dans des familles et desgroupes communautaires de 40 ou 50 personnes. La situation des cabanes peut varier et, dans denombreux cas, au lieu de former un cercle, elles forment une rangée. Les familles partagent avecd’autres familles les produits communautaires obtenus de la chasse, de la pêche ou de la récolte. Lefoyer est au centre de shabono où ils mangent, parlent, fabriquent leurs outils, racontent leurs his-toires, leurs mythes et légendes, et enseignent aux enfants leurs traditions. Les hommes se consacrentà la chasse, tandis que les femmes travaillent dans l’agriculture. Les communautés sont régies d’unemanière consensuelle.

La vie sociale est organisée autour de principes traditionnels tribaux : la parenté, la descendancedes ancêtres, les mariages entre familles ou groupes ayant une parenté commune et l’autorité exercée,pendant un temps, par des chefs. Bien qu’il existe des lois et des réserves qui défendent le peupleYanomami, ils sont continuellement menacés par les « garimpeiros » [chercheurs d’or brésiliens clan-destins], et d’autres à l’extérieur du groupe ethnique, qui s’intéressent à leurs réserves de ressourcesnaturelles. En 2004, les Yanomami brésiliens ont fondé l’Association Hutukara (qui signifie « partiedu ciel d’où est née la terre ») pour défendre leurs droits. En 2011, les Yanomami vénézuéliens ontégalement créé leur propre Association de protextion de leurs droits : « l’Horonami ».

Questions pour la réflexion sur la Vidéo1) Que savez-vous des peuples autochtones d’Amérique Latine ?2) Quelles sont les valeurs que nous apprenons de ces peuples ?3) Quelles sont les principales menaces qui pèsent sur ces peuples ?4) Comment peut-on concilier ces cultures centenaires avec la proclamation de Jésus-Christ ?

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P

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Projet JMS 2017

Pablo appartient à la tribu Kandozi et habite dans la jungle amazonienne du Pérou, dansla région de Loreto. Il trouvait beaucoup de difficultés pour s’insérer dans son milieu, parceque dans son village, il n’y a pas de véritable école qui le prépare au travail. Il savait que s’iln’étudiait pas, il ne trouverait jamais un bon emploi. Le jeune Kandozi avait beaucoup deméfiance et de la difficulté pour s’intégrer avec les Achuar, les Quechuas et les Métis qui setrouvaient près de sa communauté.

Les Salésiens avaient commencé une école professionnelle à Kandozi – « San Fernando » –dans le but d’aider des jeunes comme lui. Pablo fréquente aujourd’hui l’école de base, l’appren-tissage de menuiserie et l’élevage. Dans l’internat, il apprend à valoriser les cultures locales et àse mettre en relation de façon critique avec les modèles de la culture globalisée. Notre jeune estheureux de se former et se sent plus à l’aise parmi les jeunes de différentes tribus, partageant etcoexistant pacifiquement avec eux. Pablo envisage l’avenir avec optimisme et se prépare pourun travail digne et pour s’insérer bientôt de manière constructive dans une société multiethnique.

Tu peux aider Pablo et 130 autres adolescents autochtones des Amazones de l’Amérique.Tu peux les aider à apprendre un métier. Tu peux leur donner le goût de vivre en harmonieet de mûrir dans leur personnalité.

Envoie ton aide au Siège Provincial de ton pays ou à :COMPTE: CONGREGACIÓN SALESIANA DEL PERÚ

NUMÉRO DE COMPTE: 0011-0167-0200106066ADRESSE DE LA BANQUE: BBVA BANCO CONTINENTAL

AV. REPUBLICA DE PANAMA N 3055SAN ISIDRO – LIMA – PERUCODE SWIFT: BCONPEPL

Centre Interculturel Salésien de FormationTechnique Yankuam Jintia

(Forêt amazonienne de la Région du Pérou Loreto)

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Señor que nuestra vida sea

como una quena simple y recta,

/para que Tú puedas llenarla;

llenarla con tu música./ (bis)

Señor que nuestra vida sea

arcilla blanda entre tus manos,

/para que tu puedas formarla,

formarla a tu manera./ (bis)

Señor, que nuestra vida sea

semilla suelta por el aire,

/para que Tú puedas sembrarla,

sembrarla donde quieras./ (bis)

Señor que nuestra vida sea

leñita humilde y siempre seca,

/para que Tú puedas quemarla,

quemarla para el pobre./ (bis)

Coplas del Yaraví

journÉe missionnaire salÉsienne 2017 - amÉrique

www.youtube.com/watch?v=gE8Gfr1k2A4

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Secteur pour les Missions - Direzione Generale Opere Don Bosco

Via della Pisana, 1111 - 00163 Roma

Tel. (+39) 06 656.121 - Fax (+39) 06 656.12.556

e-mail: [email protected]

Équipe Éditorial: Équipe du Secteur des Missionsaffiche: Abbé Peter Duoc Le, SDB – Photos: P. Robert Garcia SDB, P. Juan Francisco Aparicio SDB, Missioni Don BoscoTraduction: P. Cesar Fernández, SDB, et P. Placide Carava, SDBGraphique et Impression: Tipolitografia istituto salesiano Pio Xi - Tel. 06 7827819 / 06 7848123 • [email protected]

O Père Créateur, nous Te louons,pour les semences de sainteté et de beauté

que tu as plantées dans le peuple américain.Accorde-nous de contempler,

d’apprécier et de défendreta sagesse dans les cultures autochtones.

Aide-nous à annoncer, avec la lumière de l’Esprit,les insondables richesses de ton Fils Jésus-Christ,

qui transfigurent chaque cultureet la portent à sa plénitude.

Seigneur Jésus, nous te louonset nous te rendons grâces

parce que tu t’es fait l’un de nousen partagent vraiment notre vie,

en nous aimant jusqu’à la fin,pour que nous ayons la vie en plénitude.Aide-nous à accueillir et à donner la viePour tous nos frères.

Envoie-nous ton Esprit de sainteté.Suscite dans ce Continent des missionnaires, témoins de ton amour et de ta résurrection,qui annoncent ta fraternité et ta vérité,des prophètes de ta justice et de ton unité.Seigneur, Toi qui es Un dans la diversitéavec le Père et l’Esprit Saint,aide nos peuples à vivredans le respect de la diversité,unis dans la même charité. Amen.

Prière