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Le Monde 06/03/14
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Manu Dibango : la bandeoriginale de ma vieMusiques | Trenet l'a fait rêver, il a découvert le jazz avec Ellington et afréquenté Bob Marley. Manu Dibango, pionnier de l’afro-funk-jazz, fêteses 80 ans en concert.

Le 03/03/2014 à 17h45Anne Berthod

© MaxPPP

Il a collaboré avec Herbie Hancock, Serge Gainsbourg ou JosephKabasélé. Il a joué de l’orgue pour Dick Rivers, du sax pour Nino Ferreret papoté avec Bob Marley. En 1972, Manu Dibango a aussi offert àl’Afrique son premier tube international, Soul Makossa, ouvrant dumême coup l’oreille du monde aux sons du continent noir…

Ce mardi 4 mars 2014, sur la scène de l’Olympia, le pionnier de l’afro-funk-jazz fête 80 ans d’une vie bien remplie. Mémoire vivante desmusiques noires (mais pas que), le jovial musicien revient sur quelqueschansons qui l’ont marqué. Sans aucune, mais alors aucune,prétention d’exhaustivité.

Soul Makossa, le premier tube international de Manu Dibango.

La chanson qui symbolise le mieux mon arrivée enFrance

La Mer, de Charles Trenet (1946)

C’est l’eau qui danse, qui lave et quitransporte : toute ma vie, j’ai traversé lesocéans. J’avais 15 ans quand j’ai rejointma famille d’accueil, dans la Sarthe, pourcontinuer mes études. J’ai pris le bateau,débarqué à Marseille… et découvert lamusique française. On était en 1949 : auCameroun, encore colonisé, il n’y avaitque les radios militaires. A l’école, j’avais

juste appris La Marseillaise. Mes parents étaient protestants et la seulemusique que j’écoutais c’était celle du temple, où ma mère dirigeait lachorale. Les textes de Trenet m’ont fait rêver.

La chanson qui me rappelle ma jeunesse

Les Trois Cloches, par LesCompagnons de la chanson (1939)

Ces histoires de vieille église et de vertecampagne, j’ai baigné dedans : c’esttoute mon adolescence, mes annéeslycée, quand je naviguais entre Chartres,Château-Thierry et Reims.Musicalement, c’est le côté français quej’aimais. Comme celui des FrèresJacques, dans un genre qui relevait

davantage du fantastique.

Le premier disque en 78 tours que j’ai acheté

Morning Glory, de Duke Ellington(1951)

C'est l’un des plus beaux morceaux duDuke. Cette année-là, j’ai rencontré monami Francis Bebey, dans une colonie devacances pour Camerounais. Protestant,il était du même milieu que moi. On seretrouvait chaque été et j’ai découvert lejazz avec lui. En colonie à Saint-Germain-en-Laye, on allait voir les

orchestres à Paris. On avait même monté un petit groupe : lui jouait dela guitare et moi, initié à l’harmonium chez mes parents, du piano.

Les artistes américains qui me replongent dansl’effervescence des années 50

West andblues, deLouis

Armstrong (1928)

En écumant les caves de jazz, on a connu la France de Juliette Grécoet du jazz New Orleans, son bouillonnement extraordinaire. Denombreux Afro-Américains venaient se produire à Paris. C’était plusfacile de s’identifier à eux : comme les Africains, ils avaient souffert,plus encore avec l’esclavage. J’ai eu la chance de voir Louis Armstrong: un artiste complet, un self-made-man, à la vie dure. Cette chansondatait, mais les disques américains arrivaient en France avec vingt ansde retard.

Si tu vois ma mère, de Sidney Bechet

Bechet venait aussi de la NouvelleOrleans mais vivait en France : j’ai dansésur son saxo soprano dans la cave duVieux Colombier, c’est fou quand j’ypense ! Le saxophone a commencé à mefasciner à 19 ans : dans les vitrines, cetinstrument magnifique me faisaitcomplètement fantasmer. Un jour, uncopain de colo m’a prêté un sax… et je

ne lui ai jamais rendu ! Depuis, j’ai beaucoup repris Bechet. A l’olympia,je jouerai Dans les rues d’Antibes.

Une de nos chansons fétiches avec Coco

Django comme Django Reinhardt, duModern Jazz Quartet (1956)

Avec ma femme, on adorait et on pouvaitfaire des centaines de kilomètres pourécouter ce groupe américain. J’airencontré Coco en 1956 dans un cabaretbrusselois où je jouais. On a toujours eules mêmes goûts musicaux, je ne saispas comment on aurait tenu aussilongtemps sinon !

La chanson du premier artiste qui m’a donné machance

Independance Chacha, Joseph Kabasélé, alias Le Grand Kallé(1960)

Il était venu à Bruxelles pour enregistrer,en marge de la « Table ronde »organisée en 1960 pour l’indépendancedu Congo belge. Il est venu boire un potdans mon club, Les Anges Noirs, et m’arecruté dans la foulée pour remplacerson saxophoniste, malade, au sein deson orchestre de l’African jazz. Lesdisques ont marché, j’étais lancé. Je l’aisuivi au Congo et grâce à lui, j’ai enfin

découvert la vraie musique africaine.

La chanson qui représente ma découverte del’afrobeat

Lady, de Fela Kuti (1972)

J’ai souvent repris ce titre… En Afrique,j’ai découvert la diversité des musiquesnoires : la rumba congolaise, le makossaoriginel camerounais, le highlife et, plustard, l’afrobeat, avec Fela et Tony Allen :ils représentaient le courant africain leplus avant-gardiste, le son de l’Afriquecontemporaine. Cette transe n’avait rienà voir avec James Brown et représentait

au contraire ce qui n’était pas américain. En 1978, j’ai enregistré Homemade avec des Ghanéens et des Nigériens.

La chanson qui m’a fait aimer le reggae

No woman no cry, de Bob Marley(1979)

En Jamaïque, où j’ai passé un mois pourune production en 1978, je croisais BobMarley tous les jours : j’étais le premiermusicien africain qu’il rencontrait. Ondiscutait beaucoup, même si on n’étaitpas toujours d’accord : les rastasconsidèrent Haïlé Sélassié comme unDieu, alors que pour les Africains, cet

empereur éthiopien est un assassin.

La chanson que j’écoute dans ma voiture

Stardust, de Nat King Kole

C’est daté, mais sa voix est exceptionnelle. Les voix ont toujourscompté pour moi : quand je jouais dans les cabarets, j’achetais des tasde disques pour apprendre par cœur les répertoires : Sinatra, RayCharles… mais aussi Gainsbourg, Forestier ou encore Bécaud. J’ai

joué plus tard avec tous ceux de leurgénération, sauf Brassens, qui étaitencore quasiment interdit à l’époque.

Pour écouter la playlist de ManuDibango, cliquez sur Play.

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