le langage
DESCRIPTION
Voici un exposé philosophique sur le thème du "langage". Il commence par une question : "Faut-il éviter les querelles de mots ?" Cette question est quelque peu étrange en raison du "faut-il". Cet exposé va tenter d'y répondre par 2 autres questions : "Peut-on éviter les querelles de mots ?" et "Comment éviter les querelles de mots ?"TRANSCRIPT
LE LANGAGEFormateur : Yves LIOGIER
Collection Philosophique
Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés pour tous pays à l’auteur. Dépôt légal : Novembre 2013
LE LANGAGEFaut-il éviter les querelles de mots ?
Collection Philosophique
1
Question
L’énoncé de cette question est quelque peu étrange en raison du « faut-il », à la
place duquel on attendrait plutôt un « peut-on » ou un « comment ».
On ne voit en effet pas très bien où pourraient se situer l’intérêt ou l’utilité des
querelles de mots en tant que telles : la querelle peut difficilement être une fin en
soi.
LE LANGAGEFaut-il éviter les querelles de mots ?
Collection Philosophique
2
Question
Ne pas vouloir éviter les querelles de mots n’a donc de sens que si l’on cherche à
dépasser ces querelles elles-mêmes pour parvenir à s’accorder sur les mots en
dissipant ce qui en eux était source de querelle, c’est-à-dire essentiellement leur
inexactitude et leur ambiguïté.
C’est donc le problème de la rigueur et de la précision du langage qui peut être ici
posé.
LE LANGAGE
Un constat
Nous entendons souvent dire : « Vous vous querellez pour des mots », ou « Ce sont
des querelles de mots ». On signifie par là que de telles querelles n’ont pas de
fondement réel, que le désaccord n’est qu’apparent, et qu’il suffirait de s’entendre
sur le sens des mots et sur leur emploi pour le faire aussitôt cesser.
Collection Philosophique
3
QuestionIntroduction
LE LANGAGELe problème
Le problème est donc de savoir quelle est la valeur d’une telle opinion, c’est-à-dire de
déterminer si ce sont bien les mots eux-mêmes qui peuvent être source de querelle, et comment l’on pourrait
éventuellement remédier à cet état de choses.
Collection Philosophique
4
QuestionIntroduction
LE LANGAGE
Collection Philosophique
5
QuestionIntroductionLa double
équivocité du langage A quoi sont dues les querelles de mots si ce
n’est avant tout à un manque de clarté, à une ambiguïté du langage ?
Nous nous querellons parce que le sens des mots n’est pas nettement défini, parce que
les mêmes mots, les mêmes phrases possèdent souvent plusieurs sens, parfois divergents, voire contradictoires. De là les
incompréhensions et les erreurs de raisonnement que dénonçait déjà Aristote en
observant que « l’erreur vient de la ressemblance, et la ressemblance du
discours »
(Réfutations sophistiques, 169 b).
LE LANGAGE
Collection Philosophique
6
QuestionIntroductionLa double
équivocité du langage
Il nous faut donc examiner en quoi consiste l’ambiguïté du langage ; or
celle-ci est double : lexicale et syntaxique.
LE LANGAGE
Collection Philosophique
7
QuestionIntroductionLa double
équivocité du langage
Equivocité lexicale A un même signifiant, c’est-à-dire à une
même image acoustique, peuvent correspondre des signifiés totalement différents et sans rapport entre eux.
Tel est le cas des homonymes : par exemple [Vєr] signifie aussi bien un
ustensile pour boire (verre) qu’un animal (ver). Ainsi l’énoncé « j’ai pris
un [Vєr] » est-il par lui-même ambigu.
LE LANGAGE
Collection Philosophique
8
QuestionIntroductionLa double
équivocité du langage
Equivocité lexicale
Cette ambiguïté touche en fait la plupart des mots. Un mot ne possède en effet que
rarement une seule signification.
Par exemple « déjeuner » désigne
1) Le repas du matin,
2) Les mets de ce repas et
3) La tasse et la soucoupe servant à ce repas.
On parle de polysémie lorsqu’on a le sentiment que les diverses significations d’un mot sont
reliées entre elles (par exemple ici les acceptions 1 et 2), d’homonymie dans le
cas contraire (certains linguistes considérerons que déjeuner 3 est homonyme de déjeuner 1 et 2).
LE LANGAGE
Collection Philosophique
9
QuestionIntroductionLa double
équivocité du langage
Equivocité lexicale
Equivocité syntaxique
Outre les mots, les structures syntaxiques elles-mêmes peuvent être équivoques.
Par exemple, l’énoncé « Le magistrat juge les enfants coupables » peut aussi bien
signifier : « Le magistrat juge que les enfants sont coupables » que « Le magistrat juge les enfants qui sont
coupables ».
Les logiciens, notamment ceux de l’école du positivisme logique ont bien mis en
évidence l’ambiguïté, souvent non apparente, du mode de désignation des
mots qui conduit à des ambiguïtés syntaxiques.
LE LANGAGE
Collection Philosophique
10
QuestionIntroductionLa double
équivocité du langage
Equivocité lexicale
Equivocité syntaxique
Texte de Ludwig Wittgenstein
Ainsi, Wittgenstein écrit-il :
« Dans le langage quotidien, il arrive très fréquemment que le même mot désigne d’une
manière différente – donc appartienne à différents symboles – ou que deux mots, qui
désignent de manière différente, soient utilisés extérieurement de la même manière
dans la proposition.
Ainsi apparaît le mot « est » en tant que copule, en tant que signe d’égalité et en tant
qu’expression d’existence ; le mot : « exister » en tant que verbe intransitif comme le mot « aller » ; « identique » en tant qu’adjectif ;
nous parlons de quelque chose mais aussi de ce qu’il se passe quelque chose.
LE LANGAGE
Collection Philosophique
11
QuestionIntroductionLa double
équivocité du langage
Equivocité lexicale
Equivocité syntaxique
Texte de Ludwig Wittgenstein
Suite de l’extrait de l’œuvre
« Tractatus logico-philosophicus »
(Dans la proposition « le vert est vert » - où le premier mot est un nom propre, le
dernier un adjectif – ces mots n’ont pas simplement une signification différente, mais ce sont des symboles différents).
C’est ainsi que se produisent facilement les confusions fondamentales (dont toute la
philosophie est remplie).
(Tractatus logico-philosophicus, 3.323-3.324.)
LE LANGAGE
Collection Philosophique
12
QuestionIntroductionLa double
équivocité du langage
Equivocité lexicale
Equivocité syntaxique
Texte de Ludwig Wittgenstein
Réduction de ces
équivocités
A la décharge du langage, on observera que l’équivocité se trouve le plus
souvent réduite par :
- Le contexte syntagmatique, c’est-à-dire l’entourage linguistique du mot dans un énoncé. Le signifiant [mєr]
perd de son ambiguïté s’il est précédé d’un article indiquant son genre. Ainsi [l mr] (le maire) est bien univoque, mais [la mr] reste ambigu (= la mer
ou la mère).
LE LANGAGE
Collection Philosophique
13
QuestionIntroductionLa double
équivocité du langage
Equivocité lexicale
Equivocité syntaxique
Texte de Ludwig Wittgenstein
Réduction de ces
équivocités
A la décharge du langage, on observera que l’équivocité se trouve le plus
souvent réduite par :
- Le contexte sémantique. - L’énoncé « Je veux me baigner dans la
mer » ou « J’ai brisé un verre » élimine toute ambiguïté.
LE LANGAGE
Collection Philosophique
14
QuestionIntroductionLa double
équivocité du langage
Equivocité lexicale
Equivocité syntaxique
Texte de Ludwig Wittgenstein
Réduction de ces
équivocités
A la décharge du langage, on observera que l’équivocité se trouve le plus souvent
réduite par :
- La situation, - c’est-à-dire l’ensemble des circonstances
dans lesquelles a lieu un discours. Le sens d’un énoncé est en effet déterminé par la
connaissance que les interlocuteurs possèdent de la situation référentielle du
discours. Ceci vaut non seulement pour les ambiguïtés lexicales, mais aussi pour
les ambiguïtés syntaxiques.
LE LANGAGE
Collection Philosophique
15
QuestionIntroductionLa double
équivocité du langage
Equivocité lexicale
Equivocité syntaxique
Texte de Ludwig Wittgenstein
Réduction de ces
équivocités
Cependant, toutes les ambiguïtés ne sont pas levées par ces trois éléments. Aussi cette double ambiguïté du langage a-t-elle été très tôt mise en avant pour discréditer la
valeur du langage et, par là, exclure toute possibilité de connaissance, notamment par les sceptiques qui voyaient dans l’univocité
du langage une illusion et plaçaient sa norme dans le non-univoque. La question
est donc de savoir si l’équivocité du langage tient à sa nature même ou si elle
n’est qu’un phénomène dérivé. En d’autres termes, le langage est-il foncièrement et
essentiellement équivoque ou ne l’est-il que superficiellement ?
LE LANGAGE
Collection Philosophique
16
QuestionIntroductionLa double
équivocité du langage
Equivocité lexicale
Equivocité syntaxique
Texte de Ludwig Wittgenstein
Réduction de ces
équivocitésUne univocité
fondamentale du langage ?
a) Emile Benveniste : Nulle langue n’échappe au principe de contradiction
On a pu mettre en doute l’univocité foncière du langage en contestant sa résistance profonde à
la contradiction. Ainsi, au XIXe siècle, Niels-Henrik Abel a soutenu l’existence dans les langues primitives de mots ayant deux sens
absolument contraires. Cette vue est importante dans la mesure où Freud s’y
intéressa : elle apportait en effet un appui à sa thèse de l’ambivalence caractéristique de la
logique du rêve (cf. « Sur les sens opposés dans les mots primitifs », Essais de
psychanalyse appliquée, 1933, pp. 59-67).
LE LANGAGE
Collection Philosophique
17
QuestionIntroductionLa double
équivocité du langage
Equivocité lexicale
Equivocité syntaxique
Texte de Ludwig Wittgenstein
Réduction de ces
équivocitésUne univocité
fondamentale du langage ?
a) Emile Benveniste : Nulle langue n’échappe au principe de
contradiction
Mais, comme l’a souligné Benveniste, la thèse d’Abel est tout à fait infondée, les
preuves avancées par celui-ci relevant soit d’une méconnaissance de l’étymologie,
soit d’une analyse sémantique erronée. Si, par exemple, le mot latin sacer signifie à
la fois sacré et maudit, cela ne signifie pas qu’il renferme deux sens contradictoires, mais qu’il reproduit l’ambivalence même
du concept de sacré.
LE LANGAGE
Collection Philosophique 18
QuestionIntroductionLa double
équivocité du langage
Equivocité lexicale
Equivocité syntaxique
Texte de Ludwig Wittgenstein
Réduction de ces
équivocitésUne univocité
fondamentale du langage ?
a) Emile Benveniste : Nulle langue n’échappe au principe de contradiction
Et s’il arrive qu’une langue n’use que d’un mot quand une autre en emploie deux qui sont
contradictoires, cela signifie seulement que les deux langues ne possèdent pas les
mêmes catégories. Ainsi, observe Benveniste, « il est a priori improbable, et
l’examen attentif le confirme, que des langues, si archaïques qu’on les suppose,
échappent au « principe de contradiction », en affectant d’une même expression deux
actions mutuellement exclusives ou seulement contraires […]
LE LANGAGE
Collection Philosophique 19
QuestionIntroductionLa double
équivocité du langage
Equivocité lexicale
Equivocité syntaxique
Texte de Ludwig Wittgenstein
Réduction de ces
équivocitésUne univocité
fondamentale du langage ?
a) Emile Benveniste : Nulle langue n’échappe au principe de contradiction
[…] A supposer qu’il existe une langue où « grand » et « petit » se disent
identiquement, ce sera une langue où la distinction de « grand » et « petit » n’a
littéralement pas de sens et où la catégorie de la dimension n’existe pas, et non une
langue qui admettrait une expression contradictoire de la « dimension » »
(Problèmes de linguistique générale, I, p. 82).
LE LANGAGE
Collection Philosophique
20
QuestionIntroductionLa double
équivocité du langage
Equivocité lexicale
Equivocité syntaxique
Texte de Ludwig Wittgenstein
Réduction de ces
équivocitésUne univocité
fondamentale du langage ?
b) Noam Chomsky : les structures profondes sont univoques
La thèse de l’univocité fondamentale du langage a reçu un appui important avec la grammaire générative de Chomsky. Selon
ce dernier, les ambiguïtés syntaxiques sont toujours des faits seconds et
superficiels qui ne remettent pas en cause l’univocité essentielle du langage. Dans ces phénomènes d’équivocité, l’on
est seulement en présence d’ « homonymies syntaxiques » ou
« homonymies de construction ».
LE LANGAGE
Collection Philosophique
21
QuestionIntroductionLa double
équivocité du langage
Equivocité lexicale
Equivocité syntaxique
Texte de Ludwig Wittgenstein
Réduction de ces
équivocitésUne univocité
fondamentale du langage ?
b) Noam Chomsky : les structures profondes sont univoques
La grammaire générative s’emploie en effet à montrer que chaque phrase possède une « structure profonde » et une « structure
superficielle » ou « de surface ».
« La première est une structure abstraite et sous-jacente qui détermine
l’interprétation sémantique ; la seconde est l’organisation superficielle d’unités qui
détermine l’interprétation phonétique »
(La linguistique cartésienne, p. 62).
LE LANGAGE
Collection Philosophique
22
QuestionIntroductionLa double
équivocité du langage
Equivocité lexicale
Equivocité syntaxique
Texte de Ludwig Wittgenstein
Réduction de ces
équivocitésUne univocité
fondamentale du langage ?
b) Noam Chomsky : les structures profondes sont univoques
Si la structure superficielle, dérivée par transformation des règles génératives,
peut être équivoque, la structure profonde sera, elle, toujours univoque.
LE LANGAGE
Collection Philosophique
23
QuestionIntroductionLa double
équivocité du langage
Equivocité lexicale
Equivocité syntaxique
Texte de Ludwig Wittgenstein
Réduction de ces
équivocitésUne univocité
fondamentale du langage ?
Les remèdes à l’ambiguïté du
langage
a) Créer de nouveaux langages ?
Même si le langage n’est pas en soi équivoque, il n’en reste pas moins qu’il présente, comme
nous l’avons vu, de nombreux risques d’ambiguïtés dans son développement et ses
manifestations. C’est pourquoi on a très tôt imaginé soit d’inventer une langue
rigoureuse et universelle qui éliminerait ces inconvénients propres aux langues
naturelles, en préservant leur communicabilité mais en y ajoutant la
systématicité et la rigueur de la science ; soit, de manière moins ambitieuse, de définir
strictement les mots dont on se sert.
LE LANGAGE
Collection Philosophique
24
QuestionIntroductionLa double
équivocité du langage
Equivocité lexicale
Equivocité syntaxique
Texte de Ludwig Wittgenstein
Réduction de ces
équivocitésUne univocité
fondamentale du langage ?
Les remèdes à l’ambiguïté du
langage
a) Créer de nouveaux langages ?
« Le meilleur moyen, écrit Antoine Arnauld, pour éviter la confusion des mots qui se rencontrent
dans les langues ordinaires, est de faire une nouvelle langue et de nouveaux mots, qui ne
soient attachés qu’aux idées que nous voulons qu’ils représentent, mais pour cela, il n’est pas
nécessaire de faire de nouveaux sons, parce qu’on peut se servir de ceux qui sont déjà en
usage, en les regardant comme s’ils n’avaient aucune signification, pour leur donner celle que
nous voulons qu’ils aient, en désignant par d’autres mots simples, et qui ne soient point
équivoques, l’idée à laquelle nous voulons les appliquer »
(La Logique ou l’Art de penser (1662) I, 12).
LE LANGAGE
Collection Philosophique
25
QuestionIntroductionLa double
équivocité du langage
Equivocité lexicale
Equivocité syntaxique
Texte de Ludwig Wittgenstein
Réduction de ces
équivocitésUne univocité
fondamentale du langage ?
Les remèdes à l’ambiguïté du
langage
b) Rudolf Carnap et le positivisme logique
Selon Carnap (1891-1970)
« le sens d’une phrase réside dans les opérations de sa vérification, une
proposition ne dit que ce qui en est vérifiable et ne peut donc affirmer
qu’un fait d’expérience »
(La science et la métaphysique devant l’analyse logique du
langage, 1934, p. 36).
LE LANGAGE
Collection Philosophique
26
QuestionIntroductionLa double
équivocité du langage
Equivocité lexicale
Equivocité syntaxique
Texte de Ludwig Wittgenstein
Réduction de ces
équivocitésUne univocité
fondamentale du langage ?
Les remèdes à l’ambiguïté du
langage
b) Rudolf Carnap et le positivisme logique
Or d’une part, certain mots sont vides de tout contenu et sont donc de pseudo-concepts
parce qu’ils ne répondent à aucun « énoncé d’observation » ou « énoncé
protocolaire », c’est-à-dire à aucune donnée expérimentale vérifiable ; et,
d’autre part, l’absence de certaines conventions logiques dans les langues
naturelles entraîne la production d’énoncés dépourvus de sens, lesquels ne peuvent
recevoir une formulation logique.
LE LANGAGE
Collection Philosophique
27
QuestionIntroductionLa double
équivocité du langage
Equivocité lexicale
Equivocité syntaxique
Texte de Ludwig Wittgenstein
Réduction de ces
équivocitésUne univocité
fondamentale du langage ?
Les remèdes à l’ambiguïté du
langage
b) Rudolf Carnap et le positivisme logique
La « métaphysique » se constituerait à partir de tels pseudo-concepts et énoncés vides de
sens. Les énoncés « métaphysiques » (Carnap prend pour exemple la phrase de Martin Heidegger « Le néant néante »), bien que grammaticalement correctes, ne
peuvent en effet être formulés logiquement, ce qui prouve qu’ils sont incohérents : ils ne
peuvent être ni vrais ni faux, étant dépourvus de sens. Ils naissent de l’écart entre la
syntaxe grammaticale et la syntaxe logique, et les problèmes philosophiques sont ainsi
réductibles à des problèmes linguistiques.
LE LANGAGE
Collection Philosophique
28
QuestionIntroductionLa double
équivocité du langage
Equivocité lexicale
Equivocité syntaxique
Texte de Ludwig Wittgenstein
Réduction de ces
équivocitésUne univocité
fondamentale du langage ?
Les remèdes à l’ambiguïté du
langage
b) Rudolf Carnap et le positivisme logique
Le positivisme logique est alors conduit, en forgeant ces conventions absentes
du langage ordinaire, afin d’éliminer son inconsistance propre et son
équivocité, à abandonner ce langage au profit de langages artificiels.
LE LANGAGE
Collection Philosophique
29
QuestionIntroductionLa double
équivocité du langage
Equivocité lexicale
Equivocité syntaxique
Texte de Ludwig Wittgenstein
Réduction de ces
équivocitésUne univocité
fondamentale du langage ?
Les remèdes à l’ambiguïté du
langage
c) Pour un bon usage du langage ordinaire
En revanche, certains courants de la philosophie analytique ne mettent pas
en cause le langage lui-même, mais son « détournement », son utilisation « philosophique ». Le langage naturel
fonctionne parfaitement tant qu’il reste contenu dans les bornes d’un
usage correct.
LE LANGAGE
Collection Philosophique
30
QuestionIntroductionLa double
équivocité du langage
Equivocité lexicale
Equivocité syntaxique
Texte de Ludwig Wittgenstein
Réduction de ces
équivocitésUne univocité
fondamentale du langage ?
Les remèdes à l’ambiguïté du
langage
c) Pour un bon usage du langage ordinaire
La philosophie attribue au mot des fonctions que ne lui accorde pas le
langage ordinaire : le sens d’un mot, en effet, c’est son emploi. La langue
n’est pas illogique, mais elle possède une logique propre qui est une logique de l’action. On doit donc procéder à un
travail de clarification du langage ordinaire pour le préserver des
déviances et des mésusages.
LE LANGAGE
Collection Philosophique
31
QuestionIntroductionLa double
équivocité du langage
Equivocité lexicale
Equivocité syntaxique
Texte de Ludwig Wittgenstein
Réduction de ces
équivocitésUne univocité
fondamentale du langage ?
Les remèdes à l’ambiguïté du
langagePopper : les querelles de
mots, un faux problème
a) Inutilité d’une « précision en soi »
Contre les thèses du positivisme logique et la philosophie analytique, Karl Popper estime que les questions de mots sont dépourvues d’intérêt. Selon lui, en effet, les mots ne servent qu’à exprimer des
théories, non à les constituer : une théorie peut être exprimée dans différents langages, et n’a que faire de la « précision en soi » du langage ; la précision
exigible varie en fonction de la situation du problème posé, et il est toujours possible, comme le
montrent les langages scientifiques, d’imposer au langage des conventions lui conférant le degré de
précision requis. Mais en tout état de cause, une théorie scientifique est précise dans la mesure
même où ses énoncés ne dépendent pas du sens des mots.
LE LANGAGE
Collection Philosophique
32
QuestionIntroductionLa double
équivocité du langage
Equivocité lexicale
Equivocité syntaxique
Texte de Ludwig Wittgenstein
Réduction de ces
équivocitésUne univocité
fondamentale du langage ?
Les remèdes à l’ambiguïté du
langagePopper : les querelles de
mots, un faux problème
a) Inutilité d’une « précision en soi »
D’ailleurs, un langage rigoureux et consistant, tel que le désirait Carnap,
n’éliminerait nullement les énoncés « métaphysiques », lesquels, au
demeurant ne sont pas dépourvus de signification : un énoncé comme « Il
existe un esprit personnel omniscient, omniprésent et omnipotent » peut être
(Popper en fournit la démonstration) formulé logiquement.
LE LANGAGE
Collection Philosophique
33
QuestionIntroductionLa double
équivocité du langage
Equivocité lexicale
Equivocité syntaxique
Texte de Ludwig Wittgenstein
Réduction de ces
équivocitésUne univocité
fondamentale du langage ?
Les remèdes à l’ambiguïté du
langagePopper : les querelles de
mots, un faux problème
b) Un préjugé essentialiste
De manière générale, pour Popper « les philosophies linguistiques modernes
ne sont pas sortis du préjugé essentialiste. Par essentialisme,
Popper entend cette position dans la querelle des universaux, (qu’on
appelle aussi réaliste ou platoniste), qui consiste à croire que les
« essences » désignées par les mots existent indépendamment des
individus qui les exemplifient.
LE LANGAGE
Collection Philosophique
34
QuestionIntroductionLa double
équivocité du langage
Equivocité lexicale
Equivocité syntaxique
Texte de Ludwig Wittgenstein
Réduction de ces
équivocitésUne univocité
fondamentale du langage ?
Les remèdes à l’ambiguïté du
langagePopper : les querelles de
mots, un faux problème
b) Un préjugé essentialiste
Suite du texte de Popper :
« C’est une position qui conduit à croire, en conséquence, que discuter des mots, c’est discuter des choses, ou
que posséder une définition c’est acquérir une connaissance. En apparence et officiellement, les
philosophies linguistiques sont nominalistes ; elles distinguent questions de mots et questions de fait,
elles ne prétendent pas atteindre les choses en définissant les mots. Pourtant, dans la mesure où elles croient utile de dénoncer les confusions, d’accroître la précision de notre langage, elles postulent encore que la connaissance du réel dépend du langage par lequel
nous voulons le décrire »
(Renée Bouveresse, K. Popper ou le rationalisme critique,
p. 62).
LE LANGAGE
Collection Philosophique
35
QuestionIntroductionLa double
équivocité du langage
Equivocité lexicale
Equivocité syntaxique
Texte de Ludwig Wittgenstein
Réduction de ces
équivocitésUne univocité
fondamentale du langage ?
Les remèdes à l’ambiguïté du
langagePopper : les querelles de
mots, un faux problème
Conclusion
Le louable souci d’éviter les querelles de mots entraîne une réflexion sur
l’ambiguïté, l’imprécision et l’inconsistance du langage, laquelle
conduit à son tour à des positions fondamentalement divergeantes : soit
vouloir réformer le langage ou inventer de nouveaux langages, soit considérer qu’au
contraire les problèmes de mots sont de faux problèmes, qui se résolvent d’eux-
mêmes dans la discussion – à conditions du moins que celle-ci ne soit pas
passionnelle et que l’on n’intente pas de querelles pour le plaisir de se quereller.
LE LANGAGE
Collection Philosophique
36
QuestionIntroductionLa double
équivocité du langage
Equivocité lexicale
Equivocité syntaxique
Texte de Ludwig Wittgenstein
Réduction de ces
équivocitésUne univocité
fondamentale du langage ?
Les remèdes à l’ambiguïté du
langagePopper : les querelles de
mots, un faux problème
Conclusion
C’est en ce sens que nous pouvons dire avec
K. Popper :
« Ne vous laisser jamais entraîner à prendre au sérieux les problèmes
portant sur les mots et leur signification ».
LE LANGAGEFormateur : Yves LIOGIER
Collection Philosophique
Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés pour tous pays à l’auteur. Dépôt légal : Novembre 2013
C’était un cours de philosophie
Merci pour votre participation active