le langage

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LE LANGAGE Formateur : Yves LIOGIER Collection Philosophique Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés pour tous pays à l’auteur. Dépôt légal : Novembre 2013

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Voici un exposé philosophique sur le thème du "langage". Il commence par une question : "Faut-il éviter les querelles de mots ?" Cette question est quelque peu étrange en raison du "faut-il". Cet exposé va tenter d'y répondre par 2 autres questions : "Peut-on éviter les querelles de mots ?" et "Comment éviter les querelles de mots ?"

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Page 1: LE LANGAGE

LE LANGAGEFormateur : Yves LIOGIER

Collection Philosophique

Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés pour tous pays à l’auteur. Dépôt légal : Novembre 2013

Page 2: LE LANGAGE

LE LANGAGEFaut-il éviter les querelles de mots ?

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1

Question

L’énoncé de cette question est quelque peu étrange en raison du « faut-il », à la

place duquel on attendrait plutôt un « peut-on » ou un « comment ».

On ne voit en effet pas très bien où pourraient se situer l’intérêt ou l’utilité des

querelles de mots en tant que telles : la querelle peut difficilement être une fin en

soi.

Page 3: LE LANGAGE

LE LANGAGEFaut-il éviter les querelles de mots ?

Collection Philosophique

2

Question

Ne pas vouloir éviter les querelles de mots n’a donc de sens que si l’on cherche à

dépasser ces querelles elles-mêmes pour parvenir à s’accorder sur les mots en

dissipant ce qui en eux était source de querelle, c’est-à-dire essentiellement leur

inexactitude et leur ambiguïté.

C’est donc le problème de la rigueur et de la précision du langage qui peut être ici

posé.

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LE LANGAGE

Un constat

Nous entendons souvent dire : « Vous vous querellez pour des mots », ou « Ce sont

des querelles de mots ». On signifie par là que de telles querelles n’ont pas de

fondement réel, que le désaccord n’est qu’apparent, et qu’il suffirait de s’entendre

sur le sens des mots et sur leur emploi pour le faire aussitôt cesser.

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3

QuestionIntroduction

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LE LANGAGELe problème

Le problème est donc de savoir quelle est la valeur d’une telle opinion, c’est-à-dire de

déterminer si ce sont bien les mots eux-mêmes qui peuvent être source de querelle, et comment l’on pourrait

éventuellement remédier à cet état de choses.

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4

QuestionIntroduction

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LE LANGAGE

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5

QuestionIntroductionLa double

équivocité du langage A quoi sont dues les querelles de mots si ce

n’est avant tout à un manque de clarté, à une ambiguïté du langage ?

Nous nous querellons parce que le sens des mots n’est pas nettement défini, parce que

les mêmes mots, les mêmes phrases possèdent souvent plusieurs sens, parfois divergents, voire contradictoires. De là les

incompréhensions et les erreurs de raisonnement que dénonçait déjà Aristote en

observant que « l’erreur vient de la ressemblance, et la ressemblance du

discours »

(Réfutations sophistiques, 169 b).

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LE LANGAGE

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6

QuestionIntroductionLa double

équivocité du langage

Il nous faut donc examiner en quoi consiste l’ambiguïté du langage ; or

celle-ci est double : lexicale et syntaxique.

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LE LANGAGE

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7

QuestionIntroductionLa double

équivocité du langage

Equivocité lexicale A un même signifiant, c’est-à-dire à une

même image acoustique, peuvent correspondre des signifiés totalement différents et sans rapport entre eux.

Tel est le cas des homonymes : par exemple [Vєr] signifie aussi bien un

ustensile pour boire (verre) qu’un animal (ver). Ainsi l’énoncé « j’ai pris

un [Vєr] » est-il par lui-même ambigu.

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8

QuestionIntroductionLa double

équivocité du langage

Equivocité lexicale

Cette ambiguïté touche en fait la plupart des mots. Un mot ne possède en effet que

rarement une seule signification.

Par exemple « déjeuner » désigne

1) Le repas du matin,

2) Les mets de ce repas et

3) La tasse et la soucoupe servant à ce repas.

On parle de polysémie lorsqu’on a le sentiment que les diverses significations d’un mot sont

reliées entre elles (par exemple ici les acceptions 1 et 2), d’homonymie dans le

cas contraire (certains linguistes considérerons que déjeuner 3 est homonyme de déjeuner 1 et 2).

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QuestionIntroductionLa double

équivocité du langage

Equivocité lexicale

Equivocité syntaxique

Outre les mots, les structures syntaxiques elles-mêmes peuvent être équivoques.

Par exemple, l’énoncé « Le magistrat juge les enfants coupables » peut aussi bien

signifier : « Le magistrat juge que les enfants sont coupables » que « Le magistrat juge les enfants qui sont

coupables ».

Les logiciens, notamment ceux de l’école du positivisme logique ont bien mis en

évidence l’ambiguïté, souvent non apparente, du mode de désignation des

mots qui conduit à des ambiguïtés syntaxiques.

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QuestionIntroductionLa double

équivocité du langage

Equivocité lexicale

Equivocité syntaxique

Texte de Ludwig Wittgenstein

Ainsi, Wittgenstein écrit-il :

« Dans le langage quotidien, il arrive très fréquemment que le même mot désigne d’une

manière différente – donc appartienne à différents symboles – ou que deux mots, qui

désignent de manière différente, soient utilisés extérieurement de la même manière

dans la proposition.

Ainsi apparaît le mot « est » en tant que copule, en tant que signe d’égalité et en tant

qu’expression d’existence ; le mot : « exister » en tant que verbe intransitif comme le mot « aller » ; « identique » en tant qu’adjectif ;

nous parlons de quelque chose mais aussi de ce qu’il se passe quelque chose.

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QuestionIntroductionLa double

équivocité du langage

Equivocité lexicale

Equivocité syntaxique

Texte de Ludwig Wittgenstein

Suite de l’extrait de l’œuvre

« Tractatus logico-philosophicus »

(Dans la proposition « le vert est vert » - où le premier mot est un nom propre, le

dernier un adjectif – ces mots n’ont pas simplement une signification différente, mais ce sont des symboles différents).

C’est ainsi que se produisent facilement les confusions fondamentales (dont toute la

philosophie est remplie).

(Tractatus logico-philosophicus, 3.323-3.324.)

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QuestionIntroductionLa double

équivocité du langage

Equivocité lexicale

Equivocité syntaxique

Texte de Ludwig Wittgenstein

Réduction de ces

équivocités

A la décharge du langage, on observera que l’équivocité se trouve le plus

souvent réduite par :

- Le contexte syntagmatique, c’est-à-dire l’entourage linguistique du mot dans un énoncé. Le signifiant [mєr]

perd de son ambiguïté s’il est précédé d’un article indiquant son genre. Ainsi [l mr] (le maire) est bien univoque, mais [la mr] reste ambigu (= la mer

ou la mère).

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QuestionIntroductionLa double

équivocité du langage

Equivocité lexicale

Equivocité syntaxique

Texte de Ludwig Wittgenstein

Réduction de ces

équivocités

A la décharge du langage, on observera que l’équivocité se trouve le plus

souvent réduite par :

- Le contexte sémantique. - L’énoncé « Je veux me baigner dans la

mer » ou « J’ai brisé un verre » élimine toute ambiguïté.

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QuestionIntroductionLa double

équivocité du langage

Equivocité lexicale

Equivocité syntaxique

Texte de Ludwig Wittgenstein

Réduction de ces

équivocités

A la décharge du langage, on observera que l’équivocité se trouve le plus souvent

réduite par :

- La situation, - c’est-à-dire l’ensemble des circonstances

dans lesquelles a lieu un discours. Le sens d’un énoncé est en effet déterminé par la

connaissance que les interlocuteurs possèdent de la situation référentielle du

discours. Ceci vaut non seulement pour les ambiguïtés lexicales, mais aussi pour

les ambiguïtés syntaxiques.

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QuestionIntroductionLa double

équivocité du langage

Equivocité lexicale

Equivocité syntaxique

Texte de Ludwig Wittgenstein

Réduction de ces

équivocités

Cependant, toutes les ambiguïtés ne sont pas levées par ces trois éléments. Aussi cette double ambiguïté du langage a-t-elle été très tôt mise en avant pour discréditer la

valeur du langage et, par là, exclure toute possibilité de connaissance, notamment par les sceptiques qui voyaient dans l’univocité

du langage une illusion et plaçaient sa norme dans le non-univoque. La question

est donc de savoir si l’équivocité du langage tient à sa nature même ou si elle

n’est qu’un phénomène dérivé. En d’autres termes, le langage est-il foncièrement et

essentiellement équivoque ou ne l’est-il que superficiellement ?

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QuestionIntroductionLa double

équivocité du langage

Equivocité lexicale

Equivocité syntaxique

Texte de Ludwig Wittgenstein

Réduction de ces

équivocitésUne univocité

fondamentale du langage ?

a) Emile Benveniste : Nulle langue n’échappe au principe de contradiction

On a pu mettre en doute l’univocité foncière du langage en contestant sa résistance profonde à

la contradiction. Ainsi, au XIXe siècle, Niels-Henrik Abel a soutenu l’existence dans les langues primitives de mots ayant deux sens

absolument contraires. Cette vue est importante dans la mesure où Freud s’y

intéressa : elle apportait en effet un appui à sa thèse de l’ambivalence caractéristique de la

logique du rêve (cf. « Sur les sens opposés dans les mots primitifs », Essais de

psychanalyse appliquée, 1933, pp. 59-67).

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QuestionIntroductionLa double

équivocité du langage

Equivocité lexicale

Equivocité syntaxique

Texte de Ludwig Wittgenstein

Réduction de ces

équivocitésUne univocité

fondamentale du langage ?

a) Emile Benveniste : Nulle langue n’échappe au principe de

contradiction

Mais, comme l’a souligné Benveniste, la thèse d’Abel est tout à fait infondée, les

preuves avancées par celui-ci relevant soit d’une méconnaissance de l’étymologie,

soit d’une analyse sémantique erronée. Si, par exemple, le mot latin sacer signifie à

la fois sacré et maudit, cela ne signifie pas qu’il renferme deux sens contradictoires, mais qu’il reproduit l’ambivalence même

du concept de sacré.

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QuestionIntroductionLa double

équivocité du langage

Equivocité lexicale

Equivocité syntaxique

Texte de Ludwig Wittgenstein

Réduction de ces

équivocitésUne univocité

fondamentale du langage ?

a) Emile Benveniste : Nulle langue n’échappe au principe de contradiction

Et s’il arrive qu’une langue n’use que d’un mot quand une autre en emploie deux qui sont

contradictoires, cela signifie seulement que les deux langues ne possèdent pas les

mêmes catégories. Ainsi, observe Benveniste, « il est a priori improbable, et

l’examen attentif le confirme, que des langues, si archaïques qu’on les suppose,

échappent au « principe de contradiction », en affectant d’une même expression deux

actions mutuellement exclusives ou seulement contraires […]

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QuestionIntroductionLa double

équivocité du langage

Equivocité lexicale

Equivocité syntaxique

Texte de Ludwig Wittgenstein

Réduction de ces

équivocitésUne univocité

fondamentale du langage ?

a) Emile Benveniste : Nulle langue n’échappe au principe de contradiction

[…] A supposer qu’il existe une langue où « grand » et « petit » se disent

identiquement, ce sera une langue où la distinction de « grand » et « petit » n’a

littéralement pas de sens et où la catégorie de la dimension n’existe pas, et non une

langue qui admettrait une expression contradictoire de la « dimension » »

(Problèmes de linguistique générale, I, p. 82).

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QuestionIntroductionLa double

équivocité du langage

Equivocité lexicale

Equivocité syntaxique

Texte de Ludwig Wittgenstein

Réduction de ces

équivocitésUne univocité

fondamentale du langage ?

b) Noam Chomsky : les structures profondes sont univoques

La thèse de l’univocité fondamentale du langage a reçu un appui important avec la grammaire générative de Chomsky. Selon

ce dernier, les ambiguïtés syntaxiques sont toujours des faits seconds et

superficiels qui ne remettent pas en cause l’univocité essentielle du langage. Dans ces phénomènes d’équivocité, l’on

est seulement en présence d’ « homonymies syntaxiques » ou

« homonymies de construction ».

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QuestionIntroductionLa double

équivocité du langage

Equivocité lexicale

Equivocité syntaxique

Texte de Ludwig Wittgenstein

Réduction de ces

équivocitésUne univocité

fondamentale du langage ?

b) Noam Chomsky : les structures profondes sont univoques

La grammaire générative s’emploie en effet à montrer que chaque phrase possède une « structure profonde » et une « structure

superficielle » ou « de surface ».

« La première est une structure abstraite et sous-jacente qui détermine

l’interprétation sémantique ; la seconde est l’organisation superficielle d’unités qui

détermine l’interprétation phonétique »

(La linguistique cartésienne, p. 62).

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QuestionIntroductionLa double

équivocité du langage

Equivocité lexicale

Equivocité syntaxique

Texte de Ludwig Wittgenstein

Réduction de ces

équivocitésUne univocité

fondamentale du langage ?

b) Noam Chomsky : les structures profondes sont univoques

Si la structure superficielle, dérivée par transformation des règles génératives,

peut être équivoque, la structure profonde sera, elle, toujours univoque.

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QuestionIntroductionLa double

équivocité du langage

Equivocité lexicale

Equivocité syntaxique

Texte de Ludwig Wittgenstein

Réduction de ces

équivocitésUne univocité

fondamentale du langage ?

Les remèdes à l’ambiguïté du

langage

a) Créer de nouveaux langages ?

Même si le langage n’est pas en soi équivoque, il n’en reste pas moins qu’il présente, comme

nous l’avons vu, de nombreux risques d’ambiguïtés dans son développement et ses

manifestations. C’est pourquoi on a très tôt imaginé soit d’inventer une langue

rigoureuse et universelle qui éliminerait ces inconvénients propres aux langues

naturelles, en préservant leur communicabilité mais en y ajoutant la

systématicité et la rigueur de la science ; soit, de manière moins ambitieuse, de définir

strictement les mots dont on se sert.

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QuestionIntroductionLa double

équivocité du langage

Equivocité lexicale

Equivocité syntaxique

Texte de Ludwig Wittgenstein

Réduction de ces

équivocitésUne univocité

fondamentale du langage ?

Les remèdes à l’ambiguïté du

langage

a) Créer de nouveaux langages ?

« Le meilleur moyen, écrit Antoine Arnauld, pour éviter la confusion des mots qui se rencontrent

dans les langues ordinaires, est de faire une nouvelle langue et de nouveaux mots, qui ne

soient attachés qu’aux idées que nous voulons qu’ils représentent, mais pour cela, il n’est pas

nécessaire de faire de nouveaux sons, parce qu’on peut se servir de ceux qui sont déjà en

usage, en les regardant comme s’ils n’avaient aucune signification, pour leur donner celle que

nous voulons qu’ils aient, en désignant par d’autres mots simples, et qui ne soient point

équivoques, l’idée à laquelle nous voulons les appliquer »

(La Logique ou l’Art de penser (1662) I, 12).

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QuestionIntroductionLa double

équivocité du langage

Equivocité lexicale

Equivocité syntaxique

Texte de Ludwig Wittgenstein

Réduction de ces

équivocitésUne univocité

fondamentale du langage ?

Les remèdes à l’ambiguïté du

langage

b) Rudolf Carnap et le positivisme logique

Selon Carnap (1891-1970)

« le sens d’une phrase réside dans les opérations de sa vérification, une

proposition ne dit que ce qui en est vérifiable et ne peut donc affirmer

qu’un fait d’expérience »

(La science et la métaphysique devant l’analyse logique du

langage, 1934, p. 36).

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QuestionIntroductionLa double

équivocité du langage

Equivocité lexicale

Equivocité syntaxique

Texte de Ludwig Wittgenstein

Réduction de ces

équivocitésUne univocité

fondamentale du langage ?

Les remèdes à l’ambiguïté du

langage

b) Rudolf Carnap et le positivisme logique

Or d’une part, certain mots sont vides de tout contenu et sont donc de pseudo-concepts

parce qu’ils ne répondent à aucun « énoncé d’observation » ou « énoncé

protocolaire », c’est-à-dire à aucune donnée expérimentale vérifiable ; et,

d’autre part, l’absence de certaines conventions logiques dans les langues

naturelles entraîne la production d’énoncés dépourvus de sens, lesquels ne peuvent

recevoir une formulation logique.

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QuestionIntroductionLa double

équivocité du langage

Equivocité lexicale

Equivocité syntaxique

Texte de Ludwig Wittgenstein

Réduction de ces

équivocitésUne univocité

fondamentale du langage ?

Les remèdes à l’ambiguïté du

langage

b) Rudolf Carnap et le positivisme logique

La « métaphysique » se constituerait à partir de tels pseudo-concepts et énoncés vides de

sens. Les énoncés « métaphysiques » (Carnap prend pour exemple la phrase de Martin Heidegger « Le néant néante »), bien que grammaticalement correctes, ne

peuvent en effet être formulés logiquement, ce qui prouve qu’ils sont incohérents : ils ne

peuvent être ni vrais ni faux, étant dépourvus de sens. Ils naissent de l’écart entre la

syntaxe grammaticale et la syntaxe logique, et les problèmes philosophiques sont ainsi

réductibles à des problèmes linguistiques.

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QuestionIntroductionLa double

équivocité du langage

Equivocité lexicale

Equivocité syntaxique

Texte de Ludwig Wittgenstein

Réduction de ces

équivocitésUne univocité

fondamentale du langage ?

Les remèdes à l’ambiguïté du

langage

b) Rudolf Carnap et le positivisme logique

Le positivisme logique est alors conduit, en forgeant ces conventions absentes

du langage ordinaire, afin d’éliminer son inconsistance propre et son

équivocité, à abandonner ce langage au profit de langages artificiels.

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QuestionIntroductionLa double

équivocité du langage

Equivocité lexicale

Equivocité syntaxique

Texte de Ludwig Wittgenstein

Réduction de ces

équivocitésUne univocité

fondamentale du langage ?

Les remèdes à l’ambiguïté du

langage

c) Pour un bon usage du langage ordinaire

En revanche, certains courants de la philosophie analytique ne mettent pas

en cause le langage lui-même, mais son « détournement », son utilisation « philosophique ». Le langage naturel

fonctionne parfaitement tant qu’il reste contenu dans les bornes d’un

usage correct.

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QuestionIntroductionLa double

équivocité du langage

Equivocité lexicale

Equivocité syntaxique

Texte de Ludwig Wittgenstein

Réduction de ces

équivocitésUne univocité

fondamentale du langage ?

Les remèdes à l’ambiguïté du

langage

c) Pour un bon usage du langage ordinaire

La philosophie attribue au mot des fonctions que ne lui accorde pas le

langage ordinaire : le sens d’un mot, en effet, c’est son emploi. La langue

n’est pas illogique, mais elle possède une logique propre qui est une logique de l’action. On doit donc procéder à un

travail de clarification du langage ordinaire pour le préserver des

déviances et des mésusages.

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QuestionIntroductionLa double

équivocité du langage

Equivocité lexicale

Equivocité syntaxique

Texte de Ludwig Wittgenstein

Réduction de ces

équivocitésUne univocité

fondamentale du langage ?

Les remèdes à l’ambiguïté du

langagePopper : les querelles de

mots, un faux problème

a) Inutilité d’une « précision en soi »

Contre les thèses du positivisme logique et la philosophie analytique, Karl Popper estime que les questions de mots sont dépourvues d’intérêt. Selon lui, en effet, les mots ne servent qu’à exprimer des

théories, non à les constituer : une théorie peut être exprimée dans différents langages, et n’a que faire de la « précision en soi » du langage ; la précision

exigible varie en fonction de la situation du problème posé, et il est toujours possible, comme le

montrent les langages scientifiques, d’imposer au langage des conventions lui conférant le degré de

précision requis. Mais en tout état de cause, une théorie scientifique est précise dans la mesure

même où ses énoncés ne dépendent pas du sens des mots.

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QuestionIntroductionLa double

équivocité du langage

Equivocité lexicale

Equivocité syntaxique

Texte de Ludwig Wittgenstein

Réduction de ces

équivocitésUne univocité

fondamentale du langage ?

Les remèdes à l’ambiguïté du

langagePopper : les querelles de

mots, un faux problème

a) Inutilité d’une « précision en soi »

D’ailleurs, un langage rigoureux et consistant, tel que le désirait Carnap,

n’éliminerait nullement les énoncés « métaphysiques », lesquels, au

demeurant ne sont pas dépourvus de signification : un énoncé comme « Il

existe un esprit personnel omniscient, omniprésent et omnipotent » peut être

(Popper en fournit la démonstration) formulé logiquement.

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QuestionIntroductionLa double

équivocité du langage

Equivocité lexicale

Equivocité syntaxique

Texte de Ludwig Wittgenstein

Réduction de ces

équivocitésUne univocité

fondamentale du langage ?

Les remèdes à l’ambiguïté du

langagePopper : les querelles de

mots, un faux problème

b) Un préjugé essentialiste

De manière générale, pour Popper « les philosophies linguistiques modernes

ne sont pas sortis du préjugé essentialiste. Par essentialisme,

Popper entend cette position dans la querelle des universaux, (qu’on

appelle aussi réaliste ou platoniste), qui consiste à croire que les

« essences » désignées par les mots existent indépendamment des

individus qui les exemplifient.

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QuestionIntroductionLa double

équivocité du langage

Equivocité lexicale

Equivocité syntaxique

Texte de Ludwig Wittgenstein

Réduction de ces

équivocitésUne univocité

fondamentale du langage ?

Les remèdes à l’ambiguïté du

langagePopper : les querelles de

mots, un faux problème

b) Un préjugé essentialiste

Suite du texte de Popper :

« C’est une position qui conduit à croire, en conséquence, que discuter des mots, c’est discuter des choses, ou

que posséder une définition c’est acquérir une connaissance. En apparence et officiellement, les

philosophies linguistiques sont nominalistes ; elles distinguent questions de mots et questions de fait,

elles ne prétendent pas atteindre les choses en définissant les mots. Pourtant, dans la mesure où elles croient utile de dénoncer les confusions, d’accroître la précision de notre langage, elles postulent encore que la connaissance du réel dépend du langage par lequel

nous voulons le décrire »

(Renée Bouveresse, K. Popper ou le rationalisme critique,

p. 62).

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QuestionIntroductionLa double

équivocité du langage

Equivocité lexicale

Equivocité syntaxique

Texte de Ludwig Wittgenstein

Réduction de ces

équivocitésUne univocité

fondamentale du langage ?

Les remèdes à l’ambiguïté du

langagePopper : les querelles de

mots, un faux problème

Conclusion

Le louable souci d’éviter les querelles de mots entraîne une réflexion sur

l’ambiguïté, l’imprécision et l’inconsistance du langage, laquelle

conduit à son tour à des positions fondamentalement divergeantes : soit

vouloir réformer le langage ou inventer de nouveaux langages, soit considérer qu’au

contraire les problèmes de mots sont de faux problèmes, qui se résolvent d’eux-

mêmes dans la discussion – à conditions du moins que celle-ci ne soit pas

passionnelle et que l’on n’intente pas de querelles pour le plaisir de se quereller.

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QuestionIntroductionLa double

équivocité du langage

Equivocité lexicale

Equivocité syntaxique

Texte de Ludwig Wittgenstein

Réduction de ces

équivocitésUne univocité

fondamentale du langage ?

Les remèdes à l’ambiguïté du

langagePopper : les querelles de

mots, un faux problème

Conclusion

C’est en ce sens que nous pouvons dire avec

K. Popper :

« Ne vous laisser jamais entraîner à prendre au sérieux les problèmes

portant sur les mots et leur signification ».

Page 38: LE LANGAGE

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C’était un cours de philosophie

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