le journal julie chaberpas si triste de mon cancer du … · 2016-10-14 · l’île maurice est un...

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Le Journal pas si triste de mon cancer du sein Je ne suis pas comme eux, je ne suis pas comme vous ! Julie Chaber

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Le Journal pas si triste de mon cancer du sein

Je ne suis pas

comme eux,

je ne suis pas

comme vous !

Julie Chaber

15.3

----------------------------INFORMATION----------------------------Couverture : Classique

[Roman (130x204)] NB Pages : 190 pages

- Tranche : 2 mm + (nb pages x 0,07 mm) = 15.3 ----------------------------------------------------------------------------

Le Journal pas si triste de mon cancer du sein Je ne suis pas comme eux, je ne suis pas comme vous !

Julie Chaber

800600

Témoignage

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Février 2015, je vais avoir 38 ans

• FEVRIER

La boule…

Depuis toujours obnubilée par mon apparence physique, toujours au régime, je fais aussi beaucoup de sport. Je nage et je cours. Depuis quelques mois, pour harmoniser ma silhouette, je pratique Freeletics, un programme intense de musculation au poids du corps (sans poids, sans altères, à base de burpee, des sortes de pompes sautées), et on peut dire que les résultats sont là. Je n’ai jamais été aussi belle, aussi en forme, aussi bien. J’ai une vie de rêve, je suis expatriée à l’île Maurice.

L’île Maurice est un pays où il fait bon vivre, niché à 11 heures de vol de Paris. J’ai atterri dans l’océan indien un peu par hasard, après un hiver trop rude en Ardèche. Le bleu infini des lagons se mêlant à celui du ciel ajouté à la gentillesse des mauriciens m’a complètement séduite. Je ne suis jamais repartie.

Je mange sainement. Je choisis, par le biais d’une association, des légumes et des fruits tropicaux locaux,

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cultivés sans pesticides. Depuis plusieurs années, je mange sans lait et sans gluten. Depuis six mois, je suis végétarienne.

J’ai allaité ma fille unique pendant 6 ans… l’allaitement long protège du cancer du sein. Je n’ai aucune raison de m’inquiéter d’un éventuel cancer du sein. Pourtant, avec les messages de prévention qui tournent en boucle un peu partout, je suis obsédée par mes seins ! Il faut dire qu’ils sont beaux et magnifiques ! Je les ai fait refaire il y a deux ans car je n’en avais pas du tout. C’était mon vœu le plus cher depuis mon adolescence… oui je suis vraiment obsédée par mon apparence physique !

Dans deux semaines j’aurai 38 ans. Je suis un peu préoccupée en ce moment. Je sens une boule dans mon sein gauche. Elle est petite mais je la sens bien. Je n’ai aucune raison de m’inquiéter : il s’agit certainement du contour de ma prothèse. J’ai peut-être fait trop de sport, trop de tractions, trop de pompes. Le chirurgien esthétique m’avait prévenu. Avec des prothèses sous le muscle, on doit ménager ses pectoraux. La boule doit venir de là. Ou alors c’est hormonal étant donné que je viens de changer de méthode de contraception. L’un ou l’autre, de toute façon, ça va passer. Dans une dizaine de jours, la boule disparaitra comme elle est venue et si c’est musculaire, pareil. En revanche si c’est une coque (rétractation des tissus autour de la prothèse), bah… tant pis, ça restera comme ça !

C’est étrange, cette boule. Ma mère a eu deux cancers du sein. Ce n’est pas génétique. Je ne suis pas concernée. Ma mère nous a toujours dit à ma sœur et à moi, que son cancer n’était pas génétique. Cette boule m’angoisse, et

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l’inquiétude monte en vague dans mon thorax. Je me sens rongée de l’intérieur. Je chasse aussitôt l’idée que ça peut être un cancer du sein. J’ai toujours vécu sainement, comme une nonne, il n’y a aucune raison ! Je ne bois pas, je ne fume pas, je mange sainement… JE NE PEUX PAS AVOIR UN CANCER !

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La mammographie

Lundi 9 février 2015

JE NE PEUX PAS AVOIR UN CANCER mais je me rends tout de même, un lundi matin, après une bonne heure d’embouteillage pour passer Port Louis (la capitale de l’île Maurice où je réside) à Appolo Bramwell le nouvel hôpital flambant neuf de l’île.

Je demande une mammographie et une échographie.

La secrétaire me sermonne, je n’ai pas d’ordonnance… elle ne peut me faire passer ces examens sans ordonnance ! « Bon écoutez madame, je viens de me taper une heure d’embouteillage, j’ai une tonne de boulot, je suis inquiète, je ne suis pas ici par plaisir, alors laissez-moi passer cette put1 de mammo !! » Voilà ce que je pense mais je m’abstiens de tout commentaire, elle n’y est pour rien après tout, elle ne fait que suivre la procédure. J’insiste. La mammographie ne montre rien, mes seins sont nickel : -) Je suis étonnée, leur équipement est à la pointe, c’est bien. Je suis hypocondriaque, je le savais ! Ça tourne

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vraiment pas rond dans ma tête… comment ai-je pu imaginer que j’avais un cancer… pfff

Je vais, rassurée, passer la deuxième étape, l’échographie. Celle-ci se déroule immédiatement après la mammo. J’ai demandé une échographie après avoir lu sur internet que c’était recommandé quand on était porteuse de prothèses. Un médecin femme m’examine… Elle m’explique immédiatement qu’il y a une boule à gauche, un nodule de 1,6 cm par 0,6 mm et un kyste à droite.

– Un nodule ? Mais c’est bénin ça ? – C’est 50/50 madame. Venez dès demain avec votre

ordonnance pour une cytoponction…

Oooops mes yeux se remplissent de larmes, j’enfile mes lunettes de soleil, je vais prendre rendez-vous. Mon amie Véronique, un peu « toquée » avec son addiction aux médecines douces, reiki et compagnie (d’ailleurs au moment où j’écris ces lignes, elle débarque chez moi pour me demander l’autorisation de pratiquer sur moi avec ses amis des soins de guérison à distance) m’appelle alors que je monte à bord de ma Toyota Vitz toute pourrie… depuis le temps que je rêve de changer de voiture !

Je décroche, je pleure : « j’ai peut-être un cancer du sein, c’est 50-50 » et j’écourte la conversation. Ooooo mon dieu, mon mari va m’engueuler ! Quelle manie j’ai de toujours vouloir raconter ma vie à tout le monde, de m’épancher sur les réseaux sociaux. Bon je l’appelle.

– Oui c’est moi, voilà, j’ai peut-être un cancer du sein. (et j’explique tout)

– Ah bon ben… on va gérer.

Il appelle le soir même son père qui a survécu à un

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cancer du pancréas (!!!) il y a plus de 10 ans et, ensemble, ils décident que je vais me faire soigner chez eux à Marseille. Oooo mais attendez mes loulous… D’abord rien n’est sûr, ensuite si j’ai un cancer, vous permettrez que je décide de MA vie. Je suis furieuse.

Mon mari Eric m’accompagne lors de la cytoponction. Aiiiie, ça fait mal ce truc. En même temps, ma petite voix intérieure me dit « si tu as mal maintenant alors que tu as vraiment un cancer du sein, qu’est-ce que ça sera plus tard ». Je décide donc de ne plus avoir mal. Les médecins procèdent à trois prélèvements en enfonçant une aiguille dans le nodule. Le pathologiste est un indien avec une grosse moustache qui dodeline de la tête. Je me demande s’il est compétent. Les résultats tomberont dans deux jours. Je les passe à faire du shopping. Tout y passe : jean, robes, maquillages, produits bio etc. Je croise Martine, la jeune femme qui garde mon chien Polo quand je pars en vacances, à la Croisette (le seul et unique centre commercial du Nord de l’île où tout le monde se retrouve). Je la croise et je suis l’ombre de moi-même.

Jeudi 12 février 2015

La clinique Appolo étant à côté des bureaux d’Eric, il ira chercher les résultats dans l’après-midi. Les résultats seront disponibles à 16h. Je suis angoissée, c’est horrible. Je l’appelle plusieurs fois pour savoir s’il a ces fameux résultats. Pas de nouvelle, bonne nouvelle. Je pars avec ma fille Léna de 10 ans chez le boucher. Je suis en voiture. Il m’appelle et m’annonce « forte suspicion de malignité ».

Je n’ai pas encore réfléchi à la manière de l’annoncer à Léna. Ma mère nous a toujours caché son cancer du sein.

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Un jour elle est rentrée à la maison avec des rodons. Je ne savais pas pourquoi. Ma mère et moi n’étions pas complices du tout. Je me maquillais en cachette. J’ai coupé les points avec cette femme depuis plus de huit ans.

Bref, je pleure et Léna me demande « mais qu’est ce qu’il y a maman »…

– ben voilà ma chérie, je viens d’apprendre que j’avais une maladie.

– Oooooo non maman, et elle pleure. – Ne t’inquiète pas, c’est pas grave, je vais guérir. Est-ce que je le pense vraiment ? Je ne sais pas…

Je mets un message sur Facebook : comme ça tout le monde est au courant, c’est pratique et rapide pour prévenir les copines.

Texto envoyé au médecin traitant de la famille, une femme, qui nous recevra le lendemain matin même. Je me dis que c’est sérieux cette histoire de cancer du sein car habituellement Brigitte ne répond jamais au téléphone portable. Elle nous écrit immédiatement et nous demande de passer le lendemain avant ses consultations !! Oooooo mon dieu !! Ai-je vraiment un cancer du sein ? Non, il s’agit juste d’une forte suspicion de malignité. En même temps, quand il y a 12 ans on nous a annoncé dans le septième mois de grossesse que notre bébé avait une forte suspicion de spina bifida, ça s’est avéré positif et j’ai dû avorter… C’est pas possible ! Pourquoi serais-je touchée deux fois par un « drame » ? Mais non, je n’ai pas un cancer du sein parce que je ne le veux pas ! Parce que je vis comme une nonne, sans excès, donc voilà… je ne PEUX PAS être concernée.

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Vendredi 13 février 2015

Je pleure, je renifle. Merci il y a des Kleenex sur le bureau de notre cher docteur. Elle nous explique que de nombreuses femmes suivent leur traitement à la Réunion qui n’est qu’à une demi-heure de vol et qu’il est inutile que je rentre en France métropolitaine… Elle nous rassure. A la Réunion je bénéficierai des mêmes protocoles de soin qu’e dans l’hexagone.

Ahhh tu vois chéri, je te l’avais bien dit ! Enfin bon ce n’est pas le moment que je la ramène trop avec mon cancer du sein qui risque de chambouler nos projets à venir…

Samedi 14 février 2015

C’est mon anniversaire, j’ai 38 ans. J’ai envie de rester en famille et de ne voir personne d’autre. Je veux manger indien.

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Le service d’oncologie, toute première fois

Mardi 17 février 2015

Je suis contente. Je vais à la Réunion avec mon chéri. On voulait prendre du temps pour nous… et bien, grâce à cette erreur de diagnostic faite par le médecin indien qui a pratiqué la cytoponction, je me paie des vacances à la Réunion ! Trop cool.

Après une demi-heure de vol, nous louons une voiture. Nous logerons à l’hôtel à Saint Gilles (pour changer du Best Western de Saint Denis que nous connaissons déjà). Nous faisons l’amour avant notre rendez-vous chez l’oncologue… on se détend comme on peut ! J’ai mes règles, ça tombe mal, je décide de faire une fellation à Eric mais je n’y arrive pas, j’ai peur d’être en retard chez l’oncologue. « Dépêche-toi de jouir, c’est ma seule chance de rester en vie ce rendez-vous, je ne veux pas être en retard ».

Le centre médical des Orchidées où nous avons rendez-vous avec l’oncologue est impossible à trouver et il

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se situe dans un quartier immonde ! OOOooo mon dieu, qu’est-ce que je fais là. Pourquoi n’ai-je pas écouté mon beau-père, pourquoi n’en fais-je toujours qu’à ma tête. J’aurais dû accepter de me faire soigner à Marseille chez mes beaux-parents. Je culpabilise à mort !

Ça y est, on y est ! OOOoooo mon dieu, mais il y a des cancéreux partout. Ils ressemblent à des cadavres, des morts-vivants, pâles et sans cheveux. Surtout des femmes et même des jeunes. Qu’est-ce que je fais là ? JE NE SUIS PAS COMME EUX, JE NE SUIS PAS COMME VOUS !

Oooo mon Dieu il y a des brochures sur « comment choisir sa perruque », le « tatouage des mamelons »… OOOOooo mais calmez-vous là je ne vais perdre ni mes cheveux ni mes seins parce que JE NE SUIS PAS COMME EUX, JE NE SUIS PAS COMME VOUS !

JE N’AI QU UN PETIT NODULE DE 1,6 CM, C’EST RIEN ÇA ! ON VA ME L’ENLEVER VITE FAIT BIEN FAIT ET TOUT SERA FINI.

700 euros une perruque… quand même… je sens que je ne vais pas réaliser le rêve de ma fille Léna cette année, l’emmener à New York. Ile Maurice – Etats-Unis ce n’est pas donné comme voyage.

– Chéri, je ne peux pas rester là, j’étouffe, je vais pleurer, je vais sur le parking.

– Ok – Passe-moi une clope, j’ai besoin de me détendre…

Je n’ai jamais fumé de ma vie, je commence au service d’oncologie… OOOoo et puis après tout, j’ai vécu comme une nonne jusqu’à présent et si ça se trouve j’ai vraiment le cancer… J’en fume cinq sur le parking en admirant la

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magnifique voiture de sport garée là (et depuis je n’ai jamais vraiment arrêté de fumer). Je suppose que cela doit être celle de l’oncologue. D’ailleurs combien cela va coûter tout cela en plus des déplacements en avion, de l’hôtel etc. Comment va-t-on faire ?

La secrétaire du centre des Orchidées nous enregistre. Je pleure. Les émotions sont trop fortes.

L’oncologue nous reçoit. Elle a la petite soixantaine, les cheveux courts, comme moi. Elle paraît très dynamique. Je sens qu’on va s’entendre. Elle répond à nos questions, m’examine. Elle me demande comment je prends la chose. Je lui explique que je n’ai pas peur, que je n’ai certainement pas un cancer du sein, qu’elle va m’enlever cette boule et qu’on va en rester là.

Mmmmhhh Emilie, puisqu’elle s’appelle ainsi, rétorque que non, on ne va certainement pas en rester là. AH BON ????

J’en profite également pour mettre les pieds dans le plat (entre femmes, on doit se comprendre, non ?) : vous voyez, mon mari veut que j’aille me faire soigner en métropole – si je dois me faire soigner – Emilie explique à Eric que « le meilleur pour votre femme c’est la Réunion où elle aura un suivi très personnalisé, au lieu de l’anonymat des grands CHU) ».

Eric ayant appris tout Wikipedia par cœur lui pose quelques questions et il est rassuré. On décide que tout sera fait à la Réunion.

Très organisée, Emilie l’oncologue me prend rendez-vous chez le chirurgien 48h plus tard et, le même jour, chez la radiologue pour la micro-biopsie. Le

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chirurgien enlèvera le nodule pour le faire analyser si la micro-biopsie confirme la suspicion de cancer.

Eric rentre à l’île Maurice récupérer Léna qui est chez sa meilleure amie. Je reste seule à l’hôtel à Saint Denis, j’essaie de comprendre comment est organisée cette ville. J’en profite pour faire du shopping !

Jeudi 19 février 2015, le chirurgien et la micro biopsie

Waouuuu mais c’est lui ? Mais il est canon ! Oooooo mon Dieu, je vais devoir montrer mes seins à cet homme-là ?

Pierre m’examine et me dit qu’il pense que c’est cancéreux. OOOOoooo mon dieu, ça commence bien avec lui… Il s’y prend vraiment mal, je déteste être bousculée !

Immédiatement après cette première consultation avec Pierre, je vais faire la micro-biopsie. Elle est pratiquée sous anesthésie locale, mais ça va, c’est moins désagréable que la cyto-ponction.

Le geste est réalisé sous anesthésie locale. Une sorte d’agrafeuse prélève des carottes dans le nodule. Cela surprend mais ce n’est pas douloureux.

Ils enverront les résultats à Brigitte, mon médecin traitant à l’île Maurice, et cette fois, on sera fixé. La micro-biopsie donnera la nature du nodule : malin ou bénin. J’essaie de cuisiner la radiologue pour savoir ce qu’elle en pense mais elle ne laissera rien paraître, contrairement au chirurgien.

La radiologue me demande de ne pas lever les bras après cet examen, mais je pars quand même faire du

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shopping… Ooooo mon Dieu, ça fait du bien !

Pierre le chirurgien m’opérera quoi qu’il arrive :

– Si la micro-biopsie est positive, en plus de m’enlever ce nodule, il m’enlèvera le ganglion sentinelle situé dans l’aisselle (Bien qu’on parle « du » ganglion sentinelle, il s’agit en fait de plusieurs ganglions où migrent en premier les cellules cancéreuses. Il est donc important d’analyser le sentinelle pour savoir si le cancer est en train de se métastaser).

– Si la micro-biopsie est négative, il m’enlèvera seulement le nodule, même s’il est bénin.

L’opération est déjà planifiée au 25 février 2015, dans deux semaines. Tout va très vite. Je stresse pour mes seins ! Dites docteur… est-ce que je vais pouvoir garder mes prothèses, mes seins ? Je n’ose pas poser la question, je me sens COUPABLE de me focaliser sur l’esthétisme alors que ma vie est peut-être en jeu. On en meurt encore du cancer du sein n’est-ce pas ?

Après le départ d’Eric, je suis prise en charge par sa cousine Nelly et ma copine Magalie. Grâce à elles, je peux souffler et penser à autre chose.

Pendant que je suis seule à la Réunion, je cogite pas mal. Je flippe à l’idée de perdre mes cheveux, d’avoir une ablation des seins. Je me raisonne en me disant que la tumeur est petite, que le cancer est pris précocement mais je flippe quand même… et je balaie immédiatement cette idée en me disant que les résultats de la micro-biopsie vont confirmer que non, ce n’est pas un cancer du sein. De toute façon, ça ne se peut pas !

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Je contacte ma sœur par Viber. Elle me conseille d’appeler notre mère car elle a traversé la même épreuve. Franchement ce n’est pas pareil, elle c’était il y a plus de trente ans. Ma sœur m’engueule et me demande de mettre mon orgueil de côté. Il est vrai que l’oncologue veut que ma mère se soumette à un test génétique. Je lui expose la situation. Non ce n’est pas possible et je n’ai pas du tout, mais alors pas du tout envie de gérer le « problème maman » en ce moment. C’est une personne toxique et couper les ponts avec elle après un an et demi de psychothérapie est la meilleure décision d’adulte que j’ai prise.

Malgré cela, ma sœur, fait fi de mon NON. Ma mère m’appelle dans la minute qui suit et m’envoie un texto « c’est maman, je suis de tout cœur avec toi dans cette épreuve ». Je suis furieuse contre ma sœur. Elle a pensé bien faire, ce n’était pas méchant, elle s’inquiétait pour moi, mais n’a pas respecté ma volonté.

J’envoie un mail cinglant à ma famille. « Je veux me concentrer sur ma guérison et rester le plus

calme et le plus sereine possible. Je ne vous ai pas demande de faire tout un ramdam et de contacter ma mere.

Aussi, si vous avez des questions au sujet de mon cancer, vous pouvez vous adresser à Eric, c’est la personne référente que j’ai désignée auprès de l’oncologue et je l’aime.

Son numéro est + 230……… Son mail e… @gmail.com Je vous demande de respecter mes choix, TOUS

MES.CHOIX. Merci »

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L’attente des résultats…

De retour à l’île Maurice, je suis confrontée à un choix. En parler ou pas ? Nous sommes sur une petite île, tout le monde se connait, tout le monde parle. Sur deux millions d’habitants nous ne sommes que dix-mille expats. Dès qu’un événement se produit, il alimente les ragots, ça occupe…

Je n’ai pas envie que ça se sache. D’une part je me sens coupable, comme si j’étais responsable de cette maladie. D’autre part, je crains que l’on me considère comme une malade, et que les personnes qui ne m’aiment pas, avec qui j’ai eu des différends récemment pensent « c’est bien fait pour elle ».

Je dois être punie pour ma vanité, ma superficialité ?

Je vais profiter de ces deux semaines d’attente interminable pour faire le point. Pour moi, le cancer, c’est simple : soit c’est une mauvaise hygiène de vie qui en est responsable, soit c’est la tête qui débloque. Je prends donc logiquement un rendez-vous avec une naturopathe pour évaluer mon hygiène de vie et avec une psy pour évaluer ma tête…