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Le journal de la CGT Paris Nord 2 « Qui se bat peut perdre Qui ne se bat pas a déjà perdu » ( Bertolt Brecht) Union Sommaire Maintenant, le plus dur arri- ve ! La peur des ordonnances n’évite pas le danger (page1) Fainéants de tous les pays, unissez-vous (page 2) La vérité d’un contre-indice (pages 2 et 4) Actions de groupe et droit du travail (page 3) La peur des ordonnances n’évite pas le danger Rien n’est jamais acquis à l’homme ni sa force, ni sa faiblesse… Ce poème de Louis Aragon est une parfaite définition des évènements ac- tuels : des pans entiers du code du travail s’effondrent sous les coups de bou- toir des ordonnances. Les droits qu’on croyait acquis sont remis en cause. Toi qui considères comme tout à fait naturel de pouvoir partir en congés payés, de bénéficier d’une protection sociale et de lois qui assurent de moins en moins bien le bien-être dans l’entreprise, dis-toi que rien n’est immuable. Pourquoi les 70% de français qui se disent opposés aux ordonnances ne sont-ils pas dans la rue avec nous ? Pourquoi ne viennent-ils pas renforcer le seul contre-pouvoir qui existe encore, celui exercé par la CGT ? Parce qu’ils ont peur ? Mais jamais la peur n’a évité le danger. Inertie syndicale Pierre Sassier, militant UGICT La logique des syndicats réformistes en faveur de la loi travail XXL est tout simple- ment incompréhensible : Il y a un an et demi, le secrétaire de Force Ouvrière dénon- çait « les apprentis sorciers » de la loi Travail. Aujourd’hui, il apporte son soutien à la loi travail XXL, non sans susciter l’incompréhension de ses propres troupes, qui peut se résumer par la remarque d’un militant de FO : « On ne comprend pas pourquoi il faut dire oui aux ordonnances Macron, qui sont pires que la loi El Khomri, contre laquelle on a manifesté ». Jean- Claude Mailly justifie son incohérence en invoquant « l’ADN de Force Ouvrière », qui serait celui de la concertation. S’agit-il, entre l’opposition à la loi Travail et l’approbation des ordonnances, d’une mu- tation génétique ou est-ce le secrétaire de FO qui a viré sa cuti ? Ou bien rêve-t-il de supplanter la CFDT dans son rôle d’interlocuteur privilégié du Gouvernement ? Ou bien encore, rêve-t-il d’un « pantouflage » avantageux lorsque, dans un an, il ne sera plus secrétaire de Force Ouvrière ? Il est lamentable, que l’avenir des salariés soit suspendu à ces minables jeux d’intérêts et de pouvoir. Côté Laurent Berger, il devrait se rappeler que « pour sou- per avec le Diable, il faut une longue cuiller » (proverbe bri- tannique). Après avoir largement contribué à l’introduction du renard Macron dans le poulailler, il constate l’inanité de sa politique de bisounours et déclare : « ils ont loupé l’occa- sion de faire le choix de la démocratie sociale. Ils ont préfé- ré les vieilles recettes ». C’est cet adepte de la pensée uni- que qui dit ça, lui qui n’hésite pas à démandater ses mili- tants qui ne sont pas dans la ligne ! Quant à la CGC, ce n’est pas plus clair : François Hommeril définit la nouvelle réforme comme « la voiture balai des fantasmes du MEDEF » , mais ne bouge pas : après avoir dit qu’il n’excluait pas de participer au mouvement du 12 sep- tembre, il proclame maintenant : « manifester n’est pas dans nos gènes », sans proposer pour autant d’autres moyens d’action. Décidément, en ce moment, la génétique sert beaucoup de prétexte à l’inertie ! Novembre 2017 Numéro 66

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Septembre 2017 Numéro 65

Le journal de la CGT Paris Nord 2

« Qui se bat peut perdre Qui ne se bat pas a déjà perdu » ( Bertolt Brecht)

Union

Sommaire

Maintenant, le plus dur arri-ve ! La peur des ordonnances n’évite pas le danger (page1)

Fainéants de tous les pays, unissez-vous (page 2) La vérité d’un contre-indice (pages 2 et 4)

Actions de groupe et droit du travail (page 3)

La peur des ordonnances n’évite pas le danger

Rien n’est jamais acquis à l’homme ni sa force, ni sa faiblesse… Ce poème de Louis Aragon est une parfaite définition des évènements ac-tuels : des pans entiers du code du travail s’effondrent sous les coups de bou-toir des ordonnances. Les droits qu’on croyait acquis sont remis en cause. Toi qui considères comme tout à fait naturel de pouvoir partir en congés payés, de bénéficier d’une protection sociale et de lois qui assurent de moins en moins bien le bien-être dans l’entreprise, dis-toi que rien n’est immuable. Pourquoi les 70% de français qui se disent opposés aux ordonnances ne sont-ils pas dans la rue avec nous ? Pourquoi ne viennent-ils pas renforcer le seul contre-pouvoir qui existe encore, celui exercé par la CGT ? Parce qu’ils ont peur ? Mais jamais la peur n’a évité le danger.

Inertie syndicale Pierre Sassier, militant UGICT

La logique des syndicats réformistes en faveur de la loi travail XXL est tout simple-ment incompréhensible : Il y a un an et demi, le secrétaire de Force Ouvrière dénon-çait « les apprentis sorciers » de la loi Travail. Aujourd’hui, il apporte son soutien à la loi travail XXL, non sans susciter l’incompréhension de ses propres troupes, qui peut se résumer par la remarque d’un militant de FO : « On ne comprend pas pourquoi il faut dire oui aux ordonnances Macron, qui sont pires que la loi El Khomri, contre laquelle on a manifesté ». Jean-Claude Mailly justifie son incohérence en invoquant « l’ADN de Force Ouvrière », qui serait celui de la concertation. S’agit-il, entre l’opposition à la loi Travail et l’approbation des ordonnances, d’une mu-tation génétique ou est-ce le secrétaire de FO qui a viré sa cuti ? Ou bien rêve-t-il de supplanter la CFDT dans son rôle d’interlocuteur privilégié du Gouvernement ? Ou bien encore, rêve-t-il d’un « pantouflage » avantageux lorsque, dans un an, il ne sera plus secrétaire de Force Ouvrière ? Il est lamentable, que l’avenir des salariés soit suspendu à ces minables jeux d’intérêts et de pouvoir.

Côté Laurent Berger, il devrait se rappeler que « pour sou-per avec le Diable, il faut une longue cuiller » (proverbe bri-tannique). Après avoir largement contribué à l’introduction du renard Macron dans le poulailler, il constate l’inanité de sa politique de bisounours et déclare : « ils ont loupé l’occa-sion de faire le choix de la démocratie sociale. Ils ont préfé-ré les vieilles recettes ». C’est cet adepte de la pensée uni-que qui dit ça, lui qui n’hésite pas à démandater ses mili-tants qui ne sont pas dans la ligne !

Quant à la CGC, ce n’est pas plus clair : François Hommeril définit la nouvelle réforme comme « la voiture balai des fantasmes du MEDEF » , mais ne bouge pas : après avoir dit qu’il n’excluait pas de participer au mouvement du 12 sep-tembre, il proclame maintenant : « manifester n’est pas dans nos gènes », sans proposer pour autant d’autres moyens

d’action. Décidément, en ce moment, la génétique sert beaucoup de prétexte à l’inertie !

Novembre 2017 Numéro 66

Vous pensez comme nous que la loi Travail XXL défie toute logique ? Alors vous faites partie des "fainéants, des "cyniques" ou des "extrêmes" ? Après avoir étalé son mépris de classe en parlant de "ceux qui ne sont rien", après avoir qualifié des grévistes "d’illettrés" et les tra-vailleurs du Nord "d'alcooliques", celui qui se prétend Jupiter lâche sa fou-dre sur les opposants à la loi Travail XXL. Après Sarkozy ("casse-toi, pauvre con") et Hollande (les sans-dents), monsieur Macron se croit habilité à in-sulter, depuis un pays étranger, les français qui ne sont pas d'accord avec sa politique. Cela tient lieu de maintien présidentiel et, accessoirement de

débat sur la nouvelle loi Travail !!!

On ne comprend d'ailleurs pas la pertinence de ce discours : les "fainéants", pour Macron, ce sont les 14% de pauvres qui galèrent pour faire bouillir la marmite - auquel le même Macron, du haut de son arrogance de classe, a déjà lâché que "pour se payer un costard, il faut travailler" - et non les improductifs qui tirent leur ri-chesse du casino boursier. Ne serait-ce pas plutôt lui que l'on pourrait qualifier de cynique ? Mot dont d'ailleurs il semble ignorer la définition (qui avoue avec insolence une conduite contraire aux règles mo-rales). On ne voit pas ici ce qui lui permet de dire que les manifestants du 12 septembre sont "cyniques". Quant aux "extrémistes", inutile de chercher : la rengaine revient comme un disque rayé à chaque fois

que la CGT manifeste son désaccord, mais ça, on a l' habitude !

La "voix de son maître" Castagné justifie ces propos après coup, en prétendant qu'ils s'adressaient aux hommes politi-ques qui n'ont rien changé en 15 ans. Il n'y a rien, dans le discours, qui justifie cette interprétation, d'autant que, dans le domaine de l'insulte, Macron a déjà un palmarès. Il ajoute que le Président a fait preuve de "courage" en tenant ces propos. Les explications à posteriori sont tout aussi indi-gnes que la prestation elle-même, car où est le courage d'abuser de son autorité pour insulter les citoyens.

Alors, êtes-vous fainéant, cynique ou extrême ? Ou les trois

à la fois ? Comme nous, vous avez le choix.

l y a beaucoup de non-dits à l'usage du citoyen « illettré » dans la présentation qui est faite du taux de chômage : il en existe d'abord au moins deux définitions : celle de Pôle Emploi et celle de l'INSEE, beau-coup plus restrictive. Les déclarations officielles du ministère du travail ne prennent en compte que la catégorie A - soit une définition proche de celle de l'INSEE, ce qui montre à quel point nos gouvernants se désintéressent de la précarité croissante qui frappe les salariés.Cette présentation trompeuse et les com-paraisons avec des pays voisins - en particulier Grande Bretagne et Allemagne - permet à nos "commu-nicants" de prendre ces pays comme modèles à suivre en arguant d'un taux de chômage proche du plein emploi. La CGT n’a de cesse de dénoncer toutes ces impostures qui n'ont pour but que de masquer les échecs de notre politique de l'emploi et de justifier les sales coups portés à la protection des salariés, le dernier en date étant la loi travail XXL, que le gouvernement s'apprête à faire passer par ordonnances

après la comédie d'une concertation sociale proclamée, mais en réalité inexistante. (suite page 4)

Fainéants de tous les pays, unissez-vous

Chômage : la vérité d’un contre-indice

LA CONTRE-

MANIFESTATION

Actions de groupe et droit du travail

La loi de 2016 sur la modernisation

de la justice acte la possibilité de

mettre en place une action de groupe (la

class action des américains). Douze jours

après son entrée en application, la CGT s’en-

gouffre dans la brèche en adressant par huis-

sier un courrier à la Direction de Safran Air-

craft Engines : l’objet en est la situation

créée à 34 salariés, qui, selon le syndicat, subissent « un dommage dans leur évolution promotionnelle

et salariale ». La Direction a six mois pour réagir avant que la justice prud’-

homale ne s’en mêle. La CGT annonce déjà d’autres procédures concernant

différentes formes de discrimination.

Le « baromètre » de ces discriminations nous apprend que l’emploi en est le

premier vecteur dans la société. Les principaux critères portent sur l’âge et

le sexe, suivis de l’origine et de la couleur de la peau. Les femmes sont par-

ticulièrement touchées, tant dans leur taux d’activité inférieur de 10% à

celui des hommes que dans les écarts de salaire, pouvant aller jusqu’à 13% sur le même poste.

Sur le sujet de la discrimination au travail, un arsenal de mesures

commence à se mettre en place : toute entreprise de plus de 20

salariés doit ouvrir 6% de ses postes aux handicapés, faute de quoi

elle doit s’acquitter d’une contribution au fonds pour l’insertion

professionnelle des handicapés. En ce qui concerne les inégalités

hommes-femmes, un décret de fin 2012 prévoit des pénalités

pouvant aller jusqu’à 1% de la masse salariale. Prendrons-nous un

jour modèle sur l’Islande dont la loi, depuis mars, oblige les en-

treprises à la stricte égalité salariale, à travail égal ?

En termes économiques, la discrimination à l’emploi n’est pas neutre : l’OCDE Et

le FMI, pourtant peu suspect de se soucier d’égalité sociale, soulignent tous

deux les entraves apportées à la croissance par les pratiques discriminatoires.

La possibilité d’organiser des actions de groupe contre les discriminations est

donc une bonne nouvelle et la CGT engage les salariés victimes de discrimina-

tion à se saisir collectivement de la justice. Mais il est encore trop tôt pour ju-

ger de l’efficacité de ces procédures car, action de groupe ou pas, la principale

difficulté demeure la charge de la preuve qui revient au demandeur.

La possibilité d’action de groupe ne concerne pas que les

discriminations : le 6 juin dernier, 1776 salariés de l’entre-

prise Lapeyre (menuiserie industrielle), soutenus par la CGT

et Force Ouvrière, ont engagé une action contre leur em-

ployeur, qui aurait, au moyen d’un montage financier, mi-

noré volontairement ses bénéfices pour ne pas avoir à verser

de participation. Préjudice global portant sur 6 ans : 81 mil-

lions d’euro. De même, la justice a récemment condamné la

Chaine canal plus à verser plus de 15 millions d’euro à 5000

de ses salariés.

Notre site Web : www.cgt-parisnord2.fr Messagerie : [email protected] Téléphone : 0148177409 Fax : 0148177412

Adresse postale : Union Locale CGT Paris Nord 2 385 rue de la Belle Etoile, BP 69132, 95976 Roissy CDG Cedex

La prise en compte de cet indice amène à plusieurs conclusions : - Après l'adoption des 35 heures, le taux de chômage en équivalent temps plein a baissé de 31.3% à 28% - et cela a été la période où la baisse a été la plus importante, ce qui valide l'idée que le passage au 35 heures qui a eu lieu pendant cette période a eu un effet bénéfique et devrait river leur clou aux soi-disants "économistes" payés pour véhiculer la pensée unique des ultralibéraux. - Le taux de chômage des femmes en équivalent temps plein est une fois et demi à deux fois plus élevé que celui des hommes. Cela ne constitue pas vraiment une surprise, mais il faut noter que l'écart, s'il reste encore considérable, a tendance à se resserrer entre 1998 et maintenant. - La prétendue baisse du taux de chômage en Grande Bretagne et en Allemagne n'est acquise qu'au prix de l'augmentation des travailleurs pauvres : du fait des "contrats zéro heures" en Grande Breta-

gne et des emplois "un euro" en Allemagne, les chiffres officiels ne rendent pas compte de la réalité du marché du travail. Lorsqu'on met en parallèle les taux de chômage annoncés de ces pays et les taux de risques de pauvreté, beaucoup plus élevés que les nôtres, on ne peut que constater que ces deux pays n'ont obtenu une baisse artificielle de leur taux de chômage qu'au prix d'un accroissement de la pauvreté. La réalité masquée par les statistiques officielles apparaît clairement à l'usage des équivalents temps plein : dans l'échelle de cet indice pays par pays, la France, l'Allemagne et la Grande Bretagne sont légèrement au dessous de la moyenne euro-péenne (29,3% de chômage en équivalent temps plein) avec respec-tivement 27,6%, 28,4% et 28%. Les trois pays sont donc au coude à coude en ce qui concerne la statistique du chômage, alors que le taux de risque de pauvreté est beaucoup plus élevé en Grande-

Bretagne et en Allemagne que chez nous.

On ne perçoit que trop les raisons qui poussent les gouver-nants à tant vouloir imiter ces modèles étrangers, ils ont dé-jà fait un choix de société non avoué publiquement et déjà patent dans le choix de l'indice "chômage de catégorie A" : celui d'évaluer le marché du travail en tenant pour secondai-re le développement des inégalités qu'engendre le travail (ou le chômage) partiel. En France, ce choix est marqué par la loi travail XXL faite pour complaire à un patronat dont la mentalité esclavagiste n'a guère évolué depuis Germinal. Face à cette réalité, l'indice de mesure proposé par Alterna-tives Économiques constitue un élément d'information impor-tant en ce sens qu'il bouscule les idées reçues. Mais il faudra pour cela qu'il soit constamment réévalué et confronté aux

statistiques officielles à chacune de leurs parutions.

BULLETIN D’ADHESION (à renvoyer à l’adresse ci-dessous) Nom, prénom Tel

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Catégorie professionnelle : Ingénieur, cadre Technicien, agent de maitrise

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