le journal de chambéry février 2016

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Arrivés Solidaires avec les réfugiés Le journal de Chambéry JANVIER • FEVRIER • MARS 2016 Maison de quartier Chambéry • www.chambery.be MON QUARTIER

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Page 1: Le journal de chambéry février 2016

ArrivésSolidaires avec les réfugiés

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Carnaval

Fête de Noël

Parcours de la solidarité

Réception du Nouvel An

Fête d'anniversaire

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De krant van Chambéry, Mijn wijk • Le journal de Chambéry, Mon quartier •Uitgave van vzw Buurtwerk Chambéry • Publication de la Maison dequartier Chambéry asbl • rue de Chambérystraat 24, 1040 Etterbeek •tel 02 646 20 57 • fax 02 639 13 03 • [email protected] • www.chambery.befb: Buurtwerk ChambéryVzw & Chambéry Oh Oui • trimestriel •VU/ER: OliviaVanmechelen • année20 n°1 • janvier/février/mars 2016 • 4 publications par anLes photos des activités peuvent être utilisées dans un but promotionnel. Si vous ne souhaitez pas figurer

sur ces photos, informez-nous. • Quand vous avez fini de me lire... offrez-moi à votre ami(e) ou voisin(e)!

Qu'est-ce que la Maison de quartier Chambéry ?Buurtwerk Chambéry est une maison de quartier située dans ce qu’il est convenud’appeler le bas d’Etterbeek, un ensemble urbain à forte mixité sociale. S’y côtoient en ef-fet pauvres et riches, jeunes et moins jeunes, tous issus de différentes cultures. La maisonde quartier a pour but de favoriser les contacts entres ces différents habitants et d’amé-liorer leurs conditions de vie. Chambéry mène son action au travers de divers pôles : lecentre de services, un endroit de rencontre pour les personnes âgées et moins âgées,qui propose un service de proximité et une grande variété d’autres services et activités,le restaurant social, le travail de quartier, le service pour les enfants et adoles-cents (WMKJ) et le service Chato, avec des équipes de rénovation et de dépannage.Chambéry dispose d’une série de locaux polyvalents que ses partenaires et les habitantsdu quartier peuvent également utiliser. Vous voulez en savoir plus sur nos services et ac-tivités? Contactez-nous par téléphone au 02 646 20 57 ou venez nous voir !L’accueil est ouvert du lundi au vendredi de 9h à 14h.

avec le soutien dela CommissionCommunautaireFrançaise

met de steun vandeVlaamseGemeenschaps-commissie

Les réfugiés ont existé de tous temps; pendant la guerre,beaucoup de belges ont eux aussi dû fuir leur pays.Heureusement, ils avaient quelque part où aller.Aujourd'hui encore, il y a des foyers de guerre aux portesde l’Europe et ailleurs dans le monde. Parfois l’occidentest lui-même coresponsable de ces guerres. Même sanstenir compte de cela, il n’y a qu’une seule humanité etnous sommes tous responsables les uns des autres. Pourle moment, l'Europe accueille 8% du total de réfugiésdans le monde. Une grande majorité des migrants se renddans un pays voisin ou se déplace à l’intérieur même desfrontières de son pays. L’Europe ne fait donc pas face àune invasion massive. Même s’il est vrai que le nombre deréfugiés qui essayent d’atteindre l’Europe a augmentérécemment, c’est plutôt le grand intérêt que les médiasaccordent à la question qui fait croire qu’il en est ainsi.La maison de quartier Chambéry ne veut pas alimenter lapeur et la psychose, mais au contraire contribuer demanière constructive à rendre possible l'accueil desréfugiés.Voilà les raisons du thème de ce journal. Nousdéfendons la solidarité au niveau national et aussi auniveau international.Début mars, en collaboration avec plusieurs partenairesspécialisés, la maison de quartier Chambéry organise unejournée d’information autour du thème « réfugiés ». Unejournée qui peut nous aider à nous débarrasser de nospréjugés et de nos peurs. Soyez les bienvenus !

Arrivés

MERCI ATOUS LESVOLONTAIRESET PARTENAIRES QUI CREENT

CE JOURNAL AVEC NOUS

Editorial • • • 3

Page 4: Le journal de chambéry février 2016

4 • • • Arrivés. Solidaires avec les réfugiés

En 2015 le monde a été secoué par desévénements brutaux en Syrie. Beaucoupde citoyens ont alors plié bagage et,pleins d'incertitude et fuyant la violence,sont partis vers une nouvelle destination.Parmi les nombreux réfugiés, les syriensforment le groupe le plus récemmentarrivé et le plus important. L’annéepassée, 48.000 personnes de tous leshorizons seraient arrivées chez nous,dont 30.000 ont obtenu le statut deréfugié.

On ne sait pas précisément où cesvoyageurs en fuite vont finalementatterrir. Nous savons pourtant que pourcertains d’entre eux, la ligne d’arrivée esten territoire connu… en Belgique, àBruxelles et aussi à Etterbeek. Lespersonnes qui obtiennent le statut deréfugié ont la possibilité de se fixer ànouveau quelque part et de commencerune nouvelle vie. Ce sont de nouveauxarrivants dans notre quartier et ilsdeviennent nos nouveaux voisins. Ils nesont certainement pas les premiers et neseront pas les derniers. En tant quemaison de quartier, nous souhaitons êtreau service de tous les habitants desenvirons – anciens ou nouveaux – qu'ilsviennent de près ou de loin. Ce sontsuffisemment de raisons d'organiserpour les habitants du quartier unejournée sur ce thème.

Nous avons cherché et trouvé desexperts en la matière auprèsd’organisations de réfugiés, Orbit, Ciréet CBAI, pour un programme riche etvarié.Via notre maison de quartier, nousavons recueilli des témoignages. Lacommune d’Etterbeek nous fournira desinformations complémentaires.Tout cela combiné à la force magiquedes collaborateurs de Chambéry en feraune passionnante rencontre au sommet,à l’image de celles qui ont lieu chez nosproches voisins dans les bâtiments desinstitutions européennes. Cetterencontre se déroulera il est vrai sansdirigeant du monde, mais avec descitoyens du monde et… avec vous.

Samedi 5/03: journée de rencontreà propos des réfugiés

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Arrivés. Solidaires avec les réfugiés • • • 5Ph

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CIRÉNom : CIRÉ asbl, Coordination et Initiativespour réfugiés et étrangersRéseau: 24 organisations réfléchissent ensembleaux personnes qui arrivent en BelgiquePriorité: que les droits de bases desréfugiés soient respectésServices: maison d'accueil de nouveauxarrivants, service d'information, solutionscréatives de logement, une école pourapprendre le français, accompagnement àl'emploi et à la formation,...Projet remarquable : Projet CommunityLand Trust (CLT). Rendre accessibles deslogements pour les nouveaux arrivants, parl'achat de logement sans acheter le terrain.Le terrain reste la propriété du CLT.Ainsilors de déménagement, le logement peutêtre revendu à un prix très correct àd'autres habitants à faibles revenus.Grande cause: sensibilisation de l'opinionpublique et des politiques aux circonstancesde vie et aux droits des réfugiés.

www.cire.be / tel 02 629 77 10

• Table du mondeLe restaurant social servira à midi un menu régional venant depays étrangers, composé et cuisiné par nos collègues de lacuisine de Chambéry qui sont eux-mêmes venus de loin.• Préparer des plats d'ailleursDans cet atelier cuisine, les participants pourront préparer desmets originaux inspirés d’un pays étranger. Ces préparationsseront servies à l’occasion de la clôture de la journée.• Conférence sur la migration enBelgique et dans le mondeAborder le thème des réfugiés veut nécessairement direprésenter des événements mondiaux et les flux migratoirescorrespondants. Les organisations de réfugiés Ciré et Orbitdonneront un aperçu global de ce qui bouge dans le monde.• Animation ludique autour des réfugiésdans le mondeAmusant et informatif. L’organisation CBAI animera cet atelieravec des jeux interactifs. Nous approchons la problématiquedes réfugiés tout en jouant.• Tables de discussion “J’ai peur…” (N/F)Accueillir des personnes qui arrivent de manière inattendue

ORBITNom: ORBIT asblTerritoire: ORBIT est chez elle dans lemonde de la diversité et de la migration.Rayon d'action: En Flandre et àBruxelles, des individus aux organisationset aux politiques.Spécialité: Publications pleines d'espoiret constructives, actions et campagnes,formations et débats.Préoccupation: Une politiquemigratoire juste, être plus malin que leracisme, diversité dans la vie en communsur le marché de la location, le marché dutravail...Action mise en évidence:“Bagagediscriminatoire”, une recherche des objetsrelayant une imagerie de stéréotype.Á ne pas manquer: Un calendrierannuel inter-croyances, des cartes devoeux pour les jours de fêtes de vosvoisins.

www.orbitvzw.be / tel 02 502 11 28

CBAINom: CBAI asbl, Centre Bruxellois d’Action InterculturelleTerritoire: Bruxelles, jusque dans tousses recoins multiculturelsRayon d'action: Interculturalité surinternet, dans un centre dedocumentation, sur la scène culturelle,via des journées à thèmeSpécialité: Formations de médiateurinterculturel, formations d'animateurdans un environnement multiculturel,...A ne pas manquer: Le magazinebimensuel Mic Mag, sur les migrations,l'interculturalité et la cooperation audéveloppement, une publication deCBAI, CIR2, CNCD-11.11.11.Voirwww.micmag.beA garder à l'oeil: Leur site internetavec une mine d'informations culturelleset multiculturelles

www.cbai.be / tel 02 289 70 50

Au programme...dans notre voisinage et s’y installent ne va pas de soi. CBAI etOrbit donnent l’occasion aux participants de poser leursquestions et de partager leurs craintes.• Bibliothèque vivante – Rencontre avecdes réfugiés et leurs récitsNous avons rencontré quelques réfugiés prêts à partager leurvécu. Leurs témoignages sont éloquents. Les participantspeuvent les écouter personnellement.• Atelier enfants du monde pour lesenfants de moins de 12 ansUn atelier créatif sur le thème des réfugiés est organisé pourles enfants. Ils présenteront leurs créations au moment de lacérémonie de clôture.• Cérémonie de clôture - Informationssur les réfugiés dans la communed’EtterbeekLes services de la Cohésion sociale et de la Solidaritéinternationale partageront avec nous certaines données sur lesréfugiés à Etterbeek.Entretemps, nous dégusterons les petits plats préparés enatelier et admirerons les oeuvres des enfants.

Trois partenaires de cette journée:

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emmène-moi au littoralemmène-moi en Hautes Fagnesouvrons mijn vriend ouvrons le trainaux sans papiers aux sans rivageset que le train tout commeles veines bleues du mondecharrie ici coeurs nouveauxpour y semer entrains de vietrain démocratique fenêtres clairesoffre-nous un ticket ouvertchaque premier dimanche du moispour explorer tout bledoù les rails filent encoreque notre pays deviennelabo de nos curiositésà l'étranger si prèsqui partage avec nousnos contrées séparéesoh ooooh train trrrreintrrrrreinen trrrrrrrrraintrrrrransporte-moitrrrrravaille-moi ébrrrranle-moientrrraîne-moi trrrrame de roulis neufsle tissu pâlede nos corps endormis

et tandis que j'écrisun homme face à moien boule sur banquettevoyageur sans ticketdans son silence implorel'argent pour continuervivant le grand voyage

LaurenceVielle

droit de rencontre, d’échange et de partage de temps.A partirdes liens qui se tissent ici, naissent des amitiés et de nouvellesinitiatives qui aident les nouveaux arrivants à trouver leur voiedans notre société.Ciné Maximilien souhaite s’étendre, puisque dans d’autres li-eux d’accueil en Belgique également, il y a un grand besoin dedétente et de partage. Dans tous les coins du pays, des vo-lontaires proposent d’organiser des séances de cinéma. Poursoutenir ces initiatives, un crowdfunding a été lancé (unfinancement participatif sous forme de large appel à dons viainternet).Un bel exemple du vivre ensemble qui a émergé spontané-ment et a grandi grâce à la volonté et à l’énergie de nombreuxvolontaires!

www.facebook.com/cinemaximiliaanwww.growfunding.be/cinemaximiliaan

6 • • • Arrivés. Solidaires avec les réfugiés

"Brussel Helpt" est une action des médias flamands deBruxelles et des centres culturels, qui permet chaqueannée de récolter de l'argent via diverses actions decharité à Bruxelles. En 2015, l'association soutenue aété Minor-Ndako. Une des actions a été un match defootball entre Chambéry et Minor-Ndako, organiséepar le centre culturel De Maalbeek. Minor-Ndako aune double fonction: l'association soutient des famillesen contact avec les services de protection de lajeunesse, mais est surtout connue pour son travailavec les réfugiés mineurs non accompagnés. Elleaccueille les enfants réfugiés et les jeunes qui seprésentent en Belgique sans être accompagnés. Elle arenforcé ces jeunes à travers divers projets, commepar exemple l'équipe de football en salle qui a étécréée en septembre 2015. Minor-Ndako fournitégalement un soutien dans les domaines de l'école, del'éducation, de l'emploi et de la recherche d'unlogement. L'opération a commencé en 2002 et s'estdepuis considérablement élargie. Cesquelques derniers mois toutparticulièrement il y a eu de nombreuxdemandeurs d'asile en Belgique, ycompris des enfants non accompagnéset des jeunes. Minor-Ndako reçoitmaintenant beaucoup de jeunesenfants âgés de 8 à 12 ans.

www.minor-ndako.be

Ciné Maximilien est un cinéma éphémère pour réfugiés. L’his-toire commence en septembre 2015 à Bruxelles, au parc Maxi-milien. On y avait alors organisé un camp provisoire pouraccueillir le grand nombre de réfugiés qui arrivaient. Ce cinémaa débuté par un simple écran et un projecteur installés sousune tente. Chaque soir, des réfugiés sont invités à regarder unfilm qu’ils ont eux-mêmes choisi sur place.Grâce au dévouement chaleureux d’un groupe de volontaires,ce rendez-vous qui aurait pu être unique ou temporaire aperduré et existe encore: depuis septembre, une séance decinéma est proposée chaque jour. Le groupe s’est élargi pourdevenir un grand réseau de volontaires, parmi lesquels denombreux réfugiés récemment arrivés.Cette initiative apporte de la lumière et du réconfort à despersonnes qui se trouvent dans des situations précaires, incer-taines et souvent inconfortables. Un film est une fenêtre sur lemonde, une sortie de secours, un moment de réflexion par-tagée, d'aspiration et d'espoir, tels que nous en avons tous tantbesoin!Chaque soir, Ciné Maximilien offre à Bruxelles un salon, un en-

Le sport est un langage universel et un très beau moyen derassembler les gens. Les jeunes de Chambéry ont fait une belleaction de solidarité en soutenant l’équipe Minor-NDako.Samedi 22 novembre, l’équipe de football en salle deChambéry a joué contre les jeunes de Minor-NDako.Chambéry a gagné, mais le plus important pour tous ces jeunesétait surtout de passer un bon moment ensemble et dedonner la possibilité aux jeunes mineurs de faire des rencon-tres et d'échanger autour d’une passion commune, le foot.

"Brussel helpt"

Ciné Maximilien,un cinema pour et pardes personnes réfugiées

GC De Maalbeek a organisé une compétition de footentre les équipes de Chambéry et de Minor-Ndako

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Le 28 janvier, journée nationale de la poésie, LaurenceVielle a repris le flambeau de Charles Ducal,précédent Poète national.Voici le premier poème sorti de sa plume en tant que Poétesse nationale.En décembre, nous avons eu la chance de l'entendre dire son poème dans le plus beau café deBruxelles, 'la fleur en papier doré': une femme engagée, qui recueille les mots de notre monde et nousles renvoie avec élan! A couper le souffle!

Arrivés. Solidaires avec les réfugiés • • • 7

Traversée

Le train in ons land a amenéitaliens polonais françaisgrecs marocains espagnolset ceux de l'est et ceux du sudet ceux de l'ouest et ceux du norda charrié forces vivespetit pays klein landjedepuis toujours pétride tant de traverséesah treinen treinen

train des partitions de filsoù chantent les corbeauxle train avale visageset puis les rend aux quaisd'une autre vieah le train le trainqui déplace la mienned'un quai à l'autrede l'Europed'une langue à l'autrede la Belgiquede Bruxelles tu pars vers Liègeet puis Luik et puis Liègede Bruxelles tu pars vers Monset puis Bergen et puis Monsquand les bras de mon amoursont là pour m'accueilliril est bon le retouret je pense à tous ceuxlâchés au quai d'icisans bras pour les cueillirah treinen treinenpetit train électriquede mon père de mon frèretraverse mon enfance

montagnes de cartonpâte personnages minusculesnous recréions le mondenous sommes ces petites femmestout petits hommesréenchantons le monde encoreaux rails de nos viesle train file défile enfileles paysages de nos visagesqui se reflètent dans la vitrese fondent à chaque prairieà chaque ciel qui effeuilletoutes les formes des nuagess'y perdent nos visagestrain des premières ou secondes classesles vaches blanches nous regardentet l'animal sauvage immobile en effroitrain des courriers des marchandisesdes pauvres bêtes d'abattoirdes convois noirs pas revenustrain de toutes les mémoiresah treinen treinenle train parfois est en retardpiétinent les passagersquai du train qui déraillede trein s'il part à l'heureest sur ligne sans obstaclesi un corps n'est pas désespéréest sur ligne sans obstaclele train parfois est trashet quand le train à grande vitessepasse au pays d'à côtémon âme assise reste à m'attendresur le quai de Bruxellesle train parfois s'arrête à chaque gareavant qu'elle ne s'effaceface aux guichets automatiquessalue l'homme au sifflet du départun bruit presqu'un klaxonferme les portes du wagonet si le train ne roule plustout le pays est suspenduau chant des corbeaux sur le fille train relie trace des lignescliqu'tis des tricoteusesdes baladeuses et des liseusestrain des ordis et des rêveurstreinen des contrôleurstrain des traintrains quotidiens

emmène-moi au littoralemmène-moi en Hautes Fagnesouvrons mijn vriend ouvrons le trainaux sans papiers aux sans rivageset que le train tout commeles veines bleues du mondecharrie ici coeurs nouveauxpour y semer entrains de vietrain démocratique fenêtres clairesoffre-nous un ticket ouvertchaque premier dimanche du moispour explorer tout bledoù les rails filent encoreque notre pays deviennelabo de nos curiositésà l'étranger si prèsqui partage avec nousnos contrées séparéesoh ooooh train trrrreintrrrrreinen trrrrrrrrraintrrrrransporte-moitrrrrravaille-moi ébrrrranle-moientrrraîne-moi trrrrame de roulis neufsle tissu pâlede nos corps endormis

et tandis que j'écrisun homme face à moien boule sur banquettevoyageur sans ticketdans son silence implorel'argent pour continuervivant le grand voyage

LaurenceVielle

Page 8: Le journal de chambéry février 2016

"Le Congo recèle une grandediversité de nuances. La terre et laculture offrent tellement derichesses, toutes les couleurs semélangent. Comme dans beaucoupd'endroits hors de notre plat paysgris, au Congo la végétation explosede vitalité, pour autant qu'on laisseencore quelque chose de la forêt. Lefleuve, les grands lacs, l'air, desvariations de la couleur bleuecomme on n'en voit pas par ici. Lesoleil, la vie, la chaleur, le rythme, ladanse."

"La région la plus belle? La région duKivu, ou les bords du fleuve, quand

vous naviguez de Léopoldville versKisangani.Avec l'odeur descommerces de poisson qui vous ac-compagne."

"Au milieu de cette faune et flored'Afrique centrale et de la richessede cette terre, s'est constituée unecolonie belge. Léopold II a obtenuson coin d'Afrique et par là mêmel'accès à une nouvelle source derichesse incalculable."

"Au début, ils ne se sont vraimentpas bien comportés envers lapopulation locale. Selon moi celas'apparentait à de l'esclavage. Les

européens ont agi de la mêmemanière en Amérique, la mêmechose s'y est produite. Mais les gensd'ici ne sont pas partis avec cettementalité. Mon mari vivait avec lesnoirs, il était "prospecteur". Quand ilest revenu en Belgique, il recevait detemps à autre du courrier des gensde là-bas. Par contre, il y avait aussides blancs qui n'étaient pas aimés,n'est-ce pas."

"Nous sommes partis pour le Congopour apprendre à connaître l'Afrique.Mon mari donnait cours dans uneathénée pour les congolais. Nousn'avions pas l'impression d'être desprédateurs. J'ai vécu trois années àLéopoldville. Mon mari enseignait àl'athenée de Ngiri Ngiri. Undimanche j'ai entendu beaucoup debruit et des "ouh-ouh-ouh!". Pourmoi, l'idée d'être colonisé étaitinsupportable, alors j'ai tout de suitepensé à une révolte. Je m'attendais àce que cela arrive tôt ou tard. Mais ils'agissait simplement d'un match defoot. J'en ai conclu qu'ils étaientmoins révoltés que je n'aurais pu lepenser."

"Deux années après, ce moment afini par arriver.A nouveau des "ouh-ouh-ouh!", une révolte qui a pris son

Au centre de services de Chambéry, nous prenons l'habitude deparler d'hier, d'aujourd'hui, du monde... Un petit groupe se réunitdeux fois par mois pour échanger des récits et des expériences.Nous avons inauguré cette année par un échange sur le Congo.

LE GROUPE DU JOUR

Mia a habité le Congo pendantquelques années, Paul avaitl'intention d'y aller, Jean-Pierres'intéresse à l'histoire, Mauriceavec son regard critique,Marguerite et Raphaël sontoriginaires du Congo, et Angèle,dont le mari y a travaillépendant un temps. Le résultat :une conversation enrichissante,des connaissances variées etcomplémentaires. Ceux qui n'yétaient jamais allé ont ainsi puprofiter d'une leçon d'histoireinédite.

8 • • • Arrivés. Solidaires avec les réfugiés

Dialogues sur le Congo

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là où les blancs se trouvaient.L'apartheid en Afrique du Sud allaitencore un peu plus loin, mais tout demême... Je me rappelle qu'on semoquait des "madames" (note durapporteur: les femmes blanches),"qui ne font ni caca, ni pipi...""

"Mon mari est déjà revenu enBelgique en 1952. Il pressentait alorsdéjà que des tensions allaient arriver.Selon lui, les portugais étaient lesmeilleurs colonisateurs."

" Oui, mais dans leurs colonies lesportugais s'y prenaient autrement. Ladifférence venait du fait que nouspartions vers le Congo pour untemps défini, pour ensuite revenirdans notre pays d'origine à lapension, etc. Les portugais, eux,restaient dans leurs colonies touteleur vie. Cela changeaitcomplètement la donne, on peut parexemple comparer l'Angola et leCongo."

"Je me rappelle que Lumumbaoccupait de plus en plus la scène. Il

avait raconté au roi Baudouin que lesAfricains n'oublieraient jamais, lefouet, les palais occupés par lesblancs, et tout le reste. La majoritédes blancs à l'époque étaientindignés. Moi pas, je pensais: "Enfin,enfin quelqu'un qui ose pour une foisdire la vérité"."

"J'ai vu Lumumba en personne, lorsde la table ronde en 1960. Baudouina reçu au Congo comme un roi,Bwana Kitoko (le beau monsieur).Entretemps le professeur JefVanBilsen avait pressenti pas mal dechoses. Sous l'influence desévénements dans les coloniesfrançaises (l'indépendance et laguerre d'Algérie du temps de deGaulle), il a préparé un pland'indépendance sur 30 ans.A cetteépoque, je voulais encore partir pourle Congo, donc je suivaisattentivement la politique. Maiscomme toujours, la voix du mondefinancier était l'a emporté, la banquegénérale de Belgique (qui possédaitla quasi totalité du Congo) ne l'a pasvoulu."

"Mais lorsque Lumumba a organisé larésistance et des émeutes au sein dela population congolaise, la Belgiquea été obligée de renoncer à sacolonie. Pendant la conférence de latable ronde en 1960 au Palais descongrès au Mont des arts, il a étédécidé de donner l'indépendance à lacolonie dans les six mois. Imaginezun peu ça!"

"En un temps record, les postesimportants et les postes dirigeantsont été africanisés. Le GénéralJanssen n'a pas voulu africaniserl'armée congolaise, du moins pas

Arrivés. Solidaires avec les réfugiés • • • 9

essor à partir du stade de foot. Celadevait être en 1959. Nous avonsvécu les émeutes de tout près.L'athénée se trouvait extra muros,en dehors de la zone blanche.Autour du centre des blancs, il yavait une ceinture de commerçantsen majorité de nationalité portugaise.Pendant ces émeutes, tous les blancsétaient visés. L'école et d'autresinfrastructures destinées aux noirsont malheureusement été égalementdétruites. La révolte n'était alors pasencore bien organisée."

"Je me souviens encore de cesincidents du stade de foot.A cetteépoque, je finissais ma dernièreannée d'assistant médical. Nous noustrouvions parmi les européens etjouissions de certains avantages. Cejour-là, je me suis acheté mapremière radio afin de pouvoir suivreles événements."

"Les maltraitances allaient de pairavec la résistance qui s'estdéveloppée contre le travail forcé."En 1959, j'étais dans ma dernièreannée de l'école des monitrices.Notre génération n'a plus vraimentconnu les atrocités, mon pèred'ailleurs non plus vraiment. Mongrand-père si: le travail forcé, lesobligations, les cruautés, leshumiliations, "macaques!", ...Voilàpourquoi notre génération n'avaitplus la même sensibilité face à toutce qui se passait durant cettepériode. Suite à la visite du roiBaudouin en 1955, tout à commencéà réellement changer. Ce qui nousdérangeait vraiment, c'était laséparation catégorique entre lesnoirs et les blancs.Ainsi après 18h ilnous était interdit de sortir en ville,

Page 10: Le journal de chambéry février 2016

10 • • • Arrivés. Solidaires avec les réfugiés

Ainsi a filé notre matinéede conversation... Lesréactions échangéesavaient une grande valeur.Cette discussion était richede nuances - il est évidentque tout n'était pas rosedans les colonies, mais toutn'était pas mauvais nonplus. D'autres auraientpeut-être souhaitéapporter des voix pluscritiques au débat. Il y abeaucoup à raconter et àsouligner, de nombreusesidées qu'on peut emmeneravec soi.Tant à dire sur lachasse au profit, sur lesrouages d'un systèmeéconomique arrogant. Dequoi nourrir les prochainsdialogues!

de technique. M. Buisseret en a étél'instigateur. Nous étions actifs àl'athénée de Ngiri Ngiri, une" écoleinterraciale", bien qu'il n'y avait aucunblanc. Nous y suivions le mêmeprogramme d'enseignement officielqu'en Belgique. L'enseignement quenous donnions était peut-être mêmetrop belge, il n'y avait pasd'ouverture vers la culture noire. Lesmissionnaires s'en sont occupé, avecla langue, la littérature et la culture

de la population locale, et avec sesvaleurs propres. Ils ont peut-être faitmieux que quiconque qui est passépar le Congo."

"J'ai suivi des cours dans une écolesecondaire, les humanités latines.C'était la politique coloniale belged'évoluer intentionnellementlentement. Quand la révolte a éclaté,il y avait un retard irréparable. Unedifférence par rapport aux coloniesfrançaises était la langue à l'école. Là-bas, à l'école primaire, ils donnaientdes cours uniquement en français.

Chez nous l'enseignement étaitdonné dans la langue maternelle,surtout dans les régions rurales. Lefrançais était considéré une disciplineà part. C'est tout de même trèsspécial. Chapeau aux missionnairespour ce travail. "

" Oui, et ce sont également lesmissionnaires qui sont restés aprèsl'indépendance.Tout le mondepartait, mais pas eux. Il est clair qu'ilsvenaient avec leur bonne volonté, etpas pour le profit. Ils ont forménotre génération. Il y a même eu desmartyrs, qui ont trouvé la mort auxcôté des rebelles."

pour les postes dirigeants. QuandBaudouin a offert l'indépendance auxcongolais, le discours de Lumumba aameuté la population. Il y a eu desrévoltes, tout appartenaitsoudainement aux Congolais.Lumumba était un bon politicien,mais en tant que chef d'état il acommis des erreurs. Il avait oubliéqu'il devait gouverner le pays danslequel il avait semé la rébellion."

"Dans l'ensemble, je suis fier de lamanière dont la Belgique a gouvernéle Congo. Nous y avons introduitl'enseignement. Dans l'Afriquecolonisée, cela n'a pas été faitpartout ainsi. Mais malheureusement,au moment où les tumultes sontéclaté, il n'y avait encore aucuncongolais universitaire.A l'époque lesystème d'enseignement n'en étaitpas encore là. Dans les années 55-56seulement deux congolais sont venusen Belgique pour étudier. En Francepar exemple, c'était bien différent.Avant l'exposition de 58 lesCongolais ne pouvaient pas entreren Belgique, ni pour étudier, ni pourvoyager.Après l'indépendance, c'estdevenu possible. Des accords ont étépris: 15 000 congolais sont venus enBelgique, et le même nombre debelges sont partis au Congo. Je merappelle qu'en 1960 tous lesassistants médicaux qui ne pouvaientpas devenir médecin dans leurpropre pays sont venus en Belgique."

" Oui c'est vrai, ma mère avait alorsdes problèmes de santé et alors jesuis arrivé ici."

" A propos de l'enseignement, jepeux raconter pas mal de choses. Cesont surtout les missionnaires qui s'ysont investis. Ils donnaient des coursde lecture, d'écriture et également

Page 11: Le journal de chambéry février 2016

Poulet TikkaMassala(platindien)

Ce plat estcomposé demorceauxde pouletmarinés dansdes épices etdu yaourt, puiscuits au fourdans une sauceMassala (mélanged'épices). Cettesauce contienthabituellement des tomates,de la crème simple et plusieursépices. C'est un plat populaire enoccident, où l'on considèregénéralement qu'il relève de la cuisineindienne.Aujourd'hui ce plat est servidans les restaurants du monde entier.Au Royaume-Uni, il est vu comme leplat le plus populaire. Selonl'explication la plus répandue, cetterecette aurait été inventée dans unrestaurant indien situé à Glasgow. Unclient trouvait le poulet Tikkatraditionnel trop sec et aurait demandéplus de sauce. Le cuisinier auraitimprovisé une sauce avec de la soupede tomates, du yaourt et des épices.Des bienfaits de l'improvisation!Bon appétit!

Ce dessin symbolisenos préoccupations

pour les réfugiésLa couleur rose

quitte le corps sansvie de l'enfant qui

avait droit à une viebelle et épanouie...

Joran De Ryck16 ans

Cuisine du mondePour découvrir et valoriser les richesses cachées des personnes quinous entourent, nous avons demandé à notre équipe de cuisine departager avec nous des spécialités culinaires de leur pays d'origine.Nous avons eu le choix, entre les délices du Maroc (Mostapha),d'Arménie (Alla), de Belgique (Angélique) et d'Inde (Manesh). Cettefois-ci, la parole est à Manesh et à Mostapha. Bonnes découvertes!

Salade marocaine1 poivron vert, 2 tomates, 1 concombre1 oignon, 1 cuillère à soupe huile d'olive1 cuillère à soupe huile de vinaigresel et poivre, quelques olivesLaver et éplucher les légumes, les couper en petits dés.Arroser de vinaigrette et décorer avec les olives.

Soupe de pois secs à la marocaine500g pois secs, 1/2 cuillère à café de sel1/2 cuillère à café de cumin, 8 gousses d'ail écrasées1 cuillère à café de piment douxpiment de cayenne, huile d'oliveFaire bouillir 1,5 litre d'eau dans une cocotte minute.Nettoyer les pois, les mettre dans l'eau bouillante avec sel, cumin, ail.Fermer et cuire 30mn. Laisser refroidir et mixer. Réchauffer et serviren saupoudrant avec les piments et l'huile d'olive.

Fekkas (biscuits marocains)4 oeufs, 300 g beurre, 300 g sucre glace800g farine, 1 sachet levure chimique (8g)200g amandes écrasées200 raisins secs (coupés en morceaux)Travailler le beurre avec le sucre. Rajouter peu àpeu la farine et la levure. Bien pétrir jusqu'à obtenirune pâte malléable.Ajouter les amandes et les raisins,bien mélanger.Façonner des rouleaux longs et fins, lesemballer dans du plastique alimentaire et les mettre 1 h aucongélateur. Les sortir, les découper en fines rondelles, les disposersur une plaque de four avec papier sulfurisé. Cuire à 190°dans unfour préchauffé. Les retourner pour les faire dorer des deux côtés.

A table ! • • • 11

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Ce qui devait arriver, arriva enfin. Nathalie est partie, sansgrand bruit, sans un appel au secours, ou même lemoindre pleur, bien que ce genre de départ nécessite unminimum de préparation pour un voyage qui risque dedurer plus que l'on imagine, et qui rend impossible l'idéed'un retour, ou même d'un dernier au revoir à sesproches.

Nathalie est partie vers sa dernière demeure, foudroyéepar une mort silencieuse et subite, elle n'avait pas choiside vivre seule ou de mourir ainsi; mais tel est le destin debeaucoup d'hommes et de femmes vivant seuls dans ceplat pays.

C'était ma voisine belge. Elle était encline à la solitude.Avec le temps, elle avait perdu toute capacité decommuniquer avec les gens, et elle s'est perfectionné un

passe-temps à sa mesure: insulter ce bas monde sanscoeur ni âme, démasqué comme un mensonge grossieret gratuit. Ce bas monde qui, disait elle, n'était qu'unesuite de récits rêvés et médiocres, aussitôt oubliés auréveil.

Nathalie est partie comme le jour où elle est venue aumonde, comme un éclair. Ce qu'elle répétaitmerveilleusement, c'est qu'elle avait une histoireincompréhensible et incomplète, que de nombreuseannées de sa vie se sont écoulées sans qu'elle n'aperçoivele moindre bonheur, qu'elle ne se voyait guère dans laprocréation de la vie.

Elle est partie la nuit dernière, laissant derrière elle labouteille à moitié remplie d'Ouzo, posée sur la table decuisine, laquelle témoigne du maigre repas, quelques

Nathalie Une histoire écrite par Zuher Aljobory

12 • • • Récit

Entrevue avec Zuher, collègue de Chato

Zuher habite depuis quatorze ans en Belgique. Il travaille dans notre équipe derénovation, mais avant tout il est un écrivain passionné. Dans cette édition nousprésentons un récit de sa plume. Ce texte a été écrit en iranien, traduit vers le françaispuis vers le néerlandais.

Comment en es-tu arrivé à écrire ce récit 'Nathalie' ?Dans mon pays natal, en Irak, plusieurs générations vivent sous le même toit et lesjeunes prennent soin des personnes âgées. Quand je suis arrivé en Belgique, j'ai étéétonné de voir que les personnes âgées vivent seules et que leurs enfants s'en occupentrelativement peu. Nathalie est un personnage fictif, mais elle pourrait exister vraiment.En tant qu'écrivain et membre de cette société je me pose des questions sur notremanière de vivre et de prendre soin de nos parents et aînés ...

Il y a de cela des années, tu es arrivé en Belgique comme réfugié.Que penses-tu des événements actuels?J'habite ici depuis de nombreuses années, mais quand je regarde les actualités, je suistrès triste. La guerre est quelque chose de terrible. J'ai moi-même fait la guerre en tantque soldat (la guerre entre l'Irak et l'Iran), donc je sais ce que c'est! La guerreactuellement en cours est liée à beaucoup de causes et beaucoup de responsabilités. Lanaissance de "l'état islamique" n'est pas la cause du conflit, mais plutôt le résultat d'unepolitique internationale, et de toutes sortes d'événements qui se sont produitslongtemps auparavant ... Chaque être humain a le droit à une vie en paix et en sécurité.Il est normal que les personnes se trouvant dns de telles circonstances s'enfuient à larecherche d'une vie meilleure pour leurs enfants et pour eux-même. Les autres paysdevraient ouvrir leurs frontières et accueillir les réfugiés.

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Récit • • • 13

avoir par la vie, et qu'on ne se rend compte de cettetriste vérité qu'au dernier moment; la où il est inutiled'aller nulle part, où le monde devient un minable troud'aiguilles qui ne mène pas à grand-chose." Elle abeaucoup parlé de son défunt mari, monsieur Alberto,elle disait que les conneries de Schopenhauer et de cesalaud de Nietzsche lui avaient pourri l'esprit. Pourtantson suicide n'était pas une surprise, son père l'avait faitavant lui.Alberto fut retrouvé mort dans un appartementà Bruxelles, dans un quartier à forte populationd'immigrés. C'est du moins ce que la police fédérale avaitconfirmé.

On avait beaucoup ri, elle et moi, ce jour-là. Je voyais dansses yeux que ce n'était guère des rires de joie, qu'elleavait beaucoup de peine et de mélancolie. Elle m'avaitraconté avec un rire narquois, qu'après quarante annéespassées, sa plus grande folie avait été de se marier etd'avoir des enfants.

Ma gentille voisine Nathalie est morte ce matin, aprèsavoir passée sa soirée à attendre le dernier visiteur (leProphète du Néant). Elle est partie sans avoir terminé labouteille d'ouzo, avant même de vider le vocabulaire dejurons qu'elle détenait, avant que quelconque de sesinvivables fils ne se donne la peine de lui dire un dernierau revoir. Sous la table, se tenait toujours le pauvre chien,comme intrigué par ce silence pesant...

Traduction de l'iranien vers le français:Aziz Laamarti et MlleYosra

détritus de melon jonchés ça et là, un paquet decigarettes vide. Sous la table, se trouvait son petit canicheimmobile, galvanisé par le silence des lieux. Sa gamelle àmoitié vide semblait ne plus l'intéresser.

Les trois fils de Nathalie, qu'elle n'avait pas vus depuis sixmois, ne se donnent plus la peine de venir lui rendrevisite, "ils pensent que je ne suis qu'une vermine quirisque de leur pourrir leur temps précieux," répéta-t-elleà chaque verre de trop.

Ce dernier soir, je crois qu'elle avait vu se déroulerdevant ses yeux le triste film de sa vie. Sur le parquet dusalon, elle étalait ses maigres souvenirs, ne retenait queles bons moments qui ne valent plus rien aujourd'hui: lesmoments joyeux des naissances de ses enfants, ce grandvoyage au Brésil, ce beau voyage à Madagascar, cesmoments chaleureux autour du repas pendant les fêtesde fin d'année. Je crois qu'elle s'était arrêtée au souvenirde cette table installée au milieu du triste salon, qu'elleavait chinée chez un riche artiste de Tournais, et qui s'estfait connaitre par son suicide fracassant au bord de larivière. Elle évoquait cette amie qui lui déconseillaitsouvent d'acquérir les objets des morts, pensant que çaporterait malheur, que les âmes des anciens propriétairesallaient finir par envahir les lieux comme une poussièrede malheur. J'ai vu Nathalie cette ultime nuit, se penchantpour la toute dernière fois sur son album photo, gardéprécieusement sur la table de chevet. Elle le feuilletait, lerefermait et l'oubliait aussi vite.

Elle m'avait raconté, il y a de cela deux jours, qu'elle avaittéléphoné à son grand fils Paul qui habite à Hambourgavec une allemande au nez crochu d'un coq de combat.Nathalie avait beaucoup ri, c'était plutôt des rires detristesse. Elle disait à Paul qu'elle sentait le froid de lamort l'envahir à petites doses, qu'elle sentait le besoind'être entourée par les siens, qu'elle ne voulait pasmourir toute seule, comme une bête abandonnée, et quesurtout, elle voulait qu'on s'occupe du chien.Après lamort de Nathalie, Paul, qui avait pourtant promis de venir,n'est jamais venu. Peine perdue: ni lui ni les deux autresne se sont donné la peine de rendre un ultime adieu àleur pauvre mère.

Nathalie avait passé son dernier jour à insulter ce basmonde tout en dépoussiérant le salon encombré d'objetsinutiles, tel un musée hanté par l'âme des vieux objets.Elle répétait à haute voix: 'Il semble bien qu'on se soit fait

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On est encore en hiver mais on voit déjà les joursqui rallongent... Connaissez-vous la Chandeleur, oufête des chandelles, cette très ancienne fête de lalumière du 2 février, qui est l'occasion de mangerdes crêpes? Cette tradition de célébrer le retourde la lumière après les saisons froides peut nousinspirer pour cultiver tout ce qui nous rappelle à lavie, plus encore dans les moments où notreépoque nous semble trop sombre.Voici quelquesidées pour fabriquer des lanternes et (re)mettrede la lumière partout où on a besoin!

• bocal de verre décoré, attaché avec du fil de fer• boîte de conserve trouée (avec marteau et clou)• lanterne chinoise en papier (voir schéma)• torche (à fabriquer et utiliser accompagné d'unadulte) en enroulant du tissu autour d'un bâton etl'imbibant de cire fondue(www.latoilescoute.net/fabriquer-une-torche)

14 • • • WMKJ

Fabriquer des lanternes et deslampions (ou comment apporterde la lumière en temps sombres)

Nous avons joué à ce jeu pendant les vacances d'été 2015, avecdes enfants de 9 ans à 12 ans. Nous cherchions une manièred'attirer l'attention sur la problématique des réfugiés et nousavons inventé et construit ce jeu pour pouvoir l'aborder plusfacilement. Nous avons commencé par en parler avec les en-fants et nous avons remaqué qu'ils étaient déjà bien au courant.

But du jeu : chercher le plus de moyens possibles (de l'argent,une carte d'identité, à manger, à boire...) de amener autant depersonnes que possible sur la "terre promise".

Déroulement du jeu : Ce jeu se joue dans la forêt, les enfantsconstruisent trois camps symbolisant leur pays d'origine. Pouratteindre terre promise, il faut de tout : des passeports, del'alimentation, des boissons, des vestes de sauvetage... Pour seprocurer tout cela, ils doivent envahir les autres camps et yacheter les objets dont ils ont besoin. L'argent se gagne enréussissant des épreuves. Quand ils ont réuni les objets néces-saires, ils peuvent entamer leur traversée de l'océan. Maisl'argent n'est pas facile à se procurer, et pour en économiser etgagner du temps, ils tentent parfois la traversée sans veste desauvetage... ce qui comporte des risques! Si un 7 ou un 9 sonttirés aux dés, un grand orage éclate, les bateaux sombrent, lesvoyageurs sans gilet de sauvetage se noient. S'ils mettent enfinpied sur la terre promise, mais ne sont pas encore arrivés à leurdestination précise, ils doivent tout recommencer, retournergagner de l'argent pour acheter des objets, et cette fois-citenter de s'enfuir en camion. Dans ce cas, si un 7 ou un 9 sonttirés aux dés, l'obstacle n'est pas un orage mais un contrôle, etils sont renvoyés dans leur pays d'origine :(

Que le voyage est long! Voilà une autre manière sensibiliser etcomprendre l'actualité. C'était très surprenant de voir toutesles connaissances que les enfants avaient déjà, et combien ilsdéploraient cette situation.

Le jeu des chemins d'évasion

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Week-end des jeunes

“Je kiffe le néerlandais”

Pendant les vacances de noël, nous sommesallés à Poperinge avec un groupe de jeunesfrancophones vers. Nous sommes allés enFlandre car nous voulions pratiquer notrenéerlandais avec les jeunes de l'activité ''Je

kiffe le néerlandais''. Aux côtés de quelquesjeunes de Roeselare, nous avons donné lemeilleur de nous-mêmes lors d'activités

telles qu'une promenade de nuit, un quiz etun grand jeu àYpres. Pour nos jeunes c'étaitun très bon week-end, grâce auquel ils ontpu parler uniquement en néerlandais du

matin au soir, une bonne opportunité pourpratiquer cette langue!

WMKJ • • • 15Minimonimamakamp

Quel un long titre pour un camp! Nousl'avons appelé ainsi car lors des vacances

d'automne 2015, nous sommes allés pour lapremière fois en camp avec les enfants

(mini), les jeunes (les moni's) et les parents(les mamans et papas).

Nous avions besoin de quelques jours depréparations pour ce week-end très spécial,mais tout c'est très bien déroulé. Les jeunes

et les adultes se sont bien amusés, despersonnes de différents horizons ont

travaillé ensemble et se sont entraidés.L'ambiance typique de Chambéry était

super, cela se voit sur les photos!L'équipe de WMKJ ainsi que les participantssont rentrés à la maison avec un sentiment'wouaouh!' d'avoir vécu quelque chose de

très spécial!

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Betty

16 • • • Que se passe-t-il à Chambéry ?

Saidou et MofidSaïdou et Mofid ontrécemment terminé leur contrat à Chambéry. Saidouespère se diriger vers la construction écologique. Mofidest sérieusement à la recherche de travail et espèretravailler comme ouvrier polyvalent. Nous leursouhaitons beaucoup de succès.

TeresaBonjour tout le monde,Mes 6 mois de stage à Chambéry sontmalheureusement terminés. J'ai beaucoup appris et j'ai euune belle expérience. Je souhaite remercier tout lemonde pour les belles rencontres et les chouettesconversations. Je vous souhaite encore pleins de beauxmoments à Chambéry. Je viendrai vous rendrevisite! Chaleureuses salutations,TeresaMerci beaucoup!

HousseinHoussein travaille depuis novembre chez Chato. Il estoriginaire d'Irak et parle bien néerlandais. Il habite depuis8 ans en Belgique, il a travaillé comme ouvrier d'entretienet il a suivi une formation en maçonnerie. Il aenvie d'apprendre beaucoup ici.

GrégoryGrégory a récemment rejoint l'équipe deChato. Il vient de Charleroi et habite depuis quelquesannées à Bruxelles. Il a déjà de l'expérience dans lesecteur de la construction. Durant son temps libre il joueau foot. Il est motivé pour travailler!

AGENDA•••Travail de quartier• samedi 5/03, 12h30: "Arrivés"Journée de rencontre à propos des réfugiés (infos pages 5 & 6)• samedi 19/03, 19h:Présentation du livre sur Chambéry (infos pages 18 & 19)

••• Centre de sevices• vendredi 25/03, 13:30-16:00: Fête de Pâques et fête d'anniversaire• 29/02 - 4/03: Semaine des volontaires. Nous remercionschaleureusement tous les volontaires, parce que chaque jour nous pouvonscompter sur eux!• jeudi 28/04, 13:30-15:00: Conseil de centre

•••WMKJ• 29/03-2/04: Camp de Pâques en Wallonie• 29/03-1/04: Ateliers de Pâques à Chambéry

SadorJe m'appelle Sador. Je suis étudiante en dernière année(option secrétariat) et je fais mon stage d’un mois àChambéry. Je travaille à l'accueil, ce qui me permetd'avoir un contact direct avec les gens.Tout les matins, jesuis contente de venir à Chambéry car je sais qu'il y auraune atmosphère positive où j'apprendrai énormément dechoses. Ce qui me tient le plus à cœur est le fait derendre service aux gens, ceci est une grandesource de motivation pour moi.

SanderJe m'appelle Sander, je viens du petitVillage deSt. Huibrechts-Lille (Neerpelt) dans le Limbourg. J'étudiele travail culturel social à Heverlee, et dans le cadre decette formation je viens faire mon stage à Chambéry, defévrier à juin. Mes intérêts sont principalement le sport(foot), la lecture, l'histoire et les thèmes sociaux actuels.

Yonas et FranciscoYonas de l'équipe de dépannagea eu un accident de travail endécembre. Il s'est coupé la main eta dû être opéré. La revalidation a pris du temps et il n'amalheureusement pas pu reprendre son travail avant lafin de son contrat article 60. Nous lui souhaitons un bonrétablissement et le meilleur pour son avenir!Heureusement début février Francisco est venurenforcer l'équipe de dépannage, ainsi Armen n'a pas dûcontinuer à travailler seul.

Aux collègues qui s'en vont, merci et bonne route !Bienvenue à celles et ceux qui nous rejoignent !

Chambéry : une maison pourles jeunes et les moins jeunes,dans la grande ville, avec unefoule d'activités et où tout le

monde est bienvenu.Tout ça dans un seul logo.

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Le rouge et le vert s’accordent merveilleusementet nourrissent l’action, le travail motivé et une attitudecombattive.

Les travailleurs, les volontaires et les habitantsreliés par quantités d’histoires et de possibilitésque nous continuons à semer dans le quartier.

Une activité passionnée, chronophage mais si enRICHissante.Pas de pauvreté ou d’ennui, mais de la confiance et de l'actionqui te font renaître comme un nouvel être humain.

Chambéry,Où pourrais-je m’adresser pour te retrouver ?De tels grands amours, on n'en rencontre que quelques foisdans sa vie…

La route est longue et pleinede détours.

Chambéry,Une sensation étrange mefrappe…A parts égales: oserais-je ycroire? et en même temps:j’adore!

Chambéry,Merci de m'avoir tant donné.Merci parce que j'ai eu làl'occasion de rencontrertant de personnes passionnéeset de passionnants partenairesdu quartier.

Merci de m'avoir appris à approcher la vie différemment.Merci aux collègues et aux membres du conseild’administrationvous qui avez continué à croire au concept de ‘travail dequartier intégré’même quand les autorités ne nous donnaient plus aucuneperspective.Merci également pour votre engagement à toujours œuvrerpour une société meilleurepour toutes celles et ceux qui ont mal à y trouver leur place.

A présent je dois vraiment partir…Pas de larme, pas de pincement au cœur.Sache que j'emporte avec moi d’innombrables beauxsouvenirs.

A présent je dois vraiment partir en voyage…Mais sacheque vous m’accompagnez quelque part sur mon épaulegauche,fidèles anges gardiens de Chambéry.

Chambéry,Regarde-moi pédaler à travers les rues d’Etterbeek.J’ai un Chambéry que j'aime tant...

Ode àChambéryChambéry,Mon fidèle vélo me transporte dans les ruesd’Etterbeek…Instinctivement je veux tourner dans ta rue pour arriverà la porte rougequi reste pour moisymbole de liens, desolidarité et de combativitéchaleureuses.

Chambéry,Ta cour intérieure secolore de vert,espoir d’un avenir meilleurpour les gens du quartier.Pas de quartier pauvre carcela n’existe pas, ...ni àEtterbeek, ni à Bruxelles,nulle part…'Etre pauvre' est uneinvention de notre systèmeéconomique, et nous n'ycroyons pas.

Chambéry,Ton quartier est riche: la diversité est présente danstoutes ses formes,jeunes et moins jeunes débordant de talents etcompétencesau-delà des religions, des convictions politiques et desfrontières linguistiques.Continuons à investir dans ces jeunes et moins jeunes,car ils sont notre capital sociallà où le profit signifie justice sociale et redistribution.

Chambéry,Avec ta maison arrière qui tourne au verten créant la confiance et le renouveau,tu pars pour une passionnante et longue vie.La sagesse t’es donnée,ta grande impulsion dans le quartieraccélère le rythme de ton cœur qui bat pour les gens duquartier,tous ceux qui y travaillent, y habitent, ou le traversent.

Chambéry,Tes maisons avant et arrière sont complémentaires…

Que se passe-t-il à Chambéry ? • • • 17Après plus de 20 ans, BettyD'Haenens quitte Chambérycomme force motrice, mais nousrestons dans son coeur. Avec cemagnifique texte d'aurevoir...

Betty

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Rood en groen kleuren goed samen en zorgenvoor actie, gemotiveerd werken en combattief gedrag.

Werkers, vrijwilligers en bewoners verbonden met elkaardoor een bom aan verhalen en mogelijkhedendie in de wijk blijvend gezaaid worden.

Een passionele, tijdrovende maar verRIJKende bezigheid.Geen armoe en verveling maar vertrouwen en actiewaar je als een ander mens herboren wordt.

Chambéry,Waar kan ik naar toe om jou terug te vinden?Grote liefdes maak je maar een paar keer mee in je leven…De weg is lang en kent veel omwegen.

Chambéry,Een vreemd gevoel maakt zichmeester...Gelijke delen: ongeloof enkoestering.

Chambéry,Dank omdat je mij zoveelgegeven hebt.Dank ook omdat ik hier dekans heb gehad omzoveel boeiende mensen enwijkpartners te ontmoeten.Dank Chambéry omdat je mijgeleerd hebt omop een andere wijze in hetleven te staan.

Dank collega’s en leden van de Raad van bestuuromdat jullie in het concept van ‘geïntegreerde wijkwerking’bleven gelovenop die momenten dat het beleid ons geen perspectief meergaf.Dank ook omdat jullie willen blijven timmeren aan eenbetere samenlevingvoor iedereen die het moeilijk heeft om er zijn plaats tevinden.

Ik moet nu echt vertrekken…Geen traan, geen brok in de keel.Weet dat ik ontelbare mooie herinneringen meeneem.

Ik moet nu echt op reis …Maar weetdat jullie met mij een beetje meereizen op mijnlinkerschouder alstrouwe Chambéry ‘engelenbewaarders’.

Chambéry,Zie me nu fietsen langs de straten.Ik heb een Chambéry dat ik zo gaarne zie…

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