le jansÉnisme de louis xiv

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LEJANSÉNISMEDeJanséniusàlamort

deLouisXIV

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DUMÊMEAUTEUR

Bossuet,InFine,1992.

Fénelon, in Fine, 1993, Grand Prix d’Histoire de l’Académiefrançaise1994.

Bourdaloue,InFine,1995.

Colbertetlecolbertisme,Tallandier,1997.

Louvois,lebrasarmédeLouisXIV,Tallandier,1998.

LeSoleilduGrandSiècle,Tallandier,2000,PrixHuguesCapet2000.

Massillon,InFine,2001.

LeJansénisme,François-XavierdeGuibert,2002.

LaRégence,Tallandier,2003,préfacedeMadame laComtessedeParis.

Les Savants du Roi-Soleil, François-Xavier de Guibert, 2003,préfacedeChristianPoncelet,présidentduSénat.

SaintRobertBellarmin,François-XavierdeGuibert,2004.

Les médecins du Grand Siècle, François-Xavier de Guibert,2005.

Louis XV, le mal-aimé, François-Xavier de Guibert, 2006,préfaceduprinceJeandeFrance.

Lavéritésurl’affaireGalilée,François-XavierdeGuibert,2007(réed.2010).

Luther,François-XavierdeGuibert,2008(réed.2011).

Calvin,François-XavierdeGuibert,2009.

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unvice:«auxornementsépiscopaux,ilpréfèrelacuirasseetlapique,etauxprocessionschantantes,unedouzainedecavaliersprêtsàjouerdupistolet».Lafougueduprélatluivaluttantdeplaintesqu’ilentrepritdes’expliquerendemandantàsonami,l’évêque de Bayonne, de lui trouver quelqu’un qui justifie saconduiteparunouvrageappuyésurdescitationsdesEcritures.Bertrand Deschaux demanda à Duvergier de rédiger cettejustification, ce qu’il fit avec adresse : « Usant de procédésd’argumentation qui sentent à dix lieux son éducation jésuite,puisant à pleines mains et sans discernement dans l’antiquitéprofane,lesPères,etl’histoireecclésiastique,le«solitaire»deChampré6montraitdanscettecompilationque,pourunévêqueàla recherche de la gloire divine, tout s’autorise, voire lemeurtre7…».Lelivresoulevaunimmensefou-rireetDuvergier,pouravoirécrit1’«ApologieenfaveurdeM.dePoitiers»sefitunamidecepuissantpersonnagequiluidemandadeveniràsonservice. Duvergier hésita un peu, mais, en 1617, BertrandDeschaux fut nommé archevêque de Tours en remplacementd’EtienneGaligaï,beau-frèredeConcini (lemaréchald’Ancre)que Louis XIII venait de faire assassiner à Paris : EtienneGaligaï avait jugé prudent de se retirer à Florence, et M. deBayonneluisuccéda.

C’est ainsi qu’en1617BertrandDeschauxquittaBayonnepouralleràTours,DuvergiervintàPoitierspourêtreconseillerde M. de la Rocheposay, et Jansénius repartit à Louvainrejoindre Jacques Jansson qui le pressait de revenir.Duvergierlui confia deux de ses neveux (Barcos et Arguibel) pour lesmeneràLouvainpourycommencerleursétudes.

DuvergierayantécritàJanséniusdèssonarrivéeàPoitiers,celui-ciluiréponditdeLouvain(le19mai1617)parcettelettrequi témoignede l’amitiéprofondequi existait entreeux :« Je

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vouspuisdireavecautantdecandeurquejevousai jamaisditchoseaumonde,queparplusieursfoisjen’aipuacheverdelire[votre] lettre, que les larmes ne me soient coulées des yeuxquoiquemon naturel n’y soit guère porté…Le surplus demavie,quelquepartqu’elle roule, feravoirque le changementdelieunesauraitriendiminuerdecequejevousaiconsacré,maisl’allumeradavantage…».

Dès son arrivée à Louvain, Jansénius fut nommé, grâce àl’appui de Jacques Jansson, principal du collège Sainte-Pulchérie qui venait de s’ouvrir. Il y inscrivit les neveux deDuvergier.De son côté,Duvergier progressait dans les bonnesgrâcesdeM.dePoitiersquiluidonnauncanonicatetenfitsongrandvicaire,cequil’amenad’ailleursàunconflitouvertavecles jésuitesde laville.Pour lesbonspères, làcommeailleurs,évangéliser c’était trop souvent détourner les fidèles de leurséglises habituelles au profit de leurs chapelles particulières. Ilfallut donc que le vicaire général, au début de 1620, leurrappelle « leur devoir d’assister aux offices paroissiaux aumoins un jour sur trois ». Se sentant visés, les jésuitesentamèrent une campagne contre l’évêque qui répliqua en leurinterdisantledroitdeconfesseretdeprêcherdanssondiocèse!Ayant en vain essayé de faire intervenir la Cour, les jésuitesdurentcéderetserétracterduhautdeleurschaires.

EntièrementsatisfaitdeDuvergier,M.dePoitiersluicéda8,avecletitred’abbécommendataire,l’abbayedeSaint-Cyranquivalait mille huit cents livres de rente annuelle. Duvergier deHaurannedevintdoncl’abbédeSaint-Cyran,nomsouslequelilestconnudansl’histoire,etquenousutiliseronsdèslors.

1. Jésuite (1621-1687) – auteur de « Mémoires » où ilracontel’histoiredumovementjanséniste.

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2.Baïus, ouMichel deBay, célèbre théologien catholique(1513-1589), enseigna la théologie à Louvain et participa auconcile de Trente. Il faisait reposer uniquement sur la Biblel’enseignement de la théologie systématique, ce qui le fitpersécuterparlesjésuites,quifirentcondamner76desesthèsespar le Pape. Il se soumit, mais persista dans ses opinionsaugustiniennes, que l’on appela alors « Baïanisme ». Il futchancelierdel’UniversitédeLouvain.

3.Leslettresdismissorialesdel’UniversitédeLouvainsontdu23juin1609,maisilestprobablequeJanséniusserenditaParis,puisàBayonnedes1605,etrevintensuiteàLouvain.

4. Peut-être àcause de décrets royaux (1597 et 1598) quiinterdisent aux élèves des colléges jésuites de prétendre auxgradesdel’Université(laSorbonne).

5. II entra en fonctions Ie 15decembre1612.Les jésuites,qui ambitionnaient de diriger ce collège en furent fortmécontents.

6.AutreorthographedeChamps-de-Prats.7.Exempledecitation«CequiestarrivéànotreDieupeut

bienarriverquelquefoisànosÉvêques…Quandils tuentleursennemis».

8.En1620.

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devant la tournurequeprenait l’affaire, renvoya lesadversairesdevantleRoid’Espagne.

Le2juin1624,leConseildel’Universitédécidad’envoyerun agent à la Cour de Philippe IV. Son choix se porta surJansénius qui parlait français et espagnol, et était libre de sesmouvementsdepuissadémission.Aprèsquelqueshésitations,ilaccepta et reçut ses lettres de créance le 11 juillet 1624, ainsiqu’unmémoireenlatinàprésenteràSaMajestéCatholique.IlarrivaàMadridle23septembre,fitremettreauRoilemémoiredel’Université,etconclutque«leRoidoitdoncinterdiretouteinnovationtantqu’iln’aurapasétéinformédesdroitsdesdeuxparties».PhilippeIVluidonnaraison,etécrivitle3octobreàl’Infantelapriantdenepaspermettre«quelesreligieuxdelaCompagnie de Jésus en Louvain ouvrent école publique desArtsnidethéologieenleurmaison».

Jansénius resta à Madrid, à la demande du Recteur del’UniversitédeLouvain,jusqu’enavril1625.Ilsignalatoutefoisque la victoire n’était que précaire, et pouvait être remise encauseà toutmomentpourdes raisonsdebienpublic. Il quittaMadrid le 3 avril 1625, s’arrêta à Paris le 10 mai et arriva àLouvain le 16, où il fut félicité, et reçut une gratification dequatrecentflorins.

L’affaire n’était pas finie, les jésuites étaient puissants etpatients.Le16septembre,l’Infantenotifiaàl’Universitéqu’elleaccordaitàlaCompagnieuneleçonextraordinairedethéologieauseinmêmede l’Université.Sur lesprotestationsvéhémentesdes professeurs, cet accord fut suspendu le 4 février 1626, etJanséniusfutpriéderetournerenEspagne.IlrevintdeParis,oùilsetrouvait,àLouvain,puisrepartitpourMadridqu’ilatteignitle17mai.

Les démarches furent longues, les jésuites plaidaient que«puisquelaleçonaccordéenecausaitdepréjudiceàpersonne,

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il n’y avait pas de raison de la suspendre ». L’Université deLouvain demandait le maintien de ses privilèges, soutenue ensecretparl’UniversitédeSalamanque,quicraignaitégalementlamain-mise des jésuites. Le 12 octobre 1626, une lettre royaleordonna que le procès serait instruit en Flandres. L’Infantepourrait ensuite le juger ou le renvoyer en Espagne… Entretemps,laleçonextraordinaireresteraitsuspenduesilesÉtatsdeBrabantledemandaient.

JanséniusmitàprofitsonséjourenEspagnepourvisiterlesUniversitésd’Alcala,deSalamanqueetdeValladolidquiavaientlesmêmessoucisaveclesjésuitesquel’UniversitédeLouvain.Il leur exposa comment les conquêtes universitaires de laCompagnie en Allemagne, Pologne, Lorraine, Bohême étaitprémonitoires. « Serrons les rangs » concluait Jansénius,«contrelesennemiscommuns».Cespropos,quirevinrentauxoreillesdespèresjésuitesdeSalamanque,lefirentdénoncerparceux-ci comme un ennemi de la Compagnie. Ils l’accusèrent«d’avoir dit que la doctrine de la Compagnie favorisait leshérétiques,etqu’elleétaitsuspected’hérésie».LeP.delCanoledénonçaàl’InquisitiondeSalamanque,écrivantqu’ilespéraitqu’ilseraitarrêté,etque«onluimettraitdesfersauxpiedsetunfreinàlalangue».

Prudemment, Jansénius repartit pour la France débutmars1627. Il arrivachezSaint-CyranàParis le29mars, et revintàLouvainverslafind’avril,oùilfitundiscoursàsescollègues,qui l’acclamèrent, prônant « une croisade de toutes lesAcadémiespourl’abolitiondesbullesdePieV».

Jansénius,l’universitaireetlecombattant

En juin 1627, Jansénius loua à Louvain « assez bon

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marché… une maison spacieuse… avec un jardin aussi grandque celui de Sainte-Pulchérie ». Le médecin de l’Infante,Trévisius,quiétaittrèsriche,l’encourageaitàcréerungroupedethéologiens,àl’imagedelaSorbonnedeParis.Ennemiacharnédesjésuites,TrévisiusespéraitqueserassembleraientautourdeJansénius«lesdocteurslesplushostilesàlaCompagnie,quisetrouvaientêtreaussilesplusbrillants».

Le 29 septembre 1628, Jansénius fut élu « régent » de laFaculté.Ilprononçaàl’occasiondelaprestationdesermentunsermonremarquable,quifitdireàl’archevêquedeMalinesque,s’illepouvait,illeprendraitcommecoadjuteur.Avecceposte,Jansénius était enfin délivré des soucis matériels, et putconsacrertroisheureschaquematinàL’Augustinus.Lerestedela journée était pris par ses devoirs de régent : « examens,administration de la Faculté, organisation de disputesthéologiques », administration de diverses fondations, et, àpartirde1630, lapréparationde sescoursd’Écriture sainte. IlétaitégalementfréquemmentchargédereprésenterlaFacultédeLouvainàBruxelles,lorsquelavilledeLouvainvoulaitattribuerdespostesdeprofesseuràsescandidats«nonidoines».

Il assurait aussi des consultations théologiques, quil’opposèrent périodiquement aux jésuites. C’est ainsi qu’audébut de 1630 il signa une consultation qui risquait del’exposer,ainsiquel’Université,àl’accusationdegallicanisme,endéfendantlapositiondecertainesdesBénédictinesAnglaisesdeBruxellesquidésiraientneplusavoirdeconfesseursjésuites.

Entantquepremierprofesseur,Janséniusdut,enavril1631,composer une harangue pour le Cardinal-Infant, lors de sonentréeàLouvain3.Ilprononçaenseptembre1633lesermondeprofession d’une carmélite, fille d’un conseiller bruxelloisimportant, devant une assistance choisie. Toujours en 1631, il

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d’avoirprisl’idéedeleurdoctrined’Origèneetdesphilosophespaïens pour introduire dans le christianisme un état de purenature. Le septième dit que l’horreur de la prédestination futl’originedu semi-pélagianisme,car lespélagiens la regardaientcomme capable de causer le désespoir et d’éteindre la prière.Enfin le huitième livre est un exposé de la doctrine des semi-pélagiensqui,ditJansénius,«partageaientlavolontédeDieuenabsolue et conditionnelle ». Il y traite les jésuites de semi-pélagiens.

Deuxièmepartie

Cette deuxième partie contient neuf livres. Le premierattaque avec vigueur la théologie scolastique prétendant « quec’est une science vaine qui fait plus de philosophes que dechrétiens».Janséniusreprocheauxscolastiquesdechercher lavérité par des raisonnements humains, et de s’écarter des vraischeminsquesont lesconcileset lesPères,et leurconseilledel’imiter dans l’étude et la connaissance de SaintAugustin. Ledeuxième livre est une explication de la grâce d’Adam et desanges. Il amène une discussion sur la nature de la grâce duSauveuretdecelleduCréateur.

Le troisième livre tented’expliquer lanaturecorrompueenattribuanttroisnotionsàSaintAugustin:

–Laconcupiscenceestproprementpéché;– Ce n’est que par la concupiscence que se fait la

propagationdupéchéoriginel;–CettepropagationnesefaitpasparunpactedeDieuavec

Adam,maisparl’étatdenaturecorrompue.Le quatrième livre contient les peines du péché de nature

corrompue : lesmouvements involontairesdeconcupiscenceet

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la pente vers laCréature, ce qu’il appuie par des principes deLuther et de Calvin. Les cinquième et sixième livresrenouvellentladoctrinedeBaïusenaffirmantquelesvertusdespaïensnesontquedesvices,etquetoutcequisefaitsanslafoioffense Dieu. Le septième décrit l’état de pure nature, et lehuitièmeconclutquelabéatitudenaturelleestimpossible,qu’onnepeutaimerDieunaturellement,quel’amourdelavéritéetdelajusticenepeutêtrequ’uneffetdelagrâcedeDieu,alorsquel’amour naturel de Dieu et de sa justice ne peut être qu’unamourdeconcupiscenceetl’effetdupéché.

Enfin, le neuvième livre prétend qu’on imputerait à lacruautédeDieul’étatdepurenatureetquecetétatautoriseraitl’erreurdesmanichéens2.

Troisièmepartie

C’estun traitéde lagrâceduRédempteur.Lepremier livrefaitl’élogedecettegrâcequ’ilappelle«libératrice»etaffirmequelelibrearbitren’estdélivrédelaservitudedupéchéqueparcette grâce. Il distingue deux classes de la grâce : celle de lavolontéetcelledel’entendement.Ledeuxièmelivre«expliquelanaturedelagrâcedelavolonté,quiestlaseulepresquequ’ilreconnaisse, et il établit le fondement de la distinction de cesdeux grâces : celle du Créateur et celle du Rédempteur ». Letroisième livre est une charge contre la grâce suffisante et sessuites, c’est-à-dire lamort de Jésus-Christ pour tous, ce qu’ilconteste.Lequatrièmeet lecinquièmeétablissent lanotiondegrâce efficace, qui est toujours victorieuse. Le sixième et leseptième livres démontrent que la liberté est détruite par cettegrâce victorieuse. Enfin, les trois derniers traitaient de laprédestination.

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Ensubstance,dansceténormeouvragedemille troiscentspages, Jansénius expose une doctrine que Jean Delumeaurésumeainsi:«Avantlafautelavolontéd’Adampenchaitverslebien. Il lui fallait pourtant la grâce« suffisante», car l’œil,même sain, a besoin de la lumière pour voir. Depuis le péchéoriginel, l’homme ressemble à un œil malade et la grâce quisuffisaitneluisuffitplus.Illuifautlagrâceefficacequiguéritet rend assez fort pour préférer la délectation céleste à ladélectation terrestre. Une telle grâce n’existe pas sans la foi :d’où il suitque,pour JanséniuscommepourLutheretCalvin,lesbonnesactionsdesinfidèlessontautantdepéchésmortels.

Aucun commandement de Dieu n’est irréalisable des lorsque lagrâceefficaceestaccordéeà l’homme,carelleest toutepuissante.Maisellen’estpastoujoursdonnée,mêmeàceluiquiprie. Saint Pierre, en reniant trois fois Jésus, amontré ce quepeut la bonne volonté sans la grâce. Celle-ci étant un dongratuit,Dieuchoisitceuxqu’il sauveetceuxqu’ilabandonne.Avantlafauteoriginelleilvoulaitsauvertousleshommesd’unevolonté « antécédente de bonté ».Depuis le péché, sa volonté«conséquente»estdevenueunevolontéde«justice»quipunit,n’exceptant du jugement que les prédestinés. Jésus n’est pasmortefficacementpourtoutel’humanité».

L’«Augustinus» relançait donc la querelle – qui duraitdepuisleVesiècle–surlagrâceetlaprédestination.AudébutdeceVesiècle, lePapeInnocent Ier avaitcondamné3 les idées

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« de ne point se laisser embourber dans ce marécage d’âmequ’estuncouventdemoniales»7.Ilavaittort,etlejansénismeallaitsedévelopperdanslesolfertiledePort-Royal.

«PétrusAurélius».

Depuis le règne d’Elisabeth Ière, il n’y avait plus, enAngleterre,d’évêquescatholiquesromains.LepapeUrbainVIIIpritladécisiond’ynommerunmétropolitain;ilchoisitRichardSmith, amideRichelieuetgallicandans l’âmepourdiriger cequirestaitdeclergécatholiquedansl’île.

Dès son arrivée enAngleterre, le nouveaumétropolitain setrouva en butte aux attaques des jésuites qui lui refusaient ledroit de les contrôler, arguant qu’ils relevaient directement duSaint-Siège. Richard Smith demanda de l’aide à l’épiscopatfrançaisquiréponditauxjésuitesparlebiaisd’uneséried’écritsd’unmystérieuxPeterAurélius,entre1631et1633.

Lesargumentsprincipauxdesjésuitesétaient:– Les évêques qui ne sont pas souverainement saints sont

plutôtdansunétatmisérable.–L’étatRégulier(c’est-à-diredesordresreligieux)enferme

essentiellementetdedroitdivinunepuretépareilleàcelledesanges.

–Laconfianceenlapuissancedusacrementdeconfirmation(délivréparlesévêques)peutêtrepérilleuseauxâmes.

Doncleriten’estrien,etlaspiritualitéesttout.Lereligieuxpropage sa sainteté, l’évêque ne peut que communiquer uneprobabilitédesalut.

PeterAuréliusrépondit:«Toutessortesdepasteursaveclepeuple ne composent pas une Église, mais les Pasteurssupérieurs, puisque l’Église est dans l’Évêque et que l’Évêque

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estdansl’Église;euxseulsontunepuissance,aulieuquelesmoinesetlesréguliersn’enontqu’uneempruntée».

Puislacritiquesefitplusâpre.PeterAuréliusreprochaauxbonspères:«Iln’yariend’admirablecommeladifférencedevotreconduiteselonladifférencedestempsetdeslieux:vousêtestoujoursprêtsàtournerselonlevent».Enfin,faisantappelà l’Histoire, il rappelait que lorsque lemoineAugustin, qui lepremier évangélisa les anglais « a été sacré évêquedes anglaispar les évêques de France… il est devenu Père et Apôtre del’Église d’Angleterre, c’est-à-dire son Fondateur. On doit direde même de tous les évêques, tant des premiers que de leurssuccesseurs».

Les jésuites répliquèrent faiblement que les décrets desévêquesn’étaientpasdesdogmes,mais les jésuites français sedésolidarisèrentdelapositiondeleursconfrèresanglais.

QuiétaitPeterAurélius?Nicoleaécrit«quelquesoinqueM.deSaint-Cyranpritd’éloignerdeluiunsoupçonsiglorieux,les jésuites formèrent dès lors une résolution constante dedécrier comme hérétique et lui, et tous ceux qui suivaient sessentiments ». Saint-Cyran refusa toujours de dire qu’il étaitPeterAurélius, toutefois JeanOrcibalest catégoriqueet écrit :«L’inconnun’étaitautrequeSaint-Cyran,aidéparJansénius…Illuiarrived’accusertoutlecorpsdestupiditéetd’ignorance8.Maisilinsistebeaucoupplussurl’orgueilinouïquelaSociétémanifestedansledomaineintellectuel,commedansledomainereligieux:delàvientl’opiniâtretéqu’ellemontreenrefusantdejamaiscondamnerleserreursd’undesesmembres…

Ces défauts sont étroitement liés à une ambitionuniverselle:instruitsdupouvoirdel’argent,ilslaissentvoirunhonteuxespritdelucre,etdéploientpourtantunluxeinsolent…

…nonmoinspersuadésdel’importancedel’éducation, ils

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usent de tous lesmoyens pour attirer chez eux plus d’enfantsqu’ils n’en peuvent élever : leur seul désir est de ruiner lesUniversitésetd’établirleurmonopole…».

Onvoitque«PeterAurélius»n’yallaitpasdemain-morte,et que ses écrits contre les jésuites allaient bien au-delà de ladéfensedeRichardSmith.Onpeut penser queSaint-Cyran seposait en défenseur de la tradition de l’Église, et réagissaitvivementàcequ’ilpensaitêtreuneentreprisededémolitiondel’autoritédesévêques,successeursdesapôtres.

L’apologie de la hiérarchie catholique fut particulièrementbienaccueillieparl’ÉglisedeFrance.Ledoyendelafacultédethéologie de Paris fit imprimer et distribuer l’œuvre de PeterAuréliusavecl’appuidel’AssembléeduClergéde1633.

En mars 1633, devant l’hostilité générale, les jésuitesfrançais capitulèrent avec adresse. Ils désavouèrent les livresanglaiscomme«n’ayantpasétécomposésparaucunreligieuxdeleurCompagnie».

Les remerciements vinrent aussi de Londres, mais surtoutdes professeurs de Louvain qui déclaraient irréfutables lesargumentsdudéfenseurdelahiérarchie.

Cette querelle, qui se terminait par une victoire totale desévêques, illustre l’importancequ’avaientpris les réguliersdansla vie de l’Eglise de laContre-Réforme.Brémond a écrit avecraison : « Plus je tâche d’éclaircir le mystère du Jansénisme,plus j’incline à croire que parmi les raisons séminales del’étemelle agitation jansénisante, le conflit entre séculiers etréguliers est une des plus virulents… (Saint-Cyran) est, avanttout,levengeurduclergéséculier».

Audébutde1636,Angélique,quiétait lasséeetdeZamet,et de son Institut du Saint-Sacrement, demanda en secret àl’archevêque de Paris qu’il l’autorise à retourner à Port-Royal

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Baïus, que ce soit pour ou contre. L’internonce demanda aurecteur de l’université de Louvain d’arrêter l’impression, lerecteur refusa ; le nonce se plaignit à Rome, au cardinalBarberini, neveu du Pape, qui lui demanda d’interdire laparutiondulivre.

Méfiants, Fromond et Calénus firent doubler la quantitéd’ouvriers imprimeurs qui travaillaient sur l’Augustinus, et lespremiers exemplaires (en trois tomes) furent expédiés enHollande(probablementaudébutde1640).

Averti,lePageUrbainVIIIfitparaîtreundécret(le19juillet1640) pour l’interdit et la suppression du livre, et l’envoya àl’universitédeLouvain,quirépondit«Qu’ellen’avaiteuaucunepart à l’impression du livre de l’évêque d’Ypres, qu’elle n’yprenait aucun intérêt, et qu’elle était en état de se soumettre àtoutcequ’ilplairaitauPapedeluiordonner».Desoncôté,lerecteurdel’Universitéfitdoucementremarqueraunonce«quel’Université n’avait aucune autorité sur l’imprimeur qui avaitprissesprécautionspourlespermissionsnécessaires».

Pendant ce temps, l’impression continuait et le livre deJanséniussevendaitàlafoiredeFrancfort.Onappritaussiqu’ilétait en cours d’impression à Paris, avec l’approbation dequelquesdocteursdeSorbonne…

L’Augustinus fut reçu avec enthousiasme dans les paysprotestants, et en particulier en Hollande où on le trouva« conforme aux sentiments de Calvin » sur la grâce et laprédestination.L’épiscopatdesPays-Bas lui fit bonaccueil, etenparticulierl’archevêquedeMalinesdontleP.Rapinditavecaigreur « qu’il avait autorisé ce livre dont il n’avait pas lu unseulmot,nesachantpasmêmedequoi il traitait,etn’ayantniassez de lumière de son fond, ni assez de capacité pour enjuger ». En revanche, à la demande des jésuites, l’Inquisitionespagnolecensural’ouvrageeteninterditlavente.

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Notes

Nouscitons,ci-dessous,quelquesextraitsde l’Augustinus,dans lesquels Jansénius donne libre cours à son admirationprofondepourSaintAugustin.

«SaintAugustin a fondé les quatre dogmesprincipauxduchristianisme : l’unité du chef de l’Église, l’unité du corps del’Église, l’unité du sacrement de l’incorporation (Baptême),l’unitédelagrâce».

«Lepremierilaouvertauxfidèlel’intelligencedelagrâcedivineetduNouveauTestament2».

« La doctrine de Saint Augustin sur la grâce de Dieu estévangélique,apostolique,catholique,d’uneirréfragableautorité,écriteaunomdetoutel’Église,aumilieudusilencedetouslesthéologiens3».

«Cette doctrine a été approuvée en termesmagnifiques etconsacréepar lesPontifes romains Innocent,Zozime,Célestin,Léon,Hormisdas,FélixII,JeanII4».

« Augustin surpasse tous les écrivains latins et grecs parl’abondancedesdonsnaturelsetsurnaturelsdel’esprit5».

«IlestsemblableàPaulparlaconversionetl’élection,parlaconnaissanceetl’enseignementdelagrâce6».

«Lesdocteursquisontvenusaprèslui,mêmeSaintThomas,ontapprisd’Augustinlagrâceetlathéologie7».

«Augustinafixédanssesouvragesleslimitesdelasciencevraimentthéologique8».

«AugustinestlePèredesPères,leDocteurdesDocteurs,lepremier après les écrivains inspirés, vraiment sûr entre tous,subtil, irréfragable, angélique, séraphique, excellent, admirableaudelàdetouteexpression».

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Après cet éloge, il ne restait plus qu’à proclamerl’infaillibilitédeSaintAugustin.Janséniusn’ymanquepas:

« Il appartient à l’Église de proposer et d’exposer auxchrétiens les articles de la foi combattus par les hérétiques ouobscurcis par la négligencedeshommes.Mais dans les débatssur la grâce, par un changement de rôle que Dieu a permis,Augustin, vase d’élection choisi pour cette mission par leSeigneur,dèsleventredesamère,Augustinarenducetofficeàl’Église. Dans toutes les questions dogmatiques, les Docteursontcoutumedetirerdel’Égliseleurscienceetledécretsuprêmequifixe lavérité. Ici,aucontraire, l’Église tiresascience,nonpas de tous les Pères et docteurs qu’elle consulte d’ordinairepour terminer les controverses, mais de Saint Augustinseulement…Nousmontreronsquelaplupartdesvéritésdontondisputeaigrementencesiècle,ontétédéfiniescomme:de foicatholiqueparSaintAugustinetparl’Église9»

Mais si la doctrine de Saint Augustin est infailliblementvraie, les scolastiques qui reproduisent cette doctrine n’ontpoint à redouter les attaques des adversaires de leurenseignement. Ils croient reproduire la doctrine du Maître,répondJansénius:orilsn’yentendentrien.

« Je fus épouvanté, je l’avoue, plus qu’il ne peut se dire,écrit-il, quand je vis bien clairement avec quel manqued’intelligence les plus graves chefs de sa doctrine avaient ététirésetcommetordusparlesmodernesendessenstoutopposésau véritable ; avec quel aveuglement, plus d’une fois, ce qu’ilcombattait avait été pris pour ce qu’il alléguait, et des erreurspélagiennesplusdedixfoisproscritesparlui,avaientparudesvéritésaugustiniennes;comment,enfin,lesobjectionsqu’onluiavait faites étaient acceptées et avaient cours comme étant sespropresréponses,sessolutionsmêmes».

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intelligentetplusfortquelui:Richelieu,inquietdel’influenceque prend cet abbé dans les cercles qui veulent sa démission,voiresonexilousamort,lefaitemprisonneràVincennes.C’estlàlecoupd’arrêtàl’ascensiondeSaint-Cyranquisanctionnesaseuleerreur :nepasavoircomprisqueLouisXIII soutiendraittoujourssonministre.

Saint-Cyran sortira usé et brisé de sa prison, mais il ygagnera l’auréole du martyr auprès de ses fidèles, qui nereprésentaient toutefois « qu’une trentaine d’âmes d’élites,presque toutes engagées, du moins de fait, dans l’étatreligieux».Eneffet,ilauratoujoursrenoncéàagirsurlamassedesfidèles,l’insertiondesadoctrinedanslapratiqueneseferajamais. La mort de Bérulle le prive, à tout jamais, de trouverdans l’épiscopat le«remèdeàsesoutrancesde théoricien».Ilse repliera sur un idéal de mortification, donnant la premièreplace, non à l’ascèse,mais à la souffrance, dont – selon lui –l’acceptation joyeuse est l’application de son grand principe :dépendredeDieu3.

Aussi,aumomentdesamort,s’étaitforméautourdeSaint-Cyran un petit groupe d’un dévouement absolu. Il comprenaitdesthéologiens,dontl’abbédisait«Ilsferontplusdepeineauxjésuites que moi », les religieuses de Port-Royal, quelquesgrandesdamespieusesetriches4,lesSolitaires,etlesélèvesdesPetitesEcoles.Besaigneaécrit:«OnétaitdePort-Royalsansyêtre…, ce n’était qu’une conformité de piété… entre despersonnes dispersées de tout côté ». Sainte-Beuve a noté quec’estchezlesParlementairesquesesthéoriesonttrouvéleplusd’écho. Censeurs acerbes de la décadence du clergé, ilsvoyaient,danslesidéesdel’abbé,despossibilitésderéforme.

PasplusqueJansénius,Saint-Cyrannedonna jamaispriseauxaccusationsd’hérésiequesoulevèrentcontreluilesjésuites.

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Jamais un de ses ouvrages ne fut censuré par la Sorbonne, nicondamnéparRome.Sainte JeannedeChantal l’appelait «unsainthommetoutapostolique,quisouffraitpourlavéritéetpourlajustice».SaintVincentdePaulvintleféliciter,àVincennes,àlanouvelledesalibération.Onnepeutdoncpasleconsidérercomme un hérésiarque, puisqu’il n’a jamais été convaincud’hérésie,nimêmed’erreur.

1.Arnauld(III),Iethéologien,filsd’Arnauld(II)l’avocat.2. Grégoire VII a appelé l’Église de son temps

« senescentem mundum » et Saint Bonaventure, « Ecclesiamfinalem».

3.Saint-CyrandisaitàsondiscipleLemaistre:«S’humilier,souffrir,etdépendredeDieu,esttoutelaviechrétienne,sil’onfaitcestroischosescontinuellementettouslesjours,avecjoieettranquillitéaufonddel’âme».

4.Onlesappelaitles«Mèresdel’Église».

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CHAPITRE9

NicolasCornetdemandel’examendecinqpropositionsextraitesdel’Augustinus–

Étudedecescinqpropositions

L’échecdesjésuitesdansl’affairedulivred’Arnauld(deLaFréquente Communion), qu’ils n’avaient pu faire condamner,avaitlaisséàlaCompagnieungranddésirderevanche.Racineditàcesujet:«Ilparaîtbien,danslesoinqu’ils[lesjésuites]prirentdeperpétuerlaquerelleetdetroublertoutel’Églisepourunequestionaussi frivolequecelle-là,quec’étaiteneffetauxpersonnes qu’ils en voulaient, et que leur vengeance ne seraitjamais satisfaite qu’ils n’eussent perdu M. Arnauld et détruitune sainte maison [Port-Royal] contre laquelle ils avaientprononcécetarrêtdansleurcolère:Exinanite,exinaniteusquead fundamentum in ea».En somme, selon l’auteurdePhèdre,onrevenaitauxtempsdesAtrides!

Entre1644et1646,Arnauld(III)fitparaître troisouvragesdedéfensedel’œuvredeJansénius,quieurent,ditRacine,«unprodigieux succès », et dont personne ne mit en causel’orthodoxie.Enragésparcesuccès,lesjésuitespréparèrentunecontre-attaque;ilschoisirentpourciblel’Augustinus,etcommechefNicolasCornet.

C’estunchoixhabile,docteurenthéologie,grandmaîtreducollègedeNavarre,syndicdelaSorbonne,c’est-à-direchargédecontrôler lesdoctrines soutenuesdans les thèsesprésentées en

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Après en avoir délibéré, l’Assemblée décide « que laConstitution(labulleCumoccasione)avaitcondamnélescinqPropositions comme étant de Jansénius et au sens deJansénius».ElleeninformaparlettrelePapeet lesprélatsduroyaume.

Innocent X répondit le 29 septembre 1654 par un brefadresséàl’Assembléegénéraleduclergé,parlequelildéclaraitque la bulle du 31mai 1653 avait « condamné dans les cinqPropositions ladoctrinedeCornélius Janséniuscontenuedanslelivreintitulé«Augustinus».

LeFormulaire

Enmai1655,une réuniond’évêquesdécidad’envoyerunelettre à tous les prélats pour leur donner connaissance de ladéclaration d’innocent X, en y joignant une copie de la bulle«Cum occasione ».De plus, « pour arrêter le cours d’un desplusgrandsmauxdont l’Églisepeutêtreaffligée,ondécidadelesconvieràfairesouscrirelabulleetlebrefdeSaSaintetéparles chapitres, les recteurs des universités, par toutes lescommunautés séculières et régulières, par tous les curés etbénéficiers de leurs diocèses, et généralement de toutes lespersonnesquiétaientsousleurcharge».C’estdelàquenaquitlecélèbreFormulairequi fut renduexécutoirepar l’Assembléeduclergéde1656.VoiciletextedeceFormulaire:

« Je me soumets sincèrement à la constitution du PapeInnocentXdu31mai1653,selonsonvéritablesens,quiaétédéterminéparlaconstitutiondenotreSaint-PèreAlexandreVIIdu16octobre1656.

«Jereconnaisquejesuisobligéenconscienced’obéiràcesconstitutions,et jecondamnedecœuretdeboucheladoctrine

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descinqpropositionsdeCornéliusJansénius,contenueensonlivreintituléAugustinus,quecesdeuxPapesetlesévêquesontcondamnée,laquelledoctrinen’estpointcelledesaintAugustinque Jansénius a mal expliquée contre le vrai sens de ce saintdocteur».

De son côté, Arnauld affirmait que les cinq Propositions«avaientétéforgéesparlespartisansdessentimentscontrairesàceux de saint Augustin ; qu’en les attribuant à Jansénius, onimposait des hérésies à un évêque catholique qui a été trèséloigné de les enseigner ; qu’il avait lu avec soin le livre deJanséniusetn’yavaitpointtrouvécespropositions».Deplus,avecl’aidedeLemaistre,ilbâtissait«lagrandequestiondufaitet du droit, vraie thèse d’avocat, qui devint une logomachieinterminable».

Le31janvier1655,leducdeLiancourt–ungrandseigneur– sevit refuser l’absolutionpar l’abbéPicoré,prêtredeSaint-Sulpice. Venant d’achever une confession détaillée, l’abbé luidit:«Vousnemeparlezpointd’unechosedeconséquence,quiestquevousavezchezvousunjanséniste,unhérétique;vousnemeparlezpointnonplusd’unepetitefillequevousfaiteséleverà Port-Royal, et du commerce que vous avez avec lesMessieurs ». Le pénitent refusa de s’en accuser et quitta leconfessionnalsansabsolution,ilallaseplaindreàM.Vincent2,ami du curé de Saint-Sulpice, qui promit de s’occuper de

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l’affaire ; le curé répondit que quatre célèbres docteurs enSorbonne, consultés par lui sur le cas de M. de Liancourt,étaient d’avis que le confesseur était bien fondé à lui refuserl’absolution. Toutefois, il fut permis à M. de Liancourt decommunier,àsaparoisse,«s’iltrouvaitailleursdesconfesseursmoinsscrupuleux».

Informédel’incident,Arnauldsautasursaplumeetrédigead’un trait sa « Lettre à une personne de condition »3 où ilblâmait«latéméritédecesprêtresqui,sansautorité,s’arrogentledroitderetrancherdelacommuniondel’EgliseMessieursdePort-Royal ». Il finissait en engageant M. de Liancourt à« s’estimer heureux d’avoir souffert pour la justice une siviolentepersécution».

Les réponses à cette « Lettre… » poussèrent le GrandArnauld (on commençait à l’appeler ainsi) à publier sa«Secondelettreàunducetpair»4.IlysoutenaitquelescinqPropositionsavaientétéfabriquéesdetoutespièces,etn’étaientpasdeJansénius,nidansJansénius.

LaSorbonnes’emparadel’affaire,etlesdisputesfirentrageentre les docteurs orthodoxes et les jansénistes. La Facultédemandait à Arnauld de se soumettre « simplement et sansdétour,aujugementduPapeetdesévêquescondamnantcommehérétiqueladoctrinedeJansénius».

Arnauldrefusa.IlfutcensuréetexcludelaSorbonnele31janvier1656.

« Certainement, disait le décret, la Sacrée Facultésouhaiteraitde toutsoncœurqu’encondamnant ladoctrinedeM.Arnauld,ellepûtépargnersapersonne,quiluiesttrèschère,commeunfilsàsamère.C’estpourquoiellel’asouventexhortépar des amis de venir aux Assemblées, de se soumettre à samère,d’abjurercettefausseetpestilentedoctrine,deprendreles

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Port-Royal ? «Si toutes lesProvinciales étaient vraies commecette assertion-là, répondSainte-Beuve, il ne faudrait pas trops’étonner que de Maistre eût mis à côté du « Menteur » deCorneillecequ’ilappelleles«MenteusesdePascal».

Voltairearenducejugement :«Ilestvraiquetout le livre[lesProvinciales]portait surun fondement faux : on attribuaitadroitement à toute la société4 les opinions extravagantes deplusieursjésuitesespagnolsetflamands:onlesauraitdéterréesaussi bien chez des casuistes dominicains et franciscains. Ontâchait dans ces lettres de prouver qu’ils avaient un desseinformédecorromprelesmœursdeshommes,desseinqu’aucunesecte,qu’aucunesociétén’ajamaiseuetnepeutavoir.Maisilne s’agissait pas d’avoir raison, il s’agissait de divertir lepublic».

Bien qu’ayant ébauché une dix-neuvième Provinciale enavril1657,Pascalarrêteralasériedeceslettres,déclarantqu’iln’avait plus qu’un seul souci, « La paix et la vérité ». Il secontentera,danslesmoisquisuivrontd’aidercertainscurésdeParis à rédiger des écrits contre lamorale relâchée, dénonçantlesavantagesqueleshérétiquestiraientdansleurcombatcontrel’Églisedelamoraledescasuistes,etopposant«àladuplicitédesenfantsdusièclelasimplicitédesenfantsdel’Évangile».

Peuàpeu,ilvaseretirerdetoutescesluttesetcesdisputesoùlacharitéetl’humilitésontlespremièresvictimes.Ilécrira:«Cetétrangesecret,danslequelDieus’estretiré,impénétrableàlavuedeshommes,estunegrandeleçonpournousporteràlasolitude,loindelavuedeshommes».

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1.Secondelettreàunducetpair.2.DucollègedeNavarre,àParis.3. On peut résumer ainsi la doctrine du probabilisme : Il

était de tradition dans l’Église, lorsqu’il existait deux ouplusieursopinionsdethéologienssurunsujetdonné,«quel’ondevaittoujoursadopterl’opinionlaplussûre,lorsquel’opinionopposéeétaitégalementprobable;etqu’àplusforteraison,l’ondevait lui donner la préférence, lorsqu’elle était la plusprobable».Or,en1577,undominicain–BarthélémydeMédina–avaitavancélathèseselonlaquelle«onpouvaitensûretédeconscience, préférer l’opinion la moins probable à celle quil’étaitdavantage».Rapidement,cettedoctrineserépanditsousle nom de « probabilisme », et, en 1598, un jésuite, le pèreVasquez, laprofessapubliquement.Trèsvite,ungrandnombredecasuistes,jésuitespourlaplupart,affirmèrent«qu’ilsuffisaitd’unseulécrivainpourrendreuneopinionprobable»!

4.SociétédeJésus.

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CHAPITRE12

LasignatureduFormulaire.MortdeMazarin.PrisedepouvoirpersonneldeLouis

XIVquihaitlesjansénistes

On se souvient que l’assemblée du clergé de 1656 avaitrenduobligatoirelasignatureduFormulairepar«leschapitres,les recteurs des universités, par toutes les communautésséculièreset régulières1, par tous les curés et bénéficiers [des]diocèses, et généralement par toutes les personnes qui étaient[souslachargedesévêques]».

Les deux dernières Provinciales de Pascal s’opposaient àcette signature. Certes, disait-il en substance, les cinqpropositions sont condamnées, mais il n’y a pas d’hérésie àsoutenir qu’elles ne sont pas dans Jansénius, puisque,effectivement,ellesn’ysontpas.Ilsoutenaitaussique,sauflesfaits immédiatement révélés de Dieu dans l’Écriture ou latradition, l’Église peut se tromper à l’égard de tous les autresfaits, notamment de savoir si les cinq propositions sont dansJansénius,etdoncquel’onn’estpastenudes’enremettreàelleàcesujet».

Le Maîstre, un autre des Solitaires de Port-Royal, ancienavocatdetalent,vintausecoursdesesamis.Le1erjuin1657,ilpubliaunelettreintitulée«Lettred’unavocatduParlementàunde ses amis, touchant l’inquisition qu’ont veut établir en

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vous les fait entendre maintenant dans une autre manière audedansdevotremaison,maisilneferadumalqu’àceuxquienaurontpeur…»

Échauffées par ces propos et ces lectures, plusieurs dessœurssemirentàavoirdessonges.Onnouspermettradeciterl’und’eux2:

« La mère du Fargis vit en songe, par un trou qu’elledécouvritaufondd’unearmoireoùellevoulaitcacherseslivres,une petite église fort jolie et parée ; elle y entra par cetteouverture.Unévêquedisaitpontificalementlamesse,entourédeses prêtres. Elle s’approcha pour le mieux voir et s’écriaaussitôt :c’estM.d’Ypres [Jansénius], je le reconnaisbien, jel’aidéjàvuunefois.Cependant,elledoutauninstantsic’étaitréellement cet illustre prélat. Mais une voix mystérieuse luicria:«c’estunsaint»,etlapersuadatoutàfait.Ellecommuniadelamaindusaint,quiluidit:LaVéritédeDieudemeureenvous. Après la célébration de la messe, et malgré un desassistants,ellesuivitM.d’Ypresdansunechambreendésordre.L’évêque s’assit sur un petit bout de paillasse d’un lit toutrenversé ; la religieuse se mit à genoux devant lui, les deuxmains jointes, recueillant avec avidité toutes les paroles quitombaientdecetteboucheinfaillible.

A la finM. d’Ypres [Jansénius] lui dit : « Je prieraiDieupourvousetcroyezqu’ilnevousabandonnerapoint,etquesilavéritédeDieudemeuredansvotrecœur,Dieuvoustiendradanssesmains».

M.l’abbéFuzetacecommentaire:«Onimaginesanspeinequelleimpressiondevaitfairelerécitdecessongessurl’espritdesreligieusesdePort-Royal,disposéesàvoirpartout ledoigtde Dieu ». C’est donc à des dévotes fanatisées qu’allait êtreconfrontéM.dePéréfixe.

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Le nouvel archevêque de Paris était un bon prélat. Sainte-Beuveenaécrit:«[Il]nemanquenid’esprit,nidebonsens,nisurtoutdebonté,trouvant,etavecassezdepittoresque,touslesmots justespourqualifier la situationétrangedumonastèredePort-Royaletladispositiond’espritdesreligieuses».

Le 9 juin 1664, accompagné de M. de la Brunetière, songrandvicaire,MgrdePéréfixeserenditàPort-RoyaldeParis.Ilcommença par exhorter la communauté à l’obéissance puisdemanda à interroger chaque sœur en particulier. Il ne put envoirquequelques-unes,qui lui tinrentdelongsdiscourssur lathéologieaugustinienne.

Excédé,à la findu troisième jour, l’archevêques’adressaànouveau à la communauté, leur disant : « Vous préférez lessentimentsparticuliersd’unepetitepoignéedegens à ceuxduPapeetdevotrearchevêque.Cespersonnesvousontprévenuesetvousontengagéesàsoutenirleurparti.Jeneveuxpasjugerde leurs intentions ; mais peut-être aimeraient-ils mieux vousvoirpérirquedevousvoirvousrendreàceque l’ondésiredevous…».

Puis M. de Péréfixe les quitta, leur déclarant qu’il leurlaissait trois semaines pour réfléchir. Il leur donna commeconfesseur M. Chamillard, docteur de Sorbonne, assisté d’unprêtre oratorien, le P. Esprit, que les religieuses tournèrent enridicule. L’archevêque s’étant trouvé indisposé pendantplusieursjours,ellesenprofitèrentpourrédigerforcerequêtes3,ce qui a amené Augustin Gazier, qui leur est cependant trèsfavorable,àécrireàleursujet:«Fillesspirituellesd’AngéliqueArnauld, issuessouventdefamillesd’avocatsoudemagistrats,elles étaient essentiellement formalistes, procédurières,

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avocassières… c’est une des rares faiblesses de ces grandesâmes, de même que la croyance aux songes prophétiques, ladispositionàvoirpartoutdesmiracles,et latendanceàtrouverdanslessaintslivresouvertsauhasarddestextesserapportantd’unefaçonpréciseàleursituationprésente».

C’est ainsi que le 11 août 1664, raconte un narrateuranonyme, « la communauté s’assembla… après lagrand’messe… la mère Agnès ouvrit le livre des saintsÉvangiles…dansledesseindesavoircequelaProvidencenousy ferait rencontrer, et à l’ouverture elle trouva le XVIe et leXVIIechapitredesaintJeanoùonlutd’abordcesparolesdanslapremièrepage:«Amendicovobis…,c’est-à-dire:Envérité,en vérité je vous le dis ; vous pleurerez et vous gémirez, vousautres,etlemondeseradanslajoie…Vousaurezdesafflictionsdanslemonde,maisayezconfiance,j’aivainculemonde…».

Etl’auteurajoute:«Cetterencontrenousparutuneespècede prophétie, et nous confirma dans la résolution de nousattendre à tout ce que Dieu nous proposait ; mais avec laconsolation que ce serait Jésus-Christ qui surmonterait encoreune fois le monde en nous par la vertu de sa grâce toute-puissante,pourvuquenousdemeurassionsuniesdanslacharitéquiestnotreforce».

Alasuitedecette«prophétie»,lesreligieusesenvoyèrentàM.dePéréfixeunedéclaration relativeàsonmandementetauFormulaire:«Nouspromettonsunesoumissionetunecréancesincère pour la foi ; et sur le fait, comme nous n’en pouvonsavoiraucuneconnaissanceparnous-mêmes,nousn’enformonspoint de jugement,mais nous demeurons dans le respect et lesilenceconformesànotreconditionetànotreétat».

CetactefutsignéparlesreligieusesdePort-RoyaldeParisetdePort-Royal-des-Champs,ettransmisàl’archevêché.

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comme celui dont la venue finissait les années depersécution…».

Racinereçutlemeilleuraccueildunouvelarchevêque;ilenrenditcompteàsa tante, lamèreAgnèsdeSainte-Thècle10, ences termes : «Monseigneur a reçu toutes vos actions de grâceavec une bonté extraordinaire. Il m’a chargé d’assurer votremaison qu’il l’estimait très particulièrement, me répétantplusieursfoisqu’ilespéraitdevousendonnerdesmarquesdanstoutcequidépendraitdelui…Jecrois,eneffet,matrèschèretantequevousavez tout lieud’êtreenrepos.Jesaismêmepardes personnes qui connaissent à fond ses sentiments qu’il esttrès résolu à vous rendre justice, mais ces personnes vousconseillentdelelaisserfaire,etdenepointtémoigneraupublicune joie et un empressement qui ne serviraient qu’à le mettrehorsd’étatd’exécutersesbonnesintentions».

Malheureusement, les jansénistes ne suivirent pas ce sageconseil.L’und’entreeux,lebénédictinDomGerberon,«leplusdéterminé et le plus ardent janséniste qu’il y ait eu, et trèsassurément l’un des plus savants11 » publia un manuscrit deMartindeBarcos12 intitulé«L’expositionde la foicatholiquetouchantlagrâceetlaprédestination».

Ce texte était un brûlot ultra-janséniste que même Nicoleavaitcondamné.Alasuitedecettecondamnation,Barcoss’étaitretirédanssonabbayedeSaint-Cyran(oùilavaitsuccédéàsononcle),blâmantArnauldd’avoirintroduitàPort-Royal«untoutdemondanitéquila[Port-Royal]profanait».

Clandestinement imprimée (peut-être à Orléans)

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l’Exposition de la foi fut immédiatement attaquée par lesjésuites qui en firent saisir plusieurs centaines d’exemplaires.Deux théologiensde laSorbonne furent chargésde l’examineret d’établir ou non son orthodoxie ; ils ne purent se mettred’accordettransmirentl’affaireauxautoritésecclésiastiquesdudiocèse,c’est-à-direàNoailles.

Très ennuyé, celui-ci dut se résoudre à agir. Il publia uneinstruction pastorale (le 20 août 1696) dont il rédigea lepréambule, laissant à Bossuet la rédaction de la partiedogmatiqueserapportantàlaquestiondelagrâce.

Noailles blâma l’Exposition de la foi et l’accusa derenouveler la première des cinq propositions qui avaient étécondamnéesparl’Église,toutenfaisantuneapologiedelagrâceaugustinienne. Les jésuites crièrent au scandale, prétendantdécouvrirdanscetteinstructionpastorale«laprofessiondefoidu jansénisme ». Quesnel écrira plus tard « La haine desmolinistesdatedelà».

1.Enmai1673,ilavaitquatre-vingt-quatreans.IlmourutàPort-Royalenseptembre1674.

2.Le1erjanvier1670.3.Du30mai1676,renduaucampmilitairedeNinoveoùle

roiétaitalors.4.En1679,le15avril.5.Depuis1670.6. Les autres abbesses furent lamère de Fargis de 1684 à

1690,puislamèreAgnèsdeSainteThècleRacine.7.ArnauldmourraàLiègele6août1694.8.AMmedeSaint-Loup,unejanséniste.9.Le6août.10.ReligieusedePort-Royal-des-Champs.

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11.Selonl’abbéLegendre.12.NeveudeSaint-Cyran,morten1678.

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«ContreQuesnelenvains’unitRomeetVersaillesPourluitoutelaFrancealesyeuxdeNoailles,Laligueignacienne7abeaulecensurer,Lepublicrévoltés’obstineàl’admirer».

LouisXIV,pousséparleP.deLaChaise,décidadefrapperfort.A sa demande sonpetit-fils PhilippeV, le roi d’Espagne,donna instruction au marquis de Bednar, le gouverneur desPays-Bas espagnols, d’avoir à arrêter le P. Quesnel.L’archevêquedeMalinesdonnasonaccordet, le30mai1703,plusieursarcherssesaisirentdeQuesnelàBruxellesetlemirentenprison.Ilfutaccusédeschismeetprivédecélébrerlamesse,etmêmed’yassister.Toussespapiersfurentconfisquésetremisaux jésuites de l’officialité deMalines, à charge pour eux d’ytrouverdespreuvesdesdérivesschismatiquesdontonl’accusait.Commeilsnetrouvaientrien,Fénelons’enmêlaetrecommandauneautreméthodedetravail:

«On trouveraapparemmentbiendesgensnotésdans [ces]papiers,etilseraitcapitalqu’onchargeâtdesgensbieninstruitset bien intentionnés d’un tel inventaire. Il faudrait, pour bienfaire,yposerunscelléetfaire transporter le toutàParis,pourexaminer les choses à fond… Il faudrait interroger lesdomestiques et autres affidés de lamaison où ils ont été pris,pour savoir où sont tous leurs papiers ; car des gensprécautionnésetaccoutumésàl’intrigueauront,selontouteslesapparences, mis dans quelque lieu écarté et de confiance leschoses les plus capitales… il faut… ôter toute ressource deconseilàM.lecardinaldeNoailles».

Fénelonfutécouté,lespapiersdeQuesnelfurenttransportésàParis,oùledépouillementnefutpasplusfructueux.

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Pendantce temps lemalheureuxQuesnelétaitsoumisàunruderégime.Ilnousalaisséunedescriptiondesaprison:«Lelieuétaittrèsmalsain,lesoleiln’yentrejamais,et,commeilesttrès humide et qu’il n’y a point de cheminée pour pouvoir sesécher un peu, un homme de soixante-dix ans n’y eût pudemeurerenhiver,sansdangerd’ydevenirparalytiqueoumêmed’y finir ses jours.Leprincipalmur fait partied’une anciennemuraillede laVille. Ilest sipourriqu’ilycroîtuneespècedepetits champignons fort vilains, qui sortent quelques fois dumur, trente, quarante, ou cinquante à la fois. L’honnêtetém’empêche de marquer une autre source de l’infection dulieu…».

Conscientdudangerquecouraitsonfrèredanscetteprison,Guillaume Quesnel – supérieur de l’Oratoire d’Orléans –entrepritde le faireévader. Ilconfia l’entrepriseàdeuxnoblesdésargentés8 qui percèrent, à partir d’une chambre louée dansuneaubergecontigüe,untroudanslemurducachot.L’évasioneut lieu dans la nuit du 12 au 13 septembre 1703. Elle futrocambolesque ; souvent déguisé en femme,Quesnel finit – le13octobre–pararriveraupayslibredeLiège;ilétaitsauvé!Pendant ce temps l’archevêque de Malines gémissait : « QuediraleroideFrance?».

Apeineremisdesémotionsdesonévasion,Quesnelcontre-attaque. Il affirme que « le fantôme du jansénisme n’a jamaisexisté que dans l’imagination des jésuites », qui ne cherchentqu’à renverser la théologie de Saint Augustin « remise enhonneurparPort-Royal»,etàintroduire«leursdoctrinesplussouples, leur morale plus commode, leur direction des âmesadaptéeauxtempsnouveaux,enfinleuractioncontinueettoute-

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puissantesurl’administrationdesétats».

1.Revoilàdonccescinqpropositions!2.«HistoireduCasdeconscience»,1.1,16.3.Théologienéminent,amidePort-Royal.4. Qui faisait disparaître, entre autres, une allusion à

Noaillesetau«Problèmeecclésiastique».5.LettresdeJeanSoanen,1.1,p.54.6.Enlemettantengardecontrelesmanœuvresdesjésuites

àRome.7.Lesjésuites.8.Lemarquisd’ArembergetlecomtedeSalazar.

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ellesinterjetèrentimmédiatementappelauprèsdelaprimatiedeFrance, à Lyon. Louis XIV reprocha sèchement ces lenteurs àNoailles, luidisant :«Si l’évêquedeChartres10 avaiteucetteaffaireentrelesmains,enquinzejourselleauraitétéfinie…».

Adroitement,lesreligieusesdesChampsmirentNoaillesendifficulté en écrivant au cardinal d’Estrée : « Nous [sommesobligées]d’êtreencoreplusfortementattachéesàcequiaétésisolennellement décidé par le Saint-Siège en 1668 ; car, sanscela, votre Eminence voit assez que nous pourrions êtrecontraintes de changer de sentiments autant de fois que notrearchevêque en changerait, ou que les archevêques, sessuccesseurs,enauraientdedifférentsdessiens».

C’était bien vu, mais plus malicieux qu’utile, et cela fitenragerNoailles.Enseptembre1707,ilrépliquaenretirant lessacrements aux religieuses qui se présentèrent malgré cetteinterdiction à la sainte table le jour de la Toussaint. Seule laprieureputcommunier,maislesautresenfurentempêchées.Le5novembre,devantunnouveau refusdes religieusesde signer«purementetsimplement»,Noailles lesdéclara«contumaceset désobéissantes aux constitutions apostoliques » et leurinterdit toute communion.On espérait ainsi les faire capituler,mais ce fut peine perdue.On décida alors de saisir tous leursrevenus,àl’exceptiondehuitmillelivresparan,etdemettrelerestesousséquestre(novembre1707).

L’affaire se transporta à Rome où Clément XI finit parconfirmerlanominationdelanouvelleabbessedePort-RoyaldeParis (17 décembre 1707), puis pressé de toutes parts par« Louis XIV, Noailles, les jésuites de France et tous les

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molinistesduSacréCollège», il envoyaàVersaillesunprojetdebullequiédictait la suppressiondePort-Royal-des-Champsmais qui permettait à ses religieuses de conserver jusqu’à leurmort la jouissance dumonastère.De plus, lamaison de Paris,qui devenait propriétaire des deux domaines, devait constituerune pension viagère de deux cents livres à chacune de cesreligieuses.

Louis XIV refusa, disant que : « S’il recevait le bref, iln’aurait pas le plaisir de voir durant sa vie la destruction dePort-Royal ». La Trémoille fut chargé d’obtenir du pape unenouvelle bulle, plus punitive, ce qui fut fait le 15 septembre1708.EllefutenregistréeauparlementdeParisle19décembre.Répondant entièrement aux demandes du roi, elle ordonnaitque : « Afin que le nid où l’erreur a pris de si pernicieuxaccroissements soit entièrement ruiné et déraciné, lesreligieuses,tantduchœurqueconverses,quisontprésentementaumonastèredePort-Royal-des-Champs,peuventetdoiventêtretransférées,ensembleouséparément,dans le temps, lamanièreetlaformequevousjugerezàpropos,suivantvotrediscrétionetconscience, en d’autresmaisons religieuses oumonastères quevouschoisirez».

Ce discours s’adressait à Noailles qui avait donc,maintenant,touslespouvoirssurlesreligieusesdesChamps.Le11juillet1709, ilrenditundécretpar lequel il«supprimaitetéteignait à perpétuité l’abbaye et le monastère de Port-Royal-des-Champs, dont tous les biens, droits, et revenus étaientappliquésetdévolusà l’abbayeetmonastèredePort-RoyaldeParis ». L’abbesse de Paris prit officiellement, en vertu de cedécret, possession de Port-Royal-des-Champs le 1er octobre1709.

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Le20janvier1709leP.deLaChaise,confesseurdeLouisXIVmourut.Ilfutremplacé,le21févrierparleP.Tellier,jésuiteluiaussi,dontSaint-Simonatracéunportaiteffrayant:

« De taille médiocre, maigre avec de gros os, l’air et lemaintiend’unfrancpaysan,avecdesyeuxd’untraversfarouchequieussentfaitpeuraucoind’unboisetquiluidonnaientunephysionomie affreuse, fausse, profonde, toute telle enfin qu’ilétaitendedans…Satêteetsasantéétaientdefer,saconduiteenétaitaussi,sonnaturelcruel.Confitdanslesmaximesetdanslapolitiquedelasociété[deJésus],autantqueladuretédesoncaractère l’y pouvait ployer, il était profondément faux,trompeur, caché sous mille plis et replis, et, quant il put semontrer et se faire craindre, exigeant tout, ne donnant rien, semoquantdesparoleslesplusexpressémentdonnées…».

De son côté, le chancelier d’Aguesseau, homme plein desagesseetdemodérationendisait:

« Il avait passé sa vie à régenter des écoliers ou à écrirecontre les jansénistes… croyant pouvoir gouverner l’église deFrance comme une classe du collège de Clermont, et, parmalheur pour cette église, assez hardi et assez heureux pour yréussir».

«Enpeudesemaines,écritAlbertLeRoy,cethommetenaitenmain toutes les forcesde la cour et circonvenait l’esprit duroi.Ilenavaitpénétrélesfaiblesses,ilenoccupaitlesavenues,maître désormais dans la place. A loisir, il pouvait suivre sondessein«d’embarrasserdans ses toiles le cardinaldeNoaillescommeunearaignéefaitunemouche»11.

BientôtonchantadansParis:

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mystérieusement,etquidécrivaitendétailleplandesjésuites:«[Lescommissaires]travaillent,parordreduroi,àexaminer

le fond de l’affaire… On est dans la résolution de donnerquelque satisfaction à son Eminence ; mais, sur le fond, [lesévêques] gagneront leur procès. Le livre du P. Quesnel seraproscrit…».

Outré,Noaillesdécidad’employerlesgrandsmoyens.Le11août 1711 il écrivit au roi, avec solennité : « Il ne m’est paspermisdedifférerdavantagededéclareràVotreMajestéqueleP.Tellierneméritepaslaconfiancedontellel’honore,qu’ilestincapabledelaconduiredanslavoieduciel,etqu’enunmotlaconscience de Votre Majesté n’est point en sûreté entre sesmains. Ce n’est pas, Sire, ce qu’il fait contre moi qui medétermineàparlercontre lui.Jepensaisdemêmeavantquedesavoirsesmauvaisdesseinsàmonégard…

…J’avoue,Sire [que] je fus sensiblement affligéquand jesus que Votre Majesté avait choisi le P. Tellier pour sonconfesseuretquejecraignisbeaucoupqueDieunebéniraitpassonministère;maisjecrusdevoirrenfermerenmoi-mêmemesjustescraintes,dans l’espérancequ’ilprofiteraitdessagesavisqueVotreMajestéveutbiendonneràceuxquiontl’honneurdel’approcher.

Cependant, tout le monde voit aujourd’hui que, loin d’enprofiter, il se sert de la confiance de Votre Majesté pour latromper et employer le crédit que lui donne sa place pourséduire les évêques, les diviser et exposer l’église à unschisme…».

C’était une déclaration de guerre de l’archevêque aux

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jésuites, et ceux-ci le ressentirent ainsi. Le mot terrible deschisme était prononcé, le P. Tellier était directement mis encause,etderrièreluitoutelaCompagnie.Hélas,leroinefitrienetgardaleP.Telliercommedirecteur.Furieux,Noaillesdécidad’agirenforce:enaoût1711ilinterditauxjésuitesdudiocèsedeParis18deprêcheretdeconfesser,décisionqu’ilaccompagnad’une lettre fort sèche à Mme de Maintenon : « Sa Majesté,écrivait-il,ne laisserapasd’êtrefâchée,maispour luiplaire, ilnem’estpaspermisd’offenserDieu».

Lesjésuitespoussèrentdescrisd’orfraie,alorsqueParisetlaCour approuvèrent19 ; les jansénistes furent ravis, ainsi quetoutelafractiongallicanedel’épiscopat,etdenombreuxprêtresqui, écrit Albert Le Roy, « s’associèrent à sa prise d’armescontreunecongrégationenvahissante, ambitieuse, forthabileàdétourner des paroisses les fidèles riches, à accaparer leshéritages et les âmes pieuses, la direction des consciences etl’éducation de la jeunesse. Quand Noailles fustigeait lesrévérends pères, c’était la revanche du petit clergé séculier,besogneuxetcrotté,quicouraitlescampagnespouradministrerles sacrements aux pauvres, tandis que les séculiers secantonnaient dans les villes, auprès des nobles, des Turcaretsvéreuxetrepentissurleursvieuxjours…».

Louis XIV répliqua, d’une part, en retirant le privilèged’éditionetdeventedesRéflexionsmorales,etd’autrepartendemandantàRomeuneconstitutionquicondamnâtl’ouvragedeQuesnel.LeRTelliers’étaitrépanduenplaintesdisant«Qu’ilfallaitabsolument,ouquesaplacedeconfesseurduroi luifûtôtée,ouque lecardinaldeNoailles fûtdéposé».Lechoixduroifutclair:sommédechoisirentresonconfesseuretNoailles,ilchoisitlejésuite.

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Onnepeutqu’attribuerà lavieillesse20 (cenaufrage !) lesvariations de la politique religieuse de Louis XIV. Il avaitinterdit,en1709,laréceptiond’unbrefdupapeClémentIXquicondamnaitlesRéflexionsmorales,et,en1711,ildemandaitaupapeClémentXIuneconstitutioncontrecesmêmesRéflexionsmorales ! De plus, et surtout, il demandait au pape des’immiscer dans une affaire purement française, ce qui allaitpermettre à Rome de remettre en cause ces libertés gallicanesquiluidéplaisaienttant.

LesmolinistesneperdirentpasdetempsetdemandèrentauConseil d’État de condamner le livre du R Quesnel.Pontchartrain et d’Aguesseau s’opposèrent à cettecondamnation, estimant – avec sagesse – qu’on trahissait lesintérêts de la France « en approuvant tacitement lacondamnation faite àRome par un bref [celui deClément IX]quiestcontreleslibertésdel’églisegallicane».Leroiréponditsèchement que sa conscience lui était plus chère que sacouronne,etfitpasserlacondamnation.

Fénelon soufflait sur les braises. Il écrivait au duc deChevreuse21:«Ilseraittrèsimportantqueleroipressâtlepapede finir par unedécisionprécise, foncière et tranchante contreles dernières équivoques, une contestation si dangereuse et àl’égliseetàl’état…».

Le 11 décembre 1711, le cardinal de la Trémoille,ambassadeurdeFrance àRome, reçut lesordresde la courdedemander une constitution au pape, ce qu’il fit. L’abbéPhilopald22 raconte l’audience pontificale : « [M. le cardinal]dittoutd’abordàSaSaintetéqueleroi,voulantfairecesserladivisionquelelivrecausaitdansleroyaume,priaitSaSainteté

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séculières ; séditieuses, impies, blasphématoires, suspectesd’hérésie, sentant l’hérésie, favorables aux hérétiques, auxhérésies et au schisme, erronées, approchantes de l’hérésie, etsouvent condamnées ; enfin comme hérétiques et commerenouvelant diverses hérésies, principalement celles qui sontcontenues dans les fameuses Propositions de Jansénius, prisesdanslesensauquelellesontétécondamnées».

Manifestement,ClémentXIavaitfaitbonnemesuredanssacondamnationdescentunepropositionsdeQuesnel!

Ces propositions étaient-elles condamnables ? Sans doute,dans la mesure où l’on admet que les cinq propositions deJansénius l’étaient. En effet Quesnel établissait clairement11«qu’unpécheurquiaperdulagrâceestdansuneimpuissancegénéraleàtoutbien;quesanslagrâceefficace,nonseulementonnefaitrien,maisonnepeutrienfaire;quel’observationdescommandements est impossible si la grâce ne l’opère dansl’homme,quetoutn’estpossiblequ’àceluiàquiDieurendtoutpossibleen le faisanten lui ;quequandDieun’amollitpas lecœurpar sagrâce, les exhortationset lesgrâcesextérieuresneserventqu’àl’endurcir,parcequ’ellesirritentlacupidité…».

De plus le P. Quesnel restreint-il la volonté qu’a Dieu desauvertousleshommes,etlesméritesdelamortdeJésus-Christàceux-làseulsquisont infailliblementsauvés,c’est-à-direauxélus.

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LabullearrivaàFontainebleau,oùse trouvait le roi, le25septembre1713.D’Aguesseauaracontélascène:«LemarquisdeTorcylaportaauroilematinavantleconseil,etlapremièrechose qui fit juger au chancelier de Pontchartrain comme àd’autresqu’elleétaitarrivée,futquedansleconseilquisetintcettematinéemême le roi n’endemandapoint denouvelles. Iln’yditpasmêmequ’ill’eutreçue,plusmaîtredecachersajoiequedecachersonimpatience…».Desoncôtél’avocatgénéralJolydeFleurya raconté :«Le25, j’entendismurmurerque laconstitution du pape portant condamnation du livre du P.Quesnel était arrivée. J’allai chezM. le chancelier quime ditquel’onn’enavaitpointparléauconseil,maisqu’ilsedoutaitqu’elle était arrivée, parce que le roi, qui demanda depuislongtempsàtouslesconseilssielleestarrivéeetquilademandeavec un empressement extraordinaire, n’en a rien dit dans ledernier conseil, ce qui marque que son impatience estsatisfaite».

LepremierprésidentdeMesmesenreçutunexemplaire, lecardinaldeNoaillesunautre.Avecprescienced’Aguesseaunotadans son journal que l’Unigenitus serait « la croix, nonseulement des théologiens, mais des premiers magistrats duroyaume ». Le clergé gallican s’émut; Soanen, l’évêque deSenez, écrivit au cardinal de Noailles : « Je ne puis appelerautrement que vraie tempête ce nouveau décret qui me faittremblerpourl’églisedeFrance»12.

De son côté, le P. Tellier triomphait. Albert le Roy écrit :«Seul,leP.Tellierdétonnaitparunejoieexubérante,opiniâtre,acharnéeàdompterlesrésistancesetàfairetairelesrailleries…Lui seul, dispensateur des grâces, maître de la feuille desbénéfices,dictaitàLouisXIVsondevoiraunomdeDieu,etluipromettait en retour le salut de son âme si gravement

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compromise.Ilsemblequ’ondistingue,àtraverslelongespacedel’histoire,cettevoixdoucereuseauconfessionnal,aigredanslacontroverse;ilsemblequ’onaperçoivecegestequicourbaitla fierté du prince, ce regard qui faisait baisser le regard dupénitentroyal…».

D’Aguesseaurenchérit:Il[leP.Tellier]comptaitlenombredes propositions condamnées, commeCésar aurait pu comptercelui de ses victoires : Cent une propositions condamnées,s’écriait-il,quellehontepourlesapprobateursd’untellivre!».

Maladroitement, Noailles obtint que la publication de labulle fût retardée de deux jours et profita de ce délai pourpublier un mandement dans lequel il désavouait assezpiteusement l’approbation et les louanges qu’il avait réservéesjusqu’alors aux Réflexions Morales. « Nous ne pouvons,écrivait-il, souffrir que notre nom paraisse davantage à la têted’unouvragequeSaSaintetécondamne.Aussi,nousnevoulonspasperdreunmomentàrévoquerl’approbationquenousavonsdonnéedansunautrediocèse…».

D’Aguesseau note : « Le mandement parut fortextraordinaire à ceux qui en jugeaient de sang-froid. Ils neblâmaientpaslecardinaldeNoaillesd’avoirvoulurévoquersonapprobationetôterdesmainsdes fidèlesun livrequidevenaitune pierre de scandale, parce que l’amour de la paix suffisaitpourautoriserunepareilledisposition.Maisque,sanscroirelepapeinfaillible,etavantmêmequesaconstitutionfûtreçue,lecardinal de Noailles condamnât le même livre qu’il avait sisolennellementetsi longtempsapprouvé,etqu’il lecondamnâtsans en rendre aucune autre raison que la condamnation dupape, c’est ce qui paraissait fort étrange et ce qui, en effet,pouvaitêtreassezdifficileàexcuser».

Il est certain que l’attitude vacillante de Noailles paraîtjustifier le mot du président de Harlay qui, traversant la salle

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d’écrireavecmauvaisehumeuràTorcy:«Toutceque jepeuxvoussouhaiterdemieuxestqueleP.Quesnelouautresdesespareils ne fassent plus de livres, et que par conséquent, on nedemande plus de constitution ; car, à force d’en demander, ilpourrait peut-être prendre envie au pape d’en faire sans qu’onluiendemandât…Pareillesmatièressontpeuagréablesàtraiter,et souvent les suites en sont encore plus dégoûtantes que lescommencements…».

Le 1er février 1714, le cardinal de Rohan présenta àl’assemblée des évêques le texte de l’instruction pastoraleproposé par la commission. Après un examen minutieux,Noailles et les huit évêques déclarent « avec une respectueusefermeté, que leur conscience leur interdisait d’accueillir cettepièce, qu’ils ne pouvaient se joindre à leurs collègues aussilongtemps que le Saint-Siège n’aurait point fourni deséclaircissements à sa constitution ». Ils ajoutèrent qu’ilscontinueraient à assister auxdélibérationsmais sansyprendrepart.De son côté, lamajorité approuva le texte proposé.Le 5février se tint la séance finale au cours de laquelle on lut lesprojetsde lettres aupape, au roi, et auxévêques absents, puisl’onprocédaàlacérémoniedesignaturedesprocès-verbaux,cequi valait accord pour tous les actes de l’assemblée.Quarantemembreslessignèrent,Noaillesetleshuitévêquesrefusèrentdesigner…

Misaucourantdèslemardi6aumatin,LouisXIVaccueillitlecardinaldeRohanenluidisant:«Vousavezeubeaucoupdepeinepardesendroitsoùvousnedeviezpasvousyattendre,nimoinonplus.J’espèrequeDieuvousensauragré».

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Les jésuites triomphèrent, l’assemblée avait adopté laconstitution Unigenitus. Plus perspicace, le secrétaire del’assemblée6dit:«Quel’assembléeétaitfiniemaisquelacausenel’étaitpas,quel’étincellequivenaitdes’allumercauseraitunjourungrandincendie,sil’onnesehâtaitdel’éteindre;quelesressources ne manqueraient pas au cardinal de Noailles pourfairedurerladivisionlongtempsetmêmepourl’augmenter».Ilconseilla de convoquer à Paris tous les évêques du royaume,assurant que tous concluraient à l’acceptation de la bulle, car,disait-il,« lecardinaldeNoaillesn’endétacherapasunseul ;luietsesadhérents,confusdeleurpetitnombre,serendront,ouilsserontjugés».LeP.Tellierrefusadesuivrecetavis.

1. 91e proposition : La crainte même d’uneexcommunicationinjustenenousdoitjamaisempêcherdefairenotredevoir…

2.C’est-à-diredesévêquessansdiocèsedansleroyaume.3.LecardinaldeRohanétait immensémentriche.Sonseul

évêchédeStrasbourgluirapportaittroiscentmillelivresparan,et il avait, de plus, un grand nombre d’abbayes et autresbénéfices.

4. Les évêques et archevêques de Tours, Verdun, Laon,Châlons,Boulogne,Auxerre,Bayonne,Senez.

5.LecardinaldeRohan,l’archevêqued’Auch,l’archevêquede Bordeaux, et les évêques de Blois, Soissons, et Meaux,(c’est-à-direBissy).

6.L’abbédeBroglie.

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CHAPITRE22

LouisXIVinterditàNoaillesdeseprésenteràlaCour.Premièresdifficultésavecle

ParlementdeParis.Enregistrementdelabulle

Le7février1714,lecardinaldeNoaillesreçutduchancelierPontchartraincebillettrèssec:

«Monseigneur,Le roi vient de m’envoyer chercher et m’a commandé de

marquerde sapart àvotreÉminencequ’ayant apprisquevousdeviezarriverici[àlaCour]aujourd’huipourlevoirdemain,SaMajesté ne désire pas que vous y veniez dans la conjonctureprésente, parce qu’elle ne pourrait vous voir. Je me flatte quevotre Éminence me rend assez de justice pour être bienpersuadée du chagrin que j’ai d’avoir été chargé d’un pareilordre…».

Danslemêmetemps,septdesévêques1quiavaientvotéavecNoaillesreçurentdeslettresdecachetquileurcommandaientderegagner leurs diocèses sous trois jours, avec interdictiond’adresseraupapeunelettredeprotestationcollective.JolydeFleurynoteavecironie:«Cequinenousparutpasfortpropreàfairecroiredanslessièclesàvenirquelessuffragesavaientétélibresdansl’assemblée».

Lesévêquesobéirent,maisengrinçantdesdents.

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répondit :«…leroiveutêtreobéi…Est-ilpossiblequevousne reconnaissiezpasenfinvos torts, etquevospréventionsnecèdent pas à l’Église qui les condamne, par l’acceptationformelleoutacitedelabulle…».

La séancedumardi 17 avril eut lieudevantune assembléemuetteetconsternée;leslettresdecachetavaientfaitleureffetetlaséancefutlevéesansqu’aucundesdocteurseûtdemandélaparole.Labullefutdoncconsidéréecommeétantenregistréeenbonneetdueforme.

L’affairen’étaittoutefoispasterminée,carplusieursévêquessemirentàpublierdeslettrespastoraleshostilesàl’acceptationpureetsimpledelabulle.C’estainsiqueM.deLangleécrivait:«Ilvautmieuxtoutsouffrir,lapertedesesbiensetl’exil,quede rien faire contre son devoir ». La contestation gagnait duterrain, et on peut, (vers juin 1714) considérer que sur centdouzeévêques français,unevingtaine5 approuvaientNoailles ;les plus acharnés adversaires de la réception étant Colbert deCroissy, évêque de Montpellier, de Verthamon, évêque dePamiers, et deRegay évêque d’Angoulême.L’évêque deMetz,M.duCamboutdeCoislin,sefitunmalinplaisirdepublierlabulledanssondiocèse,cequiétaituneoccasiond’ensoulignerleserreurs.LecardinaldeNoaillesseréjouitdecettesituation,déclarant : « Il ne faut point s’étonner qu’il y ait plus desoixante-dix évêques joints à l’assemblée. La multitude n’estpasd’ordinairepourlebonparti».

AlbertLeRoydécritainsil’étatd’espritduclergéfrançaisàcette période : « … la majorité des prêtres et des moines…soutiennent les prélats opposants. Les encouragements et les

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sympathies se produisent en foule, sous les yeux d’un princecourroucé, habitué à se faire craindre, et subitementdésobéi…».

1.Lejeudi1ermars.2.Plusdedeuxcentsdocteursétaientprésents.3. Il faut noter que lorsque l’un des docteurs votait contre

l’acceptation simple, le syndic ordonnait au greffier de noter«Scribe,adversantesrégi»!Deplus,iln’yavaitquedeuxvotespossibles : «Acceptantes » ou adversantes régi » (ennemis duroi)etlevoteétaitnominatif!

4.Onneconnaîtpasl’avisdutroisièmeconscripteur.5.Probablementvingt-trois.

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CHAPITRE24

LaCouretRomesedéchaînentcontreNoailles.Propositionderéuniond’unconcile

national

Enmai1714,Fénelonfitremarqueràsesamisjésuitesquela solution de la querelle passait par une capitulation deNoailles ; il suffisait – disait-il – qu’il souscrive sans aucuncommentaire à l’instruction pastorale des quarante, et l’affaireen resterait là. « Un autre projet, écrivait-il au P. Daubenton,serapernicieuxetdéshonorantpourSaSainteté.Toutprotecteurdelanouveauténemanquerajamais,aprèscetexemple,d’éludertoutes les constitutions de ce siège en demandant desexplicationsrestrictives.Silepapelesluirefuse,illesferalui-même à sa mode, par un mandement, et il ne recevra laconstitutionquerelativementàl’explicationqu’ilenaurafaite.OncommenceraparconsulterRomesuruneexplication,bientôtonferal’explicationsanslaconsulter.Dèsquecetteporteseraouverte, la décision du Saint-Siège n’aura plus de réelleautorité… L’exemple de ce cardinal [Noailles] fera une formenouvelleoùRomeseradégradée».

Fénelonavaitprobablementraison ;eneffet, l’affairede laréception«pureetsimple»delabulleUnigenitusseprésentaitassez mal ! L’assemblée des évêques n’avait pas obtenu queNoailles et les évêques opposants se rallient à la rédactionproposéedel’instructionpastorale;leparlementdeParisavait

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sûrement tous les nuages et lèvera toutes les difficultés ». Lepremierprésidentluiréponditque«quandmêmeleroiviendraitauparlement,ilnerépondaitpasdelachose;qu’ilneseraitpasimpossible que tel homme des plus responsables, avant qued’opiner,demandâtsilesopinionsétaientlibresounel’étaientpas».Lechancelier répartitqueceluiquicommenceraitun telpropos serait bien hardi. Le président répliqua que, quand ils’agitdereligion,rienn’estimpossible.

Saint-Simon a raconté l’affaire avec sa verve habituelle :«LeP.Tellier,quin’avaitpuveniràbout[c’est-à-direobtenirlaconvocation]oùluietBissysefaisaientfortsdefairerecevoirlaconstitution,voyaitavecdésespoirlerisquequ’ellecouraitsileroimourait avant qu’elle ne fut reçue. Il y fit donc un derniereffort.Leroimandaplusieursfoislà-dessuslepremierprésidentet leparquet àMarly [et àVersailles].Daguesseau4, procureurgénéral, était celui qui tenait le plus ferme.Mesmes5, premierprésident,nageaitentrelacouretsacompagnie[leparlementdeParis].Fleury6,premieravocatgénéral,mettaittoutsonespritettoutesafinesse,etpersonnen’avaitplusdel’unetdel’autre,àgagnerdu tempssans trops’opposerdefront.Chauvelin,autreavocatgénéral,pleind’esprit,desavoir,delumières,n’avaitdedieunideloiquesafortune.Ilétaitvenduauxjésuites,etàtoutce qui la lui pouvait procurer et avancer. Tellier, sûr de lui,l’avait mis dans la confiance secrète du roi, qui le mandaitsouventdepuisprèsd’unan,lefaisaitentrerparlesderrières,ettravaillaitsecrètementtêteàtêteaveclui…

On se doutait de quelque résolution violente sur quelques

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mots échappés au roi, exprès sans doute pour intimider. Lafemme du procureur général, sœur d’Ormesson, exhorta sonmariàêtred’autantplusfermequ’ilsetrouvaitmalaccompagné,et, comme il allait partir pour Marly [Dangeau dit Versaillespourledimanche11août,leroiquittaMarlylesamedi10,verssix heures du soir], elle le conjura en l’embrassant d’oublierqu’il eut femmeet enfants, de compter sa charge et sa fortunepour rien, et pour tout son honneur et sa conscience. De sivertueuses paroles eurent leur effet. Il soutint le choc presqueseul. Il parla toujours avec tant de respect, de lumière et deforce,quelesautres7n’osèrentl’abandonner,demanièrequeleroi,outréd’unetellerésistance,s’enprittellementàluiqu’ilfutaumomentdeperdresacharge…

… cette violence, qui n’eut fait qu’aigrir les esprits, nefaisait pas l’affaire du P. Tellier. Quoique très sensible aucharmedelavengeance,ilnevoulutpassedétourner,etfittantauprès du roi, qu’il força toutes ses presque invinciblesrépugnances,et jusqu’àsasanté,demanièreque le roidéclaraqu’au retour deMarly il irait àParis tenir un lit de justice, etvoir enfin lui-même s’il aurait le crédit de faire enregistrer laconstitutionsansmodification…».

Poussé par les jésuites, le cardinal de Rohan alla voird’Aguesseaupouressayerdel’ameneràchangerdeposition.About d’arguments, le cardinal finit par demander : « Mais,monsieur, si le roi pense comme cela, pourquoi voulez-vousl’empêcherde ledire?».«C’est-à-dire,monsieur, répliqua leprocureurgénéral,quesileroipensequ’ilfautétablirunnouvelarticle de foi, il lui sera permis de le dire et d’enjoindre aux

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évêquesdelecroire,etàsesmagistratsdedonneràsespenséesforcedeloipourtoutleroyaume!».C’étaitbienrépondu.

Ayantconsultéànouveau,d’abord lesprésidentsàmortier,puislesmembresdelaGrand’chambre,lepremierprésidentdit– officieusement – au chancelier Voysin que « cette pièce nepasseraitpoint,etqu’ilsétaienttous[lesparlementaires]prêtsàremettre leurs robes plutôt que contribuer à déshonorer lacouronne».

Ne pouvant plus agiter la menace d’un lit de justice, quel’état de santé du roi rendait peu plausible, Voysin supplia lepremierprésidentdenepasporteruncoupfatalauroi,«dontlechagrin allait être infini » ; M. de Mesmes répondit sanss’émouvoir, « que sa conviction était immuable et qu’il avaittraduitlessentimentsdesacompagnie».

Depuis lemoisdemai [1715], lescourtisanss’inquiétaientdel’étatdesantédumonarque.Saint-Simonaécrit:«Lasantédu roi diminuait à vue d’œil, quoiqu’il ne changeât rien à samanièreordinairedevivre,maisilmaigrissaitetchangeaittousles jours, et son appétit, qui était égal et fort grand, diminuaitinfiniment.Lespariss’ouvrirentpubliquementenAngleterresurlepeudeduréede savie, etbeaucoupparièrentqu’ilverrait àpeine les premiers jours de septembre. Torcy, lisant au roi enparticulier quelques gazettes qu’il n’avait point parcouruesauparavant,vintàs’arrêtercourt,puisàsereprendrecommeunhommequisauteetquiestembarrassé;lerois’enaperçutetleluidit,etvouluttoutsavoir.Torcy,nepouvaits’endéfendre,luidit tout ; c’étaient ces paris. Le roi ne fit pas semblant d’êtretouché,mais il le fut profondément et ne put s’empêcher d’en

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répliquaenmettantcette instructionpastoraleà l’IndexparundécretqueleparlementdePariscassale6septembre.

Résolu à ne se brouiller ni avec Rome, ni avec lesjansénistes et les gallicans, le Régent demanda à son ancienprécepteur,l’abbéDubois,d’arriveràunaccommodemententreles deux partis. Avec habileté Dubois entreprit, d’une part defaire recevoir la bulle, d’autre part, d’accompagner cetteréception d’une nouvelle instruction pastorale de Noailles quiserait approuvée par les cardinaux Bissy et Rohan. Après delongues tractations, dans lesquelles intervint Massillon, lecélèbre orateur sacré, le parlement – qui avait été exilé àPontoisepourd’autresraisons–acceptad’enregistrerlabulle3,toutenintroduisantdansl’arrêtdesclausesquiprotégeaientlesappelants.Ainsise termina, le4décembre1720,ceque l’onaappelél’accommodementde1720.Notonsquelesuccèsdecestractations valut à l’abbé Dubois de devenir archevêque deCambrai.

1.Environcentcinquantedocteurs.2.DeMontpellier,Boulogne,MirepoixetSenez.3.Leparlementobtint,enéchange,sonrappelàParis.

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CRHONOLGIEI

ChronologiedelaviedeJeanDuvergierdeHauranne–AbbédeSaint-Cyran(1581-

1643)

1581Naissance à Bayonne de Jean Duvergier de Hauranne, de

parentsfortunés.

1595Il achève ses études au collège de Bayonne et va les

poursuivreàAgen.

1598Bertrandd’EschauxreçoitàRome,le17mars,lesbullesde

l’évêché de Bayonne. Il en prend possession le 15 novembre1599.

1598Jean Duvergier est au collège jésuite d’Agen ; nous en

trouvonssatraceenjanvier1598.

Fin1598–début1599

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Il arrive à la Faculté des Arts [Sorbonne] à Paris pourentamersesétudesdephilosophie.Ilestmaîtreèsartsauboutdedeuxannéesd’études.

1601Sur recommandation de Bertrand d’Eschaux, il quitte la

Sorbonne et va poursuivre ses études à Louvain chez lesjésuites, où enseignent des professeurs renommés. Il y étudiel’Écriture et la théologie scholastique. De nombreuxtémoignages rendent hommage à l’étendue exceptionnelle desconnaissancesqu’ilacquitàLouvain.Ildevientl’undesélèvesfavorisdeJuste-Lipse,éruditcélèbreenEurope.

26avril1604Duvergiersoutientsesthèsesdebachelierenthéologiepuis

repartpourParisoùilestenjuin1604;ilyrestejusqu’àlafinde 1606,mais n’aborde pas les études de licence. Il entretientdes relations personnelles avec des théologiens célèbres telsqu’IsambertetPhilippeCospéan.

1606DuvergierprojettedefaireunedisputepubliqueauxGrands

Augustinsavecpour thèse laSommedeSaint-Thomas,mais ildoit renoncer à son projet (peut-être parce qu’il n’était pasdocteur ?).Cet incidentmet fin à savieuniversitaire. Il repartpourBayonne.

Avril1608–Août1612DuvergierpasselamajeurepartiedecettepériodeàParis,où

il retrouve (?) Jansénius, qui vient habiter chez lui. Tout en

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congrégationetdesfamillespuissantesconfientl’éducationdeleurs fils à ses membres, et de leurs filles aux religieuses dePort-Royal,cequiinquièteRichelieuquisuspecteSaint-Cyrandevouloirformeruneéliteopposéeàsapolitique.

14mai1638Saint-Cyranestarrêtésur l’ordredeRichelieuetconduità

Vincennes où il est emprisonné. Les Solitaires et leurs élèvessontenvoyésàPort-RoyaldesChamps,puisdispersés.LePèreJosephfaitrépandreparlesjésuitesdeslibellesoùSaint-Cyranest comparé à Luther et Calvin. Laubardemont est chargé del’enquête sur l’orthodoxie de l’accusé, mais, peu à peu,l’opinion publique se déclare en faveur du prisonnier, et lesthéologiens chargés de l’étude de ses manuscrits n’y trouventpas d’erreurs. Un front commun spirituel commence à semanifester avec le soutien de l’élite des évêques, il plaide lacause de Saint-Cyran. Des princes du sang, des ministres, lanièce du cardinal elle-même (la duchesse d’Aiguillon),multiplient les démarches pour obtenir sa libération, mais envain.

L’enquête deLaubardemont ne donnant pas de résultats, ilest remplacé par un théologien :Lescot, docteur enSorbonne,qui n’est pas plus heureux. Les griefs de calvinisme etd’illuminisme sont abandonnés. L’archevêque de Paris,Gondi,sauvePort-Royaldudémantèlement.Auxyeuxdupublic,Saint-Cyrandevientlemartyrdelapénitenceetdelacharité.Maisildemeureenprison.

28février1641Mort à Port-Royal de Sœur Catherine de Sainte-Félicité,

veuved’AntoineArnauld,avocatcélèbre,àquielledonnavingt

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enfantsdontlesMèresAngéliqueetAgnès,etAntoineArnauld,le grand théologien du jansénisme (appelé souvent le GrandArnauld).

4décembre1642MortdeRichelieu.MazarinestappeléauConseilparleroi

LouisXIII.

Janvier1643Saint-CyransortdelaprisondeVincennes.

14mai1643MortduroiLouisXIII.

25août1643Antoine Arnauld publie « de la fréquente communion »

ouvrage qui est, en quelque sorte, l’application pratique desdoctrines de Jansénius. Il y attaque vivement la morale desjésuites,etcequ’ilconsidèreêtreunabuscrimineldusacrementdecommunion.

11Octobre1643MortdeSaint-Cyran(àonzeheuresdumatin).Ilestinhumé

àl’ÉglisedeSaint-JacquesduHaut-Pas.

1643

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ArnauldpublielaThéologiemoraledesjésuitesoùilaccusecettemoraledelaxisme.

1644ArnauldpublierauneApologiedeM.Jansénius.

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hommetoutdeDieu, toutpleindezèle,demortificationetdevraiedévotion».

1625Angélique demande à Zamet de diriger Port-Royal des

Champs. Celui-ci commence à l’entretenir de la création d’unInstitutduSaint-Sacrement,pour lequel ilveut :«uncostumeauguste, de belle serge blanche avec un scapulaire de belécarlate. A l’église, force parfums et bouquets…Que les fillesfussentpolies,civiles,etd’unedévotionagréable,susceptibledeséduiredesfillesdemarquisetdecomtes».

1626Le monastère émigre à Paris, dans le faubourg Saint-

Jacques. Saint-Cyran prend un logis près de l’actuelLuxembourg,etrenddefréquentesvisitesauxsœurs.

Les Mères Angélique et Agnès donnent leur démission,l’une d’abbesse et l’autre de coadjutrice, et se soumettent à laréélection. Ni l’une ni l’autre ne sont réélues. La MèreGenevièveLeTardifestélueabbesse.

Note:De 1626 à 1633 se développe à Port-Royal l’influence de

l’Oratoire.C’est« le tempsde laniaiserie sentimentale,de ladévotionmièvre… riche d’excès émotifs. Lemot d’ordre est :JésusetMarie».

1626-1633AngéliqueetAgnèsquittentlamaisonetvontfonder,surla

paroisse Saint-Eustache, un ordre nouveau sous le nom

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d’institut du Saint-Sacrement. L’évêque de Langres, Zamet,chargé(avecdeuxautresévêques)1dugouvernementspiritueldecet institut, demande à Saint-Cyran de le seconder dans sadirection. Saint-Cyran toutefois se dérobe car il savait quel’évêque de Sens préparait, en accord avec un jésuite, le P.Binet, une plainte au sujet de l’affaire du Chapelet2. A lademandeduP.Binet, huit docteurs enSorbonne trouvèrentdel’hérésie dans cette prière, là où il n’y avait qu’excèsd’imaginationmystique. Toutefois Zamet revint à la charge, etSaint-Cyran fit examiner le texte duChapeletSecret par deuxprofesseurs de théologie de Louvain (Liber Fromond etJansénius)quirépondirentpardeuxcertificatsdeconformitédutexteàlafoicatholique.

Saint-Cyran les accompagna par un commentaire RéponseauxremarquescontreleChapelet,leP.Binetinsinuaalorsquela mère Agnès aurait été influencée par celui qui prenait sadéfense ;Saint-Cyran répondit paruneRéfutation, les jésuitesl’accusèrent alors d’être l’auteur du Chapelet Secret, puisl’affairesecalma.

ZametfuttrèsreconnaissantàSaint-Cyrandel’avoirtirédecemauvaispas.DeleurcôtélesreligieusesduSaint-Sacrementle supplièrent de les diriger, ce qu’il accepta. Il les exhorta àretracer en elles une petite image de la première Église et àimiter lesdisciplesen troischoses : ladocilitépour laparolede Dieu, la séparation du monde, l’union des unes avec lesautres.

LesuccèsdeSaint-Cyranrenditl’évêquedeLangresjaloux,ilditàlaMèreAngéliquequ’ellenuisaitcéans.

Mai1633Angélique fit demander à Gondi, archevêque de Paris, de

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l’autoriser à retourner à Port-Royal, cependant que la MèreGeneviève la remplacerait au Saint-Sacrement. Gondi acceptasur-le-champainsiqueZametquiétaitheureuxdesedébarrasserd’Angélique.Saint-Cyranseretiradel’institutpourseconsacreràPort-RoyaldeParis.L’institutvégéteraalorspendantquelquesannéespuis,le16mai1638,lesreligieusesduSaint-SacrementregagnerontlamaisondePort-RoyaldeParis.

1637Antoine Singlin, aumônier des pauvres de l’Hôtel-Dieu,

vientproposersesservicesàSaint-Cyranqui l’envoie(1637)àPort-RoyaldesChampsouvriruneécole.Chronologiquement,ilseralepremierdesSolitairesetlecréateurdespetitesécoles.

Janvier1638MadameLeMaistre faitconstruirepoursesdeux fils3 une

demeureàl’intérieurdelacourdumonastèredePort-RoyaldeParis. Ils y entrent, et sont rejoints par Etienne de Bascle,gentilhommeduQuercy,venuàParispouraffairesetqui,aprèsavoir rencontré Saint-Cyran a décidé, à son tour, de faireretraite,puisparGaudonl’aînéetClaudeLancelot.Rapidementle groupe monte à une douzaine de personnes, dont quelquesélèves.

Ascension1638Saint-Cyranestarrêté,surordredeRichelieu,lelendemain

de l’Ascension, et enfermé au château de Vincennes.L’archevêque de Paris intima aux Solitaires l’ordre d’avoir àquitterPort-RoyaldeParis.IlsobéirentetseretrouvèrentàPort-RoyaldesChamps.

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(l’accord du Roi) pour sécher ces marais et faire mourir lesgrenouilles».

1681LeP.QuesnelseretireàOrléans.

1685LeP.QuesnelvarejoindreArnauldàBruxelles.

1687IlpublieunedeuxièmeéditiondesRéflexionsmorales.

1693Il publie une troisième édition, en quatre volumes, des

Réflexionsmoralesavecl’approbationdeM.deNoailles,alorsévêque de Châlons qui en dit « Ce livre tiendra lieu d’unebibliothèque entière, il vous remplira de l’éminente science deJésus-Christ».

6août1694Arnauldmeurt àLiège à quatre-vingt-deux ans.Quesnel le

remplaceracommevéritableporte-paroledesjansénistes.

1695Mort deHarlay deChampvallon, archevêque deParis, que

lesjansénistesappelaient«unministredel’Antéchrist».LouisXIVnommepourluisuccéderl’évêquedeChâlons,AntoinedeNoailles. Ce choix se révélera, à l’usage, être particulièrementmalheureux.

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1696Noaillesnecondamnequepartiellementunouvrageintitulé

L’exposition de la Foi de l’Église touchant la grâce et laprédestination œuvre de l’abbé de Barcos, neveu de Saint-Cyran,mécontentantainsilesjésuites.

1698Le Bénédictin Dom Thierry de Viaixne4 affirme dans un

pamphletintituléleProblèmeecclésiastiquequeladoctrinequevient de condamner l’archevêque de Paris était la même quecelle qu’il avait approuvée, étant évêque de Châlons dans lesRéflexionsmoralesdeQuesnelen1693.

Cepamphletposelaquestionsuivante:«quidoit-oncroire,deMessire Louis-Antoine de Noailles, évêque de Châlons en1693, ou Messire Louis-Antoine de Noailles, archevêque deParisen1696?»Laquerelledujansénismeserallume.

1699LeP.Quesnel publie unequatrième éditiondesRéflexions

moralesquisusciteuneviveoppositiondelapartduclergé,eten tout premier lieu, celle de Fénelon qui hait cordialementNoailles,etvoitlà–àjustetitre–unemanièredel’embarrasser.Maladroitement, Noailles soumet cette nouvelle édition àl’examen de ses conseillers, puis en autorise la publication,permettant même qu’elle lui fût dédiée, ce qui lui attira unelettreacidedeMadamedeMaintenon.

21juin1700InnocentXII,àlademandedeLouisXIV,élèveNoaillesau

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cardinalat.

27septembre1700MortduPapeInnocentXII.ClémentXIluisuccède.

1701Bossuet met au net à Germigny, un travail intitulé

Avertissement sur le livre des Réflexions morales. Il y estfavorableàlapenséedeQuesnel.

1701-1702C’estledébutdel’affaireduCasdeconscience.Unneveu

de Pascal, l’abbé Louis Périer, « franc janséniste » s’étaitentendudireparsonconfesseur,l’abbéFréhel,quelesilence,enmatière de religion, suffisait amplement au chrétien. Or, leconfesseur deM. Fréhel,MonsieurGay, affirmait, lui, qu’uneadhésionintérieurepréalableétaitindispensable.Lesjansénistesrédigèrent un opuscule qui, sous le titre Cas de conscience,posaitlaquestionsuivante«unconfesseurpeut-ilabsoudre,ensûreté de conscience, un ecclésiastique qui déclare qu’ilcondamne les cinqpropositions dans tous les sens où l’Égliseles a condamnées, mais qu’à l’égard de l’attribution de cespropositions à Jansénius il croit suffisant une soumission derespectetdesilenceauxdécisionsdel’Église?»

20juillet1701QuarantedocteursenSorbonnerépondentaffirmativementà

cettequestion.

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cardinaldeNoailles,Vingt-neufévêquesassistentàcetteséance,vingt-trois arrivent ensuite, soit un peu plus du tiers del’épiscopatfrançais.Orl’affaires’engagemalpourleRoi.LeP.TimothéeécritauPapequelepartideNoaillesestenmesuredeformer un schisme, avec l’appui des pères de l’Oratoire, desbénédictins,descongrégationsdeCîteauxetdeSaint-Bernard,de tous les chanoines réguliers, des dominicains, « et grandnombredemauvaismoinesetdereligieuxd’autresordres,avectoutcequ’ilyadeprêtresréguliers».

Colbert, évêque de Montpellier, résume la pensée desopposantsauRoiendéclarantqu’ilnepouvaitaccepterlabullesans trahir sa conscience, et en invitant ses collègues à« maintenir les prérogatives séculaires et sacrées dugallicanisme».IlestsoutenuparSoanen.Autotal,huitprélatssegroupentautourdeNoaillespours’opposeràlaréception,etquarantesontpourcetteréception.

15janvier1714Les six commissaires chargés de l’examen de la bulle

rendent leur rapport qui fait l’apologie de la constitutionUnigenitus.L’assembleendébatles16,17,19,20et21janvier.Ce jour là,Noailleset sespartisans formulentdes réservessurlesconclusionsdurapport,offrenttoutefoisderecevoirlabulle,mais après avoir obtenu des explications de Rome, leursadversairesrefusent.

23janvier1714L’assemblée vote : huit évêques suivent Noailles, quarante

adoptentlesconclusionsdelacommission.

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1erfévrier1714Le cardinal de Rohan présente l’instruction pastorale

préparéeparlacommission.ElleaffirmelesdroitssouverainsduPape,Noaillesetleshuitévêquesdéclarentqueleurconscienceleurinterditd’acceptercettepièceaussilongtempsqueleSaint-Siègen’avaitpasfournideséclaircissementsàsabulle.

5février1714Lesprocès-verbauxd’accord aux actesde l’assemblée sont

présentésauxprélats.Quarantelessignent,Noailleset leshuitévêques refusent de signer et se réservent de présenter unmandementexplicatoiredeleurposition.LeRoienestinformédès le soir même. Les jésuites triomphèrent, pensant avoirremporté une victoire définitive sur les jansénistes et lesgallicans.

7février1714Le cardinal de Noailles reçoit, par écrit, une défense

formelle de se présenter à la Cour. Louis XIV étale ainsi lascissionsurvenueauseindel’épiscopat.Septdeshuitévêquescontestataires (le huitième, l’évêque de Laon, avait finalementsigné)reçurentdeslettresdecachetleurenjoignantderegagnerleursdiocèsesdanslestroisjours.

9février1714Le premier président du parlement, M. de Mesmes, le

procureur général et les avocats généraux sont convoqués àVersailles au sujet de l’enregistrement de la bulle. Le Roi,contrairementàsonhabitude,semontraemportéetbrutal;ildit

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qu’ilétaitlemaîtreetqu’ilvoulaitêtreobéi…qu’ilavaitlepiedlevé (sur les parlementaires) et que à lamoindre bronchade, illeur marcherait à deux pieds sur le ventre. Il ajouta que lecheminn’étaitpaslongdesoncabinetàlaBastille.

13février1714LesmêmesparlementairesreviennentàVersaillesaprèsavoir

présenté des remontrances sur le libellé des lettresd’enregistrement. Ils trouvèrent le Roi exaspéré et intraitable.Aux explications du procureur général, il répondit : « je leveux».

15février1714Leparlementtintaudience,lepremieravocatgénéralrequit

l’enregistrement « avec quelques restrictionsmineures ». Avecl’appuidupremierprésident,ill’obtint.

25février1714Noailles défend aux prêtres de son diocèse de recevoir la

bulle indépendamment de son autorité. Fénelon dénonce chezNoailles«unfonddeduplicitéquiaffligeetalarme».

Jeudi1ermars1714La Faculté de Théologie se réunit à la Sorbonne pour

délibérer de l’enregistrement de la bulle ; le syndic menaced’exclusionetd’exillesmembresindociles,etl’assembléefinitpardonnersonaccordquiestprésentéauRoile14mars.

27avril1714

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III.Envainvouscommandez,Seigneur,sivousnedonnezvous-

mêmecequevouscommandez.

IV.Oui, Seigneur, tout est possible à celui à qui vous rendez

toutpossible,enlefaisantenlui.

V.QuandDieun’amollitpaslecœurparl’onctionintérieurede

sa grâce, les exhortations et les grâces extérieures ne serventqu’àl’endurcirdavantage.

VI.Quelledifférence,ômonDieu,entre l’alliance Judaïqueet

l’alliance Chrétienne ! L’une et l’autre a pour condition lerenoncementaupéchéetl’accomplissementdevotreLoi:maislà, vous l’exigez du pécheur en le laissant dans sonimpuissance ; ici,vous luidonnezcequevous lui commandezenlepurifiantparvotregrâce.

VII.Quel avantage y a-t-il pour l’hommedans une alliance, où

Dieu le laisse à sa propre faiblesse en lui imposant sa Loi ?Maisquelbonheurn’ya-t-ilpointd’entrerdansunealliance,oùDieunousdonnecequ’ildemandedenous?

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VIII.Nous n’appartenons à la nouvelle alliance, qu’autant que

nousavonspartàcettenouvellegrâce,quiopèreennouscequeDieunouscommande.

IX.Cen’estqueparlagrâcedeJésus-Christquenoussommesà

Dieu ; Grâce souveraine, sans laquelle on ne peut jamaisconfesserJésus-Christ,etaveclaquelleonnelereniejamais.

X.La compassion de Dieu sur nos péchés, c’est son amour

pour lepécheur ; cet amour la sourcede lagrâce ; cettegrâceuneopération de lamain toute-puissante deDieu, que rien nepeutempêcherniretarder.

XI.Lagrâcepeuttoutréparerenunmoment,parcequecen’est

autre chose que la volonté toute-puissante de Dieu, quicommandeetquifaittoutcequ’ilcommande.

XII.QuandDieuveut sauver l’âme,en tout temps,en tout lieu,

l’indubitableeffetsuitlevouloird’unDieu.

XIII.

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QuandDieu veut sauver une âme, et qu’il la touche de lamainintérieuredesagrâce,nullevolontéhumaineneluirésiste.

XIV.Quelqueéloignéquesoitdusalutunpécheurobstiné,quand

Jésussefaitvoiràluiparlalumièresalutairedesagrâce,ilfautqu’ilserende,qu’ilaccoure,qu’ils’humilie,etqu’iladoresonSauveur.

XV.Quand Dieu accompagne son commandement et sa parole

extérieuredel’onctiondesonespritetdelaforceintérieuredesagrâce,elleopèredanslecœurl’obéissancequ’elledemande.

XVI.Iln’yapointdecharmesquinecèdentàceuxde lagrâce,

parcequeriennerésisteauTout-Puissant.

XVII.La grâce est donc cette voix du Père, qui enseigne

intérieurement les hommes, et les fait venir à Jésus-Christ.Quiconque ne vient pas à lui, après avoir entendu la voixextérieureduFils,n’estpointenseignéparlePère.

XVIII.LasemencedelaParole,quelamaindeDieuarrose,porte

toujourssonfruit.

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JanséniusetdeSaint-Cyran

Nicolas Cornet demande l’examen de cinqpropositions extraitesde l’Augustinus.Etudede cespropositions

LepapeInnocentXcondamnelescinqpropositionscommehérétiques.LeFormulaire.ArnauldestexcludelaSorbonne

Pascalpublielesdix-huitProvinciales(1656-1657)

LasignatureduFormulaire.MortdeMazarin.Prisedu pouvoir personnel de Louis XIV qui hait lesjansénistes

M. de Péréfixe, archevêque de Paris, visite Port-Royal.BulleRegiminis.Multiplesrefusdesignaturedu Formulaire. Mort de Clément IX. La Paix del’Eglise

Suite de la Paix de l’Église. Les attaques contrePort-Royalreprennent.MortdeHarlay.Noaillesluisuccède

Vie du Père Quesnel. Premières publication desRéflexions Morales sur le Nouveau Testament.Approbation de cet ouvrage par Noailles, alorsévêquedeChâlons

L’affaire du Cas de Conscience. Arrestation etévasionduP.Quesnel

LabulleVineam

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Suppressiondel’abbayedePort-Royal-des-Champs,aprèsunelonguebataillejuridique

Condamnation des Réflexions Morales par uneordonnancedesévêquesdeLuçonetdelaRochelle.RéactionsducardinaldeNoailles.MortduDauphin

PublicationdelabulleUnigenitus

Analyse de la bulle Unigenitus par les magistrats.Assemblée des évêques pour la recevoir.Remontrancesdecertainsévêques

Louis XIV interdit à Noailles de se présenter à laCour. Premières difficultés avec le parlement deParis.Enregistrementdelabulle

Examen de la bulle Unigenitus par la Sorbonne.Divisiondel’épiscopat

La cour et Rome se déchaînent contre Noailles.Propositionderéuniond’unconcilenational

Larésistancedesparlementairesparisiens.Mortduroi

Conclusion

ChronologiesI–Saint-Cyran(1581-1643)II–Jansénius(1585-1638)III–LesabbayesdePort-Royal(1585-1646)IV–LeJansénisme(1649-1715)

Page 99: LE JANSÉNISME de Louis XIV

Texte(traduit)delabulleUnigenitus

Bibliographie

Page 100: LE JANSÉNISME de Louis XIV

Achevéd’imprimerenmai2011parlaStéACORTEurope

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Dépôtlégal:juin2011