le groupe iconar et le mouvement légionnaire_sequences_sandache cristian

7/31/2019 Le groupe Iconar et le mouvement lgionnaire_sequences_SANDACHE cristian

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LE GROUPE ICONAR ET LE MOUVEMENT LEGIONNAIRE

- SEQUENCES -

Cristian Sandache

Universitatea Al. I. Cuza Iai

Rezumat: n atmosfera social dominat de problemele economice i de luptapentru putere dintre partidele politice romneti, curentul de extrem dreapta(legionarismul) i-a definit trsturile sale distinctive spre sfritul celui de-al treilea

deceniu al perioadei interbelice. Promovat de Garda de Fier, acest curent s-a bucurat desprijinul unor intelectuali romni de eliti a unui numr semnificativ de tineri, dezamgii decorupia sistemului politic romnesc. Fenomenul Iconar a reprezentat un episod

semnificativ din evoluia spiritual a Micrii Legionare.Soarta regiumului politic romnesc din perioada interbelic s-a decis dup 1938,

n primul rnd datorit conjuncturii internaionale defavorabil pe atunci regimurilordemocratice.

Avec son ingalable capacit dapercevoir les phnomnes historiques,

Nicolae Iorga avait observ que la Bucovine ne reprsentait pas seulement une

province porteuse dune grande originalit culturelle, mais aussi un exemple detnacit collective des ethniques roumains majoritaires, capables de cristalliser une

conscience nationale au milieu des dangers et des coups,dcide daffronter touteprovocation douloureuse qui pourrait lattendre lavenir1.

La partie de nord de la Moldavie, cette contre-l des forts dhtres et de

sapins, a enflamm limagination de plusieurs crateurs de beau ou des voyageurs

trangers, qui admettaient que cette rgion-ci conservait une certaine magie curieuse.

Les Roumains de cette zone avaient une psychologie intressante, concrtise par un

mlange de sobrit et defficacit travailleuse, une bonne organisation, une

sensibilit mlancolique et surtout, un penchant assidu vers les usages ecclsiastiques.Dans les moments de tension, ces individus apparemment fatalistes, savaient se

manifester mme dune manire volcanique. Des pisodes semblables ont t

consigns surtout dans leurs rapports avec les autres ethnies vivantes dans la

Bucovine, en spcial les Ukrainiens et les Juifs. Cela est soulign sans quivoque par

George Drumur, en 1938, mme dans Enciclopedia Romniei, ouvrage (en fond) caractre officiel2. Mais on ne peut pas parler, en tout cas, dun gne xnophobe des

Roumains; chaque aspect moins heureux avait sa base des raisons justifies, presque

toujours de nature conomique ou sociale.

En 1931, Mircea Streinul, Ion Roca, Gheorghe Antonovici, George

Drumur et Neculai Pavel avaient fond le groupe Iconar; celui-ci se proposaitdapporter dans le paysage de la littrature roumaine un certain spcifique de la

Bucovine, tout en ralisant une synthse entre les traditions et les provocations de la


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modernit. Ultrieurement, sera fond une maison ddition portant le mme nom ; en

1935 apparatra la revue Iconar, avec la rdaction Cernui3.Vasile Posteuc observait plus tard que mme la dnomination Iconar

expliquait les motivations spirituelles des fondateurs du groupe. Il sagirait dune

image heureuse utilise par Mircea Streinul, conformment laquelle les crations

littraires pourraient tre transposes dans des vritables icnes, qui mettent en

vidence, de la manire la plus fidle, leur originalit esthtique. Comme liconostase

est lendroit o le fidle peut admirer la beaut des ranges dicnes, dirigeant ses

penses envers Dieu, de la mme manire le groupe (et ensuite la revue) Iconar sevoulait une vitrine de lesprit de Bucovine issu des traditions et familiaris avec les

crations de la grande culture europenne4.

George Clinescu a t extrmement injuste avec le phnomne Iconar;

on peut citer en ce sens ses rfrences de louvrage Istoria literaturii romne. Dans lavision de Clinescu, les reprsentants du groupe auraient commis la faute de navoirpas filtr en sens critique les influences de la spiritualit occidentale, les rsultats

esthtiques tant, dans la majorit des cas, dcevantes:

Les effets du contact trop brusque avec ce qui nest pas appropri lastructure rurale de la Bucovine sont un bavardage confus, bigarr, une course aprsles nologismes, dune partie, et aprs les archasmes, de lautre, une pense cache,une sentimentalit trouble, un mysticisme bizarre, un mlange de folklorisme etmodernisme, conduisant pas rarement au baroque. Ce qui est pire chez Blaga, Barbuet Arghezi, et dans la posie moderne, en gnral, dans le sens de la pireinterprtation, de la plus abusive, a apport cet endroit-ci une mauvaise moisson5.

En ralit, lesthtique portant la marque Iconar avait son propre chemin ;le rle de Mircea Streinul est, en ce sens, souligner. Ni George Clinescu ne niait

ses qualits de factotum du groupe. Streinul deviendra un crateur authentique et

assez productif, malgr sa mort prmature. (Il est mort le 17 avril 1945,

seulement 35 annes)6.Mais la prsente dmarche na pas comme but danalyser la valeur littraire

des crateurs runis sous le sceau de lIconar. Il est incontestable, pourtant, quilsont apport un souffle part dans le paysage des lettres roumaines, mme si on pense

aux thmatiques abordes et latmosphre spciale, dune trange posie, qui sedgage de quelques crations des adeptes du groupe. Mme sils ont t accuss

souvent dune simple prise des motifs de lexpressionnisme, dune vulgarisation de

celui-ci, il est certain que Streinul et plusieurs de ses collaborateurs taient des gens

avec des lectures solides, passionns par lart et le folklore, dun srieux intellectuel

incontestable. Latmosphre tragique et en mme temps mystique, lhrosme

transfigure, les images souvenant soit les lgendes mdivales du monde

germanique, soit les thmes du folklore de la Bucovine, ainsi que linfluence de la

littrature europenne de valeur, toutes ces choses reprsentent des traits esthtiques

impossibles ignorer.

A cet gard, Iulian Vesper semble tre typique; Ion Negoiescu suggrait

que la lyrique de celui-ci, a ses racines dans un Weltschmerz expressionniste;pourMarian Popa, la posie de Iulian Vespervoluera de la conciliation du nologisme


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avec les influences locales vers la posie de profonde inspiration folklorique et declart de son contenu7.

La socit roumaine de lentre deux guerres tait domine par une vritable

crise idique, ses protagonistes tant, en premier lieu, une partie de la jeune

intellectualit qui se sentait suffoque par les conventions et qui identifiait les maux

quotidiens avec le spcifique mme du modle dmocratique. Les temps nouveaux du

capitalisme imptueux avaient pulvris lquilibre des institutions de jadis, et une

entire manire de vivre disparaissait avec une dignit discrte, mais qui continuait

impressionner les consciences romantiques.

Lesprit pragmatique bourgeois, la coterie balkanique, le got du gain

rapide, lavancement sur lchelle sociale comme rsultat de tous compromis, toutes

ces choses taient regardes avec mpris par ces jeunes qui soignaient cristalliser

leurs alentours une vritable phalange dindividus librs de toutes frustrationsintellectuelles et historiques. Ils voulaient compenser par lrudition les dfaites

historiques des ceux du pass et devenir eux-mmes la nouvelle aristocratie du temps,

luttant dgal gal avec les valeurs universelles et imposant, finalement, une vision

originelle, un rapport au monde qui garde le sceau du gnie autochtone8.

Les anctres de ces jeunes avaient t des grands boyards ou des nobles, qui

taient familiariss avec les expriences du Byzance et de lOuest, des voyageurs

infatigables dans les capitales fastueuses ou des exils, les mes brls par la

nostalgie des lointains, attendant le salut dans des endroits pierreux, parmi les prires

et les intrigues. Parmi ceux-ci, il y avait, aussi, des descendants des familles

phanariotes, des descendants des principes grecs, qui avaient vu les Principauts

Roumaines de la fuite des chevaux, rgnant irrellement et peu, changs comme les

pices sur la table des checs par les caprices des sultans de Constantinople. Des

autres boyards du pays avaient fond des palais et des cours, semblables des bijoux

architecturaux, qui attiraient lattention et ladmiration des trangers, par le got sr

pour le raffinement et llgance. Ils taient morts avec croyance dans les batailles

dcisives pour lexistence de leur peuple, ils avaient trahi sang froid les princes

rgnants quils avaient considrs un certain moment indignes ou, des piges devant

leurs propres ambitions de grandeur et de richesse. Une tradition des dcapitations,

des exiles, des intrigues et des exploits hroques accompagnait ces descendants quigardaient encore, dans leur sous conscient, la distinction des sicles qui sont passs et

qui se sont perdus dans labme du temps, comme le soleil rfugi dans lcume des

vagues.

Des autres jeunes appartenaient par extraction des milieux sociaux

modestes, mais leurs qualits individuelles les recommandaient pour de brillantes

carrires dans les plus divers domaines intellectuels. La majorit dentre eux taient

familiaris de bonne heure avec la spiritualit universelle et manifestaient un esprit

critique tout fait remarquable, heureusement joint avec la mise en pratique dun

essayisme inconventionnel et ingnieux, qui devait produire des angoisses et stimuler

les raisonnements les plus inattendus. Ils voyaient, en consquence, dans le groupe de

Corneliu Zelea Codreanu, une transposition en plan politique de ce quils voulaient :

une force capable dterminer le changement des fondements du systme


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dmocratique roumain, condamn, leur avis, dune manire irrmdiable par le

politicianisme. Les sensations de frustration, dsillusion et irritabilit samplifiaient et

les arguments pour adhrer la Garde de Fer passaient au premier plan. Les

intellectuels raffins et corrosives, habitus la bousculade dides et avec la

ngation vitriolante des systmes ankyloss par le temps, identifis en leurs yeux aux

fiefs des anciens complices en arrangements indignes, considraient que le

lgionnarisme serait pour eux quivalent avec une preuve mystique, un test de la

vrit suprme et une renaissance:

La Garde de Fer offrait le modle dun Mouvement avec des traits pres,activiste, mais toujours voulant prendre la liaison avec lintellectualit et essayerdappliquer avec enthousiasme jeune les propositions les plus radicales9.

Pour ceux de Iconar, le lgionnarisme deviendra une vritable axiome

spirituelle, surtout tout en commenant de 1935, lorsque la revue portant le mmenom apparatra sous la double direction de Liviu Rusu et Mircea Streinul10.

Vasile Posteuc avait limpression dassister un vritable miracle culturel

dans le sens que le groupe Iconar aurait russi peine de ce moment-l reprsenter un symbole de la spiritualit roumaine de Bucovine, par sa transformation

dans une sorte dexpression esthtique du nationalisme profess par les adeptes de

Codreanu11.Dans son style caractristique, Vasile Posteuc faisait rfrence la forcemagique dun esprit nouveau, jeune, mystique, capable de rendre aux vritables

crateurs dart cette sensibilit-l authentique, autochtone, dont le filon ne pouvait

tre que le nationalisme. Une vritable renaissance devrait saccomplir, et les adeptes

de Mircea Streinul pouvaient se considrer des lus de la destine parce quils

auraient contribu parmi les premiers cette rgnration nationale urgente12.

La revue Iconar constitue un intressant document psychologique et enmme temps esthtique doctrinaire, absolument utile la comprhension dune

autre dimension du radicalisme de droite de la Roumanie de lentre deux guerres.

Voila, par exemple, Mircea Streinul, qui considrait que le lgionnarisme avait dj

sa propre lyrique, bien individualise, portant dans sa substance, un vritable sceau de

lesprit national13.

La stylistique de Streinul devient de plus en plus influence par les lments

du discours lgionnaire, qui faisait une critique dvastatrice toutes les ainsi -nommes causes de la dgnration de la socit roumaine. Mircea Streinul tait

davis que lart lyrique roumain se dlivrera de toute une srie de conventions et

dinterdictions nuisibles, qui ne reprsenteraient autre chose que des expressions des

gots douteux proclams avec emphase et inconscience, par une bourgeoisie

fainante et manque didaux14. La posie dorientation lgionnaire aurait tlquivalent de la rvolution spirituelle que le nationalisme de Codreanu voudrait

accomplir au niveau de la mentalit collective du peuple roumain. Malheureusement,

Streinul tombe dans lantismitisme lorsquil mentionne avec une sorte de passion

fanatique linvasion des pharisiens et des sadducens qui aurait suffoqu la socit

roumaine par la pratique dun mpris programmatique envers les traditions, la foi, la

dignit nationale; celles-ci sopposeraient le dsir denrichissement tout prix, la

commodit, la mdiocrit agressive ou lobdience calcule. La socit roumaine


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ressemblerait avec un malade ou avec le personnage de Goncearov, ce Oblomov-l,

manqu de volont, incapable imposer sa personnalit devant le mal gnralis.

Mircea Streinul, un fin connaisseur de la littrature occidentale, se transforme dans

une sorte de prophte furieux qui proclame une vritable rupture purificatrice,

lorigine de laquelle se trouverait le Mouvement Lgionnaire, une force qui serait

capable de ptrir une nouvelle gnration dhros du roumanisme.

Tout en faisant rfrence aux traits qui individualiseront le pote

lgionnaire, Streinul tait davis que celui-ci aurait transform lacte de la cration

dans un dans lequel on sassume la responsabilit, tout en sintgrant avec son uvre

dans une sorte despace tutlaire de lesthtique nationaliste. Certaines images se

veulent mtaphoriques, mais le plus souvent, elles semblent au lecteur daujourdhui

plutt tranges ; celui-ci commence sinterroger si Mircea Streinul ne vivait pas,

son tour, cette transe-l des initis des grands mystres ou des fanatiques. Le potelgionnaire aurait t capable (dans la vision de Streinul) de porter sur ses paules

lternit, celle-ci reprsentant, son tour, une synthse entre eros, logos etchtonos15.

Il ne pourrait pas tre autrement, dans les conditions dans lesquelles le pote

lgionnaire se diffrencierait fondamentalement de limage classique du crateur. Le

lgionnarisme aurait t reprsent dans le plan de la cration lyrique par une sorte

dascte, dou, aussi, avec la capacit de se transformer dans un prtre de laposie;

tout tait contourn par Mircea Streinul dans une atmosphre de sombre pit16.

Le got du succs facile, la mgalomanie strile, le luxe, largyrisme

auraient t chasss de ce paysage de lautoperfection, de la tristesse et de la volont.

Le crateur lgionnaire aurait t oblig (dans la vision du mme Mircea Streinul)

dadmettre la permanence de la mort pour la pouvoir dpasser lintermdiaire de

lternit, formulation suffisamment ambigu, mais significative pour un certain style

que le lgionnarisme pratiquera sur toutes les voies, surtout aprs lentre dans le

groupe de Codreanu des jeunes intellectuels provenus de la revueAxa.Une proccupation spciale auront ceux de Iconar pour la dfinition

globale de la nouvelle lyrique de type nationaliste, identifie avec une expression de

la sensibilit esthtique lgionnaire. Mircea Streinul tait davis que par ses

caractristiques, la posie lgionnaire aurait eu ses racines dans les chansons que lesadeptes de Codreanu interprtaient avec leur frnsie habituelle, tout en leur confrant

une signification presque surnaturelle. Lide tait reprise et dveloppe par Liviu

Rusu, qui saffirmera comme un des plus reprsentatifs esthticiens roumains. Rusu

confrait la chanson lgionnaire des vertus initiatiques, tout en accrditant le

curieux raisonnement, conformment auquel les peuples devraient tre jugs selonleurs chansons de marche17.

Tout en dveloppant ses considrations, Liviu Rusu tait tout fait

convaincu que ces peuples-l qui, soit ne connaissaient pas ou ne cultivaient pas

largement les marches, ne feraient autre chose que renoncer leur existence

historique, affirmation qui tombait dans le ridicule, malgr le ton sombre, avec des

prtentions de dmonstration scientifique. Selon Liviu Rusu, le lgionnarisme avait la

mission dintroduire dans la musique populaire roumaine les rythmes des marches et


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de la lutte; cela serait quivalent avec une rvlation de la vritable destine du

peuple roumain, qui ne pouvait tre quun hroque, avec rien dinfrieur en

comparaison aux destines des grands peuples du monde.

Personne ne pouvait pas nier le fait que lorganisation de Corneliu Zelea

Codreanu avait transform la chanson dans une vritable arme de propagande, le plus

souvent, plus efficace que les longs discours des hommes politiques, toujours plus

ressemblants entre eux par le manque de substance et les promesses lectorales

invraisemblables. Liviu Rusu se montrait toujours tonn par la structure des

mlodies lgionnaires, de ce quil nommait leur douleur martiale18. Celui-ci qui litaujourdhui de telles considrations reste sidr par la dimension du fanatisme, par la

croyance presque invraisemblable dun esprit si analytique comme Liviu Rusu, dans

la suppose victoire de ce que les adeptes de Codreanu nommaient frquemment la

rvolution lgionnaire.Les adeptes du lgionnarisme taient davis que la doctrine nationalistedevait tre radicalement modifie dans le sens dune autochtonisation encore plus

accentue, et ce phnomne devait tre visible dans tous les domaines, mais au

premier lieu, en celui spirituel. Ni les intellectuels de Iconar ne feront exception cet gard. George Macrin croyait hardiment dans une puissante renaissance du

roumanisme et considrait que seulement les crateurs dart, mais aussi ceux qui

soccupaient avec le difficile acte de lanalyse littraire, devraient sorienter dans le

cadre des exgses quils faisaient, plutt en fonction du critre de lappartenance aux

valeurs nationales, traditionnelles, quen fonction du critre esthtique.

Il rsultait, en consquence, des jugements de valeur qui ne sloignaient

pas trop comme fond du paradigme du courant neosmntorism, mais dun autretype; celui-ci se caractriserait, aussi, par limportance accrue accorde la

dimension ethnique. Une uvre dart, mme si elle serait une russite sur le plan

esthtique, ne pouvait pas tre accepte dans la grande famille des valeurs spirituelles

roumaines, si elle naccomplirait ces conditions. George Macrin tait, de cette

perspective, stricte: La critique ne doit pas oublier les intrts de la communautnationale19.

Mais le concept de communaut nationale excluait les ethniques juifs,

identifis presque totalement avec les possibles propagateurs des ides communistes,dissolvantes, anti-tatiques. Auprs des Juifs, Macrin mettait les francs-maons, la

franc-maonnerie, elle-mme, tant identifie par celui-ci avec une vritable gangrne

qui aurait creus profondment aux fondements de lEtat roumain, en le menaant

avec lannihilation20.

George Macrin utilisait en ce sens des expressions bombastiques, dans

lesquelles on peut deviner les troubles dun esprit dsillusionn, prisonnier des

cliches typiques pour la rhtorique de la droite radicale: Lvolution politiqueenvers la franc-maonnerie a conduit au noircissement complet de ltoilenationale21.

Tout en largissant la sphre des considrations teinte rductionniste

catastrophique, George Macrin arrivait des conclusion aberrantes, affirmant qu

Eugen Lovinescu, Garabet Ibrileanu ou George Clinescu ne reprsenteraient en


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ralit des valeurs de la critique littraire roumaine, mais ils auront t le rsultat de

linfluence occulte de la franc-maonnerie, celle-ci les faisant simposer finalement

dans la conscience publique et leur faisant une publicit pas mrite. Les critiques

quon vient de mentionner auraient t coupables (entre autres) du fait dtre les

soutenants des uvres littraires inspirs par des sujets pas roumains, duncosmopolitisme rvoltant. Il est vident que George Macrin entrait totalement dans la

sphre du ridicule lorsquil, dune manire sentencieuse, pouvait crire une telle

chose22

Obsd par un antismitisme primitif, Barbu luanschi apportait au

premier plan les thmes classiques du discours antijuif europen, faisant rfrence

surtout aux clbres scnarios conspiratives dans lesquels les descendants dIsral

staient spcialiss. Les juifs auraient t (selon luanschi), presque programms du

point de vue gntique pour mettre au point des conspirations tnbreuses ayantcomme but final la destruction de la civilisation chrtienne23. Il est juste quil y avait

de nombreux ethniques juifs vivant en Roumanie et ailleurs, qui avaient adhr (par

des raisons des plus divers) lidologie communiste ; certains dentre eux ont vu en

celle-ci un moyen de dpasser leurs frustrations millnaires gnres par la condition

typique de minoritaires soumis aux diffrents abus et perscutions.

Le 5 dcembre 1936, avait t poignard Cernui, la suite dun conflit

avec un groupe dadeptes de lextrme - gauche, ltudiant en thologie Gheorghe

Grigor (lgionnaire), occasion pour Mircea Streinul de raconter le tragique vnement

dans un note dindignation extrme, pointe avec des invectives antismites. Streinul

dtenait linformation conformment laquelle, une partie de ceux qui avaient

contribu lassassinat de Grigor auraient t dorigine juive. Tout en partant de cet

aspect (semble-t-il, rel), Mircea Streinul construisait un scnario personnel

conformment auquel tous les Juifs du monde aurait essay de rendre lassaut final

contre la Roumanie, pour la conqurir. Les seuls qui se seraient opposs une telle

invasion auraient t les adeptes de Corneliu Zelea Codreanu et justement pour cela,

ils auraient t les premiers soumis aux perscutions juives. Dans la vision de Mircea

Streinul, les journalistes dorigine juive auraient t coupables davoir cultiv une

atmosphre anti-roumaine (au fond, anti-religionnaire) ; ils soutenaient, en change,

avec enthousiasme, le marxisme et surtout le communisme dextraction sovitique. Ilest trange comme un esprit nourri lcole des grands auteurs europens (comme

Mircea Streinul) pouvait se mtamorphoser dans un pamphltaire agressif, et par des

endroits, mme trivial. Les Juifs sont associs avec des expressions immondes, telles

les cochons de la presse de Cernui et dune partie de celle de la Capitale; desprostitus de lcrit quotidien; les sinistres cochons avec des favoris24.

Tout en passant au registre hroque, Mircea Streinul mettait en opposition

le lgionnarisme et le judasme, observant que chaque Roumain qui adhre au groupe

de Corneliu Zelea Codreanu doit tre conscient, quune fois devenu lgionnaire, il

apportera son propre salut, mais aussi celui des autres du pril de la desnationalisation

gnr par laction des Juifs. Des jugements de valeurs simplistes, tristes Ni le culte

lgionnaire de la mort ntait, lui aussi, omis par Mircea Streinul: Notre mort est lemyrrhe avec lequel le pays daigne et avec lequel, nous daignons, aussi25.


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Dailleurs, Streinul dveloppera dune manire plus ample le thme de la

mort lgionnaire, loccasion de lpisode (tragique pour le groupe de Codreanu) de

la mort dans la guerre civile de lEspagne (dans la localit Majadahonda) de Vasile

Marin et Ion Moa26.

Dans le lgionnarisme, plusieurs des adeptes de Iconar admiraient cequils nommaient le rythme jeune, le dynamisme, lapparence de rvolution

purificatrice, qui aurait modifi des leurs fondements les paradigmes de pense de la

socit roumaine (beaucoup trop anachronique, vieillie, cosmopolite dans leur

vision). Traian Brileanu affirmera cela, durement, dans un texte de 1936: Lorsqueles vieillards donnent des signes de snilit, ils doivent tre remplacs27.

Limage dun conflit continuel entre les gnrations tait cultive

frquemment par la propagande lgionnaire. Les anciens nauraient symbolis pas

seulement les piliers de lancienne Roumanie, lentier systme existant, mais aussiune barrire devant laffirmation des reprsentants des nouvelles gnrations. Les

derniers affirmaient que justement de leur propre succs social aurait dpendu la

destine mme de la Roumanie, les reprsentants des gnrations plus anciennes

refusant reconnatre cette fatalit de lhistoire, tant des prisonniers de

limmobilisme prudent.

Selon les opinions de Barbu luanschi et Stere Mihalexe, la lutte entre les

gnrations aurait reprsent la cl mme de lvolution (ou de linvolution) de la

socit roumaine28.

Mettant le signe de lgalit entre la revue Iconar et les jeunes roumainsnationalistes, Traian Brileanu offrait, aussi, une caractrisation indirecte de la

publication de ces annes-l: Iconar appartient aux jeunes qui hassent juste titrela sagesse kilomtrique et bavarde29.

Au-del des exagrations invitables, il est certain que les annes 1935-

1937 ont reprsent une augmentation sans prcdent de la popularit du

lgionnarisme au niveau de lopinion publique de la Roumanie, phnomne confirm

loccasion des lections parlementaires de 20 dcembre 1937. A ce moment-l, au

niveau du pays tout entier, Le Parti Tout Pour le Pays (la titulature sous laquelle le

groupe de Corneliu Zelea Codreanu a particip au test lectoral) a obtenu 15,58% du

total des votes exprims30

.Le phnomne Iconar a rflchi les troubles et le drame de ces jeunes-l

et de ceux intellectuels-l de la Roumanie qui, deviendront, ultrieurement et

successivement, les victimes du rgime personnel instaur par Carol II en 1938, de la

dictature militaire du gnral Ion Antonescu et pas au dernier lieu, du rgime

totalitaire communiste dinfluence sovitique.

Traduit par Violeta-Anca Epure


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NOTES:

1 Nicolae Iorga, Romnismul n trecutul Bucovinei, Les Publications de lEgliseMtropolitaine de la Bucovine sous I. P.S.S. Le Mtropolite Visarion, Bucureti, 1938, p.72.2 G.Drumur la prsentation du dpartement de Suceava, en Enciclopedia Romniei, vol.II,araRomneasc, Bucureti, 1938, p. 431.3

Lucian Predescu, Enciclopedia Romniei Cugetarea. Material Romnesc: Oameniinfptuiri, Bucureti, 1940, p. 414; Mircea Zaciu, M.Papahagi, Aurel Sasu (coordonnateurs),

Dicionarul Esenial al Scriitorilor Romni, Ed.Albatros, Bucureti, 2000, p. 808; GeorgeClinescu,Istoria Literaturii Romne. De laorigini pn n prezent, La II-me dition rvueet complte, Ed.Minerva, Bucureti, 1982, p.907.4 Vasile Posteuc, Drum, lanne XI, no. 4, novembre-dcembre, 1975.5

George Clinescu, op.cit.6 Mircea Zaciu, M.Papahagi, Aurel Sasu, op.cit.7 I.Negoiescu, Istoria literaturii romne (1800-1945), Ed.Dacia, Cluj-Napoca, 2002, p.390;Marian Popa, Dicionar de literatur romn contemporan, Ed.Albatros, Bucureti, 1977,

p.601.8 Mircea Vulcnescu, Nae Ionescu. Aacum l-am cunoscut, Ed.Humanitas, Bucureti, 1992,

p.83.9 Francisco Veiga, Istoria Grzii de Fier. 1919-1941. Mistica ultranaionalismului,Ed.Humanitas, Bucureti, 1993, p.160.10 Vasile Posteuc, op.cit.11 Ibidem.12Ibidem.13 Mircea Streinul,Poezia Legionar, en Iconar, la I-re anne, no. 4, 1935.14Ibidem.15Ibidem.16Ibidem.17 Liviu Rusu, Ce este cntecul legionar?, en Iconar, la I-re anne, no. 4, 1935.18Ibidem.19 George Macrin,Drumul romnismului, en Iconar, la I-re anne, no. 6, 1936.20Ibidem.21Ibidem.22Ibidem.23 Barbu luanschi, Conspiraia jidovilor, en Iconar, la I-re anne, no. 6, 1936.24 Mircea Streinul,Iari o jertf: Gheorghe Grigor, en Iconar, la I-re anne, no. 6, 1936.25Ibidem.26Idem, Moartea eroic, en Iconar, la II me anne, no. 5, 1937.27 Traian Brileanu, Ritmul generaiilor, en Iconar, la I-re anne, no. 5, 1936.28 Barbu luanschi, Inaderena intelectualilor, en Iconar, la I-re anne, no. 12, 1936;Stere Mihalexe,Disponibilitatea legionar, en Iconar, la I-re anne, no. 11, 1936.29 Traian Brileanu, op.cit.30 Monitorul Oficial, le 30 dcembre 1937, no. 301, p.9716 et les suivantes.

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