le gouvernement sort le grand jeu pour tenter d'apaiser les jeunes

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Directeur de la publication : Edwy Plenel www.mediapart.fr 1 1/4 Le gouvernement sort le grand jeu pour tenter d'apaiser les jeunes PAR FAÏZA ZEROUALA ARTICLE PUBLIÉ LE MARDI 12 AVRIL 2016 Le premier ministre a annoncé lundi 11 avril un plan estimé de 400 à 500 millions d'euros par an pour dissiper la colère des jeunes mobilisés contre le projet de loi sur le travail. Ces onze mesures ont été plutôt bien accueillies par certaines organisations de jeunesse, qui continuent néanmoins à réclamer le retrait de la loi El Khomri. Le spectre du retrait du projet de loi sur le travail s’éloigne bel et bien. Le premier ministre, Manuel Valls, l’a rappelé aux huit organisations représentant les lycéens et étudiants conviées à l’hôtel Matignon, la loi est dans sa phase d’examen parlementaire, hors de question de reculer maintenant. Mais le gouvernement a néanmoins décidé de tendre la main aux jeunes. Avec plus ou moins de succès. Depuis un mois, le gouvernement fait face à l’opposition de plusieurs syndicats lycéens, FIDL et UNL en tête, et de la première organisation étudiante, l’Unef. Tous protestent contre la loi portée par la ministre du travail Myriam El Khomri, présente avec la ministre de l'éducation Najat Vallaud-Belkacem et le ministre de la ville, de la jeunesse et des sports Patrick Kanner. Des blocages de lycées et d'universités, ainsi que des manifestations, dont la sixième a rassemblé 120 000 personnes samedi 9 avril selon les autorités, ont ponctué ce mois de mars. Manuel Valls et Myriam El Khomri face aux organisations de la jeunesse © Reuters Cela fait aussi onze jours que la « Nuit debout », mouvement d’occupation « citoyen », s'est installée à République, à Paris, pour rassembler les mécontentements. L'initiative tente d’essaimer en province. La place a été évacuée au petit matin du 11 avril, mais les occupants pourraient revenir malgré tout ce soir. [[lire_aussi]] C’est dans ce contexte social bouillonnant que Manuel Valls a annoncé, ce jour, un paquet de mesures destinées spécifiquement à la jeunesse. Une tentative de désamorcer leur colère et d'apaiser leur crainte de la précarité, qui sous-tend cette mobilisation. Le président de la République François Hollande disait vouloir faire des jeunes sa priorité, c'est en substance ce qu’a rappelé le premier ministre aux organisations représentantes face à lui : « Jamais autant n'a été fait pour la jeunesse dans ce pays. Jamais un gouvernement ne s'est autant mobilisé pour que la génération qui vient ait tous les atouts en main. » Devant les journalistes, il a ensuite assuré que le gouvernement n'agissait « pas pour éteindre une contestation (...) mais pour répondre à des inquiétudes profondes ». Difficile de ne pas lire derrière cet intérêt appuyé des arrière-pensées présidentielles. Il ne serait pas bon, à un an de l’échéance, pour François Hollande, d’accrocher à son bilan une défiance pérenne de la jeunesse. L’exécutif a sorti le grand jeu et le carnet de chèques. Pour mettre en oeuvre les onze mesures annoncées, le gouvernement doit débloquer 400 à 500 millions par an. Quitte à renoncer un instant à son obsession de réaliser des économies pour ne pas, un peu plus, creuser le déficit (3,8 % du PIB en 2015). Le premier ministre affiche ainsi un premier bilan tangible à ce drôle de printemps social dont il devenait difficile de prédire l’issue. Pour entrer en vigueur, les nouvelles mesures devraient faire l’objet d’un amendement à la loi sur le travail ou être intégrées à la loi sur l'égalité et la citoyenneté portée par Patrick Kanner et présentée mercredi 13 avril en conseil des ministres. Dans le détail, les bourses des jeunes devraient être revalorisées et prolongées de quatre mois. Une durée correspondant, selon le gouvernement, « au temps moyen passé au chômage chez un jeune diplômé au cours des trois premières années de sa vie active ». Cette aide à la recherche du premier emploi (Arpe) serait créée pour les diplômés boursiers cherchant un travail, qu'ils aient obtenu un CAP, un baccalauréat professionnel, un BTS, un DUT, une licence, une

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Le Gouvernement Sort Le Grand Jeu Pour Tenter d'Apaiser Les Jeunes

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Directeur de la publication : Edwy Plenelwww.mediapart.fr 1

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Le gouvernement sort le grand jeu pourtenter d'apaiser les jeunesPAR FAÏZA ZEROUALAARTICLE PUBLIÉ LE MARDI 12 AVRIL 2016

Le premier ministre a annoncé lundi 11 avril unplan estimé de 400 à 500 millions d'euros par anpour dissiper la colère des jeunes mobilisés contrele projet de loi sur le travail. Ces onze mesures ontété plutôt bien accueillies par certaines organisationsde jeunesse, qui continuent néanmoins à réclamer leretrait de la loi El Khomri.

Le spectre du retrait du projet de loi sur le travails’éloigne bel et bien. Le premier ministre, ManuelValls, l’a rappelé aux huit organisations représentantles lycéens et étudiants conviées à l’hôtel Matignon, laloi est dans sa phase d’examen parlementaire, hors dequestion de reculer maintenant. Mais le gouvernementa néanmoins décidé de tendre la main aux jeunes. Avecplus ou moins de succès.

Depuis un mois, le gouvernement fait face àl’opposition de plusieurs syndicats lycéens, FIDL etUNL en tête, et de la première organisation étudiante,l’Unef. Tous protestent contre la loi portée par laministre du travail Myriam El Khomri, présente avecla ministre de l'éducation Najat Vallaud-Belkacemet le ministre de la ville, de la jeunesse et dessports Patrick Kanner. Des blocages de lycées etd'universités, ainsi que des manifestations, dont lasixième a rassemblé 120 000 personnes samedi 9 avrilselon les autorités, ont ponctué ce mois de mars.

Manuel Valls et Myriam El Khomri face aux organisations de la jeunesse © Reuters

Cela fait aussi onze jours que la « Nuit debout», mouvement d’occupation « citoyen », s'estinstallée à République, à Paris, pour rassemblerles mécontentements. L'initiative tente d’essaimer enprovince. La place a été évacuée au petit matin du11 avril, mais les occupants pourraient revenir malgrétout ce soir.

[[lire_aussi]]

C’est dans ce contexte social bouillonnant que ManuelValls a annoncé, ce jour, un paquet de mesuresdestinées spécifiquement à la jeunesse. Une tentativede désamorcer leur colère et d'apaiser leur craintede la précarité, qui sous-tend cette mobilisation. Leprésident de la République François Hollande disaitvouloir faire des jeunes sa priorité, c'est en substancece qu’a rappelé le premier ministre aux organisationsreprésentantes face à lui : « Jamais autant n'aété fait pour la jeunesse dans ce pays. Jamais ungouvernement ne s'est autant mobilisé pour que lagénération qui vient ait tous les atouts en main. »

Devant les journalistes, il a ensuite assuré que legouvernement n'agissait « pas pour éteindre unecontestation (...) mais pour répondre à des inquiétudesprofondes ». Difficile de ne pas lire derrière cetintérêt appuyé des arrière-pensées présidentielles. Il neserait pas bon, à un an de l’échéance, pour FrançoisHollande, d’accrocher à son bilan une défiancepérenne de la jeunesse.

L’exécutif a sorti le grand jeu et le carnet de chèques.Pour mettre en œuvre les onze mesures annoncées,le gouvernement doit débloquer 400 à 500 millionspar an. Quitte à renoncer un instant à son obsessionde réaliser des économies pour ne pas, un peu plus,creuser le déficit (3,8 % du PIB en 2015).

Le premier ministre affiche ainsi un premier bilantangible à ce drôle de printemps social dont il devenaitdifficile de prédire l’issue. Pour entrer en vigueur,les nouvelles mesures devraient faire l’objet d’unamendement à la loi sur le travail ou être intégrées àla loi sur l'égalité et la citoyenneté portée par PatrickKanner et présentée mercredi 13 avril en conseil desministres.

Dans le détail, les bourses des jeunes devraient êtrerevalorisées et prolongées de quatre mois. Une duréecorrespondant, selon le gouvernement, « au tempsmoyen passé au chômage chez un jeune diplômé aucours des trois premières années de sa vie active ».Cette aide à la recherche du premier emploi (Arpe)serait créée pour les diplômés boursiers cherchant untravail, qu'ils aient obtenu un CAP, un baccalauréatprofessionnel, un BTS, un DUT, une licence, une

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licence professionnelle, un master ou qu'ils soienttitulaires d’un diplôme d’ingénieur. Ce filet de sécuritépourrait concerner 126 000 jeunes dès la prochainerentrée et devrait potentiellement coûter 130 millionsd’euros en année pleine, selon le chiffre de Matignon.

Vingt-cinq mille étudiants, boursiers échelon zéroqui ne bénéficiaient jusqu’alors que de l’exonérationdes droits d’inscription à l’université, vont percevoir,selon les promesses du premier ministre, une bourseannuelle de 1 000 euros. Le coût de la mesure, quientrerait en vigueur à la rentrée 2016, est de 25millions d'euros.

Les étudiants ne sont pas les seuls à bénéficierd’un coup de pouce du gouvernement puisqu’il estprévu que les bourses touchées par les lycéens soientaugmentées de 10 % à la rentrée, le montant moyenprogressant selon le gouvernement de 63 euros paran, à 697 euros pour un coût estimé à 28 millionsd'euros. Pour les décrocheurs âgés de 16 à 18 ans quireprennent des études, 12 500 bourses de 1 000 euros,payables en une fois à la rentrée, seront créées enseptembre pour un coût évalué à 12,5 millions d'euros.

La rémunération de certains apprentis serait amélioréel'année prochaine : l'État se dit prêt à débloquer 80millions d'euros pour relever les minima salariauxlégaux des jeunes de 16 à 20 ans, les modalités devantêtre discutées avec les organisations professionnelleset syndicales.

Pour faciliter l'accès au logement, le gouvernementpropose la mise en place d'un droit universel à lagarantie locative pour les jeunes jusqu'à 30 ans.Le coût de cette mesure, évaluée à 100 millionsd'euros par an, ne serait pas porté par l'État maispar le programme Action logement, financé par descotisations sociales. L'accès à la couverture maladieuniverselle CMU-C pour les jeunes en rupture avecleur famille serait accéléré, le coût estimé de cettemesure étant de 15 à 20 millions d'euros pour 30 000à 50 000 jeunes concernés.

Pour améliorer les poursuites d'études des bacheliersprofessionnels et technologiques, le gouvernements'engage à lancer à la rentrée prochaine un plan decréation de 2 000 places en section STS (section de

technicien supérieur) par an pendant cinq ans. Le coûtde cette mesure est estimé à 120 millions d'euros surla durée prévue.

Le renchérissement du coût des contrats à duréedéterminée (CDD), lesquels concernent 87 % despremières embauches, était l'une des principalesattentes des organisations de la jeunesse. Afin d'éviterle recours abusif aux contrats courts, dont les jeunesfont principalement les frais, le gouvernement aaccepté cette revendication, la rendant obligatoire.

Cette liste vient compléter la mise en œuvre dela garantie jeunes. Cette allocation de 460 euros –assortie d'un accompagnement individualisé vers laformation et l’emploi – deviendrait ainsi, à compterde 2017, un droit universel pour tous les jeunesen situation de précarité connaissant des difficultésd’insertion.

D'ores et déjà, le gouvernement a annoncé engager« dans les prochaines semaines » une concertationavec les partenaires sociaux afin d’élaborer desdécisions pour « améliorer l’insertion professionnelledes jeunes ».

Le retrait ou rien

D'une organisation à l'autre, ces annonces, accueilliesavec plus ou moins de bienveillance, révèlentles différences de stratégie entre les structurestraditionnelles et les étudiants revendiquant un modede mobilisation plus autonome.

Du côté de l’Unef, William Martinet, le président de lapremière organisation étudiante, salue « une victoire ».Ces annonces « importantes », dit-il, « répondent à cequ'on a posé. L’accès aux droits sociaux et à l’emploistable faisait partie de nos revendications. C’est unevictoire, et c’est le rapport de force social qui nousa permis d’arracher cela. Il y a un mois, il n’y avaitrien et lors de la première rencontre avec Valls le 11mars, le gouvernement pensait nous faire rentrer dansle rang en proposant la garantie jeunes, faussementuniverselle ».

Zoïa Guschlbauer, présidente de la FIDL, rejointce constat et estime que ces propositions« sont satisfaisantes et constituent de réelles

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avancées, notamment concernant les apprentis etles décrocheurs. Ce sont des mesures concrètespour les jeunes ». Elle regrette simplement que sonidée d’inscrire l’examen du code de la route auprogramme au lycée afin de favoriser l’obtentiondu permis de conduire, coûteux mais nécessairepour décrocher un emploi, n’ait pas été retenue.À l’Union nationale lycéenne, l’UNL, on partagepeu ou prou cet enthousiasme. Sa présidente SamyaMokhtar estime qu’il s’agit d’une preuve que lamobilisation sociale peut porter ses fruits, puisqueles organisations ont le sentiment d’avoir été de plusen plus « prises au sérieux » par le gouvernement,au fil des manifestations : « Nos revendications ontété écoutées, on a obtenu de vraies avancées surl’insertion professionnelle. »Tous ces interlocuteurs assurent néanmoins rester «vigilants » quant à la mise en place effective de cesannonces.

Le président de l’Unef reste confiant malgré tout : « Ilne s’agit pas d’une ouverture de concertation, il y aquand même un chiffrage très précis qui rejoint cequ’on avait établi de notre côté. Il n’y a pas de raisonsque le financement ne suive pas. »

Dans ce concert d’enthousiasme, difficile de ne pasremarquer qu’en réalité ces mesures ne concernent pasle cœur de la contestation, à savoir la loi sur le travailà proprement parler.

De source gouvernementale, ce plan était déjà dansles tuyaux mais sa présentation a été accélérée par lescirconstances pour essayer de calmer les jeunes. Unministre qui s'est confié à Mediapart reste sceptiquequant à l’efficacité de ces mesures qui « répondent àcôté » pour éteindre l’incendie social, puisque la loi El

Khomri n’a pas été modifiée, alors que ce texte restele moteur de la mobilisation sociale et que son retraitcontinue d'être le mot d’ordre général.

C’est ce qui conduit la Coordination nationaleétudiante, qui regroupe 68 universités etétablissements d'enseignement supérieur mobiliséscontre le projet de loi, à qualifier ces annonces de« mesurettes au regard de la violence des attaquescomprises dans le projet de loi travail» et « d’écrande fumée ». Ses représentants, qui ont refusé d'aller àMatignon, clouent au pilori les organisations qui s'ysont rendues. Pour eux, il s'agit d'obtenir le retrait ourien. Une position jusqu'au-boutiste assumée aussi parSolidaires étudiant-e-s, qui a quitté la Coordinationnationale et livre dans un communiqué une analysecruelle des orientations prises par les autres : « Il s'agitclairement pour ces organisations de placer quelquesbilles et de sauver la face, dans l'optique d'un éventuelessoufflement du mouvement actuel, afin de pouvoirrevendiquer à leur crédit une victoire dans tous lescas. »

Ces deux structures appellent donc à poursuivreles actions, vacances scolaires ou non. À la Fidl,l'UNL et l'Unef, on assure que la volonté de voirle gouvernement capituler sur ce texte reste intacte.Tous appellent à battre le pavé le 28 avril, ausein de l'intersyndicale et aux côtés des salariés,pour signifier leur solidarité et démontrer que lalutte concerne toute la société, toutes catégoriesconfondues. William Martinet justifie ainsi cettedécision : « C’est important que cette mobilisationait un bilan syndical, mais ça n’enlève rien à notrecontestation de cette loi sur le travail dont on réclametoujours le retrait. C’est pour cela qu’on se mobiliseavec l'intersyndicale pour la journée du 28 avril. »Dans les cortèges, l'accueil risque d'être frais.

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