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Le Gobages Nouveau est arrivé. Ce premier numéro contient un reportage sur la pêche du brochet à la mouche et en float tube et un article d'actualité mêlant documentation et réflexion. Gobages est destiné à encore évoluer dans le futur, il pourra contenir, entre autres, les informations pratiques concernant les activités du CLPM. Des rééditions d'anciens numéros sont aussi envisagées. Gobages peut s'enrichir des articles que vous désireriez voir publiés et, surtout, il peut s'agrémenter des fiches de montage originales que vous désireriez diffuser. Gobages sera édité sous deux formes, une édition papier diffusée en petit nombre aux membres présents lors des soirées de montage et une autre, électronique, diffusée par l'intermédiaire du blog et du site du CLPM. Bonne lecture et à très bientôt. Brochets irlandais, mouches et float tube Georges DEFAWES Nous venons d'emprunter Gola Road et nous ne tardons pas à franchir le petit pont sur la Colebrooke river. Sous le ciel gris qui laisse échapper une pluie fine, l'eau de la rivière est sombre, noire, comme sait paraître l'eau tourbeuse caractéristique de cette région d'Irlande du nord. Didier et Jérôme, respectivement guide et propriétaire du centre de pêche Burnside Brae, me déposent bientôt à l'orée d'un petit chemin longeant une usine. Avec leur aide, je rejoins le cours d'eau, équipé pour entamer une descente en float tube de quelques kilomètres. L'idée de pêcher les brochets de cette rivière avec mes grandes mouches spéciales m'excite réellement et après une mise à l'eau quelque peu acrobatique, les rives ne sont guère accueillantes, j'entame le périple plein d'espoir, entraîné par un courant paresseux . La pluie n'est pas trop dense et, bien calé dans le siège du float tube, le climat de ce jour se révèle tout-à-fait supportable. Quelques oiseaux font entendre leur chant, ajoutant une note agréable à un tableau plus que charmant. Les berges défilent, présentant de multiples postes où pourrait s'embusquer un brochet, des lignes Page 1

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Le Gobages Nouveau est arrivé.

Ce premier numéro contient un reportagesur la pêche du brochet à la mouche et enfloat tube et un article d'actualité mêlantdocumentation et réflexion.Gobages est destiné à encore évoluer dansle futur, il pourra contenir, entre autres, lesinformations pratiques concernant lesactivités du CLPM. Des rééditions d'anciensnuméros sont aussi envisagées.Gobages peut s'enrichir des articles quevous désireriez voir publiés et, surtout, ilpeut s'agrémenter des fiches de montageoriginales que vous désireriez diffuser.Gobages sera édité sous deux formes, uneédition papier diffusée en petit nombre auxmembres présents lors des soirées demontage et une autre, électronique, diffuséepar l'intermédiaire du blog et du site duCLPM.

Bonne lecture et à très bientôt.

Brochets irlandais, mouches et float tubeGeorges DEFAWES

Nous venons d'emprunter Gola Road et nous ne tardons pas à franchir le petit pont sur la Colebrookeriver. Sous le ciel gris qui laisse échapper une pluie fine, l'eau de la rivière est sombre, noire, comme saitparaître l'eau tourbeuse caractéristique de cette région d'Irlande du nord.Didier et Jérôme, respectivement guide et propriétaire du centre de pêche Burnside Brae, me déposentbientôt à l'orée d'un petit chemin longeant une usine. Avec leur aide, je rejoins le cours d'eau, équipépour entamer une descente en float tube de quelques kilomètres.L'idée de pêcher les brochets de cette rivière avec mes grandes mouches spéciales m'excite réellement etaprès une mise à l'eau quelque peu acrobatique, les rives ne sont guère accueillantes, j'entame le péripleplein d'espoir, entraîné par un courant paresseux . La pluie n'est pas trop dense et, bien calé dans le siègedu float tube, le climat de ce jour se révèle tout-à-fait supportable. Quelques oiseaux font entendre leurchant, ajoutant une note agréable à un tableau plus que charmant.Les berges défilent, présentant de multiples postes où pourrait s'embusquer un brochet, des lignes

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d'arbres couronnent le sommet des rives abruptes ménageant à leur pied de multiples entrelacs deracines. Un peu plus loin, ce sont des prairies qui viennent mourir dans l'eau, elles sont bordées deminces bandes de roseaux.Le temps passe et les touches se font attendre. Le dos tourné vers l'aval, je descends la rivière encontrôlant ma ligne traînée derrière le float tube, j'accélère quelque peu le rythme de ma progression carje me suis beaucoup attardé sur le premier tronçon sinueux du parcours au départ de l'usine. Une« tape » sèche, caractéristique d'un brochet ayant saisi la mouche, interrompt mes pensées, le contact estbref, trop bref et je récupère ma soie sans autre tirée. Il y a du monde sous moi mais, tant quemaintenant, les occupants ne se bousculent guère pour saisir mon leurre.La descente se poursuit, toujours rythmée par un courant timide entre des berges au faciès varié. Un chocsous mes palmes, un contact rugueux, le sol vient de se relever brusquement pour former un haut fondsur lequel le débit de l'eau s'accélère, je me prépare à aborder le profond qui suit inévitablement ce relief,avec toute l'attention requise pour surprendre un brochet posté à la limite de la cassure. Elle est franchiede deux coups de palmes discrets mais rien ne se passe. Je tente un changement de mouches et je remplace celle qui, hier, m'a rapporté quelques captures, unemouche jaune, chartreuse et noire avec des yeux en chaînette de lavabo, par une « tube fly » plus longueet davantage brillante. Elle s'avère quelque peu lourde à lancer mais la faible largeur de la rivière, environ25 mètres, me permet de couvrir alternativement les deux rives avec des lancers précis. La mouche sepose tantôt au pied d'un arbre surplombant, tantôt derrière un mince rideau de roseaux, mais rien n'y fait.Pourtant la magie du lieu continue à distiller son charme et soutient mon attention et c'est très concentrésur un lancer dans une échancrure de la berge que je ressens la seconde « tape » de la journée. Cette fois, le brochet est bien ferré et après quelques vives tirées qui me laisse l'espoir de voir émerger

un adversaire de bonne taille, je saisis à labase des opercules un poisson d'unesoixantaine de centimètres, il s'est biendéfendu en proportion de sa taille et il estrelâché avec toute la délicatesse quepermet l'usage d'hameçons sans ardillons.Les tartines et la soupe préparée parJérôme sont rapidement avalées, le floattube posé au gré d'une courte plage auniveau de laquelle j'ai interrompu monpériple. Mon gsm sonne au fondde ma poche, je décroche et Gilbert, un demes partenaires de pêche pour ce séjour,m'annonce avec une joie impossible àdissimuler, la capture d'un brochetdépassant le mètre, il pêche également à lamouche mais il se trouve ce jour enprospection d'une grande baie directementconnectée à l'Erne River.

La pluie a cessé et des échancrures bleues dans les nuages laissent passer quelques rayons de soleil,j'abandonne ma veste imperméable pour profiter de cette douceur et je repars.

Ma mouche tombe au pied d'un arbredominant la rivière, à 5 cm de la bergeérodée, elle parcourt quelques dizaines decentimètres et c'est la touche nette d'unbrochet qui livre la même défense que sonprédécesseur, il a la même taille. Un peudéçu de ne pas avoir ferré un adversaireplus costaud, je le décroche rapidement et ildisparaît, avalé par l'eau sombre. Cescénario va se répéter une fois un peu plusloin sur un poste assez semblable et cespostes il y en a des dizaines tout le long duparcours.Il pleut à nouveau, la lumière a régressé etle calme de ma descente s'est pleinementréinstallé. J'imagine des carnassiers, toutesdents dehors, postés tous les 10 mètres,prêts à fondre sur ma mouche, mais rien nese passe !

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L’œil largement ouvert du brochet pour épier sa proie dans l'eau sombre.

Ma mouche tombe au pied d'un arbre dominant la rivière. Ces postes, il y en a des dizaines tout au long du parcours.

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J'arrive avec une heure et demi d'avance au point de la rivière où Didier doit me récupérer. Le seul autrepêcheur rencontré au cours de ce périple de près de 3 kilomètres occupe la berge accessible à cet endroitdepuis la route. Un bref échange me laisse penser qu'il n'est pas très heureux du résultat de sa pêche.Je poursuis sur cent cinquante mètres ma descente vers l'aval en peignant soigneusement de mes lancersles nombreux postes que ménagent les rives mais rien n'y fait, je n'enregistre plus la moindre tirée. Laremontée à contre-courant n'est guère pénible et j'en profite pour explorer le milieu de la rivière enlaissant ma mouche traîner près du fond. Je rejoins le point de rendez-vous avec un score définitivement bloqué à 3 brochets. Didier vient d'arriverà l' instant et m'aide à sortir de l'eau. Je termine mon périple charmé incontestablement par cettedescente en solitaire de la rivière mais aussi déçu de ne pas avoir enregistré davantage de prises, j'aicertainement mal estimé le type de pêche à pratiquer dans ces circonstances précises. Un meilleurrésultat sera pour une prochaine année.

Quelques précisons pratiques :

_ La Colebrooke River prend sa source dans les montagnes de Sliabh Beagh, Comté de Fermanagh enIrlande du nord. Elle coule vers le sud ouest et finit par rejoindre l'Upper Lough Erne près d'Inishcollan.Son cours supérieur est plus particulièrement propice à la truite et au saumon qui remontent de l'UpperLough Erne en fin de saison. A n'en pas douter, les brochets suivent ces poissons migrateurs sur tout leparcours inférieur (celui que j'ai parcouru) au moment des remontées de reproduction, le mois d'octobreest certainement à recommander pour pêcher le brochet dans cette rivière.Le cours inférieur (aval de Ballindarragh Bridge) est fréquenté par des poissons blancs et les carnassiersclassiques que sont le brochet et la perche. La pêche est ouverte toute l'année sur cette partie de larivière.La Colebrooke River est réputée pour ses gros brochets.

_ Comme matériel pour la pêche du brochet à la mouche, j'ai utilisé une canne de 8 pieds 4 pour soie 9.Ce matériel qui paraît particulièrement costaud, permet une précision de posé remarquable avec lesgrosses mouches à brochet employées dans ce genre de pêche.

Les mouches sont très variées et pour exemple,la « tube fly » utilisée atteint une taille de 17-18cm de long. Elle est montée sur un bas de ligneen fluorocarbone de 70/100ème. Deux hameçonssimples garnissent ce bas de ligne, l'hameçonprincipal est de taille 4/0, l'hameçon voleurattaché à un avançon de 4 cm est de taille 2généralement employé pour la pêche de la carpe.Les ardillons ont été écrasés ce qui,apparemment, ne procure pas de perteintempestive de poisson. Lors du décrochage,l'ensemble des fibres montées sur le tuberemonte le long du bas de ligne, libérant les deuxhameçons sans ardillon qu'il est alors aisé dedécrocher avec un strict minimum de dégâts pourle poisson. Il est intéressant de remarquer que le brochet

apparaît comme un poisson relativement résistant au stress d'une blessure. Pour l'anecdote, j'ai capturéun exemplaire de taille modeste dont la queue avait été arrachée (par un autre brochet !) directementderrière la nageoire dorsale. Les lambeaux de chair vaguement cicatrisés laissaient supposer une blessurerécente. Ce brochet a saisi ma mouche dans les roseaux, c'est défendu pratiquement comme un brochetsain et a regagné la profondeur du lac sans marquer un seul signe de détresse, totalement étonnant. Cecidit, je plaide activement pour le « catch and release » car pratiqué correctement, il ne cause que très peude perte de poissons et permet le maintien d'un cheptel apte à soutenir les effets d'une pêche sportivequelque peu intensive.Dans les rivières et les lacs irlandais dont les rives sont généralement encombrées de roseaux et d'autresplantes aquatiques, l'emploi de la mouche se justifie pleinement car celle-ci permet un posé précis etdiscret et surtout, elle se faufile aisément dans la végétation, bien mieux que les leurres habituellementréservés à la capture du brochet.

_ Il est bien entendu possible de pêcher également tout le système fluvial de la rivière Erne. Lesnombreux lacs, bras et baies qui jalonnent son parcours recèlent de nombreux brochets susceptiblesd'être pêchés valablement à la mouche. Il faut noter que les poissons se déplacent beaucoup dans un teldédale de plans d'eau et de bras de rivière, il vaut mieux être guidé par un professionnel de la pêche.

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La « tube fly » utilisée a une taille de 17-18 cm de long, elle est armée de deux hameçons simples, l'un de taille 4/0et l'autre, fixé sur un avançon de 4cm, de taille 2.

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Plusieurs lacs fermés, aisés à prospecter en float tube, contiennent également une bonne population debrochets. Mais les poissons n'attendent pas automatiquement la gueule ouverte que vous leur présentiezune mouche volumineuse, dans tous les cas ils se méritent. Il faut aussi se renseigner sérieusement etne jamais oublier qu'un lac, dans ces régions agricoles, peut présenter des phénomènes d'eutrophisationponctuels ou permanents très négatifs pour la pêche ! Il semble utile de changer régulièrement de lac, ilssont assez nombreux pour ne pas devoir pêcher deux fois le même lors de votre séjour.

Quelques liens utiles :

http://www.nidirect.gov.uk/angling-at-colebrooke-riverRenseignements en anglais concernant la pêche dans la Colebrooke River.

http://www.lespecheursdirlande.sitew.com/#ACCUEIL.ACentre de pêche qui m'a hébergé pendant ma session de pêche en Irlande du nord

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Des truites arc-en-ciel dans nos rivièresardennaises

Georges DEFAWES

Notre amis Philippe BLOOM, représentant de la Fédération Pêche et Loisirs auprès du Comité central duFonds piscicole de Wallonie, a, dernièrement, défendu avec succès l'idée d'utiliser la truite arc-en-ciel pourl'empoissonnement des rivières ardennaises soumises à une pression de pêche des salmonidés, pressionqui va bien au delà de la possibilité de production naturelle des deux principaux poissons intéressant lespêcheurs à la mouche que sont la truite fario et l'ombre. Vous pourrez retrouver une copie du texte del'avant-projet de décision joint au présent Gobages, ce document est intéressant à plus d'un point de vueet il est l'occasion d'évoquer un thème qui me tient à cœur depuis plusieurs années, c'est l'importanceque peut avoir le concept de poisson sauvage du point de vue de l'action de pêche. Ce thème est évoquédans l'article ci-dessous et dont la rédaction est antérieure à cette décision du Fonds piscicole. En introduction à cet article, il est apparu intéressant de reprendre quelques définitions contenues dansl'avant-projet de décision du Fonds Piscicole. Je vous renvoie pour le surplus au document cité et joint.

_«Truites Fario domestiques»: truites fario d’élevage issues de la reproduction artificielle depuis au moinsdeux générations (F2 ou plus)._«Truites Fario sauvages»: truites fario qui ne sont pas des truites fario domestiques._«Truites Fario autochtones»: truites fario vivant en milieu naturel dont l’analyse génétique microsatellitea montré qu’au moins 85% de leur ADN est analogue à celui des populations autochtones de référence de

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l’espèce dans le bassin hydrographique considéré (coefficient d’introgression inférieur à 0,15)._«Truites Fario non autochtones» : truites fario qui ne sont pas autochtones._«Introgression» ou «pollution génétique»: transfert d’ADN par hybridation d’unesouche/variété/population de truite fario vers le pool génétique d’une autre souche/variété/ population detruite fario lors des empoissonnements.1

La définition qui a retenu le plus particulièrement mon attention est celle concernant la « Truite fariosauvage ».

Concept de « sauvage », une réalité ou un mythe?

Un des effets et non des moindres, induit par le concept de gestion patrimoniale et de son intérêt pour ladéfense des poissons sauvages, est d'autoriser certains pêcheurs à dénigrer systématiquement la valeurdes poissons d'élevage en ce qui concerne l'action de pêche, ils seraient moins combatifs , moins« malins », etc... Quand est-il exactement ?

_ Etymologie: ancien français salvage du bas latin salvaticus lui-même du latin classique silvaticus – desilva - la forêt. La forêt, dans son acception ancienne est un lieu où l'homme n'a pas le droit de cité.

_ En biologie: espèce ou variété non domestiquée ou encore dite de référence, notamment parce qu'ellen'aurait pas été influencée par l'action de l'homme!

Mais où cette espèce « sauvage » existe-t-elle encore dans notre contexte européen?

Si nous prenons le concept de « sauvage » suivant son sens biologique de référence, encore faut-il relierce terme au contexte dans lequel il est évoqué, la notion de référence ne peut être que relative, relativeau temps et relative à l'espace. La question qui nous occupe est de savoir ce que peut être le statutréférentiel d'un organisme vivant dans un milieu fortement modifié par l'homme depuis plusieurs siècles.Ma conviction, prudemment réservée cependant, est que d'un point de vue comportemental, le statutréférentiel d'un organisme vivant qualifié de « sauvage » a fortement évolué et est moinsfondamentalement déterminé par sa nature « sauvage » absolue. Le référentiel, dans le cas des poissonsque nous pêchons régulièrement aujourd'hui, ne peut avoir de caractère absolu applicable sans nuance àces mêmes poissons.Mon expérience tout au long de 50 ans de pratique de la pêche, m'a fait rencontrer maintes situationsdifférentes et me conduit à évoquer les deux exemples ci-dessous. Plus concrètement, j'ai pu observerdes animaux réputés d'origine domestique se comporter strictement suivant les standards (les référents!)que l'on prête habituellement à l'espèce. Ma compréhension personnelle du concept de « sauvage » nepeut me convaincre d'une quelconque supériorité sur le terrain de la pêche où il reste fort relatif.Le concept de « sauvage » semble bien, dans notre contexte de la pêche et dans nos régions, participer àla fois de la réalité (pour l'aspect génétique!) et du mythe, ce qui ne facilite pas sa compréhension et sonusage, surtout quand on s'occupe de gérer un parcours de pêche! Bref, la plus grande prudence est demise.

J'ai observé, dans la Traun bavaroise, une remarquable adaptation d'un groupe de truites arc-en ciel aupoint que rien ne les distinguait, sur le plan du comportement durant l'action de pêche, des truitessauvages que j'ai pu pêcher ailleurs, c'est-à-dire, période de nourrissage déterminée par une éclosion,sélectivité par rapport à l'imitation de l'insecte utilisée, etc...En lac, j'ai eu l'occasion de pêcher les truites du lac salé de l'Oostvoornse Meer et j'ai pu constater uncomportement des plus naturels (suivant les critères généralement pris en compte pour définir lecaractère naturel) de la part de poissons indubitablement domestiques. De plus, dans ce cas précis,entrele sujet qui vient d'être déversé et le poisson qui a vécu quelques mois dans ce milieu particulier, lesmodifications phénotypiques sont impressionnantes, il doit aussi exister un phénomène d'adaptationsignificatif sur le plan du comportement. Enfin, je désire citer ici R. Guyomard (1991) pour qui « L'argumentation développée pour condamner lesrepeuplements pratiqués avec des populations domestiques s'appuie fréquemment sur l'idée selonlaquelle la différenciation géographique observée a une signification adaptative (au sens où la populationlocale est la mieux adaptée à son environnement). Il faut, tout d'abord, souligner qu'aucune théorie, niobservation expérimentale ne permet de soutenir, a priori, une telle affirmation. ...».2 Il souligne par

1 Définition extraites du document repris dans Gobages, émis par le Fonds piscicole de Wallonie, auteur et date non précisée.

2 R. Guyomard, La truite biologie et écologie, ouvrage collectif, Editions INRA, Paris, 1991.Page 5

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ailleurs le fait que les techniques d'empoissonnement habituellement utilisées semblent bien poser desproblèmes quant à l'adaptation réussie d'un poisson à son environnement.Par contre, j'admets aisément que la prudence doit être de mise quand un type génétique précis estindubitablement mis en danger par l'introduction d'une souche domestiquée, mais nous ne sommes plustout-à-fait dans le domaine de la pêche.Les deux exemples cités ci-dessus n'ont pas été pris au hasard, l'un concerne une rivière typiquementsalmonicole dans laquelle la truite AEC se reproduit peut-être, elle serait donc acclimatée (la possiblereproduction de la truite AEC en Europe est relativement mal documentée, voir néanmoins le documentdu Fonds piscicole). L'autre exemple concerne un milieu très particulier où la truite AEC ne peut sereproduire et donc, où chaque individu est bien issu d'un repeuplement en truites domestiques nonacclimatées.Par ailleurs, le poisson concerné est bien la truite AEC non originaire du continent européen hormis par lebiais de l'élevage.

Conclusion.

Les définitions reprises dans l'introduction et la façon dont elles sont présentées au début du documentévoqué, peuvent nous donner un début de réponse. En fait, quand on parle de « truite sauvage » on parleplutôt d'une norme à respecter et non d'une réalité absolue, un peu à la manière d'un ingénieur quicalcule un pont en respectant une norme de sécurité quand bien même il est tout-à-fait capable deconcevoir ce pont au plus juste. Dans le cas d'un organisme vivant, il s'agit de préserver une espèce d'unetrop grand dérive génétique, de la préserver de divers risques sanitaires également, en fait, d'unedénaturation potentielle complète. Tout le problème consiste effectivement à fixer des limites acceptables.Je reste personnellement convaincu qu'il est très difficile de gérer le vivant et, en ce qui concerne plusparticulièrement le comportement d'un organisme vivant, entre la génétique, l'épigénétique et le facteurenvironnemental, la part de chacun de ces trois facteurs est très délicate à établir3 , elle échappe aupêcheur dans tous les cas et la supériorité comportementale que certains prêtent au poisson « sauvage »d'un point de vue halieutique tient davantage du mythe que de la réalité.

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Avant-Projet de décision du Comité central du Fonds piscicole de Wallonierelative à l’autorisation conditionnelle de déversement de la truite arc-en-ciel

au sud du sillon Sambre et Meuse

Ce texte, dont je ne puis préciser l'auteur hormis le collectif précité, date du 14 mai 2014, il est appelé àentrer en application progressivement.Le document est associé en annexe du présent Gobages, simplement pour en respecter la présentationoriginale.Il est bon de rappeler ici que la nouvelle loi sur la pêche entrera, elle, en application en 2016. Le texte,assorti de commentaires, devrait être incorporé dans le prochain Gobages.

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Informations utilesLe CLPM suspend ses activités officielles durant les mois de juillet et d'août. Néanmoins, les membres quidésirent se retrouver un mercredi sur deux à Embourg peuvent continuer à se réunir en attendant larentrée officielle dont la date est fixée au mercredi 3 septembre 2014 à 20H.La première sortie du Club pour la saison d'automne aura lieu en principe le samedi 6 septembre, ce seraune sortie en rivière. Pour rappel, les sorties écrevisses sont fixées aux 23 et 30 août, restez attentifs, ilpourrait y avoir l'une ou l'autre adaptation !

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Le Gobages Nouveau – La revue du CLPMRédacteur : Georges DEFAWES - Comité de lecture : idem - Crédits photos : idem - L'équipe ne demande qu'à s'étoffer.

3 John STEWART, Au-delà de l'inné et de l'acquis, Intellectica, 1993/1, 16, pp.151-174Page 6

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Avant-Projet de décision du Comité central du Fonds piscicole de Wallonie

relative à l’autorisation conditionnelle de déversement de la truite arc-en-ciel

au sud du sillon Sambre et Meuse

Considérant les définitions suivantes :

- « Truites Fario domestiques » : truites fario d’élevage issues de la reproduction artificielle

depuis au moins deux générations (F2 ou plus).

- « Truites Fario sauvages » : truites fario qui ne sont pas des truites fario domestiques.

- « Truites Fario autochtones » : truites fario vivant en milieu naturel dont l’analyse génétique

microsatellite a montré qu’au moins 85% de leur ADN est analogue à celui des populations

autochtones de référence de l’espèce dans le bassin hydrographique considéré (coefficient

d’introgression inférieur à 0,15).

- « Truites Fario non autochtones » : truites fario qui ne sont pas autochtones.

- « Capacité d’accueil du milieu naturel » : la taille maximale d’une population de truites fario

que le milieu peut supporter et pour laquelle le taux de natalité est égal au taux de mortalité.

- « Empoissonnement » : la pratique consistant à introduire des poissons ou des écrevisses

dans les eaux soumises à la loi sur la pêche fluviale, la gestion piscicole et les structures

halieutiques.

- « Empoissonnement direct » : empoissonnement au-delà de la capacité d’accueil du milieu,

généralement à partir de poissons dont la taille est égale ou supérieure à la taille minimale

de prélèvement (lorsqu’elle existe).

- « Empoissonnement indirect » : empoissonnement qui n’est pas direct, réalisé généralement

à partir d’œufs ou de poissons n’ayant pas atteint la taille minimale de prélèvement

(lorsqu’elle existe).

- « Introgression » ou « pollution génétique » : transfert d’ADN par hybridation d’une

souche/variété/population de truite fario vers le pool génétique d’une autre souche/variété/

population de truite fario lors des empoissonnements

Considérant ensuite que :

- L’état d’une population de truites Fario sauvages est directement dépendant de la capacité

d’accueil du milieu dans des conditions données.

- L’état de nos populations de truites Fario sauvages est un bon indicateur de l’état de nos

cours d’eau salmonicoles et notamment des têtes de bassin.

- Il est donc primordial de réhabiliter de manière durable les populations de truites Fario

sauvages en Région wallonne, tant d’un point de vue qualitatif (aspects génétiques) que

quantitatif (aspects démographiques).

- Cette réhabilitation nécessite de mener une gestion visant à protéger les truites Fario

sauvages, en particulier les truites Fario autochtones (lorsqu’elles existent encore), et à

restaurer leurs habitats.

- Pour qu’une telle gestion soit menée de façon rationnelle, la connaissance la plus précise

possible des statuts démographique et génétique des populations de truites Fario sauvages

et de l’évolution de ces statuts est une condition nécessaire.

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Considérant aussi que :

- Des empoissonnements directs et indirects en truites Fario domestiques sont effectués

chaque année en Wallonie depuis la fin du XIXe siècle, essentiellement à des fins

halieutiques.

- Des truites Fario domestiques introduites dans un milieu naturel où une population de

truites Fario sauvages et autochtones est présente sont susceptibles d’introgresser (ou

polluer génétiquement) celle-ci et d’altérer ainsi à moyen et long termes la capacité

d’adaptation de cette population au milieu naturel et donc aussi leur démographie

(abondance, survie, reproduction…).

- En outre, il n’est pas possible actuellement de différencier de manière univoque lors de la

capture une truite Fario sauvage d’une truite Fario domestique dans un milieu où elles sont

toutes les deux présentes, c’est-à-dire de déterminer de manière certaine si il s’agit d’un

individu sauvage ou d’un individu domestique.

- Il est dès lors impossible actuellement, dans un milieu où sont présentes à la fois des truites

Fario sauvages et des truites Fario domestiques, de connaître le statut exact de la population

de truites Fario sauvages et l’évolution de ce statut.

- Il est dès lors difficile de mener une gestion rationnelle des populations de truites Fario

sauvages dans un milieu où sont présentes à la fois des truites Fario sauvages et des truites

Fario domestiques.

Considérant en outre que :

- Il y a en Wallonie la volonté de préserver et de développer la pêche de loisir (en ce compris la

pêche sportive) de la truite dans les eaux à caractère salmonicole en Région wallonne dans

une perspective de développement durable, y compris sa composante sociale.

- La forte demande sociale de la pêche en Wallonie, en particulier sur les parcours

salmonicoles, est liée à la popularité de la pêche à la truite et à la forte densité des pêcheurs

en Wallonie, elle-même corrélée à la très grande densité de la population belge, une des plus

importantes du monde.

- Les repeuplements directs en truites semblent aujourd’hui incontournables dans la majorité

des eaux à caractère salmonicole de Wallonie pour pouvoir répondre à cette forte demande

sociale.

- Les truites domestiques issues de ces repeuplements directs sont majoritairement pêchées

dans les jours et les semaines qui suivent leur introduction dans le milieu naturel et sont

pour la plupart mal adaptées aux conditions naturelles ; par conséquent, la durée de la

compétition entre les truites domestiques et les truites sauvages est assez courte, peu

d’individus subsistant au-delà de quelques mois dans la rivière. Toutefois, cette constatation

doit être nuancée par la fréquence régulière des empoissonnements au cours de la saison de

pêche de la truite (mars à septembre).

Considérant enfin que :

- La truite Arc-en-ciel ne s’hybride pas naturellement avec la truite Fario et donc que des

truites Arc-en-ciel introduites dans un milieu naturel où une population de truites Fario

sauvages est présente ne sont pas susceptibles d’altérer cette population par introgression

ou « pollution génétique ».

- D’un point de vue morphologique, la truite Arc-en-ciel est facilement différenciable de la

truite Fario ; dès lors, si l’on substitue la truite Arc-en-ciel à la truite Fario pour opérer des

empoissonnements dans les cours d’eau où une population de truites Fario sauvages est

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présente et si l’on met fin aux empoissonnements en truites Fario domestiques dans ces

cours d’eau, une meilleure gestion de la truite Fario sauvage pourrait être menée.

- La reproduction de la truite Arc-en-ciel est rare en milieu naturel en Europe (Suède…)

quoiqu’en progression dans certains pays (Slovénie, Autriche) (Keith et al., 2011) et elle a été

constatée au Grand Duché du Luxembourg, mais aussi ponctuellement en Wallonie

(Vesdre…).

- Dans les rares endroits où elle est naturalisée en Europe, la truite Arc-en-ciel ne semble pas

revêtir de caractère invasif ; dès lors, en Wallonie où l’espèce n’est pas naturalisée, ce risque

parait très faible.

- La truite Arc-en-ciel utiliserait des habitats assez différents de ceux de la truite Fario sauvage

(Gatz et al., 1987 ; Baran et al., 1995 ; Kocik & Taylor, 1995), colonisant plutôt la zone à

ombre, ce qui limiterait la compétition entre les deux espèces ; toutefois, tous les auteurs ne

s’accordent pas sur cette question, Blanchet et al. (2007) rapportant une augmentation de la

compétition interspécifique et du taux de mortalité chez les juvéniles de la truite Fario en

présence de juvéniles de truite Arc-en-ciel (élargissement des territoires utilisés par la truite

Fario vers des zones moins favorables…).

- La truite Arc-en-ciel est plus sensible à la pression de pêche que la truite Fario et est prélevée

plus rapidement après l’empoissonnement (Keith et al., 2011) ; celle-ci pourrait à certaines

conditions mener à la satisfaction du pêcheur au bénéfice des truites Fario sauvages

présentes dans le milieu.

- La truite Arc-en-ciel ne jouit pas partout d’une bonne image auprès de certains pêcheurs ; en

effet, elle est souvent associée aux pêcheries en étangs privés et soulève des jugements

passionnés quant à sa place dans le milieu naturel ; ce sentiment de « rejet » est renforcé par

le fait qu’elle ne fait pas partie de la faune indigène de Wallonie et par la mauvaise qualité

morphologique qui prévalait auparavant lors de certains empoissonnements.

- La proposition de certains pêcheurs d’autoriser en Wallonie des empoissonnements en

truites Arc-en-ciel au sud du sillon Sambre et Meuse n’implique pas actuellement l’arrêt

concomitant des empoissonnements en truites Fario domestiques – très populaires auprès

des pêcheurs wallons – dans la totalité de cette aire géographique et cette autorisation ne

règlerait donc pas entièrement les risques d’introgression (hybridation) entre truites Fario

domestiques et truites Fario sauvages autochtones en Région wallonne mais pourrait

contribuer à réduire sensiblement ce risque et aider à redéployer les truites Fario sauvages

autochtones des endroits d’où elles avaient disparu.

- Une autorisation d’empoissonner en truites Arc-en-ciel au sud du sillon Sambre et Meuse en

Wallonie doit comporter des garanties de qualité minimale quant à la conformation des

poissons destinés à ces empoissonnements.

- La truite Arc-en-ciel, moins sensible que la truite Fario à la mauvaise qualité physico-

chimique de l’eau et aux températures élevées (Keith et al., 2011), constitue une espèce plus

tolérante à des milieux naturels altérés et se positionne comme un meilleur candidat aux

empoissonnements directs à des fins récréatives dans la perspective des changements

climatiques globaux.

- La truite Arc-en-ciel est beaucoup plus sensible à la Septicémie Hémorragique Virale (SHV) et

à la Nécrose Hématopoïétique Infectieuse (NHI) que la truite Fario ; elle développe beaucoup

plus facilement les symptômes de ces maladies, principalement en élevage, avec des

mortalités sévères observées ; elle constitue un bien meilleur vecteur de ces virus que la

truite Fario et elle constitue donc un beaucoup plus grand risque sanitaire pour les

piscicultures au fil de l’eau.

- Le risque sanitaire pour les poissons sauvages lié à la diffusion possible de ces viroses est mal

connu ; toutefois, aucun rapport de mortalité de truites Fario sauvages n’a été rapporté

malgré les empoissonnements opérés à certains endroits de Wallonie depuis plus d’un

siècle ; a contrario, aux USA, une forme virulente de la SHV (Génotype IVb) s’est développée,

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différente de celle présente chez nous (Ia) et elle a provoqué, en 2003-2009, des mortalités

sévères en milieu naturel chez 28 espèces de poisson.

- La truite Fario peut être « porteuse saine » (ou asymptomatique) de ces virus mais elle

constitue un mauvais vecteur de ceux-ci.

- L’Agence Fédérale pour la Sécurité de la Chaîne Alimentaire (AFSCA) a développé en Wallonie

dès les années ‘90 un plan de lutte contre ces deux viroses dans les élevages salmonicoles et

esocicoles belges ; ce plan est un succès car il a permis de réduire drastiquement les

épizooties de ces viroses dans les piscicultures wallonnes, sans parvenir toutefois à les

éradiquer complètement (deux cas d’infection avérée dans les piscicultures wallonnes en

2011).

- Pour l’AFSCA, une autorisation d’empoissonner avec la truite Arc-en-ciel au sud du sillon

Sambre et Meuse en Wallonie pourrait être envisagée en conformité avec les

règlementations fédérale et européenne ; en particulier, les truites Arc-en-ciel devraient

provenir de fermes aquicoles sous contrôle sanitaire et reconnues exemptes de SHV et NHI

(« étiquettes vertes »).

- Le prix de vente de la truite Arc-en-ciel domestique, moins élevé que celui de la truite Fario

domestique (5 €/kg voire même 3 €/kg versus 9 €/kg en 2014), ne doit pas s’accompagner

d’une augmentation des densités empoissonnées là où seraient effectués des

empoissonnements en truites Arc-en-ciel au sud du sillon Sambre et Meuse, au risque

d’augmenter la compétition éventuelle avec les populations de truites Fario sauvages ainsi

que la pression de pêche sur ces populations.

Le Comité central du Fonds piscicole de Wallonie

Décide, en sa séance du…………………… à Jambes

Article 1er. L’empoissonnement avec la truite arc-en-ciel (Oncorhynchus mykiss) est admis au sud du

sillon Sambre et Meuse aux conditions suivantes :

1. L’empoissonnement fait l’objet d’une demande d’autorisation de déversement en bonne et

due forme introduite au Service de la Pêche du Département de la Nature et Forêts en

suivant les modalités définies par lui. La demande d’autorisation sera introduite par la

fédération territoriale concernée par le(s) secteur(s) d’empoissonnement envisagé(s) et

comportera au minimum les informations suivantes :

a. Plan du réseau hydrographique du sous-bassin hydrographique wallon (AGW de

2001) à l’échelle 1/50.000e sur format papier A3 en trois exemplaires.

b. Noms des sociétés de pêche exploitant des droits de pêche dans le sous-bassin

hydrographique (y compris les sociétés de pêche situées sur des parcours

navigables), noms, prénoms et coordonnées des responsables de ces sociétés.

c. Copie conforme des statuts (le cas échéant) et règlements d’ordre intérieur des

sociétés de pêche exploitant des droits de pêche dans le sous-bassin.

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d. Représentation cartographique des linéaires de pêche dont les droits de pêche sont

exploités par les sociétés de pêche du sous-bassin, en distinguant chacune des rives

et en rapportant les coordonnées GPS des limites des secteurs de pêche exploités.

e. Coordonnées GPS des limites amont et aval des secteurs d’empoissonnement

envisagés en format WGS84 ou Lambert belge 1972 avec une précision supérieure à

10 m.

f. Coordonnées GPS et représentation cartographique au 1/50.000e des sites

d’exploitation piscicole enregistrés par l’AFSCA, en format WGS84 ou Lambert belge

1972 avec une précision supérieure à 10 m.

g. La biomasse (poids) de l’empoissonnement en truites Arc-en-ciel envisagé.

h. Un plan d’empoissonnement reprenant la répartition programmée du déversement.

Les coordonnées GPS des points d’empoissonnement programmés seront rapportées

avec les quantités correspondantes, au format WGS84 ou Lambert belge 1972 avec

une précision supérieure à 10 m.

i. Toute information à caractère administratif ou technique utile demandée par le

service de la pêche.

j. Un plan de protection de la truite commune (Salmo trutta) à l’échelle du sous-bassin

hydrographique reprenant au minimum :

- Une représentation cartographique au 1/50.000e de la distribution actuelle

de la truite commune dans le sous-bassin.

- Une représentation cartographique au 1/50.000e des déversements

« historiques » de la truite commune dans le sous-bassin et, le cas échéant,

un relevé des biomasses autorisées de truites fario 22-30 cm et 24-35 cm

déversées pour la période de 2009-2013.

- Une représentation cartographique au 1/50.000e des secteurs où la pêche de

la truite commune est interdite dans le sous-bassin, avec coordonnées GPS

au format WGS84 ou Lambert belge 1972 des limites amont et aval de ces

secteurs.

- Une représentation cartographique des principaux résultats des analyses

génétiques connus chez la truite commune dans le sous-bassin en termes

de :

1. Localisation géographique précise des populations analysées

2. Coefficient d’introgression de chaque population analysée

3. Nombre moyen d’allèles dans la population pour le nombre de

marqueurs microsatellites analysés

4. Copie des rapports du laboratoire à la base des analyses génétiques

- Un acte écrit des sociétés de pêche (concernées par les empoissonnements

de Truite Arc-en-ciel envisagés) situées sur une pièce d’eau, une même

rivière ou partie de rivière (de longueur suffisante, à considérer par le service

de la pêche) et affluents du sous-bassin hydrographique s’engageant (1) à

renoncer à tout déversement de truites Fario domestiques, (2) à mettre en

œuvre des mesures visant à minimiser l’impact de la pêche sur la survie des

truites Fario capturées (interdiction du dégorgeoir, obligation de couper le fil

en cas d’ingestion profonde de l’esche, le numéro de l’hameçon ne peut être

supérieure au n°2 dans le cadre de la pêche de la truite, sauf pêche aux

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leurres, à la monture pour le vairon manié et pêche à la mouche) et (3) à

rendre obligatoire (3a) le relâcher immédiat à l’endroit de capture des truites

Fario capturées par la pêche (« Catch & Release ») ; (3b) l’utilisation

d’hameçons sans ardillon ou à ardillon écrasé pour tout type de pêche ; (3c)

à encourager l’utilisation de maximum 3 pointes d’hameçons. Le règlement

de chaque société de pêche attestera de la mise en œuvre de ces

dispositions.

2. L’empoissonnement doit faire l’objet d’une autorisation écrite formelle du Service de la

Pêche du Département de la Nature et Forêts.

3. L’empoissonnement respecte les conditions sanitaires fixées par la règlementation sanitaire

en matière de mise sur le marché d’espèces sensibles de poissons. En particulier,

l’empoissonnement ne pourra être effectué que si le fournisseur des poissons dispose d’une

étiquette verte sur son bon de livraison.

4. L’empoissonnement ne pourra être effectué si une forme plus virulente de la maladie

légalement contagieuse SHV (septicémie hémorragique virale) est détectée dans un des pays

de l’Union européenne.

5. L’empoissonnement ne pourra être effectué qu’à partir d’une souche domestique de truite

Arc-en-ciel de classe de taille unique suivante : 24 à 35 cm.

6. Sans considérer les plans d’eau, l’empoissonnement avec la truite Arc-en-ciel ne pourra

dépasser la biomasse moyenne annuelle des déversements historiques en truite Fario de la

période de référence 2009-2013 pour les catégories de taille 22-30 cm et 24-35 cm, ou, à

défaut d’informations à ce sujet, la biomasse maximale moyenne annuelle de 10 kg/pêcheur.

7. L’empoissonnement en truite Arc-en-ciel est interdit dans les cours d’eau non navigables de

3e catégorie et dans les cours d’eau non classés (protection des zones de frayère de la truite

Fario), sauf dérogation du Service de la Pêche.

8. Les empoissonnements de truite Arc-en-ciel sont soumis au contrôle des agents du Service

de la Pêche et aux clauses techniques et à certaines clauses administratives du cahier spécial

des charges du Fonds piscicole de Wallonie. La société de pêche reste le pouvoir adjudicateur

pour ses marchés. L’agent du Service de la Pêche du triage piscicole concerné par le secteur

de l’empoissonnement sera tenu au courant de la date et du lieu du rendez-vous du

déversement au moins 72 heures avant celui-ci.

9. L’empoissonnement se fera de manière à limiter autant que possible la durée et l’intensité

des possibles interactions entre les truites empoissonnées et les espèces présentes

naturellement dans la rivière, notamment en étalant autant que possible les truites arc-en-

ciel empoissonnées dans l’espace (étalement sur l’ensemble des parcours) et dans le temps

(bonne répartition dans le temps). Ainsi, le premier empoissonnement de la saison sera aussi

proche que possible de la date d’ouverture de la pêche (maximum 2 semaines avant

l’ouverture de la pêche) et le dernier empoissonnement ne pourra avoir lieu plus tard que le

premier vendredi du mois de septembre. En outre, aucune des truites Arc-en-ciel capturées

ne pourra être remise à l’eau tant que le nombre de truites prélevées n’a pas atteint la valeur

maximale autorisée par le règlement d’ordre intérieur de la société de pêche ou la

règlementation (« quota de parcours »).

10. Le programme d’empoissonnement devra répondre aux objectifs et au programme d’actions

du plan de gestion piscicole et halieutique de sous-bassin.

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11. Le programme d’empoissonnement devra faire l’objet d’un suivi scientifique de l’évolution

démographique des populations piscicoles, et lorsque c’est opportun, de la structure

génétique des populations de la truite Fario et de la satisfaction des pêcheurs des secteurs

concernés.

Article 2. La mise en œuvre de la présente décision devra se faire de manière progressive en tenant

compte des demandes des fédérations et en laissant au marché de la pisciculture le temps de

s’adapter.