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LE FILS DURÉE - 1H15 DE JON FOSSE TRADUCTION TERJE SINDING (ÉDITION L’ARCHE) MISE EN SCÈNE ÉTIENNE POMMERET AVEC SHARIF ANDOURA KARIM MARMET ETIENNE POMMERET SOPHIE RODRIGUES DU MERCREDI 4 AU VENDREDI 13 AVRIL 2018 [20H30] - RELÂCHE LE DIMANCHE 8 AVRIL THÉÂTRE COMPAGNIE C’EST POUR BIENTÔT

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LE FILS

DURÉE - 1H15

DE JON FOSSE

TRADUCTION TERJE SINDING (ÉDITION L’ARCHE)

MISE EN SCÈNE ÉTIENNE POMMERET

AVEC SHARIF ANDOURAKARIM MARMETETIENNE POMMERETSOPHIE RODRIGUES

DU MERCREDI 4 AU VENDREDI 13 AVRIL 2018[20H30] - RELÂCHE LE DIMANCHE 8 AVRIL

THÉÂTRE

COMPAGNIE C’EST POUR BIENTÔT

MISE EN SCÈNE Etienne Pommeret

AVEC Sharif Andoura, Karim Marmet, Etienne Pommeret, Sophie Rodrigues

SCÉNOGRAPHIEJean-Pierre Larroche

CONCEPTION LUMIÈREJean-Yves Courcoux

CONCEPTION SON Valérie Bajcsa

COSTUMES Cidalia Da Costa

CONSEILLÈRE ARTISTIQUECatherine Hubin

LE FILS

De la nécessité du théâtreDe la nécessité de l’art

De la nécessité de l’autre

Comment ne pas être bouleversé des ravages de l’ignorance, de la xénophobie ?Que faire ?

Oui, il faut agir, non par la crainte et la peur, mais par une lutte acharnée contre la bêtise, la bassesse et l’égoïsme.

Le théâtre en particulier est une source extraordinaire de connaissance de l’être.

Les auteurs, surtout les auteurs rendent intense l’immense complexité des hommes, et combien «l’autre» que nous sommes mérite attention tant il est capable de tout.

C’est le regard porté aux autres qui permet de grandir soi-même, c’est l’éveil de toutes les intelligences qui nous permet d’être au monde, surpris par la vie.

Par son incarnation, l’acteur reflète la complexité de l’homme. Son corps, sa voix créent du son, du sens, excitent l’imagination et l’intelligence du spectateur.

Au travail !

Après Tel que cela se trouve dans le souvenir de Tarjei Vesaas et Terre océane de Daniel Danis, je désire terminer ce triptyque par le Fils de Jon Fosse.

Je reste fasciné par ce rapport Père/Fils, tant il est inscrit dans la société.

Pour moi le père et le fils se confondent, la complexité de l’être provient justement de cette fusion ; nous n’avons pas d’âge, nous sommes toujours neufs, nous poursuivons quelque soit notre âge cette découverte déconcertante et complexe d’être «vivant» et d’être entouré d’une multitude d’êtres «vivants» et nous nous efforçons de vivre au plus juste les uns avec les autres. Notre identité a peu à voir avec notre hérédité. Nous sommes par dessus tout un être seul au milieu d’un infini d’êtres seuls. Nous traversons notre vie accompagnés d’êtres chers que nous nous efforçons de protéger, la vie est bien plus forte que nous. Elle nous entraîne par ses épreuves et ses joies dans un étonnement permanent.

Ces 3 textes reflètent cette tension extrême, que faire face à tant d’inconnus ? Nous sommes tellement ignorants, incapables face aux grands évènements qui marquent nos vies. Nous voudrions parfois y échapper, mais la vie nous entraîne, nous force à vivre et bizarrement c’est l’ensemble de ces «passages obligés», inéluctables, qui nous fonde, qui fait ce que nous sommes et que malgré nous, nous transmettons.

Il est difficile de se détacher de soi, de se relativiser, de se créer en distance, de prendre du recul.

Nous sommes le plus souvent tankés dans nous mêmes , nous cherchons à enfermer les êtres chers dans ce même protocole. Pourtant la vie est tout autre. Le désir de protéger face au désir de la «liberté».

L’un des thèmes des 3 pièces est la peur, l’angoisse qui nous prend, qui nous étreint, la peur liée à l’autre, la peur liée au fils, à l’enfant, à l’être cher.Peur pour lui même, peur pour soi même, accepter de ne pas savoir, accepter de ne pas tout savoir, accepter l’inconnu, accepter la vie secrète, le secret, accepter. Laisser libre cette part secrète de l’autre. Jon Fosse ne révèle rien, il crée magnifiquement, une sensation propre au thriller, une intensité qui peut nous faire imaginer de telles choses de tels actes qui conduisent à la mort...Une tension paroxystique entraîne le spectateur...

L’HISTOIRE

Fin d’automne, dans un hameau.De leur fenêtre, un couple attend le bus du soir, deux hommes descendent du bus.Leur fils, qu’ils n’attendaient pas, est l’un deux, l’autre, leur voisin, leur a raconté auparavant que leur fils aurait été en prison .....

Qu’a t-il fait ?

La Mèreservant le café. au filsViens maintenantIl fait oui de la tête. La mère s’assiedOui servez-vousLe père et le voisin prennent chacun une tartine. Au filsViens maintenant

Le FilsJe n’en ai pas envie

La MèreTu n’as pas faimTu as déjà mangé

Le FilsJe n’ai pas faim

La MèreMais un peu de cafétu en prendras bienIl secoue la tête

Le PèreTu pourrais quand même venirbavarder un peuau moins

La MèreOui fais-leJe t’ai servi du café à toi aussi

Le PèreOui viens maintenant

Le filsse lève, va jusqu’à la table, se poste devant le voisin et le regardeOui maintenant tu vas raconter

Le PèresuppliantArrête

Le Filss’énervantRaconte tout ce que tu saisJ’ai été en prison et puis quoiIl fixe le voisin des yeuxRaconte raconte

Le Voisinregardant le fils d’un air inquietOn m’a seulement dit

Le FilsdésespéréMais c’est des mensongestout ce que tu racontes

Le Voisinse levant avec difficultéNon çasoufflantne va pasIl regarde le père et la mèreJe ne veux plus restersoufflantet écouter çaIl fautsoufflantque je rentre

Le Filsattrapant le voisin par le revers de sa vesteRaconte tout ce que tu saisIl se met à secouer le voisin

Le Pèrese levant. Au filsArrête maintenantIl prend le fils par la manche

Le Filsau pèreToi la fermeTu veux qu’ilfaisant un signe de tête en direction du voisincontinue à raconter des mensonges

Le PèreMais

Le Filssecouant le voisinRaconte maintenant

Le PèreNon arrête maintenant

Le VoisinJe

Le FilsTu vas raconter oui ou merdeIl secoue violemment le voisin, le repousse, et le voisin retombe lourdement en arrièresur le plancher

Le Pèrelâchant la manche du filsCa suffit maintenant

La Mèreoh mon dieuLe fils va jusqu’à la fenêtre, s’y poste et regarde au-dehors

Le Pèreva jusqu’au voisin, se penche sur lui, veut l’aider à se releverJe vais t’aider à te releverVoyonsIl essaie de le soulever, mais le voisin ne bouge pas, alors il donne des tapes sur lesjoues du voisin, mais rien ne se passe. La mère se lève, se précipite vers le père et levoisin, elle se met elle aussi à secouer le voisin. A la mèreDépêche-toiAppelle le docteurDépêche-toiLa mère se précipite dehors. Le fils se retourne et regarde le père et le voisin d’un aireffrayé. Au fils, angoisséJe crois qu’il est mort

Le Filsne comprenant pasIl est mortLe père fait oui de la tête. Le fils va jusqu’au voisin, s’accroupit, le secoue

Le PèreIl doit être mort

Le Filsfaisant oui de la têteOuiLe fils et le père se lèvent, ils échangent un regard désespéréNonNon nonLe père secoue la tête d’un air désespéré

La Mèrerevenant de l’entréeIl arrive tout de suiteLe père et le fils vont s’asseoir sur le canapé, côte à côté. La mère se penche et allongeles bras et les jambes du voisin, pour qu’il soit couché bien droit, elle lève, regarde lepère et le fils. Puis elle va s’asseoir sur le canapé à côté du fils. Ils regardent droitdevant eux, l’air honteux. La lumière baisse progressivement. Noir

LE FILS DE JON FOSSE

Une pièce d’humour noirJ’ai eu la chance grâce à Olivier Chapelet, directeur du Taps à Strasbourg, d’animer un atelier sur Jon Fosse. Plusieurs acteurs ont décidé de travailler sur Le Fils et quelle ne fut pas ma surprise de découvrir une pièce pleine d’un humour noir, cruel. Lors de la présentation finale de ce laboratoire, nous nous sommes surpris à pleurer de rire. C’est ce bonheur, cet étonnement qui m’encourage aujourd’hui à mettre en scène Le Fils.

A l’image de Strindberg, dont on sait peu qu’il a écrit des comédies, Jon Fosse aurait pu rejoindre les auteurs du Sturm und Drang tels que Jakob Lenz, Georg Büchner, tant ces auteurs décrivent des anti héros, des gens banals, communs, mais qui dans une situation particulière deviennent extraordinaires. Le spectateur assiste à un évènement qui passe toute mesure. Cette démesure peut être en même temps tragique, dramatique et comique. Une tragicomédie.

Dans Le Fils, Jon Fosse pousse les situations à leur comble.

Tout d’abord il y a ce couple improbable entre tricot et journal, qui attend, qui attend qui ? non pas Godot, mais le bus de 19 heures, seule espérance les phares de l’autobus, car tout est noir, ténèbres et obscurité, le car transportant le voisin alcoolique parti à la ville, ou plutôt à l’hôpital pour des examens, est leur seul réconfort. Car ça sent la mort dans ce hameau, les morts se suivent, et se ressemblent. Ils ne sont plus que 3 ... à qui le tour ?

Et puis dans cette obscurité, il y a le souvenir d’avoir tiré les rideaux pour faire l’amour, mais quand est-ce déjà ?

L’arrivée inopinée du Fils : mélange de maladresse, d’amour, de doute, d’angoisse.Est-il ou n’est-il pas allé en prison ?

Le retour du Fils prodigue se termine avec la condamnation du pauvre voisin alcoolique et délateur, par l’expiation de son crime autour de tartines de pain et d’un flash de whisky.

Oui, tout cela peut devenir tellement drôle. Jon Fosse n’est pas un écrivain surréaliste, mais il n’a pas peur de dépasser les limites de la représentation de ces figures humaines, misérables et pathétiques.

Le paroxysme apparaît au moment où le voisin de plus en plus souffrant ne peut sortir pour rentrer chez lui . Il doit manger les tartines, boire le whisky, attendre le verdict du Fils, c’est insoutenable, son corps explose .... «Il est mouru».

Oui cela me fait rire.

Dans le texte suivant écrit à la fin des années quatre-vingt-dix, le dramaturge norvégien Jon Fosse définit son rapport à l’art dramatique.

I

Je suis écrivain de théâtre, mais pour dire la vérité, je n’ai jamais vraiment désiré l’être. Au contraire, je n’aimais pas le théâtre et je disais, à différentes occasions, par exemple dans des interviews, que d’ordinaires je haïssais le théâtre, du moins le théâtre norvégien. Peut-être est-ce justement pourquoi les metteurs en scène norvégiens me demandèrent d’écrire pour le théâtre, chose que je refusais de faire pendant des années.

J’étais, et je suis, en premier et en dernier lieu un écrivain. J’ai publié presque trente livres, pour la plupart des romans, mais aussi des recueils de poèmes et d’essais, et des livres pour enfants. En fait, j’ai construit la totalité de ma vie d’adulte en écrivain libre. Mais il y a cinq ans, comme il peut arriver à n’importe quelle personne sans salaire régulier, j’avais très peud’argent et j’étais une fois de plus sollicité pour écrire une pièce et comme j’avais vraiment besoin de cet argent j’ai dit oui. Alors pour la première fois je m’assis et j’essayai d’écrire une pièce ; avant de m’assoir je décidai que j’écrirais une pièce avec seulement quelques personnages, dans un lieu, dans un seul espace de temps et que cette sorte d’histoire que j’étais sur le point d’écrire serait si intense que les gens qui la regarderaient pendant à peu près une heure vivraient une expérience intense qui d’une certaine manière changerait leur regard sur la vie.

Je ne dirai rien de plus sur ces ambitions, mais finalement les contraintes que je m’étais imposées pour écrire me convenaient parfaitement. J’ai, par nature, toujours été une sorte de minimaliste, et pour moi le théâtre lui-même est une forme d’art minimaliste, avec beaucoup de structures constitutives minimalistes, un espace limité, une étendue de temps limitée, et ainsi de suite. A ma grande surprise, quand je m’assis pour la première fois pour écrire une pièce, je trouvai beaucoup de plaisir à écrire les indications scéniques et le dialogue qui allait signifier précisément ce qu’il disait, ou même plus, peut être même l’opposé, sans être ironique. Et quand l’écrit ma première pièce j’étais sûr d’avoir écrit un bon texte, mais j’étais beaucoup moins sûr que cela pourrait marcher sur scène. Les gens du théâtre pensèrent que oui, et, Dieu merci, ma manière d’écrire une pièce marcha effectivement sur scène. Parfois, j’en suis sûr, cela marche si bien que cela double la qualité de mon écriture.

Voir, pour la première fois, ma pièce sur scène fut une expérience incroyable ; c’était presque magique de voir pousser à mes mots des sortes d’ailes humaines, de voir d’autres gens prendre part à mon art, et moi au leur. C’était aussi profondément satisfaisant pour moi en tant qu’être humain ; cela me rendit moins effrayé et névrosé et plus social dans un sens. Comme vous le comprenez, je ne hais plus le théâtre et j’ai écrit jusqu’à présent neuf pièces, huit d’entre elles ont déjà été montées par de bons théâtres norvégiens. La plus récente sera montée prochainement. Mes pièces ont aussi été traduites dans plusieurs langues et montées dans différents pays, par exemple à Stockholm, Budapest, Copenhague, Londres et Paris. Depuis que j’ai commencé à écrire pour le théâtre je n’ai écrit aucune fiction, ce qui peut faire croire que l’ennemi-du-théâtre, au moins pour un temps, a commencé à envisager comme un écrivain qui écrit principalement des pièces.

II

Je vais maintenant essayer de dire quelque chose sur ce qui me fascine de dire quelque chose sur ce qui me fascine le plus dans le fait d’écrire pour le théâtre.En Hongrie, m’a-t-on dit, il est courant de dire lorsqu’une soirée au théâtre est réussie, qu’un ange a traversé la scène, une fois, deux fois, plusieurs fois. Et pour moi ce moment est l’essence du théâtre : le théâtre est le moment où un ange passe sur la scène. Que se passe-til à ces moments -là ? Bien sûr je ne sais pas, personne ne sait, parce que cela se passe ou pas ; un soir cela arrive à un moment de la pièce, le soir suivant à un autre moment.

Pour moi ces moments intenses et limpides, en dépit du fait qu’ils soient inexplicables, sont des moments d’entente, où les gens qui sont là, les acteurs, le public, expérimentent ensemble quelque chose qui leur fait comprendre quelque chose qu’ils n’avaient jamais compris auparavant, du moins pas comme ils le comprennent à ce moment. Mais cette entente n’est surtout pas intellectuellement ; c’est une sorte d’entente émotionnelle qui, comme je l’ai dit, est surtout inexplicable, du moins intellectuellement. Cela ne peut probablement pas êtreexpliqué, cela peut seulement être montré, c’est une entente par les émotions. j’essaie d’écrire des pièces pouvant créer ces moments de profond chagrin, mais aussi souvent des moments qui dans leur maladroite humanité invitent au rire. Je pense que si une pièce que j’ai écrite est réussie, les gens qui la regarde, ou au moins quelques un, devraient à la fois rire et pleurer, c’est pourquoi d’après moi mes pièces sont des tragicomédies typiques. Et pour moi c’est comme si j’avais écrit des pièces très «limitées» très fermées, dans leur histoires, dans leur atmosphère, dans leur provincialité, et que j’avais aussi paradoxalement écrit des pièces très ouvertes, des pièces qui sont si basiques qu’elles peuvent créer les moments où les dynamiques fermées de la pièce s’ouvrent, dans les larmes, dans les rires.

Le bon théâtre peut exister presque à partir de n’importe quoi ; l’important n’est pas de quoi tout cela traite, mais comment cela traite ; c’est une question de sensibilité, de musicalité et de pensée, pas une discussion sur des problèmes actuels. Et je pense que c’est une des raisons pour lesquelles les classiques tiennent une position plus forte que celle par exemple qu’ont les classiques dans le monde du roman. Mais alors pourquoi écrire pour le théâtre ? Peut-être parce que chaque époque produit un nouveau genre, ou une nouvelle variante dominante, de sensibilité, un nouveau genre de musicalité et de pensée. Une pièce contemporaine, une bonne pièce, doit d’une certaine manière étrange était déjà là mais qu’on n’avait jamais vu, en d’autres termes, un bon ou une bonne écrivain de théâtre doit avoir sa propre voix personnelle, comme on dit couramment. L’art, comprenant le théâtre et l’écriture théâtrale (si c’est un art et pas seulement du divertissement ou de l’éducation ou de la discussion politique) doit par conséquent dire ce qu’il a à dire surtout dans sa forme ; et je veux dire forme dans un sens très large, ce qui est plus comme une attitude que comme un concept. Ce qui est contenu pour les autres est forme pour l’artiste, comme disait Nietzsche. En disant cela je parle presque comme si j’étais un homme de théorie, ce que je ne suis pas. Je suis un homme pratique, un écrivain pratique. Et c’est une autre raison qui explique pourquoi j’aime tant écrire pour le théâtre. Le théâtre est très concret, vous ne pouvez pas tricher en tant qu’écrivain, vous devez donner la craie matière, vous ne pouvez pas vous cacher derrière une abstraction ou l’autre, idéologique, politique ou quelle qu’elle soit. Et en homme de la plus grande abstraction, Friedrich Hegel, écrivit une fois : Die Wahrheit ist immer Konkret (La vérité est toujours concrète). Autrement dit, le théâtre est la plus humaine, et pour moi la plus intense, de toutes les formes d’art.

Jon Fosse

Une pièce policière

Une pièce qui dépasse les frontières Norvégiennes.

Une pièce universelle.

Sur l’angoisse de chaque mère et chaque père.

Où sont nos enfants ?

Que font nos enfants ?

Quelles bêtises, quelles erreurs sont-ils en train de faire ? Qu’ont ils fait ?

A quoi se préparent-t-ils ?

Le Fils ? La Fille ?

Ils ne donnent plus de nouvelles.

La puissance de l’imaginaire.

Le phantasme de la disparition.

Le phantasme de la mort, de l’abandon.

S’il/elle ne donne pas de nouvelles,

c’est qu’il/elle ne nous aime pas,

c’est que nous sommes morts pour lui, pour elle,

c’est qu’ils nous ont abandonné, nous n’existons plus pour eux.

La culpabilité de toutes ces pensées.

En tant que parent, c’est de ma faute s’il/elle ne vient pas nous voir, s’il/elle ne nous aime pas, c’est que quelque part nous l’avons abandonné, pas assez aimé ou trop aimé.L’incommunicabilité, l’absence de preuves d’amour.La peur de la prison, de la honte, que la société puisse, c’est à dire l’ensemble des hommes puissent condamner mon enfant, ma propre chair. C’est un peu moi aussi qui est alors condamné...

«Mon dieu pourquoi m’as tu abandonné/e»

«Mon père/ma mère pourquoi m’as tu abandonné/e»

«Mon fils/ma fille pourquoi m’as tu abandonné/e»

LES THÈMES

Nous craignons tout de nos enfants peut être aussi parce que nous avons craint toute notre vie.

La puissance de la vie, plus jeune alors, nous rappelle notre propre puissance, puissance de tous les actes sordides, des pulsions, des instincts les plus bas, mais aussi toutes nos compromissions, nos lâchetés pour apparaître «invisibles» au sein de la société.Avoir des enfants est un reflet permanent de la vie toujours en danger.Le danger d’être en vie et d’être impuissant face aux dangers multiples qui environnent nos enfants.C’est de regarder une vie qui nous dépasse, être le spectateur de la énième répétition de la peur, de l’angoisse de ne pas savoir, mais de se laisser emporter par le doute, par la possibilité terrifiante de se laisser happer par les pires imaginaires de notre existence. Etre parent, être enfant ou la possibilité permanente du drame ou de la tragédie à venir.

La pièce avoue avec joie cette puissance de la mort, de donner la mort.Nous avons la force, la capacité, la possibilité, de contraindre le corps de l’autre.La jeunesse comme innocence de la volonté de puissance.

Le Fils est une pièce policière, un thriller aux échos bibliques, un thriller métaphysique. C’est parce que nous ne connaissons pas le motif originel qui a conduit ou pas le Fils en prison que se cristallise le suspens, la tension dramatique.

Pour les parents, pour le voisin, les seuls habitants du hameau, la vie est attente. Le temps est le personnage principal de la pièce. Chacun flotte entre le passé et le futur dans un présent impossible à fixer.

Chacun est seul, chacun existe dans le silence de sa vie intérieure. Ensemble et seul dans l’espérance et la désespérance de l’éternité de l’amour. A chaque instant tout est possible et impossible en même temps.Chacun est dans sa solitude rayonnante, irradiante.

Etienne Pommeret

Évangile selon saint Luc, chapitre 15, versets 11 à 32 : Le Fils prodigue

Un homme avait deux fils. Le plus jeune dit à son père : mon père, donne-moi la part de bien qui doit me revenir. Et le père leur partagea son bien. Peu de jours après, le plus jeune fils, ayant tout ramassé, partit pour un pays éloigné, où il dissipa son bien en vivant dans la débauche. Lorsqu’il eut tout dépensé, une grande famine survint dans ce pays, et il commença à se trouver dans le besoin. Il alla se mettre au service d’un des habitants du pays, qui l’envoya dans ses champs garder les pourceaux. Il aurait bien voulu se rassasier des caroubes que mangeaient les pourceaux, mais personne ne lui en donnait. Étant rentré en lui-même, il se dit : Combien de mercenaires chez mon père ont du pain en abondance, et moi, ici, je meurs de faim ! Je me lèverai, j’irai vers mon père, et je lui dirai : Mon père, j’ai péché contre le ciel et contre toi, je ne suis plus digne d’être appelé ton fils ; traite-moi comme l’un de tes mercenaires. Et il se leva, et alla vers son père. Comme il était encore loin, son père le vit et fut ému de compassion, il courut se jeter à son cou et le baisa. Le fils lui dit : Mon père, j’ai péchécontre le ciel et contre toi, je ne suis plus digne d’être appelé ton fils. Mais le père dit à ses serviteurs : Apportez vite la plus belle robe, et l’en revêtez ; mettez-lui un anneau au doigt, et des souliers aux pieds. Amenez le veau gras, et tuez-le. Mangeons et réjouissons-nous ; car mon fils que voici était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé. Et ils commencèrent à se réjouir. Or, le fils aîné était dans les champs. Lorsqu’il revint et approcha de la maison, il entendit la musique et les danses. Il appela un des serviteurs, et lui demanda ce que c’était. Ce serviteur lui dit : ton frère est de retour, et, parce qu’il l’a retrouvé en bonne santé, ton père a tué le veau gras. Il se mit en colère, et ne voulut pas entrer. Son père sortit, et le pria d’entrer. Mais il répondit à son père : voici, il y a tant d’années que je te sers, sans avoir jamais transgressé tes ordres, et jamais tu ne m’as donné un chevreau pour que je me réjouisse avec mes amis. Et quand ton fils est arrivé, celui qui a mangé ton bien avec des prostituées, c’est pour lui que tu as tué le veau gras ! Mon enfant, lui dit le père, tu es toujours avec moi, et tout ce que j’ai est à toi ; mais il fallait bien s’égayer et se réjouir, parce que ton frère que voici était mort et qu’il est revenu à la vie, parce qu’il était perdu et qu’il est retrouvé.

Traduction d’après la Bible de Jérusalem.

Je comprends si peu de choses. Et à mesure que les années passent j’en comprends de moins en moins. Cela est vrai. Mais le contraire est également vrai, à mesure que les années passent je comprends de plus en plus de choses. Oui, il est également vrai qu’à mesure que les années passent je comprends beaucoup de choses, tant de choses que j’en suis effrayé. Le fait est que je suis découragé devant le peu de choses que je comprends. Comment se fait-il que les deux puissent être vrais, que je puisse à la fois comprendre de moins en moins et de plus en plus ?

Car lorsque j’écris un texte qui me parait bien écrit, quelque chose de nouveau vient au monde, quelque chose qui n’était pas là auparavant, j’ai en quelque sorte créé une présence, et cela, le plaisir de faire surgir par l’écriture des personnages et des histoires, voire des univers, que personne ne connaissait auparavant, pas même moi, cela m’étonne et me réjouit. Personne ne connaissait cela avant que je ne l’écrive. Et d’où cela vient-il ? Je ne sais pas, car pour moi aussi cela est nouveau. Jamais je n’y avais pensé auparavant. L’écriture, la bonne écriture, devient ainsi le lieu où quelque chose d’inconnu, quelque chose qui auparavant n’existait pas, se met à exister pour la première fois, c’est sans doute cela qui, dans l’écriture, me procure le plaisir le plus fort. Un univers entier se crée chaque fois que l’on écrit quelque chose de bien. Car tout bon texte, même un poème, est en quelque sorte un univers entier, qui n’existait pas auparavant, et qui apparaît à travers la bonne écriture.

Jon Fosse La Gnose de l’écriture

«LE THEATRE EST LA POESIE DANS L’ESPACE» Artaud

«car le feu qui me brule est celui qui m’éclaire» Etienne de la Boétie.

Jon Fosse écrit en nynorsk, comme Tarjei Vesaas, une langue proche de la terre, de la nature, une langue très poétique qui accorde une grande importance à ce qui se glisse derrière les mots. Dans toutes ces premières pièces Jon Fosse fait confiance à sa voix intérieure, sa voix sans parole, cette part de subconscient et d’inconscient qui se jouent au travers des mots. Ce qui passionne Jon Fosse c’est la part de l’ombre, la part secrète, les faces cachées de l’être. Jon Fosse provoque le silence et recherche la résonnance, l’écho silencieux qui se propage d’être en être. Il y a chez Jon Fosse, ce désir de capter l’instant, une sorte de démesure de l’être qui se joue sur des instants les plus banals. Le détail de la banalité comme ferment de la tragédie, du drame intérieur. Jon Fosse est un ouvrier du verbe, il répète inlassablement les mêmes mots, la simplicité du langage n’est qu’apparente chez Jon Fosse, d errière chaque répétition se cache les secrets du sens.

Jon Fosse écrit très simplement, en vers libres, généralement courts, il écrit des silences, des pauses de différentes longueurs, il écrit sans ponctuation. Seule la majuscule est présente.

Pour Jon Fosse, écrire c’est écouter, le nynorsk permet d’écrire l’émotivité très forte des gens d’un village, d’un hameau, de leur tension incroyable, né aussi du contact permanent avec la nature, avec les éléments, avec le paysage qui leur donnent un sens aigu de la beauté, du bouleversement qu’ils ne parviennent pas à exprimer sauf par le silence ou quelques bribes de mots épars.

«Chaque sujet est entièrement fermé, sans porte, ni fenêtre et contient le monde entier dans son fond très sombre, tout en éclairant une toute petite portion de ce monde ; cette portion est variable pour chacun» Leibnitz

«Je travaille comme un musicien qui joue sa partition, thème et variations, travail sur les répétitions, sur les césures, l’usage de la pause, d’un rythme. Les didascalies sont des indications musicales, des indications du temps, elles créent des harmonies sous le dialogue des acteurs.» Jon Fosse

Noir. La lumière monte progressivement. Le père se lève du canapé, va jusqu’à la fenêtre, regarde au-dehors; La mère le suit des yeux, pose son ouvrage de tricot sur ses genoux. Un temps. Le père fait quelques pas, il s’arrête et reste debout, tournant le dos à la mère, et semble regarder dans le vide

La MèreC’est sombre et noir en ce moment

Le PèreOui très sombreBref silence, il se tourne vers la mèreIl ne fait presque plus jour du toutUn peu de demi-jour à midisinon c’est sombre

L’ÉCRITURE DE JON FOSSE

La MèreOui

Le PèreEt pas seulement sombreC’est tout noir on diraitL’obscurité est si sombrequ’elle devient noirecomme de la terrepresque

La MèreOui

Le PèreEt on diraitque c’est de plus en plus sombred’année en annéeIl n’y a plus de lumièrenulle partIl y a tant de maisons videsmaintenantAutrefois il y avait de la lumière dans toutes les maisonsAlors que maintenant

La MèreOui il y a de moins en moins de mondeiciBientôt il n’y aura sans doute plusque l’obscuritéelle rit brièvementici.

Le PèreOui les vieux meurentet les jeunes

La Mèreenchaînantils s’en vontBref silencePersonne ne resteIl n’y a rien à faire icipour les jeunesCeux qui le peuventils s’en vont

Le PèreNon il ne faut pas exagérer quand même

La MèreJ’exagère à peine

Le PèreMais il y abeaucoup de maisons videsc’est vraiIl n’y a pour ainsi dire plusque des maisons videsIl y a nouset le voisin

La MèreOui

Le PèreCa me fait de la peine de voirque maintenanttout est sombre chez Svein aussi

La MèreA moi aussi

Le PèreDire que Sveinest partisi brutalement

La MèreIl était là à s’occuper de ses petites affairescomme d’habitudeet puis soudainil n’était plus là

Le PèreCa peut arriverquand on y pense le moins

La MèreVoyons

Le PèreOn est làet soudain c’est fini

La MèreOui

Le PèreOui mieux vaut ne pas y penser

La MèreQu’est-ce que je deviendraissi tu

Le PèreEh ouiBref silence. Il va de nouveau jusqu’à la fenêtreMaintenant c’est sombre partoutMaintenant il n’y a de la lumièreque chez le voisinSinon tout est noircomme de la terre

Jon Fosse travaille sur «le bruissement de la langue»*, il explore «la cime du particulier»*. Il y a dans cette écriture une tension inapaisée.

«Sur un fond réaliste insignifiant, l’imagination se déploie et tisse de nouveaux dessins: un mélange de souvenirs, d’expériences vécues, de libres inventions, d’obscurités et d’improvisations.» Strinberg

Dans les pièces de Jon Fosse, les figures entrent ou sortent, ouvrent une porte, la referment derrière eux, se dirigent vers la fenêtre, regardent au dehors, se retournent ... Jamais ils ne sont au repos alors qu’en général ils n’ont pas grand chose à faire.Au milieu de cette banalité, ils sont sans cesse en mouvement.Ces mouvements, ces multiples perceptions, ces multiples répétitions agissent comme autant d’événements qui nous introduisent au coeur du drame, de la banalité du drame.

«Quand j’écris, je ne vois aucun visage, je vois des relations, des interactions.» Jon Fosse

«Dans le théâtre de RÉPÉTITIONS, on éprouve des forces pures, des tracés dynamiques dans l’espace qui agissent sur l’esprit sans intermédiaire et qui l’unissent directement à la nature et à l’histoire, un langage qui parle avant les mots, des gestes qui s’élaborent avant les corps organisés, des masques avant les visages, des spectres et des fantômes avant les personnages ; tout l’appareil de la répétition comme puissance terrible.»

Gilles Deleuze

Lire, c’est en fait capter toutes les informations dépassées dans les sillons du texte et les faire revivre, c’est donc créer du vivant avant les mots, autour des mots et après les mots.

*Roland Barthes

Dès ma première lecture du Fils, j’ai toujours imaginé une distribution «jeune».Le père et le mère sont jeunes, ils ont un fils d’environ 25 ans, tous sont jeunes.

Les premières pièces de Jon Fosse décrivent des parents jeunes «Le nom, L’enfant, Rêve d’automne, la nuit chante et Jamais nous ne serons séparés».

Dans les pièces de Jon Fosse les jeunes sont déjà vieux, beaucoup sont sans espoir, sans espérance mais ils ont de l’énergie, de la force, ils sont en mouvement. C’est cette apparente contradiction qui apparaît. Ils ont un tel potentiel une telle puissance mais qui ne se fonde que sur du rien, du banal, du quotidien, ces êtres là n’ont pas grand chose à dire, à se dire. Ils sont silencieux.Parfois le silence est tragique, parfois il apparaît comme un vide intérieur, abyssal, mais aussi comme leur désir de s’éveiller à la vie. Le silence, expression de la force, de la fragilité.

Nous nous sommes manqués l’un à l’autre pendant longtemps mais aucun de nous n’a osé le dire. Jon Fosse

Il y a dans chaque parent une telle inquiétude, une telle angoisse que l’âge vient incessamment renforcer. L’angoisse est exponentielle, rien ne l’arrête.

Je suis fasciné par l’angoisse croissante des hommes, des femmes autour de moi, ils sont comme moi possédés, passionnés par leur angoisse. Ils n’existent que par elle.

Nous sommes de plus en plus seuls.

«Nous voulons simplement être seuls ensemble l’un et l’autre seuls» Jon Fosse

«L’acteur invoque, met en jeu ce qui git au fond de chaque homme et que masque la vie quotidienne. L’acteur n’hésite pas à se montrer tel qu’il est, car il se rend compte que pour dévoiler les secrets d’un rôle, il faut qu’il s’ouvre totalement, qu’il révèle ses propres secrets, si bien qu’en jouant, il accomplit un sacrifice, il sacrifie ce que la plupart des hommes préfèrent cacher. Le sacrifice est une offrande au public.» Peter Brook

«De la voix de l’acteur résonnent les incidents pulsionnels, c’est un langage tapissé de peau, un texte où l’on entend le grain du gosier, la patine des consonnes, la volupté des voyelles, la stéréophonie de la chair profonde, l’articulation du corps et de la langue : le plaisir du texte.»*

la voix est placée au centre de l’équilibre entre corps et âme.

Toute relation à la voix est forcement amoureuse.

La voix est rythme, refrain, scansion

La voix est égale à la parole en acte.

* Roland Barthes

NOTES DE TRAVAIL

Le travail sur la voix, le travail sur le visage

«Un visage effrayé c’est l’expression d’un monde possible effrayant ou de quelque chose d’effrayant dans le monde.Un visage raconte la peau, le vide, l’absence, le visage offre la violence crue des émotions qui l’inondent.Une nudité plus grande que celle du corps.» Gilles Deleuze

Un espace vide

Un espace mental

Celui de l’écriture de Jon Fosse

Un espace où la peur, l’angoisse peuvent se matérialiser

Jouer avec l’obscurité, avec les ténèbres

Imaginer

Les gens sont là dans leurs chambres

ils sont là dans leur maison

dans leur chambre

ils sont là et ils attendent

au milieu de leur objets

dans la sécurité que procure les objets

ils sont là et ils attendent

dans les maisons sous le ciel

ils sont là et ils attendent

dans les chambres

au milieu des objets

et puis ils n’attendent plus

et les objets restent là.

Des ombres, des bruits de pas qui glissent d’un lieu à l’autre ...

Jon Fosse

- L’étonnement par le rire, partir d’une lecture simple et l’approfondir jusqu’à en avoir le soufflecoupé de rire.

- Le rire existentiel

- Toujours vouloir apprendre, expérimenter, chercher jusqu’au bout.

- Ne jamais renoncer à la volonté de transformer le monde en y jouant son rôle quelle qu’ensoit son importance

«L’obscurité est si sombrequ’elle devient noirecomme de la terrepresqueon dirait que c’est de plus en plus sombred’année en annéeil n’y a plus de lumièrenulle part» Jon Fosse Le Fils

- L’obscurité comme paysage intérieur : la misère et l’ignorance.

- L’art contre l’inhumain et toute la bassesse qui nous entourent à chaque instant.

- Trouver un code de jeu si clair et si sobre que le spectacle en devient à la fois éblouissant ettendu.

- Comment faire un art à la fois accessible et difficile ?

Jon FosseNé en 1959 à Tysvaer prés de Bergen, Jon Fosse est un écrivain norvégien venu au théâtre après une quinzaine de romans, de récits, d’essais, de recueils de poèmes et de livres pour enfants. Sa première pièce, écrite à l’instigatin du jeune metteur en scène Kai Johnsen, date de1994, Et jamais nous ne serons séparés. Suivent plusieurs pièces dont Le nom (1995), Quelqu’un va venir, créé au Norske Teatret d’Oslo en 1996, L’Enfant, créé au Théâtre national d’Oslo et Le Fils en 1997. Jon Fosse obtient le prix Ibsen en 1996.

Dans son oeuvre théâtrale, les personnages sont souvent génériques (Lui, Elle, le père, la fille, Personnage 1, Personnage 2), ils sont deux ou trois, parfois quatre, ils se confrontent plutôt, en général, à leur propre solitude. Avec une écriture simple, minimaliste et répétitive, mais presque baroque dans la multiplication et la transformation infinie de ses motifs, Jon Fosse capte les pensées intimes, les contradictions et les soubresauts des sentiments qui nous assaillent.

En France, son roman Melancholia I (1996) est paru en 1998 aux éditions P.O.L, traduit par Terje Sinding (connu notamment pour ses traductions d’Ibsen), ainsi que Le Nom et L’Enfant, publiés par l’Arche.

De nombreux metteurs en scène travaillent en France et dans toute l’Europe les textes de Jon Fosse.

Jon Fosse débuta avec son premier écrit Raudt, svart (Rouge, noir). Il vit actuellement à Bergen (Norvège). Ses écrits (romans, nouvelles, poésies, essais et pièces de théâtre) ont été traduits dans plus de quarante langues, et ses pièces ont été montées par les plus grands metteurs en scène Thomas Ostermeier, Claude Régy... Il est considéré comme un des plus grands auteurs contemporains et a été décoré de l’Ordre national du Mérite français en 2007. Prix international Ibsen (2010), Prix européen de littérature (2014), Docteur honoris causade l’Université de Bergen (octobre 2015), Grand prix de littérature du Conseil nordique (2015).

BIOGRAPHIES

Étienne Pommeret Originaire du bassin minier dans le Pas de Calais, Etienne Pommeret a été formé au Conservatoire National Supérieur d’art dramatique de Paris (1982-1985) où il rencontre assidûment Claude Régy, Bernard Dort et Michel Bouquet. Il met en scène Frankenstein de Mary Shelley dans une adaptation et une traduction d’Armando Llamas. A la sortie du conservatoire, il joue sous la direction de Claude Régy, Gilbert Rouvière, Véronique Widocq, Dominique Surnais, Daniel Mesguich ....

En 1989, Thierry Bédar l’invite à rejoindre l’aventure des Pathologies Verbales et l’association Notoire avec Marc François et Alain Neddam.

A l’issue d’un an de spectacles sur le corps et la santé «Vive Valeque», Etienne Pommeret fonde avec Catherine Hubin la compagnie C’est Pour Bientôt. Etienne met en scène Les récits d’un jeune médecin de Boulgakov, Le docteur invraisemblable de Ràmon Gómez de la Serna, Anna et Mister God de Fynn. Karin Serres et Françoise du Chaxel lui proposent de mettre en scène leurs premiers textes, Katak et Les oiseaux maladroits. En 1992 il met en scène à Toulouse au théâtre Garonne La légende du Saint Buveur de Joseph Roth. L’amitié avec Bernard Dort se pratique avec la nouvelle traduction et la mise en scène de Lénonce et Lena en 1993. 1994 sera l’année de la rencontre avec Jean-François Peyret et Sophie Loucachevsky, qui initient le théâtre feuilleton au petit Odéon. Etienne sera en résidence avec le théâtre Granit à Belfort sous la direction d’Henri Taquet, et met en scène deux textes inédits de Brecht Le coup de filet et Il débusque un démon. Karin Serres en 1995 écrit «la suite» de Katak : Luniq au Théâtre des Jeunes Années à Lyon 1997 sera l’année de la reprise Des Carnets du sous-sol de Dostoïevski au Théâtre de la cité universitaire créé dans le cadre du théâtre feuilleton. De 1997 à 1999, ce sont des années de collaboration avec Nicole Gauthier et toute l’équipe de la Cité, stages, ateliers, fêtes et mises en scène se succèdent, en particulier Le journal d’Adam, le journal d’Eve de Marck Twain, et Le serpent qui danse, un cabaret théâtral mémorable.

De 1998 à 2000, Etienne devient responsable des acteurs de l’école du TNS, Il met en scène les groupes 30/31/32, en particulier une impressionnante collaboration avec Georges Aperghis dans Resistance et Strasbourg instantanés II, cette aventure strasbourgeoise se conclue par la création de Quelqu’un pour veiller sur moi de Frank McGuinnes.

De retour à Paris, Etienne met en scène, les Drames brefs (1) de Philippe Minyana au TEP, Joséphine la cantatrice ou le peuple des souris de Kafka à la péniche Opéra. De 2005 à 2006, il est metteur en scène associé au théâtre des Deux Rives à Rouen, il met en scène Dors mon petit enfant de Jon Fosse avec la collaboration chorégraphique de Daniel Larrieux et Kant avec l’astrophysicien Jean-Philippe Uzan. A partir de 2007, Etienne est accueilli au théâtre l’Echangeur de Bagnolet où il met en scène Vivre dans le secret de Jon Fosse, Bienvenue au conseil d’administration de Peter Handke, Tel que cela se trouve dans le souvenir de Tarjei Vesaas et tout dernièrement en octobre 2015 Terre océane de Daniel Danis.

Outre les années TNS, Etienne anime depuis ses débuts de metteur en scène, de nombreux ateliers dans les écoles supérieures, les conservatoires de régions et de nombreux stages Afdas autour d’auteurs du répertoire et de l’écriture vivante d’aujourd’hui.

ARTISTIQUEÉtienne Pommeret

06 82 39 52 18

PRODUCTION ADMINISTRATIONThomas Clédé

[email protected] | 06 65 33 64 50

L’Arche est agent théâtral du texte représenté www.arche-editeur.com

Production C’est pour Bientôt

Avec le soutien de l’ADAMI et de la SPEDIDAMLa Cie C’est pour Bientôt est conventionnée par la DRAC Île de France / Ministère de la culture et de la communication

Co-réalisation Théâtre L’Échangeur – Cie Public Chéri

Photographie © Pommeret

59 AVENUE DU GENERAL DE GAULLE 93170 BAGNOLET – METRO GALLIENI RESERVATIONS 01 43 62 71 20 – [email protected] – WWW.LECHANGEUR.ORG