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mercredi 2 octobre 2019 LE FIGARO - N° 23 368 - Cahier N° 4 - Ne peut être vendu séparément - www.lefigaro.fr PROPRETÉ & SERVICES ASSOCIÉS Crédit photo : © AGE/Photononstop Création HORLOGERIE LA START-UP ROUTINE LIVRE SES PREMIÈRES MONTRES PAGE 52 Toutes créatrices d’entreprise ! Si les femmes aussi ont la fibre entrepreneuriale, leur parcours reste plus difficile que pour les hommes. PAGE 46 À 50 Sarah Ouattara, fondatrice de Samara Facilities, à Saint-Denis, près de Paris. M oins d’un tiers des di- rigeants d’entreprise sont des femmes. Cette proportion semble n’évoluer que lentement (bien que nous manquions de séries statistiques longues sur ce point). Pourtant, les femmes, au fil du temps, grâce aux lois adoptées en faveur de l’égalité des sexes, ont pris la place qui leur revient dans la politique, dans le sport, les arts… Dans la vie professionnelle aussi, mais comme cadres ou employées. Pas comme dirigeantes ou comme entrepreneuses. Les temps changent, le monde bouge. L’esprit d’entreprise vient aussi aux femmes. Celles qui témoignent dans ces pages ont cette force qui brise les plafonds de verre, cette audace qui les pousse à franchir une nouvelle frontière. BRUNO JACQUOT Audace ÉDITORIAL Le prochain numéro du « Figaro entrepreneurs » paraîtra le 6 novembre La vérité vraie sur le développement personnel Si vous vivez dans l’air du temps, vous avez probablement déjà entrepris de vous dévelop- per personnellement : saviez- vous qu’il suffit de fixer – cha- que jour au réveil pendant une minute – la photo d’un moine tibétain pour trouver l’apaise- ment et la plénitude ? Mieux, si vous ajoutez à cela un jus d’herbe de blé bio quoti- dien, dans lequel vous regardez tout aussi fixement votre reflet – également durant une minute –, vous avez toutes les chances que votre jauge de bonheur at- teigne son niveau maximum… Est-ce sérieux ? Non, rassurez-vous. Mais cela pourrait l’être sans problème, si l’on en juge les astuces et autres conseils croquigno- lets publiés de nos jours dans les livres de développement personnel… Leurs ventes grimpent sans cesse, depuis les prémices de cette mode, il y a cent ans, lorsque l’auteur occultiste Alice Bailey prétendait être en contact télépathique avec un maître tibétain. Les librairies y consacrent des rayons pleins à craquer. Des bouquins feel good, « inspi- rants », dont les propos peuvent changer votre vie et vous permettre de vous développer personnellement. À titre d’exemple, la banalisation et l’avènement des morning routi- nes, un rituel que l’on applique à soi-même religieusement cha- que matin et qui va bien au-delà du petit déjeuner. Il s’agit d’être toujours plus différent, toujours plus original, et d’en mettre plein la vue… Chaque jour, dans des posts grandiloquents sur LinkedIn ou des stories sur Instagram, des influenceurs qui s’improvisent coachs – souvent des tartuffes – se mettent en scène dans des morning routines, qui com- mencent par un ci- tron pressé, une heure de course fractionnée, cin- quante tractions et de la gym suédoise dès 3 heures du matin. Tout cela afin d’être toujours plus productif, per- formant et motivé. Cela pourrait être drôle si ce n’était pas si sérieux… C’est l’objet du livre de la philo- sophe Julia de Funès, Dévelop- pement (im)personnel (Éditions de l’Observatoire). L’auteur dé- nonce ces dérives qui ont fait du développement personnel le « nouvel opium du peuple ». Un produit qu’il est préférable de ne pas mettre au menu de votre morning routine. QUENTIN PÉRINEL « Si vous ajoutez un jus d’herbe de blé bio quotidien, vous avez toutes les chances pour que votre jauge de bonheur soit au niveau maximum » LA VIE DE BUREAU SEBASTIEN SORIANO/LE FIGARO, BRUNO LEVY COMMERCE LE GRAND RETOUR DES FROMAGERS PAGE 59 La société A5Sys ou le management humaniste, portrait. bien-au-travail.lefigaro.fr Communiqué réalisé par 14HAUSSMANN

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mercredi 2 octobre 2019 LE FIGARO - N° 23 368 - Cahier N° 4 - Ne peut être vendu séparément - www.lefigaro.fr

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HORLOGERIE LA START-UP ROUTINE LIVRE SES PREMIÈRES MONTRES PAGE 52

Toutes créatrices d’entreprise !

Si les femmes aussi ont la fibre entrepreneuriale, leur parcours reste plus difficile que pour les hommes. PAGE 46 À 50

Sarah Ouattara,fondatrice de Samara

Facilities, à Saint-Denis,près de Paris.

M oins d’un tiers des di-rigeants d’entreprisesont des femmes.

Cette proportion semblen’évoluer que lentement (bienque nous manquions de sériesstatistiques longues sur cepoint). Pourtant, les femmes,au fil du temps, grâce aux loisadoptées en faveur de l’égalitédes sexes, ont pris la place quileur revient dans la politique,dans le sport, les arts… Dans lavie professionnelle aussi, maiscomme cadres ou employées.Pas comme dirigeantes oucomme entrepreneuses. Lestemps changent, le mondebouge. L’esprit d’entreprisevient aussi aux femmes. Cellesqui témoignent dans ces pagesont cette force qui brise lesplafonds de verre, cette audacequi les pousse à franchir unenouvelle frontière.

BRUNO JACQUOT

AudaceÉDITORIAL

➜Le prochain numérodu « Figaro entrepreneurs »paraîtra le 6 novembre

La vérité vraie sur le développement personnelSi vous vivez dans l’air dutemps, vous avez probablementdéjà entrepris de vous dévelop-per personnellement : saviez-vous qu’il suffit de fixer – cha-que jour au réveil pendant uneminute – la photo d’un moinetibétain pour trouver l’apaise-ment et la plénitude ?

Mieux, si vous ajoutez à celaun jus d’herbe de blé bio quoti-dien, dans lequel vous regardeztout aussi fixement votre reflet– également durantune minute –, vousavez toutes leschances que votrejauge de bonheur at-teigne son niveaumaximum…

Est-ce sérieux ?Non, rassurez-vous.Mais cela pourraitl’être sans problème,si l’on en juge lesastuces et autresconseils croquigno-lets publiés de nosjours dans les livresde développementpersonnel… Leursventes grimpentsans cesse, depuis les prémicesde cette mode, il y a cent ans,lorsque l’auteur occultiste AliceBailey prétendait être encontact télépathique avec unmaître tibétain.

Les librairies y consacrent desrayons pleins à craquer. Desbouquins feel good, « inspi-rants », dont les propos peuventchanger votre vie et vouspermettre de vous développer

personnellement. À titred’exemple, la banalisation etl’avènement des morning routi-nes, un rituel que l’on applique àsoi-même religieusement cha-que matin et qui va bien au-delàdu petit déjeuner. Il s’agit d’êtretoujours plus différent, toujoursplus original, et d’en mettreplein la vue…

Chaque jour, dans des postsgrandiloquents sur LinkedIn oudes stories sur Instagram, des

influenceurs quis’improvisentcoachs – souventdes tartuffes – semettent en scènedans des morningroutines, qui com-mencent par un ci-tron pressé, uneheure de coursefractionnée, cin-quante tractions etde la gym suédoisedès 3 heures dumatin. Tout celaafin d’être toujoursplus productif, per-formant et motivé.

Cela pourrait êtredrôle si ce n’était pas si sérieux…C’est l’objet du livre de la philo-sophe Julia de Funès, Dévelop-pement (im)personnel (Éditionsde l’Observatoire). L’auteur dé-nonce ces dérives qui ont fait dudéveloppement personnel le« nouvel opium du peuple ». Unproduit qu’il est préférable dene pas mettre au menu de votremorning routine. ■

QUENTIN PÉRINEL

« Si vous ajoutez

un jus d’herbe de blé bio quotidien, vous avez toutes les chances pour que votre jauge de bonheur soit au niveau maximum»

LA VIE DE BUREAU

SEBASTIEN SORIANO/LE FIGARO, BRUNO LEVY

COMMERCELE GRAND RETOUR DES FROMAGERS PAGE 59

La société A5Sys ou lemanagement humaniste,portrait.bien-au-travail.lefigaro.fr

Communiqué réalisé par 14HAUSSMANN

Demain un Autre Jour: 2019-10-02T00:05:19c:Figaro;u:[email protected]; 2019-10-03T12:12:47+02:00

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mercredi 2 octobre 2019 LE FIGARO

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46 DOSSIER

la Silicon Valley, l’histoire du champa-gne Aurore Casanova commence dansun garage, où le couple vinifie et em-bouteille. Depuis quelques mois, l’en-treprise se structure. Le couple a em-prunté pour acheter des bâtiments,dans lesquels ils ont installé leur proprevendangeoir et une cuverie. Jean-Bap-tiste Robinet a malgré tout conservéjusqu’à récemment un emploi salariédans une exploitation de la région.

Réparer le corps Mais l’aventure champenoise du duon’aurait pas été possible sans des raci-nes locales. L’histoire du champagneAurore Casanova, c’est aussi l’histoired’une transmission. Son grand-pèreavait une ferme et des terres céréalièresdans la région. Sa mère a hérité dequelques parcelles, notamment à Pui-sieulx, où elle a planté des vignes en1968. Avant sa propre fille, la mèred’Aurore Casanova avait choisi cettevoie pour se reconvertir à 40 ans. OrPuisieulx fait partie des 17 communesclassées « Grand cru » de Champagne.« Lorsque j’ai racheté les parcelles àmes frères, raconte Aurore Casanova,ma mère m’a transmis les clés du domai-

ne avec beaucoup de simplicité. Elle m’alaissé faire à ma manière, tout en restantà ma disposition si j’avais des ques-tions. » Aurore Casanova n’a pas pourautant grandi dans la région, mais à Pa-ris. Sa mère venait en Champagne poursuivre l’exploitation et vendre ses rai-sins, sans jamais s’installer.

Aujourd’hui, l’histoire d’Aurore re-joint celle de son mari, dans une éton-nante symétrie. Lui aussi a eu une pre-mière vie, comme prothésiste,travaillant à réparer le corps des per-sonnes amputées. Lui aussi a des raci-nes champenoises. Son père agriculteurlui a transmis quelques parcelles auMesnil-sur-Oger, un autre coteau ré-puté. Aussi flegmatique que sa femmeest passionnée, le jeune homme résumeson entreprise avec un grand sourire :« On fait notre champagne et il porte lenom d’Aurore. »

Avec leur petit domaine de 3,5 hecta-res, les deux vignerons néophytes pro-duisent 7 000 à 8 000 bouteilles dechampagne. Ils savent qu’ils auront viteatteint un plafond de verre. S’agran-dir ? Acheter des terres en Champagneest quasi impossible. Mais le duo, quel’idée de reconversion n’inquiète plus,a déjà des projets d’activités complé-mentaires plein la tête. Il est questiond’e-commerce, de négoce de vins, deChampagne et d’ailleurs, de chambresd’hôtes… Ils ont d’ailleurs demandé unstatut de « négociant-manipulant ».Dans leur cuverie flambant neuve, ilsveulent créer une sorte de pépinière oùaccueillir d’autres vignerons indépen-dants qui partagent leur philosophie.Quel que soit l’avenir de leur entrepri-se, partager leur nouvelle passion res-tera leur leitmotiv. ■

avantage. Il lui faut s’intégrer dans unmonde d’hommes. « Les femmes sonttrès présentes en Champagne, elles ontfait la Champagne, rappelle-t-elle.Regardez Veuve Clicquot. Pourtant, leregard reste très paysan, c’est para-doxal. »

Jean-Baptiste Robinet, son mari, arejoint Aurore Casanova. Les deux jeu-nes gens se sont rencontrés à Avize,alors qu’ils suivaient la même forma-tion aux métiers de la vigne et à la re-prise d’exploitation. Les premières an-nées après la création de la marque en2014, leurs bouteilles sont produites defaçon artisanale. Comme les start-up de

Aurore Casanova « Ma mère m’a transmis les clés du domaine »

ANGÉLIQUE VALLEZ-D’ERCEVILLE

Baskets aux pieds et thermos de caféglissé dans un panier en osier, elle en-traîne ses hôtes, tout juste débarqués dutrain à Épernay, le temps d’une baladehors du temps dans ses vignes. Là, entrevillage et forêt, sur une terre souple,elle met en pratique sa philosophied’une viticulture alternative, la plusnaturelle possible. Sur son exploitationde champagne, la jeune femme de32 ans préfère phytothérapie et désher-bage mécanique aux traitementschimique. Lors de l’embouteillage, elleajoute le moins de sulfites possible dansson brut et son rosé.

Aurore Casanova appartient à la fa-mille des passionnés. Avec un débit deparole et un sourire de passionnée.Derrière son petit gabarit d’anciennedanseuse professionnelle et son douxvisage, elle est prête à abattre des mon-tagnes pour défendre son point de vue,son domaine et la marque à laquelle ellea donné son nom.

À l’âge où certains Tanguy entrent àpeine dans la vie active, la jeune femmeentame déjà sa deuxième vie. Dans lapremière, elle a été danseuse profes-sionnelle à 17 ans. Elle raccroche lespointes en 2011, lassée de ce métier, oùle corps souffre. Elle cherchait à se re-connecter à la nature et à apaiser soncorps. Sa nouvelle vie, où le travail ma-nuel est prépondérant, a commencé partrois semaines de tendinite… Qu’im-porte. Avec la viticulture, elle trouveune nouvelle passion où s’impliquertotalement.

Mais être une jeune femme dansl’agriculture n’est pas tous les jours un

HENRI DE LESTAPIS

Autres temps, autres mœurs. En 1964,Charlotte Cadé aurait eu besoin del’autorisation de son père ou de sonmari pour ouvrir un compte en banque.Heureusement, elle est née sous desauspices plus favorables à l’entrepre-neuriat féminin. En 2018, son entre-prise, Selency, plateforme de brocantede meubles sur Internet, a levé 15 mil-lions d’euros auprès d’OLX Group.KPMG l’a classée parmi les trois plusimportantes levées de fonds fémininesd’entreprises de technologie.

Aujourd’hui, c’est librement queCharlotte Cadé dirige Selency avecMaxime, son mari. Ils effectuent leurslevées de fonds ensemble. « Au début,explique-t-elle, j’aurais sans doute colléaux besoins financiers stricto sensu de laboîte, non par manque d’ambition, maispar une volonté de transparence extrêmevis-à-vis des investisseurs. Comparée àMaxime, j’aurais pu la sous-évaluer. À

vrai dire, je ne sais pas si c’est une réelledifférence entre hommes et femmes ou sic’est personnel. »

Sur ce point, les avis divergent. PourSéverine Le Loarne, directrice de lachaire de recherche « femmes et renou-veau économique » à Grenoble École deManagement, les femmes expriment lesmêmes intentions de croissance que leshommes, dès lors qu’elles exercentdans le même secteur. Mais comme el-les se lancent souvent dans des activitésde service à faibles perspectives decroissance, elles mobilisent moins d’ar-gent.

D’autres estiment que les femmesbrident leurs ambitions à cause d’uneprudence excessive. « Elles rechignentsouvent à ouvrir le capital de leur entre-prise, analyse Sandra Le Grand, “serialentrepreneur” et fondatrice de Yapuka(coaching aux entretiens d’embauche etaux oraux d’admission). Elles en gèrentle budget comme s’il s’agissait de celui deleur famille. Elles ont aussi un instinct deprotection maternel qui les rend plus ti-

Figaro. Elles doivent s’autoriser à parlerd’argent et lever les freins qu’elles s’im-posent à elles-mêmes. » Et de soulignerl’importance des réseaux de businessféminins (lire p. 48). « Nous avons enco-re besoin que des femmes entrepreneusessoient mises en lumière, ajoute-t-elle.Les jeunes générations sont moins timo-rées. Les choses évoluent. »

Déléguée générale du Moovjee, quiaccompagne les jeunes entrepreneurs,Bénédicte Sanson se félicite que de plusen plus de femmes participent à sonconcours. Elle déplore aussi leur man-que d’ambition, avec des prévisions dechiffre d’affaires et d’effectif inférieuresà celles des hommes. Mais elle constateque le regard sur l’entrepreneuriat fé-minin a évolué depuis cinq ans et penseque celui sur la finance finira par chan-ger aussi. « Cette prudence des femmesest d’autant plus étonnante, remarqueBénédicte Sanson, que, dans la sphèreprivée, elles sont capables d’organiserdix choses en même temps. Elles peuventêtre pugnaces, avoir une grande force deconviction et exercer un vrai leadership.Il leur suffit de transposer ces qualitésdans la sphère professionnelle. »

Marie Eloy met aussi en relief la diffé-rence entre provinces et grandes villes.Pour une entrepreneuse diplômée qui selance dans la tech à Paris, être une fem-me peut être un atout. Mais débloquerdes fonds pour un commerce dans unepetite ville de province est plus ardu.« On demande aux femmes plus de ga-ranties qu’aux hommes, souligne MarieEloy. Il faut en finir avec la présomptiond’incompétence. » Une constatation queconfirme l’étude du Boston ConsultingGroup parue en septembre : les start-upfondées par des femmes auraient 30 %de chances de moins que celles deshommes d’intéresser les fonds de capi-tal-risque. L’écart se creuse à chaquetour de financement. Pourtant, de leurcôté, les banques telles que BNP Paribasou la Caisse d’épargne multiplient lesinitiatives en faveur de l’entrepreneu-riat féminin.

Pour Séverine Le Loarne, le mal estplus profond. « Selon une étude d’Info-greffe publiée en mars, explique-t-elle,il n’y aurait que 27 % de femmes parmiles dirigeants d’entreprise. Le chiffre n’apas bougé depuis trente ans. On confondle plaidoyer et la réalité. Il y a des “fakenews” sur l’entrepreneuriat féminin ! »Elle soupçonne même une dégradationdepuis les années 1970, lorsque le petitcommerce a commencé à reculer de-vant la grande distribution. « Les fem-mes, rappelle-t-elle, étaient très pré-sentes dans ces petites entreprisesindépendantes, mais on en parlaitmoins. » ■

Le parcours de la combattanteLes femmes montent au front mais l’entrepreneuriat est encore un monde très masculin.

morées face au risque. » Elle épingleaussi les pesanteurs culturelles. La fi-nance reste un mode d’hommes danslequel les femmes ont du mal à se re-connaître. « Les boîtes créées par desfemmes ont souvent une croissance moinsrapide, mais plus régulière, souligneSandra Le Grand. La prudence devraitrassurer les investisseurs. Mais ils veu-lent qu’une entreprise soit ambitieuse.Pour beaucoup de femmes, ambition estencore un gros mot. »

« Actuellement, 79 % des femmes selancent avec leurs seules économies, rap-pelle Marie Eloy, fondatrice des réseauxFemmes de Bretagne et Bouge ta Boîte,et finaliste en 2017 du prix BusinessWith Attitude organisé par Madame

“Pour beaucoup de femmes, ambition est encore un gros mot”SANDRA LE GRAND, FONDATRICE DE YAPUKA

Aurore Casanova, viticultrice et vigneronne dans la Marne.HERVÉ TAILLARD

UNE FUTURE LOI

En 2020, le projet de loi sur l’émancipation économique des femmes de Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, et Marlène Schiappa (notre photo), secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, doit comporter un volet création d’entreprise. Il s’agira d’inciter les banques à épauler les créatrices d’entreprise. Elles pourront conclure des accords avec l’État comme ceux déjà passés avec BNP Paribas, la Caisse d’épargne ou la Caisse des dépôts.

27,2 %des entreprisessont dirigées par des femmes selon Infogreffe.

56ansL’âge moyen des femmes dirigeantes d’entreprise et 55 ans pour les hommes.

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CLAUDETEROSIER,LAURÉATEEN 2017Avec Magic Makers,Claude Terosier, 45 ans,accompagne les enfantsde 7 à 17 ans dansl’apprentissage et la maîtrise de l’informatique.L’entreprise, qui emploie60 personnes, poursuitson expansionnationale, passant de

20 centres d’enseignement l’année dernière à 50 aujourd’hui. Elle a pour objectif d’atteindre les 200 à moyen terme. Actuellement implantée en Île-de-France et à Bordeaux, la chef d’entreprise prospecte dans les Pays de la Loire et la région Auvergne-Rhône-Alpes. « J’ouvre de plus en plus de lieux, notamment en partenariat avec des établissements scolaires, explique Claude Terosier. Des parents, grâce à la notoriété de Business With Attitude, ont pris conscience de l’importance de faire adopter à leurs enfants les compétences du futur. » L. L.

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© 2019 Dell Inc. ou ses filiales. Tous droits réservés. Dell, EMC et d’autres marques sont des marques de Dell Inc. ou de ses filiales. Dell S.A,Capital 1 782 769 € Siège Social 1 rond-point Benjamin Franklin 34000 Montpellier. France. N° 351 528 229 RCS Montpellier –APE 4651Z.Prix et spécifications techniques corrects à la date de parution. Prix et spécifications techniques modifiables sans avis préalable. Photos noncontractuelles. Dell n’est pas responsable des erreurs de typographie ou de photographie. Les offres promotionnelles sont limitées à 5 systèmesmaximum par client. Les offres et les prix indiqués en ligne sont uniquement valables pour les achats effectués à la boutique en ligne Dell. Pourplus de renseignements, merci de bien vouloir contacter notre équipe commerciale. Les Conditions Générales de Vente et de Services de Dells’appliquent. Vous pouvez les consulter à l’adresse www.dell.fr. *De 9h à 18h du lundi au vendredi (Numéro gratuit).

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« Madame Figaro» lance l’édition 2020 du prix Business With Attitude

GÉRALDINELE DUC,LAURÉATEEN 2018AnciennechercheuseGéraldine Le Duc,associée à un autrescientifique, OlivierTillement, a crééNH TherAguixen 2016 pourdévelopper un médicament qui maximise

le traitement des tumeurs cancéreuses par radiothérapie. En mars, la start-up a bouclé une augmentation de capital de 13 millions d’euros auprès de Bpifrance et des fonds Omnes, Arbevel et Supernova. NH TherAguix a aussi conclu un partenariat industriel avec Sanofi pour la production des nanoparticules nécessaires au futur traitement. L’équipe de 9 personnes sera bientôt étoffée avec 4 recrutements. Les essais cliniques se poursuivent pour le candidat médicament Aguix destiné à traiter le cancer du cerveau. L. L.

national. Ce suivi personnalisé est proposé quelques mois avant et après l’élection de la lauréate. Elle sera dési-gnée en direct lors d’une soirée à Paris où le public sera appelé à voter. « Mais ce prix n’est pas réservé aux Parisiennes, in-siste Morgane Miel, rédactrice en chef adjointe business de Madame Figaro. Nous avons à cœur de toucher les femmes de la France entière. Nous voulons mettre en valeur des entrepreneuses aux profils variés. »

Installée à Grenoble, GéraldineLe Duc, fondatrice de NH TherAguix et lauréate en 2018, ne regrette pas cette expérience. « Le prix m’a donné

confiance en moi, expli-que-t-elle. À ce mo-ment-là, je me deman-dais si j’étais capable degérer une boîte. Rencon-trer d’autres entrepre-neuses et discuter de cer-taines problématiquescommunes m’a donnéenvie de continuer. C’estune aventure très rafraî-chissante ! »

La sororité avant la compétitionLes lauréates tombentd’accord. Concourir auprix Business With Atti-tude a des effets positifsimmédiats sur leur acti-vité économique : coupde projecteur médiati-que, crédibilité et légiti-mité auprès des clientset des investisseurs,mais aussi intégration ausein d’un écosystème defemmes chefs d’entre-prise. La sororité avantla compétition, donc.

« Ce n’est pas qu’unesimple remise de mé-dailles, se réjouit VivianeChocas. Une vraie com-munauté de femmes secrée autour de l’événe-ment. Les finalistes res-tent en lien même après leprix ! »

« C’est le plus beauprix qu’une femme puissegagner en France, jugeAudrey-Laure Bergen-thal, fondatrice d’Euve-ka et lauréate en 2019.C’est le seul qui adopteune approche féminine et

glamour où les femmes n’ont pas à s’ex-cuser d’être autant dans la légèreté et l’esthétique que dans le sérieux et la per-formance. Elles font abstraction de la ri-valité liée au prix pour s’entraider en bonne intelligence. » ■

Le prix Business With Attitude est organisé par « Madame Figaro » avec le soutien de La Poste, MGallery, Engie, Google, The Ladies’ Bank by Oddo BHF, EY et RTL. Pour en savoir plus : madame.lefigaro.fr/business

LÉA LUCAS £@lealucas16

C’est parti pour la 4e édition du prix Business With Attitude, organisé par Madame Figaro sous l’impulsion d’Anne-Florence Schmitt, directrice de la rédaction. Objectif ? Aider les créatri-ces d’entreprise à s’imposer dans un monde encore très masculin. « Les chif-fres ne sont pas satisfaisants, souligne Viviane Chocas, rédactrice en chef à Madame Figaro. Seulement 30 % des en-treprises sont créées par des femmes et beaucoup ont du mal à lever des fonds. Nous voulons les rendre visibles afin de créer des rôles modè-les inspirants pour lesplus jeunes. »

Business With At-titude a pour voca-tion de changer les regards sur l’entre-preneuriat féminin. « Le prix contribue à modifier la manière dont la société perçoitles femmes et la ma-nière dont les femmes se perçoivent elles-mêmes », dit Claude Terosier, fondatrice de Magic Makers et lauréate en 2017.

Leadership, capacité à recruterComme chaque an-née, les candidates peuvent prendre part au prix dans l’une des catégories suivantes : savoirs, engagement, créa-tion, next techs et services. Elles doi-vent s’inscrire en li-gne avant le 20 oc-tobre (minuit) en remplissant un dos-sier de candidature accompagné d’une vidéo (lire ci-con-tre). Quinze demi-finalistes seront re-tenues après le vote des lectrices.

Le 16 janvier, lejury, présidé par Anne-Florence Sch-mitt et composé de représentants du Fi-garo et de ses partenaires, désignera les cinq finalistes. Elles bénéficieront d’un programme d’accompagnement qui est au cœur de Business With Attitude. Elles seront coachées pour peaufiner leur ex-pression orale et interagir efficacement avec les médias.

En fonction de leurs besoins, ellespourront approfondir les compétences de leur choix - leadership, capacité à re-cruter, référencement de leur site Inter-net - et piloter leur expansion à l’inter-

Comment PARTICIPER CINQ CATÉGORIES POUR CONCOURIR Selon leur activité, les candidates peuvent s’inscrire dans l’une des cinq catégories suivantes : savoirs, engagement, création, next techs et services. LES CRITÈRES À REMPLIRLes candidates doivent remplir les critères suivants : diriger une entreprise innovante ayant 1 à 5 ans d’existence (entre 1 et 8 ans pour la catégorie next techs), être implantée en France et afficher un total « chiffre d’affaires + levées de fonds ou d’aides » d’au moins 250 000 euros (sauf pour la catégorie engagement).LE CALENDRIER Les dossiers de candidature, accompagnés d’un pitch vidéo d’une minute, sont reçus jusqu’au 20 octobre, minuit, sur madame.lefigaro.fr/business. En novembre, 15 demi-finalistes seront proposées au vote des lectrices sur madame.lefigaro.fr. Le 16 janvier 2020, le jury élira les cinq finalistes qui bénéficieront du programme de coaching Business With Attitude. La lauréate sera désignée lors d’une grande soirée en mars 2020 à Paris.

AUDREY-LAUREBERGENTHAL,LAURÉATE EN 2019Juriste de formationet créatriced’Euveka, Audrey-Laure Bergenthal,37 ans, s’est plongéedans la technologiepour concevoir unmannequin-robotdestiné à l’industriede la mode.

Il permet d’affiner les patrons avec précision et sans multiplier les retouches. Chanel et Adidas sont déjà conquis par cette innovation. La lauréate, après deux tentatives, a remporté le prix Business With Attitude 2019 pour son équipe de 43 salariés. « Nous sommes en train de signer de nouvelles commandes et de clôturer une levée de fonds, explique-t-elle. Nous pourrons mesurer l’impact chiffré du concours fin 2019. Notre produit s’adresse aux grands groupes, donc nous ne pouvons pas observer une explosion soudaine des ventes. » L. L.

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mercredi 2 octobre 2019 LE FIGARO

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MALLORY LALANNE

Un BTS d’économie sociale et fami-liale en poche, Aurélie Rufino a tra-vaillé pendant plusieurs années auprès de personnes handicapées en région parisienne. En 2006, elle aspirait à un meilleur cadre de vie. Elle a plaqué amis et boulot pour rejoindre sa famille, près de Mont-pellier. Il lui fallait un emploi. « Au bout d’un an et demi, j’ai décroché un poste en contrat à durée indéter-minée dans la restauration. Mais ça n’était pas ce que je voulais faire », raconte-t-elle. Très vite, une évi-dence s’est imposée : créer son propre emploi dans son secteur de

Carol-Ann Lovera et Sophie Blin « Malgré les difficultés, nous sommes toujours amies »

Carol-Ann Lovera et Sophie Blin ont créé Énergie Fruit en 2010. BLOOM UP

prédilection. « J’ai découvert par hasard sur le site de l’Apef la possi-bilité de devenir franchisé de cette enseigne. J’ai pris contact avec la tête de réseau », confie Aurélie Rufino, qui a ouvert sa franchise de services d’aide à domicile Apef, à Lattes dans l’Hérault, à 28 ans. Après un premier échange, un ac-compagnement, puis une forma-tion interne de trois semaines, tout s’est enchaîné relativement vite pour l’entrepreneuse.

Comme Aurélie Rufino, de plusen plus de femmes rêvent de se re-convertir et de devenir leur propre patron. En 2018, elles représentent 38 % des franchisés installés, selon la 15e édition de l’enquête annuelle

de la franchise Banque populaire en partenariat avec la Fédération fran-çaise de la franchise (FFF).

Clés en mainPourquoi un tel engouement ? « La franchise permet d’apprendre un nouveau métier, avec un grand choix d’activités, et de s’appuyer sur une marque, un modèle économique qui a fait ses preuves, constate Olga Romulus, expert-comptable au seinde Fiducial et membre du Collège des experts de la FFF. Les femmes entreprennent souvent après une première vie professionnelle. Elles se lancent dans une activité et un envi-ronnement qu’elles maîtrisent afin de se recentrer sur des valeurs person-

S’installer en franchise, un choix assumé par de plus en plus de femmes

posture pour porter aussi prompte-ment et à voix forte leur projet qu’un homme, explique Élise Moison, dé-léguée générale de Force Femmes. Les femmes ont besoin d’être encou-ragées dans leur audace. » Car les femmes peuvent s’autolimiter et être plus mesurées face au risque : « Elles sont souvent plus prudentes sur la projection des chiffres et sur leurs capacités à créer des emplois. L’accompagnateur joue un rôle de miroir pour les aider à voir plus loin, à mettre en avant leurs points forts et à avoir plus d’ambition », explique Valérie Guimard, chef d’entreprise et administratrice du Réseau Entre-prendre.

Les réseaux ont développé desoutils spécifiques pour les rassurer et les faire gagner en leadership. LesPremières ont par exemple imaginé un test pour leur faire prendre conscience de leurs compétences et de leurs zones de confort et d’in-confort et mis en place le program-me Boost Premières, qui accompa-gne celles qui ont déjà créé leur entreprise dans une logique d’am-bition et de croissance. Chez Initia-tive France, les entrepreneurs pas-sent obligatoirement devant un comité d’agrément. « Pitcher son projet devant une dizaine de chefs d’entreprise, hommes et femmes, et obtenir un oui leur donne confiance en elles », explique Bernadette Sozet.

Pour les aider à aller encore plusloin, les réseaux multiplient les concours pour les habituer à être dans la compétition. Action’elles a développé Ambition’elles afin de lesinciter à se mettre en avant ; Initia-tive France et France Active orga-nisent des concours régionaux pour montrer aux femmes que la créa-tion d’entreprise, c’est aussi fait pour elles. C’est aussi l’objectif du prix Business With Attitude, qu’or-ganise Madame Figaro (lire p. 47).

Autre axe privilégié, la questiondu financement. BGE se montre particulièrement vigilant sur ce point. « Les femmes, comme beau-coup d’entrepreneurs, se satisfont de capitaux de départ faibles pour lancer leur activité. Or, la pérennité d’une entreprise passe par un bon financement », rappelle Sophie Jalabert. Dans le cadre d’ateliers dédiés, le réseau les met en situa-tion de recherche de financement pour leur apprendre à tirer les fils de leur prévisionnel, à dialoguer dans le cadre d’une négociation bancaire et à rassurer leur banquier.

Enfin, les réseaux féminins met-tent en avant des femmes qui vien-nent partager leurs expériences. « Avoir des exemples de femmes ins-pirantes autour de soi et pouvoir s’identifier est un élément clé. Cha-cune devient un modèle pour l’autre, c’est une spirale vertueuse pour la stratégie de l’entreprise et le lea-dership », relève Marie Eloy, fina-liste de Business With Attitude en 2017. Voir que d’autres femmes sont aussi passées par là et ont dé-passé les mêmes difficultés rassure.

Mais, in fine, les experts s’accor-dent à dire que si, en phase d’amor-çage, cet entre-soi féminin les aide à prendre confiance en elles, elles ont ensuite intérêt à rejoindre éga-lement un réseau mixte, à se jeter dans le grand bain. « C’est dans la diversité que l’on met son projet à l’épreuve », rappelle Sophie Jalabert. Il est indispensable de se confronter à d’autres entrepre-neurs et d’affronter la réalité du monde professionnel pour s’enri-chir et élargir son réseau. ■

Les réseaux féminins,un entre-soi nécessaireCHARLOTTE DE SAINTIGNON

« Ici, on peut venir telle que l’on est, en toute authenticité. C’est ce que me disent les femmes qui adhèrent au ré-seau , constate Marie Eloy, fonda-trice de Bouge ta Boîte et de Femmes de Bretagne. Dans un ré-seau mixte, il leur est plus compliqué d’avouer qu’elles ne savent pas faire telle ou telle chose. Chacun a plutôt tendance à vouloir prouver qu’il est au top et que son entreprise carton-ne. » Les maîtres-mots ?

Authenticité et bienveillance. Lesfemmes fonctionnent sur le même schéma. « De façon assez spontanée,elles se positionnent dans l’entraide et la solidarité, échangent les bons plans, les bonnes pratiques », expose Pauline Casaux, chargée de déve-loppement à l’Adie (Association pour le droit à l’initiative économi-que). Surtout, les réseaux féminins restent des lieux réservés au busi-ness, sans mauvaise surprise possi-ble. « De nombreuses entrepreneusesconfient qu’elles préfèrent les ré-seaux féminins pour éviter d’avoir à gérer certaines propositions d’une autre nature », relève Bernadette Sozet, déléguée générale du réseau Initiative France.

Grâce à cet entre-soi, les échan-ges sont tournés vers des problèmesexclusivement féminins, notam-ment la manière de trouver le bon équilibre entre vie professionnelle et vie privée. « Dans un réseau mixte, le networking se fait souvent en soirée. Les femmes n’y vont pas car ce ne sont pas leurs horaires », justifie Frédérique Montrésor, pré-sidente d’Action’elles. C’est ainsi

qu’est né le réseau d’incubateurs Les Premières : en 2005, sa fonda-trice, Frédérique Clavel, avait perçule besoin des femmes d’avoir un es-pace pour échanger entre elles sur le business et sur la vie quotidienne. Pour les aider, le réseau a pensé ses espaces et planifié son accompa-gnement en journée, entre 9 heures et 17 heures, pour ne pas empiéter sur la vie familiale. « Nous ne propo-sons pas d’échange le mercredi, ni en soirée, durant le week-end ou les va-cances scolaires », explique Julien Vasseur, délégué général sortant du réseau.

Les réseaux ont également déve-loppé des ateliers pour aider les femmes à se projeter dans leur quo-tidien d’entrepreneuse en détaillantdes journées types. « Au même titre que les hommes, l’idée est de voir si elles sont capables de l’assumer ou non », précise Sophie Jalabert, délé-guée générale du réseau BGE. Un vrai coaching de vie : « C’est néces-saire pour qu’elles ne se retrouvent pas démunies, une fois chefs d’entre-prise, face à des problématiques per-sonnelles qui gêneraient le dévelop-pement de leur activité », ajoute Pauline Casaux.

Au-delà de ces questions d’orga-nisation, les réseaux féminins sont utiles pour les aider à démarrer. « Trop de femmes ont des projets d’entreprise mais ne pensent pas avoir les compétences pour aller jus-qu’au bout », souligne Julien Vasseur. Faire partie d’un réseau féminin aide à prendre confiance ensoi. « Elles apprennent à changer de

“Les femmes ont besoin d’être encouragées dans leur audace”ÉLISE MOISON, DE FORCE FEMMES

Élise Moison, déléguée générale de Forces Femmes. FORCE FEMMES

CarnetD’ADRESSESLes PremièresUn réseau d’incubateurs en France. wikilespremieres.comFemmes des territoires Ce nouveau réseau national verra le jour en novembre, dans la lignée de Femmes de Bretagne créé en 2014.Femmesdebretagne.frBouge ta Boîte, Réseau business basé sur la recommandation, créé en 2017, bougetaboite.comFCEPionnière, l’association Femmes chefs d’entreprises existe depuis 1945. fcefrance.comAction’elles Formation et networking, de l’idée au développement.actionelles.frForce femmes Association pour l’entrepreneuriat et l’emploi des femmes de plus de 45 ans. forcefemmes.com

ANGÉLIQUE VALLEZ-D’ERCEVILLE

Monoï, fleur d’oranger, coco, fruitde la passion, vanille… Les flaconsde gel douche et shampoingÉnergie Fruit fleurent bon le soleilet la joie de vivre. En les ouvrant,on entendrait presque les cigales.Et pour cause. Carol-Ann Loveraet Sophie Blin, les deux pétillantesfondatrices de cette marque d’hy-giène beauté, ont créé leur entre-prise en 2010, pour fuir la grisailleparisienne. Alors jeunes mamansde 37 et 38 ans, les deux amies dé-cident de quitter Paris et leurs jobspour installer leurs familles àCassis. Leurs maris suivent.« C’était le bon moment pour arrê-ter de subir et réinventer notre vie.Nous aspirions à une autre qualitéde vie pour nos enfants, un autreclimat. C’était une démarche entreamis et une démarche de couple »,se souvient Carol-Ann Lovera.

Tandis que leurs maris rapa-trient leur activité ou cherchentun job sur place, les deux amiesqui connaissent le secteur de labeauté décident de monter leurboîte, Bloom up. Pour amorcer ra-pidement du chiffre d’affaires, el-les commencent par distribuer desgriffes étrangères en France, maisleur vrai projet dès le départ c’estde créer leur propre marque,

priorité. Fin 2014, Bloom up bou-cle sa première levée de fonds,avec des investisseurs commeAmundi ou PACA Investissement.En 2016, l’entreprise fait undeuxième tour de table et lève3,5 millions d’euros… Soit l’équi-valent de leur chiffre d’affaires.

Cette année, les deux fondatri-ces viennent de franchir une nou-velle étape et confié leur bébépour le laisser s’épanouir davan-tage. À la faveur d’un nouveau re-financement, de la sortie des fondshistoriques et de l’entrée de nou-veaux business angels, MaximeFinaz, ancien de L’Oréal Paris, estentré dans l’aventure en qualité dedirecteur général. Les fonds sontdevenus majoritaires au capital deBloom up. « Cela ne change rien àla mission de l’entreprise, assumeCarol-Ann Lovera. On en est auxbalbutiements de la réflexion surl’innocuité et la biodégradabilitédes formules. Certes, Sophie et moinous sommes devenues minoritai-res mais être majoritaires de saboîte sans avoir les moyens de sesambitions, ce n’est pas une vraieliberté. »

Grâce à cette nouvelle associa-tion, l’entreprise pourra poursui-vre son développement, étofferencore la gamme qui compte unetrentaine de produits, référencésdans la plupart des grandes surfa-ces (3 500 points de vente), pourviser les 10 millions de chiffred’affaires d’ici à deux ans et tenterde lancer la marque à l’internatio-nal. En juin, Énergie Fruit lançaitle premier gel douche en poudre,en exclusivité chez Monoprix. Auprintemps, une ligne de déodo-rants à la formule « 100 % saine »devrait voir le jour. Malgré leschangements au capital, la banded’amis de Carol-Ann Lovera etSophie participe à nouveau auxtests de la formule et à la sélectiondes parfums.

« Le point extraordinaire de l’his-toire, c’est que nous sommes tou-jours amies, souligne Carol-Ann Lovera, depuis son bureau à deux pas des calanques de Cassis. Que çasoit à travers les périodes d’eupho-rie ou dans les phases plus difficiles, nous avons toujours réussi à échan-ger et parler. Notre amitié est enco-re plus forte aujourd’hui. » ■

Énergie Fruit. Le concept ? « Ré-volutionner le secteur de la beautéen proposant des produits sainspour les gens et l’environnement,fabriqués en France, efficaces etagréables à utiliser », détailleCarol-Ann Lovera qui, dès le dé-part, prend en charge le marke-ting et la communication.

Sur les emballages, les deux jeu-nes femmes se mettent en scène,croquées par une amie dessinatri-ce. Ingrédients d’origine naturel-le, formules les plus courtes possi-ble, duo souriant : Énergie Fruitest à la beauté ce que Michel &Augustin a été à l’épicerie. Un tru-blion. La grande distributionachète le concept. En 2012, Carre-four référence la gamme dans700 points de vente. « C’étaitl’euphorie, le début d’un rêve.Avant nous, l’enseigne n’avait pascréé de nouveau fournisseur depuisquatre ans », raconte Carol-AnnLovera.

Une nouvelle étapeMais le défi est colossal. Et lesaventures entrepreneuriales sontrarement un long fleuve tranquil-le. Même sous le soleil de Cassis.Après une première année de ven-tes très dynamiques, Carrefourréférence toute la gamme qui s’estétendue des gels douches aux ca-pillaires. « Nous avions besoind’argent pour construire le stock.Vu les marges en grande distribu-tion, le besoin en fonds de roulementétait énorme. Les banques ont refu-sé de nous suivre », regrette l’en-trepreneuse. C’est la désillusion.

Alors que l’équipe s’est étofféeet compte une dizaine de CDI,l’entreprise doit licencier et seréorganiser. La recherche d’unpartenaire financier devient une

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LE FIGARO mercredi 2 octobre 2019

A

49DOSSIERLaurence Ducrocq a repris en 2011 la franchise de glaces italiennes Amorino, rue de la Huchette, à Paris, dans le Ve arrondissement.FRANÇOIS BOUCHON/LE FIGARO

pement marketing. En même temps, j’étais un peu lasse d’être toujours obligée de rendre des comptes. J’avais envie d’indépen-dance. L’opportunité de reprendre cette pépite est arrivée au hasard d’une rencontre, à point nommé. »

Laurence Ducrocq a été toutautant séduite par la qualité du produit en lui-même, dont elle parle avec conviction, que par le

nouveau défi qui s’offrait à elle. « En prenant ma franchise Amorino, confie-t-elle, j’ai commencé par optimiser le fonctionnement du ma-gasin, en dupliquant les bonnes pra-tiques des endroits où j’avais tra-vaillé auparavant. » Par exemple, elle a instauré comme chez Disney un système très simple de calen-drier où les salariés gèrent eux-mêmes leurs absences et leurs

remplacements. Rien de mieux pour décrisper les relations humai-nes que de laisser les collaborateurs s’arranger entre eux.

Pour sa gestion de stocks en fluxtrès tendus, elle a repris un logiciel analogue à celui de Starbucks, qu’elle a modifié à sa façon. De même, elle a appliqué des métho-des de réduction du temps d’atten-te des clients. Elle mise beaucoup sur la formation de ses équipes, qui,même pendant les coups de feu, gardent un sourire d’hôtesse de l’air. Aux périodes de grandes cha-leurs, la boutique a accueilli jusqu’à 1 000 personnes par jour. Elle peut y faire tourner sept salariés en même temps. Selon l’origine des clients, ils devinent même ce qu’ils vont demander et quel produit il est judicieux de leur proposer.

Ce que Laurence Ducrocq aimedans son enseigne, c’est « donner du plaisir aux gens ». Elle y par-vient si bien que le panier d’achat moyen est passé de 7 à 10 euros. Elle insiste aussi sur l’intérêt de vendre un produit identique à celuiprésenté sur ses affiches publici-taires : une jolie glace en forme de fleurs, dont la crème compose les pétales. « Le client ne se sent pas lésé, dit Laurence Ducrocq. Il re-part avec la même chose que ce qu’il voit sur les photos. Du coup, il pho-tographie et il tweete. » ■

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Un service sansengagement

Laurence Ducrocq « J’étais lasse de rendre des comptes. J’avais envie d’indépendance »

nelles. » Autre raison : avec son principe clés en main, ce modèle est un moyen de bénéficier de l’expé-rience d’un réseau, avec qui elles pourront partager pour avancer dans leurs projets, cassant ainsi la solitude de l’entrepreneur.

Meneuses dans l’âme, les fem-mes investissent de plus en plus dans des secteurs traditionnelle-ment masculins, comme les gara-ges automobiles et le second œuvre du bâtiment. « Les profils féminins sont également particulièrement ap-préciés et recherchés par des ensei-gnes de courtage en travaux ou des cuisinistes, assure Olga Romulus. Force est de constater que dans bien des cas, les entreprises pilotées par

les femmes sont rentables et créa-trices d’emplois. » Certains réseaux, comme Curves, Lady Fitness ou L’Univers d’Elsa Gary, vont même plus loin. Ils revendiquent des re-crutements de franchisés majori-tairement voire exclusivement fé-minins. En misant sur ces profils, leur capacité à fédérer, leur écoute, leur bienveillance, ou encore leur sens de l’organisation, ces concepts souhaitent se démarquer de la concurrence. ■La Fédération française de la franchiseorganise, du 7 au 20 octobre, dans 16 villes de France, la manifestion « Entreprendre en franchise, pourquoi pas vous ? »Info : www.entreprendre-franchise.com

S’installer en franchise, un choix assumé par de plus en plus de femmes

HENRI DE LESTAPIS

On ne confierait pas la direction du Bolchoï à un animateur de bal mu-sette. Confier un magasin très ren-table à un nouveau dirigeant relève de la même logique. En 2011, Cris-tiano Sereni et Paolo Benassi, les deux créateurs de la franchise de glaces italiennes Amorino, ont dé-cidé de céder en franchise l’un de leurs plus beaux emplacements pa-risiens. Située rue de la Huchette, à Paris, dans le Ve arrondissement, entre la fontaine Saint-Michel et la cathédrale Notre-Dame, la bouti-que voit défiler toute l’année un flot de touristes affamés de crèmes glacées.

Pour mériter cette vitrine, il fautavoir un sens commercial aiguisé etsavoir résoudre dix anicroches à la minute. Après avoir passé sur le grilune brochette de candidats, Cris-tiano et Paolo ont vendu les clés à Laurence Ducrocq. Le jour de la cession, l’Amorino de la Huchette réalisait déjà un chiffre d’affaires deprès de 1 million d’euros. Laurence Ducrocq aurait pu s’en contenter. C’était sans compter sur son ambi-tion. Huit ans plus tard, le chiffre a bondi à 1,67 million. L’an dernier, elle se félicitait d’avoir terminé de rembourser son emprunt bancaire de 10 500 euros par mois. « La fran-

chise est un outil, souligne-t-elle.Mais c’est au franchisé de créer la réussite de son magasin. »

Laurence Ducrocq a cette assu-rance des dirigeantes qui ont déjà roulé leur bosse et savent endosser le poids des responsabilités. Son approche sereine des situations ne l’empêche pas de faire mouliner sa boutique. « Notre métier est extrê-mement tributaire de la météo et des événements, explique-t-elle. Il faut anticiper les fêtes, occasionnelles ou régulières, que ce soit la fin du ra-madan ou un match de foot. De très calme à très intense, il faut savoir adapter l’activité en permanence. » Pour reprendre cette franchise, ellea bien entendu suivi la formation dispensée par le franchiseur. Deux périodes de quinze jours, dont une en immersion chez un franchisé parrain, qui lui a appris tous les se-crets des glaces. Mais c’est surtout grâce à son expérience que Lauren-ce Ducrocq a dynamisé l’activité.

À point nomméAvant de décider, à 45 ans, de prendre la tangente et de ne plus avoir à rendre de comptes qu’à elle-même, Laurence Ducrocq a travaillé chez Habitat durant onze ans comme directrice de magasin, puis comme directrice régionale. Elle a ensuite géré le magasin Disney des Champs-Élysées. Une machine à vendre de 600 m2 où les enfants s’arrachent Mickey et Dark Vador sept jours sur sept pour un chiffre d’affaires annuel d’environ 20 millions d’euros. En-fin, elle a atterri à la direction ré-gionale de Starbucks. L’accumu-lation de ces différentes expériences lui a donné l’envie de les rassembler. « J’étais devenue multicompétente, explique-t-elle. J’étais capable de manager une équipe, aussi bien que de gérer un magasin et d’assurer son dévelop-

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mercredi 2 octobre 2019 LE FIGARO

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50 DOSSIER

d’abord le choix de la structured’exercice. Le business plan doitrévéler si un bénéfice pourra sedégager au sein de l’exploitationet si la rémunération aura lieusous forme de dividendes ou desalaires. Les investissements àréaliser entrent également en li-gne de compte dans le choix dustatut de l’entrepreneur.Une fois ces éléments anticipés, ilne faut pas oublier non plus le ris-que entrepreneurial et ses consé-quences sur le projet de vie et lepatrimoine personnel. La jeunefemme entrepreneur, mariée,propriétaire de sa maison, avecenfants, n’aura pas toujours inté-rêt à opter pour le même statutque la jeune femme célibatairesans enfants qui souhaite em-prunter pour son premier achatimmobilier. Les futurs projets devie peuvent en effet conditionnerle choix du statut d’exercice del’activité indépendante, la sociétéétant plus protectrice que l’ex-ploitation en direct.Heureusement, notre législateur abien conscience de ces difficultésde choix au début de l’activité in-dépendante et il offre des « passe-relles » aux entrepreneurs quicommencent en tant qu’exploi-tants individuels pour ensuitetransférer leur activité (sans frot-tement fiscal) dans une société. ■

de SARL ou d’EURL seront sou-mis au régime social des tra-vailleurs indépendants. Les coti-sations sociales seront dues sur lebénéfice réalisé par l’exploitantindividuel ou sur la rémunération(incluant d’éventuels dividendes)appréhendée par la gérance. Ellespeuvent aussi être forfaitaires sile bénéfice est insuffisant. Le pré-sident d’une SAS sera affilié aurégime des salariés. Dans tous lescas, les cotisations socialespayées aux régimes obligatoiressont déductibles pour la détermi-nation du bénéfice imposable del’exploitation individuelle ou dela société. De façon générale, si les revenusde l’activité se font attendre, l’en-trepreneur ne perdra pas sa pro-tection sociale grâce à la protec-tion universelle maladie (Puma),mais il ne pourra prétendre auversement d’indemnité maladieou maternité. Quant aux indem-nités chômage, elles figurent dansles projets du gouvernement, se-lon des modalités qui restent à dé-finir lors du vote de la loi.

u La femme entrepreneur a-t-elle un intérêt

particulier à privilégier l’un de ces statuts ?Tout comme pour un homme,c’est l’activité qui déterminera

lors que l’entrepreneur détient lamajorité du capital ;- soit président d’une société paractions simplifiée (SAS) qui peutaussi être à associé unique (SASU)avec un statut social de salarié.

uComment définir le statut le mieux adapté

Pour choisir entre ces deux grandstypes de statuts, il faudra exami-ner leurs implications. Les modalités d’imposition va-rient selon le mode d’exploitationchoisi. Le bénéfice résultant del’activité sera soumis à l’impôt surle revenu dans le cas d’une entre-prise individuelle avec un barèmeprogressif allant jusqu’à unetranche à 45 %. Le bénéfice réalisé par une sociétésera soumis à l’impôt sur les so-ciétés au taux de 15 % jusqu’à38 120 euros de bénéfice, 28 %au-delà, avec possibilité d’op-tion, pour certaines formes desociétés pour l’impôt sur le reve-nu. Lorsque la société est soumiseà l’impôt sur les sociétés, la ré-munération du dirigeant est unecharge déductible du bénéficeimposable à l’impôt sur les socié-tés et devient un revenu taxable àl’impôt sur le revenu de la per-sonne physique. Sur le plan « social », l’exploitantindividuel et le gérant majoritaire

avec des obligations fiscales et so-ciales simplifiées tant que certainsseuils de recette ou de chiffred’affaires ne sont pas dépassés(170 000 euros pour la vente demarchandises et 70 000 eurospour les prestations de services),ou en matière de TVA(82 800 euros pour les ventes demarchandises et 33 200 eurospour les prestations de services) ;- le statut de commerçant ou pro-fessionnel libéral est similaire,mais avec des obligations fiscaleset sociales plus complètes.

uUn statut pour des projets plus ambitieux

La création d’une société est plusadaptée à un projet plus ambi-tieux. Une société permet d’exercerl’activité, l’entrepreneur ayantalors le statut de dirigeant de so-ciété. La structuration juridiquedu projet est alors plus lourde quecelle d’une exploitation indivi-duelle. Différentes formes de so-ciétés existent, et elles peuventdonner un statut différent à l’en-trepreneur. De façon très sché-matique :- soit gérant d’une société à res-ponsabilité limitée (SARL) quipeut être à associé unique (EURL)avec un statut social assimilé à ce-lui de l’exploitant individuel dès

Si devenir entrepreneur aujour-d’hui n’est pas une questiond’hommes ou de femmes, le choixdu statut juridique, lui, mérite quel’on se pose les bonnes questions.L’aventure entrepreneuriale seprépare aussi bien en fonction dela nature de son activité qu’enfonction de son projet de vie. Voi-ci quelques pistes pour éclairer letout premier choix à faire avant dese lancer.

uUn statut souple et simple pour entreprendre en solo…

Deux options sont possibles pourcelles et ceux qui entreprennentseuls : - le statut d’autoentrepreneur,

CHARLOTTE DE SAINTIGNON

Française originaire de Côte-d’Ivoi-re et vivant en banlieue… Un obsta-cle ? Au contraire, cela lui a même ouvert des portes. « C’est une diffé-rence sur laquelle je joue, s’amuse Sarah Ouattara. Le profil type du chef d’entreprise, c’est un homme grison-nant en costume. Moi, je suscite la curiosité. Je m’en sers pour ouvrir la discussion. » En octobre 2016, alors âgée de 32 ans, l’enfant de Seine-Saint-Denis décidait de créer sa propre entreprise de services, Samara Facilities – contraction de son prénom et de celui de son père – à La Courneuve.

Celle qui a toujours vécu, étudié ettravaillé dans ce département a choisi d’entreprendre sur son terri-toire de cœur. Une évidence pour elle : « C’est par opportunisme que j’ai voulu créer ici. C’est déjà difficile de créer une entreprise, alors mieux vaut ne pas avoir en plus à découvrir un nouveau territoire ! » Les codes, les enjeux et l’environnement local n’ont pas de secret pour elle. « J’ai choisi d’entreprendre en banlieue. J’avais les repères et un réseau réactif et fiable pour le faire », dit-elle. Et le terrain, Sarah Ouattara connaît bien : titulaire d’un master en mana-gement public et gestion des collec-tivités locales, elle a fait ses classes dans différentes collectivités territo-riales, notamment comme chargée de mission pour le développement du commerce en centre-ville à Saint-Denis. « Je suis un pur produit de l’administration territoriale et de la vie politique », confie-t-elle.

Constatant les besoins des en-treprises en termes de services du quotidien et motivée par l’envie d’être utile à son territoire, elle dé-cide de se lancer. Son objectif : dé-nicher les talents locaux pour ré-pondre aux besoins des entrepriseset des salariés. Au contact de ses clients, elle fait évoluer son busi-ness. Si au départ elle imagine un service de conciergerie, elle diver-

Sarah Ouattara« J’ai choisi d’entreprendre en banlieue »

sifie très vite son offre à des servi-ces plus larges tant pour les entre-prises que pour les salariés : événementiel, traiteur, animation, bien-être…

La jeune entrepreneure profited’événements locaux et de concours pour se faire connaître auprès de clients. « Le fait d’antici-per le côté financier et de rencontrer en off un représentant bancaire a fa-cilité par la suite les entretiens avec mon conseiller financier », raconte Sarah Ouattara. En quelques mois, elle se fait un nom. Samara Facilitiestravaille aujourd’hui avec une cin-quantaine d’entreprises : Veepee, la SNCF, Veolia, La Poste, Randstad…

Au départ, c’est le programmeCréajeune de l’Adie (Association pour le droit à l’initiative écono-mique) qui lui met le pied à l’étrier.À l’issue d’une formation de cinq semaines, elle passe de l’idée au projet. « J’ai pu créer un business plan, bénéficier d’un mentor et, sur-tout, profiter de l’intelligence collective. Nous étions une dizaine avec des profils différents », dé-taille-t-elle. Intégrée ensuite dans un espace de coworking à Auber-

villiers, la jeune femme mûrit son projet aux côtés d’autres entrepre-neurs ambitieux. « Ils m’ont aidée à grandir et à être plus profession-nelle », poursuit-elle. La plus grande difficulté pour cette femme initialement rompue à la disserta-tion ? Se former à la gestion de budget et à la fixation de prix.

En 2018, elle plonge dans l’effer-vescence de Station F, l’incubateur de start-up créé à Paris par Xavier Niel, le fondateur de Free. Là, elle s’affranchit de ses dernières crain-tes et se surprend à oser voir plus grand. « Au côté de jeunes entrepre-neurs insolents, analyse-t-elle, j’ai compris que je devais moins me frei-ner et être plus ambitieuse, d’autant plus si je servais une mission. » Car lapremière volonté de Sarah est de faire vivre son territoire. Partenaire de 250 artisans, commerçants, structures d’insertion et PME de Seine-Saint-Denis et du Val-

“Au côté de jeunes entrepreneurs insolents, j’ai compris que je devais être plus ambitieuse”SARAH OUATTARA

? Quel statut choisir

Avant de créer son entreprise, Sarah Ouattara était chargée de mission dans des collectivités locales. SAMARA

Par Valérie Sebbag Avocat associé, Maison Eck

ambition est d’avoir une équipe de cinq personnes d’ici à deux ans. Ellevient d’embaucher son premier sa-larié. L’entrepreneur, qui estime avoir mis beaucoup de temps à fairedécoller son business, regrette de ne pas avoir été plus vite en beso-gne. « Il ne faut pas réfléchir trop longtemps, estime-t-elle. J’ai été trop prudente au moment de me lan-cer, ayant rencontré les entreprises et intégré leurs freins avant de m’immatriculer. » ■

d’Oise, la jeune femme a à cœur de « valoriser ces entreprises qui s’ins-tallent en périphérie et peuvent avoir quelques appréhensions ».

Pour se déployer dans la petitecouronne parisienne, l’entrepre-neure sait qu’elle a encore du che-min à parcourir. L’entreprise a réa-lisé 132 000 euros de chiffre d’affaires en 2018. « J’ai encore be-soin de me muscler mentalement, dit-elle. Il faut avoir du courage et aller chercher du financement. » Son

LA FRANCE BON ÉLÈVEDans l’édition 2019 de Women, Business and the Law, de la Banque mondiale, la France obtient la note maximum de 100 avec cinq autres pays (Belgique, Danemark, Lettonie, Luxembourg et Suède). Cette étude évalue si le cadre juridique est favorable à l’activité économique des femmes : créer son entreprise, trouver un emploi, gérer son argent.

56 % des femmescomptent sur un prêt bancaire pour démarrer leur activité. SondageCaisse d’épargne, octobre 2019

Les femmes

n’ont pas tort du tout quand elles refusent les règles de vie qui sont introduites au monde, d’autant que ce sont les hommes qui les ont faites sans elles»MONTAIGNE, ESSAIS, III, 5MARY EVANS/RUE DES ARCHIVES

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RCS Paris n° 493455042. Photographe : Vincent Bousserez – 09/2019 – Agence Marcel.

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La jeune entreprise, qui conçoit des jeux comme outil pédagogique professionnel, les utilise elle-même pour embaucher ses collaborateurs.

nisseurs : treize en France et deux en Suisse. Ces derniers fabriquent tout de même le sacro-saint mou-vement à quartz, pièce maîtresse de la montre. Florian Chosson ne dé-sespère pas de pouvoir un jour affi-cher un « made in France » inté-gral, contre près de 90 % aujourd’hui. Il se félicite d’avoir pu payer ses partenaires à l’heure, grâ-ce aux préventes de ses montres, dans le cadre d’un financement participatif qui a réuni près de 600 personnes sur la plateforme Ulule, et au soutien du Crédit agricole.

Sa priorité est désormais de four-nir ses clients. Six cent cinquante montres ont déjà été prévendues, dont une large part était prévue pour Noël dernier. Les clients ont trouvé le temps long. Sur les ré-seaux sociaux et avec des courriels personnalisés, Florian Chosson leur a expliqué les aléas auxquels il a été confronté, notamment lorsque son premier assembleur a fermé bouti-que. Peu d’entre eux ont réclamé un remboursement. Ils étaient autant intéressés par l’histoire de la montre qu’ils allaient acquérir que par l’objet lui-même. ■Routine sera présent à MIF Expo, salon du « made in France », du 8 au 11 novembre, porte de Versailles, à Paris. Information : www.mifexpo.fr

Installés près de Besançon(Doubs), Gérard et Isabelle Simon dirigent Sibra, une entreprise d’une dizaine de personnes, créée en 1991.Elle fournit des bracelets en cuir à plusieurs grands noms de l’horlo-gerie. Sibra fabrique désormais les bracelets des montres Routine. La démarche de Florian plaît aux diri-geants. Elle les change de celles de leurs clients discrets. « Tout ce qui peut faire parler de nos compétences est le bienvenu, témoignent-ils. De-puis environ deux ans, nous sentons que le vent change, que le “made in France” a la cote et qu’on le fait mieux connaître. Ça fait plaisir ! »

Quinze fournisseursÀ La Pratique, PME industrielle installée à Morteau (Doubs) où Flo-rian Chosson fait fabriquer ses aiguilles, le projet Routine a été l’occasion de se mettre à confec-tionner des cadrans. « Nous nous sommes dit que la technologie était très proche, explique Florian Chos-son. La Pratique a donc tenté l’expé-rience, qui s’est avérée concluan-te. » Florian Chosson salue aussi la bonne volonté de ses partenaires. « Pour le polissage de mes boîtiers, dit-il, nous avons fait ça entre nous, après les heures de travail. »

Au total, Florian Chosson colla-bore aujourd’hui avec quinze four-

à certains. D’autres l’ont laissé pas-ser sa route. « J’ai consacré du tempsà me cultiver, à apprendre qui fait quoi, raconte-t-il. On m’a claqué quelques portes au nez mais, dans l’ensemble, les dirigeants d’entrepri-ses étaient bienveillants. » Ils ont été les meilleurs conseillers de Florian Chosson. Ils l’ont aidé à tisser sa toi-le en lui ouvrant leur carnet d’adresses.

Génération connectéeCertains ont un peu tiqué lorsqu’il leur a exposé ses projets de transpa-rence et de communication sur les réseaux sociaux. Si les grands noms de l’industrie horlogère ont une puissante force de frappe marke-ting, ils restent souvent très discretssur leurs modes de fabrication. « Les sous-traitants sont assommés de contrats de confidentialité passés avec leurs donneurs d’ordres, constate Florian Chosson. Ils ne ci-tent pas les grands noms pour les-quels ils travaillent. La transparence n’est pas dans leur culture. » Il en résulte que les PME françaises met-tent assez peu en valeur leur savoir-faire. C’est, au contraire, ce que souhaite faire Florian Chausson avec sa montre Routine, symbole d’une génération connectée, sensi-ble aux histoires sincères et vraies.

Il lui a fallu 18 mois pour définirles partenaires avec lesquels il pou-vait travailler, et 22 au total avec le lancement du tout premier proto-type. « En racontant d’où viennent les montres Routine, précise-t-il, je souhaite aussi montrer les ateliers, faire sentir le climat social qui règne dans ces petites entreprises où les re-lations humaines entre patrons et sa-lariés n’ont rien à voir avec les clichésqui sont parfois véhiculés. »

HENRI DE LESTAPIS

MADE IN FRANCE Florian Chosson exulte. Dans leur sobre boîtier d’acier poli, les fines aiguilles de ses montres Routine battent enfin la mesure du temps qui passe. En somme, rien que de très ordinaire. Mais il lui a fallu plus de deux ans d’efforts ininterrompus pour obte-nir ce tic-tac d’apparence anodine. Il résonne à ses oreilles comme une fanfare de victoire. Sous ses airs de garçon sage, le jeune entrepreneur de 28 ans est du genre pugnace.

En septembre 2016, alors qu’il fi-nissait à peine ses études d’ingé-nieur, il s’est vissé dans le cortex l’idée fixe de fabriquer une montre à quartz « made in France ». En juin, il a commencé à livrer les pre-miers exemplaires de sa première collection. Il prouve au petit monde de l’horlogerie que fabriquer dans l’Hexagone est encore possible. Après la pause estivale des fournis-seurs en août, l’assemblage et les li-vraisons ont repris à la rentrée.

« La France a beaucoup perdu deson aura horlogère. Elle est devenue la sous-traitante de l’industrie hor-logère suisse, déplore le jeune en-trepreneur. Nous avons très peu de montres “made in France”, alors que nous avons encore des entreprises horlogères au savoir-faire pointu et capables d’en fabriquer. » Saisissant son bâton de pèlerin, Florian Chos-son a donc décidé de les rencontrer,une à une, pour recomposer pa-tiemment le puzzle d’une ligne de fabrication. Il a orienté sa boussole vers le bassin franc-comtois, où la tradition horlogère, vieille de plus de deux siècles, fait encore battre le cœur de la région. Sa croisade a plu

Le non-paiement à échéance de vos factures, qui peut gravement nuire à votre société, suppose des réactions immédiates. La loi française offre des outils pour vous permettre, en tant que créancier, de recouvrer vos créances.

■ Déjà, il est important de vérifier que votre facture contienne bien l’indication du délai maximal de paiement (60 jours à compter de la date de la facture ou 45 jours fin de mois), et le montant de la pénalité de retard. Il est également important de conserver tout document venant établir la réalité de la prestation : devis accepté, bon de commande, bon de livraison…

■ Avant d’engager une action judiciaire, il sera nécessaire d’initier une phase amiable de recouvrement, qui passe par l’envoi d’une mise en demeure par lettre recommandée avec accusé de réception après la simple relance téléphonique. Dans le cas où cette tentative n’a pas abouti, vous aurez besoin, pour pouvoir recouvrer vos créances, d’un titre exécutoire (acte notarié revêtu de la formule exécutoire, décision de justice…).

■ Pour l’obtenir rapidement, vous pourrez avoir recours à l’injonction de payer. Dans cette procédure, le débiteur n’est pas appelé à se défendre et le tribunal rend une décision au seul vu des pièces adressées par le créancier dans sa requête. Elle est utilisée lorsque la créance est issue d’un contrat ou d’une obligation statutaire (comme une facture impayée, par exemple). Le montant de la dette doit apparaître sur le document fixant l’obligation. Cette procédure est la plus simple des procédures judiciaires de recouvrement et la moins coûteuse.

■ Il existe également la procédure dite de référé provision, utilisée lorsque la créance n’est pas sérieusement contestable, cette condition s’appréciant au regard de l’évidence de la créance en cause. En cas de succès, le président du tribunal rendra une ordonnance dont vous pourrez demander l’exécution immédiate après signification par un huissier de justice, même si le débiteur forme un appel contre la décision. Cette procédure, à laquelle est appelé le débiteur, est rapide et peu coûteuse.

■ Dans l’attente de l’obtention d’un titre exécutoire, le juge de l’exécution peut vous autoriser à saisir, à titre conservatoire, une créance fondée en son principe et sur laquelle pèse une menace de recouvrement (bloquer des sommes sur un compte bancaire ou immobiliser des biens, par exemple).

Des solutions rapides contre les mauvais payeurs

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CÉLINE GRISAVOCAT À LA COUR, DOLIDON PARTNERS

La montre Routine arrive à l’heureIl a fallu près de deux ans à Florian Chosson pour tisser son réseau de partenaires et lancer sa première collection.

Florian Chosson : « Nous avons encore des entreprises horlogères au savoir-faire pointu. »S. SORIANO/LE FIGARO

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MANAGEMENT Les gladiateurs del’antiquité auraient sûrement confir-mé cette théorie : un simple jeu faittomber les masques et révèle les per-sonnalités. Sans aller jusqu’à jeter sescandidats dans une arène, c’est enutilisant les jeux que Matthis Pierottirecrute ses futurs salariés. Rien deplus naturel de la part de ce jeune di-rigeant de 28 ans : c’est sur ceconcept qu’il a fondé son entrepriseOrigamix en 2015, sitôt sorti del’ESCP. « Nous concevons des jeux surmesure pour les entreprises, explique-t-il. Les jeux peuvent être utilisés surun très large éventail d’applications.Par exemple, pour le parcours d’inté-gration d’un collaborateur, pour l’en-traînement au management, pour lasensibilisation au handicap et, biensûr, pour l’embauche. »

Matthis Pierotti aime les jeux. Il enorganise depuis son enfance et il s’esttoujours persuadé qu’il pourrait don-ner à cette passion une déclinaisonprofessionnelle. Il a déjà recruté troiscollaborateurs avec une méthode lu-dique et en embauchera un quatrièmeen octobre. Selon lui, le jeu ne trompepas. « Je commence par un entretiennormal, qui peut durer une à deux heu-res, explique-t-il. La démarche ludi-que intervient dans un second temps. »Le candidat est alors soumis à unquestionnaire où il doit choisir desmots dans la seconde, à l’instinct.

Matthis Pierotti porte autant attentionau choix des mots qu’au comporte-ment du candidat lors de l’exercice.Cela révèle déjà diverses facettes ducaractère, estime-t-il.

En situation de chaosUn second jeu consiste à bander lesyeux du candidat et à lui demanderd’exécuter différentes opérations, ac-compagné d’un guide à travers les bu-reaux de l’entreprise. Matthis Pierottiobserve alors sa capacité à s’organi-

ser, à communiquer, à voir commentil s’insère dans un dispositif tout engérant son temps. « Il y a de réellesdifférences de comportement chez lespersonnes », souligne l’entrepreneur.Enfin, le vendredi soir après le travail,le candidat est intégré à un jeu de so-ciété avec les autres membres de l’en-treprise, dans un environnement plusdétendu. Il révèle alors son aptitude àcomprendre rapidement les règles dujeu, sa capacité à s’intégrer au groupeet sa façon d’être.

Matthis Pierotti a mis au point cesdifférentes méthodes pour ses propresrecrutements de façon simple et adap-tée à son entreprise. Pour ses clients, ilpousse le service plus loin, en ayantrecours à des jeux vidéo de réalité vir-tuelle par exemple. Ainsi, pour jaugerla capacité organisationnelle d’unepersonne, il a un jour utilisé un jeu vi-déo dans lequel il faut se débrouiller lemieux possible dans un restaurant ensituation de chaos. Là encore, un exer-cice très révélateur.

Enfin, c’est encore par un jeu queMatthis Pierotti présente son entrepri-se au candidat. Hors jeu, il confie quel-ques conseils issus de sa toute premiè-re embauche pour laquelle il a vudéfiler une dizaine de postulants : « Audébut des entretiens, détaille-t-il, jecherchais à les convaincre de venir bos-ser chez Origamix. J’ai compris plustard que c’était une erreur et qu’il fallaitcommencer par chercher à les connaî-tre. » Il souligne également l’intérêtd’avoir eu recours à un cabinet de re-crutement. Cette solution lui a apportéune montée en gamme des profils, plusen phase avec sa recherche. « Dès quej’ai souhaité structurer sérieusementl’entreprise, précise-t-il, j’ai comprisque je devais oublier les stagiaires etpasser au CDI. » Tous les dirigeants enconviennent. La première embaucheest le premier pas pour se mettre àjouer dans la cour des grands. ■ H. L.

Origamix recrute en jouant

L’entreprise Origamix a été créée en 2015. ORIGAMIX

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52 LA VIE DES ENTREPRISES

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54 LA VIE DES ENTREPRISES

THOMAS LESTAVEL £@lestavelt

START-UP Le retour de Jon Snow etde Cersei Lannister a fait exploser lecompteur des morts au Royaume desSept Couronnes et celui des piratagessur Internet. Au printemps, le premierépisode de la 8e et dernière saison deGame of Thrones aurait été visionné il-légalement par plus de 55 millions defans en 24 heures. Nombre d’entre euxont téléchargé le film sur une platefor-me pirate, puis lancé la lecture avec lelogiciel VLC. Ce célèbre programme,reconnaissable par son logo - un côneorange des travaux de chantier -, adépassé cette année les 3 milliards detéléchargements. Il se targue de400 millions d’utilisateurs, principa-lement en Europe, en Inde et auxÉtats-Unis. Bien plus renomméequ’un BlaBlaCar ou un Deezer, c’estsans doute la pépite de la French Techqui s’est le mieux exportée.

Tout a commencé en 1996, dans lescouloirs de l’École centrale Paris. Lesétudiants ingénieurs militent auprès dela direction pour installer un réseau in-formatique plus puissant afin de pou-voir… jouer à Doom, un jeu en réseausanglant qui ravit les amateurs d’extra-terrestres. Le groupe Bouygues acceptealors de financer un nouveau réseauEthernet à une condition cependant :qu’il soit capable de diffuser les chaînesde télévision sans parabole satellite. Ungroupe d’étudiants motivés relève ledéfi et développe un des tout premiersservices de streaming vidéo de l’histoi-re, baptisé VideoLAN. Parmi eux, Jean-Baptiste Kempf, qui créera ensuite uneentreprise autour du logiciel, et aussiChristophe Massiot qui concevra plustard la première Freebox. Le laboratoire

le lecteur vidéo de sa nouvelle box Delta,précise Ludovic Fauvet. Thales nous amême fait travailler sur les lecteurs vi-déo des avions Rafale ! » D’après lui,tous les services de renseignement aumonde, à commencer par la DGSE et laCIA, s’appuient sur VLC pour lire lesvidéos provenant des caméras de sur-veillance. La polyvalence du logicielpermet de gérer des formats souventobsolètes et provenant de modèles decaméras les plus divers.

Des références prestigieuses, donc,mais un chiffre d’affaires somme toutemodeste : 3 millions d’euros en 2018.Loin des rêves de licornes et de rachatà prix d’or, l’entreprise parisiennegarde la tête froide. « J’ai été “chassé”par des grandes sociétés mais je préfère

rester ici, dit Ludovic Fauvet. Nos in-génieurs ont beaucoup de talent. Ilssont moins bien payés que chez Googleou Netflix. Mais ils sont passionnés etaiment l’ambiance de travail. Nous pre-nons le temps de faire les choses bien,proprement. »

S’il s’est imposé comme le lecteurvidéo le plus complet, bien plus effi-cace que Windows Media Player deMicrosoft et que QuickTime d’Apple,VLC doit néanmoins composer avecla concurrence des plateformes com-me Netflix, YouTube ou Twitch quileur prennent des utilisateurs.« L’usage a changé, les internautes té-léchargent moins de fichiers et regar-dent davantage en streaming », re-connaît Ludovic Fauvet. Mais la

baisse des téléchargements constatéeaux États-Unis et en Europe est com-pensée par la montée en puissancedes pays émergents où le nombred’ordinateurs explose.

N’empêche, la direction de VLC pré-pare l’avenir et songe à diversifier l’ac-tivité. Elle a installé à Station F, legrand campus parisien de start-up,une équipe de recherche. Elle dévelop-pe une plateforme de recommanda-tions de vidéos couvrant toutes les pla-teformes auxquelles l’utilisateur estabonné (Netflix, Canal+…). « Nous al-lons en profiter pour analyser laconsommation et créer une sorte de Mé-diamétrie mondial de la vidéo », confieLudovic Fauvet. Nul doute que Game ofThrones y figurera en bonne place. ■

L’équipe de VideoLabs, l’entreprise créée autour du logiciel de vidéo VLC. YOANN GRUSON-DANIEL

VLC a conquis 400 millions d’internautesConçu par des étudiants de Centrale Paris, le lecteur vidéo a dépassé les 3 milliards de téléchargements cette année.

CHARLOTTE DE SAINTIGNON

REPRISE « C’est par instinct de survie pour la marque que j’avais créée, pour qu’elle ne reste pas inexploitée et pour sauver les 12 salariés de l’entreprise, que j’ai décidé de reprendre Juste Pressé », lance Alexia Chassagne. En mars 2017, elle détenait 15 % de cette société de jus de fruits à froid. Elle offre alors gracieu-sement ses services de femme de mar-keting à deux anciens collègues de Sara Lee qui l’ont sollicitée. Quatre mois plus tard, elle découvre que la situation n’est pas brillante. « Mon argent n’a servi qu’àpayer des dettes et non pas à développer la société qui a été mise en liquidation ju-diciaire », raconte-elle.

Après une procédure accélérée, enaoût 2017, Alexia Chassagne décide, avec deux associés, de reprendre l’en-treprise à la barre du tribunal de com-merce de Paris. Elle réunit dans son en-tourage l’argent nécessaire pour relancer l’activité. Un chef d’une entre-prise joue le business angel avec un ap-port en compte courant. « Il croyait au projet », dit Alexia Chassagne. Grâce à lui, le projet se concrétise et la jeune femme finalise le rachat et devient pré-sidente gérante avec 51 % des parts.

Grâce à l’ARE de Pôle emploi et à desfonds personnels, elle réussit à s’en sor-tir, le temps de remonter l’entreprise : avec le rachat, elle a récupéré les actifs et repris 12 salariés. « Certains sont par-tis au fur et à mesure de la fin de leur CDDet on en a transformé quatre en CDI. Nousn’avons mis personne à la porte », souli-gne Alexia Chassagne. Mais Juste Pressé doit repartir de zéro. « Nous avons dû renégocier les contrats passés avec toutesles enseignes, les produits étant sortis des

Alexia Chassagne fait renaître Juste Pressé

rayons pendant plus de six mois. Certai-nes n’ont pas voulu resigner », confie-t-elle.

Grâce à Olivier Chuvin pour le com-mercial et Sophie Legros pour la partie financière, quatre commerciaux sur le terrain, une bonne stratégie, un produit innovant et dans l’air du temps, Juste Pressé reconquiert la grande distribu-tion. Ses produits sont référencés dans plus de 1 000 magasins. « Nous avons faitdu géomarketing pour nous concentrer sur les zones des CSP+ », explique Alexia Chassagne. En 2018, le chiffre d’affaires a atteint 1 million d’euros. Il devrait doubler cette année.

Lever des fondsLa chef d’entreprise compte faire de Juste Pressé une entreprise d’agroali-mentaire qui prépare des produits sains et bons, proches du fait maison. À 44 ans, l’ancienne thésarde en chimie compte prouver qu’un verre de jus de fruit pasteurisé ne conserve pas les mê-mes qualités nutritives et gustatives qu’un verre de Juste Pressé préparé soushaute pression à froid. « La technologie que nous utilisons et la plateforme de marque que j’ai créée sont applicables à beaucoup d’autres marchés », explique-t-elle.

Dans cette aventure, elle estime fina-lement qu’elle s’est trop bridée. « Je me suis posé des limites, dit-elle, notammentcelle de ne pas demander d’argent aux banques au départ. » Encouragée par le directeur financier et le directeur com-mercial de l’entreprise, la jeune femme s’est lancée, au bout de neuf mois, pour contracter un emprunt bancaire. Elle a obtenu une garantie de Bpifrance et du réseau France Active. Aujourd’hui, elle est en train de lever des fonds. ■

Ancienne actionnaire, elle a racheté l’entreprise placée en liquidation.

où travaillent ces jeunes geeks est jon-ché de plots de chantiers volés dans larue. Le cône orange devient leur icône.

Ils créent plus tard une association àbut non lucratif VideoLAN, au sein delaquelle est logé le logiciel VLC. Elles’est forgé une expertise inégalée dansle décodage des formats vidéo ou co-decs. En 2001, le projet décide de fairede VLC un logiciel en « open source » :n’importe qui peut désormais consulterle code du programme et le modifierpour l’adapter à ses besoins. « Tout lemonde tape dans le code source de VLC.Les géants comme YouTube et Netflixpiochent dans notre librairie pour enco-der leurs vidéos sur différents formats »,explique Ludovic Fauvet qui fait partie

de l’aventure du logiciel VLC depuis2008. Avec Jean-Baptiste Kempf, il afondé en 2012 VideoLabs, société com-merciale, juxtaposée à VideoLAN etdont il est le directeur technique. Ellevend aux entreprises des solutions sur-mesure de streaming, d’envoi et de ré-ception d’images vidéo. VideoLabsemploie 22 salariés, dont certains sontaussi adhérents et bénévoles de l’asso-ciation VideoLAN.

« YouTube et Samsung ont fait appelà nos services, de même que Free pour

“ Nos ingénieurs sont moins bien payés que chez Google ou Netflix. Mais ils sont passionnés et aiment l’ambiance de travail. Nous prenons le temps de faire les choses bien, proprement »LUDOVIC FAUVET, VIDEOLABS

rieure pour les deuxfemmes que j’ac-compagne, témoigneFrançoise Bourdon. Jeles rassure, leur par-tage mon expérience.Je pointe ce qui va bienetquestionnecequivamoinsbien.»

Un fond pour soutenirlesprojetsambitieux

Femmes & Challenges a aussi mis enplace un fond pour aider les projetsà hauteur d’au moins 50 000 euros.« Nous voulons soutenir les projetsambitieux, encourager les femmesà se lancer sur de la croissance ex-terne ou la reprise d’entreprise parexemple », souligne Léa Lassarat.Enfin, des actions de sensibilisationà l’entrepreneuriat en milieu scolaireainsi quedescampagnesmédiaspourpromouvoir les membres du réseausontmenéesrégulièrement.Deux ans après son lancement,Femmes & Challenges fédère 625femmes dans toute la Normandie, cequi en fait le plus gros réseau businessféminin en région. Pour faire résonnercette action régionale au niveau na-tional, la CCI Seine Estuaire organisele 6 décembre prochain, à Deauville,la rencontre nationale du business auféminin.

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Aider les femmes normandes àcréer, développer ou pérenniserleur entreprise, telle est l’ambitiondu réseau Femmes & Challenges,fondé en Normandie, par la CCISeineEstuaire.

Àl’origine, il y a une femme :Léa Lassarat, présidente dela CCI Seine Estuaire et di-rigeante d’hôtels et restau-

rants. « Quand j’ai pris mes fonctionsà la tête de la CCI, jeme suis demandéoù étaient les femmes. J’ai vite com-pris qu’elles ont plus de mal que leshommesàs’ouvrir aux réseaux»,ex-plique-t-elle. En 2017, elle sollicite unevingtaine de femmes du Havre pourcréer le réseau Femmes & Challen-ges. Celui-ci soutient les femmespor-teuses deprojets, dirigeantesou chefsd’entreprise, et les aider à rompre leursentimentdesolitude.

Régulièrement, des petits-déjeunersthématiques,desateliersetdesconfé-rences-débats sont organisés, sousle signe de la bienveillance. Complé-mentaires, ces temps forts apportentdes solutions aux problématiques desentrepreneures, favorisent les ren-contres et les opportunités d’affaireset permettent d’inspirer lesmembres.« J’y rencontrentdesgensde tousmi-lieux avec des talents incroyables, té-

moigne Françoise Bourdon, fondatricedes Crèches Liberty. Ça me donneune perception de l’évolution de la so-ciété. » La chef d’entreprise voit aussidansceréseau l’opportunitéderenfor-cer lanotoriétédesonentreprise.

Desformationspour lesporteusesdeprojetOrganisées en comités, les membresde Femmes & Challenges ont éga-lement mis en place d’autres actionscomme l’Academy, une formationdestinée aux porteuses de projet.« Peu de femmes participent aux for-mationsproposéesclassiquementparla CCI, constate Johanna Laminette,coordinatrice du réseau à la CCI SeineEstuaire. L’Academy permet de leverles freins que rencontrent les femmespour les encourager à se lancer. » Parailleurs, du mentorat apporte un sou-tien techniqueoumoral auxmembres.« Je suis une oreille attentive et exté-

Femmes & Challenges, le réseaudes businesswomen normandes

En partenariatavec le réseau

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56 LA VIE DES ENTREPRISES

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GUILLAUME MOLLARET £@Newsdusud

VOYAGE D’AFFAIRES Chaque autom-ne, le même scénario se reproduit. Unevéritable marée humaine (180 000 per-sonnes en 2018) converge depuis lemonde entier vers le Moscone Center deSan Francisco pour participer à Dream-force, événement majeur organisé parle géant du logiciel Salesforce. Sous-terrain et bien qu’installé en cœur deville, le centre de congrès de « SF » nes’impose pas, d’ordinaire, aux habitantset travailleurs de la capitale mondiale dela tech. Bien sûr, la circulation en voitu-re y est d’habitude difficile. Le temps deDreamforce, approcher le MosconeCenter en automobile devient impossi-ble. La manifestation, qui concentre descentaines de conférences organiséesdans le centre de congrès ainsi que dans

des hôtels et cinémas alentour, fait pes-ter taxis et chauffeurs Uber. HowardStreet, une des principales artères de laville, est interdite à la circulation. Unepelouse synthétique recouvre le maca-dam où des espaces de restauration, unebibliothèque, une scène musicale et desespaces de repos fleurissent le temps dece rendez-vous imposé par le plusgrand employeur privé de la ville

(7 500 salariés) et propriétaire de la plushaute tour de la baie. L’entreprise, quigarde secret le budget de la manifesta-tion rythmée par des concerts de Metal-lica, des Foo Fighters ou de Lenny Kra-vitz dans le stade de baseball des Giantsou sur le parvis de l’Hôtel de ville.

Parmi les 180 000 personnes présen-tes, une délégation de 500 Français, en-treprises clientes et partenaires de Sa-

La conférence DreamForce à San Francisco, le 25 septembre 2018. DAVID PAUL MORRIS/BLOOMBERG

Quand Salesforce envahit San FranciscoUne fois par an, le géant du numérique organise une manifestation qui réunit 180 000 personnes.

MALLORY LALANNE

PRATIQUE Chaque année, les cadres,grâce aux miles acquis lors de leursdéplacements professionnels, peu-vent s’offrir des voyages en famille.Cette pratique s’est fortement déve-loppée ces dernières années. « La plu-part des employeurs assimilent en effetl’octroi de miles à une sorte de récom-pense pour les voyageurs en compensa-tion de leur investissement personnel,et de leur fatigue, constate ÉricRocheblave, avocat en droit du tra-vail. De quelque chose qui est spontanéet généralisé, nous avons tendance àpenser que cette démarche est norma-le. » Est-ce pour autant sans risque ?Le droit de la Sécurité sociale précisedans deux circulaires des 9 novembre2011 et 5 mars 2012 que les miles nesont pas considérés comme du salaireet n’entrent pas dans le calcul des co-tisations sociales.

Une tolérance qui ne doit toutefoispas faire oublier le risque de redresse-ment Urssaf, dit Éric Rocheblave. « Cecomplément de rémunération, dit-il, estconsidéré comme un avantage en natu-re, soumis au paiement des cotisationsUrssaf. C’est donc pour cela que cer-tains employeurs deviennent réticents àoctroyer à leurs salariés les miles car ilsconsidèrent que c’est un double cadeau.La valeur des miles déclenchant le ver-sement de cotisations. ». « La gestiondes miles est loin d’être évidente, estimeLucien Flament, avocat au cabinetValmy. Juridiquement, rien n’est tran-ché. L’Urssaf pourrait donc changer deposition. »

Au regard du droit du travail, onpeut penser que les miles attribués dans

le cadre d’un déplacement profession-nel ont vocation à être affectés à uneutilisation professionnelle. Une entre-prise pourrait imposer à ses collabora-teurs que ces points de fidélité luisoient rétrocédés. « Cela soulève laquestion du temps de travail effectif et dutemps de repos, nuance LucienFlament. La loi de 2005 considère que letemps de déplacement professionnel quidépasse le temps de trajet habituel, parexemple dans le cas où un salarié effec-tue un trajet un dimanche ou un lundisoir, doit faire l’objet d’une contrepartieen repos ou financière. »

Bénéfice de contrepartiesExiger une utilisation professionnelledes miles inciterait le salarié à récla-mer le bénéfice de contreparties quien pratique sont rarement versées.C’est d’autant plus vrai si l’utilisationpersonnelle des miles professionnelsa été garantie dans le contrat de tra-vail. Pour la supprimer, l’employeurdoit recueillir le consentement écritdu salarié.

En Allemagne, en Autriche et dansles pays scandinaves, la question nese pose plus. Si le billet est payé parl’employeur, le salarié lui reverse lesmiles obtenus. S’ils sont utilisés à ti-tre privé par le salarié, ils sont consi-dérés comme un avantage en natureet imposables. « La gestion des milesest très rigoureuse dans certains payseuropéens. On pourrait donc s’atten-dre à ce que les règles fiscales et socia-les soient harmonisées à l’échelle euro-péenne, dans la mesure où en France, iln’existe aucune disposition et jurispru-dence particulières », précise Gwe-naëlle Artur, avocat associé en droitdu travail chez Aston. ■

Les salariés peuvent utiliser à titre privé les points de fidélité de leurs voyages d’affaires.

lesforce, fait le voyage. « J’en plaisantesouvent avec Air France, que nous comp-tons parmi nos clients, en leur disant denous affréter un avion SalesforceOne »,s’amuse Olivier Nguyen Van Tan, di-recteur marketing France de Salesfor-ce. De fait, la seule délégation françaisepeut facilement remplir deux appa-reils… « Dix mois à l’avance, précise-t-il, dès que les réservations sont ouvertes,la compagnie nous réserve 150 à200 places dans les avions directs au dé-part de Paris. Ce n’est qu’au dernier mo-ment, dans les deux mois qui précèdentDreamforce, que nous donnons le nomdes passagers. »

Douze mois de travailDreamforce représente, pour le serviced’Olivier Nguyen Van Tan, douze moisde travail. « Ce n’est pas une plaisanterie,lance-t-il. Nous rentrons le vendredi soiret dès le lundi matin, nous planchons déjàsur l’année prochaine en faisant un de-brief sur ce qui a fonctionné et moins. »

Côté hôtellerie, ce sont les États-Unis, « la Corp », dans le jargon inter-ne, qui s’occupe d’allouer les hôtels àchaque délégation par pays, avec une

exception pour les journalistes qui, d’oùqu’ils viennent, sont logés - c’est unefaveur - au Marriott Marquis jouxtant leMoscone Center.

Sans doute parce que la France est lepremier pays à avoir construit un voya-ge d’études autour de Dreamforce, ceuxque lui attribue le siège de Salesforcesont facilement accessibles à quinzeminutes à pied maximum du MosconeCenter. D’autres délégations doiventemprunter le métro ou un bus spéciale-ment mis à contribution par Salesforce.« La Corp nous assigne les hôtels maisc’est à chaque délégation de payer seschambres et de gérer son budget, détailleOlivier Nguyen Van Tan. Tous les parti-cipants, exposants ou non, payent uneparticipation. Le financement est tripar-tite entre cet écot, une participation deSalesforce et un des partenaires de l’évé-nement (parmi lesquels IBM, Deloitte etAccenture, NDLR). »

Pour satisfaire les professionnelsqu’il embarque, Salesforce bâtit éga-lement un programme de visites dif-férent chaque année. Ainsi, Salesfor-ce France se retrouve en concurrenceavec les filiales italienne, australien-ne ou indienne de Salesforce pour lesà-côtés professionnels. Le Muséed’art moderne est pris d’assaut ettrouver un restaurant libre peuts’avérer très compliqué. « Afin desurprendre les membres de la déléga-tion, nous travaillons depuis sept ansavec la même agence, Choyou, qui secharge de nous proposer des anima-tions insolites. Cette fidélité est impor-tante à mes yeux car ils savent préci-sément ce que nous recherchons et sontà l’affût des nouveautés », salueOlivier Nguyen Van Tan.

La filiale française organise aussi enjuin, à Paris, un mini Dreamforce(12 000 personnes). L’exercice estd’autant plus délicat aujourd’hui que ladélégation, à l’instar de la manifesta-tion, grandit. « C’est une mécanique deplus en plus compliquée , convient le di-recteur marketing. Ma priorité estaujourd’hui de satisfaire l’expérienceclient. Peut-être que la délégation gran-dira encore un peu, mais l’objectif n’estpas de doubler notre participation. Cinqcents personnes, c’est un gros challengeen termes d’accompagnement. » ■

Miles professionnels : à qui doivent-ils profiter ?

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LE FIGARO mercredi 2 octobre 2019

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COMMUNIQUÉ

Faire du sport avecses collègues ou son manager,une bonne idée ?

En short et en baskets de running, il n’y a plus demanager ou de hiérarchie qui compte, mais juste descoureurs, explique d’emblée Thomas Coutanceau,DRH de la région Centre, Île et Hauts de Francechez Harmonie Mutuelle. Avec 200 autrescollaborateurs du groupe mutualiste, ce managera participé au dernier semi-marathon de Paris.Avant la course, ils se sont évidemment entraînésensemble, drivés par un coach. Et le jour J, c’estsous les couleurs de l’entreprise qu’ils ont prisle départ. Certains sont arrivés avant d’autres,mais peu importe.

Une solidarité nouvelleDurant tout le parcours, les coureurs se sontencouragés les uns les autres, développantainsi une forme de solidarité nouvelle,se souvient-il. Et quand on lui demandes’il n’y a pas de risque de compétitionmalsaine, il évoque au contraire une saineémulation entre les participants qui suentet souffrent de manière identique. Pourlui, faire du sport en entreprise avecses collègues et collaborateurs ne peutêtre que bénéfique. Ces pratiques àl’initiative de l’employeur (cours de yoga,de boxe, location de terrains de tennis,abonnement à tarif préférentiel à dessalles de gym, etc.) offrent d’abord auxsalariés la possibilité de prendre soin

de leur santé physique et psychique. Mais c’estégalement bénéfique pour l’entreprise. Le sportpermetde fédérer deséquipesautourdevaleurscommunes et de créer un esprit d’équipe entrecollaborateurs qui ne s’étaient peut-être jamaisparlé, constate Thomas Coutanceau.

Bienveillance obligatoireSelon lui, faire du sport dans le cadreprofessionnel développe aussi le sentimentd’appartenance à une entreprise. Un atoutconsidérable sur un marché de l’emploi où laguerre des talents fait rage. Enfin, le sport aideles salariés à se maintenir en bonne santé, cequi a un impact nécessairement positif sur letaux d’absentéisme. Toutefois, pour que cetype de dispositif soit totalement efficace,la bienveillance est un impératif. L’un descollaborateurs sportifs ne doit surtout pas seretrouver être la risée de l’open space sousprétexte qu’il a fini bon dernier au semi ouqu’il n’arrive toujours pas à réaliser la posturedu Chien tête en bas au yoga. De même, ilfaut veiller à ce que les séances de running nedeviennent pas un débriefing d’une réunionqui exclut de fait la partie de l’équipe nonsportive. Bref, durant la pause méridienne, lesoir, le week-end… le sport en entreprise doitrester un moment ludique où le travail n’a pasdroit de cité.

Séances de running, cours de yoga, matchs de tennis… la pratique sportive enentreprise se développe à grands pas. Mais est-ce une si bonne idée de courir, detranspirer… en short ou en legging avec ses collaborateurs ?

Pour plus d’informations : bien-au-travail.lefigaro.fr

LA VIE DES ENTREPRENEURSTHOMAS LESTAVEL £@lestavelt

SANTÉ Pierre Dubuc se souviendralongtemps de sa randonnée sur leGR20, en Corse, il y a un an. La vio-lente tempête Adrian s’est abattue surl’île de Beauté, ravageant les sentierset obligeant les marcheurs à se mettreà l’abri. De quoi impressionner le PDGde la start-up de formation en ligneOpenClassrooms. Le trentenaire estpourtant un habitué des treks. « Jemarche deux ou trois semaines par an,témoigne-t-il. J’adore le Parc nationaldes Écrins, dans les Alpes. Je pratiqueaussi la marche d’approche certainsweek-ends, à Chamonix par exemple. »Mais son souvenir le plus fort reste cevoyage dans les montagnes du Kirghi-zistan, en Asie centrale, « un paysageextrêmement sauvage avec plusieurspics à 7 000 mètres ». Il y a croisé plusde chevaux sauvages que de touristes –ces derniers le dépassant à bord de leurside-car datant de l’ère soviétique.

Les sentiers de randonnée ont pourpoint commun d’être mal couvertspar les réseaux de télécommunica-tions. C’est l’occasion rêvée de dé-connecter de son smartphone et deprendre de la distance par rapportaux préoccupations du quotidien.« En tant que chef d’entreprise, j’ai

très rarement l’occasion de tout dé-brancher, souligne Pierre Dubuc.Quand je fais une rando, je ne suisconnecté qu’à l’instant présent. C’esttrès agréable. » Les journées se sui-vent et se ressemblent : marcher,profiter du paysage, discuter avec lescompagnons de voyage, manger,boire, dormir… Retour à l’état denature.

« En fait, c’était un burn-out »« Pour la Parisienne que je suis, marcheren pleine nature, au moins deux fois paran, est devenu vital », confie SophieBarthelemy. La directrice générale ad-jointe du Crazy Horse a découvert lesvertus de la marche en 2016, sur unsentier de 100 kilomètres reliant leMont-Saint-Michel depuis l’Orne.Pendant quatre jours, son matériel surle dos, elle a observé la nature et faitconnaissance avec divers compagnonsde route – des marcheurs qui se dépla-çaient à la même allure qu’elle.

« Quand je rentre d’une semainede périple, je me sens calme et posée.Je gesticule moins, je suis plus apaisée.Je prends des décisions avec davantagede justesse et de discernement », confieEmmanuelle Tandonnet. Âgéede 37 ans, cette directrice d’un cabinetde conseil en communication prèsde Montauban (Tarn-et-Garonne)s’est prise de passion pour les chemins

de Saint-Jacques-de-Compostelle. Lesvertus physiques et psychiques de lamarche ne sont plus à démontrer. Cet-te activité agirait comme un « tran-quillisant naturel » en libérant des en-dorphines qui renforcent la sensationde bien-être. Un bienfait forcémentapprécié des chefs d’entreprise rongéspar le stress. « Quand je marche, je melibère la tête complètement, dit encorePierre Dubuc. La sensation du temps seralentit, j’ai des introspections plus pro-fondes que d’habitude. Parfois je mûrisdes idées, j’y vois plus clair dans le lan-cement d’un produit ou la réorganisa-tion d’une équipe, par exemple. »

La randonnée est aussi une bellemétaphore de la vie. « Lors de l’ascen-sion du mont Saint-Odile, l’an dernier,raconte Sophie Barthelemy, je portaisun sac à dos de 13 kg. Je me suis deman-dé : pourquoi me charger autant, et dequoi ? Dans ma vie professionnelle, c’estpareil. J’ai appris à ne plus tout porter,à laisser chaque salarié prendre sa partdans l’organisation.»

Certains patrons ont carrément ététransformés par la marche, à l’imaged’Emmanuelle Tandonnet. Il y a quatreans, la dirigeante est tombée de chevalet elle a souffert d’une rupture du liga-ment croisé. Sa jambe a été paralyséependant deux mois. « En fait, con-state-t-elle, c’était un burn-out, moncorps m’a obligée à m’arrêter. »

Patronne d’une agence de communi-cation, de deux cabinets de conseil etd’une société de formation, titulaire dequatorze mandats, présidente de l’an-tenne locale du Centre des jeunes diri-geants (CJD), l’entrepreneuse enchaî-nait « des journées de 18 heures ».Elle voyait à peine ses deux enfants enbas âge. « Mon mari était parti depuislongtemps : il n’y avait plus de placepour un couple… », ajoute-t-elle.

Une salutaire fatigue physiqueLes deux mois d’immobilisation ontété un véritable calvaire : la PDG hy-peractive a déprimé, assaillie par lesidées noires. Puis est venue la libéra-tion. « Quand j’ai recouvré l’usage demes deux jambes, ajoute-t-elle, j’ai étéprise d’une folle envie de marcher. »Elle est donc partie sur les chemins deSaint-Jacques, où elle a changé d’airet pris le temps d’analyser calmementsa situation. Elle savait qu’elle devaitprendre des décisions drastiques pourchanger de vie.

À son retour à Montauban, elle afermé deux de ses entreprises, réduitses horaires de travail et s’est concen-trée sur les missions qui lui plaisaientvraiment. Elle a aussi rendu tous sesmandats. « Je prenais ces responsabili-tés pour de mauvaises raisons. Je cher-chais de la reconnaissance, je voulais

briller », sourit-elle. Depuis cette ex-périence fondatrice, EmmanuelleTandonnet marche deux à trois moispar an, avec sa chienne. Notammentpendant les vacances scolaires, quandses enfants sont gardés par leur père.L’an dernier, elle a passé cinq moissur les chemins de Saint-Jacques avecsa progéniture. En vraie digital no-mad, elle s’accordait des plages horai-res dédiées au travail pendant les-quelles elle ressortait son smartphoneet son ordinateur portable. « J’ai ani-mé un comité directeur par Skype alorsque je me trouvais face à une cascaded’eau. Mémorable ! », raconte-t-elle.Les clients sont intrigués, et plutôtséduits par son profil atypique. « Jen’ai jamais fait autant de chiffre d’af-faires que pendant cette période », pré-cise-t-elle.

L’entrepreneuse a fini par faire en-trer sa passion pour la randonnée danssa profession. Elle a conçu une offre decoaching originale : elle parcourt leschemins de Saint-Jacques pendanttrois jours en compagnie d’un cadreou d’un patron en situation de burn-out. Une formule « survivaliste » oùon dort à la belle étoile et où on seconfronte à ses peurs. L’épuisementmental laisse place à une salutaire fati-gue physique. Reconnecter au corpspour guérir l’esprit, voilà le miracle dela marche. ■

Pierre Dubuc, chef d’entreprise et trekkeur : « Quand je fais une rando, je ne suis connecté qu’à l’instant présent. »

La marche, un « tranquillisant naturel »L’exercice présente des vertus avérées pour le corps. C’est aussi une bonne pratique qui aide à mûrir les décisions pour l’entreprise. CO

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57LA VIE DES ENTREPRISES

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mercredi 2 octobre 2019 LE FIGARO

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58 LA VIE DES ENTREPRISES

ANGÉLIQUE VALLEZ-D’ERCEVILLE

START-UP À quelques encablures de lagare Montparnasse, au-dessus d’unlycée hôtelier du boulevard Raspail,quatre grandes jardinières en bois ac-cueillent depuis septembre quelque20 000 bulbes de crocus sativus, le nomsavant du safran. Loin de la cohue duboulevard en contrebas, des Parisienspourront d’ici à la fin du mois admirerle tapis de fleurs bleues qui aura envahile décor, pour participer à la premièrerécolte de cette safranière. Sous la hou-lette de l’une des quatre sœurs duBessey, Améla, Louise, Philippine ouBérengère, les fondatrices de l’entre-prise Bienélevées, ils découvriront aucours de cet atelier payant l’histoire dela culture du safran et ils dégusterontun goûter autour de cette épice.

Cette safranière est la troisième queBienélevées installe à Paris, après celleposée sur le toit de l’Institut du mondearabe et celle qui surplombe un Mono-prix du XIIIe arrondissement, rueDaviel. Trois autres sont en cours d’ins-tallation : à Montrouge, Montreuil-sous-Bois et au siège d’une enseigne degrande distribution à Ivry-sur-Seine.Chaque site représente plusieurs dizai-nes de milliers d’euros d’investisse-ment. Bienélevées compte sur la ventede sa production pour trouver sonéquilibre économique, que les atelierspourront compléter.

Après récolte, émondage et séchage,le safran se vend très cher, entre 35 et40 euros le gramme. Outre la vente aux

pas eu besoin de lever des capitaux pourse développer. Ils possèdent 80 % ducapital de leur entreprise et ont deuxassociés minoritaires.

D’après la FAO (Organisation desNations unies pour l’alimentation et l’agriculture), 5 à 8 % de la production de fruits et légumes proviennent déjà d’une forme d’agriculture urbaine. D’icià 2030, ce sera 20 %. Mais il est utopi-que de penser que les villes puissent de-venir autarciques. « En ville, la capacité de production est limitée. À Paris, on a recensé 450 hectares de toits plats gra-villonnés, mais seulement 80 hectares ont la surface ou les accès adéquats », indi-que Frédéric Madre. Il estime que l’en-jeu de l’agriculture urbaine est autant de nourrir les citadins que de végétali-ser la ville pour la rafraîchir.

La question se pose pour la plupartdes grandes agglomérations mondiales.

L’entreprise Bienélevées a déjà installé trois safranières à Paris.

Quand le safran pousse sur les toits de Paris L’agriculture urbaine suscite des vocations chez les créateurs d’entreprise.

EN BREFINITIATIVE FRANCE FÊTE SES MARRAINES ET SES PARRAINS£ Le réseau Initiative France d’accompagnement de créateurs d’entreprise présidé par Louis Schweitzer, organise le 21 novembre sa traditionnelle Fête des marraines et des parrains. Il s’agit des 4 000 bénévoles engagés auprès des entrepreneurs dans les 215 plateformes du réseau. Cet événement, dans les antennes locales, se traduira par desréunions d’information, des visites d’entreprises, des petits déjeuners… Initiative France a financé en 2018 plus de 17 000 entreprises, accordant à leurs créateurs des prêts d’honneur d’un montant moyen de 9 700 euros par personne.

UN « BOOSTER CAMP » POUR RÉSEAU ENTREPRENDRE£ Les 10 et 11 octobre, Réseau Entreprendre Île-de-France organise un Booster Camp ! à Créteil (Val-de-Marne). Pendant vingt-quatre heures, 10 entrepreneurs lauréats de l’association d’accompagnement de créateurs d’entreprise bénéficieront du soutien de 100 dirigeants chevronnés bénévoles. L’objectif est de conduire les entrepreneurs à réfléchir sur les forces et faiblesses de leur activité afin de « déverrouiller les leviers de croissance ». Antenne francilienne du Réseau entreprendre, l’association a accompagné 1 800 entreprises depuis sa création en 1992.

ENTREPRISES ET COLLECTIVITÉS AU SALON FRANCE ATTRACTIVE£ C’est ce mercredi 2 octobre la deuxième journée du Forum France Attractive, qui se déroule à Paris, au Palais Brongniart. Le salon réunit plus de 200 territoires, leurs élus, ainsi que plus de 2000 entreprises, investisseurs, porteurs de projets. Cette journée est rythmée par des conférences sur les opportunités pour les cadres et les étudiants en région ainsi que les opportunités qu’offre la franchise. Cadremploi présente son étude sur les villes préférées des cadres. France Attractive organise aussi des trophées pour distinguer des coopérations remarquables entre entreprises et collectivités territoriales en faveur de l’emploi.

Paris a choisi de pousser la démarche àtravers les appels à projet « Paris-culteurs ». Avec ce dispositif et sonprojet « Réinventer Paris », la capitale

française a donné un coup d’accéléra-teur au secteur de l’agriculture urbaineen pleine éclosion. La Caverne etCycloponics cultivent des endives oudes champignons sous les pavés. LesAlchimistes récupèrent leurs déchetspour faire du compost de proximité…Malgré une ceinture maraîchère moinséloignée, des entreprises se dévelop-pent également à Nantes (l’Agronaute)ou Marseille (Terre de Mars).

Jeune science, l’agriculture urbaine ases débats et polémiques. Les plantessont-elles polluées, comme l’air de laville ? « C’est un peu un fantasme, as-sure Frédéric Madre. La pollution desvilles, ce sont les matières en suspensionqui sont surtout nocives pour les pou-mons mais migrent assez peu dans lesaliments. Leur quantité diminue beau-coup dès qu’on entre dans une cour inté-rieure ou qu’on prend de la hauteur surdes toits. » Faut-il produire tout ce queconsomment les urbains, ou seulementles variétés adaptées au climat ?

En portant leur dévolu sur le safran,les quatre sœurs Bienélevées ont choisiune fleur qui s’épanouit sans arrosage.« Sur les toits, les safranières régulentl’eau de pluie et n’ont pas besoin d’arro-sage. C’est bénéfique pour tout le mondeet on ne tord pas la nature pour la fairearriver dans la ville », souligne Philippi-ne du Bessey.

À l’inverse, Agricool et son équiped’ingénieurs veulent reproduire lesprocessus de pleine nature dans descontainers branchés au réseau d’eau dela ville, éclairés par des LED et en cultu-re verticale. « Notre concept est de pro-duire des fruits et légumes sans pestici-des en Île-de-France, en récupérant desanciens containers maritimes qu’ontransforme en paradis de fruits et légu-mes », explique une porte-paroled’Agricool. L’entreprise commercialisedéjà des fraises issues de ses « cooltai-ners ». Leurs détracteurs considèrentqu’ils développent une agriculture sousperfusion, affranchie des règles de lanature.

Le profil « tech » d’Agricool effraiemoins les investisseurs que ses camara-des. La start-up, créée en 2015 par deuxfils d’agriculteurs, Guillaume Fourdi-nier et Gonzague Gru, a déjà bouclétrois levées de fonds pour un total de35 millions d’euros. Après quatre an-nées de recherche et développement,Agricool a installé huit de ses containersen région parisienne et un à Dubaï.L’entreprise emploie quatre-vingtspersonnes. Début 2020, elle prévoitd’installer de nouveaux conteneurs etde produire d’autres variétés que lesfraises. ■

“Sur les toits, les safranières régulent l’eau de pluie et n’ont pas besoin d’arrosage. C’est bénéfique pour tout le monde et on ne tord pas la nature pour la faire arriver dans la ville”PHILIPPINE DU BESSEY, BIENÉLEVÉES

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particuliers, la première production de« safran de Paris » en 2018 a été achetéepar des restaurateurs, comme LucasCarton, ou des glaciers.

Loin des champs, les habitants desvilles se nourrissent de fruits et légumesqui ont fait des kilomètres avant d’at-terrir dans leurs assiettes. À l’ère du lo-

cal, la production devait se rapprocherdes citadins. Des entreprises commeTopager s’engagent dans ce change-ment de paradigme. « Avant d’être unmarché, l’agriculture urbaine c’est unprojet. Chez Topager, nous voulons per-mettre aux citadins de redécouvrir la na-ture en ville et contribuer à la création detrames vertes », explique FrédéricMadre, cofondateur de cette entreprisedont le plus grand champ maraîcher sesitue sur les toits de l’Opéra Bastille.

Depuis sa création, il y a six ans,Topager a réalisé une soixantaine deprojets. La conception et la mise enœuvre de ces champs des toits appor-tent l’essentiel de son chiffre d’affaires(1,2 million d’euros en 2018) à l’entre-prise qui emploie une vingtaine de sala-riés. Frédéric Madre et Nicolas Bel n’ont

“Nous voulons permettre aux citadins de redécouvrir la nature en ville et contribuer à la création de trames vertes”FRÉDÉRIC MADRE, TOPAGER

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59LA VIE DES ENTREPRISES

IMAGINONS L’AVENIR

UNIQUEcomme chaque histoire.

« D’autres professions artisanalesn’ont pas encore pris cette initiative,remarque-t-il. Cela explique peut-être que leurs effectifs continuent àbaisser, alors que les fromagers sontparvenus, même lentement, à inverser

la courbe. » En leur temps, les bou-langers avaient actionné les mêmesleviers pour faire renaître leur com-merce en perte de vitesse. Aujour-d’hui, ils ont redoré leur image et re-gonflé leurs chiffres. Chaque

implantation d’un artisan est unepetite victoire contre la dévitalisa-tion économique des centres-villes.La réponse est peut-être l’arrivée deces nouveaux passionnés de leursproduits authentiques. ■

Carine Kaloudjian (à droite) et Manon Armand, son employée : après une formation de dix mois en alternance, l’ancienne cadre de Danone a ouvert la Fromagerie Kalou, à Marseille, en 2015.

Les fromagers font leur grand retour

HENRI DE LESTAPIS

ARTISANAT Mathieu Rouet boit dupetit-lait. Il est enfin indépendant etvit de sa passion: le fromage. Le1er mars, ce jeune entrepreneur de32 ans a ouvert sa propre fromageriedans le centre-ville de Brissac(Maine-et-Loire). Sur la paisible placeGeorges-Clemenceau, il s’est installéentre une boucherie et une boulange-rie, dans une coquette maison à co-lombages datant du Moyen Âge. Sespâtes molles, triples crèmes et affinéss’insèrent bien dans ce décor qui fleu-re bon le terroir, l’histoire de Franceet la tradition culinaire. La nouvellede l’installation d’un artisan fromagera vite fait le tour du quartier. Il y abelle lurette que les habitants n’enavaient pas vu un de si près. « Lesclients ont poussé la porte dès le pre-mier mois et le bouche-à-oreille a étéma meilleure publicité », constate Ma-thieu Rouet, agréablement surpris.

Ingénieur chimiste, il a bossé du-rant huit ans dans une entreprise decosmétiques haut de gamme, avant decomprendre qu’il souhaitait se consa-crer à sa passion pour la gastronomie.Il ne regrette pas son métier antérieurmais ne le renie pas non plus. « Mesétudes de chimie me servent aujour-d’hui à comprendre et expliquer les sa-veurs du fromage, souligne-t-il. Toutest une affaire de molécules !» Son vi-rement de bord professionnel a sur-pris son entourage qui le voyait plutôten blouse blanche assis, derrière unepaillasse à microscope, que deboutdevant un étal de fromages. « Je nesuis pas original dans ma démarche,estime-t-il. Il y a plein de gens commemoi qui changent de voie pour se tour-ner vers le métier d’artisan froma-ger. »

Une analyse que confirme à la lettreDavid Bazergue, délégué général de laFédération des fromagers de France.Chaque jour, son organisation ac-cueille une à deux personnes intéres-sées par le métier. Bien sûr, celles quivont au bout du processus sont moinsnombreuses. « Ce sont souvent des ca-dres de 35 à 40 ans, issus de tous lessecteurs professionnels, précise DavidBazergue. Ils cherchent à donner unsens concret à leur vie, en y associantleur passion pour le bon fromage despetits producteurs. Désormais, les ar-tisans fromagers vendent un produit“plaisir” plus qu’un simple aliment duquotidien. »

Il y a une dizaine d’années, on dé-nombrait 2 800 fromagers indépen-dants dans l’Hexagone. Les plus an-ciens se demandaient comment ilsallaient revendre leur commerce.Aujourd’hui, ils sont 3 100 et la trans-mission d’entreprise n’est plus unproblème. Face à cette tendance, lafédération doit plutôt calmer les ar-deurs des candidats. Elle leur expliqueque leurs revenus ne seront peut-êtrepas aussi élevés qu’auparavant et queleurs proches ne comprendront pasforcément leur changement de voie.Mais, pour les plus persévérants, ellea mis en place des outils d’accompa-gnement. Trois établissements déli-

vrent désormais tous les ans près de170 certificats de qualification profes-sionnelle (CQP).

Carine Kaloudjian a effectué en al-ternance l’une de ces formations àParis, pendant une dizaine de mois.Elle a ensuite ouvert la FromagerieKalou en 2015 dans le VIIIe arrondis-sement de Marseille. Elle était cadrechez Danone. Diplômée d’une écolede commerce, elle a repris avec en-thousiasme ces études d’un genrenouveau. « L’alternance permet d’ap-prendre le métier en rencontrantd’autres fromagers, rappelle-t-elle. Ilrègne une bonne ambiance dans la pro-fession. Nous nous échangeons desadresses. Cela aide à démarrer. »

Par conviction, Carine Kaloudjian asouhaité se rendre auprès de petitsproducteurs de fromages. Elle a passéplusieurs jours dans les fermes, enmettant la main à la pâte. Pour elle,cela reste des moments privilégiés,essentiels pour s’imprégner de cetteâme des terroirs français dont elle es-saye de transmettre l’éclat à sa clien-tèle urbaine. « Le fromage est vrai-ment un produit de passion, que l’ondéfend avec affection, souligne-t-elle.Fromager n’est plus une profession quel’on exerce par hasard. Il y a presqueun côté militant ! » Pour garnir sonétal, Carine se fournit directementchez les petits producteurs qu’elleconnaît ou s’adresse aux grossistesqui les défendent ouvertement.

À l’autre bout de la France, à Run-gis (Val-de-Marne), Jean-MichelPeuch partage cette philosophie. Ildirige la Société d’affinage des froma-ges de France (Saff), entreprise bienconnue sur le marché francilien. Legrossiste travaille avec 250 produc-teurs, français et européens. « Commeles détaillants, dit-il, nous avons àcœur d’assurer un lien social entre lesterritoires et la clientèle. Nous sommesdans une vraie logique de filière. Laplupart des détaillants auxquels nousvendons les fromages sont très atta-chés à l’origine des produits et à leurhistoire. » La Saff emploie une qua-rantaine de salariés, parmi lesquelsdes commerciaux qui passent le plusclair de leur temps à rencontrer lespetits producteurs.

Pour entretenir le lien social, Jean-Michel Peuch fait aussi appel au nu-mérique. Depuis trois ans, il demandeà ses troupes de rapporter de leurs es-capades des photos et des petits films,qu’ils transmettent ensuite aux dé-taillants fromagers. L’objectif est queces derniers puissent voir plusconcrètement l’origine des produitsqu’ils achètent. Les détaillants peu-vent ensuite transmettre ces informa-tions à leur clientèle citadine, frianded’authenticité et de plus en plus sou-cieuse de l’origine des produitsqu’elle consomme. « Rien ne vaut lelien humain et le déplacement sur pla-ce, ajoute Jean-Michel Peuch. Acca-parés par leur boutique, les détaillantsfromagers n’ont pas souvent le tempsde le faire. Nous essayons donc de lefaire pour eux. »

Le chef d’entreprise salue au passa-ge l’effort de formation et de commu-nication qu’a entamé la fédération desfromagers depuis une quinzaine d’an-nées. Selon lui, cela a bien participé àla redynamisation de la profession.

Ils étaient devenus rares dans le petit commerce. Ces artisans reprennent du poil de la bête. Parmi eux, d’anciens cadres passionnés et en quête d’indépendance.

“Fromager n’est plus une profession que l’on exerce par hasard. Il y a presque un côté militant !”CARINE KALOUDJIAN, FROMAGERIE KALOU

3 100fromagers

indépendants dans l’Hexagone aujourd’hui, contre 2 800

il y a une dizaine d’années

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