le droit dans l’etablissement...

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CIVILI TE, CIVISME ET LE DROIT DANS LA VIE SCOLAIRE Mars 2013 / Avril 2013 Thierry FAURE Jean Marie MERLIERE Principal Proviseur Adjoint Collège Didier Daurat Lycée Jean Hyppolite Mirambeau Jonzac

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CIVILITE, CIVISME ET LE DROIT DANS LA VIE SCOLAIRE

Mars 2013 / Avril 2013

Thierry FAURE Jean Marie MERLIERE

Principal Proviseur Adjoint

Collège Didier Daurat Lycée Jean Hyppolite

Mirambeau Jonzac

INTRODUCTION

Pourquoi le droit est-il entré dans

l’Ecole?

QUELQUES CONSTATS…

L’école n’est plus un sanctuaire

L’école est identifiée comme un lieu de

vie, poreux…

Notre société s’est profondément modifiée

Ces fondements ont évolué

Le rôle dévolu à l’état est remis en cause

EVOLUTION DE NOTRE SOCIÉTÉ « ETAT

PROVIDENCE »

Fort , protecteur, régulateur,…

Ancré sur des valeurs (la sécurité sociale, rapports de travail, services publics, politiques économiques)

Lien social et communautaire fédérateurs

Etat en grave crise sociale.

Haute dissolution sociale.

Individualisme, isolation de l’individu.

Affirmation des libertés individuelles.

Rupture de l’esprit communautaire.

CONSÉQUENCES

L’individu et son rapport au droit :

Évolution de la pénétration croissante du droit dans la vie quotidienne :

La JURIDICISATION

Recours accru voire systématique à la justice pour trancher différends et litiges :

La JUDICIARISATION

UNE SOCIÉTÉ DE RISQUES

Prolifération de risques (nucléaire,

alimentaire,…)

Incertitude pour l’avenir ; pouvoir des

médias

= -Besoin de surprotection et de

réglementation

-Immixtion du droit dans nos vies

ET L’ECOLE DANS TOUT ÇA… N’est pas à l’abri de la crise, a les

siennes :l’autorité…

Ne peut plus se cantonner à édicter ses propres règles

Doit se nourrir du droit commun entre autres…

Est justiciable et à ce titre, se soumet au droit

La loi lui confère des objectifs, des obligations de résultats.

Elle doit rendre des comptes

Nos responsabilités sont de plus en plus engagées…

CE QUI S’IMPOSE À NOUS… Juridicisation, Judiciarisation

Délitement du lien social et subrogation de l’Ecole

Une érosion de l’autorité

* Car les familles ne croient plus beaucoup à l’école…

* Car le modèle démocratique, égalitaire prévôt…

L’école , lieu de socialisation et de conflits, a besoin de nouveaux régulateurs…

PARTIE 1

LE DROIT DANS L’EPLE

DÉFINITIONS

Droit :

Ensemble de règles régissant la vie en société et sanctionnées par la puissance publique, c’est à dire susceptibles d’un recours devant un tribunal.

Droit scolaire :

Ensemble des dispositions définissant les droits et obligations des élèves mais aussi des enseignants, parents, usagers dans un établissement scolaire.

Jurisprudence :

Ensemble de décisions rendues par les juridictions sur une question de droit.

LA HIÉRARCHIE DES NORMES APPLICABLE À

L’ÉCOLE

LA HIÉRARCHIE DES NORMES

Au niveau des principes constitutionnels :

- Principe d’égalité

- Principe de laïcité

- Principe de gratuité de l’école

- Liberté d’opinion

- La décentralisation

L’influence des normes internationales :

- Traités européens ou conventions internationales

ratifiées par la France

La loi reste la norme du droit commun :

- Lois spécifiques à l’Education nationale

- De plus en plus de lois provenant d’autres ministères

impactent l’Education nationale

Les décrets :

La circulaire :

La jurisprudence et les principes généraux du droit :

- Obligation de moralité

- Obligation de neutralité

- Devoir de pondération dans la critique de la hiérarchie

- Obligation de réserve

L’ÉCOLE, AU CARREFOUR DU DROIT Droit public :

Droit administratif

Droit de la fonction

publique

Droit des services

publics

Droit de la commande

publique

Droit des finances

publiques

Droit privé

Droit du travail

Droit pénal

Droit de la

responsabilité

L’ÉCOLE EST CRÉATRICE DE DROIT

o LE STATUT PARTICULIER DE L’EPLE Personnalité juridique des EPLE

Autonomie des EPLE

Le rôle du chef d’ établissement

o LES DECISIONS PRISES PAR L’EPLE :

Le Conseil d’Administration

Les décisions du chef d’établissement

DÉCISIONS Longtemps les décisions prises par les établissements à l’égard des élèves ont été considérées comme des mesures d’ordre intérieur que le juge administratif estimait de peu de portée et ne contrôlait pas (recours pour excès de pouvoir irrecevable).

Le développement du droit et des libertés individuelles a réduit le champ d’application de la mesure d’ordre intérieur

- Conseil d’Etat, 20/10/1954, Chapou (pantalon de ski)

- Conseil d’Etat, 2/11/1992, Kherouaa (voile islamique)

- Tribunal administratif de Chalons s/Marne,29 avril 1997, Maireaux (conseil de classe)

- Conseil d’Etat, 14/04/1995, Koen (absences pour motif religieux)

- TGI de Nevers, 27/10/1995 (voie de fait)

Ce principe renvoie à une théorie de « l’ordre intérieur » échappant pour l’essentiel au contrôle du juge.

Or, à partir des années 1970, des textes juridiques commencent à s’intéresser au droit des usagers dans les services publics.

Loi du 17 juillet 1978 sur le droit d’accès aux documents administratifs

Loi du 11 juillet 1979 sur la motivation des décisions administratives,

Loi du 8 février 1995 sur l’amélioration des recours.

Loi d’orientation sur l’éducation (art.1 : Le service public de l’éducation est conçu et organisé en fonction des élèves et des enseignants)

UN EXEMPLE : LE RÈGLEMENT INTÉRIEUR

• Le règlement intérieur a une valeur normative pour l’établissement

• Il doit être conforme à la hiérarchie des normes

• Il respecte les règles de droit commun et les principes généraux du

droit

• Au niveau des procédures disciplinaires : • Principe de légalité des fautes et des sanctions

• Application de la règle « non bis in idem »

• Principe du contradictoire

• Principe de proportionnalité

• Principe de l’individualisation

• Obligation de motivation

RÈGLEMENT INTÉRIEUR

L’EPLE, personne morale dotée d’une instance délibérative (C.A) élabore des actes administratifs (ex : budget, contrats). Parmi ces actes, le règlement intérieur est le plus important. Il définit les règles de fonctionnement et les droits et obligations de chacun des membres de la communauté éducative (cf. circulaire n°2000-106 du 11 juillet 2000 et circulaire n° 2011-112 du 1er aout 2011

1. Le R.I, acte administratif unilatéral : adopté unilatéralement par l’autorité administrative, il touche aux droits et obligations des administrés. Ce n’est pas un contrat.

2. Le R.I, décision exécutoire contrôlée par le juge.

Le règlement intérieur présente une double dimension éducative et juridique.

Les changements opérés par les décrets n°

2011-729 du 24 juin 2011 et la circulaire n° 2011-

111 du 1er août 2011 :

Une échelle des sanctions modifiée et désormais

exhaustive (art R511-13 du code de l’éducation)

Création de la mesure de responsabilisation

L’exclusion temporaire de la classe

La durée maximale de la sanction d’exclusion temporaire est

limitée à 8 jours

La procédure disciplinaire applicable lorsque le

chef d’établissement se prononce seul est

désormais inscrite dans un nouvel article R 421-10-

1 du code de l’éducation

Obligation d’engager une procédure dans des

hypothèses prévues à l’article R 421-10

Création d’une commission éducative

FOCUS SUR LE NOUVEAU RÉGIME DISCIPLINAIRE DES ÉLÈVES

PARTIE 2

L'APPROCHE ÉDUCATIVE

DU DROIT

L'ÉCOLE , UN LIEU D'APPRENTISSAGE DU DROIT.

Former les élèves à la logique démocratique,

les sensibiliser aux règles du « vivre ensemble »,

à la logique disciplinaire qui régit l'établissement.

Divers outils : L’heure de vie de classe

La formation des délégués

Le CESC

L'éducation civique juridique et sociale (ECJS)

LA CITOYENNETÉ

Nous sommes dans une dimension politique,

Il s’agit d’un statut juridique qui peut évoluer,

un idéal de valeurs mobilisatrices,

une éthique de l'intérêt général,

*la recherche d'un bien commun,

*une forme d'organisation de l'espace public.

un ensemble de pratiques effectives des citoyens.

LA CIVILITÉ un ensemble de normes qui vont régir notre « vivre

ensemble », au quotidien dans un espace public.

des règles qui doivent assurer des rapports de bonne cohabitation.

politesse, respect de l'autre dans sa personne et pour ses biens.

la civilité est un préalable à l'existence de toute citoyenneté

=les incivilités sont le résultat d'une crise de valeurs, de rejet des normes édictées collectivement.

désordres, troubles, non-respect de l’ entourage, dégradations…

pas de qualification pénale, traitement éducatif.

autant d'attitudes, de dysfonctionnements qui sont, des réactions, des réponses à des situations elles-mêmes ‘dysfonctionnantes’ ;

LE CIVISME

le civisme doit être l'exercice raisonné de la citoyenneté

Il responsabilise les citoyens en les élevant à la conscience de leur rôle dans la cité

Il exige que le citoyen réponde toujours de sa qualité de citoyen.

Avoir l'esprit civique :

c’est respecter et faire respecter les droits et obligations liés à la citoyenneté, les règles du vivre ensemble.

le civisme présuppose l'existence d'une citoyenneté

CIVILITÉ-CITOYENNETÉ-CIVISME -C’est parce qu’il y a attachement à des

valeurs, à des codes;

( la civilité : dimension civile interpersonnelle),

-Qu’il y a définition d'un ensemble de pratiques composant un idéal de fonctionnement;

(la citoyenneté : dimension politique et civique),

-Et que les individus citoyens peuvent s'engager à respecter le cadre posé;

(le civisme : au niveau de la conscience politique)

L’EDUCATION À LA CITOYENNETÉ DANS L'ECOLE

Incivilités, incivisme = engagement fort des référents scolaires dans les différentes formes d'apprentissage, d'éducation à la citoyenneté.

A Channel : L’école, régulateur social,… doit avoir …cette logique d'apprentissage de la citoyenneté puisqu'elle représente un lieu fondamental de la socialisation.

Au cœur du pédagogique :

(l'instruction civique ou ECJS, les compétences 6 et 7 du socle commun )

Au cœur de l’éducatif :

(les heures de classe, les assemblées générales ou réunions des délégués, leur formation, leur accompagnement, leur participation aux instances de l'établissement, droits et devoirs de l'élève, de ses représentants)

QUELQUES QUESTIONS…

Quel est, et doit être, le positionnement du CPE

dans cette approche ?

Que peut-il et doit-il faire, avec qui ?

Quelles réponses pouvons-nous apporter,

individuellement ou collectivement ?

PARTIE II

LA POLITIQUE ÉDUCATIVE D'UN ÉTABLISSEMENT

SCOLAIRE

ÉLÉMENTS CONSTITUTIFS

Elle concerne toute la communauté

éducative.

Le projet d'établissement en fixe les

priorités à partir d'un diagnostic.

Il s'agit d'une relation articulée entre la

politique pédagogique et éducative.

Les actions retenues sont d'autant plus

efficaces

qu'elles associent enseignants et

personnels d'éducation.

PRINCIPES DE RÉALITÉ

Enseignants et personnels d'éducation sont

confrontés aux mêmes réalités quel que soit

le contexte…

Les difficultés rencontrées requièrent une

attention conjointe des différents personnels.

Le cadre législatif s'impose à tous les

établissements scolaires :

- les principes généraux du droit,

- les valeurs constitutionnelles,…

LES OBJECTIFS DE LA POLITIQUE ÉDUCATIVE

Permettre aux élèves de

- s'approprier les règles de la vie collective, du

« vivre ensemble ».

- se préparer à exercer leur citoyenneté.

- se comporter de manière de plus en plus

autonome et de prendre des initiatives.

- s'insérer dans la vie sociale et professionnelle.

- étudier dans les meilleures conditions possibles.

LE RÔLE DE CHACUN…

Les personnels, de par leur statut et

missions respectives, doivent donc

être associés à l'élaboration de cette

politique éducative, à son suivi et à

son évaluation.

Concernant le CPE

- la circulaire de 82 : statut et missions

-l'arrêté du 12 mai 2010 : les dix

compétences professionnelles de

l’enseignant , du CPE,…

Le décret du 27 janvier 2010 :

fonctionnement du conseil pédagogique,

LES OBSTACLES RENCONTRÉS

L’absence de volonté déterminée et

d’engagement des acteurs.

Persistance de clivages importants entre les

champs pédagogiques et éducatifs.

le faible engagement des élèves dans la vie de

l'établissement et de ses instances.

La crise d’autorité de l'école , sa remise en

cause permanente…

QUELLE ÉVALUATION ?

Qui dit politique, projet, dit inévitablement

évaluation des dispositifs existants et des

politiques menées, de leurs résultats…

Parmi les outils possibles, il existe un protocole

: trois champs d'apprentissages à exploiter : l'apprentissage des règles de civilité

L'apprentissage des règles de droit

La responsabilisation des élèves

LES LIEUX DE CITOYENNETÉ

En lycée, -le comité de vie lycéenne,

-la conférence des délégués,

- la maison des lycéens,

-les réunions du fonds social lycéen…

Au collège, -la réunion des délégués,

-le FSE,

-les réunions du fonds social collégien

Dans tous les établissements -les heures de classe,

-la commission permanente, le conseil d'administration,

-certaines commissions...,

-le CESC.

FOCUS SUR … POUR TERMINER

le CESC : l’affaire de tous…pour être comprise

et investie…

Le socle commun de compétences… et la note

de vie scolaire.

Les partenariats Ecole –Police -Justice

PARTIE 3

LA RESPONSABILITÉ

RESPONSABILITÉ

Principes de la responsabilité :

- Les responsabilités juridiques découlent des actes accomplis

ou des décisions prises.

- Leur solution juridique s’appuie sur différents types de droit :

administratif, civil et pénal, et sur autant de juges.

- La question de la responsabilité se caractérise par la diversité

et la complexité.

- 3 natures de responsabilité coexistent

RESPONSABILITÉ

La responsabilité administrative :

- L’accident a lieu en raison d’une faute dans l’organisation de

la surveillance ou du service ou dans l’entretien des

locaux

> la responsabilité administrative s’applique

- La faute de l’administration dans les organisations des

activités de la vie scolaire engage la responsabilité de l’Etat,

l’action étant portée devant le tribunal administratif à

l’encontre du Recteur.

- Le défaut d’entretien normal des locaux et des

équipements scolaires engage la responsabilité de la

collectivité locale de rattachement.

RESPONSABILITÉ

La responsabilité civile : définition

- L’accident a lieu en raison d’une faute d’un membre de l’enseignement, la responsabilité civile est engagée en application de la loi du 5 avril 1937 (article L.911-4 du code de l’Education), cette faute a lieu sur le temps scolaire ou au cours d’activités éducatives hors temps scolaire (AS, sorties).

> la responsabilité de l’Etat est substituée à celle des enseignants

Pour engager une action, il faut donc une faute et un dommage

- Faute prise en compte : un acte direct, une abstention ou une omission

- Un dommage : peu importe son origine (l’élève seul, l’élève à un autre élève ou par un tiers)

- Un lien de causalité entre la responsabilité de l’agent et le dommage

RESPONSABILITÉ CIVILE

- L’action s’exerce devant le tribunal d’instance ou le tribunal

de grande instance (en fonction du montant du préjudice).

- L’action est à engager dans les 3 mois qui suivent le fait, ou

dans les 3 mois suivant la majorité de l’enfant en cas de

carence des parents.

RESPONSABILITÉ

La responsabilité pénale :

- 3 PRINCIPES :

- > Faute pénale et non-respect d’une loi ou d’un règlement

- > Un dommage

- > Un auteur identifié

Les infractions peuvent être volontaires (détournement d’argent

public, injures, diffamation, non assistance à personne en danger,

violences légères sur mineurs de moins de 15 ans) ou involontaires

(faute par imprudence ou négligence)

La faute personnelle est retenue lorsqu’elle n’est pas imputable au

service ou qu’elle résulte d’une intention malveillante ou sa gravité la

rend inexcusable,

RESPONSABILITÉ

La responsabilité pénale :

- Application de la règle fixée par la loi du 5 avril 1937

(substitution de l’Etat)

- L’Etat devra indemniser la victime ou ses ayants droit des

préjudices matériels ou moraux.

- La prise en charge des réparations par l’Etat ne fait pas

obstacle à l’exercice de poursuites pénales contre l’agent

voire à sa condamnation. (exemple en cas d’accident de la

route)

PARTIE 4

CAS PRATIQUES