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Le Courrier de Saint-Grégoire Numéro 77 – Mai 2019

Année Académique 2018-2019/VIII

Publié par l’Académie de Musique Saint-Grégoire 28, rue des Jésuites – B-7500 TOURNAI

Tél : + 32 (0) 69 22 41 33 Courriel : academiesaintgregoire@gmail.com

Site Web : www.seminaire-tournai.be/saint-gregoire Facebook : Academie Saint Gregoire – Tournai

À Tournai depuis 1878

Chers Amis de Saint-Grégoire,

ONSACRÉ à « la fragilité des œuvres d’art », l’éditorial du précédent Courrier de Saint-Gré-goire (n°76) évoquait, dans l’actualité récente,

le saccage de l’orgue de la cathédrale de Saint-Denis (F) et l’incendie criminel de l’église Saint-Sulpice, à Paris1. Depuis, le tragique incendie de la cathédrale métropoli-taine Notre-Dame de Paris a complété ce triste tableau. Et c’est peu dire que l’émoi suscité par cette catastrophe prend une dimension planétaire. Mais pouvait-il en être autrement ? C’est que Notre-Dame, chef-d’œuvre des bâtisseurs médiévaux, antique lieu de pèlerinage, té-moin de l’histoire qui façonne rois et peuples, visage de la Mère protectrice aux pieds de laquelle serpente le Fleuve Royal, sujet d’inspiration pour les artistes et les écrivains, dépasse le modèle pour s’ériger en archétype. Éternité, stabilité, foi, transcendance – à l’image de la flèche crevant les nuages pour indiquer les cieux : elle incarne tout cela. Aussi mesure-t-on combien ce terrible in-cendie porte atteinte à ce symbole inaltérable et brise cet archaïque besoin de sécurité auquel l’hom-me aspire. Une telle destruction exige réparation, tant matérielle que spirituelle. International et ré-dempteur, le don sera l’outil de cette aventure. Car la restauration de Notre-Dame – phœnix des temps modernes – relève de l’épopée2. L’enjeu est de taille d’autant que des flammes, à peine re-froidies, surgissent déjà les questions essentielles : comment réparer ? Peut-on ressusciter l’âme de la Mater Dei ? Souhaitons que l’inspiration touche les décideurs. Qu’architectes et artisans puissent recouvrer l’idéal et les gestes des bâtisseurs médiévaux ; se souvenir que ce sanctuaire est un haut lieu initiatique, creuset d’ésotérisme chrétien où chaque détail, reflet du macrocosme, est essentiel. Un lieu où les mathématiques sacrées définissent proportions et mesures ; où les verrières brillent, à l’instar des murs de la Jérusalem céleste, d’« un éclat semblable à celui d’une pierre très précieu-se3 » ; où, médiateur entre Terre et Ciel, l’orgue accompagne les âmes jusqu’à l’éther. Où, enfin, tel un athanor spirituel, le Sanctum Sanctorum transforme pèlerins et visiteurs leur révélant, avec la force d’une vision prophétique, cette part d’eux-mêmes qu’ils recherchent.

Stéphane Detournay Directeur, PhD

1 Où est édifié un orgue d’Aristide Cavaillé-Coll (1862) mondialement réputé (épargné par les flammes). 2 Voire de l’absolution collective ? 3 Cf. Apocalypse de Jean.

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Journées Portes Ouvertes 2019

OMME chaque année, plusieurs manifestations sont prévues dans le cadre des Journées Portes Ouvertes de notre établissement. Au cours de celles-ci, les élèves des différentes dis-ciplines présenteront le fruit de leur travail. La direction et les professeurs vous accueilleront

et répondront à vos questions. Voici le programme de ces manifestations : Mercredi 15 mai 2019 à 18h00 Église Saint-Quentin – Tournai

AUDITION D’ÉLÈVES

Orgue et Chant Avec la participation de l’Ensemble Vocal Saint-Grégoire Entrée libre Samedi 18 mai 2019 à 15h00 Séminaire Épiscopal – Tournai

AUDITION D’ÉLÈVES

Présentation du cours Créatif-Approche Globale Avec la participation des Pueri Cantores et du cours d’Écriture musicale Entrée libre

Le cours « Créatif »

N article, publié dans Le Soir, présente la genèse et les objectifs de cette aventure musicale et pédagogique : « C'est en 1982 que se développa à l'Académie de Musi-

que de Nivelles une méthode inédite d'apprentissage du solfège imaginée par le directeur Jean-Claude Bærtsoen. Avec le cours traditionnel de solfège, avait-il constaté, l'enfant ne peut compter que sur le travail vocal réalisé en classe. On table donc sur la seu-le mémoire auditive et vocale pour stabiliser l'acquis impalpable d'une leçon de musique. Autre observation : l'enfant apprend à parler sa langue maternelle avant d'apprendre à lire et à écrire. Pourquoi enseigne-t-on régulière-ment la musique à l'envers, c'est-à-dire en partant de la lecture des notes ? C'est en réaction contre cette tradition que Jean-Claude Bærtsoen imagina Créatif. Cette méthode rationnelle, directe et at-trayante, consiste à apprendre aux élèves à chanter avec leurs paroles quantités de chansons et d'airs classiques de tous pays avec un souci constant de l'expression. L’enfant est mis directement au cla-vier. Il joue d'oreille, cherche, improvise, en classe et à domicile. Ce n'est qu'après qu'intervient l'apprentissage systématique de la lecture. Créatif n'est pas à proprement parler un cours de piano. Le clavier est un outil pédagogique. Créatif forme des musiciens à l'oreille développée, à la mé-moire nourrie de références sérieuses, à l'attention éveillée, des musiciens capables de retrouver fa-cilement un air au clavier et d'inventer un accompagnement mais aussi de bons lecteurs préparés aux études musicales les plus approfondies4 ».

4 Cf. Le Soir, 14 mars 1992.

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Le Concours Reine Élisabeth 2019 dédié au Violon

ONDÉ grâce à l’impulsion de la Reine Élisabeth (1876-1965) et du violoniste belge Eugène Ysaÿe (1858-1931) afin d’aider les jeunes in-terprètes à se faire connaître, les premières sessions du Concours Eu-

gène Ysaÿe se déroulent en 1937, pour le violon, et en 1938, pour le piano. In-terrompu par la guerre, le concours reprend en 1951 sous le nom de Concours Musical International Reine Élisabeth de Belgique. Samedi 11 mai à 15h00, en l’Auditorium Flagey à Bruxelles (Ixelles), les élèves de l’Académie as-sisteront à une séance des épreuves de demi-finale, en compagnie de leurs professeurs. Pueri Cantores L’orgue de Notr

ERCREDI 29 mai 2019 à 15h00, au Séminaire Épiscopal, les Pueri Cantores (les jeunes élèves de la classe de chant d’Éric Dujardin) donnent une audition au cours de laquelle seront interprétées des œuvres de J. Absil, L. Bernstein, W.-A. Mozart, G. Paisiello, A.

Pärt, G.-B. Pergolesi, R. Rodgers, A. Vivaldi. L’orgue de Notre-Dame

L’IMAGE de la cathédrale, l’orgue de Notre-Dame de Paris est le fruit d’une longue évolution. Aux XIIe et XIIIe siècles, Léo-nin, fondateur de l’École de Notre-Dame5, puis Pérotin ne con-

nurent que de petits instruments. Cependant, dès le XIVe siècle est mentionnée l’existence d’un orgue suspendu en nid d’hirondelle, sous une fenêtre haute de la nef. En 1401, un nouvel instrument est édifié en tribune, au-dessus du grand portail ouest : un emplacement qui ne changera plus. Au cours des siècles, le grand orgue s’agrandit et fait l’objet de multiples restaurations pour adopter, au XVIIIe siècle, ses proportions actuelles. Comme quelques autres, il échappera à la tour-mente révolutionnaire grâce à l’interprétation de musiques patrioti-ques6. En 1868, sous le Second Empire, grâce au génie d’Aristide Ca-vaillé-Coll, il trouve la plénitude symphonique que Louis Vierne portera à son apogée. Dans le der-nier tiers du XXe siècle, Pierre Cochereau7 le modernise. En 1992, l’instrument est l’objet d’une

restauration complète : les sonorités symphoniques de Cavaillé-Coll, de même que celles des époques antérieures, sont restituées – sans ou-blier les apports de la facture contemporaine. L’orgue de Notre-Dame devient ainsi l’un des rares instruments français permettant l’interpré-tation idéale de nombreux répertoires. Enfin, sous l’impulsion de Pier-re Cochereau, des concerts sont régulièrement organisés, accueillant des organistes des cinq continents. Les actuels titulaires sont Vincent Dubois, Olivier Latry et Philippe Lefebvre.

5 L’École de Notre-Dame désigne un mouvement de musique polyphonique et religieuse (Ars Antiqua) développé par des compositeurs ayant exercé à la cathédrale Notre-Dame de Paris, de 1160 à 1250. 6 Telles que celles composées en 1792 par l’organiste Pierre Balbastre. 7 Voir ci-dessous, à gauche (à la console Cavaillé-Coll).

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Évocation

’ORGUE de Notre-Dame, en particulier dans l’esthétique sym-phonique de Cavaillé-Coll, fut une source d’inspiration. Avec une poésie toute romantique, Bernard Gavoty évoque une improvisa-

tion de Louis Vierne8 (titulaire de l’instrument de 1900 à 1937), dans la biographie qu’il lui a consacré :

Comme la fleur se dégage de son fourreau, le chant se gonfle et s’épa-nouit. À pleines mains, le musicien sculpte son œuvre dans une pâte so-nore dont rien ne peut évoquer la voluptueuse richesse. L’orgue entier semble s’émouvoir au contact de cette âme qui le galvanise.

Les versets s’enchaînent : aux flûtes ruisselantes, aux gambes aiguës, succèdent les trompettes d’argent, le hautbois grêle, le cromorne enrhumé, les clarinettes plaintives, toute la gamme des ad-mirables jeux de solo qui se détachent sur la discrète tenture des bourdons. Mélangées aux jeux de fonds, les mixtures font leur apparition, déployant leur scintillante draperie aux mille reflets. Puis voici qu’entre en scène la mitraille des jeux d’anches, qui jouent le rôle des cuivres de l’orchestre.

Ils apparaissent non d’un seul bloc, mais suivant une progression continue, ménagée, irrésistible. Le son enfle lentement, comme s’il voulait, sous sa pression formidable, faire éclater l’enveloppe de la cathédrale. Il croît ainsi jusqu’à son paroxysme. Une dernière pédale introduit les ultimes trom-bones : nous baissons instinctivement la tête comme pour nous protéger de cette rafale. L’instru-ment gronde comme un tonnerre et, quand la pédale terrifiante entre en scène, on croirait qu’un abîme va se dresser sous l’organiste qui, des deux pieds, des dix doigts, déchaîne cet ouragan.

Tout se tait brusquement. Silencieux comme ceux qui l’entourent, Vierne se lève, bouleversé de l’ef-fort qu’il vient d’accomplir, et, de la démarche hésitante des convalescents rendus trop brusque-ment à la vie, il quitte la console. À pas lents, il descend l’escalier et, tout à coup, c’est la grande lumière du jour9. Professeur en concert

EUDI 30 mai, en la cathédrale Notre-Dame de Tournai à 10h00 (fête de l’Ascension), Éric Du-jardin dirigera la Maîtrise (Missa in Simplicitate de Jean Langlais).

Prochaines activités

Bruxelles – Auditorium Flagey

Samedi 11 mai 2019 à 15h00

Concours International Reine Élisabeth de Belgique

VIOLON Épreuve de demi-finale

8 Voir illustration ci-contre. 9 Cf. GAVOTY (B.), Louis Vierne, La vie et l’œuvre, Paris, Buchet/Chastel, 1980.

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Tournai – Église Saint-Quentin

Mercredi 15 mai 2019 à 18h00

PORTES OUVERTES I Audition d’élèves des classes d’orgue et de chant

Avec la participation de l’Ensemble Vocal Saint-Grégoire

Rencontre avec les professeurs à l’issue de la manifestation

Entrée Libre

Tournai – Séminaire Épiscopal

Samedi 18 mai 2019 à 15h00

PORTES OUVERTES II Présentation du cours Créatif – Approche Globale

Avec la participation des Pueri Cantores et du cours d’écriture musicale Rencontre avec les professeurs à l’issue de la manifestation

Entrée Libre

TOURNAI – Séminaire Épiscopal

Mercredi 29 mai 2019 à 15h00

PUERI CANTORES

Audition des jeunes élèves de la classe de chant d’Éric Dujardin

Entrée Libre