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sommaire 1 Végétarisme : les nouveaux arguments 5 Flash infos sur la santé naturelle 6 Thyroïde : pourquoi êtes-vous si mal soigné ? 10 Diabète de type 2 : tout le monde n’aura pas le courage d’en guérir 14 Randonnée : mieux vaut bien la préparer pour bien récupérer ensuite ! 16 Naturopathie & Traditions : Le basilic sacré, bouclier contre la mort Loïc Le Ribault : l’homme qui faisait parler les grains de sable (1 re partie) Interview Marie-France O’Leary – Méditation et magnétisme : Comment peuvent-ils soigner ? 24 Soleil : l’arme anticancer qu’on éclipse 30 Livres / Agenda / Courrier des lecteurs Et aussi : Comment le sel fait grossir (p. 4) - Après 65 ans, mangez plus de protéines (p. 9) - Soigner son estomac peut rendre obèse (p. 23) - Inspirations : Le pêcheur (p. 29) édito Peut-on faire confiance à la médecine ? Etre rédacteur en chef d’un magazine intitulé Alter- natif Bien-Être, ce n’est pas être « anti-médecine ». C’est chercher une certaine ouverture d’esprit, cher- cher des solutions fiables et sérieuses sur lesquelles la médecine moderne n’a pas jugé utile de s’attarder. Malheureusement, dans bien des domaines fondamentaux, elle n’es- time pas nécessaire de consacrer du temps, au cours du cursus univer- sitaire médical, à l’apprentissage de certaines notions élémentaires. Par exemple, au cours de 9 ans d’études, seules 10 malheureuses petites heures d’enseignement sont consacrées à la nutrition ! Ainsi, les méde- cins français n’apprennent pas non plus à diagnostiquer un déficit en vitamine B6, en acides gras oméga-3 ou encore en vitamine E. Et lors- qu’un examen biologique existe, sa lecture se fait souvent de façon sys- tématique, robotique, sans tenir compte des spécificités des patients. En effet, chaque être humain a sa propre norme et ne pas en tenir compte a déjà abouti à la mort prématurée de centaines de milliers de personnes, faute d’un soin adapté. C’est notamment le cas des problèmes de thy- roïde pour lesquels peu de médecins ont connaissance des véritables difficultés liées au diagnostic et au traitement. Ce n’est pourtant pas un secret ! Des centaines de publications scientifiques tirent la sonnette d’alarme sur ce sujet depuis plus de 10 ans ! Parfois, le traitement lui- même est archaïque. Prenez la carence en fer par exemple ; elle touche 10 millions de Français mais elle est mal traitée chez 9 millions d’entre eux. Dès lors, nous sommes en droit de nous interroger : jusqu’à quel point peut-on faire confiance à la médecine moderne ? Voilà une ques- tion à laquelle chacun a sa propre réponse… Julien Venesson Végétarisme : les nouveaux arguments S’il est un sujet qui suscite des échanges animés, c’est bien la consommation de viande. Notre rapport à l’alimentation en dit long sur nous, et sur notre société. Avec, en arrière- plan, le problème de l’élevage industriel. LE « FRANKENBURGER » TOUT DROIT SORTI DU LABORATOIRE L ondres, le 5 août 2013. Les médias ont les yeux braqués sur un steak que s’apprêtent à consommer deux goûteurs, sans doute légèrement méfiants… Car il ne s’agit pas de n’importe quelle viande ! Elle ne provient pas directement d’un animal mais a été produite en laboratoire, de ma- nière totalement artificielle. Elle a nécessité quelques cellules souches bovines, mises en culture sur un milieu nutritif chargé en hormones de croissance, en antibiotiques et en antifongiques pour éviter les contamina- tions, pour obtenir des fibres musculaires. Après l’ajout de quelques ingrédients – cha- pelure, sel, poudre d’œuf, jus de betterave et safran – pour donner à l’ensemble de la couleur et de la texture, la première viande in vitro a pris forme. À l’origine de cette créa- tion, Mark Post, un chercheur Hollandais de l’université d’Eindhoven, qui a consacré 1 LE JOURNAL D’INFORMATION DES SOLUTIONS ALTERNATIVES DE SANTÉ JUILLET 2016 N°118

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1 Végétarisme : les nouveaux arguments5 Flash infos sur la santé naturelle6 Thyroïde : pourquoi êtes-vous si mal soigné ?10 Diabète de type 2 : tout le monde n’aura pas le courage

d’en guérir14 Randonnée : mieux vaut bien la préparer pour bien

récupérer ensuite !16 Naturopathie & Traditions :

Le basilic sacré, bouclier contre la mort Loïc Le Ribault : l’homme qui faisait parler les grains de sable (1re partie) Interview Marie-France O’Leary – Méditation et magnétisme : Comment peuvent-ils soigner ?

24 Soleil : l’arme anticancer qu’on éclipse30 Livres / Agenda / Courrier des lecteursEt aussi : Comment le sel fait grossir (p. 4) - Après 65 ans, mangez plus de protéines (p. 9) - Soigner son estomac peut rendre obèse (p. 23) - Inspirations : Le pêcheur (p. 29)

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Peut-on faire confiance à la médecine ?Etre rédacteur en chef d’un magazine intitulé Alter-natif Bien-Être, ce n’est pas être « anti-médecine ». C’est chercher une certaine ouverture d’esprit, cher-cher des solutions fiables et sérieuses sur lesquelles la médecine moderne n’a pas jugé utile de s’attarder.

Malheureusement, dans bien des domaines fondamentaux, elle n’es-time pas nécessaire de consacrer du temps, au cours du cursus univer-sitaire médical, à l’apprentissage de certaines notions élémentaires. Par exemple, au cours de 9 ans d’études, seules 10 malheureuses petites heures d’enseignement sont consacrées à la nutrition ! Ainsi, les méde-cins français n’apprennent pas non plus à diagnostiquer un déficit en vitamine B6, en acides gras oméga-3 ou encore en vitamine E. Et lors-qu’un examen biologique existe, sa lecture se fait souvent de façon sys-tématique, robotique, sans tenir compte des spécificités des patients. En effet, chaque être humain a sa propre norme et ne pas en tenir compte a déjà abouti à la mort prématurée de centaines de milliers de personnes, faute d’un soin adapté. C’est notamment le cas des problèmes de thy-roïde pour lesquels peu de médecins ont connaissance des véritables difficultés liées au diagnostic et au traitement. Ce n’est pourtant pas un secret ! Des centaines de publications scientifiques tirent la sonnette d’alarme sur ce sujet depuis plus de 10 ans ! Parfois, le traitement lui-même est archaïque. Prenez la carence en fer par exemple ; elle touche 10 millions de Français mais elle est mal traitée chez 9 millions d’entre eux. Dès lors, nous sommes en droit de nous interroger : jusqu’à quel point peut-on faire confiance à la médecine moderne ? Voilà une ques-tion à laquelle chacun a sa propre réponse…

Julien Venesson

Végétarisme : les nouveaux argumentsS’il est un sujet qui suscite des échanges animés, c’est bien la consommation de viande. Notre rapport à l’alimentation en dit long sur nous, et sur notre société. Avec, en arrière- plan, le problème de l’élevage industriel.

LE « FRANKENBURGER » TOUT DROIT SORTI DU LABORATOIRE

L ondres, le 5 août 2013. Les médias ont les yeux braqués sur un steak que

s’apprêtent à consommer deux goûteurs, sans doute légèrement méfiants… Car il ne s’agit pas de n’importe quelle viande ! Elle ne provient pas directement d’un animal mais a été produite en laboratoire, de ma-nière totalement artificielle. Elle a nécessité quelques cellules souches bovines, mises en culture sur un milieu nutritif chargé en hormones de croissance, en antibiotiques et en antifongiques pour éviter les contamina-tions, pour obtenir des fibres musculaires. Après l’ajout de quelques ingrédients – cha-pelure, sel, poudre d’œuf, jus de betterave et safran – pour donner à l’ensemble de la couleur et de la texture, la première viande in vitro a pris forme. À l’origine de cette créa-tion, Mark Post, un chercheur Hollandais de l’université d’Eindhoven, qui a consacré

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plusieurs années de travail à sa mise au point. Il en est persuadé, dans quelques temps, la viande synthétique sera courante, quand les méthodes de production auront été optimisées et les coûts ratio-nalisés. Car ce steak-là a coûté très cher : 290 000 euros, financés par le géant Google.

L’idée ne date pas d’hier ; en 1932, dans son livre Thoughts adventures, Winston Churchill écrivait : « Dans cinquante ans, nous échapperons à l’absur-dité d’élever un poulet entier afin de manger le pec-toral ou l’aile, en cultivant ces pièces séparément dans un milieu approprié… » On atteint sans doute là le rêve ultime de l’industrie agro-alimentaire : se débarrasser des contraintes liées aux animaux, ces êtres vivants dont la croissance n’est pas toujours prévisible et qu’il faut ménager pour répondre aux normes du bien-être animal…

Cette viande synthétique, en évitant le sacrifice d’un animal, serait-elle le moyen de réconcilier végétariens et omnivores ? Rien n’est moins sûr… Mais une tendance est nette dans notre société : la consommation de viande décline. Horrifiées par les conditions d’élevage industriel et d’abattage du bétail, de plus en plus de personnes se détournent des produits carnés, avant tout pour des raisons éthiques. Le végétarisme porte des valeurs morales très fortes ; renoncer à tout un groupe alimentaire, riche sur le plan nutritionnel, associé à un plaisir gustatif certain et auquel nous sommes générale-ment habitués depuis notre plus jeune âge, a de quoi susciter l’admiration, voire de la culpabilité chez ceux qui ne font pas le même choix. Et des débats passionnés sont inévitables entre ceux qui revendiquent la légitimité des omnivores que nous sommes à manger de la viande et ceux qui aime-raient voir leurs choix personnels se répandre dans la société ; débats qui finissent souvent par déraper quand les uns traitent les autres d’extrémistes, qui les taxent en retour de « monstres sans cœur ».

IL EST IMPOSSIBLE D’ÊTRE VÉGÉTARIEN !

D ans un livre 1 récemment paru, le philosophe Andrew Smith, de l’université de Drexel aux

États-Unis, lance un pavé dans la mare en clamant que le végétarisme n’existe pas. A priori, son point de vue peut sembler curieux… Précisons d’emblée qu’il ne défend pas la consommation de viande, qu’il a lui-même mise de côté depuis de nom-breuses années.

Le végétarisme se base sur une conception selon laquelle il est acceptable de manger certains êtres vivants, les végétaux, qui ne sont pas sensibles alors que consommer des êtres vivants sensibles, les animaux, ne l’est pas. Mais les choses sont fi-nalement plus complexes. Si elles ne souffrent pas de la même manière que les animaux, les plantes sont des êtres de perception et de communication, comme on le découvre depuis quelques décennies. Lorsque la chenille Pieris rapae s’attaque à une feuille d’arabette des dames (Arabidopsis thaliana), elle la fait bouger légèrement, ce qui provoque des vibrations acoustiques. Des chercheurs ont enregis-tré ces sons, puis les ont diffusés à des plantes… Pour constater que celles-ci percevaient le signal, et y répondait en fabriquant des composés chimiques pour se défendre 2.

Gorgées de molécules toxiques pour l’insecte, les feuilles deviennent impropres à la consommation. Les chenilles passent leur chemin. En revanche, le souffle du vent, ou la présence d’un insecte non menaçant ne modifie pas le comportement des ara-bettes. Elles sont ainsi en mesure non seulement de capter les signaux, mais également de déterminer s’ils représentent un danger pour adapter leur ré-ponse à la situation.

Autre stratège végétal redoutable, le tabac Nicotia-na attenuata. Il produit, quand il se fait grignoter par des chenilles, des petits poils sécrétant un dé-licieux liquide sucré, auquel elles ne peuvent pas résister… Mauvaise idée ! Après s’en être repues, elles émettent une odeur qui attire de redoutables fourmis prédatrices, lesquelles ont tôt fait de les éli-miner et ainsi d’écarter la menace pour la plante.

Les végétaux sont en outre capables de s’échanger des informations ; qu’une antilope s’attaque à un acacia et le voilà qui sécrète une hormone vola-tile pour avertir ses congénères du danger. En ré-ponse, les arbustes fabriquent des tanins toxiques pour l’animal. Inutile de multiplier les exemples, ils sont légion ! Ainsi, pour Andrew Smith, le vé-gétarisme ne peut baser tout son argumentaire sur cette distinction entre des êtres sensibles d’un côté et d’autres qui ne le seraient pas. Il nous invite à l’empathie envers tous les êtres vivants, y compris les plantes, et dénonce nos pratiques agricoles qui conduisent à un « écocide » et sont destructrices pour la vie en général.

Il défend une vision plus cyclique que linéaire de la chaîne alimentaire, où les plantes se nourrissent

1. Andrew F. Smith. A Critique of the Moral Defense of Vegetarianism. Palgrave Macmillan US, 2016.2. H.M.Appel,R.B.Cocroft.Plants respond to leaf vibrations caused by insect herbivore chewing. Oecologia. 2014; 175(4): 1257–1266.

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également d’animaux (dont nous faisons partie !), par l’intermédiaire de leurs déjections ou de leurs cadavres qui alimentent le sol. Nous ne sommes ainsi pas au sommet de la chaîne alimentaire – il n’en existe pas, puisque c’est un cercle – chacun mange et est lui-même mangé. D’où son assertion que personne ne peut se déclarer végétarien.Ce n’est pas parce que les plantes sont capables de ressentir des choses que manger des animaux de-vient plus acceptable moralement. Mais on le sent bien, la ligne est floue. Est-il par exemple plus justi-fié de manger une plante qu’une huître ? Ou qu’un insecte ? Établir une échelle de valeur du vivant reste donc un exercice hasardeux et parfaitement arbitraire.

ÇA RESSEMBLE À LA VIANDE, MAIS ÇA N’EST PAS DE LA VIANDE !

S i elles sont nécessaires, ces réflexions sur le vivant ne nous aident pas toujours à savoir

quoi mettre dans nos assiettes à l’heure du déjeu-ner. Le steak in vitro de Mark Post ne fait pas très envie, et n’est pas plus disponible que la viande que cherchent à mettre au point certaines start-up comme « Modern Meadow », à partir d’impri-mantes 3D… Une autre solution, déjà accessible, apparaît sous les traits du « simili-carné ». La pre-mière boucherie végétarienne française qui en pro-pose a ouvert ses portes l’année dernière à Paris. En lieu et place des pièces traditionnelles de viande trônent des steaks, escalopes, brochettes à base de protéines végétales issues soja, du blé (seitan), ou de champignon (Fusarium venenatum). Ces pro-duits sont également disponibles dans les super-marchés classiques et en magasins bio, le marché est en plein développement et la gamme ne cesse de s’étoffer. Goût agréable, pratiques à utiliser… Il faut tout de même être très attentif à leur composi-tion : la base végétale ayant un goût fade, elle est agrémentée de différents ingrédients pour relever sa saveur et certains de ces produits présentent une longue liste d’additifs. Ils ont tendance à être sucrés (environ un morceau de sucre pour un steak végé-tal de 100 g), salés, et ne sont pas exempts de ma-tières grasses parfois présentes sous forme d’huile de palme. Et bien sûr, il faut veiller à ce que le soja qu’ils contiennent ne soit pas génétiquement modi-fié. Ils sont rarement adaptés au régime sans gluten car ils incluent du blé pour la plupart, et certains in-tègrent des produits animaux (œufs et lait), excluant leur utilisation pour les végétaliens.

Si ces aliments peuvent répondre aux attentes des végétariens par rapport à la question de la souf-france animale, ils ne remplissent pas les objectifs de préservation de l’environnement. Ces produits sont très transformés et, à l’heure actuelle, il y a peu de soja cultivé en France (seulement 40 000 ha, dans le sud-ouest et l’est du pays) et donc de fortes chances qu’il ait été importé. Procédé de fa-brication, transport, stockage réfrigéré, l’ensemble consomme eau et énergie… Pour un impact écolo-gique non négligeable.

MANGER EN ACCORD AVEC SON PATRIMOINE GÉNÉTIQUE

O mnivore ou végétarien, et si, au final, nos habitudes de consommation finissaient par

s’inscrire au cœur de notre patrimoine génétique ? C’est ce que semblent indiquer les résultats d’une récente étude 3 indo-américaine qui s’est intéressée aux différentes formes d’un gène, FDAS2.

Notre organisme a besoin de deux acides gras es-sentiels, l’acide linoléique (un oméga-6) et l’acide alpha-linolénique (un oméga-3) présents dans des produits végétaux de notre alimentation, huiles et graines. À partir de ceux-ci, le corps est capable, sous l’action d’enzymes, de former des oméga-3 et des oméga-6 à longue chaîne qui ont des fonc-tions biologiques majeures. Ces graisses à longues chaînes se retrouvent aussi naturellement dans les graisses animales et c’est dans cette catégorie qu’on trouve les fameux EPA et DHA des poissons gras.

La plupart des études scientifiques ont montré que les végétariens et les végétaliens qui ne mangent pas de poisson ont tendance à avoir des taux d’oméga-3 à longue chaîne anormalement bas. Mais pas tous ! Au sein des populations traditionnellement végé-tariennes depuis plusieurs générations, une forme particulière du gène FDAS2 est apparue pour facili-ter la transformation des acides gras à courte chaîne en acide gras à longue chaîne. Ainsi certaines per-sonnes seraient donc génétiquement bien adaptées à une alimentation majoritairement végétale alors que d’autres non. C’est le cas dans la ville de Pune, en Inde, où le régime alimentaire est végétarien de-puis des générations et où l’on constate que 70 % des habitants possèdent la version mutée du gène FDAS2 qui confère cet avantage. Dans la popula-tion européenne, seuls 17 % des adultes possède-raient cette « bonne » version du gène.

3. Kumar S.D. Kothapalli1 et al. Positive selection on a regulatory insertion-deletion polymorphism in FADS2 influences apparent endogenous synthesis of arachidonic acid. Mol Biol Evol (2016).3

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Mais pourquoi ce gène est-il présent chez 70 % des habitants de Pune ? Parce que notre génome s’adapte à notre environnement. Il se façonne avec le temps. C’est donc en mangeant végétarien qu’on peut espé-rer donner à ses enfants et petits-enfants cet avantage génétique. Mais en attendant que cette adaptation soit faite, une mauvaise transformation des acides gras à chaîne courte expose alors à un risque plus élevé de maladies inflammatoires comme l’arthrose ou la dégénérescence cérébrale. Pourtant cette mu-tation génétique n’est pas nouvelle, elle a été iden-tifiée chez l’Homme Néanderthal et chez l’Homme de Denisova (qui vivait il y a 1 million d’années).Mais comment identifier le type d’alimentation adapté à son patrimoine génétique ? Tout simple-ment en faisant l’essai et en observant son état de santé, ses niveaux de forme et d’énergie.

DES CONDITIONS D’ABATTAGE QUI DOIVENT ÉVOLUER

D es vidéos montrant des actes de cruauté sur des animaux d’élevage au moment de leur abat-

tage ont récemment suscité un vif émoi dans notre pays. Comment en est-on arrivé là ? Cadences sou-tenues imposées par des contraintes de rentabilité, salariés qui se coupent de leurs émotions devant le spectacle quotidien de la mort d’animaux et ne par-viennent plus à ressentir la moindre empathie… En cherchant à proposer de la viande toujours moins chère aux consommateurs, en se focalisant sur les questions sanitaires et en laissant de côté le respect des animaux, les dérives semblent inévitables.

L’abattage du bétail en France souffre de nombreux maux. Bon nombre d’abattoirs ont fermé ces der-nières années, avec un effet de concentration dans de plus grosses structures et un éloignement des fermes, qui implique un transport sur de nombreux kilomètres, très stressant pour les animaux.

Face à cette situation, la solution proposée par l’asso-ciation L214 qui a diffusé ces vidéos est d’arrêter de consommer de la viande. Une solution bien sûr ra-dicale, difficile à imaginer à l’échelle de l’humanité. Et qui – cruel dilemme – conduirait à la disparition des espèces d’animaux domestiques destinés à notre alimentation, qui n’existent pas à l’état sauvage !

Existe-il des alternatives ? Les éleveurs sont les premiers à dénoncer ce système ; ces femmes et hommes qui s’occupent de leurs animaux, de leur naissance à leur envoi vers la structure qui les met à mort, sont soucieux du sort qui leur est réservé. Mais ils n’ont aucun droit de regard sur ce qui se passe entre les murs de l’abattoir. Les voix s’élèvent ainsi pour réclamer le droit d’abattre à la ferme, comme ce fut le cas dans le passé, et de ne plus déléguer cette étape. Et certains n’ont pas attendu le feu vert de l’Etat et le pratiquent déjà, se mettant dans l’illégalité.Un collectif est né, « Quand l’abattoir vient à la ferme », lancé par Jocelyne Porcher, sociologue à l’INRA, en partenariat avec des éleveurs, des vé-térinaires et des associations de défense des ani-maux. L’un des objectifs est de promouvoir les abat-toirs mobiles qui se déplacent de ferme en ferme, comme cela existe dans d’autres pays, en Autriche par exemple. Moins de stress pour les animaux, qui restent là où ils ont toujours vécu, sous le regard vigilant de leur éleveur.

En parallèle, des petits groupes de producteurs lo-caux s’associent pour ouvrir leur propre structure d’abattage. Ces initiatives poursuivent un but com-mun : la réappropriation par les éleveurs de ce moment difficile, mais non occulté, pour un abat-tage enfin respectueux. Car nos ancêtres nous l’as-surent : vivre en harmonie avec la nature, ce n’est pas s’en couper, c’est l’accompagner. Avec respect et humilité.

Céline Sivault

Comment le sel fait grossirManger salé procure plus de plaisir mais fait grossir !

Le sel stimule nos papilles et les industriels le savent : ils en mettent partout ! Mais le sel aurait également un effet sur la sensation de satiété. Dans une étude récente, des chercheurs ont

constaté que manger salé augmentait de 11 % la consommation spontanée d’aliments gras pour arriver à satiété. Une habitude qui contribue donc au surpoids.

Sources : Bolhuis DP, Costanzo A, Newman LP, Keast RS. Salt Promotes Passive Overconsumption of Dietary Fat in Humans. J Nutr. 2016 Apr;146(4):838-45. Dieuwerke P. Bolhuis, Lisa P. Newman, Russell S.J. Keast. Effects of Salt and Fat Combinations on Taste Preference and Perception. Chem. Senses (2016) 41 (3): 189-195.

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Un simple antioxydant empêche l’automutilationIl n’existe à ce jour aucun traitement pharmaceutique ou psycholo-gique pour les personnes qui se mutilent la peau de manière compul-sive, un trouble psychiatrique grave. D’après une récente étude, une supplémentation de N-acétylcystéine (précurseur naturel du gluta-thion dans notre organisme, un puissant antioxydant) à raison de 1200 à 3000 mg par jour réduirait de manière significative ce com-portement. Le résultat serait visible au bout de 12 semaines.

Source:GrantJE,ChamberlainSR,ReddenSAandal.N-AcetylcysteineintheTreatmentofExcoriationDisorder:ARando-mized Clinical Trial. JAMA Psychiatry. 2016 Mar 23.

Brûlures d’estomac : Helicobacter impliqué même quand il est absent !Les brûlures d’estomac et les ulcères sont souvent provoqués par une bactérie : Helicobacter pylori. Mais qu’en est-il quand cette dernière n’est pas détectée ? Des chercheurs suisses viennent de démontrer que dans ces cas, Helicobacter Pylori est quand même responsable, dans 50 % des cas ! Cela s’expliquerait par le fait que cette bactérie est capable de se « cacher » et d’échapper aux détections classiques. Une découverte qui est le fruit de l’utilisation d’une technique de diagnostic de biologie moléculaire complexe : la réaction en chaîne par polymérase.

Source:KissS,ZsiklaV,FrankA,WilliN,CathomasG.Helicobacter-negativegastritis:polymerasechainreactionforHelico-bacter DNA is a valuable tool to elucidate the diagnosis. Aliment Pharmacol Ther. 2016 Feb 17.

Cette vitamine diminue de 60 % le risque de cancer de la vessieDans une méta-analyse qui a rassemblé plus de 90 000 per-sonnes, celles qui avaient les taux les plus élevés de vitamine D dans le sang avaient moins de risque d’avoir un cancer de la vessie : un taux supérieur à 74 nmol/l (30 ng/ml) diminuerait ce risque de 60 %. Pour atteindre un tel seuil en dehors des pé-riodes d’ensoleillement prononcé (été), une supplémentation à hauteur de 4000 UI par jour de vitamine D3 est nécessaire pour 90 % des adultes.

Source:ZhaoY,ChenC,PanWandal.ComparativeefficacyofvitaminDstatusinreducingtheriskofbladdercancer:Asystematicreviewandnetworkmeta-analysis.Nutrition.2016May;32(5):515-23.

Un lien étroit entre vitamine D et maladie de CrohnD’après une méta-analyse, la concentration de vitamine D dans le sang est étroitement liée à l’avancée de la maladie de Crohn : plus elle est installée, plus le taux de vitamine D est bas. Une supplémen-tation serait probablement bénéfique aux malades.

Source:SadeghianM,SaneeiP,SiassiF,EsmaillzadehA.VitaminDstatusinrelationtoCrohn’sdisease:Meta-analysisofobservationalstudies.Nutrition.2016May;32(5):505-14.

Une bactérie traite la parodontitePour soigner l’inflammation des gen-cives, les dentistes retirent générale-ment les bactéries qui prolifèrent à la base des dents grâce à un détartrage. D’après une méta-analyse, la méthode serait encore plus efficace avec une supplémentation du probiotique Lac-tobacillus reuteri. On observerait une réduction des saignements et de l’in-flammation en 2 semaines seulement.

Source:Martin-CabezasR,DavideauJL,TenenbaumH,HuckO.Cli-nical efficacyofprobioticas anadjunctive therapy tonon-surgicalperiodontaltreatmentofchronicperiodontitis:Asystematicreviewand meta-analysis. J Clin Periodontol. 2016 Mar 11.

Radiothérapie anticancer : elle donne aussi le cancer !D’après une méta-analyse, suivre une radiothérapie contre le cancer de la prostate peut certes être efficace mais un effet secondaire surprenant est fréquent : la radiothérapie augmen-terait de 3,8 % le risque d’avoir par la suite un cancer de la vessie, de 4,2 % un cancer colorectal et de 1,2 % un can-cer du rectum.

Source : Wallis CJ, Mahar AL, Choo R and al. Second malignancies after radiotherapy for prostate cancer: systematic reviewandme-ta-analysis. BMJ. 2016 Mar 2;352:i851.

Les trois huiles qui endorment la rhinite allergiqueSi vous souffrez de rhinite allergique, des chercheurs chinois viennent de mettre au point un traitement d’aro-mathérapie qui aide à déboucher le nez, améliorer le sommeil et diminuer la fatigue : mélangez des huiles essen-tielles de bois de Santal, de géranium et de Ravensare, diluez le tout à 0,2 % dans de l’huile d’amande, versez 1 ml sur un coton et respirez pendant 5 mi-nutes matin et soir pendant 7 jours.

Source:ChoiSY,ParkK.EffectofInhalationofAromatherapyOilonPatientswith Perennial Allergic Rhinitis: A Randomized ControlledTrial. Evid Based Complement Alternat Med. 2016;2016:7896081.

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F l a s h i n f o s s u r l a s a n t é n a t u r e l l e

Thyroïde : pourquoi êtes-vous si mal soigné ?Votre thyroïde fait des siennes ou vous pensez que c’est le cas ? Bienvenue dans un parcours du combattant médical !

UNE PRISE DE SANG QUI RACONTE N’IMPORTE QUOI !

Q ue vous suspectiez des problèmes de thyroïde ou que vous en ayez déjà, vous êtes proba-

blement touché par différents symptômes (voir en-cadré) dont ni les médecins ni les médicaments ne semblent venir à bout. Ceci d’autant plus qu’il est fort probable que les prises de sang prescrites af-fichent toujours le même résultat : aucune anoma-lie sérieuse détectée.

Mais les médecins n’ont pas toujours utilisé les prises de sang : dans les années 1960, les méde-cins spécialistes des hormones tel le réputé Dr Bro-da Otto Barnes , avaient une connaissance très fine des manifestations cliniques des pathologies thy-roïdiennes et s’appuyaient sur elles pour diagnos-tiquer tout dysfonctionnement. Sans aucune prise de sang ils pouvaient savoir si un malade manquait d’hormones ou s’il en avait trop ; simplement grâce à un interrogatoire et à un examen physique.

Tout a changé dans les années 1970, avec l’appa-rition du dosage de la TSH, de la T3 et de la T4, trois hormones majeures. La TSH est une hormone produite par le cerveau qui contrôle la production d’hormones par la thyroïde : si la glande n’en pro-duit pas assez, elle augmente sa production pour donner l’ordre « produis plus d’hormones ! » ; si elle en produit trop, elle baisse sa production pour don-ner l’ordre « produis moins d’hormones ! ». Quant à la T3 et la T4, il s’agit des deux hormones ac-tives produites par la glande thyroïde elle-même. Ce sont ces hormones qui jouent un rôle biologique dans tout notre organisme.

L’utilisation de la prise de sang s’est rapidement gé-néralisée, probablement car on pensait qu’elle per-mettrait d’éviter les erreurs de diagnostic. Malheu-reusement, les chercheurs constateront quelques dizaines d’années plus tard que beaucoup de résul-tats donnés par cette mesure sont faux !

1. Hypothyroidism, the unsuspected illness,1976,DrBrodaOttoBarnes,HarperCollins.

ANOREXIQUE OU OBÈSE ? C’EST PAREIL !

L ors de la prise de sang on regarde les niveaux de T4, de T3 et de TSH, mais généralement

on ne retient que la valeur de la TSH. Pourquoi ? Parce que cette dernière est produite par le cerveau et qu’il est particulièrement rare que ce contrôle li-béral dysfonctionne. En théorie, cela signifie donc que la mesure de la TSH est un examen extrême-ment fiable.

La valeur normale de TSH affichée sur une prise de sang faite dans un laboratoire français est générale-ment située entre 0,5 et 5 (parfois 4,5). Il s’agit tout de même d’une différence d’un facteur dix entre le chiffre le plus haut et le chiffre le plus bas. Appliqué au poids, le même raisonnement signifierait donc que si l’on considère que 50 kilos est un poids nor-mal, alors 500 kilos aussi est un poids normal ! Un peu comme si être anorexique ou obèse était com-parable ! Pour comprendre cette absurdité il faut retracer l’histoire de cette prise de sang.

PLUS OU MOINS MALADE SELON L’ÉPOQUE…

P ersonne ne possède la carte du corps humain qui permettrait de savoir exactement quelle

valeur doit avoir une constante biologique pour être considérée comme « normale ». Pour établir les normes la médecine a donc toujours procédé de la même manière : on recrute plusieurs milliers de personnes qu’on considère comme « en bonne santé » ; on mesure leurs niveaux hormonaux ; les résultats les plus bas forment la valeur inférieure de la norme et les résultats les plus hauts forment la valeur supérieure de la norme.

Ainsi, en 1970 la norme pour la TSH était com-prise entre 1 et 10 (mUI/L), mais au fil des années les chercheurs se sont rendu compte que leurs

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CE QUE LES PROBLÈMES DE THYROÏDE PEUVENT PROVOQUER

L es problèmes de thyroïde se résument à la manifestation de deux problèmes : soit

un manque, soit un excès d’hormones thyroï-diennes. Comme ces hormones contrôlent quasi-ment toutes les fonctions biologiques (sans elles, nous mourons), les symptômes sont très variés :

• Constipation ou diarrhées• Frilosité ou bouffées de chaleur• Prise ou perte de poids • Tendance à une faim excessive ou diminuée• Sommeil rallongé et peu récupérateur ou in-

somnies• Dépression ou anxiété• Problèmes de libido, de sexualité ou de

menstruation• Rétention d’eau ou urination excessive• Taux de cholestérol élevé• Légers troubles du rythme cardiaque (accélé-

ré ou ralenti)• Douleurs articulaires• Problèmes de mémoire• Anémie par manque de fer• Cheveux affaiblis ou qui tombent• Fatigue importante• CrampesPour couronner le tout, ces symptômes ne se présentent pas de manière isolée, on en a tou-jours plusieurs simultanément.

SOIGNEZ-VOUS VOUS-MÊME

S i vous vous sentez concerné par un problème de thyroïde, que la mesure de votre TSH in-

dique une valeur supérieure à 3 et que votre méde-cin ne fait rien, plusieurs solutions s’offrent à vous : vous pouvez soit rechercher un autre médecin en-docrinologue (spécialiste des hormones) en espé-rant que ce dernier connaisse cette problématique (c’est parfois le cas), soit insister auprès de votre médecin actuel en lui proposant tout simplement un essai de traitement hormonal à petites doses pendant au moins trois mois. À petites doses, un traitement de ce type est effectivement sans risque sérieux mais peut tout changer sur votre état de san-té… C’est aussi un excellent moyen de savoir avec certitude si le problème vient de là ou non.

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20,1 à 5010,1 à 205,1 à 103,1 à 52,1 à 31,1 à 2Taux de TSH (mU/L)

Note : Intervalles sur l’axe horizontal ne sont pas égaux

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premiers échantillons de volontaires comptaient un certain nombre de malades de la thyroïde qui l’ignoraient. De nouvelles études ont donc été me-nées et la norme passa de 0,3 à 6 en 1985. Cela n’a l’air de rien mais il s’agit d’une différence d’un facteur 1,7 entre les deux valeurs supérieures. Entre 1970 et 1985 des milliers de personnes n’ont donc pas été traitées pour des problèmes de thyroïde tout à fait sérieux. Certains se sont même entendu dire que c’était « dans leur tête ».Quelques années plus tard, la norme supérieure est passée à 5, puis à 4,5… En France. Car les chiffres ne sont les mêmes dans tous les pays ! Aux Etats-Unis, la dernière étude faite sur le sujet date de 2002. Elle a porté sur plus de 16 000 personnes très minutieusement sélectionnées. Les résultats de cette étude parlent d’eux-mêmes. Voici ci-dessous la répartition de l’ensemble des valeurs de TSH me-surées chez tous les participants :

On voit très clairement que plus de 90 % des participants ont une TSH située entre 0,5 et 3 ! Un chiffre que l’Association américaine des cli-niciens endocrinologues a appelé à retenir pour le traitement et le diagnostic des problèmes de thyroïde. Mais quand ces experts seront-ils en-tendus ? À l’heure actuelle la France persiste à conserver ses vieilles normes. Un choix qui met en danger la vie et surtout la qualité de vie des personnes concernées…

Parallèlement à ces travaux sur les normes, de nombreuses autres études ont étudié le lien entre niveau de TSH et état de santé. Toutes ces études confirment qu’une TSH supérieure à 3 a diverses conséquences à plus ou moins long terme : aug-mentation du risque cardiaque, fragilité face à la dépression, augmentation du surpoids et du risque de diabète, etc. Des conséquences qui aboutissent souvent à la prise de multiples mé-dicaments mais sans résultat probant puisque la cause est ignorée !

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Si votre problème de thyroïde est déjà avéré mais que le traitement ne vous permet pas de vous sen-tir exactement « comme avant », voici quelques conseils qui devraient vous permettre de résoudre le problème :• Demander à essayer le LEVOTHYROX en gouttes.

Chaque goutte contient 5 microgrammes de thy-roxine, une dose très faible qui permet un ajus-tement aisé et précis du traitement.

• Demander la prescription d’une dose un peu plus large que celle habituelle (par exemple 10 gouttes si vous prenez habituellement 25 micro-grammes). Cela vous permettra ensuite d’ajus-ter votre dosage légèrement (quelques gouttes) à la hausse ou à la baisse sans nécessairement retourner chez le médecin pour une nouvelle prescription. Trouver la bonne dose demande en effet plusieurs mois et parfois plusieurs années d’ajustements.

• Mélanger prise de sang et analyse de vos symp-tômes. Avec le médecin vous devez d’abord atteindre un dosage qui vous permette de vous situer dans la norme du laboratoire (entre 0,5 et 4,5 environ). S’il l’accepte, vous pouvez aussi essayer de viser une TSH entre 0,5 et 3. Mais même une fois ce stade atteint, votre TSH n’est pas forcément à « votre valeur », car comme on l’a vu sur le graphique des chercheurs améri-cains, chacun a sa propre valeur de TSH à la-quelle il n’a plus de symptômes. Observez donc bien votre corps au long de la journée et même la nuit et notez sur une feuille de papiers les symptômes bizarres que vous ressentez au jour le jour. Au bout de quelques jours vous saurez si vous devez augmenter ou diminuer le dosage. À ce stade, ne rajouter ou diminuer le dosage que d’une goutte par jour, l’organisme étant très sensible aux effets de l’hormone. Il n’est pas né-cessaire d’attendre plusieurs mois entre deux ajustements : vous pouvez ajuster la dose toutes les deux semaines sans problème.

• Si votre manque d’hormone est sévère (dosage requis pour être dans la norme supérieur à 75 microgrammes par jour), alors demandez à votre médecin un traitement qui combine à la fois hor-mone T4 et hormone T3 (appelé EUTHYRAL). La T3 est produite en quantité encore plus faible dans notre organisme que la T4 et son déficit n’a pas besoin d’être comblé en cas de traitement à faibles doses de T4 (car la glande produit encore assez de T3). Dans le cas contraire, apporter le mélange de T4 et de T3 peut faire une très grande différence. Attention toutefois : l’ajustement des doses est plus délicat avec ce produit (il faut couper les comprimés avec un coupe-compri-

mé), notamment car la T3 a des effets plus forts que ceux de la T4 et parce que ce médicament n’existe pas sous forme de gouttes.

• Éliminer les symptômes trompeurs. En particu-lier celui du déficit en vitamine D : il n’est pas rare qu’on se sente fatigué mais que le problème ne vienne pas du dosage d’hormones mais d’ailleurs. Le plus souvent cela vient du défi-cit en vitamine D dont le métabolisme change en cas de problème thyroïdien. Dans ce cas on constate généralement que pour faire partir la fatigue, la dose nécessaire d’hormones entraîne paradoxalement des effets secondaires de surdo-sage. Cela provient du fait que la bonne dose est la plus petite mais que c’est la supplémenta-tion en vitamine D qui fera partir la fatigue. La dose moyenne conseillée de vitamine D est de 4 000 UI par jour.

Observez bien entendu les règles de prise de votre traitement : chaque jour, à la même heure, au moins 10 minutes avant de boire une boisson autre que de l’eau et de manger. Les hormones se prennent sou-vent le matin mais elles peuvent en fait se prendre à n’importe quel moment de la journée sans diffé-rence, y compris le soir avant le coucher.

ALIMENTATION ET COMPLÉMENTS ALIMENTAIRES

S urfant sur les difficultés de traitement des pro- blèmes de thyroïde (voir encadré), de nom-

breux vendeurs de compléments alimentaires ont profité de cette opportunité pour mettre au point des formules supposées améliorer le fonctionne-ment de la glande thyroïde.

Autant le dire sans détour : 90 % de ces produits sont des escroqueries et n’ont aucun effet. Les seules substances possiblement utiles en complément ali-mentaire sont le sélénium (utilisé par notre corps pour transformer T4 en T3) et l’iode (utilisée pour fabriquer la T4) ou les plantes qui en contiennent (algues, etc.). Mais la carence sévère en iode est rare en France car on en trouve dans le poisson mais aussi le sel ou les produits laitiers. En cas de supplémentation, attention à la surdose, même pour combler une carence : des doses importantes sur une thyroïde affaiblie peuvent déclencher pa-radoxalement des hyperthyroïdies, beaucoup plus difficiles à traiter et parfois mortelles (pas plus de 150 microgrammes par jour). Le sélénium quant à lui se trouve en abondance dans les noix comme celles du Brésil.

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Certains aliments ont aussi des effets néfastes sur la glande thyroïde en bloquant la captation de l’iode par l’organe. C’est le cas des légumineuses comme le soja, le manioc, le millet ou les choux (broco-li, cresson, etc.). Cette activité antithyroïdienne est très problématique dans le cas où les apports

FAUT-IL ACCEPTER LES HORMONES PRESCRITES PAR LE MÉDECIN ?

P arce que les problèmes de thyroïde sont souvent mal soignés et parce que de nombreux symptômes (ou de nouveaux) peuvent se manifester avec le traitement hormonal prescrit, il n’est pas rare d’incriminer

le médicament, la L-thyroxine.

La L-thyroxine est une hormone bio-identique, c’est-à-dire une hormone fabriquée en laboratoire mais to-talement identique à l’hormone produite par notre organisme. Elle n’a donc en fait aucun effet secondaire. Tous les problèmes qui peuvent survenir avec ce traitement ne peuvent être causés que par deux choses : soit le dosage est inadapté (trop faible ou trop fort), soit le médicament utilisé est un générique mal calibré (les comprimés ne contiennent pas exactement la concentration indiquée sur l’emballage). Ce dernier problème concerne rarement les médicaments génériques mais il concerne souvent ceux pour la thyroïde. En cause : l’effet des hormones à doses infimes, au millième de millième de kilogramme près ! En mai 2010 l’AFSSAPS écrivait aux professionnels de santé (y compris les pharmaciens) pour les sensibiliser à cette problématique mais de nombreux professionnels semblent encore ignorants sur la question. Quoiqu’il en soit, il ne faut pas hésiter à demander le princeps (LEVOTHYROX) pour éviter ce problème.

alimentaires en iode sont faibles par ailleurs. Mais pour quelqu’un qui mange régulièrement des pro-duits de la mer, ces antinutriments ne sont pas assez puissants pour stopper toute l’iode, il n’y a donc pas à s’inquiéter.

Julien Venesson et Magali Walcowicz

Après 65 ans, mangez plus de protéinesLes recommandations officielles semblent sous-évaluer les besoins réels des personnes de plus de 65 ans.

Les autorités sanitaires recommandent actuellement des apports de 0,8 g de protéines alimen- taires pour chaque kilo de poids corporel, chaque jour, pour les personnes âgées. Pour une per-

sonne de 60 kilos, cela représente 48 g de protéines, soit l’équivalent de 200 g de poisson et de 2 œufs. Mais ces chiffres ne sont que des estimations et une nouvelle technique de mesure utilisée par des chercheurs canadiens vient de montrer que les besoins réels seraient très sous-estimés : ils se situeraient plutôt entre 0,94 et 1,24 g de protéines par kilo et par jour. Bien que les proté-ines aient aujourd’hui assez mauvaise presse dans les milieux alternatifs, toutes les études scien-tifiques montrent qu’une consommation trop faible chez les personnes âgées aboutit inévitable-ment à un affaiblissement immunitaire, une perte de masse musculaire et des risques plus élevés de décès en général.

Source:RafiiM,ChapmanK,ElangoRandal.Dietary Protein Requirement of Men >65 Years Old Determined by the Indicator Amino Acid Oxidation Technique Is Higher than the Current Estimated Average Requirement.JNutr.2016Mar9.pii:jn225631.

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Diabète de type 2 : tout le monde n’aura pas le courage d’en guérirVous êtes atteint d’un diabète de type 2 ou d’un prédiabète ? La preuve est faite que vous pouvez vous libérer complètement de la maladie tout à fait naturellement, sans médicaments. Mais serez-vous prêt à relever le défi ?

Qu’est-il advenu des 17 autres volon-taires ? Leur taux de sucre sanguin a bais-sé de manière prodigieuse ! Mais pas tout à fait au point de pouvoir parler de guéri-son. Les chercheurs attribuent cette diffé-rence à l’âge (ceux qui ont guéri avaient en moyenne 52 ans contre 60 ans pour ceux qui n’ont pas complètement guéri) et l’ancienneté du diabète (moins de 10 ans comparativement à plus de 10 ans). Ils pensent également que ces personnes ont besoin de plus de temps pour gué-rir et probablement d’un deuxième ré-gime drastique, à une autre occasion (par exemple 6 mois plus tard).

Ils concluent leur publication scienti-fique par les mots suivants : « Le diabète de type 2 peut maintenant être consi-déré comme un syndrome métabolique potentiellement réversible par une perte de poids importante. Tous les malades ne seront pas capables de faire les chan-gements nécessaires mais pour ceux qui le feront, la santé peut être retrouvée et maintenue en moins d’un an. Ces consta-tions ont de profondes implications pour la santé des malades et pour l’économie du système de santé. »

POURQUOI LE DIABÈTE ?

C e n’est pas pour rien que l’on sur- nomme le diabète de type 2 « dia-

bète gras » : son apparition est très forte-ment influencée par des facteurs comme l’excès de poids et la sédentarité. C’est avant tout une maladie du mode de vie avec, en cause, les habitudes alimentaires

1. Steven S, Hollingsworth KG, Ar-Mrabeh A, et al. Very low calorie diet and 6 months of weight stability in type 2 diabetes: Pathophysiologic changes in responders and non-responders - Diabetes Care. Published online March 21 2016.2. MariaIdaMaiorino,GiuseppeBellastella,andKatherineEsposito-Diabetes and sexual dysfunction: current perspectives - Diabetes Metab Syndr Obes. 2014; 7: 95–105. Published online 2014 Mar 6. doi: 10.2147/DMSO.S36455.3. Centre européen des études du diabète - http://www.ceed-diabete.org/fr/le-diabete/les-chiffres/

ILS NE SONT PLUS MALADES !

J usqu’ici, le diabète de type 2 était considéré comme une maladie dont on pouvait au mieux contrôler l’évolution,

mais incurable. Pourtant, à l’université de Newcastle en An-gleterre, 30 diabétiques très motivés ont accepté de suivre un programme qui s’est avéré redoutablement efficace. Au bout de 6 mois, leur vie a changé : 13 d’entre eux étaient totale-ment guéris et les autres avaient amélioré très nettement leur glycémie 1. Et les chercheurs sont persuadés que s’ils avaient poursuivi l’expérience, les 17 autres auraient également guéri. Il faut dire que la méthode utilisée par les chercheurs était pour le moins radicale. À tel point qu’on se demande ce qui a pous-sé ces malades à se porter volontaires pour cette expérience.

Cette motivation vient peut-être de la connaissance des com-plications du diabète :• Le diabète double les risques de subir un infarctus ou un

accident vasculaire cérébral • Le diabète est la première cause de cécité chez les moins

de 65 ans• Le diabète est la cause principale des troubles de l’érection 2 • Un quart des cas d’insuffisance rénale grave est dû au diabète• 8 000 personnes ont subi en France l’année dernière une

amputation (orteil, pied ou jambe) suite aux complications du diabète 3.

Cette technique radicale préconisée par les chercheurs fut la suivante : se lancer dans une alimentation hyper restrictive, mais de manière temporaire, pendant 8 semaines seulement. Huit semaines à ne manger quasiment rien : entre 600 et 700 kilocalories par jour (au lieu des 2 200 à 2 500 normalement recommandées pour un homme), avec des menus composés de substituts de repas hyperprotéinés, d’un tout petit peu de légumes verts et de beaucoup d’eau. Avec ça, les participants ont perdu en moyenne 14 kilos !

Mais 6 mois après l’expérience et la reprise d’une alimenta-tion normale, 13 personnes n’ont plus un taux de sucre anor-malement élevé dans le sang et n’ont plus besoin de médica-ments : ils n’ont plus le diabète !

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qui font grossir, la consommation d’alcool ou de ta-bac et le manque d’exercice physique. Le surpoids y est intimement associé, chaque kilogramme en trop se paye 5 et 60 à 90 % des diabétiques sont ou ont été obèses.

Au tout début, l’organisme commence par avoir du mal à utiliser l’insuline. L’insuline, l’hormone fabri-quée par le pancréas, est cette clé qui ouvre la porte des cellules pour permettre au glucose d’y entrer et, après chaque repas, la présence de sucre dans le sang provoque une libération d’insuline. Mais le tissu adipeux modifie la façon dont les cellules traitent l’insuline, et lorsqu’il est présent en excès, en particulier au niveau des viscères et des mus-cles, elles y réagissent moins bien et après chaque repas le glucose s’accumule dans le sang, ce qui incite le pancréas à fabriquer encore plus d’insuline puisqu’il en faut plus pour obtenir le même effet. À terme, le pancréas se fatigue et le sucre n’est plus évacué du sang. Il reste présent à des valeurs anor-males : c’est le diabète.

DE LA GRAISSE MAL PLACÉE

C ependant, tous les obèses sont loin d’être dia- bétiques, tandis que certaines personnes qui

ne présentent qu’un très léger surpoids le sont. Comment expliquer un tel phénomène ?

En réalité, l’efficacité de l’insuline varie considérable-ment selon l’endroit où la graisse s’accumule. Celle qui se situe au niveau du ventre est la plus nuisible car

elle peut se loger autour des organes profonds à l’in-térieur de l’abdomen, foie et pancréas notamment. Or, les graisses viscérales augmentent considérable-ment la présence de molécules inflammatoires dans le sang et freinent la communication des cellules. Le tour de taille est d’ailleurs un indicateur simple du risque de diabète : il ne faudrait pas qu’il dépasse 88 cm pour les femmes et 104 cm pour les hommes.

Ce rôle des tissus gras est confirmé par les résultats obtenus par les chercheurs de Newcastle qui ont re-tracé la cascade d’événements physiologiques qui ont lieu après une diète drastique : quand l’orga-nisme ne reçoit pas suffisamment de calories, il doit se servir dans ses propres réserves pour fonctionner et il utilise en priorité les graisses infiltrées dans le foie et le pancréas. Après quelques jours de diète, ils ont constaté que le foie avait perdu en moyenne 30 % de sa masse grasse, ce qui rend les cellules de nouveau sensibles à l’action de l’insuline et ramène le taux de glucose sanguin à la normale. Au bout de quelques semaines, c’est au tour du pancréas de perdre un peu de graisse 6. Et là, pour les diabé-tiques, un seul petit gramme de graisse en moins fait toute la différence. Le pancréas se réveille et peut de nouveau assurer une production adéquate d’insuline 7. Perdre la graisse viscérale est donc la clé pour sortir de la maladie.

CHANGEZ VOS HABITUDES

L e régime hyper strict qu’ont essayé les cher- cheurs de Newcastle peut être difficile à mener

seul, cependant, le principe de perdre suffisamment de poids et de le stabiliser ensuite demeure valable quel que soit le régime envisagé, dès lors que la ra-tion calorique est diminuée et qu’elle demeure in-férieure aux dépenses (voir Alternatif Bien-Être 102 : Pourquoi on rate son régime ?). La meilleure façon de maigrir durablement est de perdre sur une période de 5 à 6 mois. Le régime paléolithique semble être parti-culièrement efficace pour vous débarrasser de vos ki-los en trop et diminuer la graisse viscérale 8, il élimine les céréales, les laitages, les légumineuses, le sucre et les produits raffinés. Le régime méditerranéen est bien adapté également, il permet d’adopter définiti-vement de bons réflexes au quotidien sans imposer aucun interdit car il repose sur une consommation d’aliments variés de très bonne qualité comprenant beaucoup de végétaux.

QUAND S’INQUIÉTER ?

L es symptômes du diabète de type 2 sont rare- ment détectables sans analyse de sang. Cer-

tains signes peuvent vous alerter, en particulier si vous êtes en surpoids, même léger 4 :• Soif fréquente• Envie d’uriner fréquente• Sensation de fatigue générale, en particulier

après les repas• Infections à répétition (gencives, organes géni-

taux, peau)• Processus de cicatrisation ralenti.Au niveau de la prise de sang, un taux de sucre san-guin à jeun supérieur à 1 g par litre est indicateur de la maladie.

4. LogueJ,WalkerJJ,ColhounHM,LeeseGP,LindsayRS,McKnightJA,MorrisAD,PearsonDW,PetrieJR,PhilipS,WildSH,SattarN-Do men develop type 2 diabetes at lower body mass indices than women? Diabetologia. 30 Sept. 2011.

5. DeMutsertR,SunQ,WillettWC,HuFB,vanDamRM.Overweight in early adulthood, adult weight change, and risk of type 2 diabetes, cardiovascular diseases, and certain cancers in men: a cohort study. Am JEpidemiol.2014Jun1;179(11):1353-65.doi:10.1093/aje/kwu052.Epub2014Apr30.

6. LimEL,HollingsworthKG,AribisalaBS,ChenMJ,MathersJC,TaylorR-Reversaloftype2diabetes:normalisationofbetacellfunctioninassociationwithdecreasedpancreasandlivertriacylglycerol.Diabe-tologia. 2011 Oct;54(10):2506-14. doi: 10.1007/s00125-011-2204-7. Epub 2011 Jun 9.

7. SarahSteven,KierenG.Hollingsworth,PeterK.Small,SeanA.Woodcock,AndreaPucci,BenjaminAribisala,AhmadAl-Mrabeh,AnnK.Daly,RachelL.BatterhamandRoyTaylor-WeightLossDecreasesExcessPancreaticTriacylglycerolSpecificallyinType2Diabetes-PublishedonlinebeforeprintDecember1,2015,doi:10.2337/dc15-0750-DiabetesCareDecember1,2015.

8. UMasharani,PSherchan,MSchloetter,SStratford,AXiao,ASebastian,MNolteKennedyandLFrassetto-Metabolic and physiologic effects from consuming a hunter-gatherer (Paleolithic)-type diet in type 2 diabetes - European Journal of Clinical Nutrition,(1April2015)|doi:10.1038/ejcn.2015.39. 11

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Ces deux régimes ont des points communs :Savoir choisir les glucidesLimiter l’apport en glucides est l’élément fonda-mental pour perdre du poids plus facilement et bien les choisir est indispensable pour contrôler la gly-cémie. La consommation d’aliments à index glycé-mique élevé libère rapidement du glucose dans le sang, favorise le stockage de la graisse abdominale et augmente la résistance à l’insuline 14. Choisir des glucides à index glycémique bas est essentiel : des patates douces plutôt que des pommes de terre, du riz basmati plutôt que du riz blanc, des légumi-neuses, des légumes, des fruits.

À noter : l’index glycémique des céréales complètes peut être élevé, parfois pratiquement autant que leur version raffinée. En effet, ces produits peuvent avoir été tellement transformés (cuisson, pulvérisation, grillade, soufflage, etc.) que leur grain est très loin de la céréale d’origine. Par exemple, les galettes de riz soufflé, pourtant composées à 90 % de riz com-plet, présentent un index glycémique très élevé.

Des fibres protectrices Une alimentation riche en fibres protège de l’obé-sité et permet de mieux contrôler la glycémie. Les végétaux permettent de faire le plein, et en particu-lier ceux qui comprennent des fibres solubles car ils ont un rôle régulateur sur le microbiote intestinal dont le rôle serait prépondérant dans le diabète 15. Il s’agit par exemple des fruits riches en pectine comme la pomme, la poire, des légumes comme les haricots, la carotte ou le chou, et également des légumineuses.

Bien choisir les lipidesLes acides gras trans favorisent l’augmentation de la graisse viscérale, ils se reconnaissent dans les produits industriels et les viennoiseries sous l’ap-pellation « graisses hydrogénées » ou « graisses par-tiellement hydrogénées ». De même, un manque d’oméga-3 et un excès d’oméga-6 sont néfastes. Consommez uniquement des huiles d’olive, de colza, de lin ou de cameline, mangez très réguliè-rement des poissons gras : sardines, maquereaux, anchois, harengs et ajoutez quelques oléagineux comme les noix qui font baisser significativement le risque de diabète 16.

CECI VA VOUS AIDER…

Q uelques gestes simples peuvent vous aider à mieux contrôler votre glycémie :

• Si vous appréciez la cuisine épicée, ajoutez du piment dans vos plats. La capsaïcine, respon-sable du goût piquant du piment de Cayenne, augmente la production d’insuline par les cel-lules du pancréas 17. Elle a en outre l’avantage d’être une alliée des régimes minceur car elle augmente le métabolisme et donne facilement la sensation de satiété.

LE SPORT : LA PRIORITÉ

C ’est prouvé : l’activité physique a d’énor- mes bénéfices en cas d’insulinorésis-

tance ou pour contrôler un diabète 9. En fai-sant du sport, la masse grasse diminue pro-gressivement au profit de la masse maigre. Comme ce sont les muscles qui utilisent la majorité du sucre circulant dans le sang, plus la masse musculaire est importante, plus elle consomme de sucre et mieux elle participe à la régulation de la glycémie 10. Le sport opti-mise également l’utilisation de l’insuline par les cellules qui deviennent plus sensibles à son action 11. Le sport joue donc un rôle thérapeu-tique majeur, tout aussi important que celui d’une bonne alimentation 12.

Pour obtenir des effets marquants sur la gly-cémie, il faudrait pratiquer au moins 2h30 d’exercices d’intensité modérée par semaine, le plus efficace semblant être une combi-naison d’exercices en résistance et en endu-rance 13 : musculation, marche, cyclisme, na-tation, aquagym, etc.En pratique, si vous êtes en surpoids avec des habitudes sédentaires, commencez par mar-cher un peu tous les jours, pour parvenir à 30 minutes de marche quotidienne. Choisissez également une activité qui vous plaise que vous pratiquerez par tranche de 30 minutes 3 fois dans la semaine.

9. MiriamReiner,ChristinaNiermann,DarkoJekauc,andAlexanderWoll-Long-term health benefits of physical activity – a systematic review of longitudinal studies - BMC Public Health. 2013; 13: 813. Published online 2013 Sep 8. doi: 10.1186/1471-2458-13-813

10. ThomasDE,ElliottEJ,NaughtonGA.Exercise for type 2 diabetes mellitus. Cochrane Database Syst Rev. 2006 Jul 19;(3):CD002968.11. Hawley JA - Exercise as a therapeutic intervention for the prevention and treatment of insulin resistance. Diabetes Metab Res Rev. 2004 Sep-Oct;20(5):383-93.12. UmpierreD,RibeiroPA,KramerCK,LeitãoCB,ZucattiAT,AzevedoMJ,GrossJL,RibeiroJP,SchaanBD.Physical activity advice only or structured exercise training and association with HbA1c levels in type 2

diabetes: a systematic review and meta-analysis.JAMA.2011May4;305(17):1790-9.doi:10.1001/jama.2011.576.13. SigalRJ,KennyGP,BouléNG,WellsGA,Prud’hommeD,FortierM,ReidRD,TullochH,CoyleD,PhillipsP,JenningsA,JaffeyJ.Effects of aerobic training, resistance training, or both on glycemic control in type

2 diabetes: a randomized trial.AnnInternMed2007;147:357–69.14. Liu S, Chou EL. Dietary glycemic load and type 2 diabetes: modeling the glucose-raising potential of carbohydrates for prevention.AmJClinNutr.2010Sep1-PubMedPMID:20810974.15. FilipeDeVadder,PetiaKovatcheva-Datchary,DaisyGoncalves,JenniferVinera,CarineZitoun,AdelineDuchampt,FredrikBäckhed,GillesMithieux-« Microbiota-generated metabolites promote metabolic

benefits via gut-brain neural circuits »Cell9janvier2014.16. JenkinsDJ,KendallCW,BanachMS,SrichaikulK,VidgenE,MitchellS,ParkerT,NishiS,BashyamB,deSouzaR,IrelandC,JosseRG.Nuts as a replacement for carbohydrates in the diabetic diet. Diabetes Care.

2011Aug;34(8):1706-11.Epub2011Jun29.PubMedPMID:21715526;PubMedCentralPMCID:PMC3142027.17. D.X.Gram,B.Ahren,I.Nagyetal.,“Capsaicin-sensitive sensory fibers in the islets of Langerhans contribute to defective insulin secretion in Zucker diabetic rat, an animal model for some aspects of human

type 2 diabetes,” European Journal of Neuroscience, vol. 25, no. 1, pp. 213–223, 2007.

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18. AllenRW,SchwartzmanE,BakerWL,ColemanCI,PhungOJ.Cinnamon use in type 2 diabetes: an updated systematic review and meta-analysis. Ann Fam Med. 2013 Sep-Oct;11(5):452-9. doi: 10.1370/afm.1517.

19. OstmanE,GranfeldtY,PerssonL,BjörckI.Vinegar supplementation lowers glucose and insulin responses and increases satiety after a bread meal in healthy subjects. Eur J Clin Nutr. 2005 Sep;59(9):983-8.20. Maryam Zemestani, M.Sc., Maryam Rafraf, Ph.D, Mohammad Asghari-Jafarabadi, Chamomile tea improves glycemic indices and antioxidants status in patients with type 2 diabetes mellitus–NutritionDOI:

http://dx.doi.org/10.1016/j.nut.2015.07.011.21. LeidyHJ,TangM,ArmstrongCL,MartinCB,CampbellWW.The effects of consuming frequent, higher protein meals on appetite and satiety during weight loss in overweight/obese men. Obesity (Silver Spring).

2011 Apr;19(4):818-24. doi: 10.1038/oby.2010.203. Epub 2010 Sep 16.22. S.J.Persaud,H.Al-Majed,A.Raman,andP.M.Jones,“Gymnema sylvestre stimulates insulin release in vitro by increased membrane permeability,” Journal of Endocrinology, vol. 163, no. 2, pp. 207–212, 1999. 23. JunYin,HuiliXing,andJianpingYe-Efficacy of Berberine in Patients with Type 2 Diabetes-Metabolism.2008May;57(5):712–717.doi:10.1016/j.metabol.2008.01.013.HuiDong,NanWang,LiZhao,1and

Fuer Lu - Berberine in the Treatment of Type 2 Diabetes Mellitus: A Systemic Review and Meta-Analysis - http://dx.doi.org/10.1155/2012/591654.24. Dong H1, Zhao Y, Zhao L, Lu F - The effects of berberine on blood lipids: a systemic review and meta-analysis of randomized controlled trials. Planta Med. 2013 Apr;79(6):437-46. doi: 10.1055/s-0032-1328321.

Epub 2013 Mar 19.25. DavidJMcIver,AnaMariaGrizales,JohnSBrownstein,andAllisonBGoldfine-Risk of Type 2 Diabetes Is Lower in US Adults Taking Chromium-Containing Supplements - J. Nutr. December 1, 2015 vol. 145 no.

12 2675-2682.26. CefaluWT,RoodJ,PinsonatP,QinJ,SeredaO,LevitanL,AndersonRA,ZhangXH,MartinJM,MartinCK,WangZQ,NewcomerB.Characterization of the metabolic and physiologic response to chromium

supplementation in subjects with type 2 diabetes mellitus.Metabolism.2010May;59(5):755-62.doi:10.1016/j.metabol.2009.09.023.Epub2009Dec22.27. Kai Liu, Rui Zhou, Bin Wang, and Man-Tian Mi - Effect of resveratrol on glucose control and insulin sensitivity: a meta-analysis of 11 randomized controlled trials-AmJClinNutrJune2014ajcn.082024.

• La prise régulière de cannelle pendant 1 à 3 mois pourrait aider à stabiliser significativement la glycémie des diabétiques 18 : saupoudrez ½ cuillerée à café de poudre de cannelle pour par-fumer votre nourriture tous les jours.

• Le vinaigre, grâce à son acide acétique, a aussi tout bon : l’ajout d’un peu de vinaigre au cours d’un repas comprenant des glucides permettrait de diminuer la glycémie dans les heures qui suivent, d’améliorer la réponse à l’insuline et d’augmenter la satiété 19. Il suffit de préparer une vinaigrette avec 2 cuillerées à soupe de vinaigre de cidre pour accompagner une entrée de crudi-tés, à chaque repas.

• Finissez chacun de vos repas avec une infusion de camomille, elle est reconnue pour sa capa-cité à permettre un meilleur contrôle de la gly-cémie. En 8 semaines et à raison de 3 tasses par jour, le niveau de sucre sanguin des diabétiques s’est abaissé, tandis que leur taux d’antioxydants a augmenté, des effets sur le diabète probable-ment liés à la présence de quercétine 20.

Plusieurs plantes et compléments alimentaires sont dotés de propriétés antidiabétiques reconnues et aident à réguler la glycémie :

• Le Gymnema sylvestris Cette plante est utilisée depuis des millénaires par la médecine ayurvédique. Elle a d’étonnantes proprié-tés très appréciables en cas de diabète de type 2 : elle calme l’appétit et facilite la perte de poids 21, elle anesthésie le goût du sucre et vous aide à vous libérer de la saveur sucrée. En outre, après 18 mois de sup-plémentation avec 400 mg de gymnema, elle a dé-montré une amélioration du contrôle de la glycémie après les repas et la stimulation du fonctionnement des cellules du pancréas productrices d’insuline 22. Si vous prenez des médicaments pour contrôler votre diabète, il faudra ajuster les doses au fur et à mesure.

• La berbérineLa berbérine, un alcaloïde tiré des baies de l’épine vinette, améliore la sensibilité à l’insuline et faci-lite le transport du glucose dans les cellules. Son efficacité et son mode d’action sont comparables à la Metformine, le médicament allopathique du dia-bète, effets secondaires en moins 23. En bonus, elle agit aussi sur la régulation des lipides sanguins 24. Par précaution, elle ne doit pas être utilisée sans suivi de la glycémie. Contre-indication : femmes enceintes, enfants. Posologie : 500 mg 2 à 3 fois par jour avant les repas.

• Le chrome Ce minéral antioxydant favorise l’action de l’insu-line en améliorant la sensibilité des cellules et per-met une meilleure absorption du glucose. Il joue aussi un rôle dans la régulation de l’appétit et aide à réduire la masse grasse en conservant les muscles. Consommer un supplément de chrome diminue le risque d’avoir un diabète de type 2 25, et chez les patients mal contrôlés avec des médicaments hy-poglycémiants, il serait intéressant pour combattre l’insulinorésistance 26. La forme la plus efficace se-rait le picolinate de chrome.

• Le resvératrolLe resvératrol est un polyphénol présent dans le rai-sin et le vin rouge. Les études récentes montrent de puissants effets antidiabétiques 27 : diminution de la glycémie et de la résistance à l’insuline.Posologie : 20 mg 2 à 3 fois par jour avant les repas.

Annie Casamayou

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Randonnée : mieux vaut bien la préparer pour bien récupérer ensuite ! Pour que votre randonnée en montagne reste un plaisir, il y a quelques trucs qu’il vaut mieux savoir. Avant de partir randonner… et après.

La randonnée ou la course en montagne sont formidables pour renouer avec la nature, l’effort physique et la beauté de paysages qui se méritent. Néanmoins, nous sommes nom-breux à ne pas suffisamment marcher : notre quotidien trop sédentarisé a déshabitué notre corps de la marche. Plusieurs heures de marche ou de course à pied effectuées avec un fort dénivelé en montagne deviennent alors une épreuve.

Une épreuve dont on se rappelle invariablement au cours des jours suivants sous forme de grosses courbatures ou de douleurs inflammatoires aiguës, au niveau des genoux ou des hanches, qui témoignent du non-respect d’un principe clé : la progressivité.

Plus les courbatures sont importantes, plus elles témoignent d’une atteinte profonde au niveau des muscles, des tendons et des fascias. Parfois même le dépassement des capacités des tissus est tel que des tendinopathies réactives (inflammation en cours d’activité) surviennent en montagne au point de ne plus pouvoir marcher !

CONSEILS POUR PROFITER AU MIEUX DE VOS RANDONNÉES ET TRAILS OCCASIONNELSConseil N°115 jours avant votre départ, marchez au minimum 1 heure par jour, 1 jour sur 2 en effectuant 30 squats au poids de corps toutes les 5 minutes. Cela mimera un peu les montées et les descentes tout en habituant progressivement les muscles, ten-dons et fascias à la marche. Si ce n’est pas possible (bou-lot, rythme de vie surchargé) effectuez 20 squats au poids du corps toutes les 2 heures.

Conseil N°2Pensez à bien automasser l’ensemble de vos jambes et hanches avec un bâton de massage ou un rouleau de mas-sage. C’est important 15 jours avant (je vous le recommande tout le temps), et surtout après vos journées de randonnée ou de trail afin d’améliorer votre récupération.Pour les personnes ayant des problèmes de genou, l’utilisation

du bâton de massage pendant la randon-née ou le trail (il se glisse dans les poches externes du sac à dos) est fortement re-commandée. Quelques aller-retour lors des pauses boisson ou après des passages en côte ou descente fortement sollici-tants autour des genoux (massages des quadriceps, ischios jambiers, fessiers, mollets) feront des miracles.

Conseil N°3L’utilisation de bâton de marche en car-bone (très léger et réglable) est fort utile pour tout le monde pour s’aider des bras lors des côtes et soulager les genoux lors des descentes. De nombreux trailers pro-fessionnels (coureurs de montagne) les utilisent pour ces mêmes raisons, donc pourquoi pas vous ? Personnellement, ils sont toujours dans mon sac à dos depuis 3 ans…

Vous pouvez également faire des auto-massages avec en les faisant glisser sur les muscles qui commencent à être fati-gués et douloureux.

Conseil N°4Si vous croisez un lac d’altitude ou un torrent de montagne, pensez à faire trem-pette des jambes ou même à vous bai-gner. C’est très bon pour éliminer rapi-dement les déchets issus de la marche et des montées/descentes, lutter contre les éventuelles inflammations et favoriser le retour veineux au niveau des jambes. En plus vous repartirez énergisé !

Conseil N°5Lors d’une randonnée/trail, pensez à bien vous hydrater. En moyenne 600 à 750 ml par heure.

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Conseil N°6Même si les vacances sont aussi faites pour se faire plaisir, essayez de garder les repas/collations les plus proches possible des besoins fondamentaux de votre corps : riches en légumes, en protéines et fruits afin de garder un caractère alcalin (qui aide à lutter contre les courbatures et facilite la récupéra-tion). Vous pourrez vous faire plaisir 2 ou 3 fois pen-dant votre séjour avec les spécialités montagnardes si elles vous font envie et si vous les digérez bien, mais n’en abusez pas !

UNE SÉANCE SPÉCIFIQUE POUR PRÉPARER SA RANDONNÉE/TRAIL :

P our bien préparer vos randonnées/trails, effec- tuez la séance suivante 1 à 2 fois par semaine,

2 à 3 semaines à 1 mois avant votre séjour.

Cela mime assez bien les efforts que vous rencon-trerez en montagne.

Échauffement avec mobilisation articulaire et échauffement CTS pendant 10 minutes

Squat d’une jambe sur une chaise. Debout en équi-libre sur une jambe ou avec un léger appui sur le ta-lon de la jambe avant, cherchez à toucher la chaise en basculant bien les fesses vers l’arrière, puis re-montez. Effectuez entre 6 et 15 répétitions (en fonc-tion de votre niveau) en alternant droite et gauche sans vous arrêter, 3 fois. Prenez 1 minute de repos et recommencez une autre série. (Photos 1, 2)

Un pied sur la chaise, propulsez-vous puissam-ment pour idéalement avoir le temps de changer de jambe en l’air et atterrir sur la chaise avec la jambe opposée. Inversez immédiatement et tentez d’effec-tuer entre 20 et 30 répétitions en fonction de votre niveau. Récupérez 2 minutes et recommencez pour 2 autres séries. (Photos 3, 4 et 5)

Effectuez 15 minutes de VTT ou vélo avec gros bra-qués assis ou en danseuse (vous pouvez le faire éga-lement sur vélo stationnaire avec forte résistance).

Finissez par 10 minutes de pédalage tranquille, des automassages avec bâton ou rouleau de massage.

Christophe Carrio www.christophe-carrio.com

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Le basilic sacré, bouclier contre la mortD’après la légende hindoue, Yama, le dieu de la mort, s’incline toujours devant le basilic sacré.

Pourrait-il nous en protéger un peu ? Peut-être, car cette plante semble parfaitement adaptée à un fléau moderne : le stress.

CROYANCES ET LÉGENDE

D ans la religion hindoue, le basilic sacré est l’incarnation de la déesse Tulsi, nommée l’in-

comparable pour son extrême beauté. Amante de Krishna, divinité centrale de l’hindouisme, elle fut transformée en plante suite à une affaire de jalousie amoureuse entre divinités. Les hindous attribuent donc naturellement des vertus sacrées à la plante. Et pour les pratiquants de l’hindouisme, qui dit sacré dit santé. Les propriétés d’une plante ou la guérison font généralement référence au domaine spirituel. Sur ce plan, le tulsi s’élève au même rang que le lotus et le santal, plantes également sacrées. Il semblerait doté de vertus de purification et de protection pour les lieux et les personnes. Pour cette raison, la plupart des temples et des maisons comptent au moins un pied de basilic sacré devant leur seuil. Les vertus purifiantes semblent aussi ap-plicables à l’esprit et aux pensées. Protéger, purifier et clarifier l’esprit, telles semblent être les vertus spirituelles du tulsi.

QUE NOUS DIT L’AYURVEDA ?

L a médecine ayurvédique raisonne en termes d’énergie. Pour les tradipraticiens, le tulsi

tient une place très importante car il équilibre tous les chakras (les centres d’énergie du corps). Leur discours est le suivant : quels que soient les troubles de santé qui nous affectent, le tulsi nous aide à re-trouver la santé. Rien que ça ! On le prescrit donc

pour les maux des plus divers : asthme, bronchite, toux, diarrhée, maux de tête, fièvre, allergies, dou-leurs, fatigue, troubles nerveux… Cette large palette d’indications peut nous faire penser à la famille des plantes adaptogènes telles que la rhodiola, le gin-seng ou l’éleuthérocoque pour les plus connues. Le propre de ces plantes est d’agir de façon non spéci-fique, tout en augmentant notre résistance au stress. Cela crée en quelque sorte une hyper-adaptation à toute sorte de stress, physique ou mental. Les pro-priétés adaptogènes ont été confirmées pour le tul-si. Mais celui-ci se démarque des autres plantes car il vise particulièrement le stress mental qui impacte bien des sphères de la santé…

LES STRESS AU XXIe SIÈCLE

J usqu’il y a peu, notre espérance de vie en bonne santé augmentait constamment, grâce

au progrès de l’hygiène et de la science médicale. Mais depuis 2006, les chiffres dessinent une courbe inverse. Pire, des chercheurs des universités de Stanford et Harvard affirment que face à des condi-tions stressantes au travail, notre espérance de vie peut perdre jusqu’à 33 ans ! On sait aussi que le stress est à l’origine de nombreuses maladies chro-niques ou même aigües. Qui ne s’est jamais senti fragilisé par un événement ou une situation stres-sante qui a ouvert la porte à un virus ou à un torti-colis ? Le stress peut impacter tous les systèmes, la digestion, la glycémie, l’équilibre du cholestérol ou la vitalité générale.

Origine : IndeNom populaire : Tulsi, Tulasi, basilic saint, l’incomparable, reine des herbes, mère de la médecine de la nature (noms évoqués dans un texte antique de médecine ayurvédique datant de 3 000 ans), Holy basil en anglais.Nom latin : Ocimum tenuiflorum (synonyme : Ocimum sanctum)Famille : Lamiacées comme les menthes, la mélisse et les autres basilicsPartie utilisée : partie aérienneComposants actifs : tanins, phénols (dont l’eugénol, l’antidouleur des dentistes présent dans de clou de girofle), sesquiterpènes, monoterpènes, estragole, 1,8 cinéole.Forme d’utilisation : gélules, comprimés, extrait hydroalcoolique, huile essentielle.Indications : anxiété, angoisse, sensibilité au stress, douleurs spasmodiques, fatigue nerveuse, diabète de type 2, troubles de la concentration et de la mémoire, problèmes de sommeil, radiothérapie.

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Le tulsi agit en amont des problèmes, on ne sait pas encore bien comment, mais aussi directement là où il faut. Ses principes actifs très variés sont probable-ment à l’origine de ses innombrables indications. On sait que ses tanins tonifient les tissus et calment les inflammations, que son huile essentielle est anti-bactérienne, antihistaminique, anti-inflammatoire…

La médecine d’avenir se concentrera davantage sur la gestion du stress de tout ordre et il y a fort à pa-rier que le tulsi trouvera de nombreuses nouvelles applications dans les prochaines années.

DES VERTUS BIEN RÉELLES

L es vertus « spirituelles » du tulsi, on y croit ou on n’y croit pas. Mais il est amusant de voir

que les études scientifiques ont démontré des vertus purifiante et protectrice sur l’être humain comme l’avance la tradition hindoue. Une étude très ré-cente a montré un pouvoir radioprotecteur (voir encadré ci-contre) très intéressant en cas de radio-thérapie utilisée contre certains cancers. Lors d’une autre expérience 1, on a montré l’effet protecteur de divers composants antioxydants, notamment des flavonoïdes que contient la plante, pour prévenir les cancers du foie, du poumon et de la peau.

Côté purification, le tulsi s’est aussi révélé être un bon piégeur et nettoyeur de métaux lourds. Enfin, et c’est là que son action apparaît la plus intéressante, c’est un excellent anti-stress. Il apaise le mental tout en favorisant la vigilance et la concentration et modère les conséquences néfastes du stress, no-tamment en freinant la sécrétion par nos surrénales d’une hormone, le cortisol, qui devient excessive en cas de stress chronique.

Comme le basilic aromatique (Ocimum basilicum) ou pistou, le tulsi calme les douleurs d’origine spas-modique mais apporte cette dimension supplémen-taire au niveau mental, et donc potentiellement en amont des spasmes ou des déséquilibres nerveux.

QUAND PRENDRE DU TULSI ?

L e tulsi est toujours utile face à toute sorte de stress. Il permet de retrouver les idées claires,

de mieux se recentrer lorsque les sollicitations ex-térieures nous tiraillent de tous côtés. En cas d’exa-men, de charge de travail intense et surtout dans le cas de fatigue nerveuse, il a toute sa place. Pen-sez à lui dès que vous soupçonnez un lien entre un trouble et un stress mental ou émotionnel. Il peut s’agir d’un problème digestif, d’une insom-nie, d’une hypertension artérielle, de contractures musculaires ou d’une fragilité immunitaire. En cas d’allergie respiratoire il est d’un excellent soutien également. Des études ont aussi montré une effica-cité pour traiter le diabète de type 2 et faire baisser les taux de triglycérides de cholestérol.

COMMENT LE CONSOMMER ?

L es médecins ayurvédiques affirment que la meilleure façon de profiter de ses bienfaits est

sous forme fraiche en infusion. Et ils ont raison ! En effet, elle contient une faible concentration d’huile essentielle très volatile qui supporte mal le séchage. D’autre part, on sait que ses flavonoïdes et autres composants se diffusent très bien dans une infusion classique. Pour profiter des bienfaits de cette plante, le mieux reste donc de la cultiver chez vous afin d’en prélever au besoin. Vous pouvez trouver des graines par exemple ici : www.le-jardin-des-medicinales.com.Sous forme de complément alimentaire, vous le trouverez en gélule ou en comprimés. Suivant la qualité, ces formes seront plus ou moins efficaces. On procède généralement par cure prolongée d’au moins 3 semaines.Enfin, la prise sous forme d’huile essentielle est pos-sible mais la concentration ne permet pas de cures longues. En effet, un surdosage peut être toxique pour le foie, et elle est déconseillée aux femmes enceintes et chez les enfants. En usage interne, consommez 3 ou 4 gouttes par jour mélangées avec un peu de miel durant quelques jours. Vous pouvez aussi en appliquer 1 goutte mélangée à un peu d’huile végétale sur la zone des surrénales.

Nicolas Wirth Naturopathe

1. BaligaMS1,JimmyR,ThilakchandKR,SunithaV,BhatNR,SaldanhaE,RaoS,RaoP,AroraR,PalattyPL.Ocimum sanctum L (Holy Basil or Tulsi) and its phytochemicals in the prevention and treatment of cancer. Nutr Cancer. 2013;65 Suppl 1:26-35. doi: 10.1080/01635581.2013.785010.

2. BaligaMS1,RaoS,RaiMP,D’souzaP.Radio protective effects of the Ayurvedic medicinal plant Ocimum sanctum Linn. (Holy Basil): A memoir. J Cancer Res Ther. 2016 Jan-Mar;12(1):20-7. doi: 10.4103/0973-1482.151422.

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LES EFFETS RADIOPROTECTEURS DU TULSI

L ors d’une étude 2 dont les résultats sont parus début 2016, l’extrait aqueux de la plante s’est

révélé très prometteur dans le cadre de radiothérapie à visée anticancéreuse. Certains composés comme la vicénine et l’orientine, de la famille des flavonoïdes, ainsi que l’eugénol semblent protéger sélectivement les tissus non cancéreux contre les agressions des rayons. Ils ont empêché l’altération de l’ADN des cellules saines, conséquence pourtant habituelle lors des séances de radiothérapie. Durant cette ex-périence, il a été possible d’augmenter les doses de rayonnement pour de meilleurs effets thérapeutiques.

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1re partie

Loïc Le Ribault, l’homme qui faisait parler les grains de sableC’est un des esprits scientifiques les plus brillants de la seconde moitié du XXe siècle. Loïc le Ribault aurait dû connaître une carrière éblouissante. Mais ce spécialiste de sédimentologie, qui a considérablement modernisé les techniques de la police scientifique française, a commis une faute fatale : il a démontré les pouvoirs thérapeutiques d’une substance qui échappe aux autorités médicales et aux laboratoires pharmaceutiques…

Loïc Le Ribault est l’être humain le plus original et le plus créa-tif qu’il m’ait été donné de rencontrer. Né en 1947 et décédé prématurément en 2007, sa vie fut un véritable roman qu’il nous a conté d’ailleurs lui-même dans ses ouvrages autobiogra-phiques. Scientifique de haut niveau comme écrivain de grand talent, docteur ès-sciences, docteur en sédimentologie, inven-teur de l’exoscopie, ancien expert en microanalyse près la Cour d’appel de Bordeaux, ancien expert agréé par la Cour de cassation, titulaire d’une maîtrise de lettres, il fut dans les années quatre-vingt le rénovateur de la police scientifique française, l’homme sans qui de nombreux crimes n’au-raient pu être élucidés. Vous m’accorderez que ce n’est pas rien. Toutefois, il commit un péché mortel : il découvrit le moyen de soigner les maux de ses semblables avec une substance que l’on trouve sur toutes nos plages et qui se nomme la silice organique. Dès lors, il venait d’entrer sans le savoir dans la glorieuse phalange des « savants maudits » et des hommes à abattre.

UN SQUELETTE HUMAIN FLANQUÉ D’UN CHIEN ET D’UN MOUTON

L oïc Le Ribault naquit à Vannes le 18 avril 1947. Dans son merveilleux livre Micropolis, il conte savoureusement

son arrivée en ce monde : « Mon père, professeur de lettres, et ma mère, professeur de sciences naturelles, viennent de me léguer un mélange sensiblement égal de chromosomes lit-téraires et scientifiques, qui m’obligent aujourd’hui encore à me passionner pour tout et déterminent sans doute ce que je persiste à être : un monument de contradictions. »

Sa vocation de chercheur lui est venue très tôt et de manière peu banale. Alors qu’il n’a pas dix ans et que sa famille habite un logement de fonction dans le lycée de Meaux, des ou-vriers installant une chaudière déterrent inopinément dans la cave un squelette humain flanqué de celui d’un chien ou d’un mouton. Loïc et son frère identifient aussitôt cela à une sorte de trésor et se mettent à collectionner les débris d’ossements.

« Mes parents – écrira-t-il – firent tout pour encourager ma vocation. J’ai à peine douze ans qu’ils m’offrent mon premier microscope. Il grossit cent fois et je dé-couvre grâce à lui un monde encore plus merveilleux que celui que me révèlent mes yeux nus : pattes de mouches, ailes de pa-

pillons, brins de laine… Dans ces débris infimes, je sens déjà comme la promesse d’univers in-nombrables à explorer. Je suis fasciné. » Cette fas-cination le mènera loin, puisque Le Ribault étu-diera la sédimentologie à la Faculté d’Orsay, se pas-

sionnera pour la géomorphologie (étude des paysages) puis la biogéographie (étude de la distribution des espèces végétales et animales à la surface du globe et de leur influence sur les paysages).

La curiosité du chercheur est soutenue dans l’aventure exploratrice par un « coup de foudre » dont fut frappé Loïc adoles-cent. Il était tombé amoureux des patelles, ces coquillages en forme de chapeau chinois également appelés berniques.

TOUTE LA MÉMOIRE DU MONDE

O r, ce que Le Ribault ne sait pas en- core, c’est que ces patelles vont le

conduire peu à peu vers les plus formi-dables enquêtes qu’un homme puisse entreprendre dans l’infiniment petit. Car le milieu environnant des patelles, c’est évidemment le sable. Vous et moi croyons

Loïc Le Ribault

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que le sable est quelque chose de très ordinaire. Mais s’il est vrai qu’il est abondant et banal, et pré-cisément pour cela car il est présent dans presque tous les sols, il recèle des trésors insoupçonnés, les traces et les empreintes de tout ce qui l’a traversé, frôlé, effleuré. Comme une fantastique et éternelle mémoire, le sable restitue, à qui sait l’interroger, une invraisemblable multitude d’informations, non seulement sur l’histoire de la nature et le passé de la Terre, mais sur tout ce qui a bougé, vécu, souffert ou tué à son contact, même le plus léger.

Quoi que vous fassiez sur le sable, vous l’oublierez peut-être mais lui ne l’oubliera jamais. C’est pour-quoi Le Ribault pourra établir, en 1988, que les traces trouvées sur la pelle de l’adjudant-chef Pierre Cha-nal venaient du sol dans lequel on a trouvé enterré le corps du jeune Irlandais Trevor O’Keeffe, assassiné à l’âge de vingt ans. Alors commencera l’interminable enquête sur les jeunes soldats disparus du camp de Mourmelon, mais nous n’en sommes pas encore là.

Nous en sommes au moment où l’étudiant Le Ri-bault va transmuter sa passion pour les patelles en une passion pour le sable, toutes les deux ayant d’ailleurs découlé de sa passion pour le micros-cope. Mais un microscope qui grossit mille fois, si merveilleux que cela soit, ce n’est pas assez pour extirper tous les secrets d’un minuscule grain de sable. C’est alors qu’un autre étudiant, qui termine une thèse sur les argiles, lui dit : « Tu devrais essayer le MEB » C’est-à-dire le microscope électronique à balayage. « Et à quoi ça sert, cette bête-là ? » de-mande Le Ribault intrigué. « À grossir 10 000, 20 000, 30 000 fois ! » lui répond son camarade.

Voilà Le Ribault terriblement excité. Quelques jours plus tard, il aura l’opportunité d’être initié au MEB à Orléans par un homme de l’art, durant une petite heure. Peu à peu, à force de travail et de patience, Le Ribault va devenir un expert dans l’utilisation du MEB et bientôt il va créer l’exoscopie, « méthode de détermination de l’histoire sédimentaire des grains de sable par étude de leur surface au microscope électronique à balayage ». Six mois plus tard, il pré-sente sa première communication à l’Académie des Sciences. Il a 24 ans.

En décembre 1972, il est lauréat de la Fondation de la vocation créée par Marcel Bleustein-Blanchet. Les 10 000 francs du prix sont aussitôt engloutis dans une semaine entière d’utilisation d’un MEB, ce qui lui permet d’achever sa thèse, qu’il passe avec succès en juin 1973. La même année, des chercheurs du monde entier le contactent pour faire analyser leurs échantillons ou pour qu’il accepte de

les former à l’exoscopie. Ses travaux sont traduits en anglais, en allemand, en italien, en japonais, en polonais. Pour de nombreuses industries et activi-tés, l’intérêt de l’exoscopie est tel que Le Ribault va bientôt acquérir, malgré sa jeunesse, une notoriété appréciable dans le monde scientifique.

Il publie en 1977 un livre sur le sujet et un profes-seur de géologie n’hésite pas à écrire : « La publi-cation de cet ouvrage fait plus, pour le maintien du français au niveau de langue scientifique inter-nationale, que tous les discours officiels. » Et les grandes compagnies pétrolières (Fina, Elf, Shell, Total…) seront les premières à demander son aide à Le Ribault. Car, vous l’avez peut-être remarqué, on trouve souvent beaucoup de pétrole dans les pays où il y a beaucoup de sable. Et avant de lancer de coû-teux forages, les pétroliers aimeraient bien savoir si la surface du sol confirme les espoirs qu’ils placent dans le sous-sol. Mais quand il n’y a que du sable, com-ment faire ? Aussi fait-on appel à Le Ribault, qui est à l’époque probablement le seul homme au monde à savoir faire parler les grains de sable. Il consacre-ra quelques années à ces analyses. Toutefois, notre chercheur a d’autres idées en tête. Il voudrait créer un laboratoire public équipé de MEB et de microsondes qui rendrait les plus grands services à l’Etat ainsi qu’à l’industrie. Persuadé qu’on va l’accueillir comme le messie, il fait la tournée des ministères, laisse partout des dossiers probatoires et, bien sûr, ne reçoit jamais de réponse… Mais si la France « officielle » le boude, l’Amérique va le découvrir.

En 1979, il est invité à faire une tournée de confé-rences au États-Unis. Au bout de huit jours, on lui propose de réaliser immédiatement aux USA le la-boratoire de ses rêves. Il refuse. (Ce qu’il reconnaîtra plus tard avoir été « la plus grosse bêtise de sa vie »). Car c’est dans son pays qu’il veut réussir ! Hélas, il ne connaît pas encore les ravages du « mal français », si magistralement dénoncé trois ans plus tôt par l’an-cien ministre Alain Peyrefitte, en gros tirage et en pure perte. Parasitée par une multitude de bureau-crates, la France a déjà commencé sa lente glissade vers la déchéance subventionnée. Le Ribault rentre donc au pays et fait une autre tentative auprès de tous les organismes scientifiques officiels. Comme à l’accoutumée, personne ne bouge.

(La suite dans le prochain numéro d’Alternatif Bien-Être).

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“ Les compagnies pétrolièressollicitent sa science ”

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Quelle est votre vision de ce qu’est le magnétisme, et comment ce don vous est-il apparu ?Selon le Larousse, « le magnétisme est un en-

semble de phénomènes que présentent les ma-tériaux aimantés. On rencontre le magnétisme terrestre auquel sont reliés un ensemble de phéno-mènes magnétiques liés au globe terrestre et le ma-gnétisme animal où le corps animal serait réceptif à l’influence des corps célestes et à celle des corps qui l’environnent, de même qu’il exercerait la sienne sur ces derniers. (doctrine diffusée et élabo-rée par F. MESMER au XVIIIe siècle. » Pour moi, tout est magnétisme. L’énergie de l’univers, à laquelle nous sommes reliés corporellement selon la tradi-tion chinoise, est une force magnétique qui œuvre de manière positive ou négative. Nous savons, grâce aux recherches scientifiques, qu’existent des pôles qui, tels des aimants, attirent ou repoussent. Nous-mêmes, dans notre vie, sommes attirés par des personnes de manière inexpliquée ou tout au contraire repoussés. Le magnétisme, c’est la manifestation de l’énergie qui vit en nous. Celle qui attire ou repousse. Le magnétisme, c’est un don de la vie. Une foi et une confiance dans le ciel et la terre, dans l’espace et le temps. Dans la conscience de notre évolution. Le magnétisme, c’est la manifestation de l’énergie, du flux vital qui coordonne notre organisme. Notre souffle qui ins-pire et qui expire, notre respiration, nos rythmes. Qui fait que nous aimons ou que nous n’aimons pas. Tout cela fait partie de l’humain, de son hu-manité. Cela existe depuis l’origine de l’homme. Personne n’a jamais décrété qu’il convenait de poser sa main sur le front de son enfant malade et de le serrer contre soi. Depuis toujours l’homme le fait, et depuis toujours l’homme en a ressenti un bien-être. Je vous touche avec tout mon amour et cela vous fait du bien. Le magnétisme, c’est cette énergie que nous possédons et, quand elle est uti-lisée au service de l’autre, donne du mieux-être, donne de la vie. Une énergie d’amour au service de la vie. Un magnétiseur ne sait pas forcément comment il guérit. Il sent simplement dans son

corps. « J’émets de l’énergie, tu la reçois, mais si tu ne veux pas la recevoir, tu es libre. » Et ça c’est for-midable, car c’est toute notre liberté humaine. Le magnétisme est une énergie que nous captons de l’univers et que nous transmettons à la personne, soit en aposant les mains, par une succession de passes magnétiques, soit par le regard et la visuali-sation de l’aura afin de rééquilibrer l’ensemble de son organisme.J’ai pris conscience de ce don suite à des ennuis de santé. J’avais un fibrome qui devait être opéré et je le refusais. Des amis m’ont parlé d’un acu-puncteur de tradition chinoise, né dans la réserve innue amérindienne de Mashteuiatsh, résidant au Lac Saint-Jean au Québec. Je m’y suis rendue. Cet homme, André, m’a opérée à mains nues. J’ai senti à cet instant mon corps vibrant d’une énergie lé-gère, tel un courant électrique impulsant de la vie dans chacune de mes cellules. J’étais guérie.

Mon corps vibrait d’une énergie nouvelle qui s’éveillait dans chaque partie de mon corps. Je me suis sentie à cet instant reliée à des courants vibra-toires multiples. En revenant dans mon village, Pointe-à-la-Frégate (Gaspésie-Québec), je n’étais plus la même personne. Une jeune dame me de-mandant l’adresse d’André, je sentis dans mes mains un flux d’énergie chaude et quasi brûlante. Elle souffrait d’arthrite. Mes mains soulageaient instantanément huit de ses doigts déformés depuis plus de quinze ans. Me demandant d’où je tirais cette force, je lui répondis : « de la vie ». J’étais journaliste. Quelques mois plus tard, j’abandon-nais ce métier pour orienter mon destin vers ce don qui venait de m’être révélé. Je choisissais d’être magnétiseuse-énergéticienne.

La science reconnaît de plus en plus les vertus de la méditation, mais le magnétisme ne jouit pas d’une telle crédibilité. Comment mesurer son efficacité ?S’il est vrai que la méditation est enseignée et

pratiquée dans quasi tous les continents de notre

INTERVIEW MARIE-FRANCE O’LEARY – ALTERNATIF BIEN-ÊTRE

Méditation et magnétisme : Comment peuvent-ils soigner ?Énergéticienne, écrivaine et conférencière, Marie-France O’Leary est une Canadienne expatriée en Bourgogne depuis plus de vingt ans. Dans son centre de ressourcement, elle pratique et transmet le magnétisme et la méditation thérapeutique. Rencontre.

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planète, selon les pays le magnétisme est aussi de plus en plus reconnu et mis en place au service du patient. C’est le cas en Suisse, Allemagne, États-Unis et dans certains hôpitaux de France. Voici ce qu’écrit sur ce thème Patrice Van Ersel, journaliste et chroniqueur scientifique: « Les scientifiques étu-diant ces pratiques ne sont pas légion : le sujet est tabou. Mais des recherches existent. Ces mains qui soignent, se dit-on, dégagent probablement un genre d’électromagnétisme dont on devrait pou-voir découvrir comment il guérit. Cela rejoindrait le courant de pensée selon lequel une médecine “quantique”, fondée sur les rayonnements, devrait compléter au XXIe siècle la médecine “chimique”, fondée sur les molécules. » Aux États-Unis, citons les recherches du Dr Dolorès Krieger qui publia plusieurs livres sur le sujet, intitulant le magné-tisme « toucher thérapeutique », rapportant les bénéfices de cette technique pour différentes pa-thologies. Grâce à ces travaux, le « toucher thé-rapeutique » est utilisé dans des centaines d’hô-pitaux et d’universités aux États-Unis et ailleurs. Fondée sur une recherche scientifique rigoureuse, cette expression « toucher thérapeutique » est équivalente aux passes ou imposition des mains pratiquées dans des centres de magnétiseurs.

Selon vous, le magnétisme et la spiritualité sont-ils liés ? Pourquoi ?Quand je magnétise, je me sens reliée au ciel,

pas au ciel éloigné de moi mais au ciel vivant en moi. Je suis alors une voyageuse du ciel sur notre terre. Dans ma pratique, je ressens qu’en me reliant à l’énergie du Tout, telle qu’elle est définie et pré-cisée dans la médecine chinoise ou acupuncture, soit l’union du Yin, principe féminin, au Yang, prin-cipe masculin, mes cinq sens se trouvent éveillés à des fréquences vibratoires qui me donnent une perception plus vaste de l’univers. Plus consciente. Dès mon enfance, j’ai été guidée vers la spirituali-té, passant de longues heures à étudier des textes inspirés de différentes traditions, tant chrétiennes que bouddhistes ou musulmanes. Une spiritualité vécue dans la chair me relie à l’univers, et si, en méditation, je vis un sentiment d’unité et de trans-mutation des énergies, il en est de même dans le magnétisme : cette énergie cosmique que je capte, que j’écoute et qui passe par moi au service de l’autre, cherche à l’unifier en le rééquilibrant : il y a communion entre nos cinq sens et l’ensemble de ce qui existe, soit la matière visible et invisible. Chaque séance de magnétisme me relie, comme le disent mes amis amérindiens, au Grand Esprit. En cela, magnétisme et spiritualité ont un diapa-son commun.

Dans la perception collective, la spiritualité est généralement liée à la religion. Peut-on pratiquer l’une sans l’autre ?La spiritualité est définie en tant que concept

dégagé de toute matérialité. La religion est un en-semble de croyances et de dogmes définissant le rapport de l’homme avec un ou des dieux, et le sacré. La spiritualité est une recherche de l’éner-gie originelle et du sacré sans dogmes. La religion donne un enseignement et il est essentiel d’en suivre les règles. Combien d’humains vivent une spiritualité sans religion ! La spiritualité ouvre notre conscience au delà du monde physique et nous per-met d’entrer librement en relation avec le mystère de la création. La religion nous révèle qu’il y a un Dieu et que nous sommes ses créatures et donc res-ponsables devant lui. Nous pouvons être spirituels et ne pratiquer aucune religion. Nous pouvons être religieux et spirituels. Il va de soi que les pratiques de l’une comme de l’autre touchent notre intimité et peuvent se pratiquer indépendamment.

Quelle influence peut avoir la spiritualité sur notre vie ? Méditer et prendre conscience de ses racines

spirituelles peut changer le cours d’une vie. Nous ressentons que la vie est un tout et que si nous sommes sur terre, c’est pour transformer les éner-gies qui nous sont confiées afin d’être alchimistes de notre destin. Nos vies ressemblent à des contes et les épreuves sont présentes pour nous ap-prendre à lâcher prise et à savoir transmuter l’évé-nement, aussi dramatique soit-il. En cela, la spiri-tualité nous permet de ne pas nous enfermer dans notre psyché et de nous relier aux énergies d’un AMOUR inconditionnel de l’être qui, par notre don à notre destin, saura nous sortir du labyrinthe où l’épreuve nous a conduit.

Dans votre livre, « Le corps, centrale d’énergie », vous écrivez : « Je souffre, je suis malade, sans le vouloir j’ai inversé un processus d’harmonie, car je ne connais pas les lois profondes qui me régissent. » Pensez-vous que la source de nos déséquilibres soit en nous ?Je pense effectivement que tout est en nous.

La maladie est un appel à vivre autrement une attitude qui nous sclérose : par exemple, si je sais me fabriquer un kyste de quatorze centimètres de long sur quatorze centimètres de large, soit je subis une opération sans interrogation, soit j’es-saie de comprendre comment j’ai enfanté cette énergie destructrice et pourquoi je me suis laissée emprisonner par la maladie. J’en cherche le sens. Je pars de l’hypothèse que nous sommes émet-

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teurs et récepteurs d’énergie. Par conséquent mon corps est porteur de courants vibratoires multiples et chacune de mes sensations porte un message unique : comment l’entendre, que veux-tu me dire ? Parler à son mal, écouter ses rêves, ses in-tuitions, se faire seconder et se prendre en mains. « Aide-toi, le ciel t’aidera. » Selon le Dr Pierre-Jean Thomas-Lamotte, neurologue, « la plupart des ma-ladies que nous développons ont pour origine une émotion inavouée et le simple fait de comprendre ce mécanisme nous permettrait de les éviter. » Plus le mal est grave, plus l’énergie en nous est intense et dynamique : nous avons inversé un pro-cessus généreux d’aller à la rencontre de la vie et nous le retournons contre nous-mêmes. Une at-titude nouvelle sera à trouver, à adopter sans me culpabiliser mais en me responsabilisant, alors un processus de guérison peut commencer.

Si nous sommes, je vous cite, « responsables de ce qui nous arrive », est-il possible, au contraire, d’agir positivement sur nos maladies grâce au magnétisme et à notre propre énergie ?Bien évidemment. Mon corps est mon plus

puissant allié et, par conséquent, un outil de méta-morphose qui me permet de comprendre l’énergie dans laquelle je vis. Mon corps ne ment pas. Le ma-gnétiseur relié aux énergies du Tout se laisse guider par les sensations qu’il reçoit, appose ses mains, perçoit alors l’énergie à réharmoniser, et aide ainsi positivement le ou la patiente à reprendre contact avec sa force vitale. Le pouvoir de la pensée positive alliée au magnétisme est prépondérant, car remon-ter le temps des souffrances qui nous emprisonnent, s’il est douloureux devient ô combien libérateur : il est essentiel de développer de la patience envers soi-même et d’avoir la certitude que nous sommes autant responsables de notre santé que de nos ma-ladies. Que notre énergie nous appartient et que nous avons pouvoir de la modifier : nous sommes réceptifs et créateurs de notre destin.

Dans quels cas le magnétisme est-il efficace et dans quels cas ne l’est-il pas ?Je peux difficilement répondre à cette question

car a priori, quand j’accueille un ou une patiente, je ne sais pas de prime abord comment réagira la personne. Le magnétisme est efficace dans la ma-jorité des cas car l’énergie transmise est au service de la vie et de son équilibre. Il y a quasi immédia-tement un effet de détente, de bien-être et d’apai-sement du mal. Toutefois quand une personne n’est pas réceptive et cela se peut, je lui conseille de sensibiliser son corps en suivant des cours de yoga, tai-chi ou de Qi Gong : ces pratiques développent

une sensibilité proche du magnétisme et aident à ressentir l’énergie.

Combien de temps doit être pratiqué le magnétisme pour être efficace ? Est-ce en relation avec la gravité des cas ?En premier lieu, une prise de contact s’établit

avec le magnétisé. Selon la pathologie de la per-sonne, il y aura un minimum de trois à six séances prévues, s’échelonnant sur un à trois mois. Sui-vant la gravité des cas, nous poursuivrons ou non les séances sur plusieurs mois. Si la régularité des séances est nécessaire, il est souhaitable que le ma-gnétisé ait une hygiène de vie prenant en compte l’alimentation et le milieu où il évolue. Nous sa-vons aujourd’hui que le magnétisme est relié aux thérapies naturelles, holistiques et soigne l’humain globalement. Un exemple : le magnétiseur perçoit en apposant ses mains ou en visualisant l’aura, une forte tension au niveau de la tête chez le magné-tisé allongé sur une table de soins. En touchant la partie malade, le corps physique, il peut visualiser une autre énergie déséquilibrée, ou sur le ventre, ou plus précise sur le foie ou les intestins : le ma-gnétiseur travaillera alors et sur le corps physique, le corps émotionnel, et à distance sur le corps éner-gétique. La séance durera le temps nécessaire pour réharmoniser les différentes énergies reliées aux trois corps, soit le corps physique, le corps émo-tionnel et le corps énergétique ou corps spirituel. À aucun moment le patient ne doit interrompre ses traitements médicaux. Le magnétisme est un com-plément privilégié à toute forme de soins car relié aux énergies de l’univers auxquelles nous sommes unis, donnant du sens à notre incarnation ou destin.

Dans quels cas est-il plus judicieux d’utiliser tantôt le magnétisme, tantôt la méditation ? Méditer c’est devenir de plus en plus conscient

de nos pensées, de nos sensations, de l’énergie ori-ginelle, primordiale qui anime notre organisme. Nos pensées surgissent, parfois nos émotions. Selon la position, assise sur un coussin de médi-tation ou zafu, notre corps n’est pas confortable, à vrai dire il est tendu. Puis après quelque temps, quelques semaines de pratique, tout s’apaise en nous et une lumière nous inonde. Nous sommes en paix. L’apprentissage est lent, il exige une rigueur et une grande discipline. C’est aussi une rencontre de soi avec le SOI ou avec son SURMOI. C’est un exercice qui peut se pratiquer seul ou en groupe. Le magnétisme, comme nous l’avons vu, est une rencontre de soi avec l’autre : nous avons besoin d’aide et nous acceptons d’être pris en charge avant de pouvoir nous prendre en charge nous-même.

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Deux approches différentes de la connaissance de soi qui dépendent du besoin, du désir et de la ré-alité physique, psychique et spirituelle de chacun.

Certaines personnes sont-elles plus ou moins réceptives au magnétisme ? Comment l’expliquez-vous ?

Chaque être humain dégage un champ magné-tique vibrant à ses énergies propres et aux énergies de l’environnement. Une personne intuitive et sen-sible sera réceptive au magnétisme. Une personne très rationnelle ou dite cartésienne aura du mal à s’abandonner au mystère de l’imprévisible ou de sensations inconnues qui peuvent surgir au cours d’une séance de magnétisme : elle risque d’avoir peur et posera ses défenses. Puis il y a des maladies où le magnétiseur ne peut pas beaucoup : il est dif-ficile de prédire, selon la complexité de la maladie, telle ou telle issue, car ce qui peut advenir pour une personne peut être contraire pour une autre. Je ne peux l’expliquer que par les différences de nos structures psychiques.

Stages et magnétisme chez Marie France O’Leary Le Beauvais – 58330 Saint-Saulge – 06 11 99 55 42www.nomade-de-la-terre.com

Propos recueillis par Émilie Olag

QUELS SONT VOS CONSEILS, AU QUOTIDIEN, POUR RESTER MAÎTRE DE NOTRE ÉNERGIE ET DE NOS ÉMOTIONS ?1. Rester centré et respirer :

Voici un bon exercice pour instaurer calme et sérénité en soi : inspirer 5 temps, garder 2 temps poumons plein, expirer 7 temps, garder 2 temps poumons vide. Recommencer jusqu’à ce que le calme revienne.

2. Inverser le négatif, lâcher prise, positiver. Savoir gérer un conflit : demander de l’aide si néces-saire. Refuser en soi et autour de soi le malen-tendu.

3. Changer de rythme : la marche, le jogging, le vélo, la natation, la danse. Ou faire silence.

4. Se donner du temps et apprendre à l’orchestrer : cultiver son jardin, cuisiner un bon plat, contem-pler la beauté d’un paysage, d’une œuvre d’art, écouter de la musique ou jouer d’un instrument. Créer de l’inhabituel. Créer du lien. S’étonner soi-même.

5. S’entourer de personnes bienveillantes, joyeuses, développer le rire en famille et entre amis. Se par-ler en s’écoutant.

6. Le matin dire un grand bonjour à la vie et mé-diter. Le soir avant de s’endormir, respirer et se relaxer, pacifier le stress des situations difficiles de la journée. Pardonner et se pardonner.

7. Se donner à son destin avec curiosité et amour. Tenir son journal et avoir un agenda.

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Soigner son estomac peut rendre obèseCertains médicaments pour l’estomac peuvent faire grossir sans changer d’alimentation

Les « inhibiteurs de la pompe à protons », des médicaments qui freinent la sécrétion d’acides gastriques, sont généralement prescrits pour soigner les ulcères et les reflux gastriques. Leur

prise pouvant durer des années, des chercheurs se sont intéressés à leur impact sur la flore intes-tinale : chez des personnes sous traitement depuis plus de 5 ans, ils ont observé une prolifération des bactéries firmicutes, qui ont la capacité d’extraire plus de calories des aliments, par rapport à d’autres bactéries de l’estomac, les bactéroïdetes. À cause de ce déséquilibre, ces personnes ab-sorbent plus de calories de leur alimentation sans manger davantage, et finissent par grossir ! On retrouve un mécanisme identique chez les personnes obèses.

Source : Clooney AG, Bernstein CN, Leslie WD and al. A comparison of the gut microbiome between long-term users and non-users of proton pump inhibitors. Aliment Pharmacol Ther. 2016 May;43(9):974-84.

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Soleil : l’arme anticancer qu’on éclipseAu secours ! Le soleil revient ! Chaque année, la presse occidentale entonne en chœur le même refrain : « Le soleil provoque le cancer de la peau ! » Il convient donc de le fuir à tout prix, ou à défaut, de nous tartiner copieusement de crème anti-UV. Or la science, depuis un siècle, ne dit pas tout à fait la même chose… Heureusement, certains chercheurs ont osé briser le tabou et l’on commence à savoir que le soleil prévient et même soigne une foule de maladies, dont le cancer… À condition d’en faire bon usage. Voici donc le vrai mode d’emploi de ce remède universel.

LE SOLEIL, PAS VRAIMENT CANCÉRIGÈNE ?

C ela fait plus de quarante ans qu’on vous le dit : le soleil est un ennemi mortel ! Les politiques

publiques relayées par les grands médias sont una-nimes : il faut se méfier de l’astre lumineux, le fuir quand il est au zénith et s’en protéger à tout bout de champ en se badigeonnant de crème. Le but ? Echapper au mélanome – le cancer de la peau le plus grave – qui serait dû à des expositions répé-tées. Pourtant, ce dernier ne représente que 2 % de la mortalité par cancers. Une cause de décès rare, donc. En revanche, un discours aussi alarmiste est loin d’être anodin en termes de santé publique. Car en éloignant le soleil de nos vies, nous entravons la synthèse de la vitamine D par la peau sous l’ef-fet des UVB. Le remède pire que le mal ? C’est ce que pensent bon nombre de scientifiques spécia-listes de la vitamine D, estimant que l’exposition au soleil éloigne de nombreux cancers, y compris… le mélanome ! Ce rôle anticancer du soleil a été remarqué dès 1980 par deux médecins militaires, les frères Garland, qui avaient observé une corré-lation négative entre le niveau d’ensoleillement et l’incidence des cancers du côlon et du sein. Dans la foulée, le Dr William Grant, ancien scientifique de la NASA et fondateur du Sunlight, Nutrition and Health Research Center, aboutissait aux mêmes conclusions à l’aide de grandes séries statistiques. À partir de 2008, ces chercheurs concluaient que le rayonnement solaire protège du cancer du sein et du poumon. Depuis, la liste des cancers prévenus par le soleil n’a cessé de s’allonger, s’enrichissant notamment des cancers de la prostate, des ovaires, du pancréas ainsi que des lymphomes.

En France, l’alarme a été sonnée par Brigitte Houssin, médecin généraliste spécialisée en micronutrition et

en ostéopathie. Dans un ouvrage qui fera date, So-leil mensonges et propagande publié en 2010 1, elle jette un pavé dans la mare : « Conséquence d’un ex-cès d’éviction solaire, le déficit de vitamine D favo-rise la survenue des cancers ». Rien d’étonnant à ce que, malgré les campagnes de diabolisation du so-leil, le nombre de mélanomes ait triplé en vingt ans. « On observe une hausse continue du nombre de nouveaux cas depuis 40 ans parmi les populations blanches de différents pays », reconnaît, en France, l’Institut national du cancer lui-même, estimant que « le nombre de nouveaux cas de mélanome cutané dans le monde devrait encore doubler d’ici à ces 20 prochaines années ». Sommes-nous tous concer-nés ? « Ce cancer de la peau, le plus agressif, en aug-mentation depuis 1970, atteint surtout les personnes à peau très claire, aux yeux bleus, aux cheveux roux ou blonds ou ayant des taches de rousseur apparues à l’adolescence », précise Brigitte Houssin. Statisti-quement, son taux de mortalité augmente au fur et à mesure que l’on s’approche de l’équateur, mais seulement pour les Anglais émigrés en Australie, en Nouvelle Zélande ou au sud des Etats-Unis. La tendance est contraire pour les populations autoch-tones. Bien plus que la durée d’exposition, ce se-rait donc autant le manque que les coups de soleil qui favoriseraient ce cancer. C’est pour cela que les personnes à la peau claire – qui arrête moins les rayonnements UV et particulièrement les UVA – doivent faire preuve d’une plus grande prudence que les personnes à peau foncée. À l’inverse, ces dernières doivent s’exposer plus souvent au soleil pour produire de la vitamine D à doses préventives. Cependant, il existe d’autres facteurs de risques pour le mélanome comme une faible consomma-tion de fruits et légumes. Les antioxydants présents dans ces derniers préviennent les lésions de la peau liées aux UVA. Finalement, pour les spécialistes de la question, le taux sanguin de vitamine D apparaît

1. Soleil, Mensonges et propagande,BrigitteHoussin,ThierrySouccaréditions2010.

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aujourd’hui comme un meilleur indicateur sanitaire que le seul niveau d’ensoleillement puisqu’il inclut à la fois la variable de l’ensoleillement, celle du type de peau et celle du comportement face au soleil. En effet, si les peaux claires sont plus fragiles face au soleil, elles sont également vingt fois plus perfor-mantes pour produire de la vitamine D ! Ce phéno-mène explique à la fois la vulnérabilité des commu-nautés à peau foncée dans les régions nordiques et celles des peaux blanches dans les zones proches de l’équateur. On ne peut donc pas se contenter d’un message simpliste d’éviction solaire…

« ÉVITER L’EXPOSITION AU SOLEIL EST AUSSI DANGEREUX QUE FUMER »

D ’autant plus que même les peuples nordiques ont besoin du soleil… En avril 2016, des cher-

cheurs suédois ont publié les conclusions d’une étude menée pendant plus de vingt ans auprès de 29 000 de leurs compatriotes dans le Journal of In-ternal medicine 2. Les femmes s’exposant souvent au soleil avaient une espérance de vie supérieure de deux ans en moyenne et un risque de décès plus faible toutes causes confondues : « Les femmes ayant des habitudes d’exposition active au soleil avaient principalement une diminution du risque de maladie cardiovasculaire (MCV) et de décès par cancer et maladie cardiovasculaire par rapport à celles qui évitaient l’exposition. » Plus surprenant encore, « Les non-fumeurs qui évitaient l’exposition au soleil avaient une espérance de vie semblable aux fumeurs dans le groupe le plus exposé au so-leil, ce qui suggère qu’éviter l’exposition au soleil est aussi dangereux que fumer ». Et en cas de cancer déclaré ? Des chercheurs de l’université de San Diego parmi lesquels les frères Garland, précurseurs de l’analyse des liens entre vi-tamine D et cancer, ont voulu savoir si la vitamine D jouait encore un rôle favorable 3. Dans les bases de données internationales, ils ont trouvé cinq articles scientifiques regroupant 4 440 femmes atteintes de cancers du sein, mettant en évidence une forte cor-rélation entre la concentration de vitamine D dans le sang et la survie. Les patientes ayant des taux sanguins élevés de vitamine D (au moins 30 ng/ml) avaient deux fois plus de chance de survivre que celles qui avaient de bas niveaux (17 ng/ml). En conclusion de leur étude publiée en 2014, les au-teurs rappelaient que les taux de décès par cancer sont plus bas dans les régions des Etats-Unis qui re-çoivent le plus d’UVB.

Comment s’explique le rôle de la vitamine D ? Au niveau moléculaire, les métabolites de la vitamine D activeraient une protéine bloquant la division des cellules agressives du cancer. In vitro, les métabo-lites de la vitamine D agissent sur la différenciation cellulaire, l’apoptose (la mort cellulaire program-mée) et l’angiogenèse (la création de nouveaux vais-seaux sanguins alimentant les tumeurs). En 2016, des chercheurs de l’Université de Stanford aux États-Unis ont publié les résultats d’une expérience montrant que des souris ayant un régime pauvre en vitamine D pendant 10 semaines développaient des tumeurs palpables environ 7 jours plus vite que les autres 4. De plus, la recherche a mis en lumière un lien direct entre un bas niveau sanguin de vitamine D et l’expression du gène ID1, lequel est associé aux métastases. Chez 34 patientes atteintes de cancer, les chercheurs ont remarqué que celles qui avaient de bas niveaux de vitamine D exprimaient plus le gène ID1, associé aux métastases, dans les tissus tumoraux que celles ayant un taux normal. « Notre étude montre qu’une carence en vitamine D (…) ou une incapacité des cellules tumorales à répondre de façon appropriée à la présence de la vitamine D est suffisante pour inciter les cellules cancéreuses à devenir métastasiques » a expliqué Brian Feldman, auteur de ces travaux.

QU’EST-CE QUI VOUS FAIT ROUGIR ?

C omment tirer profit du soleil sans courir de danger ? Certainement pas en se tartinant de

crème protectrice comme le préconisent des cam-pagnes publiques menées en Australie depuis qua-rante ans. Dans ce pays où la population majoritai-rement blanche était particulièrement touchée par le cancer de la peau, la coutume de se couvrir de crème au moindre rayon non seulement n’a pas fait reculer le cancer de la peau mais a provoqué le re-tour de l’ostéomalacie, le rachitisme de l’adulte lié à un déficit sévère de vitamine D. Il existe pourtant un critère simple et 100 % fiable pour déterminer la dose thérapeutique de soleil, sans effets secon-daires : le rougissement. Pour une personne de type celtique prenant un bain de soleil en milieu de jour-née en Europe du Nord, ce seuil peut être atteint en dix minutes et suffit à produire la quantité de vi-tamine D nécessaire à l’organisme. Cependant, au nord de la latitude correspondant à Malte, la syn-thèse de vitamine D est négligeable, surtout en zone urbaine entre novembre et avril, sauf en altitude. Plu-sieurs recherches conduisent à la recommandation

2. Avoidance of sun exposure as a risk factor for major causes of death: a competing risk analysis of the Melanoma in Southern Sweden cohort. Lindqvist PG1, Epstein E2, Nielsen K3, Landin-Olsson M4,IngvarC5, Olsson H6.JInternMed.2016Mar16.doi:10.1111/joim.12496.

3. MohrSB,GorhamED,KimJ,HofflichH,GarlandCF.Meta-analysis of Vitamin D Sufficiency for Improving Survival of Patients with Breast Cancer.AnticancerRes.2014Mar;34(3):1163-6.4. Williams JD, Aggarwal A, Swami S, Krishnan AV, Ji L, Albertelli MA, Feldman BJ. Tumor Autonomous Effects of Vitamin D Deficiency Promote Breast Cancer Metastasis. Endocrinology. 2016 Apr;157(4):1341-7.

doi: 10.1210/en.2015-2036.

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que, pour obtenir une dose thérapeutique de soleil, il convient de s’exposer, sans protection, entre 30 et 60 % du temps pro-voquant le rougissement (Cf. Le vrai mode d’emploi du soleil). Evidemment, au fur et à mesure que la peau s’habitue au so-leil, cette durée doit être revue à la hausse.

GUÉRI POUR AVOIR CASSÉ SES LUNETTES

C es recommandations sont-elles suffisantes ? Non, si l’on en croit l’une des expériences les plus étonnantes me-

nées au sujet des effets de la lumière naturelle sur le cancer. Malheureusement, elle ne fut jamais publiée dans une revue officielle. Il faut dire qu’on ne la doit ni à un scientifique ni à un médecin, mais à un photographe… John Ott 5, créateur pour Walt Disney des premiers films séquentiels mettant en scène la croissance des plantes en accéléré. Voulant photographier des plantes parfaitement immobiles – donc sous abri –, il avait en effet remarqué que celles dont le développement était perturbé sous des serres en verre retrouvaient une croissance normale une fois placées sous des serres en plastique. À la différence du verre, le plastique ne filtre pas les UV. John Ott mit alors au point des lampes reconstituant les longueurs d’ondes de la lumière du soleil dans des proportions équivalentes.

ANTICANCER, MAIS PAS SEULEMENT…

S ans nier les risques d’une exposition excessive, Brigitte Houssin, auteur de Soleil, mensonges et pro- pagande, a recensé plusieurs milliers d’études prouvant qu’en s’exposant régulièrement au soleil aux

beaux jours, on prévient et on traite une foule de maladies. Côté système musculo-squelettique, le soleil protège non seulement du rachitisme et de sa forme adulte, l’ostéomalacie, mais également de l’ostéoporose, de l’arthrose et de l’arthrite. Il donne une meilleure force musculaire et diminue le risque de chute. Sur le plan métabolique, il évite le surpoids, le syndrome métabolique, le diabète et les lésions rénales qui y sont liées. Sur le plan cardiovasculaire, il éloigne la perspective d’accident vasculaire cérébral et divise par deux le risque cardiaque en améliorant les contractions du cœur et en évitant l’hypertension et l’athérosclérose. Il protège également contre la vascularisation excessive de la rétine qui entraîne la plupart des pathologies ocu-laires, notamment la dégénérescence maculaire liée à l’âge. Côté immunité, il accroît la résistance aux infec-tions et éloigne la grippe, les infections ORL et la tuberculose. Il fait reculer les maladies auto-immunes ou à composante inflammatoire comme le diabète de type 1, les maladies rhumatismales, l’asthme et les maladies inflammatoires de l’intestin. Son rôle dans la prévention de la sclérose en plaques et dans l’amélioration du statut des malades est de mieux en mieux connu. Enfin, à doses thérapeutiques, il améliore la qualité de la peau : l’acné, l’eczéma atopique et le psoriasis seraient nettement améliorés voire guéris à la suite d’exposi-tions à des doses thérapeutiques de soleil. La vitamine D liée au soleil améliore la fertilité, notamment en évi-tant les ovaires polykystiques et en limitant le risque de pré-éclampsie de la femme enceinte. Elle favorise une meilleure détoxification par le foie et les intestins. Enfin, elle régule les gènes d’une douzaine de protéines qui servent au développement du cerveau. C’est peut-être pourquoi elle prévient également l’autisme et la schizophrénie quand la mère a suffisamment pris le soleil au cours de la grossesse. Des statistiques montrent que l’autisme a augmenté corrélativement au début de la recommandation d’éviter le soleil… Un bon taux de vitamine D est également relié à une prévalence diminuée des maladies d’Alzheimer et de Parkinson, tan-dis qu’une supplémentation améliore ses dernières en cas de maladie déclarée. Côté psy, le soleil améliore l’humeur et les performances intellectuelles et fait reculer la dépression.

Elles seules permettaient une croissance harmonieuse des végétaux en intérieur. Par la suite, il mena plusieurs études dans des élevages ainsi qu’en milieu scolaire et eut la confirmation qu’une lumière plein spectre favorisait la santé. Comme il souffrait de fatigue chronique, d’infec-tions respiratoires et d’une arthrite de la hanche l’obligeant à marcher à l’aide d’une canne, il entreprit de se soigner en quittant pour quelques semaines Chi-cago et sa grisaille pour le soleil de Flo-ride. John Ott portait des lunettes depuis l’enfance et commençait à se dégarnir. Après trois semaines à la plage, il n’avait pas eu d’amélioration. Mais de retour à Chicago, il cassa ses lunettes et fut contraint de sortir en plein soleil sans verre correcteur pendant plusieurs jours. Rapidement, il remarqua une régression de son arthrite et une amélioration de sa mobilité articulaire. Son état s’améliorant rapidement, le photographe en déduisit qu’à l’instar des végétaux sous serres de

5. JohnOtt,Health and light,ArielPress,Alpharetta,USA.

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verre, il avait été privé des bienfaits du soleil par ses lunettes. Il retourna en Floride une semaine, s’exposa en plein soleil ou demeura à l’ombre d’un arbre sans porter de lunettes et guérit définitive-ment. Il retrouva une chevelure abondante et ne devait plus porter de corrections, sauf pour lire de très petits caractères, jusqu’à la fin de ses jours en 2000 à l’âge de 90 ans.

En 1959, John Ott fut sollicité pour participer à une étude sur les effets de la lumière sur les cancéreux. Selon ses préconisations, un médecin du Bellevue Medical center de New York proposa à quinze ma-lades un protocole de thérapie solaire. Pendant les mois d’été, ils devaient passer autant de temps que possible dehors, sans porter ni lunettes de vue ni lu-nettes de soleil et devaient éviter autant que possible les éclairages artificiels et la télévision. À la fin de l’été, quatorze patients sur quinze ne présentaient pas d’extension de leur cancer et plusieurs d’entre eux avaient eu une amélioration. Le quinzième avait continué de porter ses lunettes… Pensant dispo-ser d’éléments suffisants pour poursuivre leurs re-cherches, John Ott et le médecin en charge de l’ex-périence soumirent un projet d’études aux autorités médicales… Qui ne donnèrent pas suite. Cependant, un autre médecin mena une expérience similaire sur une lignée de souris de laboratoire qui développent spontanément des tumeurs cancéreuses. Un groupe était éclairé par des tubes fluorescents à dominante rosée, un autre par des tubes « lumières du jour », un autre à la lumière solaire. Les souris soumises à la lu-mière rose développèrent des cancers un mois avant celles éclairées par les tubes « lumière du jour » et trois mois avant celles exposées à la lumière natu-relle. Cette étude fut refusée à la publication…

À l’appui de ses théories sur les dangers des verres de lunettes, John Ott relatait cette anecdote : alors qu’il se trouvait fortuitement aux côtés de Rhé-na Schweitzer, la fille du Dr Albert Schweitzer, la conversation s’engagea au sujet de la santé des ha-bitants de Lambaréné, au Gabon, où son père avait ouvert un hôpital. Rhéna Schweitzer lui raconta qu’à l’arrivée du futur prix Nobel de la paix, le cancer n’existait pas, mais qu’il était devenu depuis un pro-blème de santé publique. Eclairé par son expérience, John Ott lui demanda si les autochtones avaient adopté les lunettes solaires. La réponse était affirma-tive : les autochtones n’avaient pas tellement changé leurs habitudes au contact des Blancs, sauf pour les lunettes solaires. Celles-ci étant perçues comme une marque de civilisation, ils s’étaient mis à les porter en toutes circonstances, mêmes quand ils ramaient sur leurs pirogues, vêtus d’un simple pagne…

LA MEILLEURE PROTECTION, C’EST CELLE QU’ON N’UTILISE PAS !

L es lunettes de soleil favorisent-elles le cancer ? John Ott le pensait même s’il n’a pas pu le

prouver formellement. Il n’en demeure pas moins que ces accessoires de mode pourraient bien être l’une des plus dangereuses de nos protections. En diminuant l’éblouissement, elles provoquent en effet l’ouverture de la pupille, ce qui, dans le cas où la filtration UV est insuffisante, expose la rétine à des rayonnements plus importants qu’en l’absence de lunettes… Cela, tous les fabricants de lunettes anti UV respectant la norme CE le re-connaissent, arguant que, eux, garantissent la pro-tection de cette partie du spectre la plus dange-reuse… Il reste que d’un point de vue scientifique, il est généralement admis que l’œil est connecté par le système nerveux à la glande pinéale, char-gée de la sécrétion de mélatonine, l’hormone du sommeil. Située entre les deux oreilles, elle pro-duit cette hormone dans les moments d’obscurité,

CRÈMES SOLAIRES, PLUS DE MAL QUE DE BIEN

F aut-il éteindre un incendie ou cou- per le signal d’alarme ? Il semblerait que

la crème solaire relève plutôt de la seconde stratégie, d’après Brigitte Houssin : « Les crèmes solaires donnent une fausse sécurité. Elles em-pêchent la survenue du coup de soleil. Avec elles plus de rougeur cutanée, ce merveilleux indica-teur que la peau n’en peut plus. » Résultat, on reste plus longtemps au soleil et les autres com-posantes du spectre lumineux agressent les cel-lules de notre peau sans que nous nous en ren-dions compte. Deuxième problème, elles nous privent des UVB qui sont précisément respon-sables de la synthèse de la vitamine D. En effet, elles ne filtrent qu’une partie du rayonnement, les UVB et la partie des UVA dont les longueurs d’onde sont les plus courtes. « Par bonheur, la plupart des utilisateurs ne mettent pas assez de crème solaire pour générer l’ensemble des in-convénients qu’elles occasionnent », commente la spécialiste. « Ils parviennent tout de même à faire de la vitamine D… » Pourquoi ne pas faire plus simple, non polluant et gratuit : bannir les filtres et se mettre à l’ombre ou se couvrir avant de rougir ?

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permettant un sommeil réparateur, et cesse de la produire au bout d’une demi-heure d’exposition à une lumière intense. Le méca-nisme fonctionne même chez les aveugles, sauf en cas d’ablation des yeux. Or plusieurs longueurs d’onde sont nécessaires à cette in-hibition de la mélatonine, parmi lesquelles les UV que nos lunettes solaires les plus oné-reuses s’emploient à filtrer efficacement pour protéger notre rétine… Mais la protéger de quoi au juste ? Dans les conditions de lumière intense comme une banquise en plein soleil ou les sommets enneigés de l’Himalaya, les humains se sont toujours parfaitement adap-tés. Quand le ciel était sans nuages, les Es-kimos portaient traditionnellement devant leurs yeux une protection constituée d’un os de phoque fendu à l’horizontale. Ces lu-nettes « primitives » protègent l’œil contre la réverbération intense de la lumière sur la banquise, mais sans modifier les proportions du cocktail lumineux. Même chose pour les crins de yack dont on couvre les yeux des en-fants chez les caravaniers du Népal lorsque le ciel est sans nuage et les pentes enneigées. Les spectateurs du film Himalaya l’enfance d’un chef n’auront pas manqué d’observer, lors de la scène où le soleil inonde les gla-ciers de lumière, que seuls les enfants voient leurs yeux protégés par des poils de yack. Les adultes, eux, s’en passent…

Informés de ces données, bon nombre de naturistes estiment que la meilleure des pro-tections, c’est celle qu’on n’utilise pas ! Non seulement pour la peau mais aussi pour l’œil. « Il est très bénéfique d’habituer ses yeux à se passer de lunettes de soleil », indique Da-mien Downing, médecin nutritionniste an-glais auteur de Du bon usage du soleil 6 : « Un chapeau ou une casquette qui donnent de l’ombre aux yeux devraient être une protec-tion suffisante pour une personne en bonne santé et qui a une alimentation juste. » Ecou-tant ces préconisations, plusieurs journalistes dont l’auteur de cet article ont testé l’arrêt conjoint des crèmes et lunettes solaires. Ré-sultat : une durée d’acceptation du soleil par la peau considérablement allongée, sans uti-lisation de crème, quel que soit le type de peau. Petite précision : nous étions adeptes de la diète paléolithique et mangions beau-coup de fruits et légumes, souvent crus…

Emmanuel Duquoc

6. Du bon usage du soleil,DrDamienDowning,Jouvenceéditions2006.

SOLEIL : MODE D’EMPLOI• Bannissez les crèmes et autres écrans solaires : ils

bloquent les UV responsables de la synthèse de la vi-tamine D et privent la peau de son signal d’alarme : le rougissement. Ne les utilisez qu’en cas d’incapa-cité à vous protéger par des vêtements, casquettes et chapeaux.

• Cherchez la douceur du soleil, pas sa brûlure : pour cela, limitez votre temps d’exposition à environ la moitié du temps provoquant le rougissement de votre peau, sans filtre, si possible sans lunettes, même cor-rectrices et en exposant la plus grande surface de peau possible. Ce temps variant en permanence, fiez-vous à vos sensations : transpiration abondante, chaleur excessive, brûlure ou vertige sont le signe qu’il est temps de mettre votre peau à l’ombre.

• Exposez-vous le moins vêtu possible tout au long de l’année afin de fabriquer de la vitamine D.

• Ne cherchez pas à bronzer : l’exposition à la lu-mière du soleil n’a pas besoin d’être intense pour fabriquer de la vitamine D. Par beau temps en été, à l’ombre légère d’un parasol ou d’un arbre ou bien habillé de vêtements légers non occultants, la lu-mière est encore suffisante pour permettre à la peau de fabriquer de la vitamine D sans risquer de coups de soleil. Mais inutile de s’exposer trop longtemps, car passé un certain seuil d’exposition, la fabrication de la vitamine D s’arrête.

• Déshabituez-vous progressivement des lunettes de soleil : dans le meilleur des cas, elles filtrent les UV et privent le cerveau de l’information lumineuse permet-tant au corps de s’adapter à la lumière. Dans le pire, elles assombrissent la lumière visible et provoquent une dilatation de la pupille, exposant la rétine à une quantité encore plus importante d’UV. En cas de sen-sibilité particulière, le sevrage doit être progressif.

• Protégez vos yeux à l’ancienne : si nécessaire, proté-gez vos yeux avec chapeaux ou casquettes à visière. D’après la conférencière France Guillain, ce conseil serait valable même en montagne ou en mer, après un temps d’adaptation, sauf pathologie ou fragilité spécifique. Damien Downing conseille de réserver les lunettes solaires aux situations extrêmes.

• Protégez vos enfants : chapeaux à visière et vê-tements sont de mise à la plage pour les petits en plein soleil. Leurs yeux et leur peau sont fragiles et fabriquent très bien la vitamine D sous un T-shirt.

• Adoptez une alimentation hélio-compatible : une alimentation riche en antioxydants et en oméga-3 a un effet protecteur. Fruits, légumes, huiles riches en oméga-3, poisson, viande et œufs plutôt que lai-tages, céréales à gluten et sucres. Qu’on l’appelle régime Okinawa ou diète paléolithique, c’est la plus adaptative face au soleil.

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Chaque mois Alternatif Bien-Être

vous propose une pensée positive :

ne pas oublier l’essentiel pour mieux vivre sa vie.

ALTERNATIFbien•être I N S P I R A T I O N S

Le pêcheurUn homme d’affaires se promenait sur une plage lorsqu’un pêcheur ac-costa et déchargea une importante quantité de poisson de son bateau.

Impressionné, l’homme d’affaires demanda : « Combien de temps vous a-t-il fallu pour attraper autant de poissons ? »

– Oh, juste quelques heures, répondit le pêcheur.

– Mais pourquoi ne restez-vous pas en mer plus longtemps afin d’en at-traper davantage ? rétorqua l’homme stupéfait.

– Parce que c’est assez pour nourrir ma famille.

– Mais vous pourriez devenir une personne bien plus nantie ! Si vous at-trapiez davantage de poissons, vous gagneriez plus d’argent et vous pour-riez acheter plusieurs bateaux. Vous pourriez alors recruter des pêcheurs pour aller en mer à votre place, ce qui vous permettrait de créer votre propre usine de conserves. Vous pourriez ainsi vendre votre poisson dans tout le pays et gagner encore plus d’argent, suggéra l’homme d’affaires.

– Et après cela ?

– Après cela, vous vous lanceriez dans des opérations boursières qui vous rendraient très riche.

– Et après cela ?

– Après cela, vous pourriez prendre votre retraite, acheter une petite mai-son au bord de la mer, faire du bateau le matin, jouer avec vos enfants, passer du temps avec votre femme, et le soir retrouver vos amis pour boire un verre, jouer de la guitare, chanter et danser pendant toute la nuit !

Le pêcheur, perplexe, lui rétorqua : « Mais c’est exactement ce que je fais en ce moment ! »

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Vaincre la sclérose en plaques

Parce que ma compagne était atteinte de sclérose en plaques, je me suis mué en détective médical pour lui concocter un programme global associant nutrition et rééducation, à partir des données scien-tifiques récentes. Ce programme, comme elle le raconte elle-même, a été pour elle une révélation, une bouffée d’oxygène : la progres-sion de sa maladie a été ralentie et les poussées ont été complète-ment stoppées. Elle a pu reprendre une vie normale. Je détaille, dans ce livre, ce programme novateur : comment le mettre en place, les changements alimentaires indispensables pour diminuer naturelle-ment l’inflammation et les phénomènes d’auto-immunité, comment enclencher des processus de réparation, lutter contre la fatigue, res-ter actif. Ce livre a été écrit pour les malades et pour leur entourage. Un programme global et simple, nutritionnel et physique, qui asso-cie une alimentation anti-inflammatoire, des compléments alimen-taires, et des exercices de rééducation.

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Bien-être au naturel

Devant la multitude de produits plus ou moins toxiques que l’on trouve en cosmétique et en parapharmacie, Julien Kaibeck nous pro-pose de revenir à des produits naturels et à des gestes simples pour le bien-être et la santé. Il donne ainsi plus de 200 astuces et recettes qui permettent de s’affranchir de l’utilisation de produits onéreux. Après une première partie où il explique la démarche et comment la mettre en pratique avec des outils simples, il passe en revue 12 produits de base (marc de café, œuf, miel, bicarbonate de soude, etc) qui peuvent être utilisés au quotidien. Il donne ensuite tous ses conseils et recettes pour la beauté et la santé au naturel. Grace à ses conseils de tous niveaux, ce livre intéressera autant les passionnés que les personnes qui n’ont pas forcément le temps de fabriquer leurs produits.

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Pour la XXe année, ce salon rassemble une centaine d’exposants dans les domaines du bio, des produits naturels, de l’environ-nement, du bien-être et de l’habitat. Des animations seront pré-vues tout au long du week-end et des conférences auront lieu en continu de 11 h à 17 h le samedi et le dimanche. Un service de restauration sera également proposé sur place et un feu d’ar-tifice célèbrera les 20 ans de l’événement le samedi soir.

BIOSALON

Du vendredi 26 au dimanche 28 août 2016

Droits d’entrée : 3 euros

Salle Robert Schuman Rohrbach-les-Bitche (57410)

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Renseignements sur : www.tourisme-paysdebitche.fr

Dans le but de promouvoir les thérapies holistiques (prenant en compte les facettes physique, émotionnelle, mentale et spirituelle de l’être humain), ce salon rassemble des théra-peutes de domaines déjà connus comme l’aromathérapie, la réflexologie ou le magnétisme, mais aussi ancestraux qui re-viennent sur le devant de la scène comme le chamanisme, l’aurathérapie ou la lithothérapie. Vous approfondirez vos connaissances par le biais de conférences et d’ateliers, vous pourrez également vous inscrire à des stages payants (environ 50 euros) de lithothérapie, de chamanisme, de magnétisme ou encore d’ancrage.

Du vendredi 5 au lundi 8 août 2016

Droits d’entrée : 4 euros

Haras de la Ferté-Saint-Cyr (41220)

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DÉVELOPPEMENT PERSONNEL

Renseignements sur : www.salondestherapiesholistiques.fr

SALON DU

S A L O N S - C O N G R È S

BIOGASCOGNESALON DUDepuis 15 ans, ce salon rassemble producteurs, distributeurs et grand public autour du bio et de l’écologie. Cette année, le thème portera sur l’un des principaux défis de notre siècle : « Le développement écologiquement durable de notre socié-té ». Des conférences et des ateliers seront organisés tout au long du week-end sur ce thème. Des exposants présenteront également leurs produits dans tous les domaines où il est pos-sible de décliner l’écologie : textile, décoration, construction, énergie, santé, bien-être, protection de l’environnement, dé-fense des animaux, etc. Un concours de vins bio récompense-ra le meilleur viticulteur du Sud-Ouest et il sera possible de se restaurer sur place, directement auprès des producteurs.

Samedi 20 et dimanche 21 août 2016

Entrée libre

Cloître de Condom et Place Saint Pierre Condom (32100)

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Renseignements sur : www.biogascogne.fr

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• Quand le vin était meilleur que l’eau pour la santé

• Choisir son eau ? Ca ne coule pas de source !

• Prévenir l’AVC et comment s’en remettre

• Chanter pour guérir le cancer ? Et les autres

maladies…

prochainement dans ABE

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Alternatif Bien-Être, publication gérée par SNI Éditions, a pour

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C O U R R I E R D E S L E C T E U R S

Effets secondaires de la mélatonine

La mélatonine est produite par la glande pinéale au niveau du cerveau et a pour fonction de réguler le rythme veille-sommeil. Il ne s’agit pas d’un som-nifère et même de fortes doses ne peuvent pas in-duire, seules, le sommeil. Pour réguler le sommeil on l’utilise à une dose située entre 1 et 3 mg, mais pour les douleurs, les doses efficaces commencent à 10 mg pris avant le coucher. Normalement, ces dosages n’ont aucun effet secondaire mais il arrive dans de très rares cas que ces doses provoquent une légère sensation de somnolence le lendemain matin. Cela doit toutefois rester acceptable.

Alternatif Bien-Être a traité la question de la mélatonine comme antalgique à des doses élevées mais sans parler de l’effet de ces doses sur le sommeil. Craignant un désastre, j’aimerais savoir ce que vous en dites. Merci pour toute réponse.

Jean H.

Chaque mois Julien Venesson, expert en nutrition et micronutrition et Nicolas Wirth, expert en naturopathie et phyto-aromathérapeute répondent à vos questions.

Vous pouvez nous écrire à : Santé Nature Innovation, Venesson-Wirth - 44, avenue de la Marne - 59290 Wasquehal, ou à

[email protected]

JUILLET 2016 N°118

ALTERNATIFbien•êtreRevue mensuelle - Numéro 118 - Juillet 2016Directeur de la publication : Vincent LaarmanRédacteur en chef : Julien VenessonMise en page : Isabelle PilletSanté Nature Innovation - SNI Éditions SAAdresse : Am Bach 3, 6072 Sachseln – SuisseRegistre journalier N° 4835 du 16 octobre 2013CH-217.3.553.876-1 – Capital : 100.000 CHFAbonnement annuel : 54 euros en France métropolitaineAbonnements : pour toute question concernant votre abonnement, contactez le service client : par téléphone au +33 (0)1 58 83 50 73 par mail à http://www.santenatureinnovation.com/contact/ par courrier à Sercogest - 44, avenue de la Marne 59290 Wasquehal - FranceISSN 1662-3134