L'histoire du Château d'Usson ou Château des Egreteaux

LA CONSTRUCTION DU CHÂTEAU D'USSON (1/2)Le château d'Usson s'élevait primitivement sur la commune d'Echebrune, à 7 km d'ici. Il a été édifié entre 1536 et 1548, par le seigneur chevalier Jean IV de Rabaine.Jean de Rabaine est le parent par alliance d'un puissant personnage, Galiot de Genouillac, qui fut chef des armées de François 1er et qui joua un rôle substantiel dans la célèbre bataille de Marignan. Galiot de Genouillac et son épouse, Catherine d'Archiac contribuèrent largement à répandre en France les innovations architecturales qu'ils avaient découvert lors des campagnes d'Italie. A Florence notamment, ils furent subjugués par un style architectural florissant : la Renaissance.Ils revinrent de leur séjour en Italie accompagnés d'un architecte toulousain, qui fut l'élève de Michel Ange : Nicolas Bachelier. Ce dernier s'est illustré lors de la réalisation de nombreux monuments toulousains, tels que l’hôtel de Bagis, ou le portail du Capitole.Ainsi, Galiot de Genouillac fit construire le château d'Assier, dans le Lot, et l'église de Lonzac, non loin d'ici, qui abrite la dépouille de Catherine d'Archiac, dont il fut rapidement veuf.

Gravure du Château d'Usson à Echebrune 1Buste de Nicolas Bachelier – Capitole de Toulouse

Il paraît donc normal que les Rabaine, frappés par la beauté de celle-ci, eurent recours à l'architecte chargé des travaux de cette dernière, lorsqu'ils entreprirent la réalisation du château d'Usson.En 1536, Jean de Rabaine fait donc appel à Nicolas Bachelier, assisté par Jean Delespine, pour construire dans le petit village d'Echebrune une demeure à la hauteur de ses ambitions. Le château d'Usson est né !Hélas, le temps et les hommes ont apporté maintes modifications à l'aspect primitif de l'édifice.En 1627, suite au siège de La Rochelle par Richelieu, les protestants perdent leurs droits fondamentaux. La famille de Rabaine étant protestante, le château d'Usson fut partiellement détruit. Les 2 parties parallèles du château, qui était initialement en forme de "U" disparurent lors de violentes attaques.L'édifice passa ensuite entre les mains de familles nobles mais malheureusement pas assez riches pour lui redonner la grandeur de ses débuts.Il faudra attendre la fin du 19eme siècle pour que le château soit racheté par William Augereau dont nous parlerons par la suite, et qu'il retrouve une seconde jeunesse.

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2Photographies et gravure du Château d'Usson à Echebrune, à son emplacement originel

C'est par un acte sous seing privé, le 13 décembre 1879, que William Augereau, maire de Jarnac et propriétaire du château des Egreteaux à Pons, achète les restes du château d'Usson, qui tombait en ruine.Le château d'Usson revêtait une importance sentimentale pour lui, car il était le lieu de rendez-vous romantiques avec celle qui deviendra sa femme, Céline Masson. Le couple décida alors de le remettre en état. Mais malheureusement, toute restauration s'avéra impossible.En 1886, M. W. Augereau eut l'idée et surtout l'audace de transporter la galerie et les restes du château sur un petit éperon rocheux dominant la vallée de la Seugne, au lieu-dit des Égreteaux, à l'endroit même ou s'élevait la propriété familiale.

LE TRANSPORT DU CHÂTEAU D'USSON (1/2)

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Cinq années furent nécessaires pour cet ambitieux projet. L'ensemble fut soigneusement démoli, chaque pierre minutieusement numérotée, emballée et transportée à l'aide de petits chariots spéciaux qui devaient parcourir les sept kilomètres séparant le domaine d'Usson du village des Egreteaux.Non seulement, dans cette reconstruction William Augereau fut son propre architecte, mais encore il n'hésita pas à aider lui-même les ouvriers dans leur travail ingrat et difficile.De sa composition initiale qui développait une longue façade basse avec une tour isolée au centre de la cour, le talentueux sauveteur a su, avec un art consommé « d’utiliser les restes », recréer un véritable bijou d’architecture à une échelle plus humaine et intime.Après son décès lors de la seconde guerre mondiale, le château est racheté par un privé peu scrupuleux qui le dépouille en grande partie.

LE TRANSPORT DU CHÂTEAU D'USSON (2/2)

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WILLIAM AUGEREAU, LE SAUVEUR GÉNIAL (1/2)

William Augereau est né en 1850 au château des Egreteaux à Pons. C'est grâce à lui que le château d'Usson a été sauvé de la ruine complète. Découvrons à présent son histoire.A 20 ans, il tombe amoureux de Céline Masson, la fille du Maire de Jarnac- Champagne. Les ruines du château d'Usson (à 7 kilomètres de là) deviendront le lieu de leur idylle, avant que ne fut célébré en grande pompe leur mariage.C'est en souvenir de leur premiers émois que le couple décida d'acquérir en 1879 les ruines du Chateau d'usson. Ils rêvent alors de lui redonner sa grandeur d'antan et de s'y installer.

Malheureusement, l'architecte qu'ils consultent pour ce faire est catégorique : il est impossible de restaurer l'édifice, trop fragile. Il leur est conseillé de le démonter pierre par pierre pour le reconstruire avec des ciments modernes.C'est alors que survient un événement inattendu : William Augereau hérite du château des Egreteaux suite au décès brutal de son père. Il a alors l'idée folle de reconstruire le château d'Usson, à l'endroit où s'élevait le château familial des Egreteaux. Rappelons que 7 kilomètres séparent les 2 châteaux. C'est donc le début d'un travail de fourmis qui va durer 5 ans et qui donnera le jour au château d'Usson tel que nous l'admirons aujourd'hui.Malheureusement pour lui, William Augereau va être confronté à un événement tragique qui va totalement changer le cours de sa vie. Alors qu'il est sur le point pour devenir père pour la 1ere fois, le nouveau-né meurt à la naissance. Pour sa femme, le choc est tel qu'elle cesse de s'alimenter et meurt peu de temps après dans d'atroces souffrances. William Augereau est anéanti. Il ne se remariera jamais et n'aura plus jamais d'enfant.

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Suite à ses drames, il dilapida une grande partie de son héritage dans des acquisitions médiocres, si bien qu'à 38 ans, c'est un homme ruiné. Dans ses mémoires, il déclare qu'il est alors "trop vieux pour commencer à travailler, mais encore plus vieux pour commencer à être pauvre".Nous sommes en 1888, et le sort s'acharne sur lui lorsqu'il se retrouve exproprié de ses terres suite à la construction de la voie de chemin de fer entre Nantes et Bordeaux. De cette contrainte, William Augereau créera l'opportunité de refaire fortune.Curieux de nature, il commença à s'intéresser aux systèmes ferroviaires. Il apprend ainsi que les trains de cette fin de siècle ont un problème de sécurité provoquant des déraillements dans les virages. Il décide alors d'inventer un système capable de pallier à cette faille. Il entame pour cela des études de mathématiques et de sciences physiques à Bordeaux. A la suite d'un travail assidu, cet autodidacte parvient à mettre au point un procédé mécanique de freinage d'urgence pour les trains, baptisé "Système Augereau".

WILLIAM AUGEREAU, LE SAUVEUR GÉNIAL (2/2)

En cédant le système aux compagnies de chemin de fer française, mais également espagnoles, italienne ou russe, William Augereau redevient rapidement de nouveau riche. il crée même un Usine à pons pour fabriquer ce système, puis une seconde aux Etats-Unis. Il s'associe à l'américain Westinghouse, dont il devient l'actionnaire majoritaire. Il passa la fin de sa vie dans une demeure bourgeoise en bord de Seugne. Il décède en 1940, à l'âge de 90 ans d'une crise cardiaque, lorsqu'il apprend que le château d'Usson vient d'être réquisitionné par les troupes allemandes.

Le système Augereau 6

L'AILE GAUCHE (1/2)

Juste au dessus de l'entrée principale, on peut lire l'inscription suivante en latin : "Vilius Argentum est auro virtutibus aurum vilus est", qui signifie : "L'argent est plus vil que l'or mais la vertu est plus valeureuse que l'or." Autrement dit : un pauvre vertueux vaut mieux qu'un riche qui ne l'est pas. Il s'agit de la devise du Château d'Usson.

En observant les façades de la cour d'honneur, on s’aperçoit que de nombreuses statues et maximes sont empruntées à la littérature Antique et à l'Ecriture Sainte.

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La statue de gauche symbolise la justice. Elle tenait originellement une balance et une épée mais le temps à fini par faire disparaître ces deux attributs.La statue de droite symbolise la force. Elle porte une tour dans la main gauche ainsi qu'une salamandre dans celle de droite. Les doigts de la statue enserrent fortement le cou de l'animal. Durant la Renaissance, la salamandre était le symbole de la royauté. Cette scène laisse donc à penser qu'il existe une force capable de mettre à mal la royauté, ce qui à l'époque était hautement provocateur !Dans le prolongement de l'aile gauche, au niveau du pignon ouest, une statue joviale et bedonnante prête à sourire. Il s'agit de Dionysos, le dieu du vin, qui est ici présenté à cheval sur un tonneau. Sa présence s'explique par la caractère hédoniste de Jean de Rabaine qui vante ici les charmes de l'ivresse et de l'amour.

L'AILE GAUCHE (2/2) De part et d'autre de cette inscription, nous observent deux statues féminines représentant chacune une vertu.

La ForceLa JusticeSculpture du Dieu Dyonisos

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LA FAÇADE CENTRALE (1/2)

En écho à ces Césars, une galerie de bustes d'hommes et de femmes vêtus à la mode romaine surplombe les fenêtres de la façade. Bien entendu, tous ces clins d'oeil à l'antiquité n'ont rien de surprenant pour une façade affirmant explicitement son appartenance à la période Renaissance. Pourtant, dans le cas présent, cela est pittoresque car ces portraits sont en réalité ceux revisités de la famille de Rabaine. Juste au milieu de la galerie, se trouve celui de Jean. A sa gauche, et à sa droite, ce sont ceux de ses filles et de sa femme. A l'extrême droite nous pouvons reconnaître celui de Nicolas Bachelier, l'homme sans qui le Château d'Usson n'aurait certainement jamais vu le jour. Détail qui a son importance : comme pour les assujettir, ces bustes sont situés au-dessus de Césars et se retrouvent mis en valeur par de magnifiques gargouilles.

La façade centrale donne sur l'Orangerie et se compose de six baies. Au dessus de chaque galerie, on peut apercevoir des Césars représentés de profil.

César de profil Mme De Rabaine Nicolas Bachelier9

Respectivement, de gauche à droite, le premier marmouset dispose d'un arc, le second s'appuie sur une épée, le troisième est muni d'une buire et d'une coupe, le quatrième porte une hache enrubannée, le cinquième est armé d'une pique et le sixième tient une viole. Le second marmouset semble avoir ses faveurs dans la mesure où l'épée en se possession n'est pas n'importe quelle épée mais celle de François 1er lui-même! A priori, le château d'Usson serait le seul château au monde à avoir obtenu l'autorisation de reproduire l'épée de l'auguste personnage.

LA FAÇADE CENTRALE (2/2) Intéressons-nous maintenant aux six marmousets de François Ier qui, intégrés aux créneaux, dominent le corps du bâtiment.

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L'AILE DROITE

En haut à gauche de la porte centrale vous pouvez apercevoir un petit cartouche abritant 2 scènes : à gauche, un homme et une femme aux longs cheveux représentent Hercule et Aphrodite, déesse de la fécondité, en train de faire l'amour. A droite, il s'agit d'Héraclès, fils de Zeus, combattant le lion Némée.Bien au dessus, sur une architrave richement décorée de chérubins et de rubans, un détail attire l'attention : 3 rats, en train de grignoter ce qui ressemble à un fromage. Cette sculpture, est certainement l'ornement le plus insolent du château : les 3 rats représenteraient François 1er, Charles Quint et Henri VIII (respectivement rois de France, d'Espagne et d'Angleterre), en train de se partager le monde.Reculons-nous maintenant pour pouvoir bien observer la partie supérieure du bâtiment, l'attique. Juste au dessus de la plus haute fenêtre se dresse un superbe statue de Charlemagne, avec une épée à la main et couronne impériale sur la tête.

Hercule et AphroditeHéraclès et le lion Némée

3 rats grignotant un fromage L'empereur Charlemagne11

L'aile droite du château, particulièrement bien conservée possède une galerie composée de six arcades amorties en cintre surbaissé portées par des pilastres à chapiteaux Renaissance.

LA TOUR RONDE

Son cadran solaire que vous découvrirez sur sa paroi sud date de 1764 avant même la reconstruction du château par William Augereau. Les seigneurs d'Usson y ont laissés leurs traces car on peut apercevoir des détails provenant de leurs armoiries comme des coquilles Saint-Michel et des croissants.Le lanternon terminant l’aile droite est une véritable tour défensive : les deux voûtes superposées sont garnies de tuiles romaines en pierre sculptées, et l’on voit au-dessus, sous la lanterne, les coquilles des Rabaine, les ouvertures de guet et celles pour le passage des arquebuses, ainsi que des mâchicoulis sur le pourtour.

La tour, avant le déplacement du château

Détails du chapiteau

Vous n'avez sûrement pas manqué l'impressionnante tour ronde qui s'impose avec ses six mètres de diamètre et vingt mètres de haut.

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L'ORANGERIE

De part et d'autre de l'orangerie, 2 grandes baies vitrées servent de séparation avec le salon et la salle à Manger. Un ingénieux système de poulie permet d'ailleurs de remonter ces 2 vitres entièrement.Mais ce qui attire l'oeil sont les arcades en fer forgé qui soutiennent la toiture transparente, donnant un effet de grandeur et de démesure. Ce qui était de toute évidence le but de William Augereau qui, étant séduit par les majestueux halls de gare, souhaitait reproduire cet effet de démesure dans son château. Les arcades ont d'ailleurs été commandées à son cher ami Gustave Eiffel. La couverture en ardoise qui surplombe la verrière a été ajoutée pour des raisons d'esthétiques, mais également pour apporter un peu de fraîcheur à la végétation.

Le jardin d’hiver date du XIXème siècle, au moment de la reconstruction du château. Il a été agencé selon les critères ayant cours en ce temps-là.

Photo de l'orangerie – début 19ème Vue aérienne du château13

LA SALLE À MANGER RENAISSANCE

Regardons à présent la robuste porte encadrée de pilastres à chapiteaux qui donne sur l'entrée et dont les thèmes décoratifs paraissent bien en décalage avec l'incitation au délassement qu'offre traditionnellement une salle à manger. En effet, à proximité des chapiteaux, le marbre révèle deux funestes représentations de crânes symétriquement disposés. Tous deux sont là pour délivrer un inquiétant message en latin : " Respice finem" et "Memento mei". Respectivement, ils signifient : "N'oublie pas la fin" et "Souviens toi de moi". Ces vanités ont, certes, de quoi faire froid dans le dos. Pourtant, elles sont si peu de choses face à la lourde menace en français qui gronde sur l'architrave : " Tremble pêcheur ! Dieu te regarde! " Ceci avait-il volonté camouflée de couper l'appétit des convives? Pas exactement car cette porte n'était, à l'origine, pas celle de la salle à manger. En réalité, elle se trouvait dans la chapelle du Château d'Usson avant d'être déplacée ici par William Augereau.

La massive cheminée est une oeuvre personnelle de Nicolas Bachelier. Elle présente un fronton très finement sculpté sur lequel apparaissent deux chérubins qui brandissent un heaume au milieu de coquilles Saint-Michel et de volutes.

Inscription sur la porte, issue de l'ancienne chapelle :« Tremble pécheur, Dieu te regarde »Photo de la salle à manger début 19ème

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LE SALON RÉGENCE

Originellement, il appartenait au château de Choisy-le-Roi où la marquise de Pompadour avait l'habitude de séjourner. Il fut ensuite acheté au début du XXème siècle par William Augereau. Initialement, en plus des boiseries blanches et or se trouvaient des toiles du peintre Jacques de Lajoüe. Cependant, ces toiles ont été dérobées et revendues par d'anciens propriétaires mal intentionnés.

Portrait de la Marquise de Pompadour - 1754

Photographie du salon Régence – Début 19ème

Le salon régence de Madame de Pompadour se situe à la droite de la sortie de l'orangerie.

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