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Fonds Social Européen ANLCI Forum permanent des pratiques Rencontre internationale du 5-7 avril 2005 Lyon Avec le soutien du Fonds Social Européen 1 Apprentissage des compétences de base dans les dispositifs de droit commun : quelles pratiques pédagogiques ? Lecarnet deroutedel’apprenant Groupe régional Champagne-Ardenne Résumé : Les Ateliers de Formation de Base en région Champagne-Ardenne représentent un dispositif institutionnel qui propose une formation permanente et individualisée pour toute personne repérée ensituationd’illettrisme. Dans le cadre du pilotage de ce dispositif et notamment d’une démarche de professionnalisation des acteurs, un groupe de travail avec les formateurs des différents sites AFB a été mis en place et organisé en 2003 sous la forme de 5 sessions de 2 jours consécutifs avec une productionattendue entermes d’outils communs audispositif. Danslebutd’améliorerlaqualitépédagogiquedel’offredeformationil s’agissait,par l’animationdecegroupe, deconstruireuneculturespécifiqueàceréseauenfavorisant la collaboration entre les professionnels. Al’issue de ce groupe de travail , des outils relatifs : - àl’accueil del’apprenant (ficheorientation/ ficheaccueil / contrat d’engagement et de formation), - auprojet de formation(fiche objectifs d’apprentissage), - au positionnement (guide et procédures pour la réalisation de tests / fiches de recueil des résultatsdestestset fichesd’analyse descapacitésde l’apprenantpardomaine de compétences « PARLER - LIRE - ECRIRE - SE REPERER RAISONNER « , ont été conçus et regroupés dans « uncarnet de route de l’apprenant . Il s’agitmaintenantd’identifierlemoded’utilisationdecesoutilsdanslapratiquedes formateurs ouautrement dit, l’outillage est -il suffisant pour fonder une pratique commune et dans ce cas, quelles en sont les caractéristiques partagées ? Pratique autour des outils ducarnet deroutedel’apprenant Depuis 1994, les pouvoirs publics ont développé sur tout le territoire régional un dispositif d’AteliersdeFormationdeBasequi proposeuneformationpermanenteet adaptéepour toute personne en situationd’illettrisme et endifficulté avec les savoirs de base. L’AFBsedéfinit par lapossibilitéofferteàchaquepersonnededévelopper des capacités en lecture, enécritureet encalcul et derenouer avec leplaisir d’apprendre. Apartir duprojet des personnes, l’AFBcontribueainsi àrenforcer l’autonomiedespublicsaccueillispour les aider à améliorer leur situation personnelle et professionnelle.

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Fonds Social Européen

ANLCI –Forum permanent des pratiques –Rencontreinternationale du 5-7 avril 2005 –Lyon

Avec le soutien du Fonds Social Européen

1

Apprentissage des compétences de base dans les dispositifs de droitcommun : quelles pratiques pédagogiques ?

Le carnet de route de l’apprenant

Groupe régional Champagne-Ardenne

Résumé :

Les Ateliers de Formation de Base en région Champagne-Ardenne représentent un dispositifinstitutionnel qui propose une formation permanente et individualisée pour toute personnerepérée en situation d’illettrisme. Dans le cadre du pilotage de ce dispositif et notamment d’une démarche de professionnalisation des acteurs, un groupe de travail avec les formateurs des différents sitesAFB a été mis en place et organisé en 2003 sous la forme de 5 sessions de 2 joursconsécutifs avec une production attendue en termes d’outils communs au dispositif. Dans le but d’améliorer la qualité pédagogique de l’offre de formation il s’agissait, par l’animation de ce groupe, de construire une culture spécifique à ce réseau en favorisant la collaboration entre les professionnels.A l’issue de ce groupe de travail, des outils relatifs :- à l’accueil de l’apprenant (fiche orientation / fiche accueil / contrat d’engagement et de formation),- au projet de formation (fiche objectifs d’apprentissage), - au positionnement (guide et procédures pour la réalisation de tests / fiches de recueil desrésultats des tests et fiches d’analyse des capacitésde l’apprenant par domaine de compétences « PARLER - LIRE - ECRIRE - SE REPERER –RAISONNER « ,ont été conçus et regroupés dans « un carnet de route de l’apprenant.

Il s’agit maintenant d’identifier le mode d’utilisation de ces outils dans la pratique des formateurs ou autrement dit, l’outillage est-il suffisant pour fonder une pratique commune etdans ce cas, quelles en sont les caractéristiques partagées ?

Pratique autour des outils du carnet de route de l’apprenant

Depuis 1994, les pouvoirs publics ont développé sur tout le territoire régional un dispositifd’Ateliers de Formation de Base qui propose une formation permanente et adaptée pour toute personne en situation d’illettrisme et en difficulté avec les savoirs de base.

L’AFB se définit par la possibilité offerte à chaque personne de développer des capacités en lecture, en écriture et en calcul et de renouer avec le plaisir d’apprendre. A partir du projet des personnes, l’AFB contribue ainsi à renforcer l’autonomie des publics accueillis pour les aider à améliorer leur situation personnelle et professionnelle.

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Dans un souci d’améliorer la qualité pédagogique de l’offre de formation destinée aux personnes en situation d’illettrisme et, dans le cadre du pilotage de ce dispositif institutionnel, un premier regard porté sur l’outillage des formateurs intervenant sur les différents sites AFB a permis de tirer les conclusions suivantes :

Des outils en abondance avec une utilisation pas toujours bien identifiée, c’est-à-dire :

Un support identique pouvait servir à la fois au positionnement et à la constructiond’un apprentissage

Une multitude de supports distribués pouvait faire le contenu d’une formation faute d’avoir défini en amont des objectifs d’apprentissage clairs et précis

Un accueil et un positionnement approximatifs, c’est-à-dire :

Simultanés au temps de face à face collectif au détriment d’un véritable entretien individualisé

Une évaluation des acquis non formalisée, c’est-à-dire

Reposant sur la subjectivité du formateur à défaut de critères objectivés et d’indicateurs associés

En conclusion, l’hétérogénéité en termes de pratiques et d’outils laissait entendre

Un isolement important des formateursUne difficulté à échanger, partager et mutualiser des ressources

Des points faibles dans le dispositif sur les phases accueil / positionnement /évaluation

En 2003, un groupe de travail réunissant l’ensemble des formateurs des sites AFB a été mis en place (sur l’année) avec 4 objectifs:

1) construire un outillage propre au dispositif

2) encourager une meilleure prise en compte et une pratique organisée sur ces 3 phases

3) développer une culture commune au réseau AFB

4) favoriser les échanges entre les formateurs

Aujourd’hui, l’outillage existe, c’est le carnet de route de l’apprenant. Son utilisation estrécente (depuis octobre 2004). L’expérience n’est donc pas suffisante pour pouvoir en mesurer les effets sur la pratique des formateurs relatives aux 3 phases ACCUEIL /POSITIONNEMENT / EVALUATION.C’est pourquoi nous avons choisi de nous intéresser exclusivement à la phase ACCUEIL.

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L’ACCUEIL DE L’APPRENANT

Les outils du carnet de route : une fiche orientation une fiche accueil une fiche objectif un contrat d’engagement et de formation

L’utilisation de la fiche orientationDès réception de la fiche orientation adressée par le prescripteur, le formateur convoquel’apprenant par téléphone ou par courrier. Il informe systématiquement le prescripteur du respect ou non du rendez vous par l’apprenant.Le premier échange entre le formateur et l’apprenant vise à repérer comment ce dernier appréhende et comprend son orientation. Des questions lui sont posées sur sa motivation etsur les raisons de sa présence.Il s’agit de vérifier le degré initial d’adhésion de la personne à la démarche engagée.

Le formateur évoque dans un deuxième temps le fonctionnement de l’AFB. Il cherche à mettre en confiance l’apprenant et à le rassurer à travers la description du fonctionnementde l’atelier « des petits groupes, un travail individuel, on prend son temps » en évitant lescomparaisons avec l’école « il n’y a pas de tableau, pas de notes, pas de jugement» etparfois en montrant la salle de travail, les locaux, les ressources, l’espace informatique.Il intègre dans ses explications les aspects financiers « il n’y a pas de rémunération, la

formation est gratuite ».Il s’agit de donner le ton du climat dans lequel va se dérouler la formation. Dans un premier temps, on donne une place importante à la parole de l’apprenant (on s’intéresse à lui, on pose des questions…); c’est ensuite la parole du formateur qui se caractérise par la recherche d’une relation et d’un discours rassurants.

L’utilisation de la fiche accueilCette première phase de l’accueil s’organise autour d’un échange oral. Elle est suivie par une deuxième phase qui intègre un passage à l’écrit.L’apprenant est invité à renseigner lui-même la première partie administrative sur une fichequi lui est présentée. Cette situation est un moyen qui permet au formateurd’effectuer un premier repérage des capacités de lecture et d’écriture et aussi d’évaluer le degré de confiance en soi que possède la personne face à l’écrit.

C’est le formateur qui se charge ensuite de renseigner lui-même, à la main ou surinformatique, la deuxième partie de cette fiche (constituée des expériences) à partir desinformations que lui fournit l’apprenant. Ce choix est fait afin de ne pas cumuler les efforts pour l’apprenant (celui de faireun travail de mémorisation pour retracer son parcours et celui d’écrire).

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Les formateurs s’accordent à dire que l’apprenant peut difficilement se projeter. C’est la raison pour laquelle la partie de la fiche accueil relative au projet n’est en généralpasutilisée. Cette idée de projet est souvent travaillée et développée dans le temps et en coursde formation.

L’utilisation de la fiche objectifUn échange s’organise entre le formateur et l’apprenant autour de cette fiche d’objectifs qui liste une série d’items(non exhaustifs) qui représentent des apprentissages très concrets liésà la vie quotidienne. Cet échange doit aboutir à un premier choix fait par l’apprenant qui va orienter sa formation. Ce choix initial pourra bien sûr évoluer en cours d’atelier. Cette phase de l’accueil est importante, à la fois:- Pour le formateur car elle définit « l’objet» sur lequel il va s’appuyer pour construire etorganiser des supports et situations pédagogiques.- Pour l’apprenantcar elle est une source de motivation pour démarrer la formation àpartir du sens qu’il va donner à son futur apprentissage.

La posture du formateur reste déterminante dans l’efficacité de cet échange. En effet, le formateur doit être conscient que sa présence est une forme de pression pourl’apprenant, que toute idée de formation fait ressurgir malgré tout desreprésentations sur l’école et que par conséquent, le risque est fort que les échangess’organisent et / ou soient vécus sur la base d’une relation inégaleentre par exemple,celui qui sait / celui qui ne sait pas – le maître et l’élève –celui qui parle / celui qui ne ditrien etc.Il est donc important que le mode de relation qui va se développer entre le formateur etl’apprenant puisse faire émerger chez ce dernier une parole « vraie » et non pas uneparole « attendue ».Cela suppose pour le formateur de savoir introduire et gérer des temps de silence, de savoirréagir sur les signaux non verbaux et pas exclusivement sur le contenu de la parole.Ce sont des modes d’intervention de cette nature qui illustrent ce qu’on appelle « une priseen compte de la personne dans sa globalité »

L’utilisation du contrat d’engagement et de formationLa lecture d’un contrat entre le formateur et l’apprenant clôt la phase d’accueil individuel.Après un échange autour de ce document, un exemplaire est remis à l’apprenant.La signature de ce contrat se fera à la deuxième rencontre proposée pour le positionnementafin de laisser à la personne le temps de réflexion nécessaire à son adhésion.Pour être efficace, la démarche doit être fondée sur une approche égalitaire qui insisteautant sur les engagements du formé que sur ceux du formateur.

En conclusion,Le déroulement de cet accueil individuel va enclencher le positionnement de lapersonne. Elle lui a aussi permis de se construire un certain nombre dereprésentations sur la formation dans laquelle elle va s’engager.N’oublions pas, cependant, qu’à son entrée en formation, cette personne va être confrontée à d’autres réalités(celle d’un groupe, des individusqui composent ce

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groupe / du fonctionnement de ce groupe / aux modalités de travail qui vont lui êtreproposées / aux efforts qu’on lui demandera de faire etc.)Il y a donc un risque fort de rupture en début de formation. Cela signifie quela phase d’accueil doit passer d’une dimension individuelle à unedimension collective afin de faciliter l’intégration de la personne dans le groupe. Cela suppose aussi qu’elle ne soit pas réduite à une présentation le premier jour de formation mais qu’elle puisse se poursuivre (selon différentes modalités) dans lesouci d’accompagner la personne à construire des relations avec les autres.

Ont participé à ce travail pour la région Champagne-Ardenne :

Christine CLASSINE, AEFTI 51, ReimsAbabacar DIALLO, LAGORA FORMATION, TroyesThérèse DOUZAMY, LA RONDE DES DECOUVERTES, Charleville MézièresStéphane SIMON, EFOR, Troyes

Expert : Marie Liesse NIMIER, animatrice du centre de ressources illettrismeChampagne-Ardenne

Référent : François LECOMTE, stagiaire-inspecteur du travail, direction régionale dutravail, de l’emploi et de la formation professionnelle