le cahier spécial des 70 ans de la marseillaise

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  • www.lamarseillaise.fr

    Marseille

    27930 - 824 - 1,10 E

    dimanche 24 aot 2014 - 1,10 - n 21175

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    24 AOT 1944

    Un vent de libertLa Marseillaise. Il y a 70 ans, notre journal sortait pour la premire fois au grand jour aprs avoir oeuvr dans la clandestinit. Il aura agi aux cts de celles et ceux qui ont libr Marseille et la

    Provence. Enfant de la Rsistance, ce titre met un point d'honneur aujourd'hui encore dfendre les valeurs de justice, de paix et d'mancipation humaine. Un engagement de chaque instant.

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    24 aot 1944 : le jour o la Marseillaise est sortie de l'ombren 23 aot 1944, tension Marseille. La ville est en train de se librer. Les rues sont vides. Au matin, un groupe de FTPF et des militants clandestins appuys par le groupe des Milices patriotiques de Rive neuve investissent les locaux et limprime-rie du Petit Marseillais sur le quai du canal, aujourdhui cours dEstienne dOrves. Finie la presse collaborationniste. Vive la Mar-seillaise sur le point de sortir son premier numro aprs neuf mois dans la clandesti-nit. Retour sur cette journe dcisive dans lhistoire de notre journal dont les acteurs principaux sont des hros de la Rsistance. Le Petit Marseillais nest pas choisi par hasard. Il est le symbole dune presse aux ordres de Vichy. De plus, alors que la Mar-seillaise sortait clandestinement depuis le 1er dcembre 1943, elle avait bnfici de laide technique des ouvriers du livre du Petit Marseillais, fortement infiltr par la Rsistance, qui avaient fourni matriel, pa-pier et composition.

    Depuis des mois, ouvriers et journalistes s'activaient dans la clandestinit Ctait laboutissement dvnements qui, vcus sparment, se conjuguaient. Dabord la dcision du comit directeur du Front na-tional de publier un journal clandestin bapti-s la Marseillaise. Ensuite, laction dans lim-primerie du Petit Marseillais des ouvriers du livre qui aboutit la formation dun comit du Front national aid en interne par le doc-teur Avierinos, mdecin du Petit Marseillais et le directeur de limprimerie Coulet prcisa Andr Remacle, rsistant journaliste qui avait particip llaboration de ce premier numro et qui demeurera longtemps dans lentreprise. La Marseillaise sengouffre dans le vide favoris par les combats. Au lendemain de la prise de la Prfecture, les journaux marseillais avaient cess de paratre ajou-tait Andr Remacle. Les linos et les typos des imprimeries staient joints la grve patriotique. La Marseillaise prit la relve . Le Front national affiche son ambition : Au moment o les journaux qui nont pas eu le courage de se saborder larrive des

    Allemands cessent de paratre lapproche des allis, nous revendiquons lhonneur de tenir la population marseillaise au courant des vnements et de lui transmettre les ordres du gouvernement . Mais depuis le 20 aot, la Marseillaise, toujours clandestine, avait franchi un nou-veau cap en devenant quotidienne. Je ne pourrai oublier la dcision de la direction du FN (...) de faire paratre, alors que les combats font rage dans Marseille, la Mar-seillaise quotidiennement tmoigna Marcel Guizard, Simon dans la Rsistance qui dirigea la Marseillaise de 1945 1971. Une

    fois les locaux pris, il sagissait de composer le nouveau journal, celui qui annoncerait la Libration de Marseille. Il a fallu le faire avec deux journalistes professionnels et la bonne volont des autres rsumait Andr Remacle. Jarrive pour prendre ce poste qui mavait t dsign. Les militants clandestins ne se connaissaient pas et ceux qui devraient tre l et que jai rencontrs quelques jours auparavant sont absents. Il faut aussi marquer le territoire. Sur la faade, trois drapeaux sont hisss par les FTP : un franais, un amricain et un britan-nique. Il manque le drapeau sovitique fit

    remarquer Remacle. Mais nous nen avons pas trouv ! lui rpond-on. Et voil qu'on se met coudre un drapeau rouge dans le hall dentre.

    On republie le journal Rouge-Midi Le btiment se remplit petit petit. Les journalistes Train, Georges et Rougeot ar-rivent. Ils sont aussi dirigeants du Fn dont une section de journalistes avait t cre. Des ouvriers du livre sont l, ils sont indis-pensables. On retrouve presque tous ceux qui taient dans lappareil clandestin du Front national prcisait Andr Remacle. Alors que la composition des articles a dbut, une ide jaillit. Avant guerre, le Par-ti communiste publiait le quotidien Rouge-Midi, interdit en 1939. Il ny a pas de raison que ce titre ne revive pas lui aussi. Et voil qu'il ne faut plus raliser un mais deux jour-naux (photo ci-contre) ! Rosette Remacle, pouse dAndr, est appele en renfort. Je montais dans la voiture avec mon fils Michel de 5 ans. Les miliciens occupaient les toits raconta-t-elle. Un FTP est bless par un tir la cuisse dans la voiture. Notre voiture pavoise traversa la ville pour gagner le quai du canal devant les locaux du Petit Mar-seillais o je me mis aussitt la tche dans une extraordinaire et exaltante atmosphre, passant allgrement de la machine crire lcriture, tantt pour Rouge Midi tantt pour la Marseillaise . Rene Rougeot rappela ces moments intenses. Andr crivait, crivait, crivait, moi aussi, journaliste improvise, mais dans ces moments-l, chacun tait apte toute improvisation. Rosette tapait nos papiers la machine, l'enfant chevauchait des tas de vitres brises, des cloisons intrieures de la rdaction. Chaque dflagration en faisait clater d'autres. Les informations nous par-venaient incessamment par des estafettes manant des postes de combats. La fivre de la lutte nourrissait notre nergie. Notre seul souci tait que nul obus ne puisse atteindre les normes rotatives . Malheureusement, le rsistant Francis Aicard perdit la vie en gardant l'immeuble, aprs qu'un obus fit ex-ploser la verrire sous laquelle il se postait.

    Le matin du 23 aot, la Rsistance investit les locaux du Petit Marseillais, journal collaborationniste. C'est l'effervescence. On crit et refait tourner les machines. Objectif : sortir la premire Marseillaise pour annoncer que la ville de Marseille est libre.

    RcitPar Sbastien Madau Photo : Julia Pirotte

    Un esprit libre

    Editorial

    n La Marseillaise fte aujourd'hui le 70e anniversaire de son premier numro sorti au grand jour. C'tait le 24 aot 1944. Avant ce numro annonant la Libration de Marseille, c'est dans l'ombre que des femmes et des hommes avaient brav l'interdit en choisissant de fonder un journal au pril de leur vie. La Marseillaise

    sortait de la clandestinit. Notre journal avait, ds 1943, contribu redonner espoir la population en linformant des actions de la Rsistance en Provence. Alors que d'autres titres clandestins n'ont pas survcu la Libration, beaucoup estimant que leur mission tait termine, la Marseillaise a choisi de poursuivre l'aventure en devenant un relais des salaris, des militants de gauche, des syndicalistes, des intellectuels, de la jeunesse, etc. Organiquement lie au PCF - l'origine de sa cration- elle a, en 1997, entam et assum un virage en

    se mettant disposition de l'ensemble des forces de gauche et du mouvement social. Notre histoire dmontre que ses fondateurs, ses dirigeants, son personnel et ses lecteurs ont eu raison de ne pas compter leurs heures dfendre et dvelopper leur journal. Anticolonialisme, dfense des luttes ouvrires, des services publics, couvertures des vnements sportifs et culturels, dbat gauche, etc. Qui oserait contester l'utilit de la Marseillaise dans ces combats mens au nom de l'mancipation humaine et contre l'ordre tabli ? Et ce dans l'adversit, tant notre originalit

    historique et ditoriale a toujours drang les puissants.Aujourd'hui, certes, le monde a chang. Mais les motifs de contester, de s'indigner, de rsister et d'agir sont toujours aussi nombreux. Sans oublier les nouveaux dfis technologiques et lis la mondialisation de l'information qui s'imposent nous et que nous sommes dtermins relever. Comme il y a 70 ans, la Marseillaise a bien l'intention d'tre l'offensive. Par respect pour nos fondateurs, et par souci d'tre utile aux forces progressistes. Voici notre engagement.

    SbAStIEn MAdAU

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    Dans laprs-midi, dans lim-primerie, lagitation joyeuse bat son plein. Les formes sont serres, presses sous la prise dempreinte, coules, portes aux rotatives o bientt le premier numro de la Marseillaise lgale jaillit en mme temps que Rouge Midi releva An-dr Remacle qui crira plus tard le Roman de la Marseillaise . Le rsistant Louis Obr, impri-meur au Petit Marseillais, jouera un rle capital. Il avait recrut chez les ouvriers du livre commu-nistes pour raliser les numros clandestins en sortant du matriel de latelier. A quelques heures de la sortie de la Marseillaise nouvelle, on sinterpelle, on se rencontre, on se retrouve, on se reconnat. Ceux-ci sont penchs sur le papier pour rsu-mer lhistoire de ces dernires jour-nes. Ceux-l composent les articles. Ceux-l mettent en page. Ceux-l font les titres. Sur le marbre, ce long plateau de fonte, les formes se construisent : des grands caractres pris par les typos dans les casiers contenant les lettres majuscules.

    On l'arrache des mains des diffuseurs Cest fait, la Marseillaise sort pour la premire fois au grand jour en recto-verso, format berlinois. Un bandeau tricolore et une photo du gnral De Gaulle viennent en-lacer un titre tant attendu : Mar-seille est libre . Au petit matin du 24 aot, dans les quartiers qui sont encore en com-bat comme Endoume, le Roucas blanc, les quartiers Nord, la Mar-seillaise et Rouge Midi sont arra-chs des mains des vendeurs qui sont souvent les mmes qui les ont composs. Fernand Clrissy, qui deviendra le premier secrtaire gnral de la rdaction, dira lui navoir su quau matin du 24 aot en entendant crier la Marseillaise dans les rues que les FTP occu-paient depuis la veille limprimerie du Petit Marseillais . La Marseillaise se prsente comme le premier quotidien de la Rsistance dans le Midi. Celui que vous avez connu clandestin. Celui que ses fondateurs ont rdig et diffus sous loppression nazie au pril de leur vie . Le premier dito est empreint de lyrisme. Avant-hier, dj quotidienne, on la r-clamait sous la mitraille, du fond des couloirs transforms en abris, derrire les persiennes closes et elle se distribuait, grce aux femmes, avant malgr le danger des balles et la peur des boches. Hier matin, tandis que les premiers lments de larme de la Libration dfilaient sur la Canebire, elles taient lit-tralement enleves des mains de ceux qui la diffusaient par le public avide de nouvelles. Car elle fut, et cest sa gloire, le premier quotidien

    de Marseille. Elle restera comme aux heures hroques, lexpression courageuse de la France nouvelle . Lenthousiasme est au rendez-vous, mais la ville nest pas totale-ment dbarrasse de lennemi. Des jusquau-boutistes du Parti popu-laire franais tentent un dernier baroud de dshonneur en tirant depuis les fentres tandis que les Allemands sont sur le repli, mais toujours prts nuire. Les mili-tants de la Marseillaise en ont pay un lourd tribut. Alors quelle la diffusait en voi-ture avec deux autres rsistants en direction des quartiers Nord, Mala Kriegel est prise par une patrouille. Notre voiture est stoppe, nous en sommes jects sans mnagement tmoigna Victor Fantini, ouvrier du livre. Adosss au mur, c'est la mitraille. Nous tombons tous terre . Dutour et Fantini survi-vent mais Mala Kriegel, blesse au ventre est dans un tat grave. Une ambulance arrive. Ses derniers mots : Cest terrible ce qui nous arrive mais malgr tout jaurais eu la joie de voir nos journaux au grand jour . Jean de Bernardy, ouvrier du livre qui avait particip la confection des numros clan-destins tait lui mort au combat les armes la main en juin Saint-An-tonin sur Bayon et Lon Palanque au maquis de Tourves le 19 aot 1944. Voil lhistoire du premier nu-mro lgal de la Marseillaise, faite de peines, de douleurs mais aussi de joies et de bonheur. Et surtout le sentiment du devoir accompli pour ces rsistants qui ont tous apport leur pierre ldifice. Comme le rsumait Pierre Brandon, cheville ouvrire de llaboration des nu-mros clandestins et premier di-recteur du journal, quand on lui demandait qui taient les fonda-teurs de la Marseillaise parmi ces rsistants : Tous fondateurs mrite gal, puisque au risque dy perdre, tous, la vie .

    12numros clandestins. Avant sa parution lgale du 24 aot 1944, la Marseillaise avait publi 12 numros clandestins partir du 1er dcembre 1943. Les premiers exemplaires avaient t confectionns par Pierre Brandon, avocat mandat par le Front national pour lancer la Marseillaise. C'est l'imprimeur aixois Tournel qui avait, au pril de sa vie, accept de les imprimer. Avant cela, des tracts ronotyps la Marseillaise -dont on n'a plus aucune trace- avaient t distribus partir du 14 juillet 1943.

    La population marseillaise accueillant les soldats de l'arme d'Afrique au quartier des Rforms. Photo : ColleCtion J.De Monsabert

    C'est terrible ce qui nous arrive mais malgr tout, jaurais eu la joie de voir nos journaux au grand jour .

    MALA KRIEgEL, tuE ALoRS qu'ELLE

    dIffuSAIt LA MARSEILLAISE

    la Marseillaise au quotidien ds le 22 aot C'est le 22 aot, toujours dans la clandestinit que la Marseillaise passa en quotidien aprs dcision du Front national. L'imprimerie du Petit Marseillais aidait sa ralisation mais le regard des autorits se portait de plus en plus sur les ouvriers du livre. Notre technique (sige, et matriel, papier, rono, machines crire) ne pouvait plus tre utilise depuis deux jours, la police ayant eu des soupons. Nous avons dcid (...) daller fabriquer le journal dans une planque rue de Village rapporta Rene Rougeot membre du comit directeur du Front national. L taient gars, pour cas dextrme ncessit, une vieille machine assez brche dans ses caractres, une rono capricieuse et du papier. Nous avons donc ensemble et alors que les combats taient en cours, rdig le journal ; ce fut trs long car les caractres dfectueux devaient sur le stencil tre rpars au stylet. Le paquet de journaux fut achemin dans ma valise jusqu la bote aux lettres prvue pour la distribution dans un magasin de friperie de la rue Paradis. Les obus avaient frapp le local pendant notre travail et les gravats avaient abm une petite quantit de journaux mais il en restait cependant beaucoup .

    Les tirailleurs algriens du 7e rgiment pendant la monte dcisive de Notre dame de la garde. Photo : ColleCtion J.De Monsabert

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    La Libration de la Provence ou l'engagement des trangers

    nSoixante-dix ans aprs la Libration de la Provence, beaucoup ignorent encore le rle des soldats venus des co-lonies. Quelle fut leur place dans les combats ?L'arme franaise qui dbarque en Provence entre le 15 aot et fin septembre 1944, com-prend 250 000 hommes dont la moiti est compose dindignes. taient-ils plus de la chair canon que les autres ? Ils taient dans l'infanterie donc beaucoup plus expo-ss que les soldats en blinds par exemple, c'est avant tout cela que l'on constate en regardant les chiffres des pertes. Ils ont jou un rle important dans le droulement des vnements. Dans le cas de Marseille, les goumiers marocains avaient pour mis-sion de faire sauter le verrou des troupes allemandes positionnes dans la valle de l'Huveaune et du ct de Septmes, pour interdire l'entre de Marseille. Une fois ces deux objectifs atteints, ils ont continu les combats en priphrie de la ville tandis que les tirailleurs algriens avaient la voie dgage pour se dployer dans Marseille. Au cours des combats, 150 goumiers marocains ont t tus et 530 blesss, cela reprsente la moiti des pertes. Les combats les plus durs ont eu lieu au Nord. Entre Saint-Antoine et l'actuelle Castellane se trouvait la villa Fo-resta, les Allemands en avaient fait un point fort au centre d'un chapelet dfensif.

    Qui taient ces soldats ? Comment taient-ils recruts ? Que sont-ils devenus aprs guerre ?Les troupes coloniales taient recrutes notamment dans les zones les plus pauvres de lempire. Il y avait des engags et des appels selon le statut des territoires concer-ns. Par exemple au Maroc, protectorat, il n'y a eu que des engags volontaires. En Algrie, dpartement franais, le nombre d'appels a dpass celui des engags vo-lontaires. Dans le cas de la Libration de la Provence, il s'agissait dengags volontaires car considrs comme plus fiables que les appels.Il y a une grande diversit de motifs d'en-gagement, d'abord la misre bien sr mais on retrouve aussi parmi ces hommes des fortes ttes ayant envie d'en dcoudre ou des soldats issus de familles hritires de tradi-tions militaires. Aprs guerre, ils rentrent au pays et sou-vent grimpent dans l'chelle sociale. Ils ont tous eu des problmes lis leurs pensions, jusqu' ce qu'ils obtiennent leur dcristalli-sation complte.

    Que nous dit cette priode historique de l'ambivalence exploitation coloniale - mobilisation des peuples face au fascisme ?Il faut tre prudent sur ce point. Les cou-sins des goumiers marocains, des berbres du Rif ont par exemple t enrls par Fran-co. L'encadrement franais a par ailleurs laiss les goumiers se venger sur les popu-lations civiles en Italie. De nombreux rcits de maroquinades telles que les appellent les Italiens existent. Par ailleurs, l'arme franaise s'est ensuite servie des uns contre les autres pour faire de tous, les chiens de

    garde du colonialisme. Ainsi, ce sont des Sngalais qui ont brutalement rprim les meutes de Fs, Rabat et Casablanca en janvier 1944 aprs l'appel l'indpendance lanc par l'Istiqlal. Autre exemple : ce sont des soldats marocains qui ont inflig des razzias au Nord Constantinois en mai 1945.

    Paradoxalement, on retrouve des anciens engags volontaires dans les mouvements d'indpendance.Plus de la moiti des fondateurs du FLN sont en effet passs par l'arme franaise. Au-del de l'Algrie, de nombreux tmoignages ren-dent compte de situation semblable comme celui de Samuel Ekw, un indpendantiste camerounais qui avait fait le choix de la lutte arme, qui, captur par les militaires

    franais n'a pas t condamn mort parce qu'il avait fait... Bir Hakeim.

    A Marseille, qui s'est souleve contre l'occupant, quel rle dans la rsistance et l'insurrection ont jou d'autres combattants venus d'ailleurs et groups au sein de la MOI ?La main duvre immigre (MOI) est d'abord compose de militants communistes, des vieux briscards prcdemment engags dans les Brigades internationales en Es-pagne, vite rejoints par de jeunes trangers dsireux de rsister. La carte des actions

    des FTP-MOI marque par la faucille et le marteau renseignent sur lorigine sociale des combattants.Une clbre photographie (ci-dessus, ndlr) du groupe Marat qui dfile sur le Vieux-Port reprsente bien leur diversit. Au centre, en chemise claire cest leur chef Max Brings, un Allemand. A droite, Jean Vrine, un Franais engag avec la MOI aprs une histoire damour avec une juive polonaise. A gauche, Mihail Florescu, un Roumain qui deviendra par la suite ministre de Ceauses-cu. Au second rang, un Albanais, Veli Dedi porte le drapeau franais entour de Gilbert Dargemont et Nathan Chapochnik, un juif lituanien. Ils sont tous trs jeunes mais dfi-lent sans Michel Fey, qui fut lge de 21 ans successivement chef militaire des FTP-MOI

    dans les Alpes-Maritimes, Marseille puis Lyon o il disparat aprs son arrestation lors dun contrle didentit.

    Pourquoi ce pan de l'histoire est-il longtemps rest dans l'ombre ?Les troupes coloniales rentres au pays sont clbres en 1954 pour les 10 ans de la Libra-tion puis avec les indpendances une double occultation de la mmoire a lieu. Du ct de la France mais aussi des anciens peuples co-loniss. Ben Bella par exemple ne rappellera pas quil fut un soldat de larme franaise. Quant la MOI, beaucoup de ses membres regagneront lEurope de lEst domine par les Sovitiques o ils subiront pour une part la rpression stalinienne. La mmoire de la Rsistance partage entre gaullistes et communistes les laisse en marge. Les premiers insistant avant tout sur le peuple de France insurg contre loccupant et les seconds, les regardant non plus comme des trangers mais des franais de prfrence aprs leurs faits darmes.

    En quoi redcouvrir ce pass contribue-t-il dessiner lavenir de la socit franaise ?Le premier surgissement de cette mmoire a eu lieu avec la marche des beurs autour de lide je suis dici parce que mon grand-pre sest battu pour la France . Sidentifier une fraction de ceux qui ont combattu conduit reconnatre tous les autres. Cest une histoire qui parle aussi aux anciens peuples coloniss. Des figures de lantico-lonialisme comme Ferhat Abbas ou Franz Fanon ont dit chacun leur faon combien larme et lcole de la puissance coloniale avaient t les ferments des mouvements dindpendance.wwww.groupemarat.com

    La compagnie Marat Marseille le 29 aot 1944. photo : julia pirotte

    Historien et animateur de l'amicale du groupe Marat, Grgoire Georges-Picot, est l'auteur de plusieurs ouvrages et ralisateur de films sur les trangers dans la Rsistance et les troupes coloniales dans la Seconde Guerre mondiale.

    Rencontre Propos recueillis par L.P.

    S'identifier une fraction de ceux qui ont combattu conduit reconnatre tous les autres

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    Des rsistants FTP sur les marches du lyce Thiers. Photos : Julia Pirotte

    n Les quelques scnes de joie qui, par-tir du 28 aot 1944, clatent Marseille sont la hauteur de la souffrance vcue par la population durant plusieurs annes. La ville a lourdement subi les horreurs de la guerre : les quartiers du Vieux-Port auront t rass, sa population rafle puis dporte et, comble du sort, le centre bombard par les Allis le 27 mai 1944. Huit jours d'pres combats auront t ncessaires pour venir bout de l'ennemi. Du 21 au 28 aot. Ds le 15 aot, suite au Dbarquement de Provence sur les plages du Var, le rapport de force avait chang. Les Allemands tentaient de faire vacuer la population de Marseille. En vain. Au contraire, le 16, la CGT clandestine, sou-tenue par les organisations de rsistance (Front national de libration de la France, PCF, FTP-MOI, Milices patriotiques, etc.) organise une grve gnrale et lance un mot d'ordre insurrectionnel. Elle aura vrita-blement lieu du 19 au 22 aot. Le peuple de Marseille s'empare de la Prfecture (photos ci-contre). L'arme dirige par le gnral de Monsabert entrera en ville le 23, en pro-venance du Var. D'autres combats auront lieu et le coup fatal, militairement et sym-boliquement se tiendra le 25 avec la prise de Notre-Dame de la Garde par le 7e rgiment de tirailleurs algriens. Environ 1500 rsistants et soldats allis, et 2000 Allemands mourront cette semaine. Des poches demeureront aux mains des Al-lemands mais elles seront trs vite reprises. Le 29 aot, toute la population peut enfin participer au dfil de l'Arme d'Afrique et des mouvements de Rsistance sur la Cane-bire et les quais du Vieux-port.

    S.M.

    Quand la belle se rebelleRegard. le destin de la cit phocenne est

    intimement li celui de la Marseillaise. il lui aura fallu 8 jours de combats mens par la

    rsistance et l'arme dbarque dans le Var le 15 aot. la photographe Julia Pirotte, rsistante au sein des FtP-Moi, a immortalis ces journes

    dcisives. elle collaborera la Marseillaise et Rouge-Midi pendant plusieurs mois, offrant ainsi

    un tmoignage unique sur un peuple insurg dtermin reconqurir sa libert.

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    La Marseillaise dimanche 24 aot 2014

    Les volontaires de la Croix-Rouge Endoume. Photos : Julia Pirotte Les obsques de Mala Kriegel au cimetire Saint-Pierre.

    Vassilas Stamboulis et Sarkis Bedikian, du quartier Saint-Loup, membres de la compagnie Marat FTP-MOI. Photo : Julia Pirotte - Fonds anaCr des Bdr

    Les plus grands jours de ma vie furent ceux de l'insurrection Marseille .

    juLIA PIROTTE, PhOTOgRAPhE, RSISTAnTE

    Le portrait de Julia Pirotte sur lamarseillaise.fr en flashant le QR code.

    Aubrac nomm Commissaire de la RpubliqueDs le 15 aot, le jeune rsistant Raymond Aubrac est nomm Commissaire de la Rpublique par le gnral de gaulle pour la rgion Sud-Est. Il sigera Marseille jusqu'en janvier 1945 pour grer la question de la reconstruction et du ravitaillement. Dans un souci de rpartition des pouvoirs, il confia la dlgation spciale, sorte de mairie, au socialiste gaston Defferre, tandis qu'il soutint la CgT et le PCF dans le domaine conomique travers les rquisitions d'entreprises pour acclrer la reprise de l'activit industrielle.

    Retrouvez l'action de Raymond Aubrac dans les archives de la Marseillaise de 1944 en flashant le QR code.

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    dimanche 24 aot 2014 La Marseillaise

    n Christian Delporte, universitaire, historien des mdias est co-auteur d'un ouvrage intitul Les Mdias et la Li-bration . Il revient sur la rpression subie par la presse n'ayant pas voulu collaborer avec l'occupant tout en soulignant le rle jou par une multitude de titres ns dans la clandestinit. Au pril de la vie de leurs fondateurs.

    Quelle tait la situation des mdias de presse crite en France sous l'Occupation ?Trs peu de journaux se sont sabords en 1940 : LIntransigeant, Le Populaire ou Le Canard enchan font partie des excep-tions. LHumanit, elle, avait t interdite ds 1939. La plupart des titres nationaux ont choisi de sinstaller en zone Sud comme Le Jour-LEcho de Paris ou Gringoire Marseille, estimant que Vichy tait encore la France. Dautres, comme Le Matin ou LOeuvre, ont opt pour le collaboration-nisme outrance en continuant de paratre Paris. Cest l aussi quon trouve les journaux fascistes, comme Je suis partout. Chaque zone a son rgime de censure, ses notes dorientation et ses consignes quoti-diennes. En zone Sud, la presse aseptise clbre le Marchal et la politique de colla-boration. En zone Nord, plus violente, elle se met au diapason de la propagande nazie. Tout bascule en novembre 1942 lorsque la Wehrmacht pntre en zone Sud. La cen-sure allemande prend le pas sur la censure franaise. Quelques titres se sabordent, comme Le Figaro ou La Croix, mais la plupart se soumettent. Ce qui explique pourquoi, la Libration, la quasi-totalit des journaux sont interdits.

    Dans un tel contexte, comment nat la presse clandestine ? Qui en est l'origine et avec quels moyens?Linitiative est dabord spontane, prcaire et individuelle. Ds le 17 juin 1940, Brive, Edmond Michelet polycopie et glisse, la nuit, dans les botes aux lettres un simple tract commenant par les mots Celui qui ne se rend pas a raison sur celui qui se rend . Mais le premier vrai journal clandestin, Pantagruel, nat en octobre 1940. On le doit Raymond Deiss, un di-teur de musique parisien, qui en sort 16 numros en un an. Arrt, il est dcapit

    la hache dans une prison de Cologne. Les initiatives se multiplient. Laction individuelle devient collective et fdre les mouvements de Rsistance dont le but est dabord de lutter contre la propagande de Vichy et des Allemands. Les rsistants drobent des machines crire, des sten-cils, des appareils dupliquer et bientt sassurent la complicit des imprimeurs et des ouvriers du livre, linotypistes, typo-graphes, clicheurs, etc. Certaines feuilles clandestines sont mme conues dans les imprimeries des journaux de zone Sud. Grce aux ressources de la France libre,

    on passe la vitesse suprieure. En 1942, Combat tire dj 40 000 exemplaires. En 1944, grce aux imprimeries clandestines, le tirage atteint les 250 000, ce qui suppose une chane de complicits, notamment celle des cheminots.

    Le Conseil national de la Rsistance (CNR) a-t-il jou un rle dans la cration d'un projet de presse libre partir de 1944 et en quoi un tel projet aurait t en soi rvolutionnaire ?Le programme du CNR affirmait nces-saire la libert de la presse, son honneur et son indpendance lgard de lEtat et des puissances dargent . Il nest pas le seul avoir pens la presse de la Libration. Les principaux responsables des journaux de la Rsistance se sont runis, ds 1943, en Commission de la presse clandestine. Mais les points de vue taient convergents : faire table rase en interdisant les journaux qui avaient failli (soit la quasi-totalit des titres davant-guerre) et reconstruire une presse dmocratique, rendue aux journa-listes, interdite aux puissances dargent, ayant pour seule mission la vrit au ser-vice du citoyen. Les titres de la collabora-tion ont bien t interdits mais la nouvelle lgislation prservant la presse des int-rts marchands nest jamais arrive. Si lordonnance de 1944 sur la transparence en matire de proprit dun journal a bien t applique, celle prvoyant quun mme homme ne pourrait pas possder plus dun quotidien 100 000 exemplaires, ne la jamais t. Ds 1947, lillusion de la Lib-ration passe, les logiques marchandes ont fait leur retour dans la presse.

    Beaucoup des journaux clandestins ont-ils survcu aprs la Libration ou est-ce que leur vocation antinazie tait telle qu'ils n'avaient plus lieu d'tre aprs 1945 ?A la Libration, cest lEtat qui rglemente la parution des titres. Il faut une autorisa-tion paratre, donne automatiquement aux journaux clandestins, condition quils aient diffus leur premier numro avant le 1er janvier 1944, faon dviter le surgissement des rsistants de la dernire heure. Le nombre des feuilles clandestines tant insuffisant pour couvrir le territoire, lEtat a autoris des journaux fonds par

    des quipes de rsistants ou pouvant se prvaloir dexprimer un courant dopinion patriotique (en fait communiste, socialiste ou dmocrate-chrtien). Les animateurs de titres clandestins navaient aucune exp-rience de journalisme : la fivre de la Li-bration retombe, la plupart sont retour-ns leur mtier dorigine, ont repris des tudes, ont abandonn la presse. Beaucoup de titres issus de la Rsistance ont vite sombr. Ils taient mal grs et les Fran-ais, revenus des temps plus ordinaires, se sont dtourns des quotidiens jugs trop politiques au profit de quotidiens dinfor-

    mation. Entre 1947 et 1952, le nombre de titres, Paris comme en province, a t divis par deux.

    Que reste-t-il de l'lan de la Libration, de son esprit d'indpendance et de sa libert de ton ? Sans doute trois fondements essentiels de la presse franaise. Dabord, lindpen-dance ncessaire lgard des pouvoirs, politique et conomique, comme condition du journalisme : les Franais le disent dans tous les sondages depuis 30 ans. Ensuite, le respect dun journalisme engag au service du citoyen : en France, la presse dopinion reste bien plus prsente que dans la plu-part des pays dmocratiques. Enfin, lide quun journal nest pas un produit comme un autre, quil ne doit pas tre soumis aux seules logiques marchandes, ce qui justifie notamment les aides de lEtat au plura-lisme de la presse. On conserve en France une haute ide du rle dmocratique des mdias. Et cela, on le doit grandement lhritage de la Rsistance.

    EntREtIEn RALIS pAR JEAnnEttE RIou

    wChristian Delporte est professeur des universits, vice-prsident du Conseil scientifique, charg de la Recherche et du Dveloppement scientifique, Universit de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines.

    wBibliographie: - Les mdias et la Libration 1945-2005, (avec Denis Marechal) Paris, INA-L'Harmattan, 2006.- Histoire des mdias en France, de la Grande Guerre nos jours,(avec Fabrice dAlmeida) Paris, Flammarion, Champs-Universit, 2003. (dition revue et augmente, Champs-Histoire, 2010).

    Un journal nest pas un produit comme un autre

    un linotypiste de la Marseillaise aprs-guerre. photo: archives la marseillaise

    Le programme du CnR affirmait ncessaire l'indpendance de la presse l'gard de l'Etat et des puissances de l'argent

    CHRIStIAn DELpoRtE. l'universitaire et historien des mdias revient sur la situation de la presse sous l'occupation, de l'mergence de titres clandestins et d'un nouvel lan n aprs la libration.

  • 1944-2014LA MARSEILLAISE 23

    La Marseillaise dimanche 24 aot 2014

    La Marseillaise-l'Hrault du jour se diffuse dans les Bouches-du-Rhne, le Var, le Vaucluse, les Alpes de haute-Provence, le Gard et l'Hrault.Photo : reProduction Migu Mariotti

    Ds le premier jour, la Marseillaise a choisi une ligne de conduite. Elle n'a jamais dvi, failli ou renonc. Marchant quelquefois contre-courant, secoue de toutes parts, avanant parfois seule ou faisant front le dos au mur .

    GEoRGES RIGHEttI,

    AncIEn dIREctEuR dE LA MARSEILLAISE, dAnS unE

    dcLARAtIon dE 1979.

    1962Il s'agissait au dpart de crer un vnement populaire. Du Critrium international Ricard la Marseillaise, au Mondial la Marseillaise ptanque, plus d'un demi-sicle est pass et a fait de l'preuve le plus grand concours de boules de la plante qui se tient chaque anne en juillet avec plus de 4000 triplettes au rendez-vous.

    1985Dans son dition du dimanche 14 avril 1985, la Marseillaise procde une vritable rvolution. Pour la premire fois de son histoire, le journal change de format et passe en mode tablod. Un format toujours en vigueur aujourd'hui.

    Le nerf de la guerreN'appartenant aucun groupe de presse, la Marseillaise a ds 1944 men de nombreuses et difficiles batailles financires pour se donner les moyens de vivre (ventes, vnementiel, souscription, publicit).

    Ce numro a t ralis sous la direction de Sbastien Madau, rdacteur en chef. Avec la participation de

    Lo Purguette, Jeannette Riou, Rolland Martinez (rdaction)

    Robert Terzian, Migu Mariotti, Patrick Di Domenico

    (photos), archives la Marseillaise.

    Et laimable concours du groupe Marat pour le fonds photogra-

    phique de Julia Pirotte et la collection

    J.de MonsabertConception graphique

    et secrtariat de rdaction : Sandrine Guidon

    CMJN

  • 1944-2014LA MARSEILLAISE24

    dimanche 24 aot 2014 La Marseillaise

    La Marseillaise, une histoire d'engagements de tout son personnel depuis 70 ans au service de l'information et des batailles du mouvement progressiste. PHOTOS: ARCHIVES LA MARSEILLAISE ET ROBERT TERZIAN

    Du plomb l'internet, la passion d'informer

    n La vie d'un journal n'a jamais t chose simple. Celle de la Marseillaise, de sa naissance, dans la clandestinit des nuits noires de l'Occupation nazie aujourd'hui, a t faite de joies, de peines, de colres, de combats affronts et de dfis relevs. Joies du travai l bien f ai t au service des lecteurs et des avances du mouvement social. Peines devant la perte de com-pagnons de route et colre face l'injustice. Combats permanents pour exister et dfis relever pour se dvelopper. On ne peut comprendre au-trement cette curiosit de la presse en France et en Europe que reprsentent soixante-dix ans d'existence d'un quotidien r-gional comme la Marseillaise. Un quotidien indpendant, libre des forces de l'argent et ne comptant que sur la qualit et le dvoue-ment de son personnel adminis-tratif, technique, rdactionnel et publicitaire, autant que sur le soutien de ses lecteurs. Mais, russir ce tour de force n'aura t possible que par la conjonction de deux facteurs essentiels et insparables en l'oc-currence : l'attachement militant et le professionnalisme. Car pour tre efficace, durer dans le mi-lieu de la presse et grer une telle entreprise, il faut effectivement tre professionnellement, en per-manence, la hauteur des dfis ditoriaux et technologiques qui permettent l'amlioration conti-nue des contenus et de la facture du journal. La presse a beaucoup boug depuis soixante-dix ans et la Marseillaise a toujours mis un point d'honneur tre dans ce mouvement permanent, voire de

    le prcder parfois, malgr la fai-blesse de ses moyens financiers. Elle a toujours t au rendez-vous et su grer les mutations techno-logiques de l'imprimerie et celles de l'informatisation de l'admi-nistration et des rdactions, la nouvelle donne de l'internet... Bien entendu rien de tout cela n'a t simple dans la mesure o, au-del des interdits politiques et des batailles idologiques, les volutions technologiques conti-nues en matire de fabrication et la rvolution de l'information avec l'internet, ont un cot finan-cier. De ce fait, elles constituent une pe de Damocls pour le journal, oblig d'investir s'il veut rester dans la course. Cette question est d'autant plus difficile grer qu'une des caractristiques de ces volu-tions technologiques, c'est leur vitesse et donc leur dure de vie limite. Trs vite, un investisse-ment technique ou informatique en appelle un autre plus perfor-mant, plus efficace. Un rythme plus facile soutenir pour des titres lis des groupes finan-ciers, mais on le comprend ais-ment, plus compliqu pour un journal comme le ntre et la sp-cificit de son fonctionnement. Si la ncessit d'un investissement s'impose, sa ralisation pour la Marseillaise s'apparente souvent un parcours du combattant pour trouver les fonds. Pourtant, c'est l le nouveau dfi qu'a commenc relever la Marseillaise avec toujours le mme objectif d'aider et de re-layer tout ce qui contribue la transformation sociale. Et tou-jours avec la mme passion : in-former.

    ROLLAND MARTINEZ

    Modernisation. Comme tous les titres de la presse quotidienne, notre journal a affront seul nombre d'volutions technologiques pour continuer de remplir ses missions.

  • RubricageThme

    La Marseillaise dimanche 24 aot 2014

    1944-2014LA MARSEILLAISE 25

    La Marseillaise, une histoire d'engagements de tout son personnel depuis 70 ans au service de l'information et des batailles du mouvement progressiste. PHOTOS: ARCHIVES LA MARSEILLAISE ET ROBERT TERZIAN

    n Il y a un domaine pour lequel la Marseillaise a toujours voulu vivre dans son poque et a tenu innover sans cesse : la technolo-gie. L'apparition de la bulle inter-net a oblig les organes de presse s'adapter aux nouveaux modes de communication, de transmis-sion de l'information et de lien avec le public dont les besoins ont volu. La Marseillaise a aussi voulu tre de cette bataille des nou-velles technologies. Non pas par suivisme mais bel et bien parce qu'elle est convaincue et que sa volont continuer d'assurer sa mission d'information au quoti-dien vis vis de ses lecteurs est intacte.

    La presse se cherche un modle conomique viable et durable Ce n'est pas un hasard, si la Marseillaise a cr son site in-ternet lamarseillaise.fr ds 2006. Il s'agissait l'poque de se mu-nir des "armes" journalistiques ncessaires pour affronter les enjeux qui s'imposaient nous. Beaucoup ont voulu opposer le journalisme dit traditionnel celui ralis sur internet. Cela n'a jamais t notre conception du mtier car nous ne consid-rons pas la diversit de supports comme une fin en soi mais plutt comme un largissement de nos capacits accder au lecteur et/ou l'internaute. Pas ques-tion non plus de baisser la garde quant l'aspect qualitatif entre les diffrents supports. Oprer en bimdia, c'est ali-menter le flux d'information en ligne vis vis de celles et ceux qui sont en attente d'informations locales, rgionales, nationales et internationales. Et leur proposer dans le papier un traitement de l'information, tout aussi appro-fondi. Pour autant, nous sommes conscients que pour russir ce pari du bimedia, il en va aussi de notre responsabilit. Soyons innovants dans ce domaine qui peine encore trouver un mo-dle conomique vritablement viable! A nous donc enfin de savoir largir notre base d'influence, notre communaut, de continuer nous mobiliser pour relever ce dfi qui permettrait la Mar-seillaise d'tre, une fois encore, la hauteur de ses ambitions.

    S.M.

    wRetrouvez la Marseillaise en ligne sur son site internet lamarseillaise.fr, sur facebook (Journal La Marseillaise) et sur twitter (@lamarsweb).

    Bimdia. la Marseillaise au coeur du dfi numrique.

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