lde #192 spéciale formation des enseignants
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Lettre des élusTRANSCRIPT
La lettredes élus
Une publication mensuelle de l’UNEF et de l’APFEEN° de Commission Paritaire : 0108G82659 • ISSN : 1761-1547 // Directeur de publication : Sébastien Chaillou // Rédacteurs en chef : William Martinet Alexandre Gavard, Yoro Fall // mail : [email protected] // tél : 01 42 02 25 55 // Impression : imprimerie Grenier RCS Créteil B 622.053.189
Actualités • Recrutements en 2013 // Emplois d’avenir professeur
Dossier • Quelle formation pour les enseignants ?
Fiche pratique • Quel rôle pour les élus étudiants dans la réforme de la formation des enseignants
Interview • Yves Durand, Député du Nord, Président du groupe de travail sur la formation des enseignants.
Association pour la Formation des Elus Etudiants
APFEE
Bonjour à tous !
Le gouvernement Ayrault a mis au cœur de ses priorités l’Éducation. Lancée le 6 juillet dernier par Vincent Peillon, la Refondation de l’École a été le lieu de la concertation entre tous les acteurs de la communauté éducative. Elle a débou-ché sur des propositions pour une loi de programmation pour l’École.
Les « élus UNEF et associations étudiantes » se sont pleine-ment investis dans cette concertation pour porter les prio-rités étudiantes. Parmi ces priorités, figure la remise à plat de la formation des enseignants. Détruite sous le précédent quinquennat, les élus « UNEF et associations étudiantes » ont eu la volonté de la reconstruire : en répondant à l’ur-gence pour les étudiants en cours de formation, en démo-cratisant le métier d’enseignant et enfin en garantissant une formation professionnelle pour les futurs enseignants.
Des premières victoires ont d’ores et déjà été obtenues dans les annonces faites par le gouvernement : place du concours, retour de l’année de fonctionnaire stagiaire, créa-tion de postes, création du dispositif d’emplois d’avenir pro-fesseurs… Cette Lettre des Elus est entièrement consacrée aux changements que connaît la formation des enseignants.
Si ces mesures sont positives, un long chemin reste encore à parcourir. Les élus « UNEF et associations étudiantes » reviennent dans le dossier de cette Lettre des Élus, sur leur projet pour la formation des enseignants.
Enfin, nous donnerons la parole à Yves Durand, député du Nord. Il est spécia-liste des questions éducatives et a pré-sidé le groupe de travail sur la forma-tion des enseignants dans la cadre de la Refondation de l’Ecole.
Bonne lecture !William Martinet,
Élu au CNESER
#192Septembre 2012
Spéciale formation des enseignants
Le mandat de Nicolas Sarkozy s’est traduit par
une réduction importante du nombre de fonc-
tionnaires dans l’Éducation Nationale. La règle du
non remplacement d’un départ à la retraite sur
deux a été appliquée pendant 5 ans et a conduit
à 80 000 suppressions de postes. L’application de
cette règle dogmatique a fragilisé le service public
d’éducation : classes surchargées quand elles ne
sont pas fermées, remise en cause de dispositifs
de soutien (comme le Réseau d’Aide et de Soutien
aux Elèves en Difficultés) et réduction du nombre
d’enseignants remplaçants.
La Refondation de l’école annoncée par le gouver-
nement ne pouvait se faire sans envoyer un signal
fort à la communauté éducative. Aucune réforme
ambitieuse de l’Éducation Nationale ne peut se
faire sans moyens supplémentaires. C’est le mes-
sage que les organisations syndicales et les élus «
UNEF et associations étudiantes » ont fait entendre
durant la campagne. Cette exigence a été enten-
due par François Hollande, qui s’est engagée pen-
dant sa campagne à créer 60 000 postes dans
l’Education Nationale sur 5 ans. Ces créations de
postes sont autant de débouchés professionnels
pour les étudiants.
Développer le vivier pour recruter de nouveaux enseignantsLe recrutement d’enseignants se heurte à un obs-
tacle : la faiblesse du vivier de recrutement. La
réforme de la formation des enseignant mise en
place par Nicolas Sarkozy en a fait un parcours du
combattant qui rebute les étudiants. Lors des pré-
cédentes sessions du concours, des postes sont
restés vacants, et cela malgré une faible création
de postes. Réussir la réforme de la formation des
enseignements, actuellement en négociation, est
un enjeu de taille pour recruter les fonctionnaires
promis par François Hollande.
Les sessions 2013 du concours : premier recrutement ambitieuxLa session 2013 du concours est la première
organisée par le nouveau gouvernement. Elle
est en lien avec la réforme de la formation des
enseignants, qui voit le concours se déplacer
de la fin du M2 à la fin du M1. Elle sera organisée
en deux sessions :
• La première session de juin 2013, qui
se destine aux étudiants actuellement en
M2 enseignement et qui ont déjà passé
l’admissibilité en début d’année. Elle ouvre 22
100 postes, de quoi assurer le remplacement
des départs à la retraites. Ces étudiants auront
le statut de fonctionnaire stagiaire l’année
prochaine. Ils bénéficieront d’une décharge
de service (une réduction de leur temps de
travail en établissement) qui sera utilisée pour
renforcer leur formation professionnelle.
• La deuxième session de juin 2013, qui se
destine principalement aux étudiants en
M1 mais qui sera également ouverte aux
étudiants de M2. Elle ouvre 21 350 postes. Elle
comportera uniquement une admissibilité qui
donnera accès à un M2 en alternance, sous le
statut de contractuels avec un 1/3 temps de
service.
Les élus « UNEF et associations étudiantes »
se félicitent de ces créations de postes. Ils
resteront vigilants pour l’application dans la
continuité de cette politique de recrutement
notamment en réclamant la publication rapide
des postes ouverts au concours pour chaque
session du quinquennat.
Marthe Corpet
Elue au CNESER
43 000 recrutements dans l’Éducation Nationale en 2013
Après plusieurs mois de débat, la
concertation sur la refondation de l’école
a remis son rapport le 5 octobre dernier
à Vincent Peillon, ministre de l’Education
nationale. Quatre groupes de travail se sont
penchés respectivement sur la réussite
scolaire, le système éducatif, la place des
élèves et la formation des enseignants.
Cette concertation a rassemblé l’ensemble
des acteurs du monde éducatif : parents
d’élèves, représentants d’élèves, enseignants
et personnels encadrant.
Concernant la formation des enseignants,
François Hollande a annoncé les premiers
arbitrages qui seront le cadre de la future
réforme. Dans le prolongement des
préconisations issues de la concertation, il a
annoncé la création des Écoles Supérieures
du Professorat et de l’Éducation (ESPE) qui
viendront remplacer les IUFM : l’objectif
étant de permettre une formation de
qualité, dans une structure unique intégrée
aux universités. Il a également annoncé le
déplacement du concours à la fin du Master
1, pour permettre une année de formation
en Master 2 en alternance, sous le statut
de fonctionnaire stagiaire. Cette formation
devra donner aux futurs enseignants une
véritable expérience professionnelle et une
maîtrise de la pédagogie, pour les préparer à
leur futur métier.
Actualités
2
Bilan de la Refondation de l’école
Emplois d’avenir
3
La réforme de la formation des enseignants
dite de la mastérisation mise en place par le
gouvernement précédent a détourné les étudiants
du métier d’enseignants en allongeant la durée de
formation sans assurer les moyens permettant aux
étudiants de la financer. A la session 2011, 926
postes n’étaient pas pourvus faute de candidats.
Face à cette diminution du vivier de recrutement
et afin d’atteindre l’objectif de 60 000 créations
de postes sur l’ensemble du quinquennat, Vincent
Peillon a annoncé la création de 6000 Emplois
d’Avenir Professeur chaque année dès janvier 2013
pour atteindre 18 000 emplois en 2015.
Les Emplois d’Avenir Professeur, une formation professionnelle qui débute en licenceCes emplois sont réservés aux étudiants boursiers
souhaitant s’engager dans une formation
préparant aux métiers de l’enseignement. Ils seront
accessibles à partir de la L2 pour une durée de 3
ans. Les étudiants disposeront d’une rémunération
de 609 à 1000 € qui se compose de :
• La bourse du CROUS, selon l’échelon d’un
montant de 0€ à 391€ par mois (montant calculé
sur 12 mois).
• Une bourse de service public financé par le
Ministère de l’Education Nationale, d’un montant
de 217 € par mois.
• La rémunération 12h de travail hebdomadaire en
établissement scolaire, d’un montant de 392 € par
mois.
Le ministère de l’Education National aura la charge
de répartir ces contrats entre les académies et
les filières en fonction du manque d’enseignants.
Dans chaque académie, des commissions
pédagogiques sélectionneront candidats. En plus
d’être boursiers, le fait d’avoir vécu deux ans en ZUS
et d’avoir étudié deux ans en ZEP sera un critère
supplémentaire mais qui ne sera pas obligatoire.
Un dispositif aux effets limitésSuite à l’annonce du projet de loi sur les emplois
d’avenir professeurs, les élus « UNEF et associations
étudiantes » ont exprimé leurs inquiétudes sur ce
dispositif lors du Conseil Supérieur de l’Éducation.
Le principe d’un travail salarié pour permettre à
l’étudiant de financer ses études pose problème.
Certes, les Emploi d’Avenir Professeur sont en
lien avec le cursus et le projet professionnel
de l’étudiant. La rémunération, complétée
par la bourse de service public, est également
attractive. Pour autant, les 12h hebdomadaires en
établissement scolaire restent une charge de travail
importante, difficile à concilier avec la réussite
d’une année en licence.
Face à un projet dont les effets pour la
démocratisation risquent d’être limités, les
élus « UNEF et associations étudiantes »
se sont battus pour le faire évoluer. Ils ont
été reçus par le ministre et ont réclamé le
dépôt d’amendements lors de la session
parlementaire.
Elargir les conditions d’accèsDans le projet de loi initial, les emplois d’avenir
professeurs n’étaient accessibles qu’aux étudiants
de deuxième année de licence. Les élus « UNEF
et associations étudiantes » ont interpellé Yves
Durand, le député responsable du groupe de travail
« formation des enseignants » dans la concertation
sur la Refondation de l’Ecole. Ils ont obtenu le dépôt
et le vote d’un amendement permettant l’accès à
ces emplois aux étudiants de troisième année de
Des emplois d’avenir professeur pour démocratiser les métiers de l’enseignement
licence et de première année de master.
Préparer professionnellement les étudiants au concoursLes élus « UNEF et associations étudiantes » ont
interpellé le ministre sur la nature des missions
confiées aux étudiants dans les établissements
scolaires. Pour les élus « UNEF et associations
étudiantes », ces missions doivent permettre une
réelle préparation professionnelle aux concours.
Afin de permettre une articulation entre l’activité
salariée de l’étudiant et son parcours pédagogique,
les élus « UNEF et associations étudiantes » ont fait
voter un amendement fixant un plafond à 17h30
par semaine variable selon les contrats et ont
également obtenu les garanties suivantes :
• L’établissement scolaire doit être à proximité
du lieu d’étude de l’étudiant.
• L’étudiant doit être accompagné par un tuteur.
• La pratique de l’étudiant dans l’établissement
variera selon son niveau: observation et activité
périscolaire en L2, préparation des enseigne-
ments en L3 et mise en responsabilité accom-
pagnée face aux élèves en M1.
• La préparation des activités pédagogique doit
être comptabilisée dans le temps de travail.
Les batailles à venir pour démocratiser les métiers de l’enseignementLes emplois d’avenir professeurs représentent une
mesure dont le périmètre reste limité aux seuls
étudiants boursiers. Les élus « UNEF et associations
étudiantes » continuent à peser sur ce dispositif, en
particulier lors du vote sur les décrets d’application
de la loi en exigeant :
• L’accès aux titulaires d’un FNAU annuel et non
plus seulement aux étudiants boursiers pour
permettre notamment aux étudiants qui perdent
leur qualité de boursier de rester dans ce dispositif.
• Une meilleure articulation entre le travail salarié
et la formation universitaire afin de ne pas
surcharger les étudiants en intégrant dans les
maquettes de formations en licence des UE de
préprofessionnalisation qui permettent la
validation de crédits ECTS.
• L’accès des étudiants à un congé de formation
rémunéré pour la préparation des examens et du
concours.
Sandra Carvalho
4
année d’étude. C’est un élément essentiel pour
lutter contre la reproduction sociale.
Réhabiliter la formation professionnelleLa réforme précédente avait vidé les Institut
Universitaire de Formation des Maîtres (IUFM)
de leurs moyens et de leurs missions au profit
des UFR, imposant un penchant trop discipli-
naire dans la formation des enseignants. Les
annonces du Ministre semblent indiquer un
rééquilibrage indispensable entre formation
disciplinaire et professionnelle par la création
des ESPE.
Des mesures d’urgences pour les enseignants victimes de la masterisationDès la rentrée, le gouvernement a également
envoyé des signes forts pour soutenir les jeunes
enseignants et compenser leur manque de for-
mation professionnelle initiale. Le ministre a an-
noncé deux mesures d’urgence revendiquées
par les élus « UNEF et associations étudiantes ».
Un temps de décharge de trois heures par se-
maine sur les 16 heures en établissement pour
les enseignants titularisés l’année dernière. Ce
temps de décharge leur permettra de se former
dans les IUFM, et de corriger l’absence de pro-
fessionnalisation de leur formation. Une forma-
tion continue renforcée pour les trois généra-
tions d’enseignants victimes de la mastérisation
a également été annoncée.
Des annonces qui doivent aboutir sur une réforme ambitieuseSi les élus UNEF et associations étudiantes se
félicitent des premières annonces du gouver-
nement, ils continueront à faire entendre leur
voix pour que les chantiers qui restent ouverts
aboutissent à une réforme ambitieuse de la for-
mation des enseignants. Le contenu et le ca-
drage des masters enseignement, les exigences
du concours, l’organisation des stages, le rôle
et le périmètre des ESPE, restent des questions
déterminantes auxquelles il faudra répondre.
Le contenu de la formation des enseignants.Elle doit donner aux futurs enseignants tous les
outils pour réaliser leur métier dans de bonnes
conditions. Le contenu de la formation des
enseignants doit correspondre à trois blocs de
compétences :
• L’approfondissement des connaissances dis-
ciplinaires. L’enseignant doit les maîtriser par-
faitement pour pouvoir les transmettre aux
élèves.
• La didactique. La capacité à transmettre son
savoir n’a rien de naturel et doit faire partie de
la formation des futurs enseignants.
• La connaissance de l’environnement profes-
sionnel. Elle est indispensable pour permettre
aux futurs enseignants de mettre en pratique
les connaissances qu’il a acquises.
Loin de correspondre chacun à un nombre
d’heure ou à un type d’enseignement, les 3
blocs de compétences doivent correspondre
à un enseignement intégré. Par exemple, les
stages de terrain participent à la connaissance
de l’environnement professionnelle, mais il
s’agit également d’’une mise en pratique de la
didactique qui permet son approfondissement.
Les trois blocs de compétences doivent donc
être présents pendant les 2 ans de formation
initiale avec une progression du temps forma-
tion sur l’environnement professionnel.
L’année de Master 1
Elle sera structurée par les exigences du
concours, placé en fin d’année. Les élus « UNEF
et associations étudiantes » se feront entendre
pour éviter plusieurs écueils :
• D’abord celui d’une formation séquencée, où
le M1 sera réservé à l’enseignement discipli-
naire et le M2 à l’enseignement professionnel.
Il est donc indispensable que les épreuves du
concours soient à la fois disciplinaires et pro-
fessionnelles.
Quelle formation pour les enseignants ?
Dossier du mois
Refondation de l’Ecole : un premier pas qui répond aux exigences des étudiantsLes interventions des élus « UNEF et associations
étudiantes » lors de l’application de la « maste-
risation » ont permis de dresser un bilan partagé
par l’ensemble de la communauté éducative. Al-
longement de la durée des études sans finance-
ment, deuxième année de master surchargée et
absence de véritable formation professionnelle
: ce bilan critique a été entendu par la majorité
actuelle. Dans la continuité des engagements
de campagne de François Hollande, Vincent
Peillon a fait de la réforme de la formation des
enseignants un point central de la Refondation
de l’Ecole.
Après une première phase de consultation de
la communauté éducative, dans laquelle les
élus « UNEF et associations étudiantes » se
sont pleinement investis, Vincent Peillon a an-
noncé ses premiers arbitrages sur la réforme
de la formation des enseignants.
Les premières annonces de Vincent Peillon
montrent que les exigences des élus « UNEF
et associations étudiantes » ont été entendues.
La démocratisation de la formation des ensei-
gnants et la réhabilitation de la formation pro-
fessionnelle sont deux axes qui seront au cœur
de la prochaine réforme.
Démocratiser la formation des enseignantsL’exigence de démocratisation se traduit par
l’accès au statut de fonctionnaire stagiaire
en Master 2, une fois le cap de l’admissibilité
franchi à la fin du Master 1. Le statut de fonc-
tionnaire stagiaire permet donc aux étudiants
d’accéder à une rémunération dès leur 4ème
4
Dossier du mois
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• Ensuite celui d’une année surchargée, où les
exigences des examens du master et celles du
concours seraient trop différentes. Une forte
collaboration entre le Ministère de l’Educa-
tion nationale (qui détermine le contenu du
concours) et le Ministère de l’Enseignement
supérieur (qui détermine le contenu du master)
est donc indispensable.
L’année de M1 doit également comporter les
premiers stages..
L’année de Master 2
Elle sera structurée par le statut de fonction-
naire-stagiaire des étudiants, et le temps de
service en responsabilité devant les élèves qui
va avec. Le Ministère de l’Education National
n’a pas encore arbitré le temps de service des
fonctionnaires stagiaire : entre un 1/3 temps ou
un mi-temps. Les élus « UNEF et associations
étudiantes » défendront le 1/3 temps, soit 6h
hebdomadaire. Un temps de service plus im-
portant remettrait en cause le principe d’une
entrée progressive dans le métier et risquerait
de surcharger l’année de M2.
Le stage doit être encadré à la fois dans l’éta-
blissement scolaire, par un enseignant volon-
taire, formé et rémunéré pour son activité de
tutorat. Mais il doit l’être aussi dans le master,
où un suivi individualisé de l’étudiant doit per-
mettre un retour d’expérience sur le stage.
Même si elle sera structurée par le temps de
stage, l’année de M2 doit permettre l’appro-
fondissement de l’ensemble des 3 blocs de
compétences. La formation à la recherche doit
y avoir sa place, mais dans un volume horaire
raisonnable et tournée vers les pratiques édu-
catives. C’est une condition indispensable :
• Pour une formation à la recherche qui sera
utile au futur enseignant. Elle recouvrira ainsi
les 3 blocs de compétences et leur permettra
de mettre à jour et de faire évoluer plus facile-
ment leurs pratiques éducatives tout au long de
leur carrière.
• Pour une articulation avec le stage réalisé par
l’étudiant dans l’objectif d’éviter la surcharge de
travail en M2.
Une formation adaptée aux différentes voies
d’accès aux métiers
Le master enseignement sera la voie principale
d’accès au concours puis aux métiers de l’en-
seignement. Mais les élus « UNEF et associa-
tions étudiantes » réclament la mise en place
d’autres voies, en particulier pour les étudiants
déjà titulaires d’un master. Ces étudiants n’ont
pas d’intérêt à refaire l’ensemble d’un master
enseignement. Des modules de préparation
au concours devront être mise en place, ainsi
que des modules d’accompagnement du stage
quand l’étudiant sera fonctionnaire stagiaire.
Ces formations, même si elles ne pourront
pas prendre la forme d’un master, devront être
encadrées et financées par l’Etat afin d’éviter
notamment le développement de DU « pré-
paration au concours » financés par des frais
d’inscription élevés ou par la subvention pu-
blique des établissements (alors même que les
étudiants en DU ne sont pas pris en compte
dans le montant de cette subvention).
Le cadre national et les structures en charge de la formation des enseignantsLa qualité de la formation des enseignants sera
déterminée par son cadrage national (cahier des
charges des masters enseignement) et par la
structure qui l’organisera (ESPE). Les élus « UNEF
et associations étudiantes » seront donc particu-
lièrement vigilants sur ces questions.
Un cahier des charges renforcé pour les
masters enseignement
Le cahier des charges des masters enseigne-
ment doit être revu et renforcé. La précédente
réforme a conduit à de fortes inégalités d’une
académie à l’autre ou d’une UFR à l’autre dans
le contenu des masters (volume horaire, part de
formation professionnelle, part de recherche,
part de formation disciplinaire…). Le recense-
ment des bonnes pratiques dans les très nom-
breux masters actuels doit être un point d’appui
pour harmoniser nationalement les masters
enseignement.
Structuré autour de la définition des blocs de
compétences et du contenu des enseigne-
ments, ce cahier des charges doit être autant
la garanti d’une formation de qualité que de
l’égalité entre les étudiants sur l’ensemble du
territoire qui préparent les mêmes concours.
Donner aux ESPE les moyens d’organiser la
formation des enseignants
Les missions et le personnel des ESPE, des
enseignants chercheurs des universités mais
également des enseignants du primaire et du
secondaire spécialisés dans la formation pro-
fessionnelle, doivent être la garanti d’une for-
mation adaptée aux besoins du métier.
La mise en place d’une ESPE par académie
doit permettre d’assurer la collaboration entre
les différentes universités, en cohabilitant
l’ensemble des masters enseignements, mais
également faire des ESPE l’interlocuteur du
Rectorat pour l’organisation de la formation
professionnelle.
Des ESPE académiques permettront d’assurer
l’égalité entre étudiants, en évitant la mise en
concurrence de plusieurs masters qui préparent
au même concours. Elles devront également
mener une politique territoriale qui garantisse
l’accès de tous les étudiants aux concours de
l’enseignement.
Un statut et un financement pour les ESPE
Pour remplir leurs missions les ESPE ont besoin
d’un statut qui garantisse leur collaboration
mais également leur autonomie vis-à-vis des
acteurs de la formation (université comme
rectorat). Cela implique la mise en place dans
chaque ESPE de conseils de direction qui re-
présentent l’ensemble de la communauté uni-
versitaire, en particulier les étudiants, et qui
donne une place aux représentants de l’Educa-
tion Nationale.
Pour éviter que la formation des enseignants
soit à la merci des choix budgétaires des pré-
sidents d’université, un financement fléché par
les Ministère est indispensable.
Elargir la formation professionnelle à
l’enseignement supérieur
La mise en place des ESPE doit permettre de
corriger l’absence de formation à la pédago-
gie à l’université, initiale ou continue, pour les
doctorants et les enseignants-chercheurs. Les
ESPE doivent donc organiser une formation
professionnelle à l’enseignement pour l’en-
semble des acteurs du supérieur qui exerce une
activité pédagogique.
William Martinet Elu CNESER
En direct des universités
Le précédent gouvernement a accentué la
sélection sociale à l’entrée des métiers de
l’enseignement en repoussant d’un an l’accès
au statut de fonctionnaire stagiaire. Un étudiant
sur deux est contraint d’être salarié pour
financer ses études, au détriment de sa réussite
universitaire. Dans les choix d’orientation des
étudiants, le nombre d’années d’études qu’ils
devront financer eux même avant d’accéder à
un revenu est un élément déterminant. C’est le
même phénomène qui pousse les étudiants des
catégories populaires à privilégier les études
courtes et professionalisantes et à renoncer
aux métiers de l’enseignement.
La question du financement de l’année d’étude
supplémentaire est un élément déterminant
pour les élus « UNEF et associations étudiantes ».
Le retour au statut de fonctionnaire stagiaire en M2, une avancée importante pour les étudiantsLe rétablissement du statut de fonctionnaire
stagiaire en M2, annoncé par Vincent Peillon, est
un élément déterminant pour ouvrir les métiers
de l’enseignement à toutes les catégories
sociales. Les élus « UNEF et associations
étudiantes » l’avait réclamé depuis la mise en
place de la mastérisation et se félicite de sa
mise en place. Mais cette mesure ne sera pas
suffisante. Pour assurer les créations de postes
prévues sur le quinquennat, il faudra d’autres
signes forts, capables de faire progresser
significativement le vivier de recrutement.
Suppression des bourses « métier de l’enseignement »Lors de la précédente réforme, l’action des
élus « UNEF et associations étudiantes » avait
permis d’obtenir des mesure compensatoires
face à la suppression de l’année fonctionnaire
stagiaire. Il s’agissait notamment des bourses
« métiers de l’enseignement » pour les étu-
diants en M1. Ces aides comprenaient deux
volets :
• Un « complément bourse » qui permettait
aux boursier échelon 0 de passer échelon 1
et donc de bénéficier de 606 euros
• 10 400 bourses au mérite dont le montant
variait de 700 à 2500 euros.
Le total de ces aides représentait un montant
de 25 millions d’euros. Les CROUS, chargés
du versement de ces aides, ont annoncé la
suppression de la subvention du Ministère de
l’Education Nationale, dès cette année alors
que l’année de fonctionnaire stagiaire n’est
rétablie qu’à partir de 2014.
Une mesure qui aggrave la situation des étudiants de M1Les élus « UNEF et associations étudiantes » ont
exigé le rétablissement de ces aides. Alors que
les étudiants de M1 se retrouvent cette année
dans une situation délicate avec l’application
de la nouvelle réforme qui déplace la tenue
du concours d’admissibilité à la fin du M1 au
lieu du début du M2, la suppression de ces
bourses va dégrader leurs conditions d’études.
La suppression de ces aides est également
une mesure contre-productive car elle va à
l’encontre des objectifs d’augmenter le vivier
de recrutement que se fixe le Ministère de
l’Education Nationale.
Mettre en place une véritable filière de prérecrutementAnnoncés à la rentrée, la mise en place des
Emplois d’Avenir Professeur (EAP) ne pas
remplacer les bourses « métier de l’ensei-
gnement ». Les élus « UNEF et associations
étudiantes », comme la majorité de syndi-
cats enseignants, défendent la mise ne place
d’une véritable filière de prérecrutement.
Soutenir financièrement les étudiants qui préparent le concours
Les prérecrutements doivent permettre,
plusieurs années en amont du concours,
d’assurer un revenu à un nombre
significatif d’étudiant. Ces prérecrutements
représenteraient une incitation forte pour
s’orienter vers les métiers de l’enseignement.
Ils représenteraient également un outil pour
démocratiser les métiers d’enseignants, à
condition que le prérecrutement se tourne vers
les étudiants les plus précaires.
Pour être efficace, le choix des étudiants qui
rentrent dans le dispositif de prérectutement
ne doit pas reposer sur concours au contenu
disciplinaire. Il doit reposer sur un dossier et un
entretien prenant en compte différents facteurs :
situation sociale déterminée par une assistante
sociale, motivation et projet professionnel.
Ensuite, les étudiants prérecrutés doivent
bénéficier d’un revenu pour assurer le
financement de leurs études. Si la mise en
place d’une préprofessionnalisation peut être
une condition du prérecrutement, la validation
du cursus universitaire doit être une priorité et
n’est pas compatible avec une charge de travail
trop importante.
Yannis Burgat
Elu au CNESER
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Fiche Pratique #192
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La nouvelle réforme de la formation des étu-
diants permettra d’améliorer significativement
les conditions de vie et d’études des futurs ensei-
gnants. Mais comme toute réforme, elle implique
une période de transition. Les élus étudiants
doivent tout mettre en œuvre pour que l’appli-
cation de la réforme ne pénalise aucun étudiant.
Les élus « UNEF et associations étudiantes » te
présentent leurs principales analyses.
Année de transition, quelles conséquences concrètes ?Pour les étudiants de M1 :
Ils seront dans un dispositif transitoire. Ils passeront
le concours d’admissibilité dès juin 2013 et leur
année de M2 sera partagée entre un stage de
terrain à 1/3 temps et des cours dans les futures
Ecoles Supérieur du Professorat et de l’Education.
A la fin de leur année de M2 ils passeront le
concours d’admission.
Pour les étudiants de M2 :
Ils ne verront pas leur année perturbée. Ils
passeront le concours d’admissibilité au premier
semestre et le concours d’admission en juin. Ils
auront le statut de fonctionnaire stagiaire avec 5/6
de temps de service à la rentrée 2013/14.
Les étudiants de M2 qui n’ont pas réussi
l’admissibilité au premier semestre pourront tenter
celle normalement réservé aux M1 qui se déroule
en juin. En cas de réussite ils se retrouveront à
nouveaux en M2 l’année prochaine mais dans le
nouveau schéma de formation (avec 1/3 de stage).
Sur le long terme :
Ce n’est qu’à partir de l’année 2013/14 que les
étudiants en M1 s’engageront dans la forme
définitive de la formation : concours d’admissibilité
et d’admission à la fin de l’année de M1, statut
de fonctionnaire stagiaire avec 1/3 de temps de
service en M2.
Le calendrier d’application de la réforme
Le Ministère de l’Education Nationale publiera au
cours du mois de novembre des « référentiels
métier » pour chaque métier de l’enseignement.
Dans un second temps il déterminera le contenu
du concours. Ces éléments seront la base
qui permettra au Ministère de l’enseignement
supérieur d’élaborer les nouveaux cahiers des
charges des masters enseignements.
Le statut des ESPE sera voté à l’Assemblée
Nationale en janvier, en même temps que la loi
d’orientation de l’Education Nationale. A partir
de ce moment, un processus d’accréditation des
ESPE sera mis en place. Dans chaque académie,
c’est la communauté universitaire qui fera valider
son projet d’ESPE par le Ministère : université
porteuse du projet, moyens et personnels mis à
disposition, habilitation de l’offre de formation sur
les bases du nouveau cahier des charges…
Le rôle des élus étudiants
Informer les étudiants en master enseignement
Les premiers arbitrages de la réforme viennent
d’être annoncés par le Ministère de l’Education
Nationale. Les étudiants en Master 1 qui voient
leur formation sensiblement modifiée doivent être
informés. Les élus étudiants doivent réclamer de la
part de l’université une information large sur :
- Le décalage de l’admissibilité en juin 2013
- En cas de réussite de l’admissibilité les étudiants
feront un M2 avec les nouvelles maquettes qui
comporte notamment un 1/3 temps de formation
professionnelle en établissement scolaire.
Organiser le passage de l’admissibilité en juin
pour les M1
La réforme implique une modification dans
l’urgence des maquettes de M1 pour qu’elles
préparent à l’admissibilité. Les élus étudiants
doivent y participer et exiger, si cela est
nécessaire, que l’université dégage des moyens
supplémentaires pour assurer à l’ensemble des
étudiants une préparation correcte à l’admissibilité.
Préparer les nouvelles maquettes de master
enseignement
Dès janvier prochain les enseignants devront
préparer les nouvelles maquettes des masters
enseignement. Elles doivent correspondre à la
nouvelle organisation de la formation : concours
Masterisation : Quel rôle pour les élus étudiants ?
Formation des enseignants
en fin de M1 et 1/3 temps de service avec statut
de fonctionnaire stagiaire en M2. Ces nouvelles
maquettes seront déposées au Ministère en même
temps que les projets d’ESPE. C’est l’accréditation
des ESPE qui tiendra lieu d’habilitation des
maquettes.
Les élus étudiants doivent s’assurer que les
maquettes correspondent au cahier des charges
de la formation des enseignants et aux exigences
du futur concours en fin de M1. Le nouveau
concours devrait contenir des exigences
professionnelles et pas uniquement disciplinaire, il
faut donc que l’année de M1 soit adaptée. L’année
de M2 contiendra une grande part de formation
professionnelle avec le 1/3 temps de fonctionnaire
stagiaire. Il faut donc s’assurer que la charge de
travail en M2, notamment à travers la formation
disciplinaire et la recherche, ne soit pas trop
importante.
3 questions à...
LDE : Les concertations sur la refondation de l’école ont été lancées le 5 juillet dernier. Comment se sont-elles déroulées et quelles sont les grandes thématiques abordées ?
Les concertations sur la Refondation
se sont déroulées dans un esprit de
responsabilité. Chaque participant a
montré la volonté d’aboutir à une véritable
formation professionalisante des maîtres.
Autour de la formation, sans oublier la
formation continue qui ne doit pas être un
additif à la formation initiale, les thématiques
abordées ont concerné l’évaluation. Cette
évaluation touche à la fois les personnels et
les politiques menées.
LDE : Vous avez piloté la concertation sur la formation des enseignants au sein du groupe de travail « Des personnels formés et reconnus ». Quelles sont les consensus qui émergent au sein des différents acteurs présents à cette concertation ?
La formation des maîtres ne faisait pas l’objet
d’un consensus. Le clivage entre les tenants
des apprentissages purement disciplinaires
et d’une formation professionalisante était
toujours vivace. C’est sur ce point que les
positions se sont rapprochées au cours des
débats nombreux qui se sont tenus tout
l’été. Ainsi, tous les acteurs reconnaissent
qu’enseigner est un métier qui s’apprend dans
des écoles qui doivent apporter, en même
temps, les connaissances disciplinaires et
... Yves DURAND
la formation professionalisante. De cette
avancée essentielle découlent le rôle de ces
écoles et la nature des concours. La place
des concours dans le cursus universitaire
reste différente selon les acteurs mais
chacun a convenu que cette divergence
n’est pas essentielle.
LDE : Vous vous intéressez depuis longtemps à l’éducation. Comment voyez-vous le métier d’enseignant et le rôle de l’enseignant dans la société ?
Le métier d’enseignant doit être reconnu
comme tel. L’enseignant n’est plus le seul
pourvoyeur de savoirs, comme il pouvait
l’être il y a deux générations. Il devient celui
qui, outre la transmission de savoirs, permet
à l’élève d’organiser, de hiérarchiser et de
mettre en cohérence des connaissances
nombreuses. Ce changement radical de
fonction impose la pluridisciplinarité donc
le travail en équipe. L’équipe éducative
comportant des personnels non enseignants,
l’enseignant doit ainsi prendre l’élève dans sa
complexité, née de son histoire personnelle
et de son environnement social et familial.
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Qui est Yves Durand ?
Né le 6 juin 1946, Yves Durand est professeur certifié d’histoire-géographie. Actuellement député de la 11ème circonscription du Nord, il enseigne l’histoire politique à l’Ecole Fraçaise des Attachés de Presse (EFAP) de Lille.
Il a été co-rapporteur de la mission d’information parlementaire sur les rythmes de vie scolaire dans le primaire (2010) et membre de la mission d’information parlementaire sur la formation initiale et les modalités de recrutement des enseignants (2011).
Dans le cadre de la concertation pour la refondation de l’Ecole, il a été président du groupe de travail« Des personnels formés et reconnu »
// Député PS
de la 11ème
circonscription
du Nord
«Chaque participant a montré la volonté d’aboutir à une formation professionalisante des maîtres.»
C’est cette révolution pédagogique qui
permettra à l’école donc à l’enseignant de
ne plus être en décalage avec la culture
dominante dans laquelle baignent les élèves et
de retrouver ainsi sa place au coeur de la cité.