laurent chabin la conspiration du siÈcle

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LAURENT CHABIN LA CONSPIRATION DU SIÈCLE Extrait de la publication

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LAURENT CHABIN

LA CONSPIRATIONDU SIÈCLE

PO

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14 ans et plus

��� Lecture difficile

ISBN:978-2-89647-030-3

12,9

5$

Des journalistes assassinés, mutilés puis abandonnés dans

la montagne, un insaisissable Boucher du Montana, une secte d’illuminés armés jusqu’aux dents, un rescapé des

camps de Sibérie porteur d’un secret effrayant et un écrivain inconscient de son pouvoir… Mais où se trouve la vérité dans cette hallucinante affaire qu’on a nommée « la conspiration du siècle » ?

Un univers sordide et inquiétant, du début à la fin.

Communication-Jeunesse

Illustration de Stéphane Jorisch

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La Loi sur le droit d'auteur interdit la reproduction des œuvres sans autorisation des titulaires de droits. Or, laphotocopie non autorisée – le « photocopillage » – s’est généralisée, provoquant une baisse des achats delivres, au point que la possibilité même pour les auteurs de créer des œuvres nouvelles et de les faire éditerpar des professionnels est menacée. Nous rappelons donc que toute reproduction, partielle ou totale, parquelque procédé que ce soit, du présent ouvrage est interdite sans l’autorisation écrite de l’Éditeur.

Imprimé au Canadawww.editionshurtubise.com

Les Éditions Hurtubise bénéficient du soutien financier desinstitutions suivantes pour leurs activités d’édition :

– Conseil des Arts du Canada ;

– Gouvernement du Canada par l’entremise du Programmed’aide au développement de l’industrie de l’édition (PADIÉ) ;

– Société de développement des entreprises culturelles auQuébec (SODEC) ;

– Gouvernement du Québec par l’entremise du programmede crédit d’impôt pour l’édition de livres.

Conception graphique : fig. communication graphiqueIllustration de la couverture : Stéphane Jorisch

Copyright © 2002, 2007 Éditions Hurtubise HMH ltée

ISBN 978-2-89647-030-3 (version imprimée)ISBN 978-2-89647-624-4 (version numérique PDF)

Dépôt légal/3e trimestre 2007Bibliothèque et Archives nationales du QuébecBibliothèque et Archives Canada

Diffusion-distribution au Canada: Diffusion-distribution en Europe:Distribution HMH Librairie du Québec/DNM1815, avenue De Lorimier 30, rue Gay-LussacMontréal (Québec) H2K 3W6 75005 Paris FRANCETéléphone: 514 523-1523 www.librairieduquebec.frTélécopieur: 514 523-9969www.distributionhmh.com

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archivesnationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

Chabin, Laurent, 1957-La Conspiration du siècle2e éd.(Collection Atout ; 63. Policier)Éd. originale : c2002.Pour les jeunes de 14 ans et plus.ISBN 978-2-89647-030-3

I.Titre. II. Collection : Atout ; 63. III. Collection : Atout. Policier.

PS8555.H17C645 2007 jC843’.54 C2007-941599-7PS9555.H17C645 2007

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LAURENT CHABIN

LA CONSPIRATIONDU SIÈCLE

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Romancier né en France, Laurent Chabin,

est venu s'installer à Calgary, en Alberta, au pied

des montagnes Rocheuses et maintenant il vit

à Montréal.

Laurent écrit autant pour les enfants que pour

les ados et les adultes (plus de 60 titres parus au

Québec depuis 1996) Il est également traducteur,

particulièrement de l’anglais vers le français.

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Les mensonges, si tout le monde y croit,ne sont évidemment plus des mensonges.

Leonid Choutovskoï

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LANCE CARDSTON

Tous sont morts…Tous ceux qui, à un moment ou à un

autre, ont été partie prenante dans cettehistoire, ont impitoyablement été assas-sinés, enlevés, exécutés… Toujours dansla plus grande discrétion, bien sûr, sousl’apparence d’accidents, de suicides, decrimes crapuleux… Et moi, aujourd’hui,je suis le dernier !Les responsables, eux, n’ont jamais été

pris, jamais été nommés. Je sais qu’ilsrôdent autour de moi, qu’ils installentleurs trappes, resserrent leur filet…J’ai dû changer de nom à plusieurs

reprises, de domicile, d’amis, même. Lesamis, en fait, si tant est que j’en aie eu,c’est plutôt moi qui ai rompu toutcontact avec eux ! Chaque ami, hélas, estun piège, un appât avec lequel on vous

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attire, une piste facile que le premierlimier débutant est capable de remonter.J’ai fini par échouer à Calgary, dans

l’Ouest canadien, où j’avais déjà vécuauparavant.Il m’a fallu rompre les ponts. Cette

fois, j’étais allé trop loin. Je l’ai cherché,d’accord, et, d’une certaine manière, j’ensuis fier, même si je dois maintenantvivre comme un rat.

J’ai été journaliste, autrefois. Indépen-dant. Les gens de la profession me consi-déraient comme un type plutôt bizarre,vaguement anarchiste, peut-être plus oumoins « ufologue ». En fait, je fouillais lespoubelles des grands pour révéler leursturpitudes.Il ne faut pas croire que je recherchais

le détail croustillant, plus ou moinsgrivois, qui m’aurait permis de faire unscoop dans la presse populaire. Ce n’étaitpas le genre de scandale qui m’intéres-sait. Ce que je pourchassais sans relâche,c’était l’abus de pouvoir, la corruption, lemensonge politique.Bien sûr, j’avais la manie du secret et le

goût de l’énigme. Fouineur infatigable,

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j’exhumais et interprétais le moindreévénement inexpliqué, dédaigné parmes confrères, comme l’indice d’uneaffaire importante qu’on cherchait peut-être à étouffer.Convaincu que les gouvernements

nous trompent et que leurs agissementss’effectuent la plupart du temps dansl’ombre, je traquais partout où je le pou-vais, en solitaire, les faits les plus infimessur lesquels j’estimais que la lumièren’avait pas été faite par la police — cequi était normal, puisque celle-ci était à lasolde des gouvernements ! — mais aussipar la presse officielle, que j’accusais dene pas faire son travail et d’être vendueau pouvoir en place.Lorsque je me suis intéressé à la mort

de Carway, je pensais simplement, audépart, que la vérité sur sa disparition,survenue de façon assez étrange, risquaitde salir la réputation de politicienslocaux, de rois du blé ou du bœuf ou, defaçon plus plausible, d’attirer l’attentionsur une bande de braconniers opérantdans les parcs nationaux.La mort de Larry Carway, ici, en

Alberta, n’avait fait l’objet que d’articles

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minimalistes de la part des quotidiensdu sud de la province. Le cadavre d’unAméricain inconnu retrouvé gelé aucœur du Glacier National Park, dans leMontana, ça n’avait rien de palpitant !Côté américain, rien de mieux. On y

était allé du couplet habituel sur l’impru-dence des touristes qui fréquentent leszones sauvages du parc sans préparationet sans se signaler aux rangers. Bref, unemort anodine. Une mort pour rien. Leslois sur l’enregistrement des armes à feu,c’était autrement important, d’un côtécomme de l’autre de la frontière !Personne — dans la presse, je veux

dire — ne s’était donc posé de questionssur l’infortuné ni sur les circonstancesprécises de sa mort. Et pourquoi s’enserait-on posé ?Pour deux raisons. Moi, qui le connais-

sais un peu, je savais qu’il était extrê-mement méticuleux. C’était un type quin’entreprenait rien à la légère, un habituéchevronné de la montagne, prudent,à qui tout pouvait arriver, sauf… unaccident de ce genre. Quant à l’autreraison, elle semblera peut-être, venant demoi, du parti pris. Pourtant, à elle seule

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elle aurait été suffisante : Carway étaitjournaliste.Quand un journaliste meurt, ce n’est

jamais innocent. Et si la mort sembleaccidentelle, il ne faut s’en émouvoir quedavantage : cela signifie probablementqu’on a cherché à maquiller un crime !Paranoïaque ? Non, lucide. Je sais de quoije parle…Cela faisait plusieurs années que je

n’avais pas vu Carway, mais j’avaistravaillé autrefois avec lui sur un dossierrelatif aux agissements des groupesmillénaristes basés dans le Montana. Jeconnaissais donc assez bien la région,que nous avions sillonnée ensemble.À l’annonce de sa mort, j’avais sauté

dans ma voiture et pris la route n° 2 versle sud. Comme d’habitude, le passagede la frontière, aux environs du Parcnational de Waterton, m’avait causé uncertain malaise. Après la cabane desdouaniers américains, il faut parcourirdes kilomètres et des kilomètres avant devoir une cheminée fumer.Je me pose toujours la même question,

en passant à cet endroit : où vivent cespauvres types, qui n’ont rien d’autre à

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faire de la journée que regarder avec sus-picion deux touristes ou trois paysans quifranchissent les lignes ? D’où viennent-ils,chaque matin, au travers d’un no man’sland sinistre, pour échouer tout au boutde leur monde, sur cette ultime frontièreau-delà de laquelle s’étirent les étenduesdésolées du Canada, terres glacées etinhospitalières où de rares habitants,déshérités, survivent comme des sau-vages, vaguement recouverts de peauxde bêtes, terrés dans des igloos ou desbaraques en rondins ?…Passé la guérite de la douane, heureu-

sement, la montagne reprend ses droitset, de nouveau, l’air devient respirable.Parti très tôt de Calgary, j’étais donc

arrivé en fin de matinée à Babb, unhameau d’où part, en direction de ManyGlacier, une route fermée l’hiver. C’estlà-haut, au-delà de l’extrémité ouest dulac Sherburne, que le corps de Carwayavait été retrouvé quelques jours plustôt, lors de l’ouverture de la route par lesrangers du parc.Bien sûr, je n’espérais pas découvrir

grand-chose. À Babb, à cette époque, onn’aimait pas trop entendre parler de

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cadavres : le souvenir du Boucher duMontana, qui avait défrayé la chroniquequelque temps auparavant, était encorevivace et douloureux. Le corps d’une deses victimes avait d’ailleurs été retrouvétout près d’ici.Je m’étais cependant arrêté un moment

à Babb, où j’avais fait une pause dansdeux ou trois cafés ou restaurants.Apparemment, d’après ce que m’avait

raconté un forestier un peu plus bavardque les autres avec qui j’avais pris unebière, le cadavre de Carway avait passél’hiver dans la neige et il ne fallait pass’attendre à trouver la moindre trace àproximité.Mais je voulais, en essayant de me

mettre à sa place, comprendre ce quiavait pu amener Carway dans un endroitpareil, qui ne voit passer qu’une poignéede touristes en été et reste totalementdésert en hiver. Mon idée étant, on s’endoute, qu’il n’y était pas venu de sonplein gré, mais qu’on l’y avait attiré dansle but de le supprimer.Arrivé à l’extrémité du lac, il fallait

continuer le chemin jusqu’à un ruisseau,abandonner la voiture et remonter le

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courant sur quelques mètres. C’est làqu’on avait trouvé Carway, à quelquespas de l’eau. Mais comment un habituédes randonnées de montagne tel que luiavait-il pu se laisser prendre, même enhiver, dans un endroit situé à une quin-zaine de kilomètres à peine de la routeprincipale ?J’étais en train d’examiner les lieux,

sans y croire vraiment, quand j’avaisentendu le bruit d’une voiture arrivantsur le chemin. Ne tenant pas à ce qu’onme voie en train de fouiner — je connaisles gardes, même s’ils ne sont pas de lapolice ! —, j’étais revenu sur mes pas enaffectant l’allure la plus « touristique »possible.De sa Jeep marquée de l’emblème des

parcs nationaux américains, un type meregardait approcher, avec ce faux airblasé qu’ont les gens qui n’ont riend’autre à faire que surveiller ce que fontles autres. Jouant mon rôle, je lui avaisadressé un grand sourire en lui lançant :« Beau temps, n’est-ce pas ? »Le garde était alors descendu de

voiture et m’avait demandé dans quelledirection je comptais aller.

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— Vous êtes le premier randonneurde l’année. La météo est encore instable,vous devriez vous montrer prudent. Onne devrait jamais partir seul, par ici…Cet avertissement n’était peut-être

qu’un simple conseil, tout à fait decirconstance, mais on pouvait aussil’interpréter comme une menace. L’inci-tation à la prudence pouvait dissimulerun coup de semonce.— Je connais bien ces montagnes,

avais-je répliqué d’un ton jovial. Pascomme ce pauvre type qu’on a retrouvépar ici, hein ! Il y a des gens vraimentimprudents.Pas un muscle n’avait tressailli sur le

visage du garde. C’était un homme plustrès jeune, aux cheveux blancs, qui avaitdû voir défiler au cours des années desmilliers de touristes. Il avait simplementhoché la tête et déclaré lentement :— Imprudents ? Inconscients, oui. Cet

homme n’avait même pas de sac à dos surlui quand je l’ai trouvé, pas le moindreéquipement. C’est insensé.— Un de ces gars de l’Est, j’imagine,

qui croient tout savoir et nous prennentpour des sauvages…

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— Je ne crois pas, avait repris legarde, qui semblait se dégeler un peu. Ilétait d’ici, lui aussi. Mais un peu fou,sans doute. Enfin, il est mort dans lesbras du Seigneur, dirait-on. Jamais jen’avais vu un cadavre pareil !Face à mon air ahuri et mes yeux ronds

comme des soucoupes, il avait ajouté :— Allongé sur le dos, les bras en croix,

les yeux grands ouverts. C’est comme çaqu’il était quand je l’ai découvert. Il avaitcompris qu’il n’y avait plus rien à faire,sans doute, que son voyage était terminéet qu’il n’avait plus à attendre de secoursque du Très-Haut.Il m’avait fallu faire un effort sur moi-

même pour ne pas laisser paraître montrouble. Je m’étais contenté de sourired’un air triste et avais tourné les talons,en marmonnant que j’allais suivre sesconseils et remettre ma randonnée à unautre jour, avec de la compagnie.Ce garde innocent m’avait révélé, pro-

bablement sans le vouloir, ce que j’étaisvenu chercher dans ce lieu désert : la cer-titude que Carway avait été assassiné !Mourir dans les bras du Seigneur !

Pauvre type, quelle naïveté ! Larry n’était

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pas plus croyant quemoi-même.Commentla police avait-elle pu raisonnablementcroire à une explication pareille ? Si onavait retrouvé Carway sur le dos, lesbras en croix, c’est qu’on avait disposéson cadavre, intentionnellement, danscette étrange position !Assassiné, oui, c’était clair maintenant.

Mais, s’il était compréhensible que lemeurtre ait été maquillé en accident demontagne, pourquoi laisser ensuite lecorps dans cette posture invraisem-blable ? Tout le travail de dissimulationqui avait été celui de l’assassin se trouvaitainsi réduit à néant. Quel avait pu êtrele but d’un pareil manège ? Et commentles enquêteurs avaient-ils pu conclure àl’accident ?La réponse, pour moi, était double.

D’une part, la police avait reçu desinstructions pour classer l’affaire sansfaire de vagues. Mais, d’autre part, laposition du cadavre contenait un mes-sage, un avertissement, peut-être ; unesignature, certainement.En tout cas, je ne pouvais pas en rester

là. Carway avait découvert quelquechose, quelque chose qu’il n’aurait pas

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dû, et il en était mort. Sur quel traficétait-il tombé, sur quel scandale assezimportant pour que la police américaineelle-même couvre un crime à peinedéguisé ?Mon flair ne m’avait pas trompé.

Carway avait levé un sacré gibier, et ilétait de mon devoir de savoir lequel. Lemieux à faire était sans doute de merendre à Helena. C’est là que Larryvivait, dans les années où j’avais travailléavec lui. Je me demandais d’ailleurssi l’affaire qui lui avait valu de finir sipiteusement sa vie dans les montagnesn’était pas reliée aux recherches quenous menions à l’époque.Ces sectes retranchées dans des ranchs

fortifiés, blindés, cerclés de barbelés etde miradors, existent toujours. Arméesjusqu’aux dents, et même au-delà, ellesse préparent à la fin du monde et, enattendant, se livrent à divers trafics plusou moins licites, mais en tout cas fortjuteux.L’influence de ces cinglés — qui vous

parlaient de Dieu comme s’il s’était agide quinze bombes atomiques ou d’uneépidémie à côté de laquelle la peste ou le

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choléra auraient fait figure de rhume desfoins — était proprement ahurissante.Elle s’exerçait à tous les niveaux de la

vie politique et économique, et Carwayn’était pas loin de penser que le gouver-nement du Montana, et de quelquesautres États, était noyauté, totalementsous influence.Ce genre de mainmise d’un groupe de

pression sur le pouvoir politique estchose courante aux États-Unis, bien sûr.Généralement, quand il s’agit du lobbydes armes, du tabac ou des amis desanimaux, on sait à peu près à quoi s’entenir. Mais lorsque des illuminés dugenre « la fin est proche » se mêlent dedicter leurs quatre volontés à des politi-ciens dont ils ont d’ailleurs financé lescampagnes électorales, qui sait vraimentqui commande, et en fonction de quelsobjectifs ?En premier lieu, je devais donc savoir

sur quel genre de reportage Carway avaittravaillé dernièrement. Ce ne serait pasfacile. D’abord parce que Larry, commemoi, n’était affilié à aucun journal enparticulier, ce qui m’obligerait à épluchertous les quotidiens et périodiques de la

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région ; ensuite parce que si sa mortn’avait été ni commentée ni approfondiepar aucun d’entre eux, si tous l’avaientlâché aussi salement, j’aurais du mal àobtenir d’eux le moindre renseignement.J’avais pourtant l’espoir que, au sein de

cette conspiration du silence, un collèguemoins inféodé au pouvoir que les autresaccepterait de me refiler quelques tuyaux.Quelques heures plus tard, je me trou-

vais donc à Helena, la capitale de l’État,ville morose et égarée, plaquée sur sescollines pelées comme un lichen sur unevieille pierre, perdue dans ce Montanaqui ne compte, sur ses 380 000 km2,guère plus d’habitants que la seule villede Calgary…J’avouerai que c’est en partie cette

rareté de l’homme qui fait le charme duMontana. Je ne suis d’ailleurs pas le seulà le penser. Des misanthropes de toutpoil se retrouvent ici, parmi lesquelsun certain nombre d’écrivains amateursde pêche à la ligne et… ces fameusessociétés plus ou moins secrètes qui capi-talisent sur la fin du monde.À Helena, une après-midi passée à

fouiller les archives du principal quotidien

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