l’atelier de vincent — 2019-2020
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L ’ATELIIER DE VINCENT — 2019-2020
DDOSSIER D’ACCOMPAGNEMENT
SSOMMAIRE
L’ATELIER DE VINCENT .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
LA VIE DE VINCENT VAN GOGH .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4-5
LA FONDATION VINCENT VAN GOGH ARLES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
L’EXPOSITION DE LAURA OWENS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
L’AUTEURE ISABELLE COUSTEIL . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
THÈME #1 : LA LIBERTÉ DE CRÉER . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9-10
ACTIVITÉ D’ÉCRITURE #1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
THÈME #2 : SAISIR L’ESSENTIEL . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12-13
ACTIVITÉ D’ÉCRITURE #2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
THÈME #3 : L’AUTRE ET MOI : PORTRAIT – AUTOPORTRAIT . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15-17
ACTIVITÉ D’ÉCRITURE #3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
THÈME #4 : LA NATURE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19-21
ACTIVITÉ D’ÉCRITURE #4 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
THÈME #5 : INSPIRATION, TRANSMISSION .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23-24
ACTIVITÉ D’ÉCRITURE #5 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
POUR ALLER PLUS LOIN . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
INFORMATIONS PRATIQUES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
FICHE PRATIQUE À DESTINATION DES ENSEIGNANTS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
FICHE PRATIQUE « PLAN MERCREDI » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28-29
A PROPOS – CONTACT . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
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LL’ATELIER DE VINCENT L’ATELIER DE VINCENT est un nouveau dispositif d’éducation artistique et culturelle dédié à l’écriture créative proposé par le Labo des histoires Provence-Alpes-Côte d’Azur, la Fondation Vincent van Gogh Arles et l’auteure Isabelle Cousteil. Ce dossier d’accompagnement vous propose de découvrir la correspondance et les œuvres du peintre puis de les mettre en regard de l’exposition temporaire d’art contemporain programmée au sein de la Fondation Vincent van Gogh Arles.
Je dois vous dire que même pendant le travail je ne cesse à songer à cette entreprise de fonder un atelier ayant vous-même et moi pour habitants fixes mais dont nous désirerons tous les deux faire un abri et un asile pour les copains.
Lettre 695, à Paul Gauguin, Arles, le 3 octobre 1888
VINCENT VAN GOGH vécut 444 jours en Provence où il réalisa près de 200 tableaux, croquant à l’envi les paysages et les personnages de notre région. Ainsi, dans l’objectif de maintenir ce lien qui unit le peintre à notre territoire, le Labo des histoires Provence-Alpes-Côte d’Azur, la Fondation Vincent van Gogh Arles et l’auteure Isabelle Cousteil proposent un dossier d’accompagnement afin d’encourager les projets d’écriture inspirés par les travaux du peintre. Enfants, adolescents et jeunes adultes de moins de 25 ans sont ainsi invités à découvrir son œuvre, à s’inspirer des thèmes qui lui sont chers et à explorer son influence dans l’art contemporain. Ce dossier d’accompagnement s’adresse en priorité aux enseignants, éducateurs et animateurs qui, sur le temps scolaire, périscolaire ou hors temps scolaire, proposent des activités éducatives en lien avec l’écriture et l’art. Ils trouveront notamment dans les pages qui suivent une courte biographie de Vincent van Gogh, la présentation de l’exposition d’art contemporain programmée par la Fondation Vincent van Gogh Arles, des extraits de lettres et des tableaux accompagnés d’activités d’écriture, et d’autres propositions d’activités pour aller plus loin. L’utilisation de ce dossier pourra donner lieu à un accompagnement en ateliers d’écriture et/ou en ateliers d’arts plastiques ainsi que d’une visite de l’exposition en cours.
Une adresse e-mail dédiée – [email protected] – est mise en place afin de pouvoir prolonger l’utilisation de ce dossier. Vous pouvez y adresser vos questions, partager votre expérience de l’utilisation du dossier ou solliciter un accompagnement spécifique.
Entre début janvier et fin mai 2020, vous pourrez partager les textes et les productions artistiques qui seront réalisés à partir du dossier, via l ’adresse e-mail dédiée. Ils feront l ’objet d’une sélection qui sera valorisée à l ’ issue du projet.
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LLA VIE DE VINCENT VAN GOGH Vincent Willem van Gogh naît le 30 mars 1853 à Groot-Zundert, à l’extrême sud des Pays-Bas. Les professions de marchand d’art et de pasteur de l’Église réformée étant une tradition familiale, Vincent s’essaie aux deux. Et dessine.
À l’âge de 16 ans, il entre dans la société de négoce
d’art Goupil & Cie à la Haye, puis travaille dans les succursales de Bruxelles, Londres et Paris. Il y acquiert une culture artistique qu’il approfondira toute sa vie. Choqué de voir l’art traité comme une marchandise et animé d’un profond sentiment religieux, il retourne en Angleterre enseigner dans les quartiers ouvriers puis prêcher l’Évangile. Il a 23 ans.
Moins d’un an plus tard, il rentre aux Pays-Bas, travaille dans une librairie, traduit les textes bibliques en français, anglais et allemand, se nourrit peu, dessine toujours. Ayant échoué à ses examens universitaires de théologie, il devient prédicateur laïc en Belgique, auprès des mineurs du Borinage. Il se dévoue aux travailleurs, partage leur dénuement et transcrit, à la mine de plomb et au fusain, la noirceur de leur misérable quotidien. Accusé d’être un meneur, il est suspendu de sa mission.
À 27 ans, sa carrière d’artiste débute réellement au grand déplaisir de sa famille, à l’exception de son frère cadet Theo qui l’encourage et subviendra à ses besoins. Il entre à l’Académie royale des beaux-arts de Bruxelles, qu’il quitte pour la Haye, travaille la perspective et la peinture à l’eau puis, à l’incitation de son maître Anton Mauve, la peinture à l’huile.
Il collectionne, copie, analyse des centaines de reproductions de maîtres — tels Hals, Rembrandt, Millet, Corot, Delacroix — auxquels il restera indéfectiblement fidèle. Ses lectures de Balzac, Hugo, Zola et Dickens le renforcent dans ses convictions sociales et dans l’idée que le portrait des types humains est la priorité ; un portrait qui cultive le vrai plus que le beau, et révèle les âmes mieux que la photographie. Également animé d’une profonde empathie pour la nature, il recherche les paysages au nord des Pays-Bas, dans la Drenthe, puis à Nuenen, au sud.
Il rejoint son frère à Paris en 1886. Employé de la firme de commerce d’art Boussod et Valadon,Theo lui fait découvrir l’art de l’estampe japonaise et l’impressionnisme. Vincent côtoie Toulouse-Lautrec, Pissarro, Seurat, Signac, Russell, Gauguin et Bernard. Il peint ses premiers autoportraits à l’âge de 33 ans.
Vincent van Gogh Autoportrait à la pipe et au chapeau de paille, 1887.
© Van Gogh Museum Amsterdam (Vincent van Gogh Foundation)
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Convaincu durant ces deux années parisiennes décisives que la couleur est la clé de la modernité et que « l’avenir de l’art est dans le Midi », il part en Provence chercher une nouvelle lumière, « voir ce soleil plus fort ». Rêvant d’une communauté de création réunissant ses amis artistes, il s’installe à Arles le 20 février 1888. Il arpente inlassablement la plaine de la Crau, traverse la Camargue jusqu’aux Saintes-Maries-de-la-Mer, « en ouvrier ». Exalté par la beauté de cette terre, proche de ses modèles, il approfondit sa réflexion stylistique et technique sur l’expressivité et la complémentarité des couleurs, multiplie paysages, natures mortes et portraits.
Épuisé par le travail, la piètre nourriture et l’alcool, « le cœur un peu trop plein d’émotions et d’espérances », il est hospitalisé à plusieurs reprises à l’Hôtel-Dieu dès décembre 1888, après que son ami Gauguin, venu peindre en sa compagnie, ait quitté leur Maison Jaune. Cherchant désespérément la paix, il intègre un asile à Saint-Rémy-de-Provence, où il demeure une année entière. Il peint encore, depuis sa fenêtre ou au pied des Alpilles. Durant les 444 jours passés en Provence, Van Gogh produit près de 200 tableaux et 100 dessins. Il atteint là sa pleine modernité. En mai 1890, Theo le confie au docteur Paul Gachet à Auvers-sur-Oise. En deux mois, Vincent peint les 70 derniers tableaux d’un œuvre qui comptera plus de 2 000 pièces. Sa création commence à être remarquée, un tableau est acheté, le premier et le seul de son vivant. Le 27 juillet 1890, Vincent se tire une balle de révolver et meurt le 29. Il a 37 ans. Theo, puis son épouse Johanna n’auront de cesse de faire reconnaître son œuvre. Confidentielle au début, elle est exposée dans les galeries parisiennes dès 1895 puis aux Pays-Bas. En 1901, le Salon des Indépendants compte quatre toiles et, en 1924, un tableau de la série des Tournesols entre à la National Gallery de Londres. Six ans plus tard, le MoMA de New York lui consacre une exposition. La première grande rétrospective française ne se tiendra qu’en 1947 à Paris et inspirera le célèbre texte d’Antonin Artaud Van Gogh le suicidé de la société. Ses mots, s’ajoutant à ceux de Vincent dont les lettres ont été publiées à l’initiative de Johanna dès 1914, contribuent à faire reconnaître Van Gogh comme un génie du xxe siècle. Sa popularité s’accroît dans les années 1950 lorsque le cinéma s’empare de son tragique destin. Le statut iconique de Vincent dans le monde entier ne se démentira plus.
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LLA FONDATION VINCENT VAN GOGH ARLES – EXAUCER LE VŒU DE VINCENT
« Et puis j ’espère que plus tard d’autres artistes surgiront dans ce beau pays. » Lettre de Vincent à son frère Theo
Arles, 7 mai 1888
La Fondation propose une approche unique de Vincent van Gogh en explorant la résonance de son œuvre et de sa pensée avec la création artistique actuelle.
C’est à Arles, où Vincent atteint l’apogée de son art lors de son séjour de février 1888 à mai 1889, que Yolande Clergue convie dès 1983 des créateurs contemporains à rendre hommage au peintre en faisant don d’une œuvre. Grâce au mécène Luc Hoffmann, une fondation reconnue d’utilité publique est créée en 2010. La municipalité met à sa disposition l’hôtel Léautaud-de-Donines, demeure prestigieuse du XVe siècle qui, réaménagée par l’agence d’architecture Fluor, offre depuis 2014 plus de 1 000 m2 d’exposition. Le parti pris résolument contemporain est confirmé par l’intégration au bâtiment de deux œuvres permanentes de Raphael Hefti et Bertrand Lavier.
Tout au long de l’année, grâce aux partenariats établis avec des collections publiques et privées, la Fondation présente une ou plusieurs toiles de Vincent en regard d’œuvres d’artistes contemporains – tels Yan Pei-Ming, Roni Horn, David Hockney, Urs Fischer ou Alice Neel. Sont également exposés les maîtres qui l’ont inspiré. Jean-François Millet et Adolphe Monticelli en premier lieu. Outre ces expositions monographiques ou thématiques, la Fondation met en lumière les évolutions culturelles et techniques contemporaines de Van Gogh, les affinités de ce dernier avec d’autres artistes et expressions artistiques, lors de symposiums hors les murs. La médiation et la programmation pédagogiques sont au cœur des préoccupations de la Fondation qui accompagne les différents publics dans leur approche des sujets présentés à travers des visites et activités créées sur mesure et des ateliers dédiés au jeune public au sein des établissements scolaires d’Arles et des alentours. La boutique de la Fondation, pensée comme un lien lumineux, coloré et mouvant entre le bâtiment d’origine et son aménagement contemporain, accueille le visiteur dans cette vive clarté si chère à Van Gogh.
La Fondation exauce aujourd’hui son vœu de créer à Arles un lieu de réflexion, de production artistique et de dialogue fertile entre créateurs.
« Puis comme tu le sais bien, j ’aime tant Arles […]. » Lettre de Vincent à son frère Theo (Arles, 18 février 1889)
Portail Vincent de Bertrand Lavier © Fondation Vincent van Gogh Arles
© Fluor Architecture Photo : Hervé Hôte
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LL’EXPOSITION LAURA OWENS La Fondation Vincent van Gogh Arles présentera du 8 mai au 18 octobre 2020 une exposition personnelle de l’artiste américaine Laura Owens, l’une des plus célèbres peintres de sa génération. Née en 1970 aux États-Unis, Laura Owens a débuté sa carrière à Los Angeles en développant une réflexion autour des codes de l’abstraction. Depuis, elle explore formes, couleurs et lignes au sein d’une peinture marquée par un sens profond et joyeux de l’expérimentation dans une variété de genres. Présentée au Whitney Museum of American Art de New York durant l’hiver 2017-2018, l’artiste bénéficie pourtant d’une faible visibilité au sein des institutions muséales françaises. Bien qu’elle soit tournée vers le renouvellement et l’interrogation du langage picturale, Laura Owens se nourrit des influences de l’art moderne. Les toiles de Vincent van Gogh, et plus particulièrement les variations des motifs du bouquet de fleurs et du jardin, occupent une place importante dans l’élaboration de son œuvre. Bice Curiger et Mark Godfrey, les commissaires de l’exposition, nous montreront comment Laura Owens explore les images, les couleurs, les méthodes et les matériaux de Van Gogh, ainsi que la manière dont il a abordé les espaces intérieurs et extérieurs à Arles. L’exposition montrera certaines toiles plus anciennes d’Owens mais surtout un ensemble de toiles inédites.
Laura Owens, 2017 © DR
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LL’AUTEURE ISABELLE COUSTEIL
Dans le cadre du dispositif L’Atelier de Vincent, la Fondation Vincent van Gogh Arles et Isabelle Cousteil , intervenante du Labo des histoires Provence-Alpes-Côte d’Azur, animeront des ateliers d’écriture. Littéralement investies dans l’art et la culture, les compétences d’Isabelle Cousteil rayonnent au-delà de son écriture féconde. Son parcours, incroyablement riche, va de l’ingénierie culturelle à la lecture publique, de l’écriture intime aux relations internationales…. Ancienne élève des classes préparatoires à l’École Normale Supérieure, Isabelle Cousteil est titulaire d’une licence d’histoire, d’une maîtrise de conservation et aménagement du patrimoine et de l’environnement, et d’une maîtrise de muséologie. À partir de 1984, elle crée et dirige plusieurs entreprises d’ingénierie culturelle et de production d’événements. Parmi les projets réalisés figurent le musée du Baroque, la mise en valeur de Notre-Dame de Paris ou encore la cérémonie d’ouverture des XIIIe Jeux Méditerranéens. Elle remportera alors divers prix : Fondation de France, Fondation Jacques Douce, Prix Unesco-Admical… En 1994, elle officie successivement en qualité de directrice du développement marketing événementiel, d’attachée à la présidence et de directrice de la communication et des relations internationales dans une société qui est alors le 5e groupe de communication mondial. En 1999, Isabelle Cousteil reprend une activité indépendante de conseil et direction de projets culturels. L’occasion de travailler pour France Télévision, Les Nuits Blanches, et Les Nuits des Musiciens, entre autres. Elle intervient également comme chargée de cours ou jury dans différentes écoles et universités : Sorbonne-Paris IV, Université Libre de Bruxelles, MoPA, etc. Depuis 2009, elle accorde une place prépondérante à l’écriture sous ses diverses formes (récits, biographies, fictions courtes, théâtre). Elle s’attache conjointement au partage de la création littéraire à travers l’enseignement, les ateliers, les lectures-spectacles, et aux créations croisées entre la littérature et les autres champs d’expression artistique (arts plastiques, de l’image, de la scène). Parmi ses œuvres, citons seulement :
� Quand les loups avaient des plumes, Triartis (2010) � Cyrano, ou la maladie de gloire, Triartis (2010) � Passagères, Triartis (2012) � Pierrot Bidon - L’homme cirque, H. Diffusion (2013) � La Galerie des murmures, scènes de la vie rêvée des œuvres, Triartis (2014) � Gautier/Dumas, Fracasse et d'Artagnan chez les tzars, Triartis (2011)
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** THÈME #1 : LA LIBERTÉ DE CRÉER *
Mon cher Theo, […]
Suis en train de lire Pierre et Jean de Guy de Maupassant. C’est beau – as-tu lu la
préface expliquant la liberté qu’a l’artiste d’exagérer, de créer une nature plus belle, plus simple, plus consolante dans un roman, puis expliquant ce que voulait peut-être bien dire le mot de Flaubert le talent est une longue patience – et l’originalité un effort de volonté et d’observation intense.
Il y a ici un portique gothique que je commence à trouver admirable, le portique de
St Trophime, mais c’est si cruel, si monstrueux, comme un cauchemar chinois, que même ce beau monument d’un si grand style me semble d’un autre monde auquel je suis aussi bien aise de ne pas appartenir que le monde glorieux du Romain Néron.
Faut-il dire la vérité et y ajouter que les zouaves, les bordels, les adorables petites
arlésiennes qui s’en vont faire leur première communion, le prêtre en surplis qui ressemble à un rhinocéros dangereux, les buveurs d’absinthe, me paraissent aussi des êtres d’un autre monde. C’est pas pour dire que je me sentirais chez moi dans un monde artistique mais c’est pour dire que j’aime mieux me blaguer que de me sentir seul. Et il me semble que je me sentirais triste si je ne prenais pas toutes choses par le côté blague.
Lettre 588, à Theo van Gogh
Saint-Rémy-de-Provence, le 21 ou 22 mars 1888
Vincent van Gogh, Champ de blé aux corbeaux, 1890 © Van Gogh Museum Amsterdam (Vincent van Gogh Foundation)
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YYan Pei-Ming, Chemin de croix, 2014 Photo : André Morin, © Yan Pei-Ming, ADAGP, 2019
Laura Owens, Untitled, 1997 Photo : Whitney Museum of American Art, New York, © Laura Owens
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** ACTIVITÉ D’ÉCRITURE #1 * Prénom : ................................................................................................................................................. L’artiste, qu’il soit peintre, sculpteur, musicien, auteur…, observe le monde, s’en inspire, se l’approprie pour le réinventer, faisant jouer son imaginaire. Si le talent, le travail et la technique sont nécessaires/indispensables, c’est la liberté que l’artiste prend de réinterpréter le monde qui crée l’œuvre. Dans ce premier atelier d’écriture, il s’agira de se libérer des cadres et des conventions de l’écriture pour laisser parler librement ses sensations, ses intuitions et écrire spontanément, de manière quasi « automatique », ce qui vient à l’esprit en s’immergeant dans une œuvre picturale. ............................................................................................................................................................................................................
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** THÈME #2 : SAISIR L’ESSENTIEL *
Mon cher copain Bernard,
merci de ta bonne lettre et des croquis y-inclus de ta décoration que je trouve bien drôle. Je regrette parfois de ne pas pouvoir me résoudre à travailler davantage chez moi et de fantaisie. Certainement l’imagination est une capacité qu’il faut développer et elle seule peut nous faire arriver à créer une nature plus exaltante & plus consolatrice que ce que le clin d’œil seul sur la réalité (que nous apercevons changeante, passant vite comme l’éclair) nous fasse apercevoir.
Un ciel étoilé par exemple, tiens – c’est une chose que je voudrais essayer à faire de même que le jour j’essayerai à peindre une verte prairie étoilée de pissenlits.
Comment pourtant y arriver à moins de me résoudre à travailler chez moi et d’imagination. Ceci donc à ma critique et à ta louange.
Actuellement je suis pris par les arbres fruitiers en fleur, pêchers roses, poiriers blancs-jaunes. Ne suis aucun système de touche, je tape sur la toile à coups irréguliers que je laisse tels quels, des empâtements, des endroits de toile pas couvertes – par-ci par-là des coins laissés fatalement inachevés – des reprises, des brutalités, enfin le résultat est, je suis porté à le croire, assez inquiétant et agaçant pour que ça ne fasse pas le bonheur des gens à idées arrêtées d’avance sur la technique.
Voici d’ailleurs un croquis, l’entrée d’un verger de Provence avec ses clôtures jaunes de roseaux, avec son abri (contre le mistral), des cyprès noirs, avec ses légumes caractéristiques de verts variés, salades jaunes, oignons & ail & poireaux émeraude.
Tout en travaillant toujours directement sur place je cherche à saisir dans le dessin ce qui est essentiel – puis les espaces limités par des contours (exprimés ou non) mais sentis dans tous les cas, je les remplis des tons simplifiés également, dans ce sens que tout ce qui sera terrain participera d’un même ton violacé, que tout le ciel aura une tonalité bleue, que les verdures seront ou bien des verts bleus ou bien des verts jaunes, exagérant à dessein les qualités jaunes ou bleues dans ce cas. Enfin mon cher copain – pas du trompe l’œil en tout cas. Pour ce qui est d’aller visiter Aix, Marseille, Tanger, pas de danger, si c’est que pourtant j’y aille ce serait en quête de logement à meilleur compte. Sans cela, je suis persuadé que travaillant toute ma vie, pourrais pas à moitié près faire tout ce qui est caractéristique de cette ville seule.
À propos ai vu des combats de taureaux dans les arènes ou plutôt des simulacres de combats vu que les taureaux étaient nombreux mais que personne ne les combattait. Seulement la foule était magnifique, les grandes foules bariolées. Superposées à 2, 3 étages de gradins avec l’effet de soleil et d’ombre et d’ombre portée de l’immense cercle.
Te souhaite bon voyage – poignée de main en pensée, ton ami Vincent
Lettre 596, à Emile Bernard
Arles, le 12 avril 1888
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VVincent van Gogh Pissenlits, 1889
© Musée des beaux-arts de Winterthour
David Hockney L’Arrivée du printemps à Woldgate, Est du Yorkshire, 2011
© David Hockney — Photo : Richard Schmidt — Collection de l’artiste
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** ACTIVITÉ D’ÉCRITURE #2 * Prénom : ................................................................................................................................................. Traduire l’essentiel d’une personne, d’une atmosphère, d’une action ou d’un paysage est le vœu de tout créateur. Chez Vincent, cet essentiel passe principalement par le travail et la couleur. Trouver la juste « tonalité », c’est à la fois trouver la bonne teinte et le bon geste sur la toile pour travailler la matière picturale. De la même manière, l’auteur choisit ses mots et donne un rythme à son texte afin de transmettre son message le plus exactement possible à son lecteur et provoquer l’émotion souhaitée. Dans ce deuxième atelier, il s’agira de travailler le mot et le rythme d’un texte court. ............................................................................................................................................................................................................
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** THÈME #3 : L’AUTRE ET MOI : PORTRAIT — AUTOPORTRAIT *
Ma chère sœur,
depuis longtemps j’aurais dû répondre à tes deux lettres que j’ai encore reçu à St
Remy mais le voyage, le travail et un tas d’émotions nouvelles jusqu’aujourd’hui me le faisaient remettre du jour au lendemain.
[…]
J’ai rapporté pour le petit de Theo et Jo un tableau assez grand – qu’ils ont accroché
au-dessus du piano – de fleurs d’amandiers blanches – de grandes branches sur un fond bleu céleste et ils ont dans leur appartement aussi un nouveau portrait d’Arlésienne. Mon ami le Dr Gachet est décidemment enthousiaste de ce dernier portrait d’arlésienne dont moi aussi j’ai un exemplaire pour moi et d’un portrait de moi et cela m’a fait plaisir puisqu’il me poussera à faire de la figure et j’espère me trouvera quelques modèles intéressants à faire. Ce qui me passionne le plus, beaucoup beaucoup davantage que tout le reste dans mon métier – c’est le portrait, le portrait moderne. Je le cherche par la couleur et ne suis certes pas seul à le chercher dans cette voie. Je voudrais, tu vois je suis loin de dire que je puisse faire tout cela mais enfin j’y tends, je voudrais faire des portraits qui un siècle plus tard aux gens d’alors apparussent comme des apparitions. Donc je ne nous cherche pas à faire par la ressemblance photographique mais par nos expressions passionnées, employant comme moyen d’expression et d’exaltation du caractère notre science et goût moderne de la couleur. Ainsi le portrait du Dr Gachet vous montre un visage couleur d’une brique surchauffé et hâlé de soleil, avec la chevelure rousse, une casquette blanche, dans un entourage de paysage, fond de collines bleu, son vêtement est bleu d’outremer, cela fait ressortir le visage et le pâlit malgré qu’il soit couleur brique. les mains, des mains d’accoucheur, sont plus pâles que le visage.
[…]
Lettre 879, à Willemien van Gogh Auvers-sur-Oise, le 5 juin 1890
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Mon cher frère,
[…] On dit – et je le crois fort volontiers – qu’il est difficile de se connaitre soi-même – mais il
n’est pas aisé non plus de se peindre soi-même. Ainsi je travaille à deux portraits de moi dans ce moment – faute d’autre modèle – parce qu’il est plus que temps que je fasse un peu de figure. L’un je l’ai commencé le premier jour que je me suis levé, j’étais maigre, pâle comme un diable. C’est bleu violet foncé et la tête blanchâtre avec des cheveux jaunes donc un effet de couleur. Mais depuis j’en ai recommencé un de trois-quarts sur fond clair. Puis je retouche des études de cet été – enfin je travaille du matin jusqu’au soir.
[…] Je continue encore cette lettre entre temps. Hier j’ai commencé le portrait du surveillant
en chef et peut-être je ferai aussi sa femme car il est marié et demeure dans un petit mas à quelques pas de l’établissement.
Une figure fort intéressante. Il y a une belle eau forte de Legros représentant un vieux noble espagnol, si tu t’en rappelles cela te donnera une idée du type. Il a été à l’hospice de Marseille pendant 2 époques de choléra, enfin c’est un homme qui a énormément vu mourir et souffrir et il y a dans son visage je ne sais quel recueillement, tel, que la figure de Guizot – car il y a de cela dans cette tête – mais différent – me vient involontairement à la mémoire. Mais lui est du peuple et plus simple. Enfin tu verras si je le réussis et si j’en fais une répétition.
[…] Ne vaut-il pas mieux que si tôt ou tard je reviendrais encore d’ici, j’en revienne
décidemment capable de faire un portrait qui ait quelque caractère, que de revenir comme je suis parti. C’est grossièrement exprimé car je sens bien qu’on ne peut pas dire “je sais faire un portrait” sans dire un mensonge, parce que cela est infini. Mais enfin tu comprendras ce que je veux dire, qu’il faut que je fasse mieux qu’auparavant.
[…] Aussi tu verras ceci quand tu mettras le portrait sur fond clair que je viens de terminer à
côté de ceux que j’ai fait de moi à Paris, qu’à présent j’ai l’air plus sain qu’alors et même beaucoup.
Je suis même porté à croire que le portrait te dira mieux que ma lettre comment je vais et que cela te rassurera – il m’a couté du mal.
[…] Après, actuellement qu’est-ce que nous commençons timidement à entrevoir d’original
et de durable – le portrait. C’est du vieux ça, peut-on dire – mais c’est aussi très-neuf. Nous causerons encore de cela – mais continuons toujours à rechercher des portraits, surtout d’artistes, tel le Guillaumin et le portrait de jeune fille de Guillaumin et garde bien mon portrait par Russell auquel je tiens tant.
As-tu encadré le portrait de Laval, tu ne m’as pas dit ce qu’il t’en semblait je crois, je trouvais cela épatant le regard à travers le lorgnon, regard si franc.
La volonté que j’ai de faire du portrait de ces jours-ci est terriblement tendue.
t. à t. Vincent
Lettre 800, à Theo van Gogh Saint-Rémy-de-Provence, les 5 et 6 avril 1889
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VVincent van Gogh Autoportrait au chapeau de paille et à la pipe, 1888 © Van Gogh Museum Amsterdam (Vincent van Gogh Foundation)
Reflet de l’Autoportrait à la pipe et au chapeau de paille de Vincent van Gogh
dans une œuvre de Bertrand Lavier, 2014 © Photographie de l’artiste (édition limitée)
Guil laume Bruère 29.03.2012 (2-6) d’après un autoportrait de Vincent van Gogh © Kunsthaus Zurich
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** ACTIVITÉ D’ÉCRITURE #3 * Prénom : .................................................................................................................................................
Réaliser un portrait n’est pas uniquement reproduire une apparence physique. C’est exprimer la personnalité d’un individu, son statut social, son état d’esprit du moment, à travers sa posture, son regard, son vêtement, sa gestuelle. C’est le rendre « vivant » aux yeux du spectateur. Pour Vincent, aimer les gens est ce qu’il y a de plus artistique et peindre des portraits est primordial. Il peint tous les modèles qui veulent bien se prêter à la pose et se représente lui-même de nombreuses fois comme beaucoup d’artistes tels Rembrandt, l’un de ses maîtres. Ce troisième atelier consistera à écrire votre autoportrait, à exprimer l’essence de votre personnalité tout en saisissant les détails significatifs permettant au lecteur de vous connaître et pas uniquement de se représenter votre apparence. Puis, de la même manière, il faudra imaginer et transcrire avec les mots le portrait peint d’un·e autre. Le style doit être choisi en adéquation avec l’esprit que l’on souhaite donner à ces portraits.
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** THÈME #4 : LA NATURE * Mon cher ami Bernard,
[…] Voici description d’une toile que j’ai devant moi dans ce moment. Une vue du parc
de la maison de santé où je suis, à droite une terrasse grise, un pan de maison, quelques buissons de roses déflories, à gauche le terrain du parc – ocre rouge – terrain brulé par le soleil couvert de brindilles de pin tombées. Cette lisière de parc est plantée de grands pins aux troncs & branches ocre rouge, au feuillage vert attristé par un mélange de noir. Ces hauts arbres se détachent sur un ciel du soir strié de violet sur fond jaune. Le jaune tourne dans le haut au rose, tourne au vert. Une muraille – ocre rouge encore – barre la vue et n’est dépassé que par une colline violette et ocre jaune. Or le premier arbre est un tronc énorme mais frappé par la foudre et scié. Une branche latérale cependant s’élance très haute et retombe en avalanche de brindilles vert sombre.
Ce géant sombre – comme un orgueilleux défait – contraste en tant que considéré
comme caractère d’être vivant, avec le sourire pâle d’une dernière rose sur le buisson qui se fane en face de lui. Sous les arbres des bancs de pierre vide, du buis sombre. Le ciel se reflète jaune après la pluie dans une flaque. Un rayon de soleil – le dernier reflet – exalte jusqu’à l’orangé l’ocre sombre – des figurines noires rodent çà et là entre les troncs. Tu comprendras que cette combinaison d’ocre rouge, de vert attristé de gris, des traits noirs qui cernent les contours, cela produit un peu la sensation d’angoisse, dont souffrent souvent certains de mes compagnons d’infortune, qu’on appelle “voir rouge”. Et d’ailleurs le motif du grand arbre frappé par l’éclair, le sourire maladif vert & rose de la dernière fleur d’automne, vient confirmer cette idée. Une autre toile représente un soleil levant sur un champ de jeune blé. Des lignes fuyantes de sillons montent haut dans la toile vers une muraille et une rangée de collines lilas. Le champ est violet et jaune vert. Le soleil blanc est entouré d’une grande auréole jaune.
Là-dedans j’ai par contraste à l’autre toile cherché à exprimer du calme, une grande
paix. […]
t. à t.
Vincent
Lettre 822, à Émile Bernard Arles, le 26 novembre 1889
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JJean-Luc Mylayne no 498-499, Janvier Février Mars 2007 Collection Mylène et Jean-Luc Mylayne © Jean-Luc Mylayne
Vincent van Gogh
Paysage sous la neige, 1888 © Collection Thannhauser,
musée Solomon R. Guggenheim, New York
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VVincent van Gogh
Hôpital de Saint-Rémy, 1888 © Musée Hammer, Los Angeles
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** ACTIVITÉ D’ÉCRITURE #4 * Prénom : .................................................................................................................................................
Observer la nature, les saisons, le climat et s’en émerveiller ; cultiver l’harmonie avec son environnement, avec simplicité et humilité ; ressentir les sensations et les émotions que la nature génère est une manière de trouver son propre équilibre et d’apprendre à respecter son environnement. Vincent est un grand marcheur toujours en quête de paysages, d’angles de vues, de couleurs : ciels de jours et de nuits, champs et prairies, collines et carrières, arbres morts ou en fleurs, il choisit ses heures et ses cadrages avec soin pour transmettre une atmosphère, exprimer la chaleur, l’immensité, l’ombre, la froidure ou le vent, mais également pour traduire les sentiments inspirés. Dans le quatrième atelier, en s’immergeant dans un paysage, on cherchera à retranscrire les sensations et les émotions ainsi provoquées, à travers des formes très courtes, voire poétiques. ..........................................................................................................................................................................
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** THÈME #5 : INSPIRATION, TRANSMISSION *
Mon cher Theo,
[…] Mais mon idée serait qu’au bout du compte on eusse fondé et laisserait à la postérité
un atelier où pourrait vivre un successeur. Je ne sais pas si je m’exprime assez clairement mais en d’autres termes: nous
travaillons à un art, à des affaires qui resteront non seulement de notre temps mais qui pourront encore après nous être continué par les autres. Toi tu fais cela dans ton commerce, c’est incontestable que dans la suite cela prendra alors même qu’actuellement tu as beaucoup de contrariétés.
Mais pour moi je prévois que d’autres artistes voudront voir la couleur sous un soleil plus fort et dans une limpidité plus japonaise. Or si moi je fonde un atelier abri à l’entrée même du midi cela n’est pas si bête.
Et justement cela fait que nous pouvons travailler sereinement. Ah, si les autres disent, c’est trop loin de Paris &c. – Laissez faire, c’est tant pis pour eux. Pourquoi le plus grand coloriste de tous, Eugène Delacroix, a-t-il jugé indispensable d’aller dans le midi et jusqu’en Afrique. – Evidemment puisque non seulement en Afrique mais même à partir d’Arles vous trouverez naturellement les belles oppositions des rouges et des verts, des bleus et des oranges, du souffre et du lilas. Et tous les vrais coloristes devront en venir là à admettre qu’il y existe une autre coloration que celle du Nord. Et je n’en doute pas si Gauguin venait, il aimerait ce pays ci, si Gauguin ne venait pas c’est qu’il a déjà cette expérience des pays plus colorés et il serait toujours de nos amis et d’accord en principe. Et il en viendrait un autre à sa place.
Si ce que l’on fait donne sur l’infini, si on voit le travail avoir sa raison d’être et continuer au-delà, on travaille plus sereinement. Or cela tu l’as à double raison.
Tu es bon pour les peintres et saches le bien que plus j’y réfléchis plus je sens qu’il n’y a rien de plus réellement artistique que d’aimer les gens. – Tu me diras qu’alors on ferait bien de se passer de l’art et des artistes. – Cela est d’abord vrai mais enfin, les grecs et les français et les vieux hollandais ont accepté l’art et nous voyons l’art toujours ressusciter après les décadences fatales – et je ne crois pas qu’on serait plus vertueux pour cette raison qu’on aurait en horreur et les artistes et leur art. Maintenant je ne trouve pas encore mes tableaux bons assez pour les avantages que j’ai eu de toi. Mais une fois que cela sera bon assez, je t’assure que tu les auras créés tout autant que moi et c’est que nous les fabriquons à deux.
[…] t. à t.
Vincent
Lettre 682, à Theo van Gogh Arles, le 18 septembre 1888
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TThomas Hirschhorn Indoor Van Gogh Altar, 2014
© Photo : Hervé Hôte
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** ACTIVITÉ D’ÉCRITURE #5 * Prénom : .................................................................................................................................................
L’artiste s’inscrit toujours dans une continuité de création. Même s’il se distingue ou s’oppose à ses prédécesseurs, il s’inspire toujours de « maîtres » qu’il admire et, à son tour, inspire d’autres artistes. Vincent, dont la culture artistique est très riche, se réfère sans cesse à des maîtres tant sur le plan pictural que littéraire. Il est également très attentif à ses contemporains et rêve de pouvoir créer et échanger en leur compagnie dans un atelier collectif. Aujourd’hui, la Fondation Vincent van Gogh Arles soutient et expose les artistes contemporains inspirés, à leur tour, par l’œuvre de Vincent. Dans ce cinquième atelier, il s’agira de s’associer à deux, trois ou plus pour écrire à plusieurs mains une forme dialoguée, afin de partager les admirations, les désirs ou les rêves de chacun.
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PPOUR ALLER PLUS LOIN En s’inspirant des œuvres de Vincent van Gogh et des artistes contemporains présentés dans le dossier, nous vous invitons à présenter votre proposition artistique, individuelle ou collective, en lien avec les textes produits lors des activités d’écriture. N’hésitez pas à les numériser et à nous les faire parvenir avec vos textes à l’adresse dédiée : [email protected]
INFOS PRATIQUES Les ateliers se dérouleront de janvier à fin mai 2020. La visite de l’exposition aura lieu au printemps 2020. CONTACT Sophie VIGUIER responsable pédagogique Fondation Vincent van Gogh Arles [email protected] T. 04 90 93 08 08
ADRESSE Fondation Vincent van Gogh Arles
35ter rue du Docteur Fanton 13200 Arles
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FFICHE PRATIQUE À DESTINATION DES ENSEIGNANTS Les activités du dossier d’accompagnement ont été pensées pour s’articuler aisément avec les programmes scolaires. Le tableau ci-dessous reprend les possibilités de liaison entre les activités du dossier et les programmes.
Pour les enseignants du premier degré, le Labo des histoires a participé à l ’é laboration d’un parcours sur la plateforme M@gistère intitulé « Facil i ter l ’ intervention en classe des partenaires autour du l ivre, de la lecture et de l ’écriture à l ’école primaire » : https://magistere.education.fr
Activité #1 La liberté de créer
Activité #2 Saisir l’essentiel
Activité #3 L’autre et moi
Activité #4 La nature
Activité #5 Inspiration, transmission
Cyc
le 3
(CM
1, C
M2,
6e )
Entrées du programme, culture littéraire et artistique
Héros, héroïnes et personnages � �
La morale en question �
Se confronter au merveilleux, à l’étrange �
Se découvrir, s’affirmer dans le rapport aux autres � �
Imaginer, dire et célébrer le monde � � �
Récits de création, créations poétiques � � � �
Cycl
e 4 :
5ème , 4
ème et
3èm
e .
Objet d’étude : regarder le monde, inventer des mondes 5e : imaginer des univers nouveaux � �
4e : la fiction pour interroger le réel � � � � �
3e : visions poétiques du monde � � � �
Objet d’étude : se chercher, se construire
3e : se raconter, se représenter � �
Questionnements complémentaires 5e : l’être humain est-il maître de la nature ? � � �
Lycé
e
Objet d’étude : Le théâtre, du XVIIe au XXIe s. �
Objet d’étude : Le roman et le récit � � � �
Objet d’étude : la poésie � � � �
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FFICHE PRATIQUE« PLAN MERCREDI » Le Plan mercredi vise à l’amélioration de l’accueil des enfants le mercredi pour un accueil périscolaire de qualité. Dans ce cadre, le dossier « L’Atelier de Vincent » peut être exploité en mode projet et répondre ainsi aux critères de qualités du Plan mercredi : (1) l’articulation des activités périscolaires avec les enseignements, (2) l’accessibilité et l’inclusion de tous les enfants, (3) l’ancrage du projet dans le territoire, (4) la qualité des activités. Un cycle d’ateliers pourra être réalisé autour des thèmes abordés précédemment. Pour les plus jeunes, des activités d’écriture ludiques pourront être associées à celles proposées dans ce dossier.
Exemples :
ACTIVITÉ #1 : LA LIBERTÉ DE CRÉER En utilisant une feuille au format paysage et en la divisant en deux dans le sens de la longueur, les enfants pourront faire un collage artistique, complémentaire à l’activité d’écriture #1. En haut ou en bas de la page, ils pourront dessiner un paysage ou le créer à partir d’images, de fragments d’images ou de matières diverses ; et dans l’espace restant, créer un mur de mots découpés dans des magazines qui viendront exprimer leurs émotions en regard du paysage. Une exposition des œuvres réalisées pourra donner lieu à une restitution en présence des parents.
ACTIVITÉ #2 : SAISIR L’ESSENTIEL À partir d’une couleur choisie par les enfants, par exemple le jaune, chercher collectivement tous les mots appartenant à son champ lexical, c’est-à-dire tous les mots qui viennent à l’esprit à la seule évocation de cette couleur : soleil, beurre, pissenlit, etc. Écrire ensuite un petit texte ou, avec les plus petits, inventer une histoire à l’oral contenant le plus possible de ces mots. Vincent van Gogh est né le 30.03.1853. Et si sa date de naissance donnait lieu à une contrainte d’écriture ? Les enfants pourraient par exemple écrire un poème de 8 vers dont chaque vers comporterait le nombre de syllabes correspondant au chiffre de la date de naissance : Ex. : • v.1 : 3 syllabes
� v.2 et v.3 : 0 = un signe de ponctuation ou un dessin � v.4 : 3 syllabes, etc.
ACTIVITÉ #3 : L’AUTRE ET MOI Il pourra être demandé aux enfants de constituer un réservoir de mots correspondants à leur caractère, leurs passions et leurs rêves. Ensuite, à partir d’une photo d’eux, ils pourront reproduire les grandes lignes de leur visage et y placer leurs mots, réalisant ainsi un calligramme.
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AACTIVITÉ #4 : LA NATURE En s’inspirant de la démarche artistique de Vincent van Gogh, chaque enfant pourra se déplacer dans son lieu d’accueil (centre de loisirs, associations, jardins municipaux, etc.) avec un cadre vide en main pour choisir le paysage qu’il aimerait voir en peinture. Les éducateurs et animateurs pourront immortaliser son choix en le photographiant et proposer une exposition photos ouverte aux parents. À l’aide de matériaux de récupération (rouleau d’essuie-tout, coton, plastiques, etc.), les enfants peuvent reproduire collectivement une adaptation géante du Paysage sous la neige de Vincent van Gogh. Pour ce faire, il suffit d’installer une grande surface de papier, de toile ou de carton fixée au mur pour que les enfants viennent y coller les différents objets en respectant les lignes de fuite et les couleurs du tableau d’origine. ACTIVITÉ #5 : INSPIRATION, TRANSMISSION Pour prolonger cette cinquième activité d’écriture, il est intéressant de faire travailler les enfants collectivement, en mêlant les plus petits aux plus grands. À partir de la phrase de Vincent van Gogh « Il n’y a rien de plus réellement artistique que d’aimer les gens », chaque enfant sera invité à compléter « Il n’y a rien de réellement plus artistique que d’aimer… ». Le poème collectif pourra ensuite être reproduit sur un grand panneau donnant à voir l’écriture manuscrite de chacun. ET APRÈS ? Les créations des enfants pourront être aff ichées - avec leur accord - au centre de loisirs , et les parents pourront être associés à un temps convivial de restitution. Des saynètes peuvent également être réalisées à partir des écrits et donner l ieu à une représentation à laquelle d’autres structures de la vi l le pourraient être associées. Les l iens intergénérationnels peuvent également être valorisés à cette occasion. Les centres d’accueil peuvent se rapprocher des bibliothèques de leur vi l le , et avec leur accompagnement, constituer un fond de l ivres . Des activités pourront être élaborées par les animateurs à partir des albums ou des premiers romans plébiscités par les enfants . En prenant exemple sur ce dossier , les animateurs pourront exploiter les thématiques abordées dans les ouvrages et inviter les enfants à imaginer une suite , une autre f in, etc .
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AA PROPOS – CONTACT Le LLabo des histoires est une association à but non lucratif fondée en 2011, dédiée à l’écriture. Quotidiennement, il propose une grande variété d’ateliers d’écriture gratuits destinés aux enfants, adolescents et jeunes adultes de moins de 25 ans dans plusieurs territoires en métropole comme en Outre-mer. Dans ces ateliers encadrés par des professionnels confirmés, tous les domaines artistiques où l’écriture tient une place majeure sont représentés : autobiographie et fiction, paroles de chanson, textes et dialogues de bande-dessinées, scénarios, poésies, etc. L’association propose des ressources - comme ce dossier d’accompagnement – et des sessions de formation ou de sensibilisation à l’écriture créative. Chaque année, le Labo des histoires organise des projets d’écriture nationaux et internationaux : la Huitième planète du Petit Prince (2017), l’Aérien pour relier la jeunesse (2018), le Livre bleu de la jeunesse (2018), Anne Frank et la jeunesse d’aujourd’hui (2019). En 2018, l’association a accueilli plus de 25 000 jeunes dans ses activités. Le Labo des histoires dispose d’un réseau de 12 centres sur le territoire et ambitionne, en 2021, d’être présent dans toutes les régions françaises. En Provence-Alpes-Côte d’Azur, l’antenne a ouvert ses portes en septembre 2017 et se situe au sein de la Scène nationale du Liberté à Toulon. N’hésitez pas à la contacter pour avoir un accompagnement adapté à votre projet !
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Le Labo des histoires Provence-Alpes-Côte d’Azur
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Guil laume Bruère 29.03.2012 (6-6) d’après un autoportrait de Vincent van Gogh
© Kunsthaus Zurich
1ère de couverture : Vincent van Gogh, lettre 558, à Theo van Gogh, fin octobre 1888, Arles. © Van Gogh Museum Amsterdam (Vincent van Gogh Foundation)