larock gérard lo euf dart 2008

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L’œuf d’art ?!? L’œuvre d’art ? LAROCK Gérard - Projet 2008 L’œuf d’art ?!? L’œuvre d’art ? Une œuvre tenant à un fil… Un trait… d’esprit. Le projet p.2 L'ar(gen)t p.4 Parcours artistique La figure de l’œuf p.6 La figure de la dentellière p.7 L’art-rock p.8 Revue de presse abrégée p.9 (Présentation, LIMET Samuel) 1

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Page 1: Larock GéRard   Lo Euf Dart 2008

L’œuf d’art ?!? L’œuvre d’art ?LAROCK Gérard - Projet 2008

L’œuf d’art ?!?L’œuvre d’art ?

Une œuvre tenant à un fil…Un trait… d’esprit.

Le projet p.2

L'ar(gen)t p.4

Parcours artistique

La figure de l’œuf p.6

La figure de la dentellière p.7

L’art-rock p.8

Revue de presse abrégée p.9

(Présentation, LIMET Samuel)

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« La dentellière » trouve son expression artistique la plus marquante dans la mythologie grecque : les Parques filaient le fil de la vie, le déroulaient et le tranchaient, mais le tissaient-elles ?

Le personnage navetteL’aiguille fine du fil(m) de la vie ou l’instant qui passe.

L’œuf Cathédrale renvoie aux grands défis architecturaux de l’histoire humaine et défient encore le temps, ornés des scènes et des croyances de leur temps, un temps où art et métiers résidaient encore sous la même appellation.

L’œuf d’art ?!? L’œuvre d’art ?LAROCK Gérard - Projet 2008

Le projet consiste à suivre le cours de la réalisation d’œufs d’art dans le temps et dans différents lieux. Chaque œuf d’art, avec du fil de cuivre selon la technique de l’oiseau tisserand, est animé par un personnage navette construisant autour de lui, non seulement un œuf, mais un jaune d’œuf développant diverses formes d’existence. Et s’agit-il ici de fil(m)er la progression de cette oeuvre de « dentellière » avec des vues intérieures et extérieures :

a) une webcam au niveau du personnage navette pour les vues intérieur

b) une deuxième en casquette pour les vues extérieures

Un ordinateur portable gèrerait la fréquence de chaque prise de vue en même temps qu’il les garderait en mémoire. La portabilité d’un tel atelier et d’une telle mémoire d’atelier permettrait ici de créer en différents lieux à différents moments pour garder la trace des liens qui s’y créent voire s’y nouent à ces différentes occasions.

Le personnage navette ne véhicule plus seulement la réalisation d’un œuf, mais l’histoire de sa réalisation qui s’incorpore, donne corps à l’espace tridimensionnelle qu’il exprime. Cet espace est vide, comme vidé par abstraction de sa matérialité pour faire place à cette autre dimension quasi immatérielle : le temps – dimension de toute histoire et de toute réalisation humaine.

Cet espace vide, avec la transparence propre au vide, invite à la transparence de l’objectif caméra pour donner un éclairage spatio-temporel de ses liens et laisser transparaître son environnement : travail, maison, magasin, musée, exposition, plaine de jeux. Le « personnage navette » pousse ici au voyage, à faire voyager l’œuvre : voiture, train, avion ; Belgique, Europe, voire autres continents. Dans nombres de cultures, l’œuf joue un rôle symbolique. Qu’est-ce que le présent en raconte de lui-même ? Quelles pistes peuvent offrir les historiens de l’art et les anthropologues ?!? Quelles autres pistes peuvent offrir les rencontres d’une réalisation nomade ?

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« L’œuf ou la poule ? »

L’œuf d’art ?!? L’œuvre d’art ?LAROCK Gérard - Projet 2008

Tel semble être le fil conducteur des navettes successives, entre maison et travail, voyage dans le monde, dans le temps et leurs jalons culturels. Il s’agit ici de suivre le fil du cours de vie propre à la réalisation d’œuvres – en l’occurrence, d’œufs d’arts avec leurs fils de cuivre conduisant l’énergie et l’information de nos sociétés modernes. Le fil de l’intrigue de cet atelier nomade ?!?

Il s’agit ici d’une question phylogénétique : l’œuf comme métaphore vive de l’origine de la vie et de son développement – un « Tout est œuf. » Toute existence couve un projet, sinon plusieurs. Tout projet se véhicule à l’intérieur d’actes de langages aussi fragiles que coquille d’œuf. Un acte de langage, du vide, du vide où s’entrecroisent les

fils des mots au fil desquels émerge l’idée, le mobile et le motif de ce projet : « l’œuf… d’art ».

« Les idées ne sont pas faites pour être pensées, mais vécues. »Malraux

Les idées sont faites par la pensée pour être vécues. L’idée du projet est ici d’explorer, au travers de la transparence métaphorique de ces œufs d’art, la création en général dans l’œuvre d’art ou toute œuvre humaine. La forme de l’idée, de l’idée de tout projet ne se différencie pas de l’extérieur, dès lors qu’il ne s’agit jamais que d’idées. Ce qui les différencie, c’est ce qui les anime de l’intérieur, ce qui tient lieu et place de jaune d’œuf, d’existence, ou de mode d’existence en gestation ou en incubation. Ainsi, chaque idée de projet se différencie par un jaune d’œuf qui prend la forme d’un motif propre équivalent à divers motifs existentiels de rencontre dans la réalité à la rencontre de la réalité. Le nœud, nouer des liens ou des relations, mettre en relation, est ici le gestus même de l’œuf d’art d’où la nécessité d’esquisser une dramatisation du fil en film.

Le caractère phylogénétique de chaque Œuf d’art – « L’œuf ?!? Ou la poule ? » – permet par exemple de développer ces motifs à l’intérieur de la réalité marchande : « L’argent ?!? Ou la marchandise ? A-M-A ?!? Ou M-A-M ? » – et par là même, rentrer dans une logique de démarchage de commanditaires.

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L’œuf d’art ?!? L’œuvre d’art ?LAROCK Gérard - Projet 2008

L'ar(gen)t est le plus souvent considéré comme une marchandise, pourtant chaque oeuvre d'art s'inscrit dans une logique de projet. Tout projet marchand vise la reproduction là où un projet artistique vise la production d'une oeuvre singulière. Du point de vue de l'artiste, l'oeuvre ne se vend pas plus que l'artiste ne cherche à se vendre car la valeur de l'argent n'est pas la même. La valeur d'une oeuvre d'art représente un budget de développement du projet artistique dans lequel elle s'inscrit.

L'argent a ici valeur de budget de connexion pour étendre la portée du projet… et son budget. En somme, le budget s’articule autour de l’idée d’un projet/budget embryonnaire appelé à se développer au travers de rencontres motivées en miroir avec la réalisation de ce projet MULTIMEDIA, par une multiplication des médiations à l’instar des liens pour la réalisation d’un œuf d’art de sorte à matérialiser ces liens sous la forme de réseaux, d'obtenir une oeuvre qui explore la dynamique des réseaux. Deux rubriques sont à distinguer dans ce budget, l’une matérielle et l’autre relationnelle.

Rubrique matérielle

La rubrique matérielle porte principalement sur l’acquisition du matériel informatique à même de garder une trace matérielle audio-visuelle de la réalisation d’Œufs d’art. En quelque sorte, il s’agit d’une « quenouille » qui fil(m)e le fil de l’histoire, mais ce n’est pas encore le « métier à tisser » car cela nécessiterait outre les programmes de ce « métier à tisser », une personne de métier.

Rubrique relationnelle

Une « quenouille » pour filer le fil de l’histoire est une chose, tisser une autre qui nécessite la participation d’un artiste MULTIMEDIA tout comme explorer les significations de l’œuf dans la culture en est encore une autre qui nécessite la participation d’historiens de l’art et d’anthropologues. La rubrique relationnelle s’entend ici en termes de forfait à négocier avec les intervenants selon des critères de participation.

L’artiste MULTIMEDIA ne maîtrisera pas seulement les techniques MULTIMEDIA, mais disposera déjà d’une œuvre artistique dont l’esthétique soit à même de développer une forme artistique dans l’esprit des Œufs d’art. Dans cet esprit, la participation de l’artiste MULTIMEDIA apporte ici « métier à tisser » et savoir faire du métier afin de tisser le fil de l’histoire filée.

a) Dans toute histoire, il y a acteur : « Le personnage navette » à animer.b) Cette histoire est celle de la réalisation d’œufs d’arts, soit animer chacune des étapes de leur

réalisation comme si c’était le « personnage navette », l’artiste.c) Toute histoire nécessite une articulation, articulation dont une interface graphique peut ici jouer le

rôle. Une création nomade impliquant différents lieux, là, se situe le premier problème de raccord au montage. Dès lors que la forme abstraite de l’œuf d’art correspond à une modélisation 3D, elle s’imbrique facilement au MULTIMEDIA. Une fois modélisé en 3D, chaque quadrilatère d’un œuf d’art devient espace, fenêtre sur un lieu de création et l’étape qui s’y joue.

d) La correspondance de la forme abstraite de l’Oeuf d’art avec la modélisation 3D peut s’étendre également au net, à la toile dès lors qu’ils disposent d’une expression formelle commune, une succession de liens. L’interface graphique peut devenir ici celle d’un site embryonnaire sensé se développer dans l’esprit d’une œuvre d’art.

Le « personnage navette » représente ici l’idée d’une théâtralisation de chaque lien de la toile d’un œuf d’art, toile qui devient filet d’instants autant que sculpture du temps. Cette dimension théâtrale ouvre la porte aux arts dramatiques, mais à ce stade, il s’agit seulement de réaliser le document(aire)-fiction d’une recherche artistique sur l’œuvre d’art ou toute œuvre humaine en général.

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L’artiste lui-même dispose de relations, mais toutes relations nécessitent un crédit. La valeur ar(gen)t d'une oeuvre symbolise un certain crédit, semblablement à la reconnaissance artistique des pairs. Et ce crédit n'est pas une dette, mais le symbole de relations de confiance. Le propre de chaque oeuvre d'art est de véhiculer des croyances, des croyances où le crédit se mue en fait de croire, de croire en... Au travers de la figure de l'oeuf, l'oeuvre d'art de Gérard Larock remonte le fil de certaines de nos croyances, non pas à la recherche de la vérité, mais du lien social de la confiance, des croyances qui nourrissent les relations de confiance de la vie sociale et les projets de société qui s'y forment.

L’œuf d’art ?!? L’œuvre d’art ?LAROCK Gérard - Projet 2008

L’historien de l’art et l’anthropologue sont sollicités non à titre de critique des Œufs d’art, mais pour éclairer de leur savoir cette recherche artistique quant à la place symbolique de l’œuf dans l’art et les cultures. Il s’agirait de la commande de petits articles ou simplement de référencer des collègues à même d’apporter cet éclairage, voire le cas échéant, de commander une étude plus approfondie. Le caractère universel du savoir est aussi l’occasion de liens avec d’autres champs du savoir et leur réalité.

Ex. : La forme abstraite des Œufs d’art proche de celle de l’abstract linguistique a déjà suscité des rapprochements avec les recherches de Lacan. L’œuf est ici la chose non dite, soit le temps d’incubation du dire avant que le silence ne se rompe. Paradoxalement, la sensation de liberté d’expression du mot côtoie le sentiment d’une réalité prisonnière du mot.

Ex. : Que peuvent dire les économistes de l’existence aujourd’hui de « couveuses » d’entreprises qui accompagnent la création d’entreprises dans leur période d’incubation du projet dont elles sont porteuses – Ex. : JOB’in en région Wallone.

Ex. : D’un point de vue informatique, le modèle de la toile du net, soit une surface plane inexpressive, est-ce la seule vision possible du net.

La recherche artistique et la recherche universitaire procèdent souvent sans relation, alors qu’elles sont toutes deux recherche de sens. Ce budget relationnel peut prendre d’autres formes comme, ainsi qu’il est d’usage dans le milieu artistique, un concours d’articles destinés aux étudiants d’histoire de l’art et anthropologie. Le caractère ludique du concours est occasion de les mettre en relation et de démarcher des sponsors… comme Kinder Surprise ?!? Ne s’agit-il pas d’œufs à la coquille et au jaune des plus étranges ?

La rubrique relationnelle constitue la majeure partie du budget afin de donner une mobilité et une visibilité sociale qui nourrissent cette œuvre d’un éclairage autant que cet éclairage l’expose d’un point de vue artistique et intellectuel sensé en faciliter son accès. Il faut ici pressentir un mode d’exposition d’une « œuf d’art » en cours devenir mode d’exposition d’œuvres humaines : le vide entre chaque maille est ici appelé à se remplir d'autres oeuvres que celles de l'artiste. Ainsi, la rubrique relationnelle fait ici partie intégrante de l’œuvre d’art en ce sens que le vide de l’abstraction propre à ces Œufs d’art ne gagne son sens qu’à laisser transparaître les relations aux fils desquels ils se réaliseraient à l’instar de toute œuvre humaine. Par ailleurs, ce sont ces relations entre culture et société qui permettent à l’art de justifier sa place et le sens de sa place. Bref, il s’agit ici non d’un budget détaillé, mais d’une stratégie budgétaire basée sur la notion de relation, de mise en relation sous une forme artistique à même d’accroître le budget modeste de cette œuvre – des fils de cuivres au fil du temps – afin d’en étendre la portée. L’accroissement de cette portée n’est pas de s’enrichir, mais d’enrichir une forme artistique de références culturelles et sociales tant au profit de l’accès à l'oeuvre qu'à d'autres oeuvres. Somme toute, le but de ce budget est de lancer un cycle d’ovulation artistique d’œufs d’art... dont le fil retrace une dynamique de réseau, communique cette dynamique de sorte qu'il ne s'agisse pas de simples fils de cuivre, mais des nerfs de notre société d'information.

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La théâtralisation de l’église Saint-Nicolas s’approche de la ritualisation inhérente à l’ancienne vocation de culte propre au lieu dans une proximité quasi édénique. De fait, la culture hippie expérimenta un habitat à même de couver une autre vie, plus proche d’une nature féconde et mystérieuse des origines où se concurrencent une forte sensibilisation à l’écologie et une certaine recrudescence mystique.

L’œuf d’art vient cependant bien avant 1992 d’un trait d’autodérision du peintre face à son envie - toujours - inassouvie de peinture à l’oeuf.

« Pour pouvoir en rire » ?!? Personne n’a ri ! Comme un froid, un rideau de fer laissant échapper le froid de plusieurs décennies et l’esprit encore ankylosé… L’œuf Cathédrale développera plus tard la réminiscence de la confrontation à ce colosse de pierre médiéval.

L’œuf d’art ?!? L’œuvre d’art ?LAROCK Gérard - Projet 2008

La figure de l’œuf s’affirme en 1992 à l’occasion de la bourse de la tapisserie de Tournai sous l’influence de divers héritages, dont celui du retour à une vie plus proche de la nature originelle avec la culture hippie. La scénographie prend ici l’œuf comme élément central au milieu de plans de centrales. L’héritage hippie provient quant à lui d’une recherche sur l’art du vêtement initiée en 1983.

« Décharge. Recharge. Une histoire de mots pour une histoire de formes, pour pouvoir en rire.

Tissu humain. Textile. Société. Monde de fabrication. Poubelle. Ville.

Tout confondre pour pressentir des formes qui se jouent de vous pour exister le temps que ces volumes s’imbriquent à

l’espace qu’ils se proposent d’investir, pour en devenir acteurs. Facteurs du temps, boîtes aux lettres, une histoire… »

Là où la matière se joue de l’artiste autant que de son public, c’est avec le matériau qui s’impose au détour d’une poubelle pour faire office de tapisserie : des calques d’usines arborant des plans industriels. Quelque humanisme hissé en

étendard sur fond d’un monde planifié, cintré à « dimension humaine. Réalisé par l’homme et codifié par l’homme pour l’homme » dans une société transparente. Sur fond d’ambiance de cours féodale, la fin de la guerre des idéologies, entre capitalisme et communisme, laisse place aux guerres économiques. A peine s’il ne s’y lit pas l’actualité brûlante d’aujourd’hui et celle de demain à la lumière de son nouveau pôle stratégique, l’énergie. A peine s’il n’est pas possible de trouver une centrale nucléaire sur tapis(se-rie) volante. Quant à l’écologie, elle est encore dans l’œuf et ce n’est pas demain qu’elle risque de prendre son envol dès lors qu’ordres guerriers et ordres religieux...

Engagé, certes, mais poétique avant tout si tant est que l’humour, la déclinaison des genres comiques a encore sa place dans la poésie.

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L’intemporelle, cette éternelle fiancée qui traverse le temps sans oublier personne, ne pourrait-elle être belle, douce et tendre ?!?Sa petite sœur, la petite mort de la nuit n’a-t-elle pas deux visages ?

Le poète comique ne pourrait-il être tendre ?!?Et si au lieu de manger les pissenlits par la racine, les marguerites venaient un jour à nous pousser sur le crâne ?

Quelques Parques… joyeuses… pour une fois : Clotho, Lachésis et Atropos ou Nona, Decima et Morta.

L’œuf d’art ?!? L’œuvre d’art ?LAROCK Gérard - Projet 2008

La figure de la dentellière prend forme dans les recherches sur l’art du vêtement qui commence en 1983, laissant place à une poétique douce et tendre qui semble vouloir filer le fil de la vie à même le corps vivant, articulant ses courbes avec des ossements qui scandent les petites morts et les deuils de ses grandes lignes.

Tisser s’avèrera plus tard le creuset de l’art de tisser des Œufs d’art, squelettes abstraits de ces choses quasi immatérielle que sont les mots : entrefilets de voix pour les oreilles ou de lignes et de courbes pour les yeux. La chose dite peut être absente lorsque le mot la dit, mais elle n’en est pas moins présente à l’esprit : (a) la mort, l’absente de toute une vie car comme l’écrivit Seneque, « lorsqu’elle est là, nous ne sommes plus là. » ; (b) le temps lui-même, perpétuel absentéiste qui s’absente au fil des instants, cimetière d’instants passés que le mot exhume pour le présent. Avec le temps pointe la narrativité, la trame d’une histoire au fil du temps.

Reste que ce n’est qu’avec le « personnage navette » des œufs d’art qu’émerge l’idée d’histoire, de ne pas perdre le fil de l’histoire entre le début et la fin. L’œuf cathédrale, l’œuf d’art le plus complexe à réaliser, s’achève sur une déception, un sentiment de vide semblable à celui que laisse les morts. L’œuf cathédrale semble vide, désespérément vide, mais ce vide s’avère bien vite faire place à l’histoire de sa réalisation ainsi qu’à l’histoire même du temps des cathédrales : les vies et les histoires humaines, intrigues, savoir et savoir faire qu’il a fallut pour les dresser vers le ciel, la mémoire de leur temps taillées dans leurs corps de pierre.

En attendant ces robes dignes des Parques de la mythologie grecque filent, déroulent et tranchent le fil de la vie pour l’habiller, laissant poindre la sensation de divers pans de vie à l’intensité aussi variées que leurs matières. Reste qu’il est d’autres robes gardant l’esprit de farce théâtrale des sculptures qui les ont précédées…

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Don Quichotte, premier héros romanesque d’une modernité prise par la fièvre du mécanique, quant à lui gagné d’une fièvre lyrique, il se lance dans un assaut burlesque des premiers géants mécaniques, les moulins. Un chevalier en mal d’exploits pour séduire sa Dulcinée ?!? Ou guerrier au coeur tendre pressentant le pouvoir destructeur des machines dans leur naissance guerrière, canons et autres arquebuses ?

Se laisser gagner avec humilité et humour par une nature qui incarne notre satyre dans les rebuts rebutants de nos modes de vies : dépotoirs et bidonvilles…

L’œuf d’art ?!? L’œuvre d’art ?LAROCK Gérard - Projet 2008

L’art-rock, un art plastique qui rende un son rock ?!? Qui larsen, riff sinon riff raff joyeusement avec les canons esthétiques ? Souvent cataloguées post-apocalyptiques, ces sculptures sont surtout animées d’un rire épique flirtant avec l’épopée du rock, entre musique de garage et sculpture de hangar.

A l’opposé de quelque tragédie post-apocalyptique, l’achèvement de la statue du gentilhomme de la Mancha donne lieu à une mise en scène digne de l’humour paysan de son fidèle écuyer Sancho Panza. Cette pratique sauvage de l’art plastique naît d’ailleurs aux environs de 1979 d’un trait d’humour feintant l’idiot du village. Face au refus de certains maîtres d’expliquer ce qu’est l’art plastique comme si c’était une évidence qui n’échappe qu’aux paysans, le plastique devient matière, feintant une réponse terre à terre d’idiot de village à la ville. Très vite, le trait d’esprit se retrouve pris au jeu des jeux d’enfance, de leur sens de la récup’ et les dépotoirs s’étendent soudain comme d’immenses champs de formes d’association libres à cultiver. Libéré de ses usages, chaque rebut retourne à l’état de matière et de forme, disponible au libre jeu de la création. Chaque rebut qui se fond à un autre devient confrontation des modes de vie dont ils furent l’objet : le vélo a remplacé le cheval qui mis un pied en terre au premier coup de piston de l’histoire du moteur.

L’objet se joue ici de l’artiste qui le joue, car du début à la fin, c’est la présence de l’objet, sa matière, sa forme et l’usage qu’il ne signifie plus que par défaut qui guide le jeu de la création. Jetés en vrac, abandonnés dans des lieux plus insolites les uns que les autres, leur mode de disponibilité chaotique, quasi onirique, offre sans cesse des associations libérées des usages et des associations d’usages dévoilant ainsi, dans la présence de ses objets, quelques contradictions du consumérisme. L’art de souligner les contradictions renvoie évidement à l’ironie des satyres poétiques, mais il s’agit davantage d’une pulsion humoristique. Nulle pulsion de mort ou alors, pour exprimer l’inquiétude d’une vie fragile, car mortelle, comme le suggère l’état de décomposition marchand des sculptures. L’œuvre se prête ainsi fort mal à une psychanalyse de l’artiste car s’il s’agit d’inconscient, il s’agit avant tout de l’inconscience consumériste au travers de ces objets refoulés dont l’œuvre opère le retour « comme pour gommer l’indifférence aliénante où les rebuts utilisés avaient été plongés : « Quand nul ne regarde la mer, la mer n’est plus la mer » – Marie Roch citant Jules Supervielle.

Ces rebuts, c’est encore la nature, une nature aliénée à l’homme pour l’homme, humanisée puis déshumanisée, rejetée hors de l’humanité. Et si l’œuvre se joue finalement de l’artiste, c’est qu’il s’agit de se laisser gagner par ce que la nature donne à voir d’elle... comme le répète une écologie de plus en plus présente, mais encore bien souvent considérée comme... Don Quichottesque.

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