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Jacquu 8RIARP et Jum-Piwit NÏCOIMDOT
RAPPORT SCIENTIFIQUE SUR LA FOUILLE DE L'ENCLOS PROTOHISTORIQUE
DE LA CHAPELLE-DE-L'IFF A LANGUENAft, COTES-ûU-NORD
Mars - Avril 1»81
(Autorisation de fouille n° 1759SUA/2R)
Pro^raiuoè P.35
EQUIPE DE RECHERCHE H° ZI DU C.N.R.S.
Laboratoire d'Anthropologie
Université de Rennes I
Campus de Beaulleu
35042 RENNES CEDEX
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RAPPORT SCIENTIFIQUE SUR LA FOUILLE DE L'ENCLOS PROTOMISTQRIQUE DE
LA CHAPELLE-DE-L'IFF A LANQUENAN, COTES-DU-NÛRÛ, MARS-AVRIL 19SI.
HISTORIQUE ET SITUATION.
En 1976, une sécheresse exceptionnelle permit, en Bretagne* le repérage de
sites archéologiques jusqu'ici restés inédits. Dans la région de Dinan et de
Saint-Malo, lea campagnes de prospections menées par le Centre régional archéo-
logique d'Alet sous la direction de L. LAKGÛUEÏ amenèrent ainai la découverte
de plusieurs cercles d'allure protohistorique. L'un des plus nets put être repé-
ré sur le territoire de la commune de Languenan, Cfites-du-Sord pris du hameau de
la Chapelle-de-1'Iff. Son diamètre pouvait Stre estimé à une vingtaine de mètres.
Il se présentait comme une structure continue, sans pont ou entrée. Au centre,
aucune structure pouvant correspondre I une sépulture n'était visible sur la
photo aérienne (Dossiers C.R.A. Alet, 1980, p. 67). Aucun cercle protohistorique
n'ayant été fouillé jusqu'ici en Bretagne, il était intéressant d'explorer l'un
d'entre eux pour déterminer 1 quelle séquence chronologique il pouvait apparte-
nir. Ceci par un souci plus général puisqu* il était prévu â Rennes en septembre
19SI une ïable Ronde du C.N.R.S. sur la question des enclos funéraires de l'Age
du Bronze. Un complément inédit sur l'Armorique ne pouvait être que le bienvenu.
L'enclos protohistorique de Languenan se situe à une centaine de mètres au
Sud du village de La Chapelle-de-1'If f, à une cinquantaine de mitres â l'Ouest
de la route menant de Quevert à La Chapelle-de-1'Iff (coordonnées Lembert Mord : x : 272,02 j y: 9ë,3S, altitude 91 m). L'endroit est très humide et les champs
qualifiés par le fermier-exploitant du terme évocateur de "Champs mouillants".
L'eau stagne par endroit dans cette prairie et les sources «ont nombreuses dans
le sous-sol comme la fouille nous le montrera. Le propriétaire, Hr 1. COCHET,
nous a donné toutes facilités pour les travaux ce dont nous le remercions, de
même que Hr F. I0UÏEE, le fermier exploitant la parcelle. Le champ était en pâ-
ture au début de l'année et devait être labouré profondément pour la culture
du maïs, ce qui motiva la fouille en Mars-Avril, un labour profond pouvant détrui-
re d'éventuelles structures superficielles*
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Fig. î - Plan cadastral montrant la position du cercle. Le talus entre
les parcelles 645 et 646 a été supprimée.
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2. PROSPLCTIÛNS AU SOL.
La prospection aérienne avait panais 4a rapèrer l'emplacement du cercle
dans la parcelle è quelques mitres près. Il importait de le localiser plus exac-
tement. A cet effet» une campagne de prospection au oagnitoraètre à protons fut
menée en Mars 19bl par L. LAJjîGOUEI et L. GOULPEAU, Maitrea-assistauts de physique
à l'Université de Rennes I avec le concours pour la mise au net des résultats de
Mr. M. GALLOU (mathématicien) (fig. 2). La prospection fut manie dans un carré
de 20 m sur 20 m orienté Nord-Sud. Le dépouillement des résultats ne permit pas
de replacer le cercle avec précision mais révéla certaines anomalies correspon-
dant en réalité en des rejets de sous-sol» particulièrement nets du c3të Est
de la sone prospectée. Une autre sone à fortes anomalies était détectée au Nord-
Ouest de la structure (fig. 3). Elle correspondait à une sone du sous-sol tris riche en arrivées d'eau comme la fouille le montrera par la suite. Les sones de
passage du fossé ou de rejets de pierres du fossé se montraient par des anomalies
moins marquées. Le cercle hypothétique reconstitué i partir de ces éléments se
révélait décalé d'environ 2 m vers le Nord par rapport au cercle véritable. Le
résultat de la prospection correspondait donc plus à des rejets en dehors du sous-sol qu'au fossé lui-même (fig. 3).
A partir d'une des anomalies repérées au magnétomêtre, une série de sondages
avec une tarière fine permit de repérer le passage du fossé» cSte Ouest de la
structure. Cinq carottages furent ainsi effectués (fig. 4 et 5), donnant les ré-
sultats suivants :
1 - Terre végétale 40 cm» puis limon argileux arénacé 60 cm avant le sous-sol.
2 - ferre végétale 40 cm» limon argileux à 65 cm avec traces de charbons de bois.
3 - Terre végétale, 40 cm puis 90 cm de limon argileux riche en charbons avant
le sous-sol rocheux. C'est un des passages du fossé dens sa plus grande pro-
fondeur. Le sondage est aussitôt rempli d'eau, révélant la présence de fortes
venues d'eau dans le sous-sol.
5 - Terre végétale : 40 cm» limon argileux 40 cm. C'est le remontée interne du
bord du fossé. A partir ce ces éléments» il était aisé de conduire la fouille
du fossé dont on savait que le diamètre extérieur était de l'ordre de 20 m.
L'équipe de prospection et de sondage a compris :
Melie J. AFFDLÏI1» H». BÛURhIS, J. MIAKD» M. GALLOU, L. GOULPEAU, H. liOUEIX et
L. LANG0UET.
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Fig. 2 - Vue générale du chantier au moment de la prospection au magnëtomètre à protons. On voit le talus garni de chênes têtards qui borde encore au Nord la parcelle 646. Aucune trace du fossé n'est visible dans la prairie qui sert de pâturage avant sa mise en culture. Début des me-sures dans le carré de 20 m sur 20 m par L. IANG0UET et L. GOULPEAU.
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Fig. 3 - Mise au net à l'ordinateur des éléments de prospections au magnêtomètre à pro-tons. Les anomalies principales sont â l'Est et à l'Ouest. Le passage du fossé ou ses rejets correspondant à des anomalies ou changements moins nets dans les mesures. Le profil esquissé à cet endroit de la prospection est décalé de 2 m vdpc 1 p Nnrrl nac rannnrt an trarp rppl
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LANGUENAN - La Chapelle de T i f f 6 Mars 1981
Limite parcellaire
10m
8m
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carré prospecté magnétiquement
Fig. 4 - Plan de prospection avec indications des sondages à la tarière.
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3. ORGANISATION U£ LA FOUILLE.
Après la campagne de prospection qui eut lieu du 4 su 7 Mars 19ëi, la campe-
ras de fouille principale fut conduite du 29 Mars 1931 au 25 Avril 1961.
Les fouilles ont été subventionnées par l'A.F.A.H.
Ont participé régulièrement aux travaux :
HT C. BOMR£» Technicien au C.i.R.8. Rennes.
Hr J. 30URQAIS, taiploy» au R.U. Rennes
»elle M. BRAULT, Institutrice, Rennes
Hr J. BRIARD » Maitre de Recherche C M S , Rennes
rnm H. m u m , Rennes
m i>. GUILLAUMK, étudient, Dijon
Hr M. tiDURlR, professeur en retraite, Rennes.
Me lie D. LA BORCHE, étudiante en 'Médecine, Rennes
&as C. lilCOLARBOÏ, dessinatrice cCSRS, Paris
«r J.P. HÏCOLA1D0Ï» Chargé de Recherche au CNRS, Paris
Hr J.F. *RI«ATORI, Conseiller pédagogique, La Baconniére
m ¥. CiMMME» Dessinateur CMRS, Rennes
Hr J.Y. t W & t m , étudiant en Hiatoire, Rennes
île lie ». REMOISAR, Conseillère médicale, Tours.
ttne demi^dousaioe d*autres personnes ont participé épisodiquement eux tra-
vaux divers (fouille ou préparation du chantier). Le fermier exploitant nous a
prêté son concours pour diverses tâches (clôture). La municipalité de Languenan
a prêté un peu d'outillage. Les travaux de renise en état du terrain ont été
effectués par l'entreprise Le Fommelec de Saint-basson sur lance. Hr J.L. ¿&&8XIR
chargé de Recherche au CSR& a étudié les échantillons sedimentologiques. Hue H.T.
m*uJïiikC-*Mt$ûum, Haitre-essistente de Géologie assure 1*étude palynologique. Une
partie du metériel a été préaenté pour une exposition en collaboration avec les
services techniques du misée de Bretegne i Rennes.
La direction du chentier a été &>enée en collaboretion per J. BRIARD et J.F.
MÎCûLARDOï qui en particulier e assuré le relevé topographique des fossés et du ma-
tériel archéologique. Hr ï. ûmï& a mis au net les pians de fouilla.
La technique de fouille a consisté à aménager des secteurs successifs de déca-
page. In effet le fermier exploitant n'était pas favorable A ce que noua utilisions
au départ un engin mécanique pour un décapage général.
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LANGUENAN, La Chapelle-de-1'Iff 9
Fig. 6 - Vue générale du chantier au début des travaux.
Fig. 7 - Décapage du carré Nord. La zone au premier plan, plus sombre correspond au fossé.
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4. PLAN GENERAL DE L'ENCLOS.
La topographie a été effectuée par rayonnement avec un niveau de chantier
SLOM. Lee courbes de niveau sont très régulières (fig* S) et montrent une déni**
vellée de 20 cm à peu prés régulière è une vingtaine de mètres du point 0. Il
semble donc que la structure ait été bâtie sur une éminsnce naturelle très peu
prononcée mais comme la plan d'ensemble le montre, le fossé est décalé vers le
Sud-Ouest par rapport au centre de ce relief naturel.
Les traces du fossé étalent reconnaissables sous la couche de terre arable
de 40 cm d'épaisseur. Alors qu'aux alentours le sous-sol présentait comte une
masse argileuse arénacée asses dure, le remplissage du fossé se distinguait par
sa consistance plus molle et sa couleur brune. De plus dans ce remplissage les
tessons, les charbons de bois et les pierres étaient plus abondantes que dans
le sous-sol du reste du tertre. Dès les premières couches, les tessons de pote-
rie marquaient ce remplissage (fig. ô). Le fossé était progressivement descendu.
11 montrait au sommet une largeur de 2,10 m è 2,30 m suivant les endroits. Le
profil des parois était en V asses irrëgulier suivant la nature du sous-sol. Le
profil était plus régulier du cota interne,constitué surtout de granulite, que
du cSté externe où la roche était souvent coupée de veines plus argileuses (fig. 9).
Parfois de véritables paliers se dessinaient dans les bords externes de ce fossé.
L'ensemble se présentait comme un cercle asses irrëgulier d'une vingtaine de mè-
tres de diamètre extérieur (ib,50 à 20 m). L'enclos a été reconnu dans les sec-
teurs fouillés suivant les directions cardinales, Mord, Ouest, Sud, Est et dans
deux carrés menés au Sford-Est et Nord-Ouest. En fin dm chantier, lors du rebou-
chage, deux sondages avec le tractopelie, sous surveillance, ont permis de retrou-
ver le fossé dans les secteurs Sud-Ouest et Sud-Est. Un sondage à la tarière a
permis de le reconnaître entre les secteurs Kord et ¡tord-Ouest. Il semble bien
être ininterrompu, ce qui correspond d'ailleurs à l'interprétation de la photo aérienne.
Au centre la sons de fouille e montré qu'il n'y avait aucune structure funé-
raire visible . Far contre les traces d'un fossé très peu profond, sorte de rigole
de 40 cm de profondeur et autant de large ont été reconnues et retrouvées dans
les sones de fouilles Est et Ouest. Mous reviendrons sur cette structure, et son
interprétation. En résumé l'enclos de Languenan apparaît comme un cercle aménagé
contre un petit mouvement de terrain, cercle circonscrit par un fossé de 2 m de
large et 1,30 m à 1,40 m de profondeur, de section triangulaire. Aucun locus cen-tral n'a visiblement été eménagé, du moins en gros appareil pouvant laisser des
traces.
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LANGUENAN, La Chapel1e-de-1'Iff
Fig. 8 - Début de dégagement du fossé, zone Sud. Des tessons apparaissent (piquets).
Fig. 9 - Fossé, zone Nord à 1,10 m de profondeur. Le remplissage devient boueux.
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Fi g. 10 - Plan général du cercle protohistorique avec position des fossés En tireté : topographie. Traits noirs : secteurs de fouille. En rouge : contrôles ultimes au tractopelle et à la tarière En hachure noir serré : la grande rigole transversale qui traverse l e cercle d'Est en Ouest.
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5. U FOUILLE. ùii FÛSbE.
Le remplissage du fossé devenait de plus en plus boueux au fur et è mesure
que la profondeur de la fouille augmentait. Le fossé Kora-Ouest montra ainsi
un écoulement important d'eau qui vint remplir le fond de la tranchée (fig. U )
et nécessita un travail constant d'ecopage. La proximité des sources fut confir-
mée par un sourcier opérant à la baguette. On peut même se demander si la posi-
tion du fossé en cet endroit très humide n'était pas volontaire et destines à
fournir un écoulement d'eau dans la structure circulaire mais ce n'est qu'une
hypothèse» les conditions d'écoulement d'eau dans le sous-sol pouvant être dif-
férentes à l'âge du ironse. Le remplissage du fossé était asses homogène» formé de terre brune mSlée de nombreux charbons de bois. Quelques lentilles de sous-
sol argileux ou arénacé s'y mêlaient. La particulier au fond du fossé la roche
décomposée prenait des teintes rougeâtres ou verditres. A part cette accumula-
tion en lentilles au fond de certaines zones (côté Ouest), il était difficile
de distinguer dans les coupes plusieurs stades de remplissage de la structure.
Les pierres et les creusements arénac&s de sous-sol avaient été rejetés hors
du fossé, bans la sone de fouille Nord-Est (fig. 12), us amas composé de pier-
res et de rejet de sous-sol dessinait une structure sometaire de 1,30 m de long
et 70 es de large, haute au centre de 30 cm. Simple rejet de creusement accumu-le lé par hasard a 4 m du fosse ou tombelie très sommaire 1 Aucun document n'a
pu être trouvé lors du démontage de cet ensemble particulier. Dans le fossé,
le mobilier archéologique était inégalement réparti. Tantôt, surtout dans les
couches supérieures, il était asses dispersé, tentôt il était regroupé en ensem-
bles irréguliers regroupant poteries, silex, pierres et ossements, en particulier
dans le secteur Sua. L'essentiel du matériel se trouvait entre bO cm de profon-
deur. Quelques pierres donnaient parfois l'illusion d'un calage de poteau mais
leur position à mi-hauteur du fossé rendait cette hypothèse insoutenable (secteur
Kord). Les charbons de bois étaient dispersés amais on notait quelques accumula-
tions. Ainsi toute une masse de charbons de bois tapissait le bord interne ds la
tranchée Mord (G 14), cornue si ces charbons provenaient d'un balayage au-dessus
du fossé côté plateau interne. Ceci est un faible indice pour penser que le
fossé a été comble par des éléments situés au centre de la structure circulaire.
Au fond du fossé, on rencontrait le sous-sol très altéré et au faciès très chan-
geant, passant de l'argile au schiste pourri ou au gneiss décomposé.
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Fig. 11 - Vue du secteur de fouille Nord-Ouest au moment de la remontée maximale des eaux du sous-sol. Le fossé s'emplit d'une eau boueuse provenant des petites sources situées à peu de pro-fondeur à proximité du fossé.
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LANGUENAN3 La Chapel1e-de-1'Iff
t
Plan et coupe du massif de pierres et de rejet de sous-sol
secteur Nord-Est.
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6. LA GRANDE RISOU.
La zone 4« fouille centrale n'a montré aucune trace de structure funéraire
visible qui, malgré une érosion possible de la surface du cercle par les cultures
aurait sans doute laissé quelques ultimes vestiges à ce niveau. Far contre l'exis-
tence d'une longue rigole large de 40 cm et profonde suivant les endroits de 30
à 40 cm a été nettement reconnue, (fig. 13 et 14). Dans cette rigole au remplissage brun humique, le mobilier archéologique était rare, limité à quelques tessons et
éclats de silex, proportion constrastant avec la richesse du f .ssé circulaire. Seul
élément assez curieux, la présence de quelques pierres assez régulièrement espa-
cées mais de teille moyenne (15 à 20 cm de longueur). Cette structure a été suivie transversalement, d'Est en Ouest. Elle recoupe les fossés et se prolonge au-delà
du cercle. On la retrouve entre le secteur central et le fossé. En particulier
elle est recoupée dans la tranchée stenée entre le secteur central et le fossé,
côté Ouest, par une deuxième rigole perpendiculaire mais à peine imprimée dans le
sous-sol (10 cm environ) et disparaissant par ailleurs (fig. 14).
bu côte Ouest, la rigole recoupe nettement le fossé (fig. 13 et 1b). On y
retrouve les petites pierres essez régulièrement espacées mais, de plus, un
petit massif de rejet de sous-sol semble boucher cette rigole (photo n° 15). Si
cette hypothèse est correcte, cet amas de pierres correspond 2 un rejet de fossé
qui effectivement, é cet endroit, est caillouteux. La rigole sereit antérieure au
fossé circulaire. Le petit fossé trsnsversal se poursuit en dehors du cercle.
Mous avons pu le localiser sur une trentaine de mètres mais malheureusement il
sortait de la limite du territoire autorisé pour la fouille en 19bl. Il serait in-
téressant d'effectuer un complément de recherche a son sujet.
Cette structure est des plus intéressante. Elle semble donc antérieure eu
fossé lui-même par sa poterie, nous le verrons plus loin, appartient i l'Age du
Bronze. Les quelques pierres espacées assez régulièrement pourraient être des élé-
ments de calage d'une palissade légère, hypothèse toutefois assez fragile. D'autre
pert la position de cette rigole par rapport au cercle est surprenante : elle
passe pratiquement par le centre de la structure qu'elle traverse diamétralement
d'Est en Ouest (avec un décalage de quelques degrés vers le Mord cependant).
La chose ne semble pas fortuite, et une autre hypothèse serait d'y voir quelque
grand sillon rituel orienté Est-Ouest, préludant I la construction du cercle
protohistorique.
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LANGUENAN, La Chapelle-de-TIff
13 - Vue de la grande rigole transversale dans le secteur central de fouille. Elle frôle le témoin qui marque 1 centre géométrique du cercle protohistorique. Au fond on voit quelques trous irréguliers et au premier plan une des petites pierres, possible élément de calage de structures légères de palissade.
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Pierre de calage ?
Petite rigole transversale
Pierre de calage ?
LANGUENAN, La Chapelle-de-1'Iff Zone à rejet de fossé
côté Ouest
Fig. 14 - La grande rigole
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LANGUENAN, La Chape!1e-de-1'Iff 19
Fig. 15 - Fossé Ouest et rigole - Rejet de pierres du creusement du fossé.
Fig. 16 - Fossé Ouest et rigole, côté interne et petite pierre de calage,
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7. U MATERIEL MCHEÛLOaiQUE.
Le matériel archéologique « été répertorié syst*aatiquai»ettt (J.P. hlCC&A&OOÎ)
par un repérage d'axes perpendiculaires dérivant au quadrillage de prospection
initial, lu carroyale comprend une abscisse lettres suivant l'axe Est-Ouest et
une ordonnée chiffres suivant l'axe Nord-Sud. À l'intérieur de chaque carré le
matériel a été répertorié dans les trois dimensions. 132 objets ou groupes d'ob-
jets ont ainsi été releves.
L© mobilier lithique comprend une dousaiae de silex dont quelques grattoirs
en silex (carres MI3, ¿lé). On note quelques rares lamelles (112) et quelques
éclats de silex parfois retouchés (SU). Le silex est de couleur variable, tantôt
blanu ($13, ¥13) tantôt noir (h2, §4), tantôt gris (012). 11 semble qu'on ait
utilisé pour le silex les petits rognons de la côte proche dont les teintes sont
esses variées, d'autres silex sont blancs et souvent craquelés par suite de l'ac-
tion du feu. Certains étaient d'ailleurs Intimement ailés à des ossements brûlés.
(U >). Le reste de l'outillage litùique est très pauvre t quelques galets éclatés
qui ont pu servir de broyeurs ou de aolettes et un curieux palet de granité qui
a pu servir de percuteur.
La céramique est la plus abondante : u m centaine de tessons plus un ensemble
céramique comprenant une grande urne (ensemble Gl-Gé). Cette céramique du fait
des conditions de gisement très humides» était esses friable et a dû subir un long
séchage avant nettoyage et étude. La poterie est esses grossière s dégraissant
quartseux et micacé provenant Ces séries de roches métamorphiques locales. L'essen-
tiel appartient à des poteries à fond plat d'épaisseur moyenne de 6 à 12 mm mais il existe quelques tessons plus fins. Le décor est très rare, le plus souvent limi-
té è aes impressions plastiques asses frustres. On seul tesson présente sur le
rebord éversé un décor par petites incisions obliques. Il appartient â une urne
sans doute globuleuse. C'est un type de décor que l'on connaît surtout au sronse
fine! et au aallstatt en Bretagne et ce tesson trouvé dens les couches supérieures
du carré 12 est peut-être plus récent que l'ensemble général qui évoque des pote-
ries Bronxe ancien-moyen ce mime que le matériel lithique.
La répartition générale du matériel est très frappante (fig. 20). L'essentiel
est concentré de façon indiscutable dans le remplissage du fossé circulaire.
£n dehors du fossé» on note dans le carré Nord-Ouest * quelques tessons et surtout
des éclats de silex au niveau du vieux sel. L'impression générale est que l'on
a rempli le fossé intentionnellement avec des terres riches en mobilier,céramique
principalement. Parmi ce matériel déposé dans le fessé l'ensemble G1-G2 est le
plus remarquable.
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LANGUENAN, La Chapelle-de-TIff
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Fig. 17 - Répartition générale du matériel. Il est essentiellement concentré dans le remplissage du fossé circulaire.
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L'ensemble G1-G2 se situe dans la partie Sud du fossé (fig. 18 et 20). Il
a été fouillé dans des conditions difficiles par suite des infiltrations d'eeu
px?-venant du sous-sol et des conditions atmosphériques déplorables au moment de
la fouille. C'eat dans un véritable mélange boueux que cet ensemble gisait
(photo n* 20). Il comprenait les débris d'une grande urne avec des anses (fig. IS,a)
de grands fragments de panse en deux éléments principaux (fig. 1b, b et c).
A cette urne principale était associé un autre vase plus petit,a fond plat
(fig. Ib, d). L'ensemble comprenait au centre des vestiges osseux brûlés diffi-
cilement identifiables (fig* lb, e). Il n'est pas certain qu'il s'agisse d'osse-
ments humains, au contraire ; certains os longs brisés semblent appartenir & des
animaux domestiques (porc et petit boeuf, leur identité sera précisée si possi-
ble par la suite). Autour de cette structure étaient disséminés des paquets de
charbons de bois (fig. 18, £). Quelques pierres dessinaient l'amorce d'une struc-
ture circulaire (fig. Ib, g). L'ensemble se situait presque au fond du fossé.
S'agit-il d'un foyer funéraire ou cultuel aménagé sur place ou des débris d'un
foyer établi en surface du plateau circonscrit par le fossé et rejet en bloc
dans le fossé ? Là encore la question reste difficile à trancher. L'ensemble
est nettement plus important que d'autres petits paquets de pierres et cérami-
ques trouvés par exemple du côté Mord mais la disposition du mobilier reste
assez anarchique : le cercle de pierre du possible foyer est incomplet et
l'urne principale est aussi largement incomplète. Sa reconstitution est cepen-
dant possible. C'est une grande urne en forme de tonneau, pourvue à la partie
médiane d'un bourrelet avec petites protubérances et de deux petites anses per-
forées transversalement. Cette urne d'environ 80 cm de haut et 50 cm de largeur
à la panse se rattache & la famille des grandes urnes du Bronze ancien-moyen,
toutefois, elle s'éloigne des poteries du même type connues en Bretagne, I cor-
dons ou à décors en fer i cheval et curieusement se rapproche plus des urnes
rhodaniennes du Midi de la France. Le remplissage de ce fossé comprenait égale-
ment des éléments de terre cuite. L'un rectangulaire peut Être un élément de
peson, les autres sont des débris de clayonnage de huttes si l'on en juge par
leur forme de boudins irréguliers. Aucune trace de branchages ou de bois n'y
était cependant imprimée comme de coutume. On peut aussi penser à des'éléments
de calage de fours de potiers. Les charbons de bois étaient abondants, parfois
de grosse taille et certains pourront sans doute ître déterminés. Parmi eux a
été recueilli une petite noisette carbonisée également.
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LANGUENANs La.Chapelle -de-Vlff
Fig. 18 - Ensemble G1-G2 de la partie Sud du fossé circulaire, a : anse de l'urne ; b et c : fragments de l'urne d : fragment de vase à fond plat ; e : ossements brûlés ; f : charbons de bois ; g : pierres.
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LANGUENAN, La Chapelle-de-TIff 24
Fig. 19 - Détail du fossé, côté Ouest, montrant une veine rocheuse.
Fig. 20 - Ensemble G1-G2 dans la boue du fossé, côté Sud.
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LANGUENAN, La Chape!le-de-11Iff
Fig. 21 - Vue générale du chantier de La Chapelle-de-11Iff à Languenan Côtes du Nord.
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COMCLUSIOh.
la fouille ae l'enclos protoListorique de Laaguenan a permis de reconnaître
m fosse circulaire ininterrompu de IS à 20 m dm diamètre extérieur. Au centre
de cette structure une aire centrale s'est avérée stérile» sans aucun élément
de tombe ou de structure cultuelle. Cependant une saignée longitudinale traver-
sait le cercle d'Ouest en Est, correspondant vraisemblablement à une structure
d'enclos rectiligtte antérieure au fosse circulaire.
Le fossé circulaire contenait un abondant matériel archéologique» poteries
notassent, dont une grande urne i cordon médian de style rhodanien du grouse
ancien. Quelques élisants lithiques, grattoirs en silex.» broyeurs ma granité 1 *accompagnaient. Il s'y allait «les charbons de bois, des éléments de foyers
marqués par des pierres brûlées et des ossements calcinés. Quelques blocs
d'argile cuite peuvent correspondre é du clayonnage de hutte ou à des élé-
ments de fours, fous ces éléments correspondent à une structure datable du
Brou®* ancien terminal.
En conclusion,, l'enseignement essentiel de la fouille a été la reconnaissan-
ce en Haute-Bretagne d'un faciès du Bronze ancien distinct de la classique Civi-
lisation des ïumuluê connus en Armorique occidentale. C'est un nouvel élément
qui vient rejoindre en Haute~Br«tagne la découverte d'Urnes funéraires dans des
structures aménagées contre des alignements néolithiques (âaint-Just, llle-et-
Vilaine). Sur un plan plus général ce cercle protohistorique de Languenan se
rang® dans la grande famille des cercles connue en Europe du lord-Ouest t îles
Britanniques, Picardie, Belgique et Pays-Bas. Lé Bretagne apparaît coaae le pro-
longeaient le plus occidental de cette série de cercles du Iroaae ancien jusqu'à
maintenant du moins.
Le rituel de ces cercles reste difficile à préciser. A Languenan, un fossé
circulaire a été aménagé sur un petit relief du sous-sol en un endroit assea
marécageux. Le remplissage du fossé, assea désordonnée et relativement uniforme
laisse supposer que celui-ci a été effectué â partir de la destruction d'éléments
primitivement organisés sur le plateau circulaire central, hypothèse de travail
qui demande à être vérifiée. Il resta à espérer bien des éléments complémentaires des travaux en cours sur le matériel (radiocarbone, sédimentologie, pollenana-
lyaa, etc...).