l'allaitement maternel en 36 questions

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L’allaitement maternel en 36 questions Ce manuel est destiné à la formation médicale continue des professionnels de santé Avril 2000 Gisèle Gremmo-Féger Pédiatre, consultante en lactation diplômée IBCLC, CHU de Brest

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Page 1: L'allaitement maternel en 36 questions

L’allaitementmaternel

en 36 questions

Ce manuel est destiné à la formation médicale continue

des professionnels de santé

Avril 2000

Gisèle Gremmo-FégerPédiatre, consultante en lactation diplômée IBCLC, CHU de Brest

Page 2: L'allaitement maternel en 36 questions

sommaire

Pré-test 3

Introduction 8

A. Mamelons et/ou seins douloureux 10

B. Insuffisance de lait et stagnation staturo-pondérale 14

C. Autres problèmes 20

D. Contre-indications à l’allaitement 22

E. Allaitements et médicaments 23

F. Généralités 28

G. Propriétés du lait maternel 29

H. Le sevrage 30

I. Références bibliographiques 31

L’allaitement maternel en 36 questions

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Pré-test

A. Problèmes de mamelons et/ou de seins douloureux

◗ 1 - La mère doit laver ses mamelons avant chaque tétée :■■ vrai ■■ faux ■■ ne sait pas

◗ 2 - Il ne faut pas donner le sein plus de 8 fois par jour en raison du risque de voirsurvenir rapidement des crevasses :

■■ vrai ■■ faux ■■ ne sait pas

◗ 3 - La cause la plus fréquente de mamelons douloureux c’est la mauvaise positiondu bébé au sein : ■■ vrai ■■ faux ■■ ne sait pas

◗ 4 - La façon dont le bébé fait fonctionner sa langue et ses mâchoires pour téter ausein et au biberon est totalement différente :

■■ vrai ■■ faux ■■ ne sait pas

◗ 5 - En dehors de la lymphangite, quelle est la cause la plus fréquente de douleursdes seins après un intervalle libre sans problème ?

■■ spasme du canal lactifère ■■ abcès du sein ■■ candidose ■■ réflexe d’éjection trop fort

B. Insuffisance de lait et stagnation staturo-pondérale

◗ 6 - Le lait maternel de certaines mères n’est pas assez riche :■■ vrai ■■ faux ■■ ne sait pas

◗ 7 - Si un bébé allaité et qui est en bonne santé ne grossit pas c’est parce que samère ne produit pas assez de lait :

■■ vrai ■■ faux ■■ ne sait pas

◗ 8 - Pendant les premières semaines, les bébés au sein tètent en moyenne :■■ 4 à 8 fois/jour ■■ 8 à 12 fois/jour ■■ > 12 fois/jour

◗ 9 - Les bébés prennent 90 % de leur ration les dix premières minutes de la tétée ?■■ vrai ■■ faux ■■ ne sait pas

◗ 10 - À chaque tétée le bébé doit prendre :■■ un seul sein ■■ les 2 seins ■■ ne sait pas

L’allaitement maternel en 36 questions

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Page 4: L'allaitement maternel en 36 questions

◗ 11 - La mère d’un bébé de 17 jours vous téléphone : elle est inquiète car son bébén’a pas eu de selles depuis 48 heures ; elle vous dit qu’il a l’air en bonne santé etcommence à bien s’éveiller, qu’il tète 5 à 6 fois par jour et dort parfois 6 à 7 heuresd’affilée la nuit… ■■ vous la rassurez, c’est une « constipation » au lait maternel

■■ vous lui dites de passer vous voir car il est indispen-sable de contrôler le poids du bébé■■ ne sait pas

◗ 12 - La croissance des enfants allaités est différente de celle des enfants nourris aubiberon : ■■ vrai ■■ faux ■■ ne sait pas

◗ 13 - La mère d’un bébé de 6 semaines vous téléphone : elle est inquiète car depuisdeux jours alors que tout se passait bien (poids + 950 g depuis la naissance, 7 à 8tétées par jour et bébé repu après les tétées), son bébé qui a pourtant l’air en bonnesanté, donne l’impression de vouloir téter en permanence à tel point qu’elle pensene plus avoir de lait (d’ailleurs ses seins lui paraissent vraiment très souples)

■■ vous la rassurez, c’est une étape normale de l’allaitement,il faut qu’elle donne le sein aussi souvent que possible pendant quelques jours et puis tout rentrera dans l’ordre ;■■ vous lui conseillez d’introduire des biberons de com-plément car elle n’a manifestement plus assez de lait ;■■ ne sait pas.

C. Autres problèmes

◗ 14 - La cause la plus probable d’un ictère prolongé chez un nourrisson d’un moisbien portant et qui grossit bien est « l’ictère au lait maternel » :

■■ vrai ■■ faux ■■ ne sait pas

◗ 15 - Pour en confirmer le diagnostic, il est préférable d’arrêter l’allaitementpendant quelques jours : ■■ vrai ■■ faux ■■ ne sait pas

◗ 16 - Les bébés allaités ont souvent des « coliques » :■■ vrai ■■ faux ■■ ne sait pas

◗ 17 - En cas d’engorgement, la mère doit boire moins et ne pas donner le seintrop souvent pour faire baisser la production de lait :

■■ vrai ■■ faux ■■ ne sait pas

◗ 18 - En cas de mastite aiguë (lymphangite), il faut suspendre l’allaitement pendant24 à 48 heures : ■■ vrai ■■ faux ■■ ne sait pas

L’allaitement maternel en 36 questions

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D. Contre-Indications à l’allaitement

◗ 19 - Si un bébé vomit ou qu’il a la diarrhée, il est préférable de suspendre l’allaitement :■■ vrai ■■ faux ■■ ne sait pas

◗ 20 - Si une mère qui allaite a de la fièvre elle ne doit pas donner le sein :■■ vrai ■■ faux ■■ ne sait pas

◗ 21 - L’hépatite C chez la mère est une contre-indication formelle à l’allaitement :■■ vrai ■■ faux ■■ ne sait pas

E. Allaitement et médicaments

◗ 22 - Pour la majorité des médicaments, la dose reçue par l’enfant par rapport à ladose maternelle totale est :

■■ = 1 % ■■ comprise entre 5 et 10 % ■■ > 20 %

◗ 23 - La plupart des anti-inflammatoires non stéroïdiens peuvent être utilisés pen-dant l’allaitement pour un traitement de courte durée :

■■ vrai ■■ faux ■■ ne sait pas

◗ 24 - Une mère traitée par Prednisone peut allaiter si la dose journalière est infé-rieure à : ■■ 20 mg ■■ 50 mg ■■ 80 mg

◗ 25 - Les antidépresseurs sont contre-indiqués pendant l’allaitement :■■ vrai ■■ faux ■■ ne sait pas

◗ 26 - Le Monuril® utilisé en prise unique pour le traitement de l’infection urinairepeut être utilisé pendant l’allaitement :

■■ vrai ■■ faux ■■ ne sait pas

◗ 27 - Le Mopral® est contre-indiqué pendant l’allaitement :■■ vrai ■■ faux ■■ ne sait pas

F. Généralités

◗ 28 - Une mère qui fume et est incapable de réduire sa consommation de tabacferait mieux de ne pas allaiter :

■■ vrai ■■ faux ■■ ne sait pas

◗ 29 - Une mère qui allaite doit faire très attention à ce qu’elle mange :■■ vrai ■■ faux ■■ ne sait pas

L’allaitement maternel en 36 questions

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◗ 30 - Pour un enfant nourri au lait artificiel pendant 6 mois :- la quantité de poudre de lait absorbée est en moyenne de :

■■ 20 kg ■■ 30 kg ■■ 40 kg

- il faudra laver les biberons en moyenne :■■ 800 fois ■■ 1 000 fois ■■ 1 400 fois

- le coût moyen généré par les dépenses de lait et d’équipements est de :■■ 4 000 FF ■■ 6 500 FF ■■ 8 000 FF

G. Propriétés du lait maternel

◗ 31 - Grâce aux progrès réalisés par les laboratoires pharmaceutiques la composi-tion des laits artificiels actuels est très proche de celle du lait maternel :

■■ vrai ■■ faux ■■ ne sait pas

◗ 32 - En absorbant du colostrum un nouveau-né reçoit une dose d’IgA en moyennede : ■■ 0,05 g/kg/jour ■■ 0,1 g/kg/jour ■■ 0,5 g/kg/jour

◗ 33 - Les nourrissons qui ne sont pas allaités ont plus de risques :

- d’otites : ■■ vrai ■■ faux ■■ ne sait pas

- de gastro-entérites : ■■ vrai ■■ faux ■■ ne sait pas

- d’infections respiratoires : ■■ vrai ■■ faux ■■ ne sait pas

- d’infections urinaires : ■■ vrai ■■ faux ■■ ne sait pas

- d’allergies : ■■ vrai ■■ faux ■■ ne sait pas

- de malocclusions dentaires ■■ vrai ■■ faux ■■ ne sait pas

◗ 34 - Les bébés allaités ont une meilleure réponse aux vaccins que ceux nourrisaux laits industriels : ■■ vrai ■■ faux ■■ ne sait pas

◗ 35 - L’allaitement maternel diminue l’incidence :

- du diabète : ■■ vrai ■■ faux ■■ ne sait pas

- de la maladie de Crohn : ■■ vrai ■■ faux ■■ ne sait pas

- de la recto-colite hémorragique :■■ vrai ■■ faux ■■ ne sait pas

- de la mort subite du nourrisson :■■ vrai ■■ faux ■■ ne sait pas

L’allaitement maternel en 36 questions

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◗ 36 - Les mères qui allaitent ont moins de risque d’avoir :

- un cancer du sein préménauposique :■■ vrai ■■ faux ■■ ne sait pas

- un cancer de l’ovaire : ■■ vrai ■■ faux ■■ ne sait pas

- de l’ostéoporose : ■■ vrai ■■ faux ■■ ne sait pas

L’allaitement maternel en 36 questions

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Page 8: L'allaitement maternel en 36 questions

Le lait maternel apporte des substances qui sont nutrition-

nellement parfaites pour les bébés et qui les protègent de

nombreuses maladies. Certaines substances propres au lait

maternel sont indispensables pour la croissance et le développement rapide

du cerveau et du système nerveux central du nourrisson. Grâce aux nom-

breuses interactions qu’il encourage, l’allaitement favorise également l’atta-

chement mère-enfant qui est un élément fondamental permettant l’élabora-

tion de la personnalité.

En France, moins d’un bébé sur deux est allaité à la naissance, et

ils sont moins de 20 % à l’être encore à trois mois. Ainsi, avec seulement 48,8 %

de mères allaitant à la naissance en 1997, la France a l’un des taux d’allaite-

ment les plus bas d’Europe : 98 % à la naissance en Norvège et toujours 86 %

à trois mois, 94 % en Suède, 92 % pour la Suisse, 87 % pour l’Allemagne, 74 %

au Luxembourg, 63 % au Royaume uni. Seul, l’Irlande, avec 34 % fait moins

bien que nous.

Pourtant, même une femme bien nourrie et d’un haut niveau socio-éco-

nomique verra augmenter le risque de maladies et la mortalité chez ses enfants

si elle n’allaite pas. Dans les pays comme le nôtre où le taux de mortalité infan-

tile est bas, le risque d’hospitalisation est 5 fois plus élevé pour les enfants qui

sont nourris au lait industriel par rapport à ceux qui sont allaités.

L’allaitement maternel en 36 questions

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JE N’AI PAS

PU ALLAITER

CAR MON BÉBÉ

ÉTAIT PRÉMATURÉ...

MON BÉBÉ

PRÉFÉRAIT

LE BIBERON !

JE N’AVAIS

PAS ASSEZ

DE LAIT...

MES SEINS

ÉTAIENT TROP

PETITS

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Les très nombreux et très importants bénéfices de l’allaitement au sein ont

amené des organismes internationaux à exprimer des recommandations qui

concernent tous les bébés du monde, y compris ceux des pays riches : l’OMS,

l’Unicef mais aussi l’académie américaine de Pédiatrie, recommandent d’al-

laiter de façon exclusive environ pendant les six premiers mois et de diversi-

fier progressivement l’alimentation durant la seconde moitié de la première

année.

En tant que professionnels de santé, nous devons toujours noussouvenir que l’allaitement maternel est LA méthode normale d’ali-mentation des bébés. C’est vers nous que l’on se tourne pour obtenir des

conseils sur la croissance et le développement harmonieux des enfants, et si

nous sommes tous convaincus de la supériorité du lait maternel, en tenons-

nous tous réellement toujours compte ? Tout bébé mérite le lait de sa mère,et toute mère mérite de pouvoir allaiter son bébé.

Pourtant, beaucoup de mères ont des difficultés à allaiter et il est très frus-

trant de voir la fréquence avec laquelle elles se voient conseillées d’arrêter d’al-

laiter et ce presque toujours de façon inappropriée.

La méconnaissance notamment de la conduite pratique de l’allaitement

maternel tant chez les mères que chez les professionnels de santé et les nom-

breuses idées reçues sont à l’origine de la majorité des difficultés.

Nous devons cependant non seulement encourager les mères à allaiter mais

nous devons aussi faire en sorte que toutes les mères qui choisissent d’allai-

ter reçoivent le meilleur soutien possible au moment du démarrage de l’allai-

tement ainsi qu’en cas de difficultés. Et c’est en améliorant nos connaissances

sur la conduite pratique de l’allaitement que nous pourrons réellement appor-

ter une aide efficace aux mères qui allaitent.

La majorité des problèmes d’allaitement est totalement évitable :qu’il s’agisse de mamelons douloureux, de stagnation staturo-pondérale, d’ic-

tère, de coliques, d’engorgement ou de lymphangite, tous ces problèmes, éven-

tuellement intriqués, sont généralement la conséquence d’une conduitepratique de l’allaitement inadéquate.

L’essentiel est de faire en sorte que le bébé prenne correctementle sein. C’est le principal facteur de réussite de l’allaitement.

L’allaitement maternel en 36 questions

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Beaucoup de femmes ont des mamelonsdouloureux ce qui ne veut pas dire quec’est normal. Une sensibilité douloureu-se est très fréquente dans les premiersjours du post-partum : souvent maxima-le aux troisième-quatrième jours elles’améliore ensuite ; la gêne est habituel-lement vive au moment où le bébé com-mence à téter et cède au cours de la tétée.Des douleurs intenses, associées à la pré-sence de crevasses, persistant pendanttoute la tétée ou ne s’améliorant pas à lafin de la première semaine ne doiventpas être considérées comme normales.

■ 1 ◗La mère doit laver ses mamelonsavant chaque tétée : faux

Il ne faut pas nettoyer les mamelons avantet/ou après chaque tétée ; cela supprimela lubrification qui protège naturellementle mamelon et en plus cela rend l’allai-tement inutilement compliqué. La peaudes mamelons est fragile et une hygiènenormale est largement suffisante ; il fautéviter d’avoir recours à des savonnagesintempestifs ou d’appliquer divers pro-duits desséchants ou susceptibles d’in-duire des réactions allergiques. Aumoment du démarrage de l’allaitementon peut conseiller à la mère d’étaler surle mamelon, à la fin de la tétée, un peude colostrum ou de lait « gras » de fin detétée.

■ 2 ◗ Il ne faut pas donner le sein plusde 8 fois par jour en raison du risque devoir survenir des crevasses rapidement :faux

La principale cause de crevasses est la mau-vaise position du bébé au sein ; le nombreet la durée des tétées importent peulorsque le bébé prend le sein correcte-ment.

■ 3 ◗ La cause la plus fréquente demamelons douloureux c’est la mauvaiseposition du bébé au sein : vrai

La principale cause de mamelons doulou-reux est une mauvaise position du bébé ausein ; plus rarement il s’agit d’un problè-me de succion ou les deux. Le meilleurtraitement des mamelons douloureux estla prévention qui consiste essentiellementà assurer une bonne prise du sein dès lepremier jour.Pour cela il faut que la mère s’installeconfortablement et qu’elle mette son bébédans différentes positions mais toujoursbien face à elle avec la bouche grande

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A - Mamelons et/ou seins douloureux

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ouverte pour que le bébé prenne le seinle plus loin possible ; il faut faire en sor-te que la prise du sein soit légèrementasymétrique, le bébé touchant le seind’abord avec le menton, le mamelonpointant vers le toit du palais ; le bébérecouvre alors plus d’aréole avec sa lèvreinférieure qu’avec sa lèvre supérieure ;ses lèvres sont complètement retrousséessur le sein.C’est quand il est positionné de façon cor-recte au sein que le bébé peut téter effi-cacement, il a alors une succion tout àfait caractéristique faite de mouvementsamples et réguliers généralement asso-ciés à des bruits de déglutition audibles.

Même si la plupart des problèmes demamelons dans le post-partum sont dûsà une mauvaise position du bébé au seinet/ou à des problèmes de succion, il estquand même important de traiter les cre-vasses en accélérant leur cicatrisation.Des crèmes peuvent être utiles :- à base de lanoline purifiée : Lansinoh®

(commercialisée par la LLL) ou Purelan®

(commercialisée par Medela), à appliqueraprès la tétée et sans chercher à nettoyerle mamelon avant la tétée suivante.

- Mycolog® : anti-inflammatoire (c’est sou-vent l’inflammation associée à l’infectionou à la plaie qui provoque la douleur),antibiotique (on trouve toujours des bac-téries au niveau des crevasses) et anti-fongique (le candida peut causer des irri-tations et crevasses) ; appliquer la pom-made en petite quantité après chaquetétée ; ne pas nettoyer, ni essuyer avant latétée suivante ; les substances actives sonttrès vite absorbées par la peau et n’indui-ront pas de problèmes chez le bébé.Ces pommades peuvent être très utiles,mais corriger la position reste le meilleurdes traitements.

■ 4 ◗ La façon dont le bébé fait fonc-tionner sa langue et ses mâchoires pourtéter au sein et au biberon est totalementdifférentes : vrai

Pour attraper le sein correctement le sein,le bébé doit ouvrir grand la bouche pourprendre une grande quantité de tissuaréolaire qui va remplir sa cavité bucca-le ; ses mâchoires exercent une pressionsur les sinus lactifères qui se remplissentde nouveau au fur à mesure des contrac-tions des fibres myoépithéliales qui entou-rent les alvéoles et les canaux lactifères.En un mouvement rythmique, à la fois deva-et-vient et ondulant, la langue allon-ge et comprime l’aréole contre le palais.Il se crée une dépression intrabuccale quiparticipe à l’éjection du lait et l’enfantdéglutit bouche grande ouverte et langueen avant.Au biberon, l’enfant prend la tétine enentrouvant la bouche ; celle-ci est fermeet ne remplit pas la cavité buccale, elleest peu élastique, le bébé ne peut doncpas la comprimer avec sa langue. Dèsque la tétine est dans la bouche, le lait

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coule et certains bébés apprennent à rele-ver le bout de leur langue devant la téti-ne, afin de ralentir l’écoulement de lait,pour pouvoir respirer et avaler.

La « confusion sein-tétine » est une réalité :un bébé confronté à ces deux méthodestrès différentes peut être perturbé et nepas arriver à téter correctement s’il faitses premières expériences d’alimentationau biberon ; en fait souvent le bébé va

adopter la méthode qui lui donne le flotde liquide le plus rapide et il risque derefuser le sein, ou bien de mal le prendreet ainsi de ne pas obtenir suffisammentde lait et/ou d’induire des douleurs et deslésions des mamelons chez sa mère.Certains bébés utilisent les deuxméthodes sans difficulté, d’autres ontd’énormes problèmes à prendre le seinaprès avoir pris un ou des biberons seu-lement. Si des compléments sont néces-saires, il faut les donner autrement qu’aubiberon (à la tasse, à la seringue, au doigt,avec un DAL-dispositif d’aide à la lacta-tion-) et n’introduire biberons et tétinesque quand l’enfant maîtrise parfaitementla technique de succion au sein.Téter a beau être une activité innée, pourlaquelle tous les nouveaux nés sont pro-grammés, une période d’apprentissage estnécessaire (pour les mères aussid’ailleurs).

■ 5 ◗En dehors de la lymphangite, quel-le est la cause la plus fréquente de dou-leurs des seins après un intervalle libresans problème ?

La candidose des canaux lactifèresLa surinfection, et notamment la candi-dose, peut être à l’origine de lésions desmamelons ou de seins douloureux. Ladouleur, qui survient en général après unintervalle libre, est souvent à type de brû-lure, lancinante, elle dure pendant toute latétée et souvent après. Il arrive qu’un seulsein soit atteint. La douleur diminue avecl’application de violet de gentiane.

La candidose nécessite un traitement anti-fongique local : violet de gentiane à 1 % :une application par jour pendant 4 jourset Mycolog : une application après chaque

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Bébé qui suce façon tétine

Bébé qui tète bien un sein...

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autre tétée ; éventuellement associé à untraitement antifongique par voie générale :Triflucan, 200 mg en une prise, puis100 mg deux fois par jour pendant aumoins 15 jours.

Il y a d’autres causes plus rares de mame-lons douloureux : frein de langue,troubles de succion, vasospasme dumamelon comme dans les syndromes deRaynaud… mais, la cause de loin la plusfréquente, c’est la mauvaise position dubébé au sein.

L’allaitement maternel en 36 questions

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Les problèmes de poids concentrent toutce qui fait la difficulté d’allaiter, à savoirle fréquent manque de confiance dans lapossibilité qu’ont les femmes de fairegrandir normalement leurs bébés avec lelait que produisent leurs seins. Ce douteest partout, chez les mères elles-mêmes,dans leur entourage familial et médical,dans les maternités où des biberons decompléments sont facilement proposés,et ce, de façon très souvent injustifiéealors qu’il est très largement reconnuque les biberons de compléments sontl’une des causes essentielles des échecsprécoces de l’allaitement.

■ 6 ◗ Le lait maternel de certainesmères n’est pas assez riche : fauxContrairement à une croyance largementrépandue, il n’y a pas de lait maternel« pas assez riche » ; la composition du laitmaternel varie au cours de la lactation,au cours de la journée, au cours de latétée ; elle varie d’une mère à l’autremais ces variations, qui concernent no-tamment le taux des graisses et la natu-re des acides gras, n’ont pas de consé-quence sur la croissance de l’enfant.Les nourrissons régulent leurs apports enfonction de la valeur calorique, pas par levolume ; si le lait d’une mère a uneteneur en graisse un peu plus faible quela moyenne, (si elle a par exemple detrès faibles réserves de graisse), le volu-me produit sera plus important poursatisfaire les besoins de l’enfant.Quand un enfant allaité ne prend pas

assez de poids ce n’est pas à cause de laqualité du lait. Le problème, c’est la quan-tité de lait.

■ 7 ◗ Si un bébé allaité et qui est enbonne santé ne grossit pas, c’est parceque sa mère ne produit pas assez delait : faux

L’énorme majorité des femmes a en faitlargement assez de lait, beaucoup en ontplus qu’assez. Lorsqu’un bébé ne prendpas de poids ce n’est donc généralementpas parce que sa mère ne produit pasassez de lait mais parce qu’il ne reçoit pasle lait disponible, surtout parce qu’il neprend pas bien le sein (et/ou pas assezsouvent et/ou pas assez longtemps). Enréponse à cela, la sécrétion lactée vadiminuer mais cette baisse de lait est laconséquence d’un mauvais transfert dulait à l’enfant, ce n’est pas une insuffi-sance primaire de lait. L’insuffisance pri-maire de lait existe, mais c’est très rare.

Pendant de très nombreuses années, ona cru que la nutrition maternelle était lefacteur le plus déterminant dans la syn-thèse du lait ; de nombreuses études ontmontré que la production lactée qui esten moyenne de 750 ml par jour, et ce defaçon relativement constante entre 1 et 6mois post-partum, est identique quelquesoit le niveau socio-économique desmères.La connaissance de la physiologie de lalactation permet de comprendre les pro-blèmes responsables de l’insuffisance delait.

L’allaitement maternel en 36 questions

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B. Insuffisance de lait et stagnation staturo-pondérale

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Le lait est sécrété de façon continue dansles lactocytes et il est stocké dans lalumière des acini jusqu’à ce que l’extrac-tion de lait soit initiée. Le mécanisme defabrication-éjection du lait est bienconnu, il dépend des hormones princi-pales de la lactation, la prolactine (quicontrôle la fabrication du lait) et l’ocyto-cine (qui permet l’éjection du lait) ; maisles hormones n’expliquent pas complè-tement la régulation du volume de laitproduit. Il existe un mécanisme de régu-lation locale, à la fois chimique et méca-nique, connu sous le terme de contrôleautocrine de la lactation ; c’est un mécanis-me de rétrocontrôle négatif qui inhibe la sécré-tion lactée tant qu’il reste un important volumede lait résiduel dans les seins.En fait, on a pu constater que le taux desynthèse du lait est inversement propor-tionnel au degré de remplissage desseins. Ce mécanisme explique pourquoitous les facteurs qui limitent l’extractiondu lait (succion inefficace, tétées insuffi-santes et/ou trop courtes, anomalie duréflexe d’éjection) entraînent une dimi-nution du volume de lait produit. Cemécanisme explique aussi qu’unefemme peut rapidement augmenter saproduction de lait en augmentant la fré-quence des tétées (« jours de pointe »).En fait, le déterminant le plus importantde la quantité de lait produite, c’est l’ef-ficacité et la fréquence de l’extraction dulait, et donc la demande de l’enfant.

Il existe différentes solutions pour aug-menter la production de lait (améliorerla prise du sein, augmenter le nombrede tétées et aussi leur durée en faisant la« compression du sein », galactogogues)et il en existe aussi pour donner descompléments s’ils s’avèrent nécessaireset ce sans compromettre la poursuite del’allaitement.

■ 8 ◗Pendant les premières semaines,les bébés au sein tètent en moyenne :

8 à 12 fois/jour ; ils passent ainsi, enmoyenne, 4 à 6 heures par jour au sein.

Le comportement « normal » d’un bébéau sein étant assez mal connu, le besoinde téter fréquemment est souvent inter-prété comme étant un problème et enparticulier un problème d’insuffisancede lait. Les mères doivent être informéesque pendant les premières semaines devie les tétées sont fréquentes et irrégu-lières, la majorité des bébés tétant enmoyenne 8 à 12 fois par jour. Mais il nefaut pas établir de règles strictes dugenre « 8 tétées par jour pendant 15minutes » car ce qui est vraiment le plusimportant c’est de savoir comment le bébétète ; un bébé qui tète efficacement 5fois par jour se portera beaucoup mieuxqu’un bébé qui « est au sein » 8 fois parjour pendant 15 minutes mais qui ne tètepas correctement.Il est très important d’apprendre auxmères à bien faire la différence entretéter et « être au sein ».Il est clair qu’il existe une grande varia-bilité interindividuelle quant au nombrede tétées quotidiennes ; l’une des rai-sons de ces variations est la différence

L’allaitement maternel en 36 questions

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importante qui peut exister entre lesmères (et chez une même mère d’unsein à l’autre) quant à leur capacité destockage mammaire : à production lactéequotidienne équivalente, les femmesayant une capacité de stockage mammai-re plus basse doivent faire téter leurenfant plus souvent.

■ 9 ◗Les bébés prennent 90 % de leurration les dix premières minutes de latétée ? faux

Plusieurs études ont montré qu’il existeune très grande variation interindividuel-le ; certains enfants sont capables d’ob-tenir une tétée « complète » en 5 minutessur un seul sein, alors que d’autres ontbesoin de 20 minutes sur chaque seinpour obtenir la même quantité. Si unbébé ne tète correctement qu’une minu-te au premier sein puis qu’il « tétouille »et s’endort puis fait la même chose audeuxième sein, il ne boira jamais assez

de lait, quelque soit le temps que dure latétée.

On peut aider un bébé pas assez « effi-cace » ou qui s’endort vite au sein à téterplus longtemps, en faisant « la compres-sion du sein » ; cela aide le lait à couler etpermet au bébé d’avaler davantage delait, et aussi d’obtenir du lait de fin detétée riche en graisse.

■ 10 ◗ A chaque tétée le bébé doitprendre : un sein ou les 2 seins

Il n’y a pas et il ne doit pas y avoir de règlesstrictes.

Si un bébé tète vraiment efficacementpendant 15 ou 20 minutes sur le premiersein, il se peut qu’il n’ait aucune enviede prendre le deuxième sein. La compo-sition du lait change au cours de la tétée,notamment en ce qui concerne la teneuren graisses qui augmente de façonlinéaire au fur à mesure de la tétée. Si unbébé ne prend que du lait de début detétée, (parce qu’il s’endort vite au seinou parce que sa mère limite le tempspassé à un sein pour lui donner systé-matiquement les deux seins), il n’obtien-dra qu’une faible quantité de graisses, etdonc moins de calories ; il se peut alorsqu’il ait besoin de boire beaucoup pluset beaucoup plus souvent pour satisfaireses besoins énergétiques ; à cause del’important volume de lait qu’il absorbele bébé risque de vomir et aussi d’avoirdes coliques parce qu’avec d’importantsvolumes de lait pauvre en graisse l’esto-mac se vide rapidement et de grandesquantités de lactose arrivent brutalementdans un intestin qui n’est pas capabled’y faire face. Le bébé présente alors

L’allaitement maternel en 36 questions

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EST-CE

QUE ÇA FAIT

QUATRE

HEURES ?

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tous les symptômes de l’intolérance aulactose (cris, pleurs, gaz, selles vertesexplosives…), mais il n’est pas intolérantau lactose, tout ceci est la conséquenced’un déséquilibre « lait de début detétée-lait de fin de tétée ». Il se peutmême que le bébé ne grossisse pas suf-fisamment.Il faut donc encourager l’enfant à« finir » le premier sein et éventuelle-ment lui proposer l’autre s’il semble vou-loir encore téter.

■ 11 ◗ La mère d’un bébé de 17 joursvous téléphone : elle est inquiète car sonbébé n’a pas eu de selles depuis48 heures ; elle vous dit qu’il a l’air enbonne santé et commence à biens’éveiller, qu’il tète 5 à 6 fois par jour etdort parfois 6 à 7 heures d’affilée la nuit :

vous lui dites de passer vous voir car ilfaut contrôler le poids du bébé.

Sans que cela devienne une obsession,observer la fréquence et l’aspect desselles est un bon moyen de savoir si unbébé reçoit assez de lait.Une fois la lactation installée, et pendantles 3 à 4 premières semaines un bébé allaité quireçoit assez de lait doit avoir au moins 2 à 3selles abondantes par jour (jaunes, pâteuses,molles ou liquides, d’odeur faible).Après les 3 à 4 premières semaines, lafréquence des selles peut passer de plu-sieurs selles par jour à une selle tous les3, voire tous les 15 jours, ou même enco-re plus rarement ; dans tous les cas lesselles doivent conserver leur aspecthabituel ; ce n’est pas une constipation,il n’y a pas lieu de s’inquiéter et aucun

traitement n’est nécessaire.Mais, entre le 4-5e et le 21e jour, l’absencede selles pendant une période de24 heures ou plus témoigne d’uneabsorption lactée insuffisante et il estnécessaire d’évaluer la situation.

Il y a d’autres moyens qui permettent des’assurer qu’un bébé prend assez de lait :• la prise de poids est le meilleur indica-teur à moyen et à long terme.• le déroulement des tétées : un bébé quireçoit beaucoup de lait tète d’une ma-nière très caractéristique : il a la bouchelargement ouverte, le rythme de succionest lent et régulier ; au moment où sabouche est ouverte au maximum il faitune pause perceptible que l’on peutaussi se voir au niveau de son menton.Cette pause, qui n’est pas une pauseentre deux succions consécutives, maisune pause au milieu d’une succion cor-respond à la prise d’une gorgée de lait,et plus la pause est longue, plus il avalede lait. À ce moment, on peut entendrele bruit de déglutition, mais ce n’est pasobligatoire. Un bébé qui tète commecela, plusieurs minutes, plusieurs foispar jour, reçoit sûrement assez de lait.Un bébé qui ne fait que « tétouiller » oun’a que très peu de succion efficace n’enreçoit sûrement pas assez. Un bonmoyen de vérifier que tout se passe bienest d’observer le déroulement d’unetétée.• les urines : elles doivent être claires etabondantes (au moins 5 à 6 couchesbien « mouillées », donc bien lourdes parjour).

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Certains éléments ne sont pas de bonsindicateurs :• le bébé « fait » sa nuit : cet événement,très attendu par tous les parents, n’estpas forcément rassurant : un bébé de 15ou 25 jours qui dort 8 à 10 heures desuite n’est pas nécessairement biennourri. La notion qu’un bébé ne se lais-se pas mourir de faim est une idéereçue ! Certains bébés très « sages », tropsomnolents et qui doivent être réveilléspour les tétées, ne reçoivent probable-ment pas assez de lait. S’il faut, en effet,allaiter les enfants « à la demande », celane veut pas forcément dire qu’il fautattendre qu’un bébé pleure ou manifes-te bruyamment sa faim ; certains bébésne pleurent presque jamais et les pleurssont une manifestation tardive de lafaim. Il est nécessaire d’apprendre auxparents à reconnaître les petits « signauxde faim » (passage en sommeil léger,mouvements de bouche ou delangue…) et à proposer le sein à cesmoments-là.• les seins ne sont pas « tendus » : aprèsles premiers jours ou semaines, les seinsredeviennent souples ce qui ne veut pasdire qu’ils ne produisent pas assez delait.

■ 12 ◗La croissance des enfants allai-tés est différente de celle des enfantsnourris au biberon : vrai

Plusieurs études ont montré que lesenfants allaités jusqu’à au moins l’âged’un an grossissent plus vite pendant lesdeux 1ers mois et moins vite du 3e au 12e

mois, comparativement aux enfantsnourris au lait artificiel. Si la norme del’alimentation infantile c’est l’allaitementmaternel il est indispensable que l’onpuisse disposer de courbes de croissan-ce adaptées.Pendant les premières semaines de l’al-laitement une courbe de poids hésitantene doit pas être considérée comme nor-male ; si à partir de la fin de la premièresemaine le nouveau-né ne prend pas aumoins 120 à 130 grammes par semaine ilest probable qu’il ne reçoit pas suffisam-ment de lait. Des mesures précocesvisant à améliorer la conduite de l’allai-tement sont préférables à une attitudeattentiste afin d’éviter que les problèmesne se compliquent d’une insuffisance delait.Par contre, si la croissance d’un nourris-son en bonne santé, allaité de façonexclusive, a tendance a s’infléchir à par-tir du 3e ou du 4e mois, il n’y a pas lieude s’alarmer ni de conseiller à la mèrede donner des compléments ou encoremoins d’arrêter d’allaiter.

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■ 13 ◗ La mère d’un bébé de sixsemaines vous téléphone : elle est inquiè-te car depuis deux jours, alors que toutse passait bien (poids + 950 g depuisla naissance, 7 à 8 tétées par jour etbébé repu après les tétées), son bébéqui a pourtant l’air en bonne santé, don-ne l’impression de vouloir téter en per-manence à tel point qu’elle pense ne plusavoir de lait (d’ailleurs ses seins lui parais-sent vraiment très souples) :

vous la rassurez, c’est une étape normalede l’allaitement, il faut qu’elle donne lesein aussi souvent que possible pendantquelques jours et puis tout rentrera dansl’ordre.Pendant les 3 premiers mois de l’allaite-ment, une mère sur deux sera confron-tée à des jours un peu difficiles pendantlesquels elle aura la perception d’uneinsuffisance de lait parce que son enfantest agité et qu’il réclame le sein beau-coup plus souvent ; dans cette situationla mère pense qu’elle n’a plus assez delait et ses doutes sont renforcés par sonentourage ; c’est la première cause desevrage précoce non souhaité.Les mères doivent donc être prévenuesde la possibilité de ces « jours depointe » encore appelés poussées decroissance pendant lesquels l’enfantréclamera plus souvent, à la fois pourobtenir plus de lait afin de satisfaire desbesoins augmentés, mais aussi pourtrouver auprès de sa mère le réconfortdont il a besoin.

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■ 14 ◗ La cause la plus probable d’unictère prolongé chez un nourrisson d’unmois bien portant et qui grossit bien est« l’ictère au lait maternel » : vrai

■ 15 ◗Pour en confirmer le diagnosticil est préférable d’arrêter l’allaitementpendant quelques jours : faux

Il est généralement admis que l’ictère estsouvent plus fréquent et plus importantchez les nouveaux nés allaités. Une cer-taine confusion existe entre :• l’ictère « lié à l’allaitement », qui est unictère précoce associé à une perte depoids importante avec des selles peu fré-quentes ; c’est en fait un ictère physiolo-gique aggravé par un allaitement malconduit (mise au sein retardée, tétéesinefficaces et/ou trop espacées) avecpour conséquence une exagération ducycle entéro-hépatique de la bilirubine ;• l’ictère « au lait maternel » qui est unictère prolongé, à bilirubine libre, chezun nouveau-né bien portant et quiprend du poids ; il est dû à la présencedans le lait maternel d’un facteur aug-mentant l’absorption intestinale de bili-rubine non conjuguée.En fait, ces deux ictères sont liés car le nou-veau-né qui fait un ictère lié à l’allaitement(ou à une autre cause d’ictère) a un pool debilirubine circulante plus élevé ce qui lerend plus sensible au facteur présent danscertains laits maternels lequel augmentel’absorption intestinale de bilirubine. L’arrêtde l’allaitement n’est pas nécessaire.

■ 16 ◗ Les bébés allaités ont souventdes « coliques » : fauxLes coliques ne sont pas l’apanage du bébéallaité. Parmi les causes connues qui peu-vent favoriser la survenue de coliqueschez le nourrisson allaité, citons :

• 1 - des tétées trop courtes avec absorption degrandes quantités de lactose (voir plus haut)

• 2 - un réflexe d’éjection du lait trop fort : celapeut se voir chez les mères qui produi-sent « trop » de lait ; le bébé peut s’étouf-fer à cause du flot de lait trop rapide, iltousse, crache, avale de travers et il peutaussi avoir des coliques parce qu’il avalebeaucoup d’air en tétant et parce qu’ilreçoit surtout du lait de début de tétée.On peut conseiller à la mère :• de faire couler un peu de lait avant demettre le bébé au sein ;• de donner le sein en mettant le bébédans une position aussi verticale quepossible (à califourchon sur ses genoux)ou bien en se couchant sur le dos avecle bébé allongé sur son ventre ;• de donner le même sein 2 ou 3 fois desuite, en exprimant manuellement unpeu de lait de l’autre sein pour éviter lesengorgements douloureux

• 3 - une intolérance à certains produitsconsommés par la mère : café, tabac, pro-téines du lait de vache.

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C. Autres Problèmes

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■ 17 ◗En cas d’engorgement, la mèredoit boire moins et ne pas donner le seintrop souvent pour faire baisser la pro-duction de lait : faux

L’engorgement : en post-partum immé-diat, c’est une étape « normale » de la lac-togénèse ; il est dû à une congestionvasculaire associée à l’accumulation delait dans le tissu glandulaire et à unœdème interstitiel. À distance de la nais-sance il est la conséquence d’un mauvaisdrainage des seins (succion inefficace,tétées espacées…).Il peut se voir également chez les mèresqui produisent trop de lait.Le meilleur traitement consiste en destétées fréquentes en position correcteéventuellement associées à des applica-tions froides entre les tétées et chaudesjuste avant les tétées.

■ 18 ◗ En cas de mastite aiguë (lym-phangite), il faut suspendre l’allaitementpendant 24 à 48 heures : faux

La lymphangite (ou mastite) : c’est unecellulite du tissu conjonctif interlobulaireallant de la simple inflammation locali-sée à l’abcès ; elle est favorisée par lafatigue, l’existence de lésions des mame-lons et par tous les facteurs qui empê-chent un bon drainage du sein (succioninefficace, tétées espacées, port de« bouts de sein », engorgement…).Le traitement doit associer le repos etsurtout la poursuite de l’allaitement avecdes tétées fréquentes du côté atteint ; enl’absence d’amélioration au bout de 24 hou, d’emblée en cas de signes impor-tants, il faut débuter une antibiothérapieà visée anti-staph. surtout (Céphalo-sporine de première ou deuxième géné-ration, Bristopen®, Augmentin®, etc.) quidevra être poursuivi au moins 10 jours.

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■ 19 ◗ Si un bébé vomit ou qu’il a ladiarrhée, il est préférable de suspendrel’allaitement : faux

Les gastro-entérites sont plus rares chezles enfants allaités ; elles ne sont absolu-ment pas une contre-indication à lapoursuite de l’allaitement, au contraire.La seule maladie de l’enfant qui contre-indique l’allaitement est la galactosémie.

■ 20 ◗ Si une mère qui allaite a de lafièvre, elle ne doit pas donner le sein :faux

Pour la majorité des infections courantes,si la mère est fiévreuse, tousse, ou vomit,ou a la diarrhée, ou une éruption, elle adéjà probablement transmis l’infection àson bébé car elle était contagieuse avantl’apparition des premiers symptômes. Lameilleure protection pour l’enfant est qu’ilcontinue à être allaité, ce qui lui permettrad’être moins malade que s’il n’était pasallaité et même bien souvent de ne pasêtre malade du tout.

■ 21 ◗ L’hépatite C chez la mère estune contre-indication formelle à l’allaite-ment : faux

Les situations où l’allaitement est vérita-blement contre-indiqué sont très rares :• certaines maladies infectieuses :- sida, infection à HTLV, herpès du seinet tuberculose évolutive.- l’hépatite B ou le portage chroniqued’AgHBs n’est pas une CI si le nouveau-né est sérovacciné dès la naissance.- Il n’existe pas de prévention à la nais-

sance pour la transmission du virus del’hépatite C ; les études les plus récentesne montrent aucune augmentation durisque de transmission chez les NN allai-tés et les dernières conférences deconsensus tant américaines qu’euro-péennes ne contre-indiquent pas l’allai-tement chez les mères VHC

• les insuffisances viscérales graves, psychosessévères et cancers surtout en raison desrisques liés aux traitements.

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D. Contre-indications à l’allaitement

IL FAUT VOUS FAIRE

UNE RAISON, MADAME,

IL EST IMPOSSIBLE D’ALLAITER

SANS L’AIDE DE LA TECHNOLOGIE

MÉDICALE !

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■ 22 ◗ Pour la majorité des médica-ments, la dose reçue par l’enfant par rap-port à la dose maternelle totale est :

1 % (et même souvent inférieure à 1 %)

■ 23 ◗ La plupart des anti-inflamma-toires non stéroïdiens peuvent être utili-sés pendant l’allaitement pour un traite-ment de courte durée : vrai

■ 24 ◗ Une mère traitée par Predni-sone® peut allaiter si la dose journalièreest inférieure à 80 mg

(même à des doses plus élevées, l’enfantreçoit des doses insignifiantes, < 0,1 %de la dose maternelle)

■ 25 ◗Les antidépresseurs sont contre-indiqués pendant l’allaitement : faux maiscertains sont plus recommandés qued’autres

■ 26 ◗ Le Monuril® utilisé en priseunique pour le traitement de l’infectionurinaire peut être utilisé pendant l’allai-tement : vrai

■ 27 ◗ Le Mopral® est contre-indiquépendant l’allaitement : faux

Beaucoup de mères qui allaitent s’enten-dent dire qu’elles doivent arrêter d’allai-ter - au moins temporairement - si ellesdoivent prendre des médicaments. Or,l’expérience prouve que les arrêts « tem-poraires » de l’allaitement sont très sou-vent définitifs et, surtout, il faut savoir que

la plupart des médicaments ont très peud’effets secondaires chez les enfants allai-tés car la dose qui passe dans le lait estpresque toujours trop basse pour avoirun effet cliniquement appréciable. Ainsi,pour la majorité des médicaments l’enfantallaité recevra au maximum 1 % de la dosematernelle totale.

Exemple : Si une mère prend 500 mgd’amoxicilline 3 fois/jour, l’enfant enrecevra moins de 15 mg/jour, ce qui estdéjà très inférieur aux doses pédia-triques préconisées. En fait, les donnéespharmacologiques actuelles montrentque moins de 0,7 % de la dose mater-nelle d’amoxicilline est sécrétée dans lelait maternel et que la dose reçue parl’enfant via le lait maternel est au maxi-mum de 0,3 mg/kg/jour.Pourquoi n’y a-t-il qu’une si petite quan-tité qui passe dans le lait ? Parce quegénéralement le médicament se distri-bue et se dilue plus ou moins à l’en-semble de l’organisme alors que ledéterminant le plus important du passa-ge d’un médicament dans le lait c’est saconcentration dans le sang de la mère ; ainsi,même si les posologies se chiffrent enmilligrammes, les taux sériques théra-peutiques sont de l’ordre du microgram-me voire du nanogramme par millilitre.

Exemple : la paroxétine (Deroxat® qui estun antidépresseur inhibiteur de la recap-ture de la sérotonine est extrêmementlipophile et se distribue dans le cerveauet la graisse avec seulement 1 % restantdans le compartiment plasmatique ; ainsi

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E. Allaitement et médicaments

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chez une mère qui prenait 20 mg/j deDeroxat® le taux lacté mesuré aumoment du pic n’était que de 7,6 micro-gr/litre.

Allaitement et donnéespharmacologiques

• 1 - Liaison aux protéines plasmatiques :c’est le paramètre le plus important ; eneffet, les médicaments sont plus oumoins fortement liés aux protéines plas-matiques et seule la fraction libre peutpénétrer dans le lait.Si on reprend l’exemple de la paroxéti-ne, elle est liée à 95 % aux protéinesplasmatiques, ce qui fait que de la peti-te quantité (1 %) présente dans le com-partiment plasmatique, seuls 5 % sont

susceptibles de passer dans le lait.L’Ibuprofène (Brufen®, Nurofen® commela plupart des autres anti-inflammatoiresnon stéroïdiens est très fortement lié auxprotéines plasmatiques (99 %), le passa-ge lacté est donc très faible.On considère que la liaison aux pro-téines plasmatiques est forte quand elleest supérieure à 80-90 %.

• 2 - Poids moléculaireLes médicaments dont le poids molécu-laire est élevé (600) ne peuvent pas pas-ser dans le lait. C’est le cas de l’insuline(6 000), de l’héparine (30 000) (y com-pris celles à bas poids moléculaire), del’interféron (28 000), des immunoglobu-lines.

• 3 - Biodisponibilité oraleSi elle est basse chez l’adulte, elle l’estprobablement aussi chez l’enfant. C’estle cas notamment de la Gentalline® etdes aminosides en général, de la vanco-mycine, des céphalosporines de 3e géné-ration (ces médicaments sont d’ailleurstous administrés par voie parentérale),de la morphine (26 %), du lopéramide(Imodium®, du Mopral® (30 à 40 %). Cedernier qui est déjà fortement lié auxprotéines plasmatiques (95 %) est détruiten milieu acide, raison pour laquelle ilest administré sous forme de granulesgastrorésistants ; non seulement son pas-sage lacté sera faible mais l’essentiel seradétruit dans l’estomac de l’enfant.

• 4 - Demi-viePlus la demi-vie est courte, moins lemédicament a de chance de passer dansle lait, car si le pic plasmatique est rapi-

Malheureusement, le dictionnaire Vidaln’encourage guère les praticiens à recom-mander la poursuite de l’allaitement, carpour éviter tout risque médico-légal éven-tuel, les laboratoires pharmaceutiques pré-fèrent contre-indiquer l’allaitement et cepour la majorité des médicaments. Le Vidaln’est donc pas une bonne source pour trou-ver une information de qualité sur les médi-caments et l’allaitement, par contre il estutile car il apporte pour beaucoup de molé-cules des données pharmacologiques (liai-son aux protéines plasmatiques, poids molé-culaire, biodisponibilité orale, demi-vie,métabolites…) qui peuvent aider à choisirle traitement le plus adapté.

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dement atteint, le médicament quitteaussi le compartiment plasmatique rapi-dement. Ainsi, parmi les anti-inflamma-toires non stéroïdiens, à liaison aux pro-téines plasmatiques équivalente (99 %),on prescrira Brufen®, Nurofen®, Surgam®,Voltarène® ou Cebutid® à demi-vie estcourte (2 heures) plutôt qu’Apranax®

dont la demi-vie est élevée (14 heures).Il est généralement conseillé de prendrele médicament juste après une tétée etd’éviter les formes retard ou à libérationprolongée.

• 5 - Métabolites actifsCertaines molécules ont des métabolitesactifs dont la demi-vie est très longue :Valium®, Tranxène®, Prozac®. Tous autresfacteurs étant similaires, on utilisera depréférence une molécule qui n’a pas demétabolite actif, par exemple commebenzodiazépine Temesta® ou Seresta® etcomme inhibiteur de la recapture de lasérotonine Deroxat® ou Zoloft®.

Comment choisir ?

• 1 - Ne traiter que quand c’est nécessaire.Ce grand principe thérapeutique n’estpas autant respecté qu’il le devrait.Beaucoup de mères qui allaitent s’enten-dent dire d’arrêter d’allaiter pourprendre un médicament dont elles n’onten fait pas besoin, et qui, de plus, est detoute façon compatible avec la poursui-te de l’allaitement.

• 2 - Le médicament est-il utilisé chez lesenfants ?Si l’enfant reçoit environ 1 % de la dosematernelle, il est évident que ce qu’ilrecevra par le biais du lait maternel esttrès inférieur à ce qu’il prendrait s’il étaitlui-même traité. Exemple : laDompéridone (Motilium®, outre seseffets sur le tractus digestif, est un galac-togogue (il augmente le taux basal deprolactine) ; quand il est prescrit à ladose de 10 mg 3 fois/jour, le taux lactémoyen est de 2,6 microgr/litre ce quipour un enfant qui consomme enmoyenne 7 à 800 ml de lait par jourreprésente 0,002 mg par jour soit moinsdu millième de la posologie utilisée enpédiatrie (1 mg/kg/jour).

• 3 - Le médicament est-il compatibleavec la grossesse ?Un médicament compatible avec la gros-sesse ne l’est pas obligatoirement avecl’allaitement (et vice-versa) : en effet lamère métabolise le médicament pour lefœtus et il n’y a ainsi généralement pasd’accumulation du médicament chez lui.Cependant, la dose reçue par l’enfant viale lait maternel est très souvent nettementinférieure à celle qu’il aurait reçue pen-dant la grossesse et ce à une période de savie moins cruciale pour son développement que lapériode fœtale. C’est le cas notamment pourtous les psychotropes (antiépileptiques,antidépresseurs…)

• 4 - Utilisez au maximum les donnéespharmacologiques pour choisir lemeilleur traitement.Quand on a le choix entre plusieursmédicaments, il faut choisir celui qui est

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le plus fortement lié aux protéines plas-matiques, qui a le taux sérique le plusbas, la biodisponibilité orale la plusbasse, la demi-vie la plus courte, qui n’apas de métabolites actifs et le moinsd’effets iatrogènes.Les médicaments utilisés par voie locale(cutanée, oculaire…) ou par inhalationinduisent rarement des taux sériquessignificatifs et encore plus rarement destaux lactés détectables.

Quelques exemples pratiques :

• 1 - Analgésiques :

- le paracétamol peut être administrésans risque (faible passage lacté ; le NNest capable de le métaboliser) ;- l’aspirine (pic lacté 2 à 4 heures aprèsla prise), en prise occasionnelle (0,5 à1 g), après la première semaine, est sansdanger ; pas de prise chronique (risqued’accumulation) ;- la codéine comme antalgique ou anti-tussif n’est pas contre-indiquée.- le Di-antalvic® peut également êtreprescrit en prise occasionnelle.- les AINS sont pour la plupart desacides faibles avec une importante fixa-tion aux protéines plasmatiques ; onprescrira de préférence des molécules àdemi-vie courte, sans métabolite actif :Brufen®, Nurofen®, Surgam®, Voltarène®,Cebutid® ou Ponstyl®, à prendre justeaprès la tétée, en évitant les formesretard ou à libération prolongée.- le Nubain® ou le Temgésic® en injectionIM d’une dose occasionnelle sont égale-ment sans risque pour l’enfant allaité.

- la Colchinine peut être utilisée chez lafemme qui allaite.

• 2 - Antibiotiques et autres anti-infectieux :

- tous les antibiotiques qui passent dansle lait peuvent exposer l’enfant au risquede sensibilisation (possibilité de réac-tions allergiques ultérieures) et de modi-fication de la flore intestinale (candido-se, diarrhée). Il y a peu de contre-indica-tion dans cette classe de médicaments ;les pénicillines, les céphalosporines, lesmacrolides, les aminosides, le Bactrim®

et le Monuril® peuvent être utilisés enpériode d’allaitement ; les tétracyclinessont à éviter, quoiqu’un traitement courtd’une semaine soit probablement sansdanger chez le NN allaité. Le chloram-phénicol est contre-indiqué.- Les quinolones de deuxième générationposent des problèmes en raison durisque d’atteinte du cartilage articulaireet du peu de données disponiblesconcernant leur passage lacté. La nor-floxacine (qui est le métabolite actif dela péfloxacine) n’est pas détectée dans lelait après une prise unique de 200 mg cequi rend son utilisation possible en doseunique (Péflacine monodose®, Monoflo-cet® pour le traitement de l’infection uri-naire basse ; par contre, il faut éviter deprescrire les quinolones pour un traite-ment de longue durée.- Les antifongiques sont compatiblesavec l’allaitement : le Nizoral® passe fai-blement dans le lait et est donc beau-coup moins efficace que le Triflucan®

pour le traitement de la candidose descanaux lactifères (aux doses habituelleson considère que l’enfant reçoit par le

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lait maternel moins de 5 % de la dosepédiatrique usuelle).- Le Flagyl®, le Zovirax® peuvent aussiêtre prescrits en période d’allaitement.

• 3 - Psychotropes :

C’est la classe de médicaments qui posele plus de problèmes et le plus decontroverses ; en effet, et bien que ce nesoit pas vrai pour tous, les médicamentsqui affectent le cerveau donnent souventdes taux lactés plus élevés du fait deleurs particularités pharmacocinétiques ;ils peuvent se concentrer dans le systè-me nerveux et leurs effets chez l’enfantà moyen et long terme sont mal connus.- Les benzodiazépines :elles sont toutes lipophiles et diffèrentessentiellement par la longueur de leurdemi-vie et l’existence de métabolitesactifs ; une prise unique occasionnelled’une dose modérée est sans risquepour l’enfant allaité. Par contre elles sontcontre-indiquées en prise répétée ouchronique et notamment le Valium®, leTranxène®, l’Urbanyl®, le Lysanxia®.Le Seresta® et le Temesta® sont un bonchoix pour un traitement de plus longuedurée.Comme hypnotiques, le meilleur choixest le Stilnox®.- Les antidépresseurs :Mêmes si les tricycliques sont, dans l’en-semble, considérés comme utilisablespendant l’allaitement (Laroxyl®, Motival®

sans dépasser 100 mg/j, Tofranil®,Anafranil®, on utilisera de préférence lesinhibiteurs de la recapture de la sérotonine carils ont moins d’effets secondaires ; parmiceux-ci le Deroxat® ou le Zoloft® sont lemeilleur choix.

- Les anticonvulsivants :Le fœtus y a généralement déjà été expo-sé pendant la grossesse.La Dépakine® et le Tégrétol® sont com-patibles et préférables au Gardénal® quise concentre dans le lait ; il faut sur-veiller les taux sanguins chez la mère etsi possible chez l’enfant.L’Haldol, les IMAO, le Lithium, les déri-vés de l’ergot de seigle sont contre-indi-qués pendant l’allaitement.

• 4 - Divers

- Parmi les antihistaminiques, la cetirizi-ne (Zyrtec®, Virlix®) est le meilleur choix.- Parmi les anti-hypertenseurs, l’Avlocar-dyl®, le Trandate® et le Timacor® sont lesbêtabloquants de première intention.La plupart des inhibiteurs calciques(Adalate®, Isoptine®, Loxen® et des inhi-biteurs de l’enzyme de conversion (Lo-pril®, Rénitec® est également compatible.Parmi les anticoagulants, les héparinesne passent pas dans le lait maternel.Si on doit utiliser des antivitamines K, leSintrom® peut être prescrit.

Si la mère doit prendre des médicamentsil est presque toujours possible de trou-ver des médicaments compatibles avecla poursuite de l’allaitement que ce soitpour le traitement d’une infection, d’unedépression, d’une HTA, d’une sciatique,d’une phlébite ou d’hémorroïdes…L’allaitement est trop important pour lasanté et le bien-être de la mère et del’enfant pour être sacrifié à la légère.

L’allaitement maternel en 36 questions

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■ 28 ◗ Une mère qui fume et est inca-pable de réduire sa consommation detabac ferait mieux de ne pas allaiter :c’est faux !

Les mères qui fument choisissent moinssouvent d’allaiter et allaitent généralementmoins longtemps.Le tabac diminue la production de lait enagissant sur le taux basal de prolactine( de 30 à 50 % si elle fume plus de 15 cig/j).Le tabac peut aussi être responsable decoliques chez l’enfant.L’absorption de nicotine est plus impor-tante à partir des poumons que par l’in-termédiaire du lait maternel (<5% de ladose de nicotine journalière moyenne).Les enfants de mères fumeuses, non allai-tés, ont également des dérivés nicoti-niques dans leurs urines ; ils sont expo-sés aux effets du tabagisme passif sanspouvoir bénéficier des effets protecteursde l’allaitement. De même l’incidence dela mort subite du nourrisson est plus éle-vée chez les enfants de mères fumeusesqui ne sont pas allaités que chez ceux demères fumeuses qui sont allaités.Bien sûr, il vaudrait mieux que la mèrene fume pas, mais si elle ne peut pas arrê-ter ou même réduire sa consommationde tabac, il vaut mieux fumer et allaiterque fumer et ne pas allaiter. Il fautconseiller à la mère de ne pas fumer dansles deux heures qui précèdent une tétée.

■ 29 ◗ Une mère qui allaite doit fairetrès attention à ce qu’elle mange : c’estfaux !

Elle doit essayer d’avoir une alimenta-tion équilibrée (comme chacun d’entrenous d’ailleurs), mais rien ne l’oblige àmanger certains aliments ou à en éviterd’autres. Elle n’a pas besoin d’éviter lesaliments épicés, le chou, l’ail ou le vin,elle n’est pas obligée de boire du laitpour produire plus de lait, ni de se for-cer à boire beaucoup d’eau ; elle doitboire en fonction de sa soif et avoir unealimentation normale et saine. Les règlesalimentaires ne font que compliquer l’al-laitement inutilement.

■ 30 ◗Pour un enfant nourri au lait arti-ficiel pendant six mois :

- la quantité de poudre de lait absorbéeest en moyenne de : 40 kg ;- il faudra laver les biberons en moyen-ne : 1 400 fois ;- le coût moyen généré par les dépensesde lait et d’équipements est d’environ :6 500 FF

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F. Généralités

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■ 31 ◗Grâce aux progrès réalisés parles laboratoires pharmaceutiques, la com-position des laits artificiels actuels esttrès proche de celle du lait maternel :complètement faux

Même si les laboratoires de lait de sub-stitution ont réussi à vous convaincre ducontraire. Bien sûr, les laits artificielscontiennent des glucides, des protéines(en trop grande quantité), des lipides(fondamentalement différents de ceuxcontenus dans le lait maternel), des miné-raux, des vitamines et des oligo-éléments.Ils contiennent beaucoup plus de fer maisil n’est pratiquement pas absorbé, plusd’aluminium, plus de cadmium, plus demanganèse, plus de phénylalanine, plusde tyrosine… Mais ils ne contiennent nianticorps, ni cellules vivantes, ni enzymes,ni hormones, ni facteurs de croissance,ni oligosaccharides, ni lysozyme, ni lac-totransferrine, ni cholestérol, ni DHA…Il y a plus de 200 facteurs biologique-ment actifs présents dans le lait maternelqui ne rentrent pas dans la compositiondes laits artificiels ; la moindre correctionapportée à une déficience du lait artificielest pourtant l’occasion d’en faire une publi-cité extraordinaire qui en vante le progrès.Les laits artificiels ne changent pas aucours de la tétée, ni au cours de la jour-née, ni entre le 1er et le 7e et le 15e et le30e jour ; ils ne varient pas en fonctionde la mère, ni en fonction de l’âge ges-tationnel du bébé…Les laits artificiels ne sont qu’une approxi-mation grossière du lait maternel. Ils sontconçus pour tous les bébés, alors que lelait d’une mère est adapté aux besoinsparticuliers de son bébé. Les laits artifi-

ciels arrivent en général à bien faire gros-sir les bébés, mais l’allaitement maternelc’est beaucoup plus que de faire grossirun bébé rapidement.

■ 32 ◗ En absorbant du colostrum unnouveau-né reçoit une dose d’IgA enmoyenne de :

0,5 g/kg/jour, ce qui représente 50 fois ladose de gammaglobulines administrées àun malade hypogammaglobulinémique.

■ 33 ◗Les nourrissons qui ne sont pasallaités ont plus de risques :

- d’otites : vrai ;- de gastro-entérites : vrai ;- d’infections respiratoires : vrai ;- d’infections urinaires : vrai ;- d’allergies : vrai ;- de malocclusions dentaires : vrai.

■ 34 ◗ Les bébés allaités ont unemeilleure réponse aux vaccins que ceuxnourris aux laits industriels : vrai

■ 35 ◗ L’allaitement maternel diminuel’incidence :

- du diabète : vrai ;- de la maladie de Crohn : vrai ;- de la recto-colite hémorragique : vrai ;- de la mort subite du nourrisson : vrai.

■ 36 ◗Les mères qui allaitent ont moinsde risque d’avoir :

- un cancer du sein préménauposique : vrai ;- un cancer de l’ovaire : vrai ;- de l’ostéoporose : vrai.

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G. Propriétés du lait maternel

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Contrairement à l’idée dominante, lareprise du travail à l’extérieur de la mai-son n’est pas obligatoirement synonymede sevrage définitif.Beaucoup de femmes, d’ailleurs, décla-rent renoncer à l’allaitement pour cetteraison, même si elles sont convaincuesde ses bienfaits. Il est évident que dansnotre pays les conditions ne sont pastrès favorables. Mais même dans ces cir-constances, il faut se convaincre qu’il estpossible pour toutes les mères qui le sou-haitent de poursuivre l’allaitement aprèsla fin des congés maternité. Les mères quile font ne sont ni des marginales, ni desfanatiques de l’allaitement, ni surhu-maines. Il faut faire passer ce message etquand une mère d’un bébé de 1 ou 2mois vient nous demander comment fairelorsqu’elle devra reprendre son travail, ilfaut lui proposer autre chose qu’un « plande sevrage ».

Ce que l’on sait de l’expérience desmères qui ont continué à allaiter enretravaillant, c’est qu’il faut :• 1 - continuer à allaiter complètementjusqu’à la reprise du travail ;• 2 - après la reprise, allaiter à la deman-de à chaque fois qu’on est avec le bébé.• Même si engorgement et petits écou-lements intempestifs peuvent se produi-re les premiers jours, très vite les seinsvont s’adapter à ce nouveau rythme.

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H. Le sevrage

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•American Academy of Pediatrics Work group on Breastfeeding : Breastfeeding and the use ofhuman milk. Pediatrics 100 : 1035, 1997

• Brent N, Rudy SJ, Redd b, et al : Sore nipples in breast-feeding women. Arch Pediatr AdolescMed 152 : 1077, 1998

• De Schuinteneer B, De Conink B : Médicaments et allaitement, centre anti-poison deBruxelles, ed 1996. Arnette Blackwell

• Dewey KG : Growth characteristics of breast-fed compared to formula-fed infants. BiolNeonate 74 : 94, 1998

• Didierjean-Jouveau C : Travail et allaitement ; Dossiers de l’allaitement. Hors série/mars 2000

• Gartner LM, Lee KS : Jaundice in the breastfed infant. Clin Perinatol 26 : 431, 1999

• Hale T : Medications and mother’s milk ed 1999 Pharmasoft Medical Publishing

• Hartmann P : Régulation de la synthèse du lait chez les femmes ; Dossiers de l’allaitementHors série/mars 2000

• Howard C, Lawrence R : Drugs and Breastfeeding. Clin Perinatol 26 : 447, 1999

• Horwood LJ, Ferguson DM : Breastfeeding and later cognitive and academic outcomes.Pediatrics 101 : e9, 1998

• Lawrence R : Breastfeeding : A Guide for the Medical Profession, ed 5. St. Louis, Mosby YearBook 1999

• LLL France : les cahiers de l’allaitement n° 1, 2 et 3.

• LLL International : Traité de l’allaitement maternel ; ed 1999

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• Neifert M, Lawrence RA : Nipple confusion : Toward a formal definition. J Pediatr 126 : 1251995

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• Newman J : Programme de promotion et de soutien à l’allaitement maternel ; Dossiers de l’al-laitement. Hors série/mars 1997

• Newman J : Comment choisir un traitement pour une femme allaitante. Dossiers de l’allaite-ment n° 37, 1998

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• Thirion M. : L’allaitement ed1999 Albin Michel

• Woolridge MW, Fisher C. : Colic, « overfeeding », and symptoms of lactose malabsorption inthe breastfed baby : a possible artifact of feed management ? Lancet 2 : 382, 1988

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Références bibliographiques

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Pour en savoir plus

Sites internet intéressants (parmi tant d’autres)

En français :• Information pour l’allaitement (IPA) : perso.wanadoo.fr/ipavous y trouverez notamment les « feuillets » du Dr J. Newman*• Action pour l’allaitement (APA) : www.web.superb.net/apastras• La Leche League France (LLLF) : www.lllfrance.org

En anglais :• Bright Future Lactation Resource Center : www.bflrc.com• International Lactation Consultant Assn (ILCA) : www.ilca.org• Academy of Breastfeeding Medicine (ABM) : www.bfmed.org• American Academy of Pediatrics (AAP) : www.aap.org• The Vancouver Breastfeeding Center : www.breastfeeding1.com

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* Le docteur Jack Newman est un pédiatre diplômé de l’université de Toronto. En1984, il a créé la première consultation d’allaitement en milieu hospitalier auCanada. Depuis 1990, il se consacre uniquement à cette activité d’aide à l’allaite-ment et il voit des mères et leurs bébés quatre jours par semaine, dans quatrehôpitaux différents à Toronto. Chaque année, il voit entre 1 200 et 1 300 nouvellespatientes. Plusieurs autres consultations spécialisées permettent aux mères cana-diennes en difficultés de trouver des professionnels compétents en matière d’al-laitement mais le Dr Newman reste le dernier recours ; il a ainsi accumulé unetrès grande expérience clinique de l’allaitement et de ses difficultés.