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L'ALCHIMIE, AVEC PATRICK BURENSTEINAS RADIO ICI & MAINTENANT! 95.2, 18 JANVIER 2005 DIDIER DE PLAIGE Ici & Maintenant! Didier de Plaige à l'antenne, en compagnie d’Alex à la réalisation et au questionnement. On réalise aujourd’hui pour vous un numéro un peu spécial, avec un maître alchimiste, contemporain. On va aborder une page d’histoire, savoir en quoi consiste, en quoi a consisté l’alchimie en différents points du globe, en différentes époques, et en quoi est-ce pratique aujourd’hui. En quoi sommes-nous concernés : est-ce que nous sommes des alchimistes sans le savoir, qu’est-ce qui manque à notre vie quotidienne pour s’éclairer de cette lumière. Nous sommes en compagnie de Patrick Burensteinas ; il nous a été présenté par son éditeur, le Mercure Dauphinois, et cet éditeur nous a transmis deux petits ouvrages produits par notre invité : l’un est une compilation de contes, de contes alchimiques initiatiques, ça s’appelle le Disciple, et l’autre volume s’appelle la Trame, autrement dit comment passer de sa connaissance à la pratique pour le bien de tous les êtres, pour ses contemporains, autrement dit sur un plan de mieux être, un plan médical, parce que l’alchimie et la médecine, comme nous allons le voir, ont toujours été associées. Donc Patrick Burensteinas est en région parisienne assez souvent, nous avons la chance de le recevoir aujourd'hui ; sur le mode un peu « conférencier », puisqu’il en a l’habitude, il va nous présenter les grandes lignes, et nous allons le relancer sur le phénomène culturel, le phénomène physique, y compris quantique, etc., en quoi l’alchimie porte toujours vivement son message aujourd'hui. ALEXANDRE Bonjour, Patrick Burensteinas. J’ai lu récemment ce recueil de nouvelles – de contes alchimiques – le Disciple, c’est donc aux éditions du Mercure Dauphinois, et c’est vrai qu’on se pose toujours beaucoup de questions sur l’alchimie, on a l’impression de la connaître, de ne pas vraiment la connaître, on se demande si l’alchimie est réservée à certaines personnes, si ça existe toujours, si on va pouvoir parler de dragons, bref, on a l’impression de baigner dans l’alchimie et en même temps de ne pas la connaître. Pour tous ceux de ma génération qui ont vu des dessins animés, on a l’impression, à travers différents scénaristes, qu’ils ont essayé de nous enseigner, par exemple les dessins animés de Walt Disney – on y reviendra, évidemment. Il y a, plus communément, pour les Européens ou pour les Français, des choses comme les Schtroumpfs, pourquoi pas, avec ce fameux Grand Schtroumpf détenteur de la connaissance et qui nous parle de salsepareille, de mandragore et autres ; il y a les mondes engloutis, bref, tous les jeunes gens ont vu l’alchimie apparaître à différentes époques, et voilà de quoi nous allons parler aujourd’hui. Il y a plusieurs sortes d’alchimie, ce sera l’objet de ma première question, mais avant tout cela, Patrick Burensteinas, je peux vous demander de vous présenter ? P. BURENSTEINAS Eh bien, je m’appelle donc Patrick Burensteinas, je suis alchimiste opératif, c’est-à- dire que, ce qui m’a intéressé, c’est surtout de me mettre au creuset. C’est-à-dire de travailler vraiment pour voir s’il y a quelque chose de concret et si on pouvait en tirer quelque chose. Et la première considération que j’ai eue, c’est qu’un alchimiste travaille dans un laboratoire, moitié labor et moitié oratoire. J’en ai donc tiré la conclusion qu’il ne devait pas y avoir que la matière, mais il devait y avoir autre chose. Et la deuxième considération, c’est que l’alchimie s’appelle aussi le Grand Art – ça ne s’appelle pas la « grande méthode » ni la « grande technique » mais le Grand Art, et pour moi la différence entre un technicien et un artiste c’est quand l’expérimentateur a une place dans l’expérience. Par conséquent, il devait s’agir d’un travail de laboratoire qui traitait d’esprit et dont l’expérimentateur avait une réelle place à l’intérieur de l’expérience ; il ne faisait pas seulement des expériences, il transformait la matière mais il se transformait, lui, aussi. Et c’est là où je me suis dit : l’alchimie peut peut-être être quelque chose d’intéressant. Moi, je suis issu d’un milieu scientifique, j’ai étudié la matière, savoir comment elle fonctionnait, et on m’avait toujours appris qu’une expérience scientifique c’était quelque chose de reproduisible (sic) 1

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L'ALCHIMIE, AVEC PATRICK BURENSTEINAS

RADIO ICI & MAINTENANT! 95.2, 18 JANVIER 2005

DIDIER DE PLAIGE – Ici & Maintenant! Didier de Plaige à l'antenne, en compagnie d’Alex à la réalisationet au questionnement. On réalise aujourd’hui pour vous un numéro un peu spécial, avec un maîtrealchimiste, contemporain. On va aborder une page d’histoire, savoir en quoi consiste, en quoi aconsisté l’alchimie en différents points du globe, en différentes époques, et en quoi est-ce pratiqueaujourd’hui. En quoi sommes-nous concernés : est-ce que nous sommes des alchimistes sans lesavoir, qu’est-ce qui manque à notre vie quotidienne pour s’éclairer de cette lumière.

Nous sommes en compagnie de Patrick Burensteinas ; il nous a été présenté par son éditeur, leMercure Dauphinois, et cet éditeur nous a transmis deux petits ouvrages produits par notre invité :l’un est une compilation de contes, de contes alchimiques initiatiques, ça s’appelle le Disciple, etl’autre volume s’appelle la Trame, autrement dit comment passer de sa connaissance à la pratiquepour le bien de tous les êtres, pour ses contemporains, autrement dit sur un plan de mieux être, unplan médical, parce que l’alchimie et la médecine, comme nous allons le voir, ont toujours étéassociées.

Donc Patrick Burensteinas est en région parisienne assez souvent, nous avons la chance de lerecevoir aujourd'hui ; sur le mode un peu « conférencier », puisqu’il en a l’habitude, il va nousprésenter les grandes lignes, et nous allons le relancer sur le phénomène culturel, le phénomènephysique, y compris quantique, etc., en quoi l’alchimie porte toujours vivement son messageaujourd'hui.

ALEXANDRE – Bonjour, Patrick Burensteinas. J’ai lu récemment ce recueil de nouvelles – de contesalchimiques – le Disciple, c’est donc aux éditions du Mercure Dauphinois, et c’est vrai qu’on se posetoujours beaucoup de questions sur l’alchimie, on a l’impression de la connaître, de ne pas vraimentla connaître, on se demande si l’alchimie est réservée à certaines personnes, si ça existe toujours, sion va pouvoir parler de dragons, bref, on a l’impression de baigner dans l’alchimie et en même tempsde ne pas la connaître. Pour tous ceux de ma génération qui ont vu des dessins animés, on al’impression, à travers différents scénaristes, qu’ils ont essayé de nous enseigner, par exemple lesdessins animés de Walt Disney – on y reviendra, évidemment. Il y a, plus communément, pour lesEuropéens ou pour les Français, des choses comme les Schtroumpfs, pourquoi pas, avec ce fameuxGrand Schtroumpf détenteur de la connaissance et qui nous parle de salsepareille, de mandragore etautres ; il y a les mondes engloutis, bref, tous les jeunes gens ont vu l’alchimie apparaître à différentesépoques, et voilà de quoi nous allons parler aujourd’hui.

Il y a plusieurs sortes d’alchimie, ce sera l’objet de ma première question, mais avant tout cela,Patrick Burensteinas, je peux vous demander de vous présenter ?

P. BURENSTEINAS – Eh bien, je m’appelle donc Patrick Burensteinas, je suis alchimiste opératif, c’est-à-dire que, ce qui m’a intéressé, c’est surtout de me mettre au creuset. C’est-à-dire de travaillervraiment pour voir s’il y a quelque chose de concret et si on pouvait en tirer quelque chose. Et lapremière considération que j’ai eue, c’est qu’un alchimiste travaille dans un laboratoire, moitié laboret moitié oratoire. J’en ai donc tiré la conclusion qu’il ne devait pas y avoir que la matière, mais ildevait y avoir autre chose. Et la deuxième considération, c’est que l’alchimie s’appelle aussi le GrandArt – ça ne s’appelle pas la « grande méthode » ni la « grande technique » mais le Grand Art, et pourmoi la différence entre un technicien et un artiste c’est quand l’expérimentateur a une place dansl’expérience. Par conséquent, il devait s’agir d’un travail de laboratoire qui traitait d’esprit et dontl’expérimentateur avait une réelle place à l’intérieur de l’expérience ; il ne faisait pas seulement desexpériences, il transformait la matière mais il se transformait, lui, aussi. Et c’est là où je me suis dit :l’alchimie peut peut-être être quelque chose d’intéressant.

Moi, je suis issu d’un milieu scientifique, j’ai étudié la matière, savoir comment elle fonctionnait, eton m’avait toujours appris qu’une expérience scientifique c’était quelque chose de reproduisible (sic)

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par n’importe qui dans les mêmes circonstances. Et là, je m’apercevais que, eh bien,l’expérimentateur avait une place dans l’expérience, donc j’avais deux hypothèses : soit rester dansmon savoir et, vous savez, la « langue des oiseaux », j’en parlerai peut-être un petit peu, c’est lamanière d’entendre les mots autrement, et vous verrez, c’est la manière que les alchimistes utilisentpour se transmettre les secrets de fabrication, et le savoir (« ça voir ») c’est « voir ça », et riend’autre ; soit j’essayais d’aller dans une co-naissance, c’est-à-dire « naître avec ». Et c’est ce que j’aiessayé de faire.

ALEX – C’est assez intéressant, parce que ça va totalement à l’encontre de ce qu’essaient de faire tousles scientifiques actuellement, c’est-à-dire d’établir des protocoles qui puissent être réalisés par tout lemonde.

P. BURENSTEINAS – Oui et non. C’est-à-dire que quand on travaille dans un laboratoire, on sait très bienque, souvent, les mêmes expériences, on les donne aux mêmes. Et on va dire : Pourquoi avec toi ? Eton va dire : Eh bien parce qu’avec lui ça marche. Et donc pourquoi ça marche ? On va dire : Eh bien,il a le savoir faire, il a… Moi, je me souviens, en métallurgie, par exemple, on faisait des coulées demétaux très précises, donc on calculait avec des abaques, avec des machines, avec un certain nombrede choses, et puis une fois que c’était fini, eh bien, on avait l’Ancien qui venait avec son carnet àspirales, qui regardait la couleur du métal en fusion et qui disait : Maintenant, vous pouvez couler,elle est bonne. Et à chaque fois qu’on l’écoutait pas, on se plantait.

ALEX – L’expérience, donc, ce sera un autre sujet de cette antenne. Alors pour débuter, dites-moi si jeme trompe, « alchimie » ça vient bien de chemeia, de « fondre du minerai » ? C’est la base ?

P. BURENSTEINAS – Pas tout à fait. C’est-à-dire que la première fois qu’on voit le terme, ça vient desÉgyptiens1. Bon, on a des Égyptiens plein la bouche depuis l’orientalisme du siècle dernier, on penseque chaque fois que ça vient des Égyptiens, c’est forcément quelque chose de bien. Il faut penserqu’ils ont fait des âneries aussi, comme tout le monde.

Il est très probable que ça vient d’une civilisation beaucoup plus ancienne, hein. Les Sumériens s’ysont beaucoup intéressé ; on ne sait pas au-delà, parce qu’il n’y avait pas d’écriture. Mais on ne peut

1 « Le mot «alchimie» provient de l’arabe al-k miy , conservé dans le provençal alkimia et dans l’espagnol alquimia. Les nomsanglais et allemand ont gardé une dérivation médiévale, attestée aussi dans les anciens noms français «alquémie» et«arkémie» (XIIIe siècle).La signification du substantif préarabe k miy , précédé de l’article défini al, est encore controversée. Littré a rapproché lesmots «chimie» et «alchimie» du grec Humia, de Humov, «suc», supposant que l’on désignait ainsi primitivement «l’art relatif auxsucs». Diels a proposé d’y reconnaître plutôt le grec huma, «fusion», lequel indiquerait le caractère métallurgique de cestechniques antiques. Von Lippmann et Gundel ont rejeté l’hypothèse de Diels. Le mot k miy , par l’intermédiaire du syriaque,dériverait du grec hcmia et il aurait été formé sur l’égyptien kam-it ou kem-it, «noir»; il évoquerait soit la «terre noire», nomtraditionnel, selon Plutarque, de l’Égypte, pays qui aurait été le berceau des arts chimiques et alchimiques, soit la «noirceur»caractéristique de la décomposition de certains métaux.L’Encyclopédie de l’Islam mentionne cette dernière hypothèse. Elle rappelle, toutefois, que le mot al-k miy est synonyme d’al-ksir. Le français «élixir» en dérive. Les Mafatih-al-Ulum ont rapproché k miy de kam , «tenir secret». Selon al-Safad ,

k miy serait d’origine hébraïque et signifierait que cette science vient de Dieu vivant. Dans le corpus alchimique de J bir ibnHayy n, al- ksir est aussi conçu comme une émanation de l’esprit divin.Festugière a rappelé que les plus anciens alchimistes grecs «rapportaient le nom et la chose à un fondateur mythique appelé

Chémès, Chimès ou Chymès ». La première mention de cette origine apparaît au IVe siècle après J.-C. dans les œuvres duplus célèbre alchimiste alexandrin, Zosime de Panopolis, selon lequel Chémès aurait été un «prophète juif». Cet auteur, selonun procédé fréquent dans la littérature hermétique, voile ainsi une précieuse indication philosophique par un fait pseudohistorique : la légende a ici son sens premier et révèle exactement «ce que l’on doit lire», c’est-à-dire ce que l’initié doitentendre.Ayant vécu longtemps à Alexandrie qui comptait alors de nombreux savants juifs, Zosime ne pouvait ignorer qu’en hébreuChemesch est le nom du Soleil. Afin de préciser son propos, Zosime, dans ses Instructions à Eusébie, déclare : «Le grandSoleil produit l’Œuvre car c’est par le Soleil que tout s’accomplit.» Cet enseignement fondamental est confirmé par les derniersmots de la Ta u a Smaragdina, la Table d’émeraude , célèbre «codex» alchimique attribué à Hermès Trismégiste lui-même :«Complet (achevé, accompli) est ce que j’ai dit de l’Opération du Soleil. »Selon ces données traditionnelles, l’indication d’al-Safad sur l’origine hébraïque de k miy peut d’autant mieux éclairer cetteétymologie que le synonyme ksir a conservé aussi un nom antique du Soleil, le grec Seir. Enfin, on observera que le turcchems signifie également «soleil» et que, dans cette langue, chami désigne adjectivement ce qui est d’origine «syrienne».On peut restituer ainsi au mot «alchimie» son premier sens probable. Les anciens savants juifs, grecs, syriens et arabes ontvraisemblablement donné ce nom à un savoir sacré, à un ensemble de connaissances ésotériques et initiatiques, à l’antique«art sacerdotal» dont l’enseignement était fondé sur les mystères du Soleil, source de la lumière, de la chaleur et de la vie. »

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pas imaginer que toute leur science naît avec leur écriture, donc par conséquent il est très probablequ’ils aient hérité ça d’autre chose. Alors de quoi ? On ne sait pas vraiment, toutes les supputationssont possibles. Par contre, ce qu’on peut constater, c’est qu’ils ont un travail et une science aboutis aumoment où leur écriture naît. Donc, c’est les premiers qui travaillent sur cette matière, et cettematière, le premier œuvre quand on veut travailler en alchimie, le but du jeu, c’est de purifier unematière. Et pour purifier une matière, la première chose qu’on a à faire, c’est la décomposer. Et quandon décompose une matière, elle devient noire – et ça sera le premier œuvre, « l’œuvre au noir » (lanigredo). Et décomposer une matière, c’est aussi la volatiliser, donc un « volatile noir », et c’estpourquoi en alchimie on appellera ça un « corbeau ». Et ce terme « noir » est repris par les Égyptiens,car eux ne s’appelaient pas eux-mêmes les Égyptiens mais ils s’appelaient les habitants de la terre dekem, « la terre noire »2.

Alors les Égyptiens travaillent dans cette ville, dans une ville secrète où ils travaillaient l’alchimiesous l’égide du dieu Thot, le dieu de la connaissance, et cette ville s’appelait Hermopolis3.

Un moment, les Grecs demandent à apprendre avec eux, et les Égyptiens disent : Eh bien, bien sûr,vous pouvez apprendre la quête qui est la nôtre, mais il ne faut pas la révéler à tout le monde, parcequ’on peut parler de tout, mais pas avec tout le monde.

Alors les Égyptiens acceptent, les Grecs acceptent, rentrent dans cette ville et dès qu’ilscommencent à apprendre quelques secrets, ils fondent des Écoles partout et ils dévoilent ce qui nedevait pas être dévoilé tout de suite. Alors les Égyptiens les mettent à la porte et ils ne voient jamaisle dieu secret qui était caché à l’intérieur de la ville d’Hermopolis, qui était le dieu Thot mais voussavez que, chez les Égyptiens, les dieux ont deux visages, un profane et un sacré : le profane, c’estcelui qu’on connaît, à tête d’ibis, et le sacré c’est un singe en marche. Et eux, ils ne l’ont jamais vu.Donc en sortant, ils imaginent qu’il y a un dieu qui vit dans la ville d’Hermopolis et qui s’appelleHermès, et c’est là où ils inventent Hermès. Et comme Hermès connaissait les trois principes : lematériel, le spirituel et le divin, ils l’ont appelé le « trois fois grand », Hermès Trismégiste – quin’existe pas, pas plus que Dieu n’a écrit la Bible. Mais c’est un personnage, et souvent en alchimie onse réfère à cet Hermès Trismégiste, qui est souvent un collectif.

Donc les Grecs partent avec ça.Ensuite, ce sont les Arabes qui récupèrent cette connaissance, par exemple avec Geber4, en l’an

800, qui est un alchimiste intéressant, qui lui travaillait sur le « sang de la terre » ; il essayaitd’exprimer l’esprit qui était caché à l’intérieur du « sang de la terre », et pour ce faire il invente unemachine qui servira à tous les alchimistes qui est le distillateur de Dieu, l’al-anbiq5, et grâce à ça ilfait des produits qui sont des al-iksir, et bien sûr comme lui il travaillait avec Dieu et qu’en arabec’est al, du kem on devient al-kem, « la terre noire de Dieu ». Et il travaille pendant un certain temps.

Ensuite, c’est les Vénitiens qui récupèrent le terme en échangeant avec les Arabes, et eux ilsrajoutent le -ia à la fin, et ça fait alchemia6, et c’est comme que le terme est arrivé jusqu’à chez nousoù il est devenu l’alchimie.

ALEX – J’ai aussi trouvé, en furetant sur différents sites, qu’il y avait différentes alchimies : antique,arabe, chinoise et indienne, médiévale. Elles ont forcément quelque chose en commun, une basecommune, mais les quêtes ne sont pas forcément les mêmes.

P. BURENSTEINAS – Alors je dirais que la quête est la même mais la manière d’y arriver est différente. Jepense qu’on a des cultures différentes, qu’on naît à des endroits différents, et il y a quatre éléments –vous savez, depuis les Grecs on a défini notre univers en quatre éléments : le feu, l’air, l’eau et laterre – et il y a quatre peuples sur terre. Ces quatre peuples, chaque peuple colle à un élément, et parconséquent les voies initiatiques ne vont pas être les mêmes, elles vont dépendre d’un élément.

Nous, en Occident, on est très denses, très lourds, hein, on est proches de la matière, donc la matièrepremière de notre œuvre sera un métal lourd, dense. Par contre, en Orient ou en Extrême-Orient, c’est

2 Kem, en égyptien, signifiait « brun-noir ». Cf. note 1.3 Shmum ou Chnumu (aujourd’hui Achmunein), ville de Moyenne-Égypte que les Grecs appelèrent Hermopolis («villed’Hermès»).4 Jabir ibn Hayyan, Geber en latin. Né et mort approximativement entre 730 et 804.5 Le mot arabe est emprunté au grec, ambix, « vase à distiller ». Et le al est un article, il ne signifier pas « dieu ».6 Étymologie tout à fait fantastique, puisque le -ia est déjà présent dans l’arabe alkimiyâ, et dans le grec chemeia auquel il estemprunté… Cf. encore note 1.

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une civilisation beaucoup plus aérienne, donc la matière première de l’ouvre sera une matièrebeaucoup plus aérienne. Et c’est pourquoi, en France – ou en Occident – on va travailler sur une voiedite « la voie de l’antimoine », et en Orient on va travailler sur celle du cinabre. A remarquer que lecinabre c’est du mercure et que le mercure c’est un métal liquide à température ambiante, doncbeaucoup plus subtil, beaucoup plus volatil.

Ça c’est la manière d’obtenir, d’aller au bout de la quête. Après, il va y avoir les méthodes qu’on vautiliser, locales, en fonctions des matériaux qu’on va avoir et de la technique qu’on va vouloiremployer, mais il y a trois grands principes : il y a ce qu’on appelle la « voie sèche », la « voiehumide » et la « voie royale », qui vont être reprises dans toutes les alchimies, qu’elle soit indienne,qu’elle soit arabe, qu’elle soit chinoise… On va avoir la voie humide où on prend un matériau, on nele chauffe pas, on le met dans un environnement humide et par – solver, en alchimie on dit solver etcoagulat, hein – donc par dissolution, voilà, on va purifier la matière.

Et il y a une autre manière, qui est par le feu – c’est la voie sèche. C’est-à-dire qu’en chauffant trèsfort un corps, on va le purifier aussi.

Ces deux manières, voie humide et voie sèche, nécessitent de la matière, mais il y a une voie,centrale, dite la « voie du milieu », qui permet de faire la même chose sans aucune matière. Alors laquestion qu’on pourrait se poser c’est « faire quoi ? ». C’est-à-dire, oui, il y a des voies, mais oùconduit l’alchimie ? A quoi ça sert, finalement ?

ALEX – C’est pour ça que je parlais de buts différents. Par exemple, en Chine, le but était d’atteindrela vie éternelle…

P. BURENSTEINAS – Ça, c’est ce que l’homme, j’allais dire, en a compris – j’oserais dire « le profane ».Ce n’est pas péjoratif ce que je dis…

ALEX – C’est sur quoi il a à travailler, aussi…

P. BURENSTEINAS – C’est surtout sur ses peurs qu’il a à travailler. En alchimie, il y a un certain nombred’idées reçues qu’on essaie d’éviter. La première, c’est bien sur celle de l’or. On dit en alchimie : « Situ cherches pour faire de l’or, tu ne trouveras jamais ; si tu sais en faire, tu n’en a plus besoin ». Doncla quête, eh bien, ce ne sera pas la quête de l’or ni celle de la fortune.

On dit en alchimie aussi : Le but du jeu – et là on va le dévoiler un petit peu – c’est d’être danschaque chose et que chaque chose soit en moi. Ce qui veut dire que quand je vais trouver cette unité,qui est finalement la quête, moi en tant qu’individu, je vais cesser d’exister. Donc où est la mortalité àl’intérieur ? Donc où est la quête de l’immortalité ? Etre immortel dans ce monde-là, ça serait êtrecomme sur le quai d’une gare et regarder les autres partir, donc ça aurait un intérêt très relatif.

Ça, ça répond à des peurs primales de l’individu : j’ai peur de manquer, j’ai peur d’être tout seul,j’ai peur de mourir. Donc par conséquent, l’alchimie étant quelque chose de mystérieux, ça doitforcément répondre à ces trois questions-là. Mais même si les Chinois ont travaillé sur l’immortalité,il faut s’entendre sur le terme de l’immortalité : est-ce que c’est l’immortalité du corps, ou est-ce quec’est le fait d’être dans chaque chose et que chaque chose soit en soi ? A ce moment-là, la mortalitémême n’existe plus, il n’y a plus que l’unité. Et peut-être là est-ce notre quête.

ALEX – Alors c’est très intéressant, car dans cette introduction sur ce qu’est l’alchimie, nous avons dequoi faire un mois d’émissions non stop ! Et on voit à quel point la philosophie est présente dansl’alchimie. Nous allons en débattre aujourd’hui.

D. DE PLAIGE – Patrick Burensteinas, est-ce qu’on pourrait aider les auditeurs à réaliser la nature de cemonde, pour aller disons carrément à la fin, quitte à revenir ensuite par le détail quant aucheminement ? Ce monde, pour vous, pour beaucoup d’initiés est-il pur et léger ?

P. BURENSTEINAS – Alors vous parlez de la fin, moi j’ai parlé du début, et finalement c’est peut-être unpeu la même chose. Pour l’alchimiste, on peut dire, comme on lit dans les textes, par exemple : ehbien, au début, il y avait une masse indifférenciée d’énergie. D’aucuns appellent ça la lumière, et àchaque fois que je parlerai de lumière, maintenant, c’est de ça dont je parlerai – en opposition à lamatière. C’est-à-dire que comme dans les textes on dit « il y a toujours une guerre entre la lumière et

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les ténèbres », on doit entendre une opposition, ou plutôt une complémentarité quelque part entrel’énergie indifférenciée et ce qu’on a appelé la matière. Et on voit par exemple, dans les textes, c’estla première chose qui est manifestée dans la Genèse. On dit, eh bien : « Le premier jour, il sépara lalumière des ténèbres ; il y eut un début, il y eut une fin ». C’est comme si le temps commençait às’écouler à ce moment-là.

Alors d’un point de vue physique, scientifique pur, comment est-ce qu’on pourrait imaginer leschoses ? Eh bien, on pourrait imaginer que cette énergie était immobile. Donc on ne peut même pasdire que c’était de l’énergie puisque l’énergie c’est le mouvement7. Imaginez par exemple une nappeposée sur une table, et puis un jour pour une raison qu’on ignore, eh bien, quelque chose – je n’osepas dire « quelqu’un », hein, on ne sait pas, en fonction de la croyance de chacun – mais je diraisplutôt quelque chose a agité cette nappe. Et à partir de ce moment-là, il y a eu des plis sur la nappe, etles plis sur la nappe ont pu dire : Voilà, moi j’existe en tant que tel. Pourtant la nappe n’a jamaischangé ; elle a toujours la même surface, elle a toujours le même nombre de fils, mais par contremaintenant il y a une manifestation. Donc on peut dire finalement que la matière n’est jamais qu’uneagitation de l’énergie. Donc on peut dire aussi que, entre l’unité – c’est-à-dire cette énergieindifférenciée immobile, car on pourrait dire que, si j’appelle ça Dieu, eh bien, Dieu est immobile,hein, il n’a pas de mouvement, parce que l’unité est forcément immobile, le mouvement est relatif, onbouge par rapport à quelque chose, donc Dieu ne nous viendra pas en aide puisque, nous, on est trèsagités, lui il cherche justement cette immobilité – la différence, donc, entre la création, cette énergie,et la matière, c’est le mouvement.

Je peux prendre un autre exemple. On dit aussi dans les textes : Et Dieu a fait l’homme à son image,et ça, c’est quelque chose qui m’a toujours titillé, parce que c’est déjà surprenant et un peuanthropocentrique… Mais on pourrait imaginer un point d’énergie immobile dans l’univers –d’ailleurs, il n’y a pas d’univers encore, il n’y a rien, il y a juste un point –, et pour une raison qu’onignore, ce point se met à bouger, et s’il bouge très très vite, eh bien, il va finir par dessiner des choses.Comme sur une image de télévision. Vous pouvez constater que sur une image de télévision vousn’avez qu’un seul point qui existe, et pourtant il y a des milliards d’images. Si ça existe en deuxdimensions, eh bien, pourquoi ce système n’existerait pas dans de multiples dimensions ? Et pourquoice point, finalement, ne s’agiterait pas tellement vite pour créer tout l’univers ?

Donc l’image – l’univers, nous –, nous ne sommes qu’un écho de l’agitation de ce point. Donc dansce sens-là, vu que la seule chose qui existe c’est ce point, le reste n’est qu’illusion.

D. DE PLAIGE – Mais alors dans votre langage imagé, vous parlez également de « fils de lumière »entremêlés constituant tout ce que nous considérons ayant une apparence solide…

P. BURENSTEINAS – Tout à fait. C’est-à-dire que la première manifestation du point qui bouge,finalement, c’est un fil. Et on peut imaginer qu’au début il y a un fil d’énergie, et ça, ça rejoint ce queles physiciens pensent aujourd’hui, ce qu’on appelle les hypercordes, c’est-à-dire un fil d’énergie quis’agite d’une manière sinusoïdale. Imaginez ce fil de lumière qui s’emmêle, eh bien, plus il vas’emmêler plus il va se densifier, et on peut dire que plus la lumière s’agglomère plus elle fait cequ’on appelle la matière.

On peut dire, en gros, que finalement l’alchimiste, qu’est-ce qu’il cherche à faire ? Eh bien, ilcherche à détricoter l’univers pour retrouver ce fil unique, ce fil de lumière.

Alors on peut voir aussi que l’agitation crée de la matière. On prend par exemple une bille, on lamet au bout d’un fil, on fait tourner ce fil, eh bien, si je le fais tourner suffisamment vite, ce ne seraplus une bille, ce sera un anneau pour moi. Et à chaque fois que j’essaierai de toucher cette matière,pour moi ce sera un anneau, ça ne sera pas une bille.

Et donc on peut considérer que toute la matière qui est autour de nous – les tables, les chaises,n’importe quoi – c’est jamais que des atomes qui tournent. Et on peut dire que s’ils arrêtent detourner, eh bien, la matière elle-même cessera d’exister.

D. DE PLAIGE – Donc il y a une connivence entre l’individu et son environnement, une complicité pourétablir le fait que nous évoluons dans un monde matériel…

7 gr. energia, « force en action ».

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P. BURENSTEINAS – Ah ! sans aucun doute. C’est-à-dire on peut dire que, cette réalité, c’est aussi unequestion de croyance. C’est-à-dire que finalement l’univers, c’est aussi une question de conviction.C’est peut-être pour ça qu’on a toujours intérêt à nous faire croire à un monde, à une société de lamanière dont on voudrait qu’elle soit, parce que si on en est suffisamment convaincu, eh bien, ça vadevenir vrai.

On a par exemple la loi des séries où il y a deux avions qui tombent, et tout le monde dit : Ah ben,tiens, il y en a un troisième qui va tomber ! Et il tombe, et tout le monde trouve ça normal8. Mais c’estpas normal du tout, c’est comme s’il y avait une interaction – et il est indéniable qu’il y a uneinteraction, une interaction mesurable. Par exemple, quand on fait de la physique quantique, lepremier protocole de Planck, le père de la physique quantique s’est dit : observer un phénomène lemodifie. Donc on a effectivement une réelle interaction, mesurable. Bien sûr c’est très scientifique.On fait par exemple une expérience qdans une chambre à bulle, c’est-à-dire que, quand on veut savoirde quoi est composé un élément, on fait une cible et puis on prend un grand Tomawak – c’estd’ailleurs le nom –, qui est un accélérateur de particules, et on va projeter une particule sur cettecible. Et cette cible va exploser, et les trajectoires vont partir au hasard. Eh bien, on s’aperçoit quec’est pas vrai, c’est-à-dire que 99,99 % des trajectoires partent au hasard mais il y a toujours quelquestrajectoires qui sont liées à l’expérimentateur. Alors on s’en aperçoit comment ? C’est-à-dire qu’onvoit ces trajectoires, et il suffit de comparer les calques en fonction de l’expérimentateur. Et là ons’aperçoit qu’il y avait une espèce de signature quantique, c’est-à-dire une interaction mesurable etvisible entre l’expérimentateur et l’expérience. A tel point, c’est qu’on a été obligé d’inventer unevariable, qui s’appelle le coefficient de charme – pas de charge, hein de charme. Donc il y a bien uneinteraction mesurable.

Alors après, il y a des interactions mesurables dans l’expérience. On prend par exemple deuxcuisiniers, qui ont exactement les mêmes plats, qui ont les mêmes outils, qui ont la même formation ;on va leur demander de faire un plat, et ils ne vont pas faire le même – alors qu’ils ont la mêmeexpérience, surtout, hein. On va donc se rendre compte qu’il y a bien une interaction, et à tel point, onva dire à celui qui a fait le meilleur : Toi, tu as le savoir-faire, tu as quelque chose de plus. Mais cequelque chose de plus impalpable est bien action, il se passe bien quelque chose.

D. DE PLAIGE – Oui, mais le scientifique se contente d’explications un peu toutes faites, comme de dire« l’exception confirme la règle », etc. En réalité, il manipule une composante magique qui montrequ’en fait l’expérience lui échappe totalement, à laquelle il donne un mot ou un concept pourexpliquer, mais sans rien expliquer.

P. BURENSTEINAS – Mais sans aucun doute. Moi je dirais : le rationnel, le logique, ce n’est jamais qu’unhasard auquel on s’est habitué. C’est comme si tous les événements étaient un peu équiprobables, etpuis on décidait de les lier entre eux par une espèce de logique, par une espèce de règle, et à partir dece moment-là on disait : eh bien, voilà, tous ces événements, ils sont comme ça.

Par exemple, vous prenez une feuille de papier quadrillé 5x5 et à chaque coin vous faites des points.Et vous regardez, vous voyez des points qui sont mis sur la feuille. Et puis vous commencez à penserou dire à quelqu'un : regarde, maintenant, sur la feuille, c’est des carrés. Eh bien, vous allez voir descarrés. Et puis si vous dites à la personne : regarde, maintenant, non, c’est que des bandes verticales.Eh bien, les gens vont voir que des bandes verticales. Pourtant, nous on a toujours dessiné les mêmespoints sur la feuille.

Donc la manière dont on va appréhender notre environnement, si je crée des règles, eh bien, on vales suivre. Je vous rappelle que pendant des siècles, on était persuadé que la Terre était plate9, et on avécu comme ça, donc par conséquent c’était une réalité.

8 L’adage populaire dit : « Jamais deux sans trois ! »9 La chose est archi-fausse, c’est un mythe religieux qui a la vie dure L’homme a supposé que la Terre était ronde au moinsdepuis Thalès (650 av. J.C.) ! Elle est affirmée avec force par les pythagoriciens, et le célèbre Ératosthène (~275~194),bibliothécaire d’Alexandrie et contemporain d’Archimède, exécute la première mesure de la circonférence terrestre avec uneétonnante précision. Hipparque (190-125) invente la première projection dite « carte plate parallélogrammatique », ancêtrede la projection de Mercator. Après, la situation se dégrade avec Posidonios de Rhodes (135-50) puis Claude Ptolémée (90-168).

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D. DE PLAIGE – Alors on en arrive au fameux « changement de paradigme », est-ce que l’époque s’yprête, est-ce que le moment est venu de changer de paradigme pour aborder la réalité du monde, uneréalité différente de la réalité dite traditionnelle ?

P. BURENSTEINAS – Ben, sans aucun doute. Je dirais que, si on utilise des outils ordinaires, on va voirqu’une réalité ordinaire. Par conséquent, si on veut voir une réalité plus vaste – j’aime bien dire une« réalité non ordinaire » plutôt qu’une réalité extraordinaire, parce que, pour moi, la réalité qu’on voitest une toute petite partie de la réalité, par conséquent une réalité « non ordinaire », elle est aussitangible que celle-là. Et c’est seulement une question de point de vue. Et je pense que ce qui estintéressant, c’est que, bien sûr, chacun, on a nos points de vue, mais si on est capables de lesconfronter, eh bien, on pourra faire le tour des choses – c’est le cas de le dire – d’un point de vuephysique. S’il y a un tableau entre nous deux et que, vous, vous voyez le côté où il y a la peinture etque moi, je vois le cadre, moi je vais dire : Finalement, il n’y a qu’un cadre en bois, et c’est affreux,c’est laid. Et vous, vous allez dire : Mais non, c’est parfaitement beau. Alors l’idée, ce sera qu’on nereste pas chacun sur notre idée, en disant : Mais non, moi, la vérité c’est le cadre, et vous, la vérité, lapeinture, mais qu’on soit capables ensemble de dire : Eh bien oui, s’il y a une peinture, c’est que lecadre est là aussi.

Donc on est ici dans une période un peu mouvante, un peu agitée, un peu troublée, et je pense que sion était satisfaits de cette réalité, eh bien, on y resterait, hein. Sans aucun problème. Parce qu’Einsteindisait, à juste titre : la force de l’univers la plus difficile à surmonter, c’est la force de l’habitude.Donc, entre garder une habitude ou en changer, eh bien, à 100 % on la garde. Mais quand ceshabitudes deviennent pathogènes, deviennent néfastes pour nous, eh bien, il va être temps de fairequelque chose – ou de disparaître.

D. DE PLAIGE – Donc, retenons une première chose : cet univers est une convention, ou une croyancecommunément partagée, mais seulement il contient une bonne dose de souffrance.

P. BURENSTEINAS – Mais oui parce que… Il faut s’entendre sur le terme « souffrance », encore une fois :la vision de l’alchimiste – en tout cas, la mienne –, ce n’est pas du tout une vision judéo-chrétienne del’univers. C’est-à-dire qu’il n’y a pas les « bons », il n’y a pas les « méchants » ; il n’y pas une« bonne énergie », il n’y a pas une « mauvaise énergie ». Il y a seulement une énergie employée enaction ou en réaction.

Donc il faut s’entendre sur le terme « souffrance ». Qu’est-ce que ça peut être la souffrance ? Ehbien, finalement, c’est l’agitation de la nappe initiale : on peut dire que la souffrance, c’est lemouvement, c’est ce qui nous éloigne de l’unité – l’unité étant immobile, la souffrance étant action etmouvement.

Donc peut-être que, là, c’est une quête ; peut-être que le but du jeu, justement, c’est de perdre cetteagitation, d’exprimer [au sens chimique ou culinaire de « faire sortir de, ôter » ] cette agitation. Alors c’estintéressant parce qu’en alchimie, cette souffrance, on appelle ça le soufre. On a le même terme, etc’est pour ça que quand on garde à l’intérieur de soi, on souffre – « le soufre en se », la souffrance.

D. DE PLAIGE – Oui, parce qu’on est persuadé de l’existence de la réalité du soi… De ce « moi » quisouffre…

P. BURENSTEINAS – C’est ça, c’est-à-dire que, nous, on considère le fameux point de tout à l’heure qui esten mouvement ; on dit : moi, en tant qu’individu, j’existe. Alors que je ne suis qu’un pli de la nappe.C’est un peu comme… c’est une parabole qui est dite dans le Vedānta10, par exemple, d’autrescroyances, où on parle des vagues sur la mer : les vagues ont un début, elles ont une fin – elles ontune « vie », à tel point c’est qu’elles vont « mourir » sur la plage, c’est bien le terme qu’on emploie.Pourtant les vagues n’existent pas, il n’y a que l’océan qui existe.

D. DE PLAIGE – Oui.

10 En sanscrit, « fin (accomplissement, couronnement) du Veda ». Le Veda étant le « Savoir », la « Science (parexcellence) ».

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P. BURENSTEINAS – La seule manifestation et la seule différence, c’est le mouvement. Ce qui veut direque dès que l’océan se met en mouvement, alors il y a des vagues. Nous, on peut dire qu’on est desvagues sur la nappe de l’univers.

D. DE PLAIGE – Là, vous êtes en présence, donc, d’un alchimiste contemporain qui propose une voied’éveil, mais en même temps apte à dialoguer en profondeur avec n’importe quel savant atomiste depointe. D’ailleurs, vous êtes tout à fait en accord avec un physicien quantique suffisamment avancépour lui faire découvrir qu’il est spiritualisé à mesure qu’il avance.

P. BURENSTEINAS – Eh bien, sans aucun doute. Je pense que tous les gens qui travaillent dans cedomaine-là et qui sont au « top » de leur technique, non pas ceux qui sont enfermés dans un savoir,bien sûr, parce que si c’est un savoir ça devient un pouvoir et évidemment on veut le garder, alors quesi c’est une connaissance, paradoxalement, on veut la partager.

Donc quand on est au bout de quelque chose et qu’on a employé tous les moyens qu’on connaissait,tous les moyens classiques, et qu’on veut vraiment comprendre les choses, c’est-à-dire, au senslittéral, les comprendre – c’est jamais intellectuel, « comprendre » : com-prendre, c’est mettre àl’intérieur de soi. Plus je comprends, plus je suis vaste et plus je suis dans chaque chose et pluschaque chose est en moi.

Donc le travail scientifique minimum c’est d’être curieux, c’est d’être capable de dire – bien sûr, jene gobe pas n’importe quoi… parce qu’il faut savoir aussi que dans ce domaine il y a aussi n’importequoi –, mais de dire : eh bien, il y a peut-être des fenêtres d’exploration de l’univers que je n’ai pasemployées. Et il y a des tas de phénomènes, eh bien, qui sont intéressants. Par exemple, souvent, dansun milieu scientifique, on ne tient pas compte des phénomènes de frange, c’est-à-dire qu’on fait tenirle travail qu’on fait dans les équations, dans les théorèmes qu’on a définis, et puis il y a desépiphénomènes autour, qu’on ne comprend pas bien, mais on se dit « ça ne rentre pas dedans », doncon n’en tient pas compte. Mais peut-être le changement de point de vue dont on parlait tout à l’heureserait de tenir compte, justement, non pas du phénomène établi, mais de ce qui gravite autour.

D. DE PLAIGE – Alors les physiciens quantiques vont vers l’éveil et s’en rendent compte ?

P. BURENSTEINAS – Eh bien, je le souhaite. Je dirais : une des caractéristiques de l’éveil, je pense, c’estjustement de s’en rendre compte. C’est de se rendre compte qu’on est, justement – qu’on cesse deparaître, mais qu’on est, c’est-à-dire qu’on touche ce qui est essentiel. Je dirais, dans la langue desoiseaux, « essence-ciel », c’est-à-dire la chose qui est la plus répandue dans notre univers.

Ils sont obligés de passer par là, ils sont obligés de s’en rendre compte, parce qu’ils risquent soit desombrer dans un mysticisme éhonté, en disant « j’abandonne complètement la matière et à cemoment-là, eh bien, je me tourne vers l’esprit pur, mais je perds pied avec la réalité », soit vers unmatérialisme éhonté, en disant « tout ça, ça n’existe pas, c’est de la science fiction – moi si je ne peuxpas prouver quelque chose, ça n’existe pas ». Mais je pense que le rôle d’un scientifique est peut-êtreaujourd’hui – et peut-être de tout « cherchant » –, c’est de faire le pont entre la matière et l’esprit.

Un pont, ça a au moins deux tours. Enfin, deux piles. Si je retire une des piles, je me trouve dansune tour, et dans une tour je suis piégé, que ça soit celle de l’esprit ou celle de la matière. Les deuxsont nécessaires, on doit vraiment être le pont et, j’oserais dire, le « pontife » – mais pas lepontifiant !

D. DE PLAIGE – Ça se rapproche très fort de ce qu’évoquait Jean Staune, à plusieurs reprises à cemicro : le changement de paradigme et l’évolution spiritualisée, disons, des chercheurs. Plus ils sontpointus, plus ils progressent dans l’humain. Alex ?

ALEX – Oui, vous êtes allés très vite tous les deux. Je pense que pour bien comprendre et pour quenos auditeurs puissent percevoir ce qu’est l’alchimie, il faut s’arrêter sur une phrase et sur quelquesexemples.

Tout d’abord, l’alchimie, quand on prononce « alchimie », on pense à « pierre philosophale », larecherche, le plomb en or – et justement, cette phrase : « On cherche la pierre philosophale, mais latransmutation de la matière ne peut se faire qu’après celle de l’esprit… ».

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P. BURENSTEINAS – Oui, tout à fait, et…

ALEX – Je pense que c’est un bon début pour comprendre ce qu’est l’alchimie.

P. BURENSTEINAS – Certes, parce qu’effectivement on parle de pierre « philosophale » – on ne parle pasde « pierre », on ne parle pas « technique », on parle vraiment d’une vision philosophale, de l’esprit,donc de l’expérimentateur. Déjà, il faut comprendre le but de l’alchimie. Qu’est-ce que c’est ? A quoiça sert ? Sans rentrer dans les détails de ce que je viens de dire, on peut dire que d’un côté il y al’énergie pure indifférenciée, qu’on appelle la lumière, puis de l’autre côté il y a la matière. Donc lebut de l’alchimie, ce serait peut-être de transformer la matière en lumière, en énergie, mais ça veutdire que lui aussi [l’alchimiste] il est matière, et par conséquent il peut faire obstacle à cettetransformation. Donc transformer la matière lui permet de se transformer lui-même.

Et il y a une clé qui est donnée ; tout à l’heure j’ai parlé de la Genèse, mais j’ai parlé du premierjour. Eh bien, le dernier jour, il se passe quelque chose. Le septième jour – on dit –, « le septièmejour, l’esprit se reposa ». En aucun cas « se reposer » ça ne veut dire « ne rien faire » – ça veut dire« se poser à nouveau ». Et nous on a associé le repos à l’immobilité. Alors peut-être que la quête,finalement, est peut-être de trouver cette immobilité.

Alors si je suis capable de travailler au creuset, rendre la matière suffisamment immobile, lui faireperdre son agitation, sa colère, eh bien, peut-être que la lumière qu’il y a à l’extérieur rentrera àl’intérieur.

Mais comment rendre une matière immobile si, moi, je suis agité ? Imaginez : vous tenez un creusetavec un matériau en fusion qui doit se cristalliser, et vous, vous secouez ce creuset. En aucun cas lamatière ne deviendra immobile. Donc vous allez transmettre votre agitation à votre matière. Maiscette matière va libérer cette agitation, qui ne sera à ce moment-là plus celle de la matière, mais lavôtre. Donc purifier la matière finira par vous purifier vous-même.

Donc c’est in-di-sso-ciable. Faire une pierre philosophale est aussi s’aligner soi-même pourpermettre le passage de la lumière.

ALEX – Vous nous avez donné en préparant cette émission un excellent exemple concernant deuxpersonnes qui auraient du sel et de l’eau à leur disposition…

P. BURENSTEINAS – Voilà, alors c’est une petite expérience qu’on peut faire, qui ne nécessite pasgrand-chose puisque c’est que du sel et de l’eau. Donc on ne va prendre que des instruments en verre,c’est important, parce que le verre c’est un liquide qui a oublié qu’il en était un, donc il estsolide mais il est neutre.

On va faire une solution sursaturée, c’est-à-dire qu’on va faire bouillir de l’eau, la plus purepossible, avec le moins de sels minéraux dedans, et on va prendre du gros sel – genre, sans donner demarque, un sel gris, voyez. On dissout donc à saturation, c’est-à-dire que je mets une poignée de seldedans, je bouge, je regarde que ça fonde, j’en remets une poignée, j’attends que ça fonde, j’en remetsune poignée…Ça ne fond plus : c’est saturé. Et je filtre le mélange. Et une fois que j’ai ce mélange-là,filtré, je le laisse évaporer à température ambiante dans un plat en verre. Il faut que ce plat en verresoit à l’abri des rayons direct du soleil et de la lune, c’est-à-dire au milieu d’une pièce, par exemple,mais pas près d’une fenêtre.

Et j’attends. Et au bout de quelque temps, il va se passer un certain nombre de phénomènes. On vaavoir un sel qui va monter sur les bords, il va courir très vite, ce sel. Ça, c’est l’agitation du sel, c’estle « soufre du sel », c’est sa colère, et ce sel va monter sur les bords et, si je ne l’arrête pas – et il esttrès prudent de l’arrêter –, il va se répandre sur la table, il va descendre de la table, il va remplir votrecuisine, hein. Vous pouvez me croire, si vous faites cette expérience, vous avez intérêt à avoir l’œildessus, parce qu’il est très agité, il est en colère ce sel.

Alors que, au bout d’un moment, eh bien, une fois qu’il sera apaisé, je vais avoir de magnifiquescristaux qui vont être au fond, qui vont être cubiques. C’est ce qu’on appelle le « sel du sel », c’est-à-dire sa partie la plus fixe, sa partie la plus dense.

Eh bien, selon les personnes qui vont faire cette expérience, selon le lieu où on va le faire, eh bien,les résultats vont être différents. Si la personne est très agitée, ou si le lieu est très agité, alors j’auraidu sel qui remonte sur les bords, qu’on appelle sel « chou-fleur », parce qu’il a une forme de chou-

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fleur, qui va courir partout et j’aurai très peu de cristaux. Par contre, si moi je suis très apaisé ou si lelieu est très apaisé, alors j’aurai des gros cristaux et peu de sel qui remonte sur les bords.

ALEX – Est-ce que vous pourriez nous définir le lieu « agité » ? La personne agitée, c’est facile de lecomprendre ; le lieu agité, c’est quoi ?

P. BURENSTEINAS – Mais c’est pareil, c’est un lieu dans lequel on va se sentir mal, où il y a une agitationpermanente. Alors ça peut être lié à un certain nombre de phénomènes. Déjà que moi, je suis mal àl’aise dedans, c’est un lieu qui ne me convient pas – à cause des formes, des couleurs, des matériaux.Ça peut dépendre de l’environnement ; c’est sûr qu’on vit moins bien sous une ligne à haute tensionqu’en plein milieu d’une forêt, par exemple. Ça peut être des courants d’eau qui passent sous lamaison ou à côté. Il peut y avoir une foultitude de raisons qui vont « agiter » le lieu. En gros, on peutdire : c’est un lieu dans lequel une énergie va stagner, quelle qu’elle soit. Qu’elle soitélectromagnétique, c’est-à-dire vous savez que, les appartements, il y a des ferraillages dedans, pourque ça tienne ensemble. Eh bien, ça fonctionne comme des grandes antennes. Ce qui veut dire que si,à côté de chez vous, vous avez en plus un transformateur électrique, eh bien, c’est pas un appartementque vous avez, c’est un grand micro-ondes. Donc il faut savoir qu’à l’intérieur, eh bien oui, cetteénergie, il faudra qu’elle se libère d’une manière où d’une autre, et il n’y a pas trente-six manières delibérer l’énergie, il y a thermique ou dynamique. C’est-à-dire qu’on va sortir de la chaleur ou on vasortir de l’agitation, ce qui sont les caractéristiques de nos émotions, quand même. C’est-à-dire qu’onva être agité, on va être mal, on va mal dormir, on va se sentir mal à l’intérieur de la maison.

Donc voilà ce que c’est pour moi : un lieu agité, c’est un lieu dans lequel il n’y a pas d’écoulementd’énergie.

ALEX – Et on est tous dépendants de cette agitation, ne serait-ce que par l’action des éléments : parles orages, par la lune, par le soleil… L’alchimie est partout ?

P. BURENSTEINAS – Bien sûr, je n’en doute pas une seule seconde. C'est presque un pléonasme de dire« l’alchimie est partout ». Parce que c’est justement la quête de l’unité, et l’unité c’est « un », et« un » c’est « tout ». Rien n’échappe à cette unité.

Donc, c’est peut-être chez moi une névrose obsessionnelle de dire « il y a de l’alchimie partout »,après c’est une question de vocabulaire. Je pense que quand un forgeron est en train de faire sespièces, qu’il les met dans le feu et qu’il frappe dessus – en musique, d’ailleurs, en sonnant à côtéd’une manière particulière, comme si la musique lui permettait de faire entrer la lumière à l’intérieurde sa pièce, chose que je pense –, eh bien, il fait de l’alchimie. Quand un forgeron africain travailleaussi, il fait de l’alchimie, quand un boulanger fait son pain et qu’il est vraiment à l’intérieur de ça, àla croisée des quatre éléments – car pour faire du pain il faut du feu, de l’air, de l’eau et de la terre –,il fait aussi de l’alchimie.

Donc je pense que faire de l’alchimie, dans la philosophie, ce n’est pas une technique, c’est laphilosophie. C’est-à-dire qu’est-ce que je cherche ? Je cherche à rassembler autour de moi, et je penseque ceux qui font surtout de l’alchimie, c’est ce qu’on appelle des artistes. Hein, il n’y a pas un artistequi n’a pas d’émotions, il n’y a pas un artiste qui ne cherche pas cette paix à travers son art. Doncl’art, pour moi, est aussi de l’alchimie. D’ailleurs, l’alchimie s’appelle le Grand Art.

Mais un artiste, ça peut être quelqu'un qui fait son jardin, ça peut être quelqu'un qui repeint sesvolets, ça peut être quelqu'un qui fait du pain… Ce n’est pas lié à la technique, c’est lié à l’intentionavec laquelle on va le faire.

ALEX – Quand nous préparions cette émission, je vous ai dit que je souhaitais parler, à un moment,d’amour. Vous m’avez dit : De toute façon, nous n’allons parler que de ça. Et si je vous arrête là,c’est pour parler d’amour et d’artistes.

P. BURENSTEINAS – Oui, pour moi, l’amour et la quête, c’est-à-dire l’unité, c’est la même chose. L’amourc’est : vous êtes dans un lieu, vous êtes avec quelqu'un, tout est parfaitement à sa place, vous aussi,mais vous ne savez pas pourquoi. Je ne parle pas d’émotion, je ne parle pas d’attirance, je ne parle pasde lien – je parle de faire un avec un lieu ou avec quelqu'un. A tel point, c’est que quand on fait unavec quelqu'un, on n’a rien à dire. On reste muet. Et surtout immobile. A chaque fois que vous avez

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vécu ces moments d’unité, vous étiez immobile, et c’est peut-être pour ça qu’on a cette quêted’immobilité.

Eh bien, je pense qu’un artiste, c’est ce qu’il cherche aussi. Alors il y a deux types d’artiste : unartiste que j’appellerai « vulgaire » – en opposition à « sacré » hein, pas forcément à soncomportement – qui lui, va se débarrasser de son agitation, de son mouvement, en jetant ça parexemple sur une toile. Et nous, quand on va regarder ça, on va faire : Ah ! quelle horreur ! Qu’est-cequ’il était torturé ! Alors déjà il a réussi son coup parce que les émotions qu’il avait, maintenant c’estmoi qui les ai – puisqu’il a réussi à les « ex-primer » –, mais pour moi ce n’est pas un artiste.

ALEX – Je vais vous laisser continuer, mais tout dépend de notre décodeur interne et de la manièredont on appréhende l’ambiance…

P. BURENSTEINAS – Oui et non. C’est-à-dire qu’il y des artistes qui touchent tout le monde, eteffectivement il y a des artistes qui ne vont toucher qu’une toute petite partie, que toute une frange,une fenêtre de perception. Mais je pense que l’artiste avec un grand A, c’est celui qui touche tout lemonde, justement. Alors soit en réaction, soit en action. C’est-à-dire, je dis « c’est affreux », soitj’adhère complètement. Mais, je dirais, le philosophe, l’artiste philosophe, qu’est-ce qu’il va faire, ilva transmuter. C’est-à-dire qu’il va transformer ses émotions, qui sont fractionnantes, en une œuvred’art qui rassemble tout le monde. A tel point, c’est que quand je vais voir son œuvre d’art, eh bien,ma réaction, ça va être l’immobilité. J’ai la mâchoire qui va tomber, les bras le long du corps, et je displus rien. Parce que je suis pris par cette perception de l’unité. Et ça sera une vraie histoire d’amour,cette fois, entre moi et l’œuvre. D’ailleurs, on parle d’œuvre, comme en alchimie on parle de GrandŒuvre. On voit cette similitude, hein, ce lien qu’on va avoir entre les deux.

ALEX – Le problème, aussi – enfin, je prends un exemple commun –, mais c’est que cela peut créerl’inverse : si l’œuvre est trop réussie – prenons l’exemple de cette Joconde – tout le monde veut venirla voir, et en même temps il y a tellement de monde qu’on est tous obligés d’être en mouvement enpermanence pour la regarder. Du coup, c’est l’effet inverse.

P. BURENSTEINAS – Oui, mais ça, c’est un petit peu le côté humain. C’est-à-dire, ce n’est pas le fait deregarder la Joconde qui fait que ça nous fait de l’émotion, c’est le fait humain, au contraire, parce quej’ai… J’ai d’autres humains qui m’empêchent de le voir qui, eux, m’énervent et qui font que. Mais sion pouvait le regarder paisiblement, comme on voulait le faire, et surtout sans rien attendre – je penseque le paradoxe de la quête de l’unité, ou de la quête de l’amour, c’est qu’on ne peut l’obtenir que sion ne le cherche pas. Ce qu’on cherche, c’est une énergie primordiale indifférenciée ; le fait dedésirer quelque chose le différencie déjà. Donc c’est déjà trop tard.

ALEX – Justement, ça nous amène à l’émotion. Tout cela, on va le définir : l’émotion, l’amour, lapassion, ce n’est pas exactement la même chose. Bon, prenons cet exemple assez commun – on ditque les personnes sont faites pour aller ensemble, que chimiquement parlant il y a des choses quiréagissent, qu’on est attiré l’un vers l’autre. Ça, c’est de l’émotion, ce n’est pas de l’amour ?

P. BURENSTEINAS – Ben, sans aucun doute. Il y a le côté animal, déjà, c’est-à-dire qu’il ne faut pasoublier qu’on est des animaux, hein, ce qui n’est pas du tout péjoratif et quelquefois très agréable.Mais les liens qu’on va avoir – d’ailleurs quand on dit « je suis très attaché à quelqu'un » ou « trèslié », ce n’est pas de l’amour, ça. On parle de lien, hein, d’attachement… Donc l’amour au contraire,pour moi, il n'y a pas de lien, hein.

ALEX – Mais c’est de l’alchimie, non ?

P. BURENSTEINAS – C’est, dans un premier temps, la manière de libérer ses liens. L’alchimie, ce n’est pascréer des liens, c’est les libérer pour retrouver, justement, cette unité. Donc si deux individus vontl’un vers l’autre parce qu’ils sont attirés d’un point de vue biologique, on ne peut pas parler d’amour.Par contre, si ces deux individus créent un phénomène de fusion, c’est-à-dire qu’ils ne font qu’un – çane veut pas dire que ça va durer tout le temps, hein, mais ça veut dire que pendant un tempsparticulier, eh bien, ils ne font qu’un. Et ils sortent des trois caractéristiques de notre création, car

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l’amour est en dehors de notre création – ou nous met en dehors de l’agitation, plutôt. Quand vousêtes dans cet état-là, eh bien, vous êtes en dehors du temps, de l’espace et de la matière.

Ça nous est tous arrivé, hein. Vous êtes dans un lieu, vous ne savez pas combien de temps vous êtesresté, vous n’avez rien ressenti physiquement, et vous ne savez pas ce qui s’est passé autour de vous,comment les choses étaient. Quand vous sortez de cet état-là, vous dites « Ah ! qu’est-ce que c’étaitbien ! » – parce que, là, maintenant, ça devient des émotions. Et là, les émotions, il y a des techniquespour retrouver ses émotions, c’est pour ça qu’on va essayer de retrouver l’état dans lequel j’étais.Mais je ne peux pas le retrouver – émotionnellement, je pourrais me remettre dans la même situation,mais ça ne veut pas du tout dire que je serai dans chaque chose et que chaque chose sera en moi. Iln’y a pas de technique pour l’amour. Le fait même de dire « j’utilise une technique », c’est déjà troptard.

ALEX – C’est-à-dire que l’amour est impossible à vivre, on ne peut que s’en souvenir ?

P. BURENSTEINAS – Non, c’est-à-dire qu’on ne peut vivre l’amour que si on est. Et ça, c’est aussi une descaractéristiques de la quête. On dit : le philosophe cherche la perfection du moment présent, car riend’autre n’existe. Le passé n’existe pas, hein, ou ça n’existe plus, c’est rien, et le futur n’existe pasencore. Donc on est toujours dans un éternel moment présent. On a l’illusion du temps qui passe, etcette illusion du temps qui passe, justement, c’est ça qui me fait souffrir. Car je suis capable desouffrir aujourd’hui de quelque chose qu’on m’a dit hier. Et je suis capable d’avoir peur aujourd'huide quelque chose que j’aurai peut-être demain. Alors évidemment, nous, ça ne nous intéresse pas :l’amour ne peut être vécu qu’au présent.

ALEX – Je pense que les auditeurs l’auront compris, l’alchimie c’est avant tout une quêtephilosophique, et cela nous permet de nous arrêter sur ce dont on parle quand on est sur ce thème del’alchimie, c’est-à-dire la pierre philosophale. Pourquoi est-ce qu’on estime que c’est une quête ? Lapierre philosophale, c’est donc changer le plomb en or, oui ?

P. BURENSTEINAS – Euh, je ne sais pas si je vais répondre à cette question. La quête de la pierrephilosophale, c’est… le but du jeu étant de retransformer la matière en lumière. Alors comment on vafaire, finalement, pour transformer la matière en lumière. On sait maintenant que la matière c’est unenchevêtrement de fils de lumière, donc l’idée ça serait de la détricoter. Donc comment va-t-onpouvoir la détricoter ? Eh bien, si j’étais capable d’apporter une pression de cette lumière, cetteénergie primordiale, sur la matière, la lumière essayera de rentrer à l’intérieur de la matière et, parpression, finira par détricoter la matière.

Donc la pierre philosophale, qu’est-ce que c’est ? Eh bien, la pierre philosophale, ça va être unelampe, finalement. Ça va être un corps qui est tellement pur qu’il est capable de laisser rentrer cettelumière environnante – parce que la lumière dont je parle, elle est partout, hein. Non seulement elleest dans la matière, emmêlée, mais elle est partout dans l’univers. D’ailleurs, il y a beaucoup plus decette énergie indifférenciée que de matière. Quand vous regardez l’univers – regardez les étoiles, parexemple, il y a beaucoup plus de noir que d’étoiles. On connaît à peu près 1 % de notre univers, lereste, on n’a pas la moindre idée de ce que ça peut être. L’alchimiste dit : eh bien, c’est cette énergieprimordiale indifférenciée.

Donc si je prends un corps parfaitement pur, cette lumière qui est à l’extérieur acceptera de rentrer àl’intérieur de cette pierre et cette pierre s’illuminera. C'est peut-être ça l’illumination aussi dont onparle. Et maintenant, elle comprendra cette lumière indifférenciée, elle fonctionnera comme unelampe. Ce qui veut dire que si je prends une matière vile, c’est-à-dire une matière chaotique, unematière très emmêlée comme le plomb, par exemple, et que je mets en contact une partie de cettelumière, qu’est-ce qui va se passer ? Eh bien, cette matière va être illuminée, et un plomb illuminé, ehbien, il devient « pré-cieux », près des cieux, il s’élève, bien sûr. Alors il devient de l’or.

ALEX – Et la pire des choses, si j’ai bien compris, pour un alchimiste qui se respecte, c’est de croireque la fabrication de cette pierre lumineuse, de cet or, que le but est de s’enrichir, intellectuellement,d’enrichir sa connaissance, mais non pas de s’enrichir physiquement.

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P. BURENSTEINAS – Bien sûr. Ce qui nous intéresse, nous, c’est d’être en chaque chose et que chaquechose soit en nous. Qu’est-ce que vous voulez de plus ? Donc on n’a aucun intérêt à avoir de l’or.

Ensuite, il y a des jeux de mots dans le mot « or » qui nous donnent un certain nombre de clés detravail. Par exemple, l’or en hébreu, ça veut dire « lumière » – donc on sait exactement de quoi onparle. Mais c’est aussi ora, et ora c’est la « prière ». Donc on sait aussi de quoi on parle. Mais il y aune autre clé. Quand on regarde le mot « or », la manière dont il est écrit, il est écrit O-R… Eh bien,peut-être que la quête qu’on cherche, c’est « l’eau qui est dans l’air » ; peut-être là est le secret de l’ordes alchimistes.

ALEX – Vous êtes à l’écoute de Radio Ici & Maintenant!, 95.2. Notre invité est Patrick Burensteinas,docteur en physique quantique, qui nous parle d’alchimie aujourd'hui, de l’alchimie dans le sens leplus large du terme, vous allez voir, ça regroupe beaucoup de choses.

Alors c’est vrai que la première question qu’on peut se poser quand on parle d’alchimie aux gens, àune personne qui ne connaît pas le sujet, c’est – même si on a vu que ce n’était pas le but : est-cequ’on a vraiment réussi à transformer le plomb en or ? On le dit.

P. BURENSTEINAS – On le dit.

ALEX – Ça vous est arrivé, vous.

P. BURENSTEINAS – Bien sûr. C’est une excellente question, à laquelle je ne répondrai pas, bien sûr,puisque la quête est personnelle, mais d’un point de vue technique rien ne s’y oppose. Rien ne s’yoppose…

ALEX – Pourquoi vous ne répondrez pas à cette question ?

P. BURENSTEINAS – Pour éviter les polémiques…

ALEX – Ha ! Ha ! Ha ! Ha !

P. BURENSTEINAS – Le but du jeu étant de rassembler et pas de fractionner. Et puis après je n’ai pas envied’avoir plein de gens chez moi qui vont me demander la formule. Donc c’est le seul but.

ALEX – Cela rappelle l’un de vos contes. Vous avez eu d’illustres prédécesseurs, notamment un qui aété remis à la mode récemment, c’est Nicolas Flamel, et puis d’autres avant lui, Paracelse, Avicenne,Canseliet, etc. On va dire un petit mot de chacun, c’est vous qui allez nous en parler.

Arrêtons-nous sur celui que tout le monde connaît – pourquoi ? Parce que la littérature diteadolescente, mais qui se dirige de plus en plus vers le côté sombre de la chose, c’est le gros succès,c’est Harry Potter, et il y a le personnage de Nicolas Flamel.

P. BURENSTEINAS – Nicolas Flamel, c’était à l’origine un écrivain, un écrivain juré, c’est-à-dire pas unécrivain au sens où on l’entend aujourd'hui mais plutôt un écrivain public, et qui vivait dans lequartier de Saint-Jacques-la-Boucherie, au centre de Paris, et donc il vivait assez chichementd’ailleurs ; il avait épousé une veuve, qui était Dame Pernelle. Et puis un jour, on lui demande detraduire ou de recopier un livre, et il se trouve que ce livre est en hébreu, et donc il ne comprend pasce qui est marqué. Alors il demande à un ami à lui, qui s’appelle Abraham le Juif11, et il lui dit : Maisqu’est-ce qui est donc marqué à l’intérieur de ce livre ? Alors lui il comprend bien ce qui est marquémais il comprend pas de quoi on parle. Il nous parle d’alchimie, une œuvre mystérieuse qui nouspermettrait justement de « trouver la connaissance et la richesse ». Alors il lui conseille d’aller sepromener, d’aller faire des pèlerinages et d’essayer de rencontrer quelqu'un. Et lors d’une de sespérégrinations, il rencontre un Sage, qui lui explique ce qu’il y a à l’intérieur. Alors il rentre chez lui

11 Non ! « Abraham le Juif » est censé être l’auteur de l’ouvrage (un bien grand mot pour cet opuscule de 3 x 7 feuillets) queN. Flamel aurait d’ailleurs vu d’abord en songe, montré par un ange, dans sa jeunesse, avant de le découvrir dans la réalité. Ilaurait ensuite fait le pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle où il aurait rencontré un certain maître Canches, savant juifconverti qui lui aurait fourni des clés d’interprétation… D’aucuns disent que N. Flamel ne serait, en vérité, jamais allé àSaint-Jacques…

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et il décide de faire ce qui était marqué, c’est-à-dire de poursuivre le Grand Œuvre. Alors c’est cequ’il fait, et là ça répondra peut-être à la question « Est-ce qu’on peut faire de l’or ? », parce qu’il faitun certain nombre d’opérations avec sa femme, Pernelle, et après ces opérations, eh bien, il ouvre uneauberge12, qui existe toujours aujourd'hui, rue de Montmorency, où il nourrit gratuitement tous lespauvres de son quartier.

Alors je vous rassure, aujourd'hui on paie, hein, pour y aller, elle n’est plus gratuite, il n’a pas laisséassez d’argent. Et il fonde les Quinze-Vingt, et il dote sept églises, et il achète treize immeubles, doncon peut se poser la question, en tout cas, sans dévoiler quoi que ce soit : d’où vient cette fortunemystérieuse qu’il acquiert du jour au lendemain ?

Alors ensuite il y a d’autres mystères : où est-il enterré ? Parce qu’il a aussi doté une église qui étaittrès importante, qui n’existe plus aujourd'hui, qui était Saint-Jacques-la-Boucherie, où il aurait étéenterré. Mais elle a été détruite à la Révolution et il ne reste plus aujourd'hui que la TourSaint-Jacques. On retrouve sa pierre tombale, d’ailleurs, enfin pas la pierre où il décrit tout l’Œuvre,parce qu’il y a une pierre sur laquelle il décrivait tout l’Œuvre, qui était au cimetière des Innocents,qui a été détruite aussi, mais il reste sa pierre tombale, simple, qu’on va trouver au musée de Cluny.

ALEX – La Tour Saint-Jacques, on peut s’attarder quelques instants sur elle ?

P. BURENSTEINAS – Alors on peut s’attarder, bien qu’en ce moment c’est pas le bon moment pour aller lavoir, parce qu’elle est en réparation depuis quelque temps. Donc on ne peut pas la voir. Par contre, cequi est très intéressant, c’est de voir que la Tour de Nicolas Flamel a été sauvée par le plomb. Parceque vous remarquerez que si l’église a été détruite, le clocher, lui, n’a pas été détruit. On peut se poserla question : pourquoi ? Eh bien, c’est simple, il y a une entreprise qui fabriquait des plombs dechasse qui s’est installée, parce que c’était le monument le plus haut du quartier. Alors ils fondaient leplomb, ils le jetaient par les fenêtres, et bien sûr en tombant ça se met en billes, et il y avait des bacsqui récupéraient. Donc la Tour de l’or a été sauvée par le plomb, c’est quand même une bellehistoire !

Alors ça serait intéressant de voir s’il a laissé des choses à l’intérieur. Il faut savoir qu’à l’intérieurelle est vide, maintenant, et que c’est un observatoire météo. Donc s’il y a quelque chose qui a étélaissé, ce n’est pas là où on le trouvera. Mais ça sera dans d’autres monuments, comme par exemplele fronton de N.-D de Paris, comme Saint-Étienne-du-Mont, comme Saint-Gervais-Saint-Protais àParis.

ALEX – Alors justement, vous nous parlez de ces lieux – quelle est la symbolique présente ?

P. BURENSTEINAS – Oh ! c’est vaste. Là, quelques jours suffiront ! Par exemple, à N.-D. de Paris, tout lefronton, le portail du Christ, explique le Grand Œuvre ; toute la partie gauche explique la philosophiede l’Œuvre et toute la partie droite explique le mode d’emploi. C’est-à-dire qu’on a des véritablesformules chimiques, on a des manières d’utiliser la matière première – cette matière première estnommée – et comment on va la travailler.

Sans tout dévoiler, parce que c’est intéressant que vous cherchiez un peu, les alchimistes utilisentbien sûr, je vous l’ai dit, la « langue des oiseaux », c’est-à-dire la manière d’entendre les motsautrement pour se transmettre des secrets de fabrication. Eh bien, à N.-D. de Paris par exemple, sur lepremier cartouche qu’on va voir à droite sur le portail du Christ, on va voir un personnage guerrieravec un bouclier sur lequel est un lion. Et ça c’est un grand secret des alchimistes, c’est ce qu’onappelle le « lion vert ». Et pourquoi on sait qu’il est vert ? Parce que tout était peint, bien sûr, sur lacathédrale, hein, ça a été détruit avec le temps. Mais ces mêmes gravures, on les retrouve au vitrail –la grande rosace Ouest. Donc là, on a les couleurs. Et ça répond à un grand mystère. Le premierŒuvre pour pouvoir faire la pierre philosophale, c’est de décomposer la matière. Alors décomposerun végétal, c’est facile ; décomposer un animal, c’est facile, mais comment décomposer un minéral ?Eh bien, la formule chimique en est expliquée – comment on va faire – grâce à cette gravure-là.

12 Toujours selon la légende, la fortune de Flamel serait devenue énorme, et il aurait créé de nombreuses fondationscharitables ; de même, on lui attribue la reconstruction de l’Église Saint-Jacques-la-Boucherie (dont il ne reste plus quel’actuelle Tour Saint-Jacques). Mais l’une de ses maisons se trouve toujours rue de Montmorency (Taverne Nicolas Flamel) ; la rue de son domicile principal porte son nom et une rue voisine s’appelle Pernelle (les deux dans le 4 ème ar.)

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Alors je vous situe la gravure : c’est un personnage guerrier, il a une armure, il a une cote de maille,il a un bouclier sur lequel est un lion, il tient une épée. Et donc on regarde ce personnage, on se posela question. On sait que la matière première, c’est un métal, hein – on le sait, je vous le dis, c’est unmétal. Donc qu’est-ce qui peut être suffisamment agressif – il y a un lion, il y a une épée –, il faut unproduit agressif pour décomposer la matière. Bon, on le sait aujourd’hui : ça va être un acide. Doncquel acide on va utiliser ? On a déjà la couleur, parce que le lion, c’est un lion vert. Mais lequel ça vaêtre ? Alors on s’aperçoit que c’est un guerrier, et s’il est guerrier il est « martial », et s’il est martialc’est Mars. Et vous savez qu’il y a un rapport entre les métaux et les dieux. Et bien Mars, c’est le fer.

Donc est-ce qu’on peut faire un acide avec du fer ? Oui, bien sûr, on prend un sulfate de fer, on faitpasser de l’eau dessus et on a de l’acide sulfurique. Sauf que l’acide est jaune, alors là ça ne marchepas puisque moi j’ai un lion vert. Alors je regarde plus précisément la sculpture et je m’aperçois qu’ily a une robe qui lui tombe sur les pieds, et c’est curieux pour un guerrier, s’il va au combat avec unerobe qui lui tombe sur les pieds, il va se casser la figure. Donc on a sans doute voulu nous direquelque chose.

Eh bien, si l’armure c’est Mars, eh bien la robe c’est Vénus. Est-ce qu’il y a u rapport entre Vénuset les métaux ? Oui, c’est le cuivre. Est-ce que je peux faire un acide avec du cuivre ? Oui, tout à fait.Je prends un sulfate de cuivre, je fais passer de l’eau dessus, et j’ai un acide sulfurique bleu. Eh bien,un acide sulfurique bleu plus un acide sulfurique jaune, j’ai bien un double acide vert qui est le « lionvert » qui me permettra de travailler mon métal.

Donc j’ai bien une formule chimique qui est marquée ici, qui ne pouvait être comprise que parceux… qui cherchaient, en tout cas, qui avaient ces clés.

Alors ensuite vous avez Saint-Étienne-du-Mont, où vous avez 12 vitraux alchimiques, qui sont dansla sacristie. Alors c’est très intéressant d’aller voir là-bas, parce que vous avez le nez dessus. Ils nesont pas dans l’église même mais derrière, et un certain nombre de choses sont très intéressantes. Parexemple, vous avez un vitrail sur lequel vous avez une arche de Noé, mais dedans vous avez unelicorne… Donc une licorne dans une arche de Noé, ça doit bien vouloir dire quelque chose, parcequ’on nous dit dans les textes que la licorne a raté le coche et c’est pour ça qu’il n’y en a plusaujourd’hui.

Donc il y a ces lieux-là. Vous avez Saint-Gervais-Saint-Protais, derrière la mairie de Paris où vousavez toutes les Miséricordes qui sont alchimiques.

Donc voilà des clés qui sont, par exemple, données ; je ne peux pas tout décrire ici mais il y en ades foules et des foules.

ALEX – Il y a aussi le chameau.

P. BURENSTEINAS – Ah, le chameau, c’est intéressant. Alors ça, on le trouve au vitrail à la roue Ouest deNotre-Dame, et on se pose la question : mais que vient faire ce chameau à l’intérieur d’une église ?

Alors il faut savoir qu’en alchimie, un ballon fermé, ça s’appelle un vaisseau. Eh bien, à certainesopérations on va avoir besoin d’un vaisseau, c’est-à-dire un ballon fermé, mais pas en n’importequelle matière. Alors ça tombe bien parce que le chameau, c’est un « vaisseau de terre ». Donc çanous indique : tu utiliseras à ce moment-là un vaisseau en terre, que tu fermeras hermétiquement.Quand je dis « hermétiquement », là, c’est à l’air. Mais en alchimie, quand on dit un texte« hermétique », ce n’est pas « à l’air » mais c’est sous le sceau d’Hermès.

ALEX – Mais pourquoi avoir laissé ces formules et ses traces sur des vitraux, dans des églises ? Quelest l’intérêt ?

P. BURENSTEINAS – Ben, je pense que l’intérêt c’est qu’il y a une transmission, c’est-à-dire que cetteconnaissance, eh bien, elle est un peu comme un serpent de mer, c’est-à-dire qu’elle sort le museau detemps en temps, elle transmet un certain nombre de choses, puis quand c’est un petit peu trop troubléelle se replonge, elle ressort. Donc je pense qu’on a voulu laisser des traces, qu’on a voulu laisser auxcherchants des possibilités de profiter du savoir, et là du savoir des anciens, et éventuellement d’enfaire de la connaissance. Et je pense que si on l’a mis sur ces lieux-là, c’est parce qu’on pensait à lapérennité des lieux. Il y avait plus de chance qu’une église reste en permanence que n’importe quelautre bâtiment.

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ALEX – A travers l’église catholique – est-ce la seule religion qui recèle des traces de formulesalchimiques, ou est-ce qu’on peut retrouver ça un peu partout ?

P. BURENSTEINAS – Évidemment non, bien sûr, c’est même moins dans les religions que dans autre chose,parce que c’est une voie de liberté. C’est-à-dire qu’on dit à chacun : vous n’avez pas besoind’intercesseur entre les hommes et les dieux, et vous êtes capables vous-même de trouver l’unité. Çava un peu à l’encontre d’une idée de religion, qui va dire : point de salut en dehors de nous ! Donc ilfaut savoir qu’il y a des religieux, ou plutôt des hommes d’Église qui ont fait de l’alchimie. Je pense àBasile Valentin dont on n’a pas parlé, je pense à Arnaud de Villeneuve dont on n’a pas parlé – quiétaient des hommes d’Église –, je pense à Bernard de Clairvaux devenu saint Bernard, Thomasd’Aquin… Enfin, un certain nombre d’individus. Et eux, ils disaient que « Dieu est dans chaquechose, donc on va vous le montrer ». Et là, il y avait une bonne intelligence, parce qu’on n’essayait deconvaincre personne. Et puis un jour l’Inquisition décide de dire : Voilà, Dieu a mis des secrets dansla matière, ce n’est pas à l’homme d’aller y voir. Et à partir de ce moment-là, il y a un pouvoir qui semet en place, et à partir de ce moment-là on ne va pas laisser les gens aller chercher eux-mêmes,sinon on perd un peu notre bifteck.

Et alors d’autres religions ont, bien sûr, d’autres cultures en tout cas – je préfère dire d’autrescultures que d’autres religions – ont bien sûr utilisé (l’alchimie) et on va trouver des formules, on vatrouver des hiéroglyphes par exemple qui vont nous donner des modes d’emploi, des tablettessumériennes qui vont nous donner des modes d’emploi, des contes soufis qui vont nous donner desmodes d’emploi. Je veux dire que dans toute religion, derrière, il y a une voie ésotérique, etparadoxalement, la plus connue, c’est l’exotérique, et c’est celle où on essaie de conduire tout lemonde. Et c’est quand même paradoxal de dire « on cherche Dieu, on cherche le principe initial, maischacun de son côté. Et nous on est les seuls à voir l’unité, et pas vous ». Et vous remarquerez quemême dans la chrétienté, qui est une religion pourtant monothéiste, eh bien, on parle toujours du« Bon Dieu »13, ce qui veut dire qu’on reconnaît au moins implicitement qu’il y en a un mauvais.

ALEX – Alors que pour vous il n’y a ni bien ni mal, vous nous l’avez dit au tout début, il y a juste unemanière de diriger l’énergie. C’est bien ça ?

P. BURENSTEINAS – Tout à fait !

ALEX – A part Nicolas Flamel, vous nous avez cité d’autres noms. Raymond Lulle, Paracelse – quelsseraient selon vous, et là je vais vous laisser définir, les personnages qui auraient marqué l’alchimie ?

P. BURENSTEINAS – Oh je dirais : il y a les personnages publics et les personnages privés. C’est-à-direqu’il y a des personnages qui touchent un peu le fantasme de chacun. Et on parlait de Nicolas Flamelparce qu’en plus il a laissé – il aurait laissé un texte qui est le Mutus Liber et qui est une manière defaire l’Œuvre rien qu’avec des images, donc ça a touché évidemment un petit peu tout le monde.

Mais je pense que les alchimistes qui ont vraiment travaillé, qui ont vraiment trouvé quelque chose,ils sont discrets. C’est-à-dire qu’on n’en entend pas parler. Et il y en a qui ont laissé des vraies clés.Par exemple, Basile Valentin14… D’ailleurs c’est un peu comme Shakespeare, on ne sait pas s’il aexisté, mais par contre il a laissé quelque chose – il a laissé dans la « langue des oiseaux » le nom dela matière première. Et ce qui est assez intéressant. Donc pour moi, Basile Valentin, c’est quelqu'unqui peut être important. Alors la clé qu’il a donné, que je peux vous révéler, si vous voulez, c’esteuh… Il travaille sur les plantes, et dans un premier temps il va extraire le principe vivant de laplante. C’est le troisième principe qu’on va retrouver en alchimie, qu’on appelle l’« esprit », lemercure. C’est la partie la plus volatile d’un corps, donc la partie la plus volatile du corps qu’il avaittrouvé en travaillant sur les plantes, eh bien, c’était l’alcool. D’ailleurs, on appelle toujours çaaujourd'hui un « spiritueux », c’est sans doute que le spiritus est à l’intérieur. Ça ne veut pas dire qu’ilfaut boire de l’alcool pour devenir spirituel, mais ça veut dire que c’était la partie la plus volatile d’un13 Ce « Bon Dieu », ce n’est pas le bon dieu opposé aux mauvais, ni le vrai dieu aux faux dieux, c’est un « dieu bon », c’estune référence à un de ses attributs qui est la bonté. Y voir un autre sens, c’est s’égarer. 14 Le mythique Basile Valentin était supposé être un disciple de Paracelse (1493-1541). C’est Paracelse qui est l’introducteurdu mot « alcool » dans son sens moderne (« toute substance pulvérisée ou raffinée », d’où « liquide distillé ») en Occident.

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végétal. Et il appelle ça l’alcool, et on peut se poser la question de savoir : mais pourquoi il appelle çal’alcool ? Ça n’a aucune étymologie particulière. Eh bien, dans le mot alcool, il cache le nom de lamatière première. Comment il fait ? Lui, la matière première, il sait ce que c‘est, en tout cas pour lesoccidentaux, et il sait où on la trouve – on la trouve plutôt en Afrique du Nord. Et en Afrique duNord, ce métal, on ne l’utilise pas comment métal, on le broie, on le réduit en poudre, on le grille aufour, ça fait une poudre noire et on se décore les yeux avec. C’est le khôl. Et lui, il dit le « khôl deDieu », al-khôl [al, ne signifie pas « Dieu », al est un article]. Eh bien, le khôl, c’est fait avec del’antimoine15. Donc, à travers le nom « alcool », il donne le nom de la matière première.

ALEX – C’est très gentil de m’amener vers la matière première. On avait une personne sur cetteantenne, il y a quelques années, Albert Cau, alchimiste que vous connaissez sûrement : pour lui, lamatière première, c’est la pechblende.

P. BURENSTEINAS – Oui, encore une fois, bon, chacun suit sa voie, c’est-à-dire…

ALEX – Mais est-ce qu’on peut dire – justement, ça m’amène à cette question – que cette matièrepremière est différente pour chacun ?

P. BURENSTEINAS – Il faut savoir quel est le but, c’est-à-dire à quoi ça sert. On sait que pour faire lapierre philosophale, il va falloir prendre un corps purifiable. A la limite, on pourrait partir d’unboulon ou d’une charentaise, puisque finalement notre création, c’est un peu comme un arbre, etchaque chose manifestée est comme une feuille de l’arbre. Par conséquent, toutes les feuillesconduisent au tronc, quelle que soit la feuille, sauf que pour nous, individus, humains, opératifs, il y ades choses plus faciles à faire que d’autres. Ou en tout cas qui nous semblent plus faciles, c’estpeut-être un système de croyances mais peu importe, on reste à l’intérieur. Et il se trouve que, parexpérience, eh bien, il y a des matières qui ressortent plus que d’autres. Mais peut-être qu’on n’a pasessayé avec d’autres.

Et il se trouve que tous ceux qui sont arrivés à quelque chose sont toujours partis de deux matièresparticulières, et aucune autre.

Les Occidentaux partent plutôt de l’antimoine, et les Orientaux partent plutôt du sulfure de mercure,c’est-à-dire la voie du cinabre.

Alors pourquoi on parle de la pechblende ? Eh bien, on a imaginé que la radioactivité était unemanière de transmuter les choses – et c’est vrai, puisque les transmutations radiochimiques, eh bien,c’est quelque chose qui existe naturellement.

Donc, personnellement, je ne pense pas qu’on puisse partir de la pechblende pour arriver à quelquechose, mais encore une fois ça n’engage que moi. Je pense qu’on part soit de l’antimoine, soit ducinabre.

ALEX – Est-ce qu’il y a des réunions, des rencontres pour échanger des connaissances, ou est-ce quec’est vraiment un chemin spirituel individuel basé sur quelques écrits qui vous dirigent ?

P. BURENSTEINAS – Oui, c’est plutôt ça. C’est-à-dire que, comme toutes les quêtes, les quêtes,normalement, elles sont solitaires, c’est-à-dire que le chemin, on le fait tout seul. Ça ne veut pas direqu’on n’associe pas temporairement des destins individuels. Alors eh bien, personne n’a la scienceinfuse, hein, on est ravi de rencontrer des gens qui ont fait le chemin avant nous, mais par définition,l’expérience est intransmissible. Donc on peut écouter, on peut entendre un certain nombre de chosesmais c’est nous qui en finalité ferons l’expérience.

ALEX – Nous sommes dans le côté pratique, là, des choses, et je vais prendre appui sur l’une de vosnouvelles où l’alchimiste, avant d’avoir un disciple, ressemble à un médecin de campagne, à unmédecin de village. Il prépare des potions contre l’impuissance, contre les rhumatismes, toutes sortesde choses… Les deux sont liés intimement ? Et quelle est la différence entre notre médecine actuelleet cette ancienne médecine ?

15 Plus précisément, du minerai d’antimoine ou stibine, qui est un sulfure d’antimoine (Sb2S3, sesquisulfure).

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P. BURENSTEINAS – Alors les deux étaient bien sûr intimement liés, c’est-à-dire que, souvent,l’alchimiste, l’apothicaire, l’astrologue, c’était le même. Donc, immanquablement, comme ilcherchait les secrets de la matière, eh bien il cherchait aussi la manière de guérir, car guérir c’est aussirassembler, et le but du jeu étant d’être dans chaque chose et que chaque chose soit en nous, onconsidère que les autres c’est nous-même, donc si les autres vont bien, on va bien aussi. Donc lalogique du côté curatif peut s’entendre.

Après, on peut se poser la question de la maladie. Qu’est-ce que c’est qu’une maladie ? Peut-êtrequ’une maladie, c’est un individu qui n’est pas « aligné ». C’est-à-dire on peut imaginer que notrecorps est comme une structure cristalline et que l’énergie essaie de circuler à l’intérieur, et que plus ilfait résistance au passage de l’énergie, plus il est malade. Quand vous prenez un fil électrique et quevous essayez de faire passer du courant dedans, s’il fait résistance, ça chauffe, et puis si ça ne suffitpas, ça fond. C’est peut-être ça, une maladie. Et peut-être qu’un médicament est une manière deréaligner, de permettre le passage de la lumière, de l’énergie à l’intérieur d’un corps, sans résistance.Et là on voit que, finalement, la quête qu’est le côté curatif, eh bien, on tombe exactement dedans,c’est exactement la même chose.

ALEX – C’est-à-dire plutôt que de fournir un produit qui va soigner les symptômes, il va permettre aucorps de pratiquer cette ouverture qui ira vers la guérison.

P. BURENSTEINAS – Tout à fait. On essaie de guérir, pas de soigner. C’est-à-dire de donner la possibilité àla personne, effectivement, de trouver ce « réalignement ».

D’ailleurs, encore une fois, c’est peut-être pour ça qu’on parle de « droit chemin ». Peut-être que ledroit chemin, la manière de rendre droit, c’est la clé. D’ailleurs, il y a une phrase, en alchimie, onparle du vitriol et on imagine toujours que c’est l’huile de verre de l’acide sulfurique – pas du tout,c’est les initiales d’une phrase qui nous donne la clé de travail. Ça veut dire visita interiora terraerectificandoc invini occultum lapidem. Qui veut dire : visite l’intérieur de la terre et en rectifiant tutrouveras la pierre occulte. Ce qui veut dire « visite l’intérieur de toi-même et en te rendant droit tutrouveras la pierre cachée ». Et on rajoute derrière le -um – vitriolum –, qui veut dire, derrière,universel medicalis. Donc finalement, le fait d’être droit, le fait d’être aligné – alors nous on en a faitune valeur morale, hein –, c’est peut–être pas ça, c’est peut-être seulement une valeur « mécanique »,si je puis dire, qui fait que si je réussis à m’aligner, ou si je réussis à aligner un patient, alors peut-êtreque, eh bien, il ne sera plus malade.

ALEX – Et puis il faut aussi rester humble. C’est très important pour un alchimiste, rester humbledevant l’ampleur du travail – c’est ce qu’on peut encore trouver dans cette nouvelle : cet escalier quidescend, pour lequel on est obligé de se baisser, dont on ne peut pas se souvenir des marches…

P. BURENSTEINAS – Oui, tout à fait. J’ai du mal à dire ça, puisque la modestie est la seule qualité dont onne peut pas se vanter. Donc j’ai un peu du mal à parler de ça ! Mais la clé, c’est de se dire : on estdans chaque chose et chaque chose est en nous. Donc la nature… moi, je suis très fractionné, je suisun individu par rapport à l’univers, donc je ne peux être qu’humble devant l’immensité de sa nature,mais aussi prendre conscience de ma réalité et de mon importance. C’est pas non plus de laflagellation, en disant : « Moi, petit vaisseau perdu dans l’univers ». Non, je suis aussi essentiel. Et onpeut dire aussi, c’est peut-être un peu vaniteux, mais intéressant en tout cas pour moi : la différenceentre le profane et l’initié, c’est que le profane imagine qu’il est un petit point perdu dans l’univers,alors que l’initié sait que l’univers est un petit point perdu dans lui.

ALEX – Y a-t-il encore un autre personnage qui vous parait important dans l’histoire de l’alchimie ?

P. BURENSTEINAS – Oh, il y a Fulcanelli qui y est, parce que surtout il est proche de nous et ça sembleêtre celui qui a réussi un certain nombre de choses. Il est peu probable qu’il ait vraiment existé, il estpeu probable… Le plus probable, c’est que ce soit un collectif, finalement, et que ce soit Dujols16, qui16 « On ne sait rien de l’auteur qui signait «Fulcanelli», mais Le Mystère des cathédrales (Paris, 1926) et Les Demeuresphilosophales et le symbolisme hermétique dans ses rapports avec l’art sacré et l’ésotérisme du grand œuvre (Paris, 1930),parus entre les deux guerres mondiales, s’imposèrent d’emblée à l’attention des curieux d’alchimie ainsi que des historiensde l’art. Son nom hermétique, qui semble une combinaison de «Vulcain» et d’«Élie», ne permet pas de l’identifier. Le secret

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était un alchimiste contemporain, qui ait vraiment fait les choses. Parce qu’il était proche de Canselietaussi. Mais ça, encore une fois, qu’est-ce qui est le plus beau, finalement ? Est-ce la vérité dupersonnage ou est-ce l’ambiance, le mystère qu’il fait planer autour de nous ?

Mais il y a deux alchimistes qui sont intéressantes – parce qu’on parle toujours de l’alchimie aumasculin, eh bien, c’est faux : il y a des femmes qui travaillent aussi l’alchimie, et il y en a une,ancienne, qui travaillait sur les plantes, et elle en avait assez que ses préparations brûlent tout letemps. Alors elle a trouvé un moyen : elle a pris un bac qu’elle a rempli d’eau, elle a mis ses ballons àl’intérieur et elle s’est rendu compte que quand on chauffait l’eau, quelle que soit la température dufeu, eh bien, l’eau restait toujours (à la même température). Elle s’appelait Marie la Juive, et elle ainventé le bain-marie.

Je pense à Hildegarde, Hildegarde von Bingen qui a fait des traités sur les plantes et qui est une desseules femmes qui a laissé de la musique.

Donc c’est une voie indifféremment ouverte, et en dehors des alchimistes très connus, eh bien, il y aquelques alchimistes qui sont ouverts. Et ce qui est très intéressant c’est qu’on s’affranchit de toutereligion, de toute culture, de toute croyance. De tout temps, les alchimistes juifs ont donnés leurssecrets aux alchimistes arabes qui ont eux-mêmes donné leurs secrets à des chrétiens sans aucunproblème. La question ne se pose pas, donc, par là même, en dehors des individus, qui sont précieuxparce que ça fait jouer notre imaginaire, il y a une quête beaucoup plus profonde qui s’affranchit del’individu et qui est une quête, pour moi, de rassemblement au-delà de toutes les différences.

ALEX – Il y a des personnages dont on parle énormément et dont on a l’impression qu’ils ont marquéleur époque. Léonard de Vinci en ferait partie ?

P. BURENSTEINAS – Oh, alors il est assez probable. Ce qu’il faut savoir, c’est qu’à cette période-là, il y aeu un creuset, c’est-à-dire qu’il y a vraiment eu quelque chose sous la fin de François Ier. François Ier

qui avait une peur bleue des alchimistes, d’ailleurs, parce que quand il était jeune, il a pris une bûcheenflammée dans la figure et il l’a prise sur le côté du visage. C’est d’ailleurs pour ça qu’il portait unebarbe, ce qui n’était pas du tout à la mode à l’époque. Et comme il n’a pas été tué par le feu, il a priscomme emblème la salamandre, qui est quand même un emblème des alchimistes – et la salamandrecouronnée, ça veut dire celui qui est capable de maîtriser le feu. Et à cette période-là, beaucoupd’alchimistes ou beaucoup de cherchants se sont rencontrés – alors un peu après, surtout sous Henri IIet Diane de Poitiers, bien sûr, qui est un « couple alchimique » –, où ils ont travaillé – je pense à latapisserie la Dame à la Licorne où le plus probable, c’est que ce soit Diane de Poitiers qui soit dessus–, et pour l’alchimiste ça a toujours été une clé, parce qu’il n’entend pas « Diane de Poitiers », lui, ilentend « Diane de poids tiers » : le tiers du poids de Diane. Et Diane, c’est la Lune, et la Lune ça a unrapport avec les métaux : c’est l’argent. Donc on nous dit : « Tu utiliseras le tiers du poids d’argent ».Donc dans le nom même du personnage, on va avoir des clés de travail.

Mais je pense bien sûr à Paracelse, mais je pense bien sûr à Rabelais. Alors Léonard de Vinci,c’était vers la fin de sa vie, mais ils se sont rencontrés, forcément, puisqu’il est allé à la Cour deFrançois Ier. Et Rabelais, lui, il le met dans ses textes, hein. Il parle d’alchimie, textuellement, et ilutilise la langue des oiseaux, c’est-à-dire que page 4 de son Premier Livre – il en a écrit cinq dont unapocryphe, le dernier –, il dit : « Seul celui qui connaît la langue des oiseaux pourra comprendre mes

est resté bien gardé. Dans Le Matin des magiciens, Jacques Bergier prétend l’avoir connu — il aurait été ingénieur à laCompagnie du gaz. On l’identifie souvent à Jean Julien Champagne, mort en 1939 et illustrateur de l’édition originale;parfois à Rosny aîné ou encore au libraire Dujols. D’autres identifications plus fantaisistes, et redonnant corps au mythe deNicolas Flamel, regardent Fulcanelli comme un adepte immortel et plusieurs fois centenaire. Son principal disciple, EugèneCanseliet « Quand Sel y est », alchimiste connu du grand public et auteur de plusieurs ouvrages, affirme avoir fréquentélongtemps Fulcanelli, qui aurait trouvé la pierre philosophale et l’immortalité, mais il se refusait à toute information précise.Tous deux se réclamant d’une mystérieuse société secrète, la Fraternité d’Héliopolis, dont les origines remonteraient àl’Égypte du début de l’ère chrétienne. Autre grand hermétiste français, Claude d’Ygé (1912-1964) fut disciple de Canselietet, partant, de Fulcanelli.Les affirmations de ce mystérieux personnage sont intéressantes. Il a voulu montrer d’abord que les chefs-d’œuvre de l’artgothique doivent être interprétés essentiellement comme l’expression d’une pensée alchimique, et que des adeptessupervisèrent directement ces travaux. S’il semble difficile d’admettre toutes les propositions de l’auteur, celui-ci a eu aumoins le mérite d’attirer l’attention de nos contemporains sur un aspect trop négligé de l’art médiéval. »

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textes. Et comme l’apothicaire, au lieu de regarder la boite, ouvre-la pour trouver ce qu’il y a àl’intérieur ; et comme le chien, casse l’os pour en trouver la substantifique moelle ».

ALEX – Alors arrêtons-nous sur cette langue des oiseaux, sur cette langue des serpents. C’estquoi exactement ?

P. BURENSTEINAS – Alors la langue des oiseaux, c’est la manière que les alchimistes ont de se transmettreles secrets de fabrication. Alors il y a trois manières d’entendre cette langue des oiseaux. La premièremanière, c’est le jeu de mots. C’est, par exemple vous portez une paire de lunettes, eh bien on peutentendre « lu net ». C’est bien ce à quoi sert l’objet. Donc à travers ces jeux de mots – simples, çac’est la première manière –, on peut par exemple refaire la création. On peut dire : « Un jour, l’êtrehumain » – on va entendre « un jour l’être eu – verbe avoir – des mains ». On le voit arriver. Et « deboue » il est devenu « debout » – là, on le voit se lever. Et là, on commence notre quête. Cet hommedebout, il va commencer à être un « apprenti-sage », et pour ce faire il va faire trois « pas-sages », etbien sûr quand il aura fait ses trois passages, il pourra « tré-passer ». Donc voyez, je n’utilise que lesmots, mais finalement ça nous donne un certain nombre de quêtes. On sait déjà qu’il va falloir utilisertrois étapes à l’intérieur de notre art. Alors pourquoi trois étapes ? Parce qu’on parle autour de nousde la matière, et quand je parle de la matière, j’entends « l’âme a tiers », et si l’âme « a tiers », et bien,il y a deux tiers d’autre chose.

Donc… On avait l’or tout à l’heure. Avec le mot « or », par exemple, de l’alchimiste, je vais trouverun secret. L’or, on l’a vu tout à l’heure, c’est peut-être l’eau (O) qu’on est allé chercher dans l’air (R).Mais cet or je vais aller le chercher quand ? Mais à l’or-or (à l’aurore) bien sûr. Et à quel endroit ?Mais du côté de l’« or-riant », pas ou c’est « occis-dans ». Donc je sais quoi aller chercher – c’estl’eau qui est dans l’air –, je sais quand – le matin, à l’aurore –, et je sais où – tourné vers l’Est,l’Orient.

ALEX – N’y a-t-il pas le danger d’une interprétation différente pour chacun, un peu comme ceux quiétudient les Quatrains, par exemple ?

P. BURENSTEINAS – Si, on pourrait, mais bien qu’il y ait des choses très précises, et c’est pour ça quec’est souvent corroboré avec des dessins, avec des gravures ou avec d’autres textes. Quand je parlaistout à l’heure de Diane de Poitiers, j’ai dit « Diane de poids tiers », eh bien, si vous regardez latapisserie, vous verrez que son drapeau, son écu, c’est une bande bleue avec trois croissants de lune.Donc on retrouve le tiers du point d’argent.

Sinon, bien sûr, on pourrait aller à toutes les élucubrations. Mais il y des choses qui marchent quandmême pas mal. Je pense par exemple à ceux qui possèdent la langue des oiseaux, évidemment lesEnchanteurs, c’est la moindre des choses. Eh bien, Merlin, par exemple, Merlin, lui, il garde lepassage entre l’or-riant et l’occis-dans. Et pour les Bretons, ou on est occident, c’est-à-dire versl’Ouest – on dit encore aujourd'hui, quand on demande à un vieux Breton « Comment tu vas ? » etqu’il dit « Je rame vers l’Ouest », c’est qu’il ne va pas bien. Et on le dit encore aujourd’hui, dansnotre langage courant, quand on dit à quelqu'un « Comment tu vas ? », il dit « Je suis à l’Ouest », onpourrait se poser la question. C’est parce qu’on est « occis-dans ». Et notre Merlin, lui, qui est àl’endroit où il garde le passage, donc au Finistère (à l’endroit où la terre se finit), eh bien, il va faire lepassage d’un monde à l’autre. Et pour faire le passage d’un monde à l’autre, il va utiliser son marteau,et pour ça il a besoin de deux clés. Et les clés, on les a sur nous ces clés – celle de l’Orient et celle del’Occident, petites clés, clavicules. Et donc avoir des clavicules, c’est avoir des petites clés. Doncpour ouvrir les portes, il va utiliser son marteau, et grâce à son marteau il va casser ces petites clés, uncôté, l’autre côté, et ensuite il va « effronter » pour faire passer d’un monde à l’autre, et c’est parexemple l’adoubement des Chevaliers.

Et remarquez que son marteau existe toujours aujourd'hui et s’appelle toujours un « merlin ».17

Donc on va avoir des clés qui vont mélanger les cultures, et des mélanges de langues, aussi. Parceque là je vous l’ai fait en français, mais il est évident que la question qu’on pourrait se poser, ondirait : « Ben, c’est facile ce qu’il nous dit, mais on peut prouver que ça marche dans des tas d’autres

17 Ce n’est pas n’importe quel marteau, c’est un marteau à long manche utilisé pour assommer les animaux avant l’abattage.Et c’est aussi une sorte de hache à fendre le bois.

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langues ». Ben oui, ça marche dans toutes les langues, mais pas en transposition directe. Je ne vais pasprendre le même mot dans une autre langue.

Donc la langue des oiseaux est quelque chose d’essentiel, de très important, en tout cas à ce premierniveau.

Le second niveau, c’est ce que je vous ai dit tout à l’heure. C’est-à-dire il y a un jeu de mots, et il aune clé. C’est l’alcool, qui cache le khôl – à l’intérieur.

Et enfin, la troisième partie, qui est vraiment intéressante, c’est lettre par lettre. Chaque lettre a unsens, et la manière dont chaque lettre s’articule avec sa voisine donne d’autres clés.

Alors par exemple il y a une lettre par élément : le F pour le Feu, le O pour l’Eau (on l’entend), le Rpour l’Air (on l’entend), et le T pour la Terre. Eh bien, par les quatre éléments, par le Feu, l’Eau,l’Air et la Terre, vous êtes « fort » (F.O.R.T.). Par contre, si vous avez commencé à faire quelquechose mais que vous ne l’avez pas réalisé, c’est-à-dire vous ne l’avez pas mis dans le réel, vous retirezle T de la Terre et vous travaillez dans votre « for » intérieur ( F.O.R.).

D. DE PLAIGE – Ici & Maintenant!, 95.2, émission spéciale consacrée à l’alchimie, à l’enseignement del’alchimie aujourd'hui, avec Patrick Burensteinas auteur du Disciple, d’une part, de la Trame d’autrepart, chez le Mercure Dauphinois, et on abordera un petit peu plus tard la partie, disons, pratiquemédicale, le bien-être de ses contemporains dans une méthode que notre invité a mis au point.

Continuons dans la foulée de ce que vous venez de dire juste avant la pause musicale, Patrick. C’estque, en fait, tout est évident sous nos yeux, les signes sont à tous les carrefours, à chaque moment, àchaque « ici et maintenant » de notre vie, seulement tout le monde n’a pas les oreilles pour entendre.

P. BURENSTEINAS – Sans aucun doute, mais tout le monde n’a pas le même chemin à suivre. C’est-à-direque la voie, justement, on ne peut pas traîner quelqu'un sur une voie, de force. Par conséquent, si toutest là, si on présente un certain nombre de choses, on a coutume de dire, eh bien, « quand l’élève estprêt, le maître apparaît ». Eh bien, je pense que c’est un petit peu ça. C’est-à-dire que la quête, si elleest saupoudrée18 comme ça un petit peu partout, ce n’est pas dans un souci de dire « c’est un élitisme,et on ne va permettre qu’à quelques savants de pouvoir atteindre cette connaissance », mais je pensequ’au contraire, c’est ceux qui sont capables de se dépouiller du superficiel, qui sont capables detomber sur l’essentiel. Je pense que tous ceux qui ont trouvé quelque chose, c’est des gens qui étaientsimples, c’est des gens qui sont allés effectivement à cet essentiel et qui ne se sont pas posé laquestion du pourquoi et du comment des choses.

D. DE PLAIGE – Oui, mais alors il y a ce paradoxe dans ésotérisme, donc « caché » et pourtant on nenous cache rien, tout est là sous nos yeux pour qui sait les voir.

P. BURENSTEINAS – Mais je pense que le paradoxe, il est uniquement chez nous. C’est-à-dire que toutesles choses sont là ; il y a plus de magie dans un brin d’herbe qui pousse que dans tous les bouquinsqu’on pourra lire. C’est autour de nous, mais est-ce que nous prenons le temps de nous arrêter et deregarder seulement autour de nous ? Sans se poser la question de la motivation, sans se poser laquestion « Est-ce que l’univers prémédite un certain nombre de choses ? ». Nous, on fonctionnecomme ça, et je pense que c’est un petit peu notre problème, c’est qu’on a la notion du temps quipasse – on a un esprit « chrono-logique », la logique du temps. Et le problème c’est : ce qu’oncherche, nous, c’est l’unité, c’est-à-dire c’est la perception de l’unité – comment voulez-vouspercevoir l’unité avec un outil qui fractionne ? Ce n’est pas possible. Donc à un moment il va falloirqu’on cesse de fonctionner comme on a l’habitude de le faire. Et évidemment, c’est difficile pournous parce qu’on a toujours fonctionné comme ça, et ça nous semble rassurant. La quête aussi, et lapremière question qu’on pourrait poser à quelqu'un qui veut suivre une quête – je ne parle pas dequelqu'un qui fait de l’ésotérisme pour améliorer sa vie quotidienne, ça c’est ce que j’aime bienappeler « les matérialistes de la spiritualité ». C’est-à-dire que, moi, je vais suivre un stage de quelquechose parce que j’ai mal au pied, après je vais suivre un stage d’autre chose parce que je ne suis pas

18 On trouve le chlorure de sodium, NaCl, dans le mot saupoudrer, « poudrer de sel »

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bien dans ma maison… Mais en aucun cas ça ne me fait avancer, moi. Ça m’enferme au contrairedans un système. C’est-à-dire si je sors d’un système qui ne me convient pas pour rentrer dans unautre système magico-lyrique, eh bien, c’est exactement la même chose, ce n’était pas la peine desortir d’un système pour rentrer dans un autre.

D. DE PLAIGE – Mais il y a aussi « le matérialisme spirituel » chez, par exemple, Chogyam Trungpa, àsavoir que « voyez comme je progresse », c’est-à-dire la récupération par l’ego de chaque parcelled’avancement.

P. BURENSTEINAS – Tout à fait. Bien sûr, c’est évident. Donc je pense qu’à un moment, et c’est laquestion qu’on doit se poser ou qu’on doit éventuellement poser à quelqu'un qui veut suivre unequête, c’est : qu’est-ce qu’il est prêt à perdre ? Et la réponse ça va être : tout. C’est-à-dire qu’on parledans d’autres doctrines de détachement, ça veut dire que si on veut suivre une quête, finalement on nedoit pas avoir de désirs.

Alors ça veut dire quoi ? On va dire « Ça y est, il nous fait le coup de l’ascétisme, et on va mangertrois carottes et puis on va prier vingt-cinq heures par jour ».

D. DE PLAIGE – Encore que trois carottes, c’est beaucoup !

P. BURENSTEINAS – Oui. Voyez, comme quoi… Là, j’étais déjà dans les excès ! Ne pas avoir de désirs, çaveut dire que je prends tout ce qui passe, ça ne veut pas dire que je ne prends pas ce qu’il y a autourde moi. Un désir, ça veut dire que je concentre toute mon énergie vers quelque chose d’hypothétique,et par conséquent je me prive de tout le reste. C’est-à-dire que si je n’ai pas la chose que j’ai désirée,ça y est, ma vie est ratée, c’est foutu, et je regretterai toute ma vie cette chose-là. Par contre, si je nedésire rien et que je prends tout ce qui passe, c’est-à-dire ça revient à la proposition de tout à l’heurequi disait « Vivons la perfection du moment présent ». Ce qui ne nous empêche pas, bien sûr, d’avoirdes projets, ce qui ne nous empêche pas bien sûr d’agir. Parce que « ne pas avoir de désirs », dans cesens-là, ça ne veut pas dire non plus que je m’assois puis que j’attends que ça vienne. On a unmouvement, il se passe quelque chose, on suit l’air du temps, quand même. Mais on n’est pas braquévers quelque chose, et quand quelque chose nous dépasse, on est capable de le lâcher. Ça veut direqu’on doit être ravi de ce monde, et ce monde est une merveille, on goutte chaque chose : c’estmerveilleux de respirer, c’est merveilleux de voir des gens autour de soi, c’est… tout estincroyablement extraordinaire, autour de nous ! Mais on doit être capable de partir de chez soi enclaquant la porte sans l’ombre d’un regret.

D. DE PLAIGE – Hum hum…

P. BURENSTEINAS – Ça ne veut pas dire que c’est facile, hein.

D. DE PLAIGE – Claquer la porte, justement : traditionnellement, il y a toujours une porte, un seuil àfranchir, mais il semblerait que la clé soit déjà sur la porte…

P. BURENSTEINAS – Ah oui, bien sûr, la clé, on l’a. Je veux dire qu’on est les geôliers de notre propreserrure… de notre propre cellule, pardon ! J’étais resté sur la clé ! C’est nous qui sommes enfermés ;on peut dire qu’un homme libre est celui qui sait qu’il a des chaînes. Donc il va prendre conscienced’abord de ses chaînes, et puis ensuite, progressivement, en partant de lui-même – hein, toutes lesvoies vont commencer par nous, on n’est pas des gens qui disent « Ben moi, je vais aider les autres,comme ça moi je vais aller bien ». Ça, c’est un leurre, hein, c’est une parabole qui dit « quand unaveugle guide un aveugle, les deux tombent dans le trou ». On doit donc commencer par soi. Je nevais pas non plus abandonner mon monde, me réfugier dans un monde « spirituel » en abandonnantcette réalité-là, en me disant : « Ah ! ce monde-là, c’est affreux ! Moi, je suis au-dessus de ça ». Lànon plus ça ne marche pas. On est de la matière, on est de la viande. Donc à partir de là, c’est de làqu’il faut partir. Et c’est bien pour ça que travailler sur soi, c’est pas de l’égoïsme. Tout ramener sursoi, c’est de l’égoïsme. Donc toutes les quêtes vont passer par « Moi, j’abandonne tout ce qui me faitsouffrir, j’abandonne tout ce qui m’est désagréable et j’essaie de vivre le mieux possible dans un

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moment présent ». A ce moment-là, la porte n’existera même plus, parce que la porte, elle est plusdans ma tête que d’un point de vue physique.

D. DE PLAIGE – Il y a quand même un sacré paradoxe – de nombreux paradoxes dans cette aventure :c’est qu’il faut une once d’ego pour s’acheminer vers le non-ego.

P. BURENSTEINAS – On peut dire qu’au début, oui, c’est-à-dire que la première motivation qu’on va avoir,elle est forcément égotique, parce qu’on ne sait pas ce qu’on cherche. Et c’est une bonne nouvellequ’on ne sache pas ce qu’on cherche, parce que si on le savait, on ne pourrait trouver que ça. Etcomme ce n’est pas dans notre réalité ordinaire, eh bien, pour trouver, si je puis dire, la pierrephilosophale, il ne faut pas la chercher. Donc la motivation ne peut pas être celle de la philosophie.Ça peut être « Moi, je vais connaître des choses que les autres ne connaissent pas », ça peut être « Jevais trouver l’or », ça peut être « Je vais trouver l’immortalité ; je vais sortir de mon milieu, je vaissortir d’une vie qui me déplaît… ». Je pense que ça, c’est les premières motivations. Moi, ça a été lacuriosité, ça a été de se dire : « Ben voilà, moi j’ai travaillé dans un milieu standard, j’ai appris uncertain nombre de choses sur la matière. Et s’il y avait autre chose ? Peut-être qu’il y a un autreéclairage. Peut-être même pour le démonter, au début, pour dire « Qu’est-ce que c’est que ce fatras desuperstitions moyenâgeuses, et est-ce qu’il y a vraiment quelque chose ». Sauf que, quand je me suistourné vers ça, je suis tombé sur un vieux bouquin d’alchimie, et il y avait des expériences à faire. Etcomme moi je me suis dit « faut que je touche » – parce qu’on peut me raconter n’importe quoi, maisle plus important c’est quand même de vivre l’expérience soi-même –, eh bien, j’ai essayé, puis ils’est passé quelque chose. Et là, eh bien, j’ai été obligé d’en venir aux conclusions – de dire : eh bien,il y a autre chose. Et ça a été mon moteur. Et petit à petit j’ai cessé d’attendre; et quand j’ai cessécomplètement d’attendre, eh bien là j’ai commencé à trouver un certain nombre de choses –auxquelles, bien sûr, je ne m’attendais pas.

D. DE PLAIGE – Vous pouvez développer cette expérience, plus précisément, celle qui vous estparticulière et qui n’est pas forcément généralisable…

P. BURENSTEINAS – Non…

D. DE PLAIGE – C’était sur quel support ?

P. BURENSTEINAS – Oui, eh bien, c’était de travailler sur des métaux et des modes de cristallisation. Parexemple, un métal quand il cristallise, vous savez que, comme par hasard bien sûr, tous les minérauxqui sont sur terre, métaux y compris, cristallisent selon sept modes différents. Et ça, c’est quandmême intéressant, parce que souvent le sept a une valeur qui nous semble mystique et ésotérique – ehbien, on s’aperçoit que c’est une valeur physique, aussi.

Par exemple, pour faire tous les éléments qui sont sur terre – je ne parle pas des transuraniens, c’est-à-dire ceux qu’on a inventés depuis, mais de ceux qui existent – eh bien, il faut sept couchesd’électrons. C’est comme si, quelque part, eh bien, ce sept, il était quand même inscrit. Et parconséquent, quand un minéral cristallise d’une manière, je peux le fondre autant de fois que jeveux, quand je vais le recristalliser, eh bien, il cristallisera toujours de la même manière. Eh bien, ons’aperçoit qu’on peut modifier le mode de cristallisation.

Ça, ça n’existe pas, ça – pourtant, on peut le prouver. Alors quand j’ai vu cette expérience-là, ehbien c’est un peu étonnant.

D. DE PLAIGE – Et c’est expliqué par vos collègues ?

P. BURENSTEINAS – Ah non, c’est pas du tout expliqué, mais ça assez peu d’importance finalement. Ilfaut partir du principe qu’il y a beaucoup plus de choses qu’on ignore que de choses qu’on connaît.

Il y a un phénomène qui est assez intéressant, c’est que, même d’un point de vue à la fois physiqueet ésotérique… Vous prenez de l’eau – pure ; vous la mettez au congélateur, elle ne gèle pas. Bon. Çaveut dire que l’eau n’a même pas son message de cristallisation. Elle ne sait pas comment secristalliser.

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D. DE PLAIGE – Elle n’a pas l’information..

P. BURENSTEINAS – Non, elle ne sait pas. Pourtant on voit bien de la glace, donc sous certainesconditions, ça doit bien se cristalliser.

L’autre preuve qu’on peut donner, eh bien, il vous est bien arrivé de prendre l’avion – on a toujoursle pilote qui a un malin plaisir de dire « Dehors, il fait -50 °C, pourtant vous passez dans des nuages ».Ben, ce n’est pas possible ! Parce qu’à -50 °C, les nuages devraient être durs, hein ! Donc vous nedevriez pas passer dedans. Donc s’ils ne sont pas durs, ça veut dire que l’eau, même s’il fait -50 °C,elle ne sait pas se cristalliser.

D. DE PLAIGE – Hum hum…

P. BURENSTEINAS – Pourquoi ? Parce que c’est de l’eau très pure. Elle s’est évaporée – on appelle ça unphénomène de surfusion.

Maintenant, je prends cette eau que j’ai mise dans le congélateur, je la sors, je prends un de mescheveux, je le mets dedans. A la seconde où mon cheveu va toucher l’eau, elle va se prendre en glace.Parce que sur mes cheveux, il y a des poussières – des cristaux, donc –, donc l’eau va prendre le modede cristallisation, elle va dire « Ah ! c’est comme ça qu’on se cristallise ! ». Et là elle va devenir dure.Ce qui veut dire que l’information est capable de passer à l’intérieur de la matière.

Eh bien, ça, c’est quelque chose qui semble magique, qui semble être de la science-fiction, et quandon en parle, aujourd'hui – il y avait Benveniste qui avait essayé de faire ça un peu, il y a quelquesannées, sur l’histoire de la mémoire de l’eau –, eh bien, il est de question de penser à ce genre dechose, parce que c’est quasiment de la magie, ça n’est pas quantifiable…

D. DE PLAIGE – Oui, on a vu quelles difficultés il a eues dans le milieu scientifique actuel, totalementfermé, préférant ne pas savoir pour ne pas avoir à changer de paradigme.

P. BURENSTEINAS – Oui, mais c’est ça, c’est… Après c’est la règle d’investissement, c’est-à-dire quandj’investis de l’énergie dans un sens, eh bien, il va falloir que j’investisse au moins autant d’énergieaccumulée pour en sortir. Donc des gens qui ont travaillé toute leur vie dans un système, imaginez laquantité d’énergie que ça va leur demander ! On va leur dire : Vous savez, tout ce que vous avez fait,c’est des âneries, on va faire autre chose. C’est difficilement concevable.

D. DE PLAIGE – Non, il va falloir peut-être être patient et attendre qu’il disparaisse.

P. BURENSTEINAS – Ah, de la patience, sans doute. Je ne suis pas sûr qu’il partage votre enthousiasme.Mais bon, je pense qu’il faut aussi accepter qu’il y ait des gens qui suivent un chemin qui soit le leur,et puis finalement suivre le nôtre, dans le sens où la connaissance, quoi qu’il se passe, on le voit parexpérience – on parlait un peu de l’histoire de l’alchimie tout à l’heure : c’est une tradition qui existed’une manière ininterrompue depuis 7000 ans, c’est-à-dire 5000 ans avant notre ère. C’est-à-direqu’on a des traces écrites – 5000 ans –, ça ne veut pas dire que ce n’est pas antérieur, mais on ne saitrien. Mais on peut dire que s’il y a quelque chose qui perdure pendant 7000 ans, il doit bien y avoirquelque chose derrière. Malgré toutes le Inquisitions diverses et multiples, malgré toutes lescertitudes, malgré tous les gens qui maintenaient un pouvoir. Mais je pense que dans le milieuscientifique aujourd'hui, il y a des gens intelligents, il y a des gens ouverts et il y a des gens qui sontprêts à changer de point de vue, sans aucun doute. Comme dans le milieu ésotérique il y a des gensbornés, il y a des gens dogmatiques, il y a des gens qui refusent aussi toutes choses. Je pense que cen’est pas si simple que ça.

D. DE PLAIGE – Oui, Patrick Burensteinas, vous parliez il y a un instant de Jacques Benveniste, maisparlons aussi de Emoto, qui a découvert que tout un chacun peut s’amuser à geler de l’eau puisensuite avec un microscope puissant examiner les cristaux. Vous appréciez ses travaux, j’imagine, etpouvez-vous nous expliquer pourquoi les cristaux ne sont pas produits systématiquementrigoureusement selon un format standard mais évoluent selon l’environnement, la personne,l’opérateur, voire par exemple les images sur lesquelles l’eau a été reposée avant d’être gelée.

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P. BURENSTEINAS – Je pense que les cristaux ne font que matérialiser une information, donc tout ce quiva modifier cette information, tout ce qui va altérer cette information va jouer, bien sûr, sur lacomposition d’un cristal. Un cristal, pour qu’il soit pur, et là on rejoint finalement l’idée de la quête,il faut qu’il soit aligné, c’est-à-dire que toutes les mailles cristallines soient dans le même sens. Etc’est un peu cette histoire d’alignement, de quête de droit chemin, parce que la lumière ne peut passerdans un corps que s’il est parfaitement aligné. Donc si l’expérimentateur envoie une informationparfaitement cohérente, c’est-à-dire sans interférences, sans perturbations, eh bien, je pense que lecristal sera parfaitement cohérent. Il sera en tout cas symétrique, il sera pur, il sera aligné.Maintenant, si l’expérimentateur envoie une information très cohérente mais que le lieu est très agité,eh bien, je pense que le cristal sera la « collision » entre ces deux information. Si je prends la mêmecristallisation et que je mets un dessin, que je mets une forme, eh bien, les couleurs émettent uneénergie, c’est une évidence, on parle de couleurs chaudes et de couleurs froides, donc ça veut direqu’il y a bien des couleurs qui absorbent quelque chose et il y en a bien qui réfléchissent quelquechose. Par conséquent, si notre œil est sensible à ça – et c’est mesurable : si je fais unélectroencéphalogramme pendant que je regarde quelque chose, c’est bien de l’énergie que je vaisvoir – donc pourquoi cette énergie n’agirait pas sur un mode de cristallisation ?

D. DE PLAIGE – Pour la couleur, ça je comprends que ce soit pour vous facile de l’expliquer à un de voscollègues, mais pour la puissance d’un mot, c’est une autre affaire.

P. BURENSTEINAS – Mais si ! la puissance qu’un mot, c’est la vibration, c’est la même chose en fait, il deschanteurs qui font claquer des verres rien qu’en chantant, donc on a bien sûr ces fréquences.

D. DE PLAIGE – Certes, j’entends – mais d’un mot écrit ?

P. BURENSTEINAS – Mais même un mot écrit. Il n’y a pas de différence. Pour moi, l’univers… Je parlaisdu fil tout à l’heure, ça veut dire que tout est tissé avec le même fil. Il se trouve que la vague deperception est tellement vaste que mon organisme, ici humain, pour pouvoir percevoir toutes lesfréquences différentes de l’univers a besoin de « fenêtres » de perception différentes. Si la vibrationest une certaine fréquence, pour moi ce sera du toucher, si j’augmente un peu la fréquence ce sera del’ouïe, si j’augmente encore ce sera de la vision, du goût, mais c’est toujours la même chose. On peutdire – d’ailleurs, il y en a qui le disent –, des gens qui sont calés par exemple sur l’ouïe, ils vont« entendre » les couleurs.

D. DE PLAIGE – Exact.

P. BURENSTEINAS – Donc par conséquent… Et même un mot – vous regardez un mot, pour vous il est« chaud », il est « froid », il à une « tonalité »… Donc si votre intellect – et je dirais même pas votreintellect – c’est-à-dire que instinctivement, si vous, vous réagissez à un mot, à quelque chose.Pourquoi la matière ferait-elle pas la même chose ?

D. DE PLAIGE – Hum hum. Là, pour ce qui est de… d’entendre les couleurs, de voir les sons, là il s’agitd’un changement d’état, ce n’est plus par le mental, l’intellect, que ça fonctionne, il s’agit d’un étatd’être.

P. BURENSTEINAS – Mais raison de plus. Je pense que la matière est encore plus proche d’un état d’êtreque nous. Donc par conséquent, elle doit être beaucoup plus sensible, parce qu’il est peu probablequ’elle passe par autant d’interprétations de l’information.

D. DE PLAIGE – Hum.

P. BURENSTEINAS – D’autant plus que les minéraux ont une particularité, c’est qu’ils contiennentnaturellement une énergie qui circule à l’intérieur. Je prends un quartz, par exemple, si vous prenez cequartz-là et que vous le pressez comme un fruit, eh bien, vous allez récupérer de l’énergie. C’estl’effet piézo-électrique. Et dans l’autre sens, si vous donnez de l’énergie à un quartz, il va se mettre àvibrer. C’est comme ça que toutes les montres à quartz fonctionnent, par exemple. Mais ce qui veut

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dire que la matière elle-même va réagir à l’énergie ambiante. Donc si un mot lui apporte un peu plusd’énergie, eh bien, peut-être que ce cristal, lui, il va se mettre en colère, il va se mettre à vibrer.

Donc supposons que ce cristal soit en solution, que ce soit de l’eau – au moment où je vais lecristalliser, eh bien, on peut dire que le cristal – parce que l’eau, la glace, sera bien un cristal –, vapiéger une émotion, va piéger une atmosphère à un moment donné.

D. DE PLAIGE – Alors ouvrons une petite parenthèse sur les travaux d’Emoto pour ceux qui n’auraientpas suivi. Emoto a procédé de différentes manières. Par exemple, il disposait un flacon contenant unliquide de provenance choisie, identifiée, entre deux enceintes, deux haut-parleurs pour en fait luicommuniquer, passer le message de la musique, ou bien poser le flacon sur une photo ou bien sur unmot, tout simplement. Voilà comment il passe le message dans l’eau.

Benveniste est une autre affaire, mais en fait on en est, avec le phénomène de mémoire de l’eau, unpeu dans l’idée que l’on passe une information, et ensuite on peut retrouver dans l’eau, apparemmentet communément réputée inerte et capable d’effacer tout à mesure qu’elle reçoit – pas du tout, ellegarde, elle conserve le message, l’information donnée quel que soit le moyen de procéder. Fin de laparenthèse pour ressasser un petit peu les travaux à la fois d’Emoto et de Benveniste, déjà évoquéssur cette antenne.

Bien. Donc paradoxe de l’enseignement des choses qui sont pourtant évidentes sous nos yeux, maisqu’il faut bien apprendre. Comment se passe la transmission aujourd'hui entre un maître alchimisteayant réalisé au fil de sa propre initiation, comment communique-t-il à celui qui souhaitel’approcher ?

P. BURENSTEINAS – Déjà – la question est bonne –, c’est déjà à celui qui souhaite. Donc ça ne marche pasforcément comme ça. C’est-à-dire qu’il y a une information qui peut être donnée au plus grandnombre, c’est-à-dire, eh bien, c’est ce que je fais là, par exemple. Bon, on ne dévoile rien, on donneun goût, un peu, on dit un ton. Et puis il y a celui qui est vraiment en quête, c’est-à-dire que lui, il veutfaire une démarche, et cette démarche, eh bien, il va commencer à la faire tout seul, finalement. C’est-à-dire qu’il va chercher par lui-même, et quand il aura trouvé un certain nombre de choses, alors ilrisque de rencontrer quelqu'un qui va le conduire un peu plus loin sur le chemin. On ne peut pas direqu’on va à la quête d’un maître comme on va dans une école. On dit « Voilà, ça me prend, tiens, j’aienvie de faire de l’alchimie, je prends le bottin, je cherche « alchimiste », je téléphone et je dis :Voilà, bonjour Monsieur, j’aimerais faire ça. ». Ce n’est pas si simple que ça, parce qu’entre le désirqu’on a et la volonté de suivre une quête, ce n’est pas du tout la même chose. A tel point, c’est quequand on suit une quête, bien souvent, on se dit : eh bien, si j’avais su, hein-ein-ein… j’aurais pasvenu ! C’est-à-dire que…

D. DE PLAIGE – Encore que – on apprend aussi dans ses déboires.

P. BURENSTEINAS – Oui-oui, mais il est facile de le dire quand on est sorti, mais quand on est dedans, jene connais personne qui ait vraiment vécu ce… on va parler « d’épreuve initiatique », c’est-à-dire engros perdre ses habitudes, hein, perdre toutes les choses auxquelles on est attaché, et qui disent « Ahben, c’était super, si c’était à refaire je le referais ». Non. Parce qu’on est passé au-delà de ça. Ceuxqui ont touché deux-trois bricoles et qui disent « Oh la la ! ça a été dur mais maintenant j’ai toutcompris », ben non, ils n’ont pas vécu cette quête.

D. DE PLAIGE – Tant qu’il y a « j’ai »…

P. BURENSTEINAS – Oui ! Donc par conséquent, même de la part du maître, c’est une immenseresponsabilité de dire à quelqu'un : Voilà, je vais vous transmettre quelque chose. Parce qu’on ne peuttransmettre que du savoir, on ne peut pas transmettre de connaissance.

D. DE PLAIGE – Ou de la pratique.

P. BURENSTEINAS – Voilà. Plutôt du savoir. C’est-à-dire que quand quelqu'un va venir vous voir pourfaire de l’alchimie, le premier truc qu’il va vous demander c’est : « Voilà, moi je vais monter moncreuset, je vais monter mon laboratoire, je vais me mettre au boulot tout de suite ». Ce n’est pas ça.

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Avant de se mettre au travail, il doit penser à la philosophie de l’art. Mais qui aujourd'hui va vouloirpasser des années sans rien toucher et uniquement à comprendre cette philosophie de l’art ? On estdans une société, un peu, où on veut tout tout de suite, maintenant, hein… Il faut savoir que quandl’alchimiste, au Moyen Age, par exemple, ou quand l’apprenti décidait de faire quelque chose, àsupposer qu’un maître décide de prendre un apprenti, c’est-à-dire qu’un apprenti va volontairementvers un alchimiste, l’alchimiste, la première chose qu’il va lui dire, c’est : « Eh bien, va chercher tamatière première ». Donc ce qui veut dire que l’alchimiste il y allait, et il n’allait pas n’importe où, ilallait à Compostelle, bien sûr. Pourquoi ? Parce que « compost-stèle » – les étoiles dans le compost.Et bien sûr les étoiles dans le compost, on s’aperçoit que l’antimoine mais c’était des nodulespolymétalliques, donc contenant de l’antimoine, qui venaient s’échouer sur le bord de la plage. C’estpour ça que celui qui les trouvait revenait avec une coquille, et qu’on avait le sens. Et c’était bien sûrun pèlerinage préchrétien qui a été repris ensuite. Alors bien sûr maintenant tout le monde s’arrête àSaint-Jacques, mais c’est pas à Saint-Jacques qu’il faut aller chercher, c’est à l’endroit où il y a lescoquilles, comme les coquilles l’indiquent.

Donc il allait à pied, bien sûr, chercher son métal, en évitant les bandits de grands chemins, lesmeutes de loups, les voleurs, et puis une fois qu’il était arrivé là-bas, eh bien il prenait son antimoinesur le dos, il remontait et puis il arrivait chez lui (s’il avait évité tous les dangers), et puis une foisqu’il était chez lui –tout ça, ça lui avait pris déjà encore quelques années –, eh bien, on lui disait :« Maintenant, pour travailler, il va te falloir des ballons, il va te falloir des creusets, eh bien va leschercher ! ». C’est en Italie, par exemple. Eh bien, il repartait à pied, il allait chercher, il évitait tousles dangers, et puis quand il revenait et qu’il avait enfin compris, eh bien, déjà, il avait vingt ans deplus de travail. Donc il avait le temps de penser à la philosophie de l’art, hein !

Ce qui veut dire que la première fois qu’il mettait son creuset sur le feu, il y avait réfléchi avantpendant quinze ans. Qui ferait ça aujourd'hui !

D. DE PLAIGE – Alors quel est votre mode de transmission à vous, aujourd'hui ? C’est peut-être lemoment d’aborder la Trame…

P. BURENSTEINAS – Oui, alors bien sûr, déjà, d’un point de vue alchimique, ma transmission métalliqueest la même, c’est-à-dire que si quelqu'un veut faire de l’alchimie, je réagirai de la même manière,c’est-à-dire que je donnerai la première expérience à faire et je dirai : « Voilà, quand tu auras compriscette première expérience, tu reviendras me revoir ». Et rien de plus.

Alors, par contre, moi j’ai voulu exprimer le travail du creuset, le travail de l’alchimiste, à traversune voie thérapeutique. C’est-à-dire de dire : Voilà, puisque ça marche sur la matière, cettepurification, ce réalignement, pourquoi est-ce que ça ne marcherait pas sur l’être humain ?

Donc par conséquent, j’ai inventé une technique qui s’appelle « la trame », et qui marche sur leschéma de cohérence du corps. C’est-à-dire, quel en est le principe ? Notre corps, il n’existe pas entant que tel : c’est comme une fourmilière, il y a 40 milliards de milliards de cellules – 40 milliards demilliards d’individus ! C’est pour ça que, d’ailleurs, quand on se lève le matin en se frappant, en sedisant « Quel malheur est le mien ! je suis tout seul ! », on n’est que 40 milliards de milliards, hein !Et je ne parle même pas des végétaux ni des minéraux, je ne parle que des animaux, que des cellules.

Si je prends une partie de mes cellules, que je les retire, que je leur donne à manger, elles vivent trèsbien sans moi. Donc on pourrait se poser la question de savoir pourquoi elles restent, pourquoifinalement on ne se décompose pas de notre vivant, et puis qu’un jour on se décompose. Donc pourque chaque cellule reste à sa place, eh bien, il faut qu’il y ait un message…

D. DE PLAIGE – Une cohérence…

P. BURENSTEINAS – Voilà, qu’il y ait une cohérence et qu’on dise à chaque cellule « Voilà quelle est taplace et voilà à quoi tu sers ». Eh bien, il y a cette cohérence, ce schéma d’information – que j’aitraduit sous la forme d’une grille mais qui est quantique, c’est-à-dire que les liens sont très trèspetits…

D. DE PLAIGE – Excusez-moi… La perte de cohérence, on appelle ça cancer…

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P. BURENSTEINAS – Bien que – bon, là je vais me faire brocarder par tout le monde, mais ça ne fait rien,je vais le dire quand même – pour moi, le cancer, ce n’est pas une maladie, c’est une tentatived’adaptation au milieu. C’est-à-dire que votre colonie, ici… Notre corps n’est qu’une fourmilière, unecolonie : on met les mains sous l’eau chaude, on se brûle – on peut retirer la main : la colonie s’estsauvegardée. Maintenant, je vais me retrouver dans un système d’agression dans lequel je ne peux pasme soustraire. Par exemple, je suis ici, puis il y a des micro-ondes partout, il y a des radiations, il y atout ce que vous voulez. Mon corps va réagir à ça ; il va dire « il faut fuir cet endroit-là », mais moi jene peux pas fuir, alors qu’est-ce qui va se passer ? Je rappelle que ça fonctionne comme unefourmilière. Donc quelques cellules vont se dire19 « il va falloir qu’on fasse quelque chose ». Donc onpeut imaginer qu’il y ait un ordre cohérent, c’est-à-dire de tout le corps, qui choisisse les cellules lesplus résistantes, qui les rend immortelles et qui leur dit « voilà qu’elle est votre mission maintenant :vous allez me fabriquer un organe capable de réagir à cette agression ». A tel point, c’est qu’on nousdit que c’est une reproduction « anarchique » des cellules, mais on s’aperçoit que, par exemple, unetumeur est vascularisée. Donc on ne peut pas imaginer que ce soit fait au hasard. Elle est alimentée,ce qui veut donc dire que c’est bien une politique cohérente de tout le corps, et pas seulement d’unepartie qui décide de faire sécession. Et à la limite, on pourrait dire – attention, je dis ça avec desbémols, ça ne veut pas dire qu’il faut le faire mais…

D. DE PLAIGE – À moins que la tumeur vampirise l’environnement pour se faire vasculariser…

P. BURENSTEINAS – Ouis… mais ça voudrait dire à l’intérieur « moi, j’invente un nouvel organe pourtraiter cette nouvelle agression ». Est-ce que le corps a les ressources pour le faire ? Si oui, ça devientune mutation : j’ai un nouvel organe, que je vais donner à mes enfants et je vais résister, pareexemple, à l’hydrocarbure, ou je vais résister aux radiations. Par contre, si ça ne marche pas, alors làévidemment il va se passer quelque chose, c’est-à-dire qu’il va y avoir dissociation et dissolution dela copropriété. C’est-à-dire qu’on se dit « eh bien, la colonie, elle n’est plus viable, maintenant tout lemonde retourne vivre sa vie ». Alors évidemment, pour moi, qui ne suis que le gérant temporaire de lacopropriété, je trouve ça assez désagréable parce que bien sûr je n’existe que si la colonie est là.

D. DE PLAIGE – Alors la Trame, cette technique que vous avez mise au point, est-ce que ça consiste àpasser un coup de fer à repasser sur la nappe que vous évoquiez au début, avec ses plis ?

P. BURENSTEINAS – Ah, tout à fait. C’est-à-dire qu’on peut considérer que l’information circule àl’intérieur de notre corps d’une manière sinusoïdale – j’entends par là : quand vous prenez un tapis etque vous le secouez, ça fait bien des vagues, de quelque manière que vous secouiez le tapis –, donc onpeut imaginer que l’énergie circule dans notre corps de la même manière.

On peut imaginer que ce qui crée une maladie, c’est une altération de circulation de cette énergie.C’est-à-dire que c’est comme un caillou posé sur tapis, et vous pouvez poser un caillou sur un tapis,quand vous secouez le tapis vous voyez bien : la vague va jusqu’au caillou mais ensuite elle s’arrête.Elle essaie bien de passer par le côté, mais au niveau du caillou, il n’y a plus rien qui passe. Commeles cellules qui sont dessous sont des animaux autonomes, eh bien, elles décident de vivre leur vie quin’est pas forcément cohérente avec le corps. Donc la Trame, ça serait une idée de secouer le tapissuffisamment fort pour que le caillou qui est dessus soit chassé. Et à ce moment-là, l’informationcontinue à circuler et on n’a plus cette pathologie.

D. DE PLAIGE – Alors ça, c’est donc sous la forme d’un enseignement, d’une transmission ; c’estcontenu essentiellement dans les 60 ou 80 pages de ce petit livre publié au Mercure Dauphinois, dontle titre est la Trame. Le lecteur, lui, peut se dit : après tout, j’ai fini ma lecture, il y a les schémas, j’aicompris – il s’agit d’une relation à l’autre : je pose mes mains sur le corps de l’autre, je trépidecertaines régions, j’en effleure d’autres, en fait est-ce que j’ai besoin d’un contact avec l’auteur pourpratiquer ?

P. BURENSTEINAS – Non, avec moi, certes non. D’ailleurs si j’ai fait un livre, c’est justement pour éviterde répéter toujours la même chose et de dire « Eh bien, voilà une méthode simple que vous pouvez

19 C’est la prosopopée des cellules !

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employer vous-même », mais attention, il y a un bémol : ce n’est pas parce que vous avez lu un livresur une technique thérapeutique que vous êtes capable d’ouvrir un cabinet et d’avoir des patients. Queça soit quelque chose qui vous aide à comprendre le fonctionnement de votre propre corps, ou que çasoit quelque chose d’appoint pour votre environnement, ça c’est très possible, mais le rapport qu’on aavec un patient, ce n’est pas n’importe quoi. Les gens viennent remettre leur vie entre vos mains ; ilfaut avoir, bien sûr, les compétences pour ça.

Alors généralement, ce qui se fait, c’est que maintenant la Trame est enseignée plutôt à des gens quisont dans un corps, je dirais, médical de préférence. Il faut savoir qu’il y a des thèses de doctorat quiont été faites dessus – il y en a une à Angers, par exemple, qui a été reçue avec mention –, et il fautsavoir qu’il y a des universités qui travaillent dessus et qui font des études, scientifiques, normales,carrées, avec des groupes témoins, sur la Trame. Il y en a une à San Diego et il y en a une à LosAngeles. Pour le moment, les États-Unis sont intéressés par ça…

D. DE PLAIGE – La Californie, donc…

P. BURENSTEINAS – Voilà, en Californie. Ils sont ouverts à un certain nombre de choses. Mais il est trèsprobable qu’il y ait des choses qui se développent en France et que ça soit cette fois dans un milieu…j’allais dire « sérieux », c’est une boutade, hein, de dire ça, mais en tout cas avec euh…

D. DE PLAIGE – D’une certaine officialité, oui…

P. BURENSTEINAS – Voilà, mais surtout avec des résultats mesurables, c’est-à-dire on s’aperçoit, parexemple, quand on va faire une Trame à quelqu'un, c’est pas seulement la secouer, mais si je fais unélectroencéphalogramme à la personne, eh bien je m’aperçois qu’il y a des choses qui bougent. Si jefais une mesure des marqueurs chimiques du sang avant et après, je m’aperçois qu’il y a quelquechose qui bouge. Si je m’aperçois, par exemple au niveau des muscles, vous savez quand on sedécontracte, un moment, les trapèzes sont les derniers à se décontracter, eh bien là, avec une Trame,au bout de cinq minutes on a un effet de décontraction qui nécessiterait par n’importe quelle autreméthode – à part des produits, bien sûr – au moins une demi-heure ou trois quarts d’heure. Et puissurtout, on s’aperçoit d’une évolution et d’une modification des pathologies. Alors attention, ce n’estpas de la magie, hein ; on ne tourne pas autour des gens avec des pattes de poulet, et puis les gens seréveillent en disant, voilà « quelle merveille, tout va bien, c’est extraordinaire ». C’est quelque choseque j’ai voulu faire vraiment d’un point de vue de circulation mécanique, c’est-à-dire que ce n’est niplus ni moins que de chasser des cailloux d’un tapis. Et on s’aperçoit, on peut voir, on peut mesurer –moi j’ai fait l’expérience devant plein de gens, ou je leur ai fait faire surtout l’expérience à eux, enleur disant : voilà, vous ne connaissez rien, la personne, votre patient, ne connaît rien non plus, doncça ne peut pas être un système de croyance, surtout vous ne dites pas à la personne ce que vous allezlui faire et ce que vous attendez – et faites la séquence, on va voir s’il se passe quelque chose. Pourrester le plus objectif possible.

D. DE PLAIGE – C’est ça, c’est une séquence donc, qui dure environ trente minutes. Pour la connaître,pour la découvrir, la référence c’est ce livre. Vous avez aussi un site Internet ?

P. BURENSTEINAS – Voilà, alors il y a un site Internet qui parle que de ça maintenant, qui est pas tenu parmoi, parce que moi maintenant je ne forme plus les gens à cette technique, parce qu’il y a des tas degens qui font ça très bien, et je ne le consulte pas non plus parce que maintenant il y a des thérapeutesqui utilisent cette technique – il y a à peu près 400 thérapeutes dans le monde qui utilisent cettetechnique. Donc, eh bien oui, il y a le site de La Trame, qui donne toutes les informations sur lesthérapeutes, qui sont des thérapeutes – ceux qui sont marqués sur le site, c’est des gens qui ont suiviune formation, qui ont régulièrement des patients et qui sont considérés comme des gens ayant un peutravaillé. Bon, il y a beaucoup de personnels médicaux et paramédicaux quand même qui sontintéressés – qui le disent ou qui ne le disent pas pour les raisons que vous imaginez… Donc ceux quisont sur le site, c’est généralement – on ne peut jamais préjuger, hein – mais c’est des gens sérieux.

D. DE PLAIGE – Alors le site c’est ? Il commence par http…

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P. BURENSTEINAS – Voilà : www.la-trame.com.

D. DE PLAIGE – Parfait. Ceux qui nous écoutent actuellement peuvent visiter le site, ça donnera sansdoute matière à des questions. Les références d’ouvrages, c’est simple : Éditions le MercureDauphinois, qui a publié donc la Trame, dont nous venons de parler, et trois contes initiatiquesalchimiques qui s’appellent le Disciple.

Maintenant j’aimerais que, avant l’ouverture du standard, vous parliez culture avec Alex. Culture,dans ce monde d’aujourd'hui, c’est beaucoup le cinéma : on pourrait titrer ça « Hollywood etl’alchimie »… Quelle est la valeur initiatique transmise dans les films dont nous sommes abreuvéspar, souvent, l’industrie du cinéma américaine, à fort contenu, donc, fort contenu initiatique.

ALEX – Nous allons donc maintenant nous attarder, Patrick Burensteinas, sur la culture, la culture etl’alchimie. Et ma première question sera pour les « dragons ». Pourquoi est ce que les dragons sontaussi présents dans l’alchimie ?

P. BURENSTEINAS – Ah ! ça, c’est une vieille-vieille-vieille-vieille-vieille histoire ! Le dragon représentele feu d’en bas, c’est-à-dire finalement notre quête, la lumière qui est tombée à l’intérieur de lamatière. Et là c’est une vieille-vieille-vieille vieille histoire, l’histoire de Lucifer, vous savez, cet angedéçu… ou déchu, qui a chu, donc l’attribut était l’émeraude qu’il portait au front. Et quand il esttombé sur la terre, eh bien, il a laissé cette émeraude par terre. Et donc c’est l’association, déjà, de lacouleur verte. En plus, il représente ce feu, cette lumière à l’intérieur.

Alors le dragon, de tout temps, va représenter la connaissance des choses cachées, car Luciferpossédait la connaissance des choses cachées. Et de tout temps d’ailleurs, ce dragon ou ce diable (ausens du diabole, celui qui fractionne20) a eu une couleur verte. D’ailleurs n’oubliez pas que la couleurdu diable, ça a toujours été le vert, hein, c’est très récent que c’est le rouge. Le « père-vert », c’estquand même lui. Donc on va retrouver cette couleur de la connaissance des choses cachées, qu’onretrouve chez Goethe par exemple, avec le serpent vert, mais qu’on retrouve aussi chez Merlin quandil va dire à son disciple « Si tu vois la connaissance en une seule fois, tu seras consumé par elle ». Etcette connaissance, Merlin l’appelle le « dragon ».

On peut dire que le « beau chevalier » représente celui qui fait une quête, et le « dragon » représentecelui qui garde le feu à l’intérieur. Et vous remarquerez que le beau chevalier, eh bien, il a toujourstrois épreuves. Et une fois qu’il passe ses trois épreuves, eh bien, il réussit à maîtriser le dragon.D’ailleurs, il ne le tue pas, il le « terrasse », c’est-à-dire qu’il le met en terre, et une fois qu’il l’a misen terre, il peut récupérer le feu du dragon, et il est nommé Roi lui-même. C’est-à-dire qu’il porte unecouronne qui montre qu’il a la lumière sur la tête.

Donc ce dragon sera toujours dépositaire et gardien des trésors – j’entends bien sûr les « treizeors », qui vont être aussi treize étapes à suivre, ou plutôt les années où il va se passer treize événement(on peut dire treize lunes), là sera la quête du dragon.

Il faut savoir que ça, c’est la vision un peu occidentale du dragon. Mais on va retrouver ça aussi parexemple chez les Chinois où là le dragon va être l’intercesseur entre les hommes et les dieux, puisquec’est lui qui va aller porter les prières.

Mais on va retrouver ça aussi chez les Égyptiens sous la forme du serpent, qui va être le serpent quidévore le soleil, qui veut dévorer le soleil mais qui est remis à terre par le dieu Seth. On retrouvefinalement cet intercesseur, ce serpent, ce lézard, celui qui possède la connaissance, un peu partout.

ALEX – Un peu comme la tortue…

P. BURENSTEINAS – Oui, la tortue, c’est plus un symbole…

ALEX – De sagesse.

P. BURENSTEINAS – Voilà. Voilà, c’est plus une question d’éternité, c’est une question de lenteur.D’ailleurs, entre parenthèses, ce qui revient à la proposition qu’on faisait tout à l’heure, c’est-à-dire

20 gr. diabolos, diaballein, « désunir, séparer ».

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notre quête, eh bien, la quête de l’immobilité parce que ce qui nous semble sage est ce qui noussemble immobile.

ALEX – Huhum. Avec le fameux… le fameux « peu importe » de la tortue. Mais ce dragon, donc, êtremythologique qu’on a créé de toutes pièces, en quelque sorte, pour expliquer certaines choses, cedragon qui serait aussi, dans l’un de vos contes alchimiques, le passeur vers le royaume des morts [lepsychopompe]. Alors ça, ça m’a beaucoup surpris.

P. BURENSTEINAS – Oui, tout à fait, puisqu’il est l’intercesseur entre les hommes et les dieux, donc parconséquent c’est celui qui existe simultanément dans plusieurs réalités : il a la tête ici et la queueailleurs. Par conséquent, c’est lui qui va faire le pont. Il va prendre sur son dos et il va emporter d’unmonde à l’autre.

ALEX – Mais j’aurais pensé, ce personnage qui passe du monde des vivants à celui des morts, pourpeu qu’il y ait une différence, j’aurais pensé à un personnage plus neutre que le dragon, qui neserait… le fait de voir le dragon ne serait qu’un aboutissement – alors que là, il est donné à tout lemonde de rencontrer ce dragon à la fin de son existence ? C’est-à-dire qu’on apprend la sagesse, enmourrant ?

P. BURENSTEINAS – Ce n’est pas ce que j’ai dit. D’ailleurs, dans le conte il est marqué « j’amène les gensqui sont sages ». Donc ce qui veut dire que, bien sûr, tout le monde ne peut pas… Il est aussi gardiende la Voie du milieu, hein. Souvenez-vous qui combat le dragon, c’est saint Michel, et saint Michelc’est Michael21. Et Michael il a une épée flamboyante. Et Michael représente le gardien de la voie dela lumière, car c’est lui qui pèse les âmes. Il a repris la fonction de la vieille déesse Maât, la déesseégyptienne, il met d’ailleurs dans un des plateaux de la balance le cœur de l’impétrant22 et dans l’autreune de ses plumes. Mais il ne faut pas que la plume soit plus lourde que le cœur, il faut que ce soitégal. Le cœur représente les mots, et les mots l’émotion – donc, en gros, il pèse notre mouvement, ilpèse nos émotions. Et s’il nous trouve suffisamment immobile alors il nous laisse passer. Sinon on estterrassé, c’est-à-dire on est comme le dragon, on revient dans la terre jusqu’à ce qu’on soit capable delibérer notre propre feu.

Et c’est pourquoi quand je pense le combat entre saint Michel et le dragon, je ne pense paspersonnellement que ce soit un combat, mais je pense que c’est le feu d’en haut qui tend la main aufeu d’en bas, et si le feu d’en bas est suffisamment subtil, suffisamment léger pour libérer sa matière,alors les deux feux sont réunis et la création est terminée.

Et c’est pourquoi il est marqué dans les textes « À la fin des temps, même Lucifer reviendra dansl’unité ».

ALEX – Alors on va lier ce dragon à l’actualité – enfin, « actualité »… à la culture cinématographique.On a l’impression que, lorsqu’on utilise ces termes, et surtout ces idées, en relation avec l’alchimie –le dragon entre autres –, on s’adresse surtout aux enfants. Bon, on va mettre de côté le Seigneur desanneaux, sur lequel nous allons nous attarder dans quelques instants, mais prenons l’Histoire sans fin.

P. BURENSTEINAS – Oui, bien que dans l’Histoire sans fin ça soit plutôt un dragon chinois, c’est-à-direcelui qui est intercesseur entre les hommes et les dieux.

Je pense que – on dit d’ailleurs, pour l’Œuvre, que pour arriver au bout il faut avoir une âmed’enfant, mais qu’est ce que ça veut dire « avoir une âme d’enfant », finalement ? Je pense que, ehbien, il faut être simple. On l’a dit, d’ailleurs on le dit dans les textes avec une mauvaise traductionqu’on a compris(e) « Heureux les simples d’esprit, parce que le Royaume des Cieux leur appartient

21 En hébreu mi-ka-El, « qui est comme Dieu ».22 L’impétrant est celui qui a été reçu, admis. C’est l’aspirant ou le postulant, celui qui se présente devant le jugement.L’impétrant est le postulant qui a obtenu ce qu’il demandait.

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»23, mais on aurait dû comprendre « Heureux les simples, en esprit », c’est-à-dire « heureux lespauvres (en matière) sont riches en esprit ». C’est plutôt ça qu’on a voulu dire.

Donc par conséquent on dit : Voilà, on adresse ces contes à vous, parce que vous êtes capables deles comprendre.

Il faut savoir aussi que – pour moi – ce qui se passe aujourd'hui au cinéma, ça n’est jamais que descontes modernes, c’est-à-dire que c’est une manière, c’est un support nouveau pour transposer deshistoires qui étaient racontées de tout temps. Et si vous lisez les contes de fées dans leur texte original– je pense aux contes de Grimm, par exemple – ce n’est pas du tout pour les enfants.

ALEX – Les contes de Grimm, on va les garder pour un peu plus tard, on va rester sur le cinéma pourl’instant. Vous nous parliez d’un film, avant cette antenne, qui vous semblait assez important. En fait,il y avait deux films. Il y a tout d’abord Excalibur – il y a Excalibur et il y a aussi Cœur de dragon.

P. BURENSTEINAS – Oui, autant qu’on puisse trouver une sensibilité, plus Excalibur que Cœur de dragon.Mais Excalibur pour moi est intéressant, parce qu’on reprend, bien sûr, les Chevaliers de la TableRonde qui est une tradition de quête de la lumière, d’alignement, puisque le Graal finalement n’estjamais, pour la chrétienté, que ce qui reçoit la lumière. Parce que je vous rappelle que le Graalcontient le sang du Christ, mais le Christ c’est le Christos, c’est le khristos, « le cristal »24, et cristalc’est celui qui laisse passer la lumière sans résistance. Donc on peut dire « Seul celui qui est pur estcapable de retrouver cette lumière », et il se trouve que c’est exactement l’histoire qu’on raconte àl’intérieur d’Excalibur, en plus avec les émotions qui nous empêchent de trouver, que les émotionssont pas forcément liées aux passages à l’acte qu’on voit avec Lancelot et Artus, qui se disputent lamême femme, même si Lancelot est resté très platonique. Donc on voit finalement la quête complètequi est exprimée, et on a Merlin qui est là, qui lui est le plus neutre possible – il peut se passern’importe quoi, ça n’est pas son problème. Tant que le Roi fait un, alors il le suit, mais dès que le Roifractionne, alors il le laisse tomber. Et c’est pour ça, à un moment, il lui dit : « Un roi, une terre ». Eton voit, quand le Roi n’est pas bien, la terre n’est pas bien, et Merlin à ce moment-là l’aide.

Alors après, il y a des clés qui sont très intéressantes qui sont données, des clés chiffrées qui sontdonnées dans le nombre de chevaliers qu’il y a sur la Table Ronde.

Alors il faut savoir que Merlin n’a pas donné une Table mais deux – avant d’en donner une au fils,il en donne une au père. Car on voit dans le film qu’il sert le père, Uter, Pandragon25, celui qui a unetête de dragon, justement, mais il n’a que la tête, c’est-à-dire qu’il lui manque une partie. Il a ce qui vade l’avant, il a ce qui crache du feu et c’est pourquoi il est plein d’émotions. Alors Merlin appelle lesouffle du dragon pour satisfaire ses désirs, en sachant que ce qui est important ça ne sera pas desatisfaire les désirs du père, mais d’avoir le fils pour pouvoir l’éclairer, justement.

ALEX – Mais vous avez évidemment réfléchi à toutes ces symboliques et à ces messages cachés qu’onpeut trouver dans ce genre de film. Qu’en avez-vous conclu de ce que veulent faire passer lesscénaristes et pourquoi veulent-ils faire passer ces messages-là ?

P. BURENSTEINAS – Alors est-ce la poule ou l’œuf ? C’est-à-dire est-ce qu’ils veulent faire passer unmessage ou est-ce que le message est dans l’air ? Aujourd'hui, je pense sincèrement que le messageest dans l’air, c’est-à-dire qu’il n’y a pas un jour qui passe sans que j’entende parler d’alchimie, sansque j’entende… Dans des choses complètement banales qui n’ont rien à voir avec le sujet.

Je pense que l’homme aujourd’hui est à tournant de sa propre évolution, que ça soit économique,politique, social, religieux, et par conséquent il a besoin de se tourner vers autre chose. Et unerévolution, comme on l’a dit, c’est un peu revenir au même endroit. Donc par conséquent, les mêmes23 Mt 53, « Heureux les pauvres en esprit, car le Royaume des Cieux est à eux. » Pauvre en esprit (1560) et même pauvred’esprit (1553) apparaissent dans les traductions de la Bible (Vulgate) au sens de « ceux qui ont l’esprit de renoncement auxbiens matériels » (ils sont pauvres en l’esprit…). Dès le XVIIe s., cependant, pauvre d’esprit s’emploie familièrement au sensde « crétin ».24 Dans la « langue des oiseaux »… Mais khristos est la traduction grecque de l’araméen meschîkhâ (hébr. mâschîakh),« oint, sacré par le seigneur ». Khristos, est formé sur le verbe khriein (khreo, « j’oins, j’enduis, je frotte »). Le cristal est, lui,krystallos, c’est-à-dire proprement « glace ». Il n’y a entre le Christ et le cristal qu’un rapport phonétique, et aucun rapportsémantique ni étymologique.25 Uter [Uther] et Uterpandragon sont deux personnes différentes ! Arthur est (serait) le fils adultérin d’Uther et d’Iguerne,femme du duc de Cornouailles…

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causes produisant les mêmes effets, on a des chances de retomber sur les excès, c’est-à-dire les sectesqui arrivent, c’est… on a eu ça avec le millénarisme, on a ça maintenant avec les catastrophes. Qui nedit pas aujourd’hui, on l’entend : « C’est une punition de Dieu qui a été envoyée… ». D’ailleurs pourpunir les plus pauvres, ce qui encore est un mauvais système, et on peut imaginer que Dieu peut punir,ce qui veut dire qu’il a des émotions, donc c’est pas un dieu. Ce qui est aussi un problème.

Mais on peut aussi se dire : eh bien voilà, l’homme a envie de retrouver un peu ses sources, et sessources, eh bien, c’est toujours les mêmes. Donc par conséquent on va retomber sur les mêmeshistoires, on va retomber sur les mêmes symboles, on va retomber sur les contes de fées. Et ce qu’onlisait à l’époque, ou les gestes aussi, hein, où on racontait la vie de quelqu’un avec tout… C’est cequ’on fait aujourd'hui, hein. Sauf que les médias ne sont plus les mêmes et qu’au lieu d’avoir destextes et des conteurs, eh bien, on a la télévision, on a les journaux et on a un certain nombre d’autreschoses. Mais je pense que c’est exactement la même chose qui se produit, sans doute pour les mêmesraisons. Je pense qu’il y a immanquablement des gens éclairés, donc il y a des cinéastres (sic) ou desécrivains qui disent des choses parce qu’ils ont pensé au message avant, mais je pense aussi que lemessage est sous-jacent et qu’on se laisse porter par une inspiration. Et c’est le cas, parce que (si) lesdieux soufflent, l’homme est inspiré.

ALEX – Nous allons ouvrir le standard pour les auditeurs qui souhaitent vous poser des questions surl’alchimie. Alors il y a Excalibur, il y a Cœur de dragon…

P. BURENSTEINAS – Oui, Cœur de Dragon, parce que c’est vraiment quelque chose de… Bon, c’est unWalt Disney, mais c’est quand même assez intéressant. Bon, déjà Walt Disney, il a mis des chosesintéressantes, quand même, euh…

ALEX – Nous allons nous arrêter sur Blanche-Neige. A ma grande surprise, Blanche-Neige fera partiede notre discussion !

P. BURENSTEINAS – Ben, immanquablement, puisque Blanche-Neige, vous verrez, c’est intéressant.Donc Walt Disney a utilisé ça, et dans Cœur de Dragon ce qui est intéressant, c’est qu’on voit que

le Dragon est pur, malgré son apparence Et par contre le Roi, lui, est impur. Et pour rendre le Roi unpeu plus pur, le Dragon accepte de partager son cœur en deux et de le donner à ce moment-là à ceRoi. Et ce Roi lui-même, malgré le cœur de dragon qui lui a été donné, garde son impureté àl’intérieur. Et on est obligé de sacrifier le Dragon pour tuer en même temps le Roi qui est mauvais.Donc c’est quand même une histoire qui dit que l’alignement, la pureté n’est pas si simple que ça, etque même si le dragon, pour une fois qui est représenté comme un personnage positif et que le Roiqui est représenté pour une fois comme un personnage mauvais, et que c’est le dragon qui accepte dedisparaître – c’est quand même une histoire assez extraordinaire.

ALEX – Et Blanche-Neige dans quelques instants. Nous accueillons Frédéric.

FRÉDÉRIC – Oui, alors bonjour à tous. Oui, tu as oublié Panoramix… En termes d’alchimie.

P. BURENSTEINAS – Oui, bien sûr. Oui, tout à fait. Oui oui ! Ben oui. Ce n’est pas si faux que ça, en plus !

FRÉDÉRIC – Excusez-moi. Oui, je voulais juste euh… vous dire, par exemple au niveau de de… del’alchimie, est-ce que vous pensez pas que cette histoire de pierre philosophale c’est finalement pouréloigner, je dirais. Parce qu’en fait la vraie quête de l’alchimie, c’est pas la pierre philosophale, enfait. Je pense que c’est le… c’est le dicton populaire, quoi. J’veux dire c’est un peu l’idée qu’on…Est-ce que vous pensez pas que c’est… c’est aussi euh… pour éloigner, je dirais, les gens euh euh soitmal intentionnés, soit trop euh, comment dirais-je, trop attirés par l’argent ou pour… Ou alors créerune espèce de société euh… Parce que c’est quand même très élitiste, quand même, l’alchimie. J’veuxdire, c’est réservé à des initiés. Donc je voudrais savoir : est-ce que y a quand même ce côté, dansl’alchimie, est-ce qu’il y a pas quand même ce côté « secret » ou une espèce de club fermé. Est-ce quevous voyez ce que je veux dire ?

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P. BURENSTEINAS – Oui, non mais déjà il y a plusieurs choses. La première, je ne pense pas quel’alchimie soit quelque chose d’élitiste, c’est quelque chose qui nécessite un travail, mais je veux direque les informations elles sont là. Elles sont partout, elles sont dans tous les lieux, elles sont devantnos yeux. C’est-à-dire qu’il y en a qui se donnent la peine, je dirais, de chercher mais parce que c’estleur envie, et d’autres non. Je pense qu’en aucun cas ça ne peut être quelque chose d’élitiste.

Maintenant, la question « est-ce que ça peut tomber entre de mauvaises mains ? » et « est-ce que lapierre n’est pas une vue de l’esprit plutôt qu’une réalité ? ». L’idée de la pierre philosophale ou l’idéed’une quête, c’est d’être en chaque chose et que chaque chose soit en vous. Donc le fait d’avoir demauvaises intentions fait qu’on ne peut pas la trouver. On cherche à rassembler les choses : vouloirposséder la fortune ou vouloir posséder le pouvoir est au contraire quelque chose qui fractionne. Il y aune règle mathématique simple, hein, qui est que pour que peu aient beaucoup il faut qu’il y en aitbeaucoup qui aient peu. Et là ce n’est pas du tout notre conception, c’est-à-dire qu’on essaie derassembler, d’associer les choses.

FRÉDÉRIC – Et je voulais vous demander aussi : est-ce que vous ne pensez pas que certaines inventions,certains inventeurs avaient gardé cette tradition alchimique. Je pense par exemple, les gens qui ontinventé la radio, par exemple. J’veux dire, quelqu’un de rationnel n’aurait pas pu le… Enfin, je mesuis toujours posé des questions… la question sur certaines inventions, quoi. Comment le type aréussi... j’veux dire ne serait-ce qu’y croire. Voyez ce que je veux dire ?

P. BURENSTEINAS – Tout à fait.

FRÉDÉRIC – Est-ce que vous ne pensez pas que, pour certaines inventions, quelque part il fallait avoirun côté un peu ésotérique pour euh… parce que c’est…

ALEX – Pour comprendre qu’on avait des ondes à décoder qui étaient autour de nous.

FRÉDÉRIC – oui, voilà. Parce que finalement, si par exemple… j’veux dire, la radio pour moi c’est plus« magique », à la limite, que de transformer le plomb en or. Mais même pour les… si vous retournezau Moyen Age, si on avait quelqu'un du Moyen Age, je pense qu’il trouverait beaucoup plus même latélévision ou la radio beaucoup plus, je dirais, magique et extraordinaire que le fait de transformer duplomb en or.

P. BURENSTEINAS – Ah ben, c’est sûr. Je suis complètement d’accord avec vous, et c’est pour ça qu’on nele fait pas, d’ailleurs. Et…

FRÉDÉRIC – oui oui. Non non, mais c’est vrai, moi je me suis toujours posé la question ; est-ce quefinalement y a des… parmi des savants, est-ce que finalement, ceux qui ont fait les plus grandesdécouvertes, c’est quelque part des gens qui avaient… Parce qu’on sait que la physique modernen’aurait jamais pu se développer sans l’alchimie.

P. BURENSTEINAS – Oui, mais parce que l’un découle de l’autre, mais je pense que les gens qui ont faitdes découvertes, c’étaient déjà des gens qui n’étaient pas enfermés dans leurs habitudes, c’étaient desgens capables de penser autrement. C’est peut-être ça le rôle du génie. A tel point, c’est que quandquelqu'un est un génie, par la majorité des autres il est traité de fou. Hein, parce qu’il est capable depenser autrement. Je pense à Galilée quand il dit « la Terre est ronde »26, hein, il risque le bûcher,quand même, hein ! Et pendant des siècles, on a persuadé tout le monde que la Terre était plate.Donc…

FRÉDÉRIC – C’est comme Aristote qui disait que la matière était composée d’eau, de terre et… enfin, ila bloqué la science pendant…

26 Galilée, ce n’est pas la rotondité de la Terre, connue depuis les Grecs, c’est le mouvement de la Terre (« Eppure simuove »), la rotation de la Terre. Cf. note 9.

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P. BURENSTEINAS – Absolument. Enfin, c’était son point de vue. Disons que, qu’après on se soit calédessus et qu’on ait trouvé ça très confortable pour nous et très pratique, il n’ y a pas de raison, hein.,qu’on ait fait ce genre de chose. Mais moi je pense que ce n’est pas forcément des gens qui étaientdes alchimistes – j’adorerais pouvoir dire que tous ceux qui ont trouvé étaient des alchimistes, maisc’est loin d’être le cas – mais je pense que c‘étaient des visionnaires, c’est-à-dire des gens capables depercevoir leur univers autrement.

FRÉDÉRIC – Voilà, c’est ça. Oui, c’est sûr.

ALEX – Une conclusion, Frédéric ?

FRÉDÉRIC – Ben, non. En tout cas, je voulais dire que c’était euh… j’ai bu vos paroles, moi, depuis ledébut de l’émission, et je pense qu’on doit être pas mal dans ce cas-là, quoi. Vraiment très trèsintéressante, cette émission.

ALEX – Merci Frédéric. Au revoir. Ahmed, bonjour.

AHMED – Oui, bonjour à tous les deux. Je voulais vous demander, par rapport à l’alchimie taoïste…Par rapport au Qi,27 à l'énergie... ça vous dit quelque chose ?

P. BURENSTEINAS – Ah oui, bien sûr. Mais alors il y a une voie qui est l’alchimie taoïste, dont je n’ai pasparlé, mais j’en ai un tout petit peu parlé en parlant de cinabre, parce que là on parle de « champ ducinabre ».

AHMED – Oui.

P. BURENSTEINAS – Hein, c’est-à-dire que le but du jeu c’est de faire passer la lumière ou l’énergie àtravers soi. Donc par conséquent, si on considère qu’il y a des points d’énergie à l’intérieur de soncorps, qui sont chez les extrême-orientaux les champs du cinabre, qui sont situés à trois points : unqui est au sacrum – c’est pas un hasard si ça s’appelle le sacrum, hein, un endroit sacré –, un qui estdeux doigts à droite du plexus solaire et un qui est au niveau de la gorge. Donc l’idée, bien sûr, c’estd’être capable d’aligner ces trois point du cinabre pour faire passer, à ce moment-là, une énergiecolossale. Et si je suis capable de faire passer cette énergie, eh bien, je vais être capable de laconcentrer, et si je suis capable de la concentrer je vais pouvoir utiliser mon souffle à partir de ça et àce moment-là utiliser le Qi, cette énergie capable de la faire rayonner vers l’extérieur.

Alors souvent c’était quelque chose qui était rayonné vers l’extérieur, par exemple en combat, maisça peut être quelque chose qui est rayonné vers l’intérieur pour se réaligner, et c’est là finalement lebut, hein. Je vous rappelle… Oui ?

AHMED – Oui, parce qu’on m’a dit que les anciens taoïstes se soignaient comme ça.

P. BURENSTEINAS – Tout à fait. Bien sûr, puisqu’ils se réalignent à travers leur souffle intérieur.

AHMED – Voilà. Ils emmagasinaient cette énergie et ils la faisaient euh aller à l’endroit où ils avaientun petit problème ou je sais pas quoi, et puis ils se soignaient comme ça, quoi.

P. BURENSTEINAS – Exactement. Tout à fait. On utilise la respiration, le souffle pour ça, oui.

AHMED – Voilà, je vous remercie beaucoup. Et je vous écoute.

ALEX – Très bien. Nous accueillons maintenant Formel.

27 Le Qi, c’est le « souffle », l’« énergie vitale » ou l’« éther ». Dans son état indifférencié, il est équivalent au Grand Vide(Taixu), recélant toutes les virtualités de l’univers.

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ALCHIMIE – PATRICK BURENSTEINAS – ICI & MAINTENANT! 95.2, 18 JANVIER 2005

FORMEL – Je suis vraiment interloqué par l’émission d’aujourd’hui. Donc j’avais plusieurs questions àposer... Et peut-être aussi une chose à apporter, mais ça je ne sais pas… Donc, voilà, déjà je voudraisdemander à Patrick ce qu’il pense de la date d’aujourd’hui, parce que je pense que c’est une date unpeu particulière, et que je vois plutôt sur un plan positif, en fait, pour l’humain. Voilà. Parce quechaque jour est différent, et donc première question.

Deuxième question : je voulais revenir sur l’horoscope chinois, parce qu’on s’aperçoit dansl’horoscope chinois que le jour de l’an n’est pas placé comme le nôtre. Alors est-ce que nous on peuts’identifier en tant qu’occidentaux à leur horoscope, et que penser d’une personne qui serait Dragonmais née dans l’année du serpent. Et que penser aussi du Phénix, et pourquoi il est si ésotérique,c’est-à-dire si mystérieux et qu’on n’en entend aussi jamais parler. Voilà, deuxième question.

Troisième question, je voudrais aussi demander pourquoi… enfin, qu’est-ce que notre invité pensed’un grand génie, enfin que je qualifie de grand génie, qui s’appelle Gurdjieff. Et donc voilà, est-ceque c’est de l’ésotérisme ultime et donc qui dépasse les frontières, et donc les esprits n’en parlent pasparce que c’est vraiment ultime et donc ça repousse, et puis…

ALEX – Attends ! Un instant. On va déjà voir si ça répond à tes questions.

P. BURENSTEINAS – Alors déjà, d’un point de vue purement alchimique, je peux parler du Phénix, qui estquelque chose, effectivement, d’intéressant dont j’ai pas parlé parce que je ne peux pas toutdévelopper. Je parle assez peu des horoscopes, parce qu’en alchimie on s’affranchit des astres, çaévite les désastres…

FORMEL – Ah bon ?

P. BURENSTEINAS – C’est-à-dire, oui, enfin… On s’affranchit des astres, c’est-à-dire… qu’on ne tient pascompte de la position des planètes mais on va tenir compte des saisons. Par exemple, si vous regardezle Mutus Liber, il y a un dessin où vous voyez un personnage qui récupère de la rosée sur des draps, etd’un côté on voit un bélier et de l’autre côté on voit un taureau. Donc là c’est des périodes, on nousdit : « Tu iras chercher la rosée entre le Bélier et le Taureau ». Donc là on va tenir compte de ça.

On va tenir compte des lunes aussi. C’est pour ça que, sur certaines gravures, on voit un petitourson qui se balade, évidemment le petit ourson, c’est la Petite Ourse, la Petite Ourse, c’est laPolaire et donc ça nous donne une indication de direction. Quand tout à l’heure je parlais des« trésors », c’est les « treize-ors », bien sûr, c’est-à-dire qu’on va travailler les années où il y a « treizelunes », hein, c’est ça nos « treize-ors ».

FORMEL – Les dragons sont gardiens des trésors aussi…

P. BURENSTEINAS – Voilà. Tout à fait. Donc on va chercher le feu d’en bas les années où il va y avoir lestreize ors. Voilà.

Quant à la date d’aujourd’hui, pour moi encore une fois…

FORMEL – Le 17.01.2005 quand même (??? nous sommes le mardi 18, et même le 19 puisqu’il y a plusde deux heures d’émission).

P. BURENSTEINAS – Oui, mais on n’en tient pas compte, parce que…

FORMEL – Ah bon ?

P. BURENSTEINAS – Oui oui, je vais vous dire pourquoi.

FORMEL – Comment c’est possible ?

P. BURENSTEINAS – Mais tout est possible, après c’est une question de croyance. Notre univers, c’est unequestion de croyance.

FORMEL – ...il y a les chiffres, les mathématiques notamment…

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P. BURENSTEINAS – Oui, sauf que ce calendrier, il est subjectif. Hein. Mais oui ! Est-ce que c’estvraiment cette date ? Non, parce qu’il a changé plein de fois. Mais je veux dire ce jour n’est pas plusremarquable qu’un autre, en tout cas du point de vue du calendrier, d’un point de vue numéraire. Il estremarquable pour vous, ça suffit. Ça, c’est ce que je pense un petit peu là-dessus.

Alors maintenant, quant à l’horoscope chinois, bon, je n’ai pas assez de connaissances dans ledomaine pour vous répondre, mais dans le Phénix c’est quelque chose d’assez intéressant parce quec’est la fin de l’Œuvre.

J’ai parlé du premier œuvre, l’œuvre au noir, qui est la décomposition de la matière ; il y a undeuxième œuvre, qui s’appelle l’œuvre au blanc où on recompose la matière une fois qu’elle estpurifiée, et quand la matière est purifiée, alors la lumière qui est à l’extérieur rentre à l’intérieur, et làça devient rouge – et c’est l’œuvre au rouge, mais ça s’appelle aussi le Phénix. Et pourquoi ças’appelle le Phénix ? Parce qu’on a utilisé un sel, et sur ce sel on a mis un liquide rouge, et à cemoment-là, si ça se passe correctement, quelque chose sort de la matière – donc c’est une matièrevolatile qui sort des cendres. Hein, « volatile qui sort des cendres », bien sûr, on a pris un Phénix.

FORMEL – Si les lois de la physique et des mathématiques sont valables sur terre, elles sont alorsvalables dans tout l’univers…

P. BURENSTEINAS – Certes non ! Bien sûr…

FORMEL – Non ?

P. BURENSTEINAS – Bien sûr que non !

FORMEL – Non, mais dans pas mal de parties de l’univers ou certaines parties de l’univers, ce sera lesmêmes lois.

P. BURENSTEINAS – On n’en sait rien du tout. La seule chose qu’on peut dire, c’est que de notre point devue, ici, dans notre sphère d’influence, les lois mathématiques semblent être correctes. Mais encoreune fois, la mathématique qu’on a fabriquée, c’est un point de vue. La physique aussi c’est un pointde vue. On pourrait imaginer, par exemple...

FORMEL – Enfin, je veux dire, y a quand même une réalité.

P. BURENSTEINAS – Oui, il y a notre réalité, ici et maintenant.

FORMEL – Non, enfin une réalité universelle, je veux dire y a des lois… qui nous concernent tous.

P. BURENSTEINAS – Moi, je ne crois pas qu’elles nous concernent tous. Par exemple…

FORMEL – Humainement.

P. BURENSTEINAS – Non, mais par exemple, nous on est bâtis sur une chimie carbonée, hein, en tantqu’êtres humains. La base, la brique initiale de la vie, c’est le carbone. Et on a toujours dit : il estimpossible qu’il y ait de la vie ailleurs. C’est-à-dire qu’il est impossible qu’il y ait de la vie, pasailleurs hein, mais par exemple dans les endroits très chauds, ou des endroits où il y a énormément depression, et on a trouvé sur terre, par exemple, des bactéries qui vivent dans des cheminées devolcans. On les a trouvées récemment, on les a appelées les lucifera, bien sûr. Et ça, ça n’existe pas,c’est pas possible – un animal qui vit à partir de 350 °C ! Les règles de la chimie et de la physiqueorganiques aujourd'hui empêchaient ce genre de chose. Pourtant on les a trouvées. On a de la vieorganique, par exemple des acides aminés, à l’intérieur des noyaux des comètes. Mais comment c’estpossible ? La température extérieure est -270 °C ! Ce qui veut dire qu’il n’y a plus aucun échangebiologique à l’intérieur. Comment c’est possible de maintenir une brique initiale ?

Donc voyez, c’est en fonction de nos connaissances, en fonction de nos points de vue. Mais je suissûr qu’il y a d’autres endroits où la gravité n’est pas la même (à supposer que la gravité existe) ; qu’il

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y a des endroits où le temps ne s’écoule pas de la même manière… Donc je pense que les lois ne sontpas absolues, mais qu’elles sont relatives.

ALEX – Merci Formel pour tes questions.

FORMEL – Non mais, excusez-moi, une dernière chose…

ALEX – Rapidement, oui.

FORMEL – Oui. Vous parlez du fil conducteur, pourtant toute chose est reliée aux autres. Donc, bon.Maintenant, une dernière chose : je voulais vous demander si par hasard vous connaissez l’œuvre deKatsuero Ottoman ( ?), qui a fait Akera ( ?), qui est très connu…

P. BURENSTEINAS – Oui oui oui. Oui je connais, oui.

FORMEL – Eh bien, ce que je peux vous conseiller, c’est de lire la bande dessinée et puis de voirAskimboil ( ?), le film.

P. BURENSTEINAS – Eh bien, je le ferai avec plaisir !

ALEX – Merci Formel. Nous accueillons Tristan.

TRISTAN – Oui, bonjour. J’ai pris un peu l’émission en cours… J’ai noté quelque chose qui me touched’assez près, euh « être en chaque chose et que chaque chose soit en nous », ne pas se fractionner. Ettout à l’heure, Patrick, vous avez dit que les gens, souvent, avaient tendance à se fractionner lorsqu’ilsvoulaient le pouvoir, ou qu’ils convoitaient un petit peu la richesse ou la matière. C’est ça que j’aientendu.

P. BURENSTEINAS – Oui oui, c’est bien ce que j’ai dit.

TRISTAN – Voilà. Dans ma famille… enfin, ce n’est pas une psychothérapie familiale par téléphoneque je vous demande, mais je suis entouré de personnes, je suis un petit peu, dans ma famille,quelqu'un qui a souvent rejeté l’appât du gain ou un certain carriérisme dans lequel on a voulu mefaire rentrer. Et j’ai noté, bon, à travers mon père et mon frère, par exemple, qui ont été des hommesqui étaient très prévoyants, très constructeurs, très carriéristes, des symptômes ou des maladies quisont tombées, et notamment des problèmes de rein, avec des tumeurs qui ont failli les emporter. Monpère a été emporté par un cancer du rein, et mon frère a failli aussi. Et euh est-ce qu’il y a unfractionnement, est-ce que dans la façon qu’on a de vivre il peut y avoir ce fractionnement causé parle psychisme ou par des choix de vie, qui puisse conduire à des dérèglements et des maladies précises,de blocage.

P. BURENSTEINAS – Tout à fait. Sans aucun doute. Sans aucun doute. Notre corps réagit par anticipation.C’est-à-dire que, imaginez : notre corps c’est une fourmilière…

TRISTAN – Oui…

P. BURENSTEINAS – Il n’existe pas en tant que tel. Et quand on a compris ça, eh bien, on comprendbeaucoup du fonctionnement biologique. Ce qui veut dire que vous essayez d’avoir un pouvoirparticulier ou vous essayez en tout cas de concentrer toute votre énergie vers quelque chose, ce quiveut dire que votre organisme est mené à un stress, à une énergie globale énorme, donc il va bienfalloir qu’il se passe quelque chose. Et ce quelque chose, ça va être un système de soupape. Et lasoupape, eh bien, c’est le symptôme, c’est la maladie qui va se déclarer.

Le fait de travailler, si vous voulez, vers un but unique de pouvoir aussi – il faut s’entendre sur leterme de « pouvoir », hein, je ne parle pas de « pouvoir magique », hein, je parle de cette idée demaîtriser toutes choses, cette idée d’avoir la mainmise sur les choses, hein –, c’est un peu comme le

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syndrome de la savonnette : vous savez, quand vous essayez d’attraper une savonnette et que vousavez les mains humides, plus vous serrez plus elle vous échappe.

TRISTAN – Oui.

P. BURENSTEINAS – Donc notre corps va réagir exactement de la même manière. C’est-à-dire plus je vaisessayer d’avoir un pouvoir, plus je vais être coercitif, plus je vais être coercitif plus tout va fuir autourde moi, et en finalité mon corps va faire exactement la même chose.

TRISTAN – Oui.

P. BURENSTEINAS – Donc la clé – en tout cas pour moi, bien sûr, ce que je dis n’engage que moi, hein –c’est : faites ce qui vous semble juste à vous. C’est-à-dire ni bien, ni mal. Le bien et le mal sontsubjectifs, hein, ce qui est bien pour vous ne l’est pas forcément pour quelqu'un d’autre, mais faites cequi vous semble juste, à vous. Hein, dans le moment présent qu’est-ce qui vous rend heureux. Et àpartir de ce moment-là, quelles que soient les considérations des autres, partez du principe quepersonne d’autre que vous ne sait ce qui est bon pour vous. Mais ça veut dire par là aussi qu’on utilisel’embarras du choix, ça veut dire qu’à partir de ce moment-là c’est vous qui décidez.

TRISTAN – Oui. Bon, d’accord.

P. BURENSTEINAS – Alors si vous acceptez de décider, à ce moment-là, et de vivre votre moment présentdans l’intensité qui est la sienne, vous n’avez de comptes à rendre à personne, vous êtes libre.

TRISTAN – D’accord. Euh juste savoir où il est possible de trouver vos livres, autant la Trame que cescontes initiatiques – est-ce qu’on peut les trouver sur Paris, enfin, est-ce qu’il y a un endroit…

ALEX – Oui, ben c’est le Mercure Dauphinois, donc c’est euh… c’est trouvable assez facilement, jepense qu’à la FNAC euh…

P. BURENSTEINAS – Oui, c’est ça.

ALEX – Même chez les libraires, sans problème.

TRISTAN – Bon, très bien.

ALEX – Nous allons accueillir Hassan.

HASSAN – Bonjour. Voilà, je me posais des questions, par rapport aux minéraux. Parce que lesminéraux m’intéressent particulièrement, et je vous ai entendu parler d’alchimie, donc je medemandais quels étaient les symboles, d’après l’alchimie ou… du moins votre science, quels sont lessymboles du fer, particulièrement, et puis pourquoi pas de l’or et de l’argent, du zinc...

P. BURENSTEINAS – C’est-à-dire à quoi ça correspond dans la démarche ? La démarche initiatique oueuh… Oui, ben je peux vous donner les sept métaux principaux, avec leurs correspondances.

HASSAN – Voilà, ce serait ça qui m’intéresse.

P. BURENSTEINAS – Ben je vais vous les donner. Donc vous avez… Le premier – parce qu’il y a unechronologie, hein. Pourquoi on utilise ces sept métaux en alchimie ? Parce que pour l’alchimiste, c’estle même à des états de maturation différente.

HASSAN – Oui.

P. BURENSTEINAS – Donc, le plus jeune, c’est le plomb, et le plomb va représenter Saturne, et ça vareprésenter aussi le fractionnement, le chaos, ou la naissance de toutes choses.

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HASSAN – D’accord.

P. BURENSTEINAS – Ça, c’est le premier métal. Ensuite vous avez l’étain. L’étain représente la puissancedans son bon côté, et dans son mauvais côté le pouvoir. C’est Zeus ou Jupiter.

Ensuite vous avez le fort… le fer, qui représente Mars, qui représente dans son bon côté la force,dans son mauvais côté la violence.

En gros, pour chaque métal, il faut maîtriser le mauvais côté pour avoir le bon, hein.

HASSAN – Ah, d’accord...

P. BURENSTEINAS – Ensuite, vous avez le mercure qui est le messager des dieux. Dans son bon côté, c’estl’écoute, dans son mauvais côté, c’est « je n’écoute que moi ». Donc évidemment, j’entends rien de cequi est à l’extérieur.

Ensuite vous avez le cuivre. Donc le cuivre, c’est Vénus, qui représente le rapport à l’autre, lasensiblerie, les chagrins d’amour, dans son mauvais côté, et la compréhension de l’autre dans son boncôté.

Ensuite vous avez l’argent, l’argent qui est représenté par la Lune, par Sélène ou par Diane, quireprésente la peur dans son mauvais côté, et la spiritualité, l’ouverture d’esprit, dans son mauvais…dans son bon côté, pardon !

Et enfin vous avez l’or, le dernier des métaux, qui représente dans son mauvais côté l’égocentrisme,l’égoïsme, et dans son bon côté la perception de l’unité.

HASSAN – D’accord. Et l’astre, c’est le soleil qui est…

P. BURENSTEINAS – C'est le soleil qui va avec l’or, hein.

HASSAN – D’accord. Et, qu’est ce que je voulais dire, j’ai entendu parler – parce que suis pas un experten la matière – que toute personne, en fait, est plus proche d’un métal particulièrement, dans sontempérament…

P. BURENSTEINAS – C'est vrai, tout à fait, on a ce qu’on peut dire qu’on a sa « carte métallique », c’estcomme si on avait ces sept métaux à l’intérieur de notre corps – d’ailleurs, c’est pas « comme si » : ona ces sept métaux à l’intérieur de notre corps. Bien sûr, pas dans la formule de notre sang, hein, maisdans une structure encore plus petite. On va dire par exemple…

HASSAN – Pas dans le sang ?

P. BURENSTEINAS – Non non, si je fais un dosage dans mon sang, ça n’a pas d’importance. Et puis çachange fréquemment. Je parle de quelque chose de structurel, pas quelque chose qui passe. Alors ondit que c’est dans notre ADN – alors on va dire : oui, mais attendez, l’ADN y a que quatre bases, doncil n’y a aucune raison qu’il y ait des métaux à l’intérieur. Sauf que les bases, elle ne tiennent pas enl’air toutes seules, elles se tiennent ensemble avec des ponts disulfures28. C’est des sulfuresmétalliques. Et donc on va trouver des sulfures de ces sept métaux à l’intérieur. Par exemple, si j’aibeaucoup de fer dans ma carte métallique, à chaque fois que j’aurai une émotion, ça va sortir sousforme de colère ; si j’ai beaucoup d’argent, alors à chaque fois que j’ai une émotion, ça va sortir sousforme de peur.

Alors hommes et femmes, on n’est pas calés de la même manière : l’homme est beaucoup plussensible au métal le fer, donc il sera soumis évidemment à plus de colère, des choses comme ça ; lafemme, c’est l’argent.

HASSAN – Oui, mais en fait je me suis interrogé parce que j’ai repensé ça, carrément, donc…28 Ces « ponts disulfures » sont absents de l’ADN, ce sont des ponts phosphodiesthers. Les ponts disulfures concernent lastructure des protéines ! Par ailleurs la phrase est tournée de telle façon qu’on ne sait pas si P. Burensteinas affirme quel’ADN contient effectivement des métaux – ce qu’affirme par exemple quelqu'un comme E. Guillé – ou si le soufre censéêtre présent est seulement issu de sulfures qui sont à l’origine (mais pas à l’arrivée) métalliques.

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P. BURENSTEINAS – Donc euh ça colle. Et c’est pourquoi d’ailleurs les femmes sont cyclées sur la lune.

ALEX – Mais alors est-il important de s’entourer du métal dominant dans notre carte métallique ?

HASSAN – Oui, ça c’est une bonne question.

P. BURENSTEINAS – Non, pas forcément, ça peut révéler quelque chose, ça peut exacerber quelque chose.Ça dépend de ce qu’on veut faire.

ALEX – Ça peut l’exacerber… Comme vous le disiez tout à l’heure, c’est comme celui qui est le pluslibre, c’est-à-dire celui qui voit qu’il a des chaînes, l’exacerber ça permet de le comprendre etd’avancer.

P. BURENSTEINAS – Tout à fait, ça peut… On peut, je dirais, volontairement mettre le doigt où ça fait malpour s’en débarrasser. En tout cas, ça dépend comment on veut aborder le sujet, quoi.

HASSAN – Y a-t-il un moyen de connaître sa dominante, comme ça on…

P. BURENSTEINAS – Oui, il y a un moyen mais c’est un peu long à vous expliquer, là. Bien sûr, on peut lefaire, oui.

HASSAN – D’accord. Eh bien, je vous remercie.

ALEX – Nous accueillons Marie.

MARIE – Bonjour ! Alors moi j’ai écouté un petit peu en cours de route, il y a des choses qui m’ontvraiment intéressée. Merci pour être aussi clair et… compréhensible. Alors il y a eu une évocation, àun moment donné, vous avez évoqué le fait d’augmenter les vibrations pour passer des sens qui sontcelui du toucher vers celui de l’ouïe et de la vue. Et alors ça ma renvoyée à un livre de OmramMickaïl Aïvanov, je ne sais pas si vous connaissez ?

P. BURENSTEINAS – Oui.

MARIE – ...dans lequel il évoque effectivement le fait que les vibrations sont de plus en plus lentesquand on descend vers le sens du toucher. Et immédiatement j’ai pensé à un thème qui est celui de lasexualité, parce que lui il associe effectivement la sexualité au toucher, et d’une manière même assezpéjorative, et je me suis demandé si l’alchimie intégrait la notion de sexualité comme euh une voieaussi, presque comme le tantrisme, pour redevenir ce khristos, ce Christ…

P. BURENSTEINAS – Disons que c’est pas directement explicite, dans le sens où, en alchimie, je dirais,rien n’est interdit. C’est-à-dire dès l’instant que c’est quelque chose qui vous rend « en équilibre », ehbien, c’est quelque chose de nécessaire. Vous savez, les sens sont les points d’entrée de l’être – maisça ne doit pas être le but. Ça veut dire deux choses. La première, c’est qu’on n’a pas un Dieu jalouxqui nous a doté de sens et qui nous interdit de nous en servir…

MARIE – oui.

P. BURENSTEINAS – Donc, eh bien, il est évident qu’on va s’en servir et qu’on va s’en servir avecbonheur. Par contre, ça ne doit pas être le but, sinon je ne fais que satisfaire le corps et jamais l’esprit.Donc le but du jeu, ça va être… ou du « je », ça va être de faire un équilibre entre les deux. Si moi,dans ma sexualité, c’est quelque chose qui m’emplit complètement, qui est fait sans contrainte et quime fait toucher ce qu’il y a derrière – parce que la sexualité est évidemment quelque chose de trèsintéressant mais qui ne va toucher qu’une partie de ma perception de l’univers. Là, on partait dutoucher, mais rien ne nous empêche d’entendre des sons, de voir des couleurs et d’aller au-delà. Etrien ne nous empêche, au-delà de cette sexualité – ça ne veut pas dire sans, hein…

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MARIE – oui…

P. BURENSTEINAS – …mais ça veut dire au-delà – de trouver une unité, et à ce moment là percevoirl’unité. Et d’ailleurs ça va se produire, et quand ça se produit avec quelqu'un, eh bien, on est dans unéternel moment présent. On appelle ça une fusion ; on est au-delà de toute perception et on ne faitqu’un avec l’autre. Et à ce moment-là, la sexualité sera une démarche, une marche, un cheminementqui nous permettra d’atteindre ça. Dès l’instant, bien sûr, qu’il n’y a aucune contrainte, il y a unpartage et une vraie fusion, avec l’un et l’autre. Mais aucun jugement moral, là-dessus, hein.

MARIE – oui…

P. BURENSTEINAS – Car la morale n’existe pas.

MARIE – D’accord. Eh bien, je vous remercie beaucoup.

ALEX – Au revoir Marie. Alors retournons dans le vif du sujet. Une question que je me pose, parrapport à l’environnement : comme l’alchimie est basée sur des éléments naturels – sur des minerais,sur l’eau, sur toutes sortes de choses qu’on peut trouver en baissant les yeux et en regardant le sol (endehors évidemment des grandes villes), est-ce que cette pollution grandissante, est-ce que l’état de laplanète, de plus en plus polluée chaque jour, de plus en plus détruite, ne va pas amener à ladisparition de cette alchimie ?

P. BURENSTEINAS – Ah ! Je me pose aussi une question, ou plutôt je me fais une réflexion : il y quelquescentaines de millions d’années, il y avait que de l’eau sur la Terre, et sur cette Terre, il y avait uneespèce qui vivait et qui vivait tellement bien qu’elle s’est reproduite, elle s’est reproduite, elle s’estreproduite… Elle a fait une civilisation incroyable, et comme elle s’est reproduite, bien sûr, elle apollué. Elle a fait une pollution incroyable ; elle a inventé un gaz d’une toxicité qui rongeait tout : lesmétaux, les minéraux, tout ce qui était vivant. Un poison incroyable qu’on serait incapable de faireaujourd’hui. D’ailleurs, ça les a tous tués, sauf une poignée qui a réussi à se sauver au fond des mers.

Alors, bien sûr, c’est pas les Atlantes, hélas ! mais c’est les bactéries anaérobies. Et le poissonterrible qu’elles ont créé, qui rongeait tout, c’est l’oxygène. Si elles n’avaient pas pollué à l’époque,on n’existerait pas aujourd’hui. Qu’est-ce qui est juste ?

ALEX – C’est une bonne réponse ! Une autre chose qui m’est venue en vous écoutant, j’ai eul’impression que l’alchimie n’était qu’une façon poétique de parler de la chimie…

P. BURENSTEINAS – Ah, j’espère que non. La chimie…

ALEX – Je le savais en vous posant la question, mais je vous laisse le…

P. BURENSTEINAS – Oui, la chimie, pour moi, c’est quelque chose d’intéressant, mais c’est quelque chosequi ne tient pas la dimension de l’homme. C’est-à-dire qu’on peut faire de la chimie avec desmachines, de l’alchimie jamais. L’expérimentateur a une place dans l’expérience. C’est la mêmechose qu’un copiste et qu’un artiste. Il y a une dimension, une saveur, une profondeur sans communemesure.

ALEX – Alors revenons à la culture et l’alchimie, très présente, et Blanche-Neige. J’ai tout à l’heurelancé cette phrase : Blanche-Neige et l’alchimie, pourquoi ?

P. BURENSTEINAS – Alors Blanche-Neige, bien sûr, il faut savoir que tous les contes de Grimm sansexception sont des contes qui véhiculent un message alchimique.

Ben je vais vous raconter Blanche-Neige mais en le voyant un petit peu différemment.Alors déjà il faut comprendre un petit peu les Œuvres, le principe de l’alchimie. Il faut se souvenir

que, pour obtenir la pierre philosophale – qu’elle existe ou pas –, il y a trois étapes.

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ALEX – Tenir la connaissance.

P. BURENSTEINAS – Voilà, la connaissance, mais là la pierre, elle va un sens, vous allez voir pourquoi. Lepremier Œuvre, c’est la décomposition de la matière, c’est l’Œuvre au Noir ; le deuxième Œuvre c’estrecomposer la matière, c’est l’Œuvre au Blanc, et le troisième Œuvre, c’est quand la lumière descenddans la matière, c’est l’Œuvre au Rouge. Donc trois couleurs : noir, blanc, rouge.

Ensuite, on va passer trois étapes, que j’ai sommairement nommées tout à l’heure, qui sont les septétapes à franchir de la maîtrise de la peur, l’écoute, l’écoute de l’autre, la perception de l’unité, lamaîtrise de la violence, recevoir la puissance sans succomber au pouvoir et rassembler ce qui estépars. Donc sept épreuves à franchir.

Alors, ben, voilà comment ça commence : on a une femme, on a une Reine qui est derrière unefenêtre d’ébène. Derrière, il neige ; elle est en train de coudre et elle se pique le doigt, et elle dit :« J’aimerais bien avoir une fille qui ait la peau blanche comme la neige, les lèvres rouges comme lesang et les cheveux noir comme l’ébène ». Alors évidemment, on a les trois couleurs de l’Œuvre :noir, blanc, rouge. Et Blanche-Neige représente la matière première, elle s’appelle Blanche-Neige, lamatière pure, celle capable de recevoir la lumière.

Alors vous connaissez l’histoire : sa mère meurt, le Roi se remarie avec une méchante Reine, et laméchante Reine représente l’envieux, justement, celui qui recherche la pierre philosophale ou quicherche la connaissance pour le pouvoir. A tel point, c’est qu’elle est en permanence devant sonmiroir en demandant « Est-ce que je suis la plus belle ? ». Donc la seule chose qui l’intéresse, c’estles apparences. Et son miroir, bien sûr, lui fait une réflexion, ce qui est normal, c’est un minimumpour un miroir, car ce miroir « réfléchit » – et quand Blanche-Neige a sept ans, il lui dit : « Non, cen’est pas toi la plus belle, c’est Blanche-Neige ». Alors qu’est-ce qu’elle fait ? Elle prendBlanche-Neige, elle la met à la porte. Et Blanche-Neige part, elle passe à travers la forêt, il y a desanimaux qui la menacent, et elle trébuche sur des pierres. Donc elle passe par le minéral, le végétal etl’animal.

Alors il faut savoir que pour faire la pierre philosophale, quand on a décomposé la matière, onobtient trois principe : le principe sel, qui est la matière la plus fixe, le principe soufre, qui est lamatière animée (les émotions par exemple), et le principe mercure, qui est l’esprit. Alors comment onles retrouve ? Une fois que Blanche-Neige est partie, la vilaine Reine demande à un « chasseur vert »d’aller tuer Blanche-Neige. Alors pourquoi vert, le chasseur ? Eh bien, c’est la connaissance deschoses cachées, c’est ce qu’on a vu tout à l’heure.

Et elle lui dit : « Quand tu auras tué Blanche-Neige, tu me ramèneras ses poumons et son foie ». Enaucun cas elle dit « Tu me ramèneras le cœur », ça c’est Walt Disney qui dit ça. Ce que je prendscomme référence, c’est chez Folio Classique.

Pourquoi les poumons et le foie ? A l’intérieur des poumons, il y a le souffle, et le « souffle » esttrès proche du « soufre », car on utilisera son souffle pour éliminer son soufre. Vous remarquez quequand vous avez des émotions, la première chose que vous faites, eh bien, vous soufflez, hein. Vousallez passer une journée, vous êtes… Ou quelqu'un vous dit quelque chose qui ne vous plaît pas –dites quelque chose qui ne plaît pas à un enfant, qu’est-ce qu’il fait, il souffle. Donc c’est bien unemanière d’exprimer les émotions, donc ces émotions auront leur siège à l’intérieur des poumons. Ça,c’est pour le soufre.

Et l’autre partie, eh bien, ça va être le foie. Pourquoi ? Mais parce que le foie, c’est le siège de lafoi, donc c’est le siège de l’Esprit, le spiritus, c’est là où le ciel devient « fiel », car quand vous avezune crise de foie c’est que votre « âme-ère ». J’utilise bien sûr la langue des oiseaux, votre « âmeère », donc il est normal qu’en récupérant le foie elle récupère le mercure. Et elle lui dit – il manqueun élément, le sel, l’élément le plus fixe –, elle lui dit : « Quand vous les aurez, vous les ramènerez àmon cuisinier, qui les cuisinera au sel ». Et ça, c’est textuellement marqué.

Donc elle envoie le chasseur. Il y a Blanche-Neige qui lui fait du charme, et bien sûr il ne la tue pas,il tue un marcassin à la place, et il la laisse partir. Mais elle ne part pas n’importe où, elle part au-delàdes sept montagnes d’airain – hein, sept encore une fois –, et elle rencontre les sept nains. Et pourquoisept nains, parce que sept nains c’est sept gnomes29, et gnose c’est la connaissance. Gnome – degnose. Donc ils possèdent la connaissance, et ils font le vitriol, le vitriol de l’alchimiste de tout à

29 Le mot « gnome » est dû est Paracelse

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l’heure : « Visite l’intérieur de la terre et en rectifiant tu trouveras la pierre cachée ». C’est bien leurmétier : ils creusent à l’intérieur de la terre pour chercher des pierres précieuses.

Alors on a sept matières premières qui arrivent chez les sept métaux dont j’ai parlé tout à l’heure.

ALEX – Mais pour des gens qui détiennent la connaissance, rechercher des pierres précieuses, c’estpour en faire le commerce?

P. BURENSTEINAS – Non, on entend « pré-cieux », près des cieux, bien sûr. Donc c’est l’éveil, c’est lalumière qui est à l’intérieur. D’ailleurs en aucun cas on ne voit les nains vendre, hein. A aucunmoment, hein. Au contraire, quand Blanche-Neige arrive chez eux, eh bien, d’abord Blanche-Neigeelle arrive, et puis qu’est-ce qu’elle fait ? Elle goutte dans chaque assiette, elle boit dans chaque verre– c’est comme si elle se nourrissait des sept métaux. La matière première se nourrit des sept métaux,hein. On voit presque une opération. Et vous quand vous avez fait une opération – vous faites un plat,par exemple, vous mélangez des choses – qu’est ce que vous faites après, pour que ça prenne ? Vouslaissez reposer. Eh bien, c’est bien ce qu’elle fait parce qu’elle va se coucher.

Et elle trouve un lit à sa taille. Et alors là il y a quelque chose qui m’avait toujours traumatisédepuis que je suis tout petit : quand les nains arrivent, eh bien, il n’y a plus que six lit, hein, puisqu’ily en a un qui est pris. Alors les nains arrivent (qui représentent ces sept métaux), eh bien, ils disent :« Qu’est-ce qu’elle fait là ? Est-ce qu’on va la mettre à la porte ? ». Ils disent « Non, on ne va pasla mettre à la porte, avec ses cheveux noirs comme l’ébène, ses lèvres rouge comme le sang et sa peaublanche comme la neige ». Donc ils la gardent, mais ils la gardent à condition qu’elle les nourrisse.Donc une fois que les métaux ont nourri la matière première, la matière première va nourrir lesmétaux. Et là on voit cette unité, on voit cet échange avec la nature si on veut réussir la pierre. Il fautà la fois nourrir la nature, mais il faut à la fois que la nature nous nourrisse. Et c’est bien ce qui va sepasser.

Alors le matin, Blanche-Neige se réveille, ils décident de la garder, ils décident de retourner à lamine, mais la vilaine sorcière, elle, elle a toujours son but, à tel point qu’elle demande à son miroir« Est-ce que je suis la plus belle » et le miroir lui dit « Non non non, c’est pas vous la plus belle, c’estBlanche-Neige ».

Alors là, elle décide de récupérer ce qu’elle n’a pas pu récupérer avant, c’est-à-dire le soufre et lemercure. Alors qu’est-ce qu’elle fait ? Elle se déguise en mercière, elle va voir Blanche-Neige et ellelui offre un corset. Et Blanche-Neige accepte, et quand elle met le corset, elle le serre tellement fortqu’elle perd son souffle – et elle tombe sans souffle, et là c’est la purification du soufre, c’est lapurification du souffle. La sorcière rentre chez elle, les nains arrivent, voient Blanche-Neige par terre,ils disent « Mais qu’est-ce qu’il se passe ? ». Ils se rendent compte qu’elle a un corset trop serré, ilsretirent le corset et elle retrouve un nouveau souffle. Donc on voit la purification de ses émotions.

Les nains repartent au boulot, la vilaine sorcière revenue chez elle réclame à son miroir « Est-ce queje suis la plus belle ? », le miroir lui dit « Non, c’est toujours Blanche-Neige ! ».

Alors là, elle a raté le soufre-souffle, elle va essayer d’avoir le mercure. Qu’est-ce qu’elle fait ? Ellese déguise en marchande et elle amène un peigne. Elle lui offre ce peigne. Blanche-Neige met sonpeigne dans les cheveux – c’est la partie la plus haute, la plus volatile, la plus subtile. Et quand ellemet ce peigne – qui était empoisonné –, elle tombe sans connaissance, cette fois. Donc on voit bienque c’est le mercure, puisque c’est la connaissance.

Et à ce moment-là, la sorcière rentre chez elle, les nains rentrent, voient Blanche-Neige par terresans connaissance et disent « Quel malheur ! Est-ce qu’elle a un corset – non elle n’a pas un corset ».Ils voient un étrange peigne, ils lui retirent le peigne et elle recouvre sa connaissance – c’est lapurification du mercure.

Et la sorcière, elle pose toujours la question à son miroir : « Est-ce que je suis la plus belle ? ». Et lemiroir lui dit : « Non, c’est toujours Blanche-Neige ».

Cette fois elle décide de faire un gros coup. C’est-à-dire elle décide de prendre les deux d’un coup.Et qu’est-ce qu’elle fait, elle fabrique une pomme – déjà, le fruit de la connaissance. Bon, c’est uneerreur de traduction, mais on va dire que la pomme, c’est le fruit de la connaissance. Et elle prend

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cette pomme et elle en trempe la moitié – elle en empoisonne la moitié. Une face rouge et une faceblanche. Eh bien, symboliquement, le rouge représente toujours le souffre et le blanc représentetoujours le mercure.

Et elle amène la pomme à Blanche-Neige, qui cette fois, s’étant fait avoir deux fois, ne veut pas lamanger ; alors la sorcière coupe la pomme en deux, elle mange la partie blanche et elle lui donne larouge. Et Blanche-Neige s’empoisonne. Et cette fois elle tombe comme morte – c’est ce qui est dit.

La première fois, on a essayé de prendre le soufre, la deuxième fois on a essayé de prendre lemercure, et la troisième fois, eh bien, c’est la matière qui semble morte – car on ne peuttrouver l’Esprit qu’en passant par une mort apparente.

Et la sorcière rentre chez elle. Et les nains voient Blanche-Neige par terre, ils se disent « Est-ce quec’est un corset ? ». Non ce n’est pas un corset. « Est-ce que c’est un peigne ? ». Non, ce n’est pas unpeigne. Alors là, ils sont bien embêtés parce qu’elle semble vraiment morte. Alors ils la déshabillentet ils la lavent avec de l’eau et du vin – liquide blanc, liquide rouge. Pour essayer justement de faireressortir le Phénix de tout à l’heure. Et là, il n’y a rien à faire.

Alors ils décident de la veiller chacun leur tour avec une bougie. La première fois, au début duconte, ils l’ont nourrie de matière, avec un verre, avec une assiette ; cette fois, à la fin du conte, ils lanourrissent de lumière, avec sept bougies, et une fois que c’est fait, ils s’aperçoivent que, eh bien, ellene revit pas.

Alors ils décident de la mettre dans un cercueil dont on peut voir de tous les côtés – mais uncercueil dont on peut voir de tous les côtés, c’est un ballon. C’est comme un ballon de laboratoire.Donc on voit cette matière première qui est passée par les sept métaux ; on a purifié le soufre, on apurifié le mercure, on a apporté la lumière des sept métaux, et maintenant il ne faut plus qu’il y aitque la lumière à l’extérieur qui accepte de rentrer à l’intérieur.

Eh bien, c’est ce qui se passe avec le beau Prince Charmant, qui représente Mercure, le messagerdes dieux, toujours beau, toujours jeune. Alors il arrive, il voit ce cercueil de verre et il demande auxnains : « Est-ce que je peux vous l’acheter ? ». Alors les nains sont outrés, ils disent : « Non, bien sûr,tu ne peux pas l’acheter. Pour tout l’or du monde, tu ne pourras pas l’avoir ». Donc on voit bien quece n’est pas l’argent qui l’intéresse, ce n’est pas une valeur pécuniaire.

Alors le Prince réfléchit et il dit : « Et si je vous promettais de la chérir jusqu’à la fin de mes jourset de l’amener chez moi ? ». Alors là ils acceptent.

Alors là, il y a une fin « soft » et une fin « hard ». Donc la fin « hard », il lui fait un enfant – et c’estl’enfant naissant qui la réveille, c’est la conjonction de la matière première et de l’esprit (donc c’estbien la pierre philosophale). Et la fin « soft », c’est : il la fait emporter par ses serviteurs, il faitemporter le cercueil, il y en a un qui trébuche et il y a le trognon de pomme qui sort.

Ce qui ne l’empêche pas de l’emmener dans son château pour lui faire beaucoup d’enfants quandmême.

Mais ce n’est pas fini. Ce n’est pas parce qu’il y a la conjonction entre l’esprit et la matière qu’on aterminé. Il reste encore les matières puantes. Parce que la vieille Reine, elle est toujours vivante.Alors ils invitent la vieille Reine au mariage, et ils présentent devant elle des galoches chauffées aublanc. Mais c’est des creusets, ça, des galoches chauffées au blanc ! Et elle doit les mettre et danserjusqu’à ce que mort s’ensuive.

Eh bien, quand j’aurai pris ma matière et que je l’aurai mise dans un creuset chauffé au blanc, lamatière qui danse – c’est ça, hein, elle danse grâce à la chaleur – une fois que cette matière puantesera morte, il ne restera que la matière pure.

Eh bien, vous n’écouterez plus jamais Blanche-Neige de la même manière !

ALEX – Non, là vous avez brisé beaucoup de rêves ! Mais pourquoi, pourquoi laisser euh… PourquoiGrimm a-t-il réalisé ce… C’est presque une formule.

P. BURENSTEINAS – Ah ! c’est… c’est… Il y en a, c’est vraiment des modes d’emploi. Je pense à la…

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ALEX – Je comptais aujourd'hui vous faire lire une de vos nouvelles, mais elles sont trop longues,hélas. Mais est-ce que vous avez un autre exemple d’un conte de Grimm ?

P. BURENSTEINAS – Mais il y en a plein ! Il y a Cendrillon… Je vous encourage, bien sûr, à tous les lire.

ALEX – Moi je l’ai ai relus le mois dernier, ça tombe bien qu’on en parle aujourd’hui, mais…

P. BURENSTEINAS – Voilà. Donc il y a Cendrillon, l’Alouette sauteuse et chanteuse, il y a les SeptCorbeaux – les Sept Corbeaux, on peut vraiment aller dessus. Mais c’est un peu trop symbolique,c’est-à-dire qu’il faut déjà avoir des clés pour comprendre, donc… Mais vous avez aussi – bien sûrtous les contes de Grimm –, mais un que j’aime beaucoup – il y en a deux que j’aime beaucoup, pasdans les contes de Grimm mais chez Rabelais, ou chez Cervantès… Parce que vous remarquerez queDon Quichotte c’est un « grand maigre » et il est avec Sancho Pansa qui est un « petit gros » – ehbien, c’est le soufre et le mercure. Et c’est le couple infernal, qui vont à la quête de l’inaccessibleétoile. Et donc ils vont à la quête et ils ne chassent pas n’importe quoi – ils chassent des « géants ». Età l’intérieur des géants, c’est quoi, c’est des moulins à vent. Donc ils chassent quelque chose qui est« dans le vent ». Et on peut dire en alchimie – on le dit : « Le vent l’a porté dans son ventre ». Doncils chassent bien ça. Et les géants, dans tous les contes de fées, vont avoir un sens très intéressant :géant, « j’ai en », j’ai à l’intérieur, il y a quelque chose à chercher.

Alors chez Rabelais, tous ces géants, en plus, commencent par la lettre G. Et la lettre G estintéressante, parce que si vous regardez sa forme, c’est une spirale qui va vers l’intérieur et qui nousdit : « Va chercher à l’intérieur des choses ». Eh bien, vous avez Gargantua, vous avez Grandgousier,vous avez Gargamelle – le père, la mère, le fils. Et qui commencent et ils cherchent quoi ? La DiveBouteille. C’est-à-dire ce qui rend « divin », car le vin rend divin. Eh bien, ils vont faire cette quête, etquelle est cette quête à l’intérieur de la Dive Bouteille ? On en a parlé tout à l’heure, des quatreéléments. Eh bien, il y en a un cinquième qui est au-dessus des autres, et ce cinquième élément, ils’appelle la « quinte-essence », la cinquième essence, eh bien là est leur quête. Et ce n’est pasGargantua qui va le trouver, mais c’est son fils. Et pour bien montrer qu’il l’a trouvée, cettequintessence, son nom : il va s’appeler Pantagruel. Panta, comme 530. Et la lettre G qui est au débutdu nom de ses parents vient après le Panta. Et pour bien montrer ça, le chapitre XIX du Ve Livre, ehbien, il arrive dans le livre de la « quintessence ». Et là, il rencontre la Reine de Lanternois31, c’est-à-dire celle qui a la lumière sur la tête, qui l’amène à un prêtre qui l’amène dans un temple souterrain etqui lui fait visiter une salle mystérieuse où il l’amène à une fontaine à sept côtés, sur lesquels il y asept métaux, avec sept pierres précieuses. Et à l’intérieur il trouve la chose qu’il cherche le plus, etquand il a fini, il est ramené en haut où on le nomme « abstracteur de quintessence ».

ALEX – Puisqu’on est dans la littérature, il y a beaucoup de gens qui ont découvert récemmentTolkien grâce au Seigneur des anneaux. Alors on ne va pas s’attarder sur le film, qui passe surbeaucoup de choses, mais dans la série des trois livres de Tolkien, l’alchimie est présente, trèsprésente.

P. BURENSTEINAS – Oui, bien sûr, mais c’est normal, parce que Tolkien c’est un philologue, alors àl’origine c’est un universitaire, quand même, donc ce qui veut dire qu’il a une connaissance trèspointue de toutes les traditions populaires. Donc la tradition populaire est étroitement mêlée àl’alchimie. Alors lui, en plus, il parle du petit peuple, il parle de tous les personnages féeriques quisont particulièrement dans tous les pays du Nord. Donc – bon, il y en a partout, dans toutes noscontrées… On parlait de la Bretagne un petit peu tout à l’heure – bien sûr qu’il y en a plein quihantent ces contrées.

30 Penta, est 5 ; Panta est « tout ». Dans les Mystères médievaux Pantagruel est le nom d’un petit diable qui altère (altérer ausens d’assoiffer) les gens.31 Il faut plutôt voir une allusion obscène dans cette « reine de Lanternois ». La lanterne (ou la landie) étant une désignationdes parties naturelles de la femme. Cf. les expressions « envoyez qqun à la landie sa mère » ou « à la lanterne sa mère, à lalanterne d’une femme », et lanterner, « injurier ».

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Il a utilisé aussi des vieilles langues. C’est-à-dire quand il parle la « langue des Elfes », parexemple, la manière dont il l’annonce, elle n’existe pas vraiment, mais les runes qu’il utilise, lesdessins qui existent, sont une vraie écriture. Donc il s’est appuyé sur des choses qui sont réelles, quisont solides, et dessus il a fait une Geste, il a fait une Quête qui est, après tout, celle d’un anneauforgé et qui retourne dans cette forge. Donc c’est celle de la création de l’anneau ; on partait d’uneénergie indifférenciée et on l’a fractionnée entre les hommes, les nains, les elfes, et le but du jeu, ehbien, c’est de rassembler tout ce qui est épars pour retrouver cette unité. Alors là, évidemment, ça sefait un peu dans la douleur, c’est-à-dire qu’il n’est de rassemblement possible que contre un ennemicommun. Et la quête, finalement, c’est de dire que, quand cet ennemi commun aura disparu, eh bien,le fractionnement devra disparaître avec. Et bien sûr qu’il a utilisé tous les symboles – il a utilisé tousles métaux, même quand il parle de « Mitril » ( ?), c’est un métal qui existerait (pas sous cetteforme-là, bien sûr), mais qui est un métal aux propriétés assez étonnantes. Donc il s’est baignécomplètement, bien sûr, dans cette symbolique.

ALEX – Alors l’alchimie, si j’ai bien compris, c’est « être un », c’est-à-dire que la Terre joue sur nouset que nous jouons sur la Terre. Je ne vais pas parler, évidemment, de votre prochain livre, que je n’aipas lu, mais je voudrais prendre cet exemple – en préparant l’émission, on l’a effleuré –, c’estl’influence de la Terre sur le vocabulaire. Ça m’a paru très intéressant, et ça rentre vraiment dans lethème de l’alchimie : la Terre influence notre manière de parler ?

P. BURENSTEINAS – Ah oui, tout à fait. C’est-à-dire que nous on s’exprime – la parole, bien sûr, estimportante dans ce qu’elle véhicule ; il y a des tas de manières de transmettre de l’information, maisla parole est quelque chose d’intéressant. Il est quand même curieux de voir, quand on va dans unerégion différente, même si on parle la même langue et si on n’utilise pas de patois, bien sûr, eh bien,qu’on a des accents différents. C’est quand même étrange. Alors qu’on parle la même langue ! C’estcomme si la Terre, à travers nous, avait une influence même sur la manière de prononcer les mots. Eton peut même se dire : quand je suis dans une région qui ne me plaît pas, eh bien, je ne prends pasl’accent. Je garde l’accent de la région que je viens (sic). Et on a des gens qui ne prennent jamaisl’accent de la région. Par contre, il y a des gens qui le prennent tout de suite ; c’est comme s’ilsacceptaient la région – mais on peut se poser la question : peut-être que la région accepte aussi ou pasla personne.

Alors il est curieux de voir que dans les pays rocailleux, eh bien, les accents sont rocailleux ; dansles pays où il fait chaud, eh bien, on a beaucoup de faconde, on va bouger, on a besoin d’exprimer.Dans les pays où il fait froid – quand je dis pays, c’est région, hein, les régions en France, parexemple –, dans les pays où il fait froid, on va garder les mots à l’intérieur de soi. Alors ce qui estcurieux, c’est comme s’il y avait un espèce de courant, un espèce de flux qui recouvrait l’univers etqui passait à travers nous, et selon l’aptitude qu’on avait de faire résistance à ce flux ou pas, eh bien,ça conditionnait notre manière de nous exprimer ou d’être en accord.

Alors on le voit par exemple avec les prénoms, où il y a des modes. Hein, on a presque despedigrees ; en fonction du prénom qu’on a, on peut quasiment savoir dans quelle époque on est né. Ehbien, pourquoi ça ? Est-ce qu’on a tous décidé un jour d’appeler quelqu’un… Moi, je ne sais pas, j’aiun fils que j’ai appelé d’une manière originale, et je me suis dit : eh bien, c’est forcément original.Bon, maintenant quand je l’appelle, j’en ai vingt-cinq qui se retournent. Parce que c’était pas du toutoriginal – alors que moi je pensais que c’était original. Ce qui veut dire que j’étais porté par un fluxqui ne dépendait pas de moi. Et est-ce que les phénomènes de mode sont induits par des raisonséconomiques, ou est-ce que c’est induit par quelque chose de sous-jacent qui traduirait un espèce decourant qui traverserait notre univers.

ALEX – Laurent, qui a suivi l’émission depuis le début, me demandait à l’instant si vous pouviez nousexpliquer ce que voulait dire en « langage des oiseaux », que nous avons défini plus tôt, « homme » et« femme »…

P. BURENSTEINAS – Ah oui, c’est intéressant. Alors vous remarquerez déjà qu’il n’y a que les deuxpremières lettres qui changent. Derrière on a « M-M-E » et le M, c’est la lettre de la création, commela mère. Regardez la forme de cette lettre : on dirait une femme qui accouche. Et le E c’est le monde.

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Voyez la forme de cette lettre. Trois barres – matériel, spirituel, divin – que relie l’unité. Donc le M-E, ça veut dire « aime ton monde », et quand on l’a deux fois on doit vraiment aimer son monde.

Si je prend la femme, c’est F-E, et le F, voyez, c’est un E pour qui il manque la barre d’en bas.Matériel, spirituel, divin – si je retire la matière, il reste le F du « feu ». Eh bien, donc, la lettre Freprésentera le feu.

Donc si je prends « femme » – F-E-M-M-E – la femme, c’est celle qui fait descendre le feu dans lemonde, et c’est pourquoi la femme sera toujours l’intercesseur entre les hommes et les dieux, jusqu’àce que l’homme se rende compte que c’est un pouvoir et qu’il le prenne pour lui. Mais à l’origine, lafemme fait descendre l’esprit, c’est d’ailleurs pour ça que, dans une éducation, la femme c’est cellequi va construire l’enfant, qui va faire une énergie qui va de l’extérieur vers l’intérieur.

Alors que l’homme, lui, c’est la lettre H, et lettre H c’est une balance, la balance entre le haut et lebas. Et la lettre O, c’est l’élément « eau », mais c’est l’homme dans sa totalité, aussi. C’est le corps etl’esprit.

Donc, en gros, la femme fait descendre le feu, et l’homme le récupère et le fait passer dans soncorps. Et c’est pourquoi l’homme et la femme n’est pas (sic) complémentaire… pardon ! n’est paségal mais est « complet en terre ». Et on a vraiment cette complémentarité à ce moment-là. Etheureusement qu’on n’est pas dans l’égalité, parce que si on était égal (sic), il y en aurait un de trop.Alors qu’il y en a un qui va chercher le feu et l’autre le réalise.

Et on va le voir dans l’éducation d’un enfant aussi. Non pas quand on veut éduquer un enfant, maisquand on veut l’élever, au sens littéral du terme, eh bien, la femme fera ce qui va de l’extérieur versl’intérieur, alors que l’homme fera ce qui va de l’intérieur vers l’extérieur, et c’est l’homme quiamènera l’enfant dans le monde.

ALEX – Vous êtes à l’écoute de Radio Ici & Maintenant! 95.2. Fatima, bonjour.

FATIMA – Oui, bonjour. J’ai une question donc à propos d’une éventuelle boisson alchimique. Jevoulais savoir s’il existait, à votre connaissance, une boisson alchimique, et aussi vous dire que, enpassant, mais vous le savez certainement, qu’élixir est un mot qui est d’origine arabe et qu’il signifie« pierre philosophale »32. Voilà. Merci beaucoup. Au revoir.

ALEX – Merci Fatima.

P. BURENSTEINAS – Oui, merci pour cette précision, bien sûr. Alors il faut s’entendre sur le terme« boisson alchimique ». Le vin est une boisson alchimique…

Alors pour rebondir un peu, il y a un alchimiste qui s’appelle Arnaud de Villeneuve qui travaillaitsur les plantes. Il cherchait les principes vivants à l’intérieur d’une plante. Et une fois qu’il était dansson alambic et qu’il a eu le produit, il a mis son nez dessus, il a trouvé que ça sentait bon, il l’a goûtéet il a trouvé ça absolument formidable. Alors il en a gardé la formule. Et comme il travaillait sur leGrand Art, l’Ars magnus, eh bien il a inventé l’Armagnac33. Donc on peut dire que l’Armagnac, parexemple, est une boisson alchimique. Je ne pense pas que c’était la question que vous posiez, vouspensiez peut-être à l’élixir, c’est-à-dire de la pierre philosophale diluée à l’intérieur de vin et quidonnerait la longévité et la réponse à toutes les maladies.

ALEX – Et Jacques est avec nous aussi. Jacques, bonjour.

32 Il faut rappeler quand même que l’arabe a emprunté le mot au grec ksêron, « médicament de poudres sèches »…33 L’Armagnac, grand fief de Gascogne (correspondant à l’actuel département du Gers) et comté depuis 960. L’Ars magna (etnon magnus, ars étant fém. en latin) n’a assurément pas donné son nom à l’Armagnac. Rappelons qu’Arnaud de Villeneuvea vécu entre 1235 et 1311. Il est le plus célèbre des médecins de l’École de Montpellier au XIIIe s. Il exerça à Montpellier lamédecine et la chirurgie, et s’intéressa à l’astrologie, à l’alchimie, à la magie; il découvrit la formule d’une distillation, qu’ilnomma eau-de-vie (aqua vitæ), dont il introduisit l’usage en thérapeutique externe. Arrêté par l’Inquisition comme hérétique,il ne dut qu’à l’intervention de Boniface VIII (qu’il avait guéri d’une lithiase rénale) d’échapper au bûcher, mais ses traitésde théologie furent brûlés après sa mort en place publique.

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JACQUES – Oui. Bonjour Patrick, Alexandre et auditeurs et -trices, bien sûr. Je vais poser un peu laquestion du naïf, parce que devant se tourbillon je me sens un peu perdu. Alors je me demandais,mais alors vraiment bêtement sans doute, s’il faut être Français – hexagonal ou pentagonal, je ne saispas trop – pour parler la langue des oiseaux, enfin, pour comprendre ce que vous dites, parce queWalt Disney c’est un Anglais, alors comment il a fait ? Enfin, je ne sais pas.

Je ne sais pas si ma question est… elle me parait très stupide. Enfin bon, voilà. Je vous écoute.

P. BURENSTEINAS – Non, ce n’est pas du tout une question stupide. J’ai utilisé ici, parce qu’on parlait enFrance, mais ça marche bien sûr pour toutes les langues. Par exemple, quand quelqu’un en anglaisvous lui dites le matin « Réveille-toi », vous dites « Wake up », nous on va entendre « Way cup », lechemin de la coupe. C’est pas mal comme réveil !

JACQUES – Oui, non mais là vous essayez de m’entourlouper…

P. BURENSTEINAS – Non non ! pas du tout, non !

JACQUES – Si vous repreniez mot à mot ce que vous avez dit à propos des… hein, de votre langage desoiseaux en français par rapport à l’histoire, vous auriez été obligé de trouver d’autres symboles, parceque ce serait miraculeux qu’avec les jeux de mots (que j’ai oubliés) avec les jeux de mots, enfinbon… que ça retombe pareil, quoi.

P. BURENSTEINAS – Non, mais non, parce que, si vous voulez, la transposition n’est pas directe. C’est-à-dire qu’on ne va pas prendre les mêmes mots, mais d’autres mots vont nous conduire à la mêmechose. Par exemple, en français on dit antimoine, hein, bien sûr c’est un jeu de mot qui ne marchequ’en français, c’est pour ça que le symbole qu’on va avoir, souvent c’est un personnage qui menaceun moine, qui veut tuer ce moine, on l’appelle donc anti-moine. Mais par contre, si je le prends enlatin, ça va être antimonium, qui veut dire « jamais seul », et s’il n’est jamais seul, ça veut dire qu’il ya quelque chose d’autre avec. Alors qu’est-ce qu’il y a d’autre avec ? Eh bien, c’est peut-être lalumière.

Alors on le voit dans une autre clé où vous avez l’âne qui porte le Christ, qui porte la lumière.Pourquoi l’âne ? Parce que l’âne il s’appelle Timon, l’« âne-Timon », l’antimoine. Alors si je le prenden grec, par exemple, c’est stibine34, et stibine ça veut dire la « voie » ( ?). Donc on va trouver uneautre clé, bien que les langues soient différentes. Alors ça va marcher bien sûr en hébreu directement,c’est ce qu’on va appeler la Kabbale, par exemple. Ça marche en latin, par exemple, où on vacomprendre d’autres choses. Vous avez, par exemple, le chien à côté de saint Dominique, qui esttoujours placé là, mais c’est un jeu de mots, parce qu’avant d’être saint Dominique, sa mère rêve qu’ilva porter à travers le monde par la flamme. Donc ça devient domicanis, les dominicain, l’associationdu chien et de Dominique. Donc voyez ce que je vous… évidemment en transposition…

JACQUES – Je commence à voir un petit peu, mais je pense qu’il faut que j’attende qu’il y ait un livrepour travailler à mon rythme, hein. Voilà. Mais peut-être allez-vous nous livrer le secret d’une langueoriginelle qui comporterait je ne sais pas combien d’autres lettres, hein…

P. BURENSTEINAS – Ben, j’adorerais. Et j’adorerais…

JACQUES – Et que vous allez nous la détailler, et peut-être qu’on va se mettre tous à la réapprendre,parce que, évidemment, on va pas rester franco-français, quand même !

P. BURENSTEINAS – Non non. Mais bien sûr que non, là c’est…

JACQUES – Quoique, il y en a qui en rêvent. Ils aimeraient bien que tout ait commencé et se termine enFrance. Mais ça c’est un autre débat.

34 La stibine est le sulfure d’antimoine, Sb2S3. L’antimoine est en latin stibium, lequel vient du grec . A ne pasconfondre avec le stilbène, qui est un hydrocarbure (de formule générale C6H5–CH=CH–C6H5) connu pour ses propriétés deluminescence (c’est un luminescent organique), d’où son nom de stilbène, du gr. stilbô, « je brille, je resplendis ».

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P. BURENSTEINAS – Oui, c’est peu probable !

ALEX – Merci à toi, Jacques.Patrick Burensteinas, si vous pouviez nous résumer les trois contes qu’on peut trouver dans ce petit

livre qu’est le Disciple – Je l’ai lu plusieurs fois, en fait. Parce que d’abord, j’ai pris le côtéromanesque de la chose, la belle histoire. Et puis après, même si ça saute aux yeux, parce que vousavez fait en sorte que ça saute aux yeux, après je me suis attardé aux images.

La première histoire, c’est celle d’un homme qui découvre sa voie en faisant le mal…

P. BURENSTEINAS – Oui. J’ai voulu, à travers ces trois contes, mettre des choses qui me semblaientessentielles à la Voie. Le premier, je ne dirais pas qu’il fait le mal, je dirais que c’est un élève quitrahit son maître, c’est-à-dire qu’il décide, par pouvoir, finalement, de tirer le côté mercantile del’alchimie.

ALEX – Enfin, il le trahit dès le début… Il vient pour le trahir, à la base.

P. BURENSTEINAS – Tout à fait. A la limite il vient pour rien, c’est un concours de circonstances qui faitqu’il se retrouve avec, mais peut-être que le maître, si c’en est un, il sait ce qui va se passer, on ne saitpas.

ALEX – Pourquoi la présence de cette femme ? Pourquoi… pourquoi avoir pris ce personnage fémininqui, elle, est vraiment l’organisatrice du mal ?

P. BURENSTEINAS – Oui, mais je pense qu’il fallait un catalyseur. C’est tombé sur elle. Donc euh…

ALEX – Non, mais c’est le fait que ce soit une femme qui m’a surpris par rapport à ce que vous avezdit, entre cette femme qui est le raccord entre le ciel et la terre.

P. BURENSTEINAS – Oui, mais je pense que c’est pas parce que c’est le lien entre le haut et le bas, entre leciel et la terre, que c’est forcément le bon côté. C’est-à-dire que rien n’est ni bon ni mauvais, et jedirais, les femmes aussi peuvent être parfaitement machiavéliques, elles peuvent être parfaitementmatérielles, comme elles peuvent être absolument extraordinaires, ni plus ni moins que les hommes.Donc il se trouve qu’à ce moment-là, c’est un personnage qui s’articule à l’intérieur et qui est,finalement, qui n’est que ce qu’elle est. On ne peut pas lui reprocher d’être ce qu’elle est, mais elledéclenche finalement quelque chose qui fait que, eh bien, je ne vous raconte pas la fin mais… Parceque est-ce qu’il sera puni ou pas d’avoir trahi son maître, on ne sait pas, mais cette histoire n’auraitpas eu lieu si cette femme n’avait pas été là.

Mais je pourrais dire : il n’y a pas de christianisme sans Judas. Donc quelque chose peut seproduire… J’allais dire, pour parler d’autres religions, il n’y a pas non plus de Création sans Lucifer.Donc il y a forcément un événement déclenchant, dérangeant. Il se trouve que là, c’est une femme.

Alors effectivement, bon, il a trahi son maître, mais peut-être euh…

ALEX – Elle est très belle cette histoire ! Et il y en a d’autres.

P. BURENSTEINAS – Alors la deuxième histoire, c’est la Princesse à la courte mémoire, et l’idée générale,c’est : eh bien, qu’est-ce qui se passe quand on ne veut pas quitter ses habitudes.

ALEX – J’ai trouvé que ce second conte était le plus actuel.

P. BURENSTEINAS – Oui, c’est vrai, puisqu’on vit un peu ça un petit peu dans notre monde où les genseuh… Est-ce que l’amour sera plus fort que l’habitude ? Eh bien, on n’a qu’à regarder autour de nousce qui se passe pour avoir la réponse à la fin de ce conte.

ALEX – Moi ça m’a rappelé ce livre que je viens de lire, dont j’ai reparlé aux auditeurs, le Meilleurdes mondes, et le soma. Le soma, ce produit qui permet d’être en permanence dans un état second,

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d’oublier la douleur, d’oublier telle et telle chose. C’est vraiment… je trouve que ça parle. Les deuxse parlent. Et le troisième, donc…

P. BURENSTEINAS – Alors le troisième, c’est Des poids et démesures, c’est-à-dire l’argument, c’est unapothicaire qui pèse et qui mesure tout, qui a besoin, pour exister dans le monde, de tout mesurer, quiest obligé de prendre comme disciple un enfant qui, lui, ne pèse et ne mesure rien. Donc qui seraeffectivement le maître de l’autre ?

ALEX – Tout cela je vous le conseille vraiment. C’est au Mercure Dauphinois, et c’est le Disciple,trois contes alchimiques. Et nous accueillons Guilhem !

GUILHEM – Oui, bonjour. Ben déjà, félicitations pour… à vous deux, hein. Toi pour l’avoir trouvé, bentrouvé ces invités-là, et l’invité de ce qu’il est. Alors il y a deux réflexions qui m’ont marqué, c’est laréflexion par rapport à l’oxygène qui à pollué le monde et qui a créé la vie, et deuxièmement,l’homme, quoi qu’il fasse, il finissait en réalité par juste suivre le souffle divin, en quelque sorte. Etdonc je me demandais si l’évolution du monde aujourd'hui n’était peut-être pas quelque chose denormal… et que en réalité on ne faisait que suivre la oie des dieux, en quelque sorte.

P. BURENSTEINAS – Oui, je n’aurai pas tant de déterminisme, parce que ça m’embête, mais on est bienobligés de reconnaître qu’il y a des grands courants et que finalement, eh bien, on est aussi amenés àles suivre.

Quant au fait que l’oxygène a bien été créé et n’a pas créé la vie, bien sûr, puisqu’il y avait desbactéries anaérobies avant, c’est-à-dire qui se passaient d’oxygène, mais je veux dire que lacivilisation aujourd’hui, qui existe comme elle est, les animaux et nous-mêmes, humains, on est lefruit d’une pollution. Ce qui veut dire que peut-être on prépare l’avènement d’une future espèce quisera très spirituelle, qui sera extraordinaire, qui vivra dans la radioactivité et l’oxyde de carbone et quitrouvera ça très bien.

GUILHEM – Oui, voilà, c’est ça que je me demandais. Donc est-ce que ce serait pas, justement, la voienormale de l’homme de jouer peut-être pas aux apprentis sorciers mais de, justement, chercher tout letemps des nouvelles énergies et de nouvelles manières de consommer, en quelque sorte.

P. BURENSTEINAS – Peut-être oui, mais je dirais, on fait ce qu’on peut aussi, c’est déjà pas mal. On est icidans un monde où on est un petit peu débordé par les événements, et l’important finalement estd’essayer de faire ce qui nous rend heureux. Il n’y a qu’une seule règle qu’on va suivre – en tout casque l’alchimiste va suivre : ni bien, ni mal. Parce que la morale est relative, hein, ce qui est bien pourvous ne l’est pas forcément pour moi. Mais il va essayer de faire, un, ce qui lui semble juste, et deux,dans tous ses actes il se posera la question : est-ce que je rassemble ou est-ce que je fractionne ? Si jefractionne déjà moi, si je fractionne autour de moi, c’est que pour moi c’est quelque chose demauvais ; par contre, si je me rassemble moi, si je rassemble autour de moi, eh bien, c’est quelquechose de bon. Sans se poser la question de savoir s’il y a une punition divine, s’il y a quelque chosequi se passe, et surtout sans se poser la question : « Est-ce qu’il y a une vraie conscience derrièreça ? ».

Parce que vous dites : « On suit, par exemple, le vent divin », mais rien ne dit qu’il y a uneconscience derrière ça. Ça peut être seulement un phénomène. Peut-être que Dieu est un ver géant, età chaque fois qu’il se retourne il y a un cataclysme sur la Terre dont il n’a aucune conscience.

Est-ce que moi j’ai conscience des cellules qui existent dans mon corps ? Pas du tout. J’ai peut-êtreune cellule très pieuse à l’intérieur de mon corps qui loue la « cellule divine qui a créé la cellule à sonimage ».

GUILHEM – Ah, c’est… Oui, c’est génial. Hé ! Hé ! Hé ! Hé ! Mais je vous remercie en tout cas, c’estfabuleux. Au revoir.

ALEX – Au revoir. Colette, bonjour.

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COLETTE – Oui, bonjour. Bonjour à tous les deux. J’ai une question à poser : comment faire pours’aligner et permettre le passage de l’énergie ? Donnez-vous une réponse dans un de vos livres ?

ALEX – Dans la Trame, j’imagine, non ?

P. BURENSTEINAS – Oui, disons que dans la Trame, il y a une réponse thérapeutique, c’est-à-dire qu’il y aune réponse mécanique. C’est-à-dire qu’en faisant un certain nombre de gestes, en créant cetteséquence, eh bien, oui, on va avoir un réalignement. Bon. Mais je dirais : toutes les méthodes derespiration. C’est un peu un vaste sujet pour y répondre d’une manière aussi courte. C’est difficile derépondre à ça. La seule chose que je pourrais vous donner comme conseil immédiat, c’est de vivre lemoment présent vraiment dans son intensité. Et vraiment, la chose principale qu’on doit dépasser,c’est la peur : la peur d’être seul, la peur d’être fractionné, la peur de ne répondre à rien…

COLETTE – La peur d’autrui…

P. BURENSTEINAS – Voilà, la peur d’autrui, mais ça veut dire que je considère que les autres m’agressent,alors que si moi je suis, encore une fois, euh… Si vous voulez, le problème, c’est que quand j’ai vécuquelque chose qui m’est négatif, j’ai toujours tendance à penser que le reste va toujours être négatif.Eh bien, ce n’est pas vrai. Je crois qu’il faut se rouvrir un petit peu au monde et laisser passer un petitpeu les choses.

COLETTE – Ah, je vous remercie, parce que vous éclairez une facette de moi-même !...

ALEX – Merci à Colette. Nous allons amorcer une conclusion. Patrick, qu’avez-vous voulu fairepasser aujourd'hui en faisant cette émission ? Quel est le but ?

P. BURENSTEINAS – Eh bien... Je parle de moi, c’est un peu de l’égocentrisme, mais l’alchimie, pour moi,a transformé ce que je suis. C’est-à-dire que je n’ai pas toujours fait de l’alchimie et j’ai vraiment euune manière de vivre qui est complètement différente pour moi. C’est pas la pilule miracle, c’est pas« surtout faites de l’alchimie pour être heureux », mais ce que je veux vous faire sentir c’est que c’estpossible. C’est-à-dire que chacun peut trouver une voie avec laquelle il sera en équilibre. Pasforcément celle-là, il y a pratiquement autant de voies que d’individus, et l’important c’est qu’onpuisse trouver une voie qui nous rende heureux, et surtout qui nous rende libre. En aucun cas – encoreune fois, ce que je dis n’engage que moi, hein – quand on suit quelqu'un qui va vous guider d’unemanière un peu trop précise, on peut se poser la question de savoir s’il vous guide sur vos pas ou surles siens. Ça veut dire aussi que vous prenez votre destin en main ; ça veut dire aussi que vous goûtezchaque chose ; ça veut dire aussi que chaque chose pour vous peut être un moment de bonheur sansbornes – c’est vous qui décidez.

Par exemple, je vais vous annoncer une très mauvaise nouvelle. Eh bien, quand vous allez sortir,tout va être affreux : les gens vont être désagréables, les maisons sales. Et je vais vous annoncer uneexcellente nouvelle, tout va être merveilleux, vous allez sauter au cou de tout le monde. Alors quel’univers n’a pas changé d’un iota – c’est votre point de vue qui a changé. Ce qui veut dire par là quesi vous êtes capable de changer de point de vue, et d’avoir un point de vue qui vous rend heureux,quels que soient les événements, vous serez en équilibre.

Et je pense que, pour moi, c’est ce que m’a apporté l’alchimie. Elle m’a apporté déjà quelque chosede fondamental, c’est : eh bien, je n’ai plus de questions aujourd’hui. Vous allez dire que c’est trèsprésomptueux de ma part, mais si j’étais aujourd'hui devant un oracle et qu’il me disait « mais quelleest la question fondamentale que tu as à poser », eh bien, sincèrement, aujourd’hui, je n’en ai pas.

Et ça, déjà, c’est quelque chose d’excessivement reposant.La deuxième chose, aussi : ça m’a appris à être. C’est-à-dire que, oui, on ne peut pas plaire à tout le

monde. Eh bien, tant pis. Et les relations qu’on a avec les gens, ce sont de vraies relations. Parce quesinon l’autre n’aime chez vous que l’image que vous représentez, c’est comme si on avait l’image del’un qui épouse celle de l’autre. Mais un jour ou l’autre, maintenir une image 24 heures sur 24, ça encoûte de l’énergie. Alors l’image tombe, et bien sûr l’autre il met le doigt dedans, puis il dit : « Ah,ben je te croyais pas comme ça, hein ! ». Alors que si vous êtes, eh bien, les relations, ce seront desrelations vraies.

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Eh bien, je pense que si l’alchimie m’a apporté quelque chose, c’est une paix absolue, unetranquillité totale, et vivre le moment présent sans regretter le passé et espérer un éventuel futur.

ALEX – Il y a un mot qui me parait étrange dans toute cette définition de l’alchimie que nous avonsdéveloppée, c’est le mot « maître ». Pourquoi utiliser le mot « maître » ? Je trouve que c’est en totalecontradiction avec le sujet.

P. BURENSTEINAS – J’ai assez peu utilisé le mot « maître », sauf à titre anecdotique. Mais autrement, enalchimie, il n’y a pas de maître. Qui dit maître dit « soumettre ». Donc ce n’est évidemment pas le cas,et justement on parlait de Léonard de Vinci tout à l’heure, qui disait : « Médiocre est l’élève qui nedépasse pas le maître ». Donc, en alchimie, c’est bien pour ça qu’il n’y aura pas un enseignement demaître à élève, mais on va saupoudrer, et l’élève, entre guillemets, c’est-à-dire celui qui reçoitquelque chose, eh bien, il fera son chemin à son rythme. Et on ne peut souhaiter qu’une chose, c’estqu’il devienne bien meilleur que le maître. Si maître il y a, au mauvais sens du terme, dès que l’élèveva arriver à son niveau, il va s’arranger pour le laisser derrière pour garder son pouvoir. Mais le butde quelqu'un qui suit cette démarche, qui veut transmettre quelque chose, vous savez, la transmission,ou plutôt la connaissance, c’est comme une rivière. Pour que ça marche, il faut deux conditions : lapremière, il faut que ce soit relié à la source, la deuxième, il faut que ça coule. Si une des deuxconditions n’est pas réalisée, ça ne marche pas. Si ce n’est pas relié à la source, ça s’assèche ; si ça necoule pas, ça croupit.

Donc celui qui possède une connaissance – « possède », ce n’est pas le mot –, mais qui a cetteconnaissance, n’a quasiment pas le choix. C’est-à-dire qu’il doit en faire quelque chose.

ALEX – Donc vous nous avez donné la définition de votre alchimie, qui est différente pour chacun.

P. BURENSTEINAS – Sans aucun doute, bien sûr. Bien sûr, et c’est pour ça qu’on cherche tous l’unité, parconséquent les chemins sont individuels mais conduisent tous au même endroit. C’est les feuilles quiconduisent toutes au même tronc – j’oserais dire le tronc « comme un ».

ALEX – Et certains parleront d’égoïsme…

P. BURENSTEINAS – Je dirais : l’égoïsme c’est tout ramener à soi. Là, ce n’est pas le cas. C’est : on estsoi, on se bâtit et on rayonne à partir de ça. Pour avoir une vraie relation avec quelqu'un, on doitd’abord être plein, sinon l’autre bouche le trou qu’on a et le jour où il sera parti j’aurai toujours lemême trou. Et bien sûr, je vais chercher quelqu'un d’autre qui va boucher le même trou, et je vais dire« ben, j’ai vraiment pas de chance, je tombe toujours sur les mêmes ! ». Personne ne devrait jamaisnous manquer. Alors là on va dire « c’est vraiment de l’égoïsme » ! Non, quand on aime quelqu'un, ilne nous manque pas, on n’a pas cette relation, on n’a pas ce lien, on n’a pas cette attache, c’est unefusion complète. Donc on doit d’abord être plein et complet, soi, pour ensuite avancer sur une voie.C’est pas la voie qui va nous remplir : on doit d’abord se remplir, être plein, et ensuite on trouveraquelque chose.

ALEX – Merci beaucoup, Patrick Burensteinas, pour cette belle émission. Donc on va rappeler vosdeux livres : il y a le Disciple, trois contes alchimiques, ux éditions du Mercure Dauphinois, ainsi quela Trame, toujours aux éditions du Mercure Dauphinois. On peut trouver ça un peu partout, il n’y aaucun problème. La Trame, qui est une méthode… en quelque sorte, de réharmonisation du corps.

P. BURENSTEINAS – On peut dire ça.

ALEX – Et le site Internet ?

P. BURENSTEINAS – Alors c’est, bien sûr www.la-trame.com.

ALEX – Voilà, je crois qu’on a fait le tour, on a voulu réduire, un peu, sinon il y en aurait eu pour desjours et des jours ! Mais là, déjà, c’est une émission très complète. Merci beaucoup.

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P. BURENSTEINAS – Merci à vous.

Transcription et notes personnelles de Gérard Le Nerrant

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