l’inventaire des bassins, fontaines, des matériaux… · 2015. 12. 5. · cet inventaire a été...

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Cet inventaire a été initié en 2003 par la FAPI (Fédération des Associations Patrimoniales de l’Isère) et la FRAPNA (Fédération Rhône-Alpes de Protection de la Nature) alors associées dans un partenariat. Cette opération voulait créer un vaste réseau d’observation chargé de recenser cette architecture de l’eau, ce modeste patrimoine bâti, irremplaçable témoignage de la vie d’autre- fois. Elle voulait aussi aider à éduquer notre regard sur ces constructions qui émaillent notre département pour en faire des objets à respecter et à défendre. Placés au carrefour des patrimoines naturel et culturel, ces édifices concentrent un intérêt historique, ethnologique et environnemental important. Ils témoignent d’un mode de vie révolu et de gestes oubliés. Deux mille fiches d’observation ont été remplies et rassemblées. Même si certains territoires (Grésivaudan, Chartreuse, Oisans, Trièves) ont été mieux inventoriés que d’autres, cette accumulation de renseignements a permis une analyse qui a abouti à la publication de ce dépliant. Si l’on peut regretter beaucoup de destructions – deux à trois édifices liés à l’eau disparaissent chaque jour en France – on peut penser que le département de l’Isère en conserve encore environ dix mille. Nous savons que bon nombre de ces édifices menacés de ruine sont voués à une disparition certaine, qu’ils sont nombreux à s’envaser, à être envahis par la végétation, à être asséchés du fait de l’endommagement des canalisations. Quelques uns sont dénaturés par des usages inattendus, transformés en local à poubelles. Même si certains voient leur survie conditionnée par l’élargissement d’une voierie, la création d’une place et plus prosaïquement d’un parking, il nous semble que cette opération d’inventaire a déclenché une prise de conscience. De nombreuses associations ont fait l’inventaire des bassins, fontaines, lavoirs et puits de leur territoire. Certaines ont entrepris des chantiers de restauration, parfois avec une classe de l’école primaire de leur village. D’autres ont organisé des fêtes avec chansons et légendes racontées autour du lavoir. C’est ludique mais efficace !... Des communes, conscientes de l’intérêt de leur patrimoine, font restaurer leurs bassins ; des fontaines sont à nouveau alimentées en eau, des lavoirs retrouvent leur toit. L’inventaire des bassins, fontaines, lavoirs et puits de l’Isère Après beaucoup de destructions, il n’est pas rare de voir aujourd’hui, une fontaine toute neuve installée sur une place ou près d’une mairie. Partout, sous l’impulsion des associations de patrimoine ou des offices de tourisme, on voit se mettre en place des itinéraires de découverte des édifices liés à l’eau. Quel plaisir de se rafraîchir à la fontaine rencontrée au bord du chemin !... L’AVIPAR (association de Valorisation et d’illustration du Patrimoine Architectural Régional) s’intéresse aussi à cet inventaire et a déjà fait réaliser dans son atelier une quinzaine de maquettes. Rien de mieux que toutes ces actions conjuguées pour faire découvrir et aimer ce patrimoine et ainsi tout naturelle- ment alerter et entraîner sa préservation. Quand l’eau est tarie, le bassin ou le puits est transformé en bac à fleurs. Ainsi soigneusement fleuris, ils sont conservés et contribuent à pérenniser le souvenir de cette vie d’autrefois. Et quel bonheur de découvrir l’été une fontaine ruisse- lante de géraniums et autres pétunias, avec ses dauphins s’étirant pour passer à travers et nous offrir leur eau. La fontaine qui a perdu sa fonction première en a retrouvé une autre tout aussi noble en participant à l’embellissement de nos villages et de nos villes. Nous souhaitons que la lecture de ce dépliant permette aux curieux, promeneurs et amateurs de patrimoine isérois de découvrir tous ces petits édifices, de mieux les connaître et de participer à leur pérennité. La fontaine ardente Bassins Bassins Fontaines Fontaines Lavoirs Lavoirs Puits Puits en Isère en Isère Q e c v Rien de mieux que toutes ces actions conjuguées pour faire découvrir et aimer ce patrimoine et ainsi tout naturelle- ment alerter et entraîner sa préservation. R d m « Le lavoir est le domaine réservé des femmes. Jamais un homme n’oserait s’y montrer de peur d’y entendre ses quatre vérités, ou du moins, d’alimenter la langue des commères derrière son dos. Il est difficile de chanter les louanges de quelqu’un dans un lavoir. Frapper à grands coups sur le linge sale incite à défaire la robe d’innocence du prochain. Les anges eux-mêmes n’y sauveraient pas leur auréole. » Pierre Jakez Hélias Le Cheval d’orgueil Abreuvoir : n.m. Bassin pour faire boire les animaux. Bassin : n.m. Réservoir d’eau creusé dans le sol ou non, souvent maçonné. Bassin et fontaine sont complémentaires. Borne-fontaine : n.f. Fontaine en forme de borne dans laquelle est aménagée une arrivée d’eau. Les bornes- fontaines se sont multipliées dans les villes dans la seconde moitié du XIX° siècle. Boutasse : n.f. Réserve d’eau pour recueillir les eaux de pluies. Souvent le trou qui reste au fond du jardin après que l’on ait creusé pour retirer la terre nécessaire à la construction d’un bâtiment en pisé. Cadole : n.f. Une porte ou les éléments mécaniques assurant la fermeture d’une porte et par extension celle d’un puits. Fontaine : n.f. Monument d’où jaillit l’eau qui retombe dans un bassin, la fontaine pouvant faire elle-même partie d’un bassin. Elle a pour fonction première de dispenser l’eau aux habitants mais peut aussi servir d’agrément. Fontaine monumentale : n.f. Fontaine ayant le caractère d’un monument avec un décor architectural ou sculpté. Lavoir : n.m. Bassin utilisé autrefois pour laver le linge, souvent muni d’un plan incliné fixe ou amovible en bois. Mascaron : n.m. Ornement purement décoratif de scultpure, représentant une figure fantastique ou grotesque d’animal ou d’être fantastique. Utilisé pour une fontaine, il habille l’orifice de sortie d’eau, le tuyau passant par la gueule. Lorsque cet élément représente un visage humain, on utilise générale- ment le terme de masque. Un peu de vocabulaire… La FAPI a été créée en janvier 2000 SES OBJECTIFS Fédérer les associations patrimoniales de l’Isère • Mieux se connaître • Échanger et communiquer • S’entraider pour des dossiers difficiles • Établir et conduire s’il y a lieu des projets communs pour la sauvegarde et la valorisation du patrimoine. SES FONCTIONS • Diffuser et valoriser les actions des associations adhérentes • Informer les médias des actions des adhérents • Réunir les associations pour des journées d’information et de réflexion • Répondre aux demandes d’aide SES ACTIONS • La diffusion d’une Lettre de liaison plusieurs fois par an. • L’organisation des entretiens de la FAPI • L’inventaire des fontaines, puits et lavoirs en Isère, action engagée en partenariat avec la FRAPNA, avec une exposition constituée des meilleures photos du concours • Des interventions aux côtés de nos associations pour la défense et la sauvegarde du patrimoine. « Eau, tu n’as ni goût, ni couleur, ni arôme, on ne peut pas te définir, on te goûte, sans te connaître. Tu n’es pas nécessaire à la vie : tu es la vie. Tu nous pénètres d’un plaisir qui ne s’explique point par les sens. Avec toi rentrent en nous tous les pouvoirs auxquels nous avions renoncé. Par ta grâce, s’ouvrent en nous toutes les sources taries de notre cœur. Tu es la plus grande richesse qui soit au monde, et tu es aussi la plus délicate, toi si pure au ventre de la terre. On peut mourir sur une source d’eau magnésienne. On peut mourir à deux pas d’un lac d’eau salée. On peut mourir malgré deux litres de rosée qui retiennent en suspens quelques sels. Tu n’acceptes point de mélange, tu ne supportes point d’altération, tu es une ombrageuse divinité … Mais tu répands en nous un bonheur infiniment simple. » Antoine de Saint-Exupéry Terre des hommes Fédération des Associations Patrimoniales de l’Isère 10 rue Chenoise • 38000 Grenoble Chapiteau Triomphe Dauphin Soutien de Dauphin Trop-plein Barres pour récipients Fontaine Lavoir Trop-plein Barre pour lavoir Rigole Ces constructions destinées à répondre aux besoins collec- tifs de la population sont réalisées suivant les traditions architecturales locales avec des matériaux trouvés sur place ou à proximité. Quatre types de matériaux sont utilisés pour construire les bassins, les fontaines et les lavoirs de notre département. Le bois est le matériau le plus simple à travailler. Dans notre région, il est abondant. Un simple tronc d’arbre évidé devient rapidement un bassin de forme allongée. Mais le bois est putrescible, sa durée de vie est limitée. La pierre a longtemps été le matériau le plus utilisé. Il est très fréquent de trouver des bassins monoblocs (ou monoli- thes) de belle facture, un gros bloc de pierre creusé, avec un écoulement et une rigole. Parfois le bassin est fait de dalles provenant de carrières locales, posées de chant, soigneusement jointoyées à la chaux puis attachées par des agrafes de métal. Quand le bassin est de forme ronde, les dalles de forme cintrées et jointoyées sont cerclées de fer pour éviter leur écartement. À partir de la fin du XIX° siècle et surtout au XX° siècle, un nouveau matériau a révolu- tionné la construction. Le béton va supplanter la pierre. Les bassins, les fontaines, et les lavoirs désormais alimentés par de nombreuses conduites se sont multipliés et le béton va entraîner des construc- tions en séries permettant une meilleure étanchéité et beaucoup plus de confort pour les utilisateurs. Les formes des bassins et des triomphes fabriqués en série se sont standardisées et uniformisées. On voit alors dans une commune des bassins tous identiques, qui se différen- cient seulement par la taille ou par les nécessités de l’adap- tation au terrain. Ils ont manifestement été installés tous ensemble, au même moment. Les bornes et les triomphes sont devenus creux accueillant de nouveaux aménagements. En même temps que la canalisation d’eau potable, on prévoit l’installation de bouches d’incendie et d’arrosage. Désormais, la modernité a remplacé l’imagination et la créativité qui ont donné tant de charme à tous ces édifices. La fonte est le matériau utilisé pour les bornes-fontaines fabriquées en usine. Elles sont livrées prêtes à être instal- lées et branchées sur une canalisation. La fonte est aussi présente dans tous « les jets » qui permettent à l’eau de jaillir dans les bassins. Les canalisations d’ame- née d’eau pouvaient être creusées dans la pierre ou formées de tuiles creuses ou de bourneaux (canali- sations faites de tronçons de tuyaux assemblés par des raccords métalliques appelés vires) faits de divers matériaux : bois garni de chaux, terre cuite, tous maçonnés à la chaux, ou de tuyaux de plomb et de tuyaux en fonte à partir du XX° siècle. Des matériaux… u b p L s u c t e s E l l …Et des formes Puits : n.m Trou vertical creusé dans le sol, et souvent maçonné, pour atteindre la nappe souterraine. Robinet : n.m. Système de commande de passage ou d’arrêt de l’écoulement d’un fluide dans une canalisation. Serve : n.f. Réserve d’eau, naturelle ou maçonnée, pour les besoins de l’arrosage et des travaux agricoles. Triomphe : n.m. Pièce verticale, généralement en pierre ou en béton, dans laquelle est aménagé le système d’arrivée d’eau. Vasque : n.f. Large cuvette sur pied intégrée à une fontaine monumentale, placée généralement au-dessus d’un bassin. Quand l’eau est mise en scène « Le puits que nous avions atteint… ressemblait à un puits de village. Mais il n’y avait là aucun village… C’est étrange, dis-je au petit prince, tout est prêt : la poulie, le seau et la corde… il rit, toucha la corde, fit jouer la poulie. Et la poulie gémit comme gémit une vieille girouette … Tu entends, dit le petit prince, nous réveillons ce puits et il chante … Lentement je hissais le seau jusqu’à la margelle … Dans mes oreilles durait le chant de la poulie et, dans l’eau qui tremblait encore, je voyais trembler le soleil … » Antoine de Saint-Exupéry Le Petit Prince Hameau de la Pierre au Gua C’est l’une des 7 merveilles du Dauphiné, déjà connue sous l’occupation romaine et célébrée par un autel votif dédié à Vulcain, évoquée par saint Augustin dans ses écrits. Elle a effrayé les gens du Moyen Age qui ne comprenaient rien à l’origine de ce feu étrange : des flammes bleuâtres dansant à la surface de l’eau, le mariage curieux de l’eau et du feu. C’est finalement au début du XIX° siècle que l’on a pu comprendre et décrire ce phénomène. La Fontaine ardente n’est pas autre chose qu’un échappement de gaz, un carbure d’hydrogène qui, enflammé, génère des flammes au-dessus d’une petite nappe d’eau stagnante. Des éboulements ont beaucoup bouleversé l’aspect des lieux et réduit l’importance du phénomène. Après le temps de l’indifférence, des travaux entrepris en 1973 et 1982 ont tenté de redonner au site son aspect d’antan. Cette « fontaine qui brûle » fait partie de la grande famille des fontaines puisque l’origine du mot fontaine vient du mot latin fons, fontis qui signifie la source. Elle était « la fons qui brûle » des Dauphinois. On retrouve cette appellation donnée à de très anciennes fontaines : le ou la grand Font. Saint-Pierre-de Chartreuse Tréminis Optevoz Courtenay Revel Tourdan Ville-sous-Anjou L’arthaudière Saint-Antoine-L’Abbaye Lans-en-Vercors Noyarey Méaudre Renage Chapareillan Saint-Pierre-d’Entremont Saint-Ismier Allemond Uriage Saint-Bartélémy-de-Séchilienne Tréminis Textes et photos : La FAPI - Graphisme : Cnossos & Michka Piera - ISBN : 978-2-952350-4-1 (Patrimoine et développement ) Tous droits réservés - Mars 2008 Saint-Pierre-de-Chartreuse Musée de l’eau, Pont-en-Royans Parc de la Grille, Moirans Escalier d’eau XVIII e siècle, château du Touvet Villard-Notre-Dame Monteux, Jérôme de. De Fonte qui flamas… gr. sur bois, 1523. Cliché B.M.G Tréminis Saint-Pierre-d’Entremont Revel Tourdan Saint-Laurent-du-Pont Beaulieu Crémieu Verna

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Page 1: L’inventaire des bassins, fontaines, Des matériaux… · 2015. 12. 5. · Cet inventaire a été initié en 2003 par la FAPI (Fédération des Associations Patrimoniales de l’Isère)

Cet inventaire a été initié en 2003 par la FAPI (Fédération des Associations Patrimoniales de l’Isère) et la FRAPNA (Fédération Rhône-Alpes de Protection de la Nature) alors associées dans un partenariat.

Cette opération voulait créer un vaste réseau d’observation chargé de recenser cette architecture de l’eau, ce modeste patrimoine bâti, irremplaçable témoignage de la vie d’autre-fois. Elle voulait aussi aider à éduquer notre regard sur ces

constructions qui émaillent notre département pour en faire des objets à respecter et à défendre.

Placés au carrefour des patrimoines naturel et culturel, ces édifi ces concentrent un

intérêt historique, ethnologique et environnemental important. Ils

témoignent d’un mode de vie révolu et de gestes oubliés.

Deux mille fi ches d’observation ont été remplies et rassemblées. Même si certains territoires (Grésivaudan, Chartreuse, Oisans, Trièves) ont été mieux inventoriés que d’autres, cette accumulation de renseignements a permis une analyse qui a abouti à la publication de ce dépliant.

Si l’on peut regretter beaucoup de destructions – deux à trois édifi ces liés à l’eau disparaissent chaque jour en France – on peut penser que le département de l’Isère en conserve encore environ dix mille.

Nous savons que bon nombre de ces édifi ces menacés de ruine sont voués à une disparition certaine, qu’ils sont nombreux à s’envaser, à être envahis par la végétation, à être asséchés du fait de l’endommagement des canalisations. Quelques uns sont dénaturés par des usages inattendus, transformés en local à poubelles. Même si certains voient leur survie conditionnée par l’élargissement d’une voierie, la création d’une place et plus prosaïquement d’un parking, il nous semble que cette opération d’inventaire a déclenché une prise de conscience.

De nombreuses associations ont fait l’inventaire des bassins, fontaines, lavoirs et puits de leur territoire. Certaines ont entrepris des chantiers de restauration, parfois avec une classe de l’école primaire de leur village. D’autres ont organisé des fêtes avec chansons et légendes racontées autour du lavoir. C’est ludique mais effi cace !...

Des communes, conscientes de l’intérêt de leur patrimoine, font restaurer leurs bassins ; des fontaines sont à nouveau alimentées en eau, des lavoirs retrouvent leur toit.

L’inventaire des bassins, fontaines, lavoirs et puits de l’Isère

Après beaucoup de destructions, il n’est pas rare de voir aujourd’hui, une fontaine toute neuve installée sur une place ou près d’une mairie.

Partout, sous l’impulsion des associations de patrimoine ou des offi ces de tourisme, on voit se mettre en place des itinéraires de découverte des édifi ces liés à l’eau. Quel plaisir de se rafraîchir à la fontaine rencontrée au bord du chemin !...

L’AVIPAR (association de Valorisation et d’illustration du Patrimoine Architectural Régional) s’intéresse aussi à cet inventaire et a déjà fait réaliser dans son atelier une quinzaine de maquettes.

Rien de mieux que toutes ces actions conjuguées pour faire découvrir et aimer ce patrimoine et ainsi tout naturelle-ment alerter et entraîner sa préservation.

Quand l’eau est tarie, le bassin ou le puits est transformé en bac à fl eurs. Ainsi soigneusement fl euris, ils sont conservés et contribuent à pérenniser le souvenir de cette vie d’autrefois.

Et quel bonheur de découvrir l’été une fontaine ruisse-lante de géraniums et autres pétunias, avec ses dauphins s’étirant pour passer à travers et nous offrir leur eau. La fontaine qui a perdu sa fonction première en a retrouvé une autre tout aussi noble en participant à l’embellissement de nos villages et de nos villes.

Nous souhaitons que la lecture de ce dépliant permette aux curieux, promeneurs et amateurs de patrimoine isérois de découvrir tous ces petits édifi ces, de mieux les connaître et de participer à leur pérennité.

La fontaine ardente

Bassins Bassins Fontaines Fontaines Lavoirs Lavoirs Puits Puits en Isèreen Isère

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Rien de mieux que toutes ces actions conjuguées pour faire découvrir et aimer ce patrimoine et ainsi tout naturelle-ment alerter et entraîner sa préservation.

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« Le lavoir est le domaine réservé des femmes. Jamais un homme n’oserait s’y montrer de peur d’y entendre ses quatre vérités, ou du moins, d’alimenter la langue des commères derrière son dos. Il est diffi cile de chanter les louanges de quelqu’un dans un lavoir. Frapper à grands coups sur le linge sale incite à défaire la robe d’innocence du prochain. Les anges eux-mêmes n’y sauveraient pas leur auréole. »

Pierre Jakez Hélias Le Cheval d’orgueil

Abreuvoir : n.m. Bassin pour faire boire les animaux.

Bassin : n.m. Réservoir d’eau creusé dans le sol ou non, souvent maçonné. Bassin et fontaine sont complémentaires.

Borne-fontaine : n.f. Fontaine en forme de borne dans laquelle est aménagée une arrivée d’eau. Les bornes-fontaines se sont multipliées dans les villes dans la seconde moitié du XIX° siècle.

Boutasse : n.f. Réserve d’eau pour recueillir les eaux de pluies. Souvent le trou qui reste au fond du jardin après que l’on ait creusé pour retirer la terre nécessaire à la construction d’un bâtiment en pisé.

Cadole : n.f. Une porte ou les éléments mécaniques assurant la fermeture d’une porte et par extension celle d’un puits.

Fontaine : n.f. Monument d’où jaillit l’eau qui retombe dans un bassin, la fontaine pouvant faire elle-même partie d’un bassin. Elle a pour fonction première de dispenser l’eau aux habitants mais peut aussi servir d’agrément.

Fontaine monumentale : n.f. Fontaine ayant le caractère d’un monument avec un décor architectural ou sculpté.

Lavoir : n.m. Bassin utilisé autrefois pour laver le linge, souvent muni d’un plan incliné fi xe ou amovible en bois.

Mascaron : n.m. Ornement purement décoratif de scultpure, représentant une fi gure fantastique ou grotesque d’animal ou d’être fantastique. Utilisé pour une fontaine, il habille l’orifi ce de sortie d’eau, le tuyau passant par la gueule. Lorsque cet élément représente un visage humain, on utilise générale-ment le terme de masque.

Un peu de vocabulaire…La FAPI a été créée en janvier 2000

SES OBJECTIFSFédérer les associations patrimoniales de l’Isère• Mieux se connaître• Échanger et communiquer• S’entraider pour des dossiers diffi ciles• Établir et conduire s’il y a lieu des projets communs pour la sauvegarde et la valorisation du patrimoine.

SES FONCTIONS• Diffuser et valoriser les actions des associations adhérentes• Informer les médias des actions des adhérents• Réunir les associations pour des journées d’information et de réfl exion• Répondre aux demandes d’aide

SES ACTIONS• La diffusion d’une Lettre de liaison plusieurs fois par an.• L’organisation des entretiens de la FAPI• L’inventaire des fontaines, puits et lavoirs en Isère, action engagée en partenariat avec la FRAPNA, avec une exposition constituée des meilleures photos du concours • Des interventions aux côtés de nos associations pour la défense et la sauvegarde du patrimoine.

« Eau, tu n’as ni goût, ni couleur, ni arôme, on ne peut pas te défi nir, on te goûte, sans te connaître. Tu n’es pas nécessaire à la vie : tu es la vie. Tu nous pénètres d’un plaisir qui ne s’explique point par les sens. Avec toi rentrent en nous tous les pouvoirs auxquels nous avions renoncé. Par ta grâce, s’ouvrent en nous toutes les sources taries de notre cœur.

Tu es la plus grande richesse qui soit au monde, et tu es aussi la plus délicate, toi si pure au ventre de la terre. On peut mourir sur une source d’eau magnésienne. On peut mourir à deux pas d’un lac d’eau salée. On peut mourir malgré deux litres de rosée qui retiennent en suspens quelques sels. Tu n’acceptes point de mélange, tu ne supportes point d’altération, tu es une ombrageuse divinité …

Mais tu répands en nous un bonheur infi niment simple. »

Antoine de Saint-Exupéry Terre des hommes

Fédération des Associations Patrimoniales de l’Isère10 rue Chenoise • 38000 Grenoble

Chapiteau

TriompheDauphinSoutien de Dauphin

Trop-plein

Barres pourrécipientsFontaine

LavoirTrop-plein

Barre pourlavoirRigole

Ces constructions destinées à répondre aux besoins collec-tifs de la population sont réalisées suivant les traditions architecturales locales avec des matériaux trouvés sur place ou à proximité.

Quatre types de matériaux sont utilisés pour construire les bassins, les fontaines et les lavoirs de notre département.

Le bois est le matériau le plus simple à travailler. Dans notre région, il est abondant. Un simple tronc d’arbre évidé devient rapidement un bassin de forme allongée. Mais le bois est putrescible, sa durée de vie est limitée.

La pierre a longtemps été le matériau le plus utilisé. Il est très fréquent de trouver des bassins monoblocs (ou monoli-thes) de belle facture, un gros bloc de pierre creusé, avec un écoulement et une rigole.

Parfois le bassin est fait de dalles provenant de carrières locales, posées de chant, soigneusement jointoyées à la chaux puis attachées par des agrafes de métal. Quand le bassin est de forme ronde, les dalles de forme cintrées et jointoyées sont cerclées de fer pour éviter leur écartement.

À partir de la fi n du XIX° siècle et surtout au XX° siècle, un nouveau matériau a révolu-tionné la construction.

Le béton va supplanter la pierre. Les bassins, les fontaines, et les lavoirs désormais alimentés par de nombreuses conduites se sont multipliés et le béton va entraîner des construc-tions en séries permettant une meilleure étanchéité et beaucoup plus de confort pour les utilisateurs.

Les formes des bassins et des triomphes fabriqués en série se sont standardisées et uniformisées. On voit alors dans une commune des bassins tous identiques, qui se différen-cient seulement par la taille ou par les nécessités de l’adap-tation au terrain. Ils ont manifestement été installés tous ensemble, au même moment. Les bornes et les triomphes sont devenus creux accueillant de nouveaux aménagements. En même temps que la canalisation d’eau potable, on prévoit l’installation de bouches d’incendie et d’arrosage. Désormais, la modernité a remplacé l’imagination et la créativité qui ont donné tant de charme à tous ces édifi ces.

La fonte est le matériau utilisé pour les bornes-fontaines fabriquées en usine. Elles sont livrées prêtes à être instal-lées et branchées sur une canalisation. La fonte est aussi présente dans tous « les jets » qui permettent à l’eau de jaillir dans les bassins.

Les canalisations d’ame-née d’eau pouvaient être creusées dans la pierre ou formées de tuiles creuses ou de bourneaux (canali-sations faites de tronçons de tuyaux assemblés par des raccords métalliques appelés vires) faits de divers matériaux : bois garni de chaux, terre cuite, tous maçonnés à la chaux, ou de tuyaux de plomb et de tuyaux en fonte à partir du XX° siècle.

Des matériaux…

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…Et des formes

Puits : n.m Trou vertical creusé dans le sol, et souvent maçonné, pour atteindre la nappe souterraine.

Robinet : n.m. Système de commande de passage ou d’arrêt de l’écoulement d’un fl uide dans une canalisation.

Serve : n.f. Réserve d’eau, naturelle ou maçonnée, pour les besoins de l’arrosage et des travaux agricoles.

Triomphe : n.m. Pièce verticale, généralement en pierre ou en béton, dans laquelle est aménagé le système d’arrivée d’eau.

Vasque : n.f. Large cuvette sur pied intégrée à une fontaine monumentale, placée généralement au-dessus d’un bassin.

Quand l’eau est mise en scène

« Le puits que nous avions atteint… ressemblait à un puits de village. Mais il n’y avait là aucun village… C’est étrange, dis-je au petit prince, tout est prêt : la poulie, le seau et la corde… il rit, toucha la corde, fi t jouer la poulie. Et la poulie gémit comme gémit une vieille girouette … Tu entends, dit le petit prince, nous réveillons ce puits et il chante …

Lentement je hissais le seau jusqu’à la margelle … Dans mes oreilles

durait le chant de la poulie et, dans l’eau qui tremblait encore, je voyais trembler le soleil … »

Antoine de Saint-Exupéry Le Petit Prince

Hameau de la Pierre au GuaC’est l’une des 7 merveilles du Dauphiné, déjà connue sous l’occupation romaine et célébrée par un autel votif dédié à Vulcain, évoquée par saint Augustin dans ses écrits. Elle a effrayé les gens du Moyen Age qui ne comprenaient rien à l’origine de ce feu étrange : des fl ammes bleuâtres dansant à la surface de l’eau, le mariage curieux de l’eau et du feu. C’est fi nalement au début du XIX° siècle que l’on a pu comprendre et décrire ce phénomène. La Fontaine ardente n’est pas autre chose qu’un échappement de gaz, un carbure d’hydrogène qui, enfl ammé, génère des fl ammes au-dessus d’une petite nappe d’eau stagnante.

Des éboulements ont beaucoup bouleversé l’aspect des lieux et réduit l’importance du phénomène. Après le temps de l’indifférence, des travaux entrepris en 1973 et 1982 ont tenté de redonner au site son aspect d’antan.

Cette « fontaine qui brûle » fait partie de la grande famille des fontaines puisque l’origine du mot fontaine vient du mot latin fons, fontis qui signifi e la source. Elle était « la fons qui brûle » des Dauphinois. On retrouve cette appellation donnée à de très anciennes fontaines : le ou la grand Font.

Saint-Pierre-de Chartreuse

Tréminis

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Saint-Pierre-de-Chartreuse

Musée de l’eau, Pont-en-Royans

Parc de la Grille, Moirans

Escalier d’eau XVIIIe siècle, château du Touvet

Villard-Notre-DameMonteux, Jérôme de. De Fonte qui fl amas… gr. sur bois, 1523. Cliché B.M.G

TréminisSaint-Pierre-d’Entremont

Revel Tourdan

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