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Réalisé par les étudiants de l’École supérieure de journalisme ESJ Pro Montpellier - 8 mai 2014 c est l’Europe ! Ici SPÉCIAL EUROPE

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Réalisé par les étudiants de l’École supérieure de journalisme ESJ Pro Montpellier - 8 mai 2014

c’estl’Europe !

IciSPÉCIAL EUROPE

Gazette Europe 2014 - Def_Mise en page 1 05/05/2014 14:09 Page1

Supplément à La Gazette de Montpellier n° 1351 du 8 mai 2014

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édito

Les millions de l’UnionL’argent européen finance le quotidien.

4-5L’Europe sur les rails?Logement et Internet passent au vert, la LGV patine.

6-7Daniel Cohn-Bendit l’HéraultaisSon dernier discours au Parlement. La carte de l’Union.

8-9

Icic’est

l’Europe ! On vote dimanche 25 mai pour élire dans

le Grand Ouest 10 des 766 députés duParlement européen. Depuis plus de cinquante

ans, l’Europe pèse dans le monde en jouant“collectif”. Exister ensemble plutôt qu’en

s’entretuant les uns les autres. Exister à côté dugéant américain et de cette Asie qui monte, quimonte... L’Europe : une évidence. Et pourtant ! Cetteévidence si proche et si puissante se noie dans lacomplexité de ses règles. Pire, l’Europe devient pourcertains le bouc émissaire de tous nos maux : il seraiturgent de sortir de l’euro, et, dans la foulée, d’enfinir avec elle... D’où l’indifférence qui entoure lesélections du 25 mai, et qui menace de faire

exploser le record d’abstention de 2009 (40 %).Reste que la belle idée européenne, qui en a vu

d’autres, résiste. Elle est toujours majoritairedans notre pays : selon plusieurs sondages,

60 % de nos concitoyens estiment quel’UE est le cadre dans lequel les

choses peuvent avancer. Reste àtrouver les solutions pour

que l’Europe marchemieux.

Comme les États européens,ils étaient 28ESJ Pro MontpellierRédacteurs en chef : Laure Fumas,Malik KebourResponsables de l’édition : AuroreGeneston, Samuel Hauraix.Monteurs : Benjamin Berthollet,Ophélie Crémillieux, AlexandreKlein, Amandine Lefèvre, LauraMorel, Céline Petit, Amélie Soleille Éditeurs : Ryad Benaidji, VincentDanet, Amélie Daviet, HendrikDelaire, Alexandre Ollivieri, JuliePhilippeDessins : Aurel (Une), Benoît Bergè s

Infographie : Coralie Bombail, MaudCoillard, Guillaume VerduPhotographie : Marie Collinet, OliviaComte, Céline Petit.Textes de : Ryad Benaidji, BenjaminBerthollet, Coralie Bombail, MaudCoillard, Marie Collinet, OliviaComte, Ophélie Crémilleux, VincentDanet, Amélie Daviet, HendrikDelaire, Laure Fumas, AuroreGeneston, Samuel Hauraix, MalikKebour, Alexandre Klein, AmandineLefèvre, Laura Morel, AlexandreOllivieri, Céline Petit, Julie Philippe,Amélie Soleille, Guillaume VerduSupervisé par : Marie-Laure Colson,Yves Séchet, François Thomazeau.Dirigé par : Benoît CalifanoContact : 560, rue du 56e Régiment-d'Artillerie - 34070 MontpellierTél. : 04 67 65 67 97

Bureaux : 13, place de la Comédie,Montpellier. Tél. 04 67 06 77 77 Fax 04 67 58 79 37. Ouvert du lundi au vendredi de 8h30 à 19h. Adresse postale : CS 39530, 34960Montpellier, cedex 2. Éditeur : Société anonyme desGazettes Associées (Saga), SA au capital de 250 000 euros. ISSN : 0987-0709. CPPAP : 0418C86669. Imprimerie : Rotimpres-GéronePDG et directeur de la publication :Pierre SerreTirage moyen certifié OJD: 23439 exemplaires

DE MONTPELLIER

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Supplément à La Gazette de Montpellier n° 1351 du 8 mai 2014

S ept candidats passés au criblePrésentation des principales listes aux européennes.

12-13Jeunes sans frontières Génération Erasmus: d’un pays à l’autre, il n’y a qu’un pas.

16-18

L’Europe, quelle Histoire!La construction européenne pour les nuls…

22Faites vos jeux!Tester ses connaissances sur l’Europe.

23

Mission Bruxelles24 heures avec les élus du Comité des régions.

14-15Jean Monnet, son super-hérosIl a le père de l’Europe dans la peau.

19Made in UEMission : dénicher un produit par pays.

20-21

Européens d’iciLes abstentionnistes font trembler l’Union européenne.

10-11

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Ce presque milliard octroyé par Bruxelles,c’est du concret : l’argent commu-nautaire va permettre de réhabiliter

des logements sociaux, de financer desmaisons de la deuxième chance, d’aiderde jeunes agriculteurs à s’installer et desexclus du travail à se réinsérer. Les besoins de la région sont nombreux etcette dotation est en hausse. “C’est un mon-tant en augmentation de près de 10% parrapport au programme précédent”, se féli-cite Jean-Philippe Brossard, directeur desAffaires européennes à la Région. Une collectivité au budget 2014 de 1,187milliard d’euros et la seule, avec l’Île-de-France, à connaître une croissance de sesdotations de l’Union.Lors des sept dernières années, ce sontdéjà 900 millions qui avaient accompagnéplus de 56700 projets régionaux, pour untotal de 2,5 milliards d’euros d’investis-sements. Derrière des sigles assez obscurs,comme Feder, FSE, Feader et Fep, désor-mais Feamp (lire ci-contre), émergent deslignes directrices. “Les fonds de l’Unioneuropéenne œuvrent en direction de l’inno-vation et du développement durable, expliqueJean-Philippe Brossard, mais aussi de l’amé-lioration du cadre de vie et de la formationprofessionnelle.”

Coups de pouce Parmi les projets phares lancés depuis2007, certains ont changé la vie de tousles jours, comme le nouveau quai du portde Sète, qui a bénéficié de 7,1 millionsd’euros communautaires, ou l’accès auhaut débit numérique dans les zones les

plus reculées du Languedoc-Roussillon,boosté par une aide de 10 millions d’euros.La plupart des initiatives appuyées par lesfonds structurels européens sont toutefoisd’ampleur plus modeste. C’est le cas àMontpellier. Ici, la serre Martins du Jardindes plantes, arrosée de 200000 €, retrouveune nouvelle verdeur. Là, la piste cyclableentre les ronds-points de la Lyre et d’Agropolisreçoit un coup de pouce de 1,2 million d’eu-ros. À Celleneuve, place Renaudel, le cinémaNestor-Burma s’offre un lifting de 160000 €.

Région en transitionLa période qui s’ouvre s’accompagne dedeux évolutions. Le président de Régionprend désormais la main sur la gestiondes fonds européens, jusque-là compétencedu préfet de région. Par ailleurs, l’introduction d’un nouveléchelon européen de “région en transition”voit le Languedoc-Roussillon, jusque-làclassé “région développée“, rétrogradé àce niveau intermédiaire. Si l’orgueil régio-nal peut en pâtir, le portefeuille en revanchey trouve son compte puisque ce statut, par-tagé avec une dizaine de régions françaises–une cinquantaine en Europe–, permettraà chaque projet retenu d’être financé jusqu’à65% par des fonds européens. Dans la caté-gorie “région développée”, ce seuil étaitfixé à 50%. Ce déclassement n’est donc pas une sanc-tion. Outre qu’il implique une dotationaccrue pour la région, il traduit son dyna-misme démographique. Plus d’habitants,c’est davantage de besoins, notamment decrédits publics. R

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Fonds européen de développementrégional (Feder) : vise à améliorer

l’attractivité des territoires endéveloppant leur accessibilité, le tout dansune démarche de développement durable(bilan 2007-2013 en Languedoc-Roussillon :269,3 millions d’euros alloués, 2 017projets cofinancés).

Fonds social européen (FSE) : facilitel’accès à l’emploi (2007-

2013 : 165,3 millions d’euros alloués,3 279 projets).

Fonds européen agricole pour ledéveloppement rural (Feader) : aide à

l’installation de jeunes agriculteurs, àsoutenir l’industrie agroalimentaire et le

micro-entreprenariat en territoire rural, àdévelopper l’accès routier aux forêts et àagir en faveur du pastoralisme (2007-2013 :377,5 millions d’euros alloués, 51 059projets).

Fonds européen pour la pêche (Fep),désormais Fonds européen pour les

affaires maritimes et la pêche (Feamp) :aide à adapter la flotte et permettre desinvestissements (aquaculture, pêche dansles eaux intérieures, transformation,commercialisation), à développerdurablement des zones de pêche (2007-2013 : 7,6 millions d’euros alloués,206 projets ; restructuration du secteur :7,9 millions d’euros d’aides).

Les différents fonds européens

Région: ohé l’Europe, merci pour le milliard d’euros!L’Europe lointaine, technocratique, déshumanisée… Vue d’ici, elle se résume souvent à des normes, descontraintes ou des chiffres. Pourtant, puisqu’on en parle,ceux-ci sont loin d’être négligeables pour la région : sur la période 2014-2020, l’Union européenne allouera980 millions d’euros au Languedoc-Roussillon pour lefinancement de projets locaux.

Le président de Région Christian Bourquin(à droite) reçoit le commissaire européenMichel Barnier (au centre) à la pépinièreRéalis de Montpellier en décembre 2013.

Une ville comme Montpellier a-t-elle un poids au sein del’Union européenne?Évidemment. Outre les interactions que je peux avoir avecles citoyens, la région Languedoc-Roussillon dispose d’unbureau de représentation à Bruxelles, ainsi que d’élus terri-toriaux, régionaux ou locaux qui siègent au Comité des ré-gions, une assemblée consultative qui regroupe 300membres de toute l’Europe. De plus, du fait de la politiquede décentralisation menée ces dernières années en France,on observe une montée en puissance des villes. Changement des plus importants: en 2014, la gestion desfonds européens, jusqu’ici sous la responsabilité de la pré-fecture – donc de l’État –, est transférée aux régions.

À l’heure de la montée des populismes, où va l’Europe?Tout n’est pas fantastique, mais je suis optimiste. L’Unionest un processus qui est parti d’une fédération économique.Bien qu’historiquement fondée sur la mise en commun desmoyens de la guerre, à savoir l’acier et le charbon, elle s’estconstituée autour de valeurs: la paix, la démocratie, le res-pect des droits de l’homme et des droits fondamentaux. Sa vocation première est donc politique. Pourtant, alorsmême que les citoyens ont de plus en plus de pouvoir,l’Union européenne s’est construite dans une vaste indif-férence, prenant des directions pas réellement souhaitées.Mon rêve serait qu’on avance dans la direction voulue parles Européens. Avec cette montée de voix dissidentes,toutes les conditions sont réunies pour qu’un débat objec-tif et sincère ait lieu, menant à davantage de démocratie.

Parlez-moi d’Europe…La première vocation de l’UEest politique.

CYRIL ROBIN-CHAMPIGNEULREPRÉSENTANT RÉGIONALDE LA COMMISSIONEUROPÉENNEEn tant que chef de la représentation régio-

nale de la commission européenne enFrance, installé à Marseille, Cyril Robin-Cham-

pigneul assure le lien entre le Bassin méditer-ranéen français et Bruxelles. Il est tout à la fois lavoix de l’Europe auprès des citoyens et leur oreille,en charge de faire remonter les enjeux locaux à

la Commission européenne, afin qu’elle ne soitpas déconnectée de la vie locale.

Cyril Robin-Champigneul.

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Hérault: 611 millions à glaner pour l’agriculture Une banqued’ADN…pour lesplantes

Réalis, c’est la première pépinière d’éco-nomie sociale et solidaire (ESS) de France,qui représente 13 % des emplois en

Languedoc-Roussillon. Elle a poussé à côté dePierresvives, à deux pas de la Paillade. L’ESS? Il s’agit d’une démarche qui prône unsystème coopératif et des bénéfices partagés.“C’est une économie responsable qui respecte leshumains, l’environnement et qui n’est pas fondéeuniquement sur le profit”, résume EmmanuelBégou, codirigeant d’EBK, une entreprise spé-cialisée dans la création de livres numériques.La société fait partie depuis octobre de la pépi-nière Réalis (Réseau actif pour l’innovation socialeen Languedoc-Roussillon). Après un chantier démarré en 2012, le bâti-ment pour les entreprises de l’ESS a vu lejour fin 2013 pour accompagner celles-cidans leurs projets. Étalé sur 3500 m2, Réalis aura coûté 10,5millions d’euros, dont 2,5 millions pris encharge par le Feder (Fonds européen de déve-loppement régional), soit un peu plus de 23%du coût total du projet (le reste étant financé

par la Région). Une aide européenne quirépond aux enjeux du Feder en termes decroissance économique et de cohésion sociale.Et qui a été saluée par le commissaire euro-péen Michel Barnier, venu l’inaugurer le13décembre dernier en compagnie du pré-sident du Languedoc-Roussillon, ChristianBourquin: “Je donne un coup de chapeau àla première pépinière ESS de France. J’ai engagéla Commission européenne dans le chantier.L’économie sociale et solidaire est au cœur ducombat de l’homme, des entreprises et des ter-ritoires.”La Région a investi pour sa part 8 millionsd’euros dans ce projet. L’ensemble, installédans l’extension de la zone franche urbainede la Mosson, a accueilli neuf entreprisesdepuis son lancement, dont EBK, le fournis-seur d’électricité renouvelable Enercoop LR,les entreprises d’insertion La Feuille d’éra-ble et Cleaning Bio 34, le conseil en installa-tion chauffagiste Chloé Système ou l’atelierde product ion radiophonique numé-rique Clap’coop. R

Sociale et solidaire!

Avec la pépinière Réalis,l’Europe accompagnel’économie sociale etsolidaire.

Les agriculteurs qui n’ontpas encore monté leur dos-sier Pac (Politique agricole

commune de l’Union euro-péenne) ne doivent plus tarder.Passé le 15mai, ils s’exposent àdes pénalités par jour de retard.Le dossier permet aux deman-deurs de recevoir une aide liéeà leur profession en fonction despriorités définies par la réformede la Pac en 2013.

Demande en ligne Alors comment l’obtenir? Avecle formulaire officiel, par exem-ple. Il tend cependant à dispa-raître au profit du service enligne, Télépac. “On embauchedes vacataires de mars à mai pouraider les agriculteurs à monterleur dossier” , explique une res-ponsable à la Chambre d’agri-culture de l’Hérault. Un dossier dans lequel devrafigurer, notamment, la surfaced’exploitation.

Les demandeurs sont tenus derespecter la “conditionnalité”des aides : tout bénéficiaire dela Pac doit répondre à certainesexigences, notamment en matièred’environnement : protectiondes eaux souterraines, des espècesanimales et végétales…

4300 dossiersLes cultures dans le Languedoc-Roussillon sont surtout repré-sentées par la vigne (environ68%), les fruits et légumes (13%)et les cultures annuelles, commeles céréales (12%). Le département de l’Héraultcomptait mi-2013 plus de169000 hectares déclarés pourplus de 4300 dossiers. En Languedoc-Roussillon, leFonds européen agricole pourle développement rural (Feader)va débloquer 611 millions d’eu-ros pour l’agriculture et le déve-loppement rural sur la période2014-2020. R

Que peut-on attendre des élections du 25 mai?On dit souvent que l’Europe n’intéresse pas les gens, mais c’est unmythe. L’Union passionne. Malheureusement, personne ne sait vrai-ment comment elle fonctionne. Les eurosceptiques seront sans douteplus nombreux au Parlement européen après le 25mai, mais je ne leprends pas comme un cataclysme, le débat est légitime et permettrala construction d’une véritable Europe des citoyens.

Quels sont les projets financés par l’Europe en Languedoc-Roussillon?Tout d’abord, il faut parler des programmes mis en place: aides so-ciales, à l’emploi et autres qui n’existeraient pas – ou différemment –sans l’Union. Ensuite, l’Europe, c’est une mise en relation des citoyens,via le développement des transports ou encore au travers de la re-cherche et de l’innovation. L’Union va investir 80 milliards d’eurosentre 2014 et 2020, dans toute l’Europe, pour créer un véritable ré-seau de recherche européen et produire des synergies, dont bénéfi-

cie Montpellier. La ville travaille ainsi avec Cambridgedans les domaines de la santé et de l’agronomie, deuxpôles dans lesquels elle excelle.

Comment l’Union modifie-t-elle notre quotidien?Outre les aides financières, l’Europe, c’est la force du groupe, le partagedes valeurs et la transparence financière. On peut également citerl’euro. Parfois décrié, il a pourtant apporté une grande stabilité. L’Inseeestime que l’inflation n’a pas été plus élevée en France depuis l’intro-duction de l’euro. Aujourd’hui, on paierait sans doute la baguette depain 10 ou 20 francs. Ce cadre économique stable permet de faireface aux attaques spéculatives, de bénéficier de taux d’intérêt bas etmaintient également les prix de l’énergie. On est protégés de beau-coup de désordres et d’incertitudes. Et puis, si on en revient aux fon-damentaux, l’Europe, c’est la paix et, alors, on ne peut s’empêcher depenser à l’Ukraine, au “coup de force” en Crimée.

Aujourd’hui,on paierait sans doute la baguette

de pain 10 ou 20 francs.

Qu’est-ce que la Pac?Mise en place en 1962 et déjà prévue dans le traité de Rome (1957),

la Politique agricole commune se fixait à la base plusieursobjectifs : l’augmentation de la productivité en Europe, un niveau devie équitable pour les agriculteurs, des prix raisonnables pour lesconsommateurs… Elle a évolué au fil des ans pour arriver aujourd’huià un nouveau tournant : avec la Pac 2014-2020, la Politique agricolecommune se veut plus verte et tournée vers les jeunes. En France, legouvernement a notamment annoncé fin 2013 vouloir donner lapriorité à l’élevage dans la répartition des aides.

Les agriculteurs peuvent faireleur demande en ligne.

Cyril Robin-Champigneul.

La légumineuse Medicago trunculaconservée par l’Inra-Montpellier. © J-M Prospéri

L’Europe s’intéresse aussi auxplantes : 3,5 millions d’euros,

c’est le montant alloué par leFeder (Fonds européen dedéveloppement régional) à lafondation montpelliéraineAgropolis pour son projetArcad. Le programme est dédié à larecherche sur les plantestropicales et méditerranéennespour différentes applications(sécurité alimentaire,changement climatique,nouvelles pratiques agricoles). L’idée est d’installer à

Montpellier un centre deconservation et d’analyse surl’histoire et la génétique de cesplantes, ainsi que sur leurutilisation par l’homme et leuradaptation aux conditionsclimatiques régionales. Arcad souhaite ainsi constituerune banque d’ADN qui devraitpermettre le contrôle dequalité et le stockage de l’ADNvégétal, (avec l’INRA, Supagro,le Cirad et l’universitéMontpellier II). Les travaux pour le bâtimentde 2 500 m2 alloué à Arcaddevraient démarrer en 2015 surle campus de La Valette, aunord de Montpellier, pour unefin de chantier prévue en 2016.

Supplément à La Gazette de Montpellier n° 1351 du 8 mai 2014

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Rue d’Alco, au pied de barres auxcouleurs chamarrées, les avis sontpartagés sur les rénovations ini-

tiées par Hérault habitat, en partie avecdes fonds européens. “C’est du camouflage, lance en préam-bule Ouahiba, dix-huit ans de Pergola.Ces bâtiments ont plus de quarante ans,ils auraient dû être détruits.” Sortant dubloc 12, elle reconnaît que les travaux,achevés début 2013, lui ont permis defaire des économies: “Cet hiver, je n’aipas chauffé.”Reste que la réfection du sol de son loge-ment est toujours en attente. Chez Brian,natif de la résidence voilà dix-neuf ans,le bilan est positif, mais la peinture desmurs tarde à arriver : “On a appelé plu-sieurs fois, personne n’est encore venu.”Et de regretter que quelques travauxne changent pas un environnementsocial. “Mais c’est vrai que c’est joli”,concède Ouahiba, en regardant autourd’elle.L’amélioration du cadre de vie et le

développement durable sont deux desorientations pour lesquelles l’Unioneuropéenne débloque des fonds régio-naux. Elles trouvent leur concrétisa-tion à Montpellier dans la réhabilita-tion des résidences Pergola, rue d’Alco,et Mosson, rues d’Oxford et Corté. Sous la gestion de l’Office public dépar-temental de l’habitat, 1055 logementssociaux dans 19 bâtiments des années60 ont fait l’objet de travaux. Le financement Feder du chantier atteint3,6 millions d’euros communautairessur plus de 29 millions. Cet importantinvestissement européen s’expliquepar une réhabilitation dont l’ambitionest de créer les conditions du logementde demain.

Chasse d’eau économique et robinets à régulateur de pressionComme l’exige un Bâtiment basseconsommation, les travaux ont autantconcerné l’extérieur que l’intérieur desrésidences. L’isolation thermique externe

permet de réguler la température, deconserver la chaleur ou la fraîcheur despièces et, au final, de diminuer les fac-tures. À l’intérieur, de nouveaux équi-pements sont apparus. Une chaudière à condensation est ins-tallée dans chaque logement. Les sallesde bain bénéficient d’une chasse d’eauéconomique et de robinets avec régu-lateur de pression. La réception télévisée est aussi amé-liorée, avec la pose d’antennes para-boliques collectives. Enfin, dans leshalls et les couloirs, un système d’éclai-rage par détection de présence estdésormais utilisé.Les réhabilitations des résidences Mossonet Pergola ne sont pas les seules à avoirbénéficié du soutien de l’Union euro-péenne entre 2007 et 2013. Depuis fin2012, 120 logements de la cité Saint-Roch ont retrouvé une seconde jeunessegrâce, notamment, à 637843 € com-munautaires. Au nom du “développe-ment durable”. R

Depuis le premier trimestre 2013, dans la résidence Pergola, 481 familles vivent dans dix bâtiments rénovés selon les normes BBC.

Un millier de famillesdes résidences

Mosson et Pergolabénéficient depuis

un an d’appartementsrénovés selon lescritères du labelBâtiment basse

consommation (BBC).Une opération

soutenue par l’Europe.

Des habitants 28 étoiles

Voici les projets les plus récents financés enpartie par l’Union à Montpellier.■ 45% de fonds européens:lancement de laMaison du numérique BY NOVAE LR, inau-gurée le 19 juin 2013 (109000 euros).■ 44 %: acquisition et réhabilitation de troislogements CHRS (Centre d’hébergement etde réinsertion sociale) relevant de l’associa-tion La Clairière (81814 euros).■ 44%: soutien apporté aux Écoles régionalesde la deuxième chance sur les années 2008à 2012 (828482 euros).

■ 39%: lancement de l’École de l’entrepre-neuriat en économie sociale, COEPTIS(110862,27 euros).

■ 34%: développement d’un centre de res-sources régional dédié aux arts numériqueset culturels du multimédia, ECM KAWENGA(104506 euros).

■ 5%: achat et aménagement d’un bâtimentpour la création d’une crèche multi-accueilet d’une résidence services, société civile immo-bilière Eloïse (133866 euros).

■ 30%: réhabilitation du cinéma de Celleneuve,place Pierre-Renaudel (160685 euros).

■ 21%: réhabilitation de 120 logements sociauxen basse consommation, cité Saint-Roch, CiléoHabitat (637843 euros).

■ 9%: restauration de la serre Martins, auJardin des plantes, et réaménagement duplateau technique (200000 euros).

■ 33%: réalisation d’une piste cyclable entreles ronds-points de La Lyre et d’Agropolis dansle cadre de l’aménagement à 2 x 2 voies de laRD65 (405376 euros).La serre Martins, Jardin des plantes de Montpellier.

L’EUROPE AU CŒUR DE MONTPELLIER

Supplément à La Gazette de Montpellier n° 1351 du 8 mai 2014

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7CONNEXIONS H

AU

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IT

LE PROJET “NUM’HER@ULT”Longtemps, il a fallu changer detrain à la frontière entre la Franceet l’Espagne. Depuis le 15 décem-

bre dernier, ce n’est plus le cas. Letrajet entre Paris et Barcelone se faitdésormais en ligne continue. Et àgrande vitesse… sauf entre Nîmes etPerpignan. Soit le passage du trainen Languedoc-Roussillon. Pas de quoiêtre fier. Les politiques locaux, comme les asso-ciations d’usagers, sont furieux. “Onest la risée de l’Europe”, peste ÉricBoisseau, le délégué régional de laFédération nationale des usagers destransports (FNAUT). L’Union européenne, de son côté,s’impatiente. “Vu le potentiel d’aug-mentation du trafic – surtout du fret –,le tronçon Montpellier /Narbonne vadevenir un goulet d’étranglement”, pré-vient Cyril Robin-Champigneul, repré-sentant régional de la Commissioneuropéenne.Bruxelles a donc sorti le grand jeu: lecorridor fait désormais partie desneuf projets prioritaires de son nou-veau programme de transports. Avec,à la clé, 26 milliards d’euros à se par-

tager… Et une date limite : lancer lestravaux avant 2020.Il y a donc quelque 240 km de voiesferrées à créer entre Nîmes et Per -pignan. Le premier tronçon, Nîmes/Montpellier, est déjà en chantier depuisla fin de l’année 2013 et doit être misen service en 2017. D’un montant global de 2,28 milliardsd’euros, le dossier est financé à hau-teur de 104 millions d’euros par l’Europe– soit à peine 4,56 % – pour un tron-çon qui devrait relier les gares deManduel, à l’est de Nîmes, et Lattes, ausud-est de Montpellier. Soit une soixan-taine de kilomètres de ligne mixte,mêlant marchandises et voyageurs.

Convaincre ParisUn projet sur les rails dont devraits’inspirer le deuxième tronçon,Montpellier/Perpignan. “Si ce chaî-non manquant n’aboutit pas, on passeà côté de la manne financière del’Europe”, fulmine Franck Proust,député européen PPE (droite) et vice-président de Nîmes-Métropole.Problème, le coût : 8 milliards.Éric Boisseau n’hésite pas à épingler

aussi les choix des élus locaux: “Tantqu’ils seront obsédés par le train à 350km/h, il n’y aura pas de ligne nouvelleentre Montpellier et Perpignan.”L’intérêt, c’est que puissent transiterpar cette ligne, chaque jour, environdeux cents trains de fret, en prove-nance d’Espagne. Un fret qui se faitaujourd’hui par camions.Selon Éric Boisseau, mettre en avantle développement du fret est plus per-tinent pour convaincre les décideursnationaux d’avancer sur le dossier.“Il y a plusieurs scénarios dans labalance”, tempère Cyril Robin-Champigneul : ligne mixte, fret et voya-geurs ou ligne LGV seule. Pour l’ins-tant, le projet est au stade des études.Frédéric Cuvillier, alors ministre desTransports, a annoncé, en décembre2013, qu’il pourrait être relancé àl’horizon 2021-2022. “Quoi qu’il ensoit, nous sommes prêts à apporter lesoutien de l’Europe”, affirme Cyril-Robin Champigneul. Seule certitude: l’UE ne pourra pasfinancer plus de 20 % ou 30% destravaux. Reste à convaincre l’État qu’ils’agit bien d’une urgence. R

La LGV avance… au ralenti

Aujourd’hui, si chaque Héraultais ou presque(98,7 %) peut accéder à Internet par haut

débit de chez lui (2 mégabits par seconde), il ledoit en partie à l’Europe. Enclenché en 2007sous l’égide du Conseil général, le projetNum’Hér@ult a été concrétisé par HéraultTélécom, groupement d’entreprises fondé pourl’occasion. Sa mise en œuvre a représenté uninvestissement initial de 61,7 millions d’euros.Sur cette somme, 7,4 millions proviennent del’Union européenne, plus précisément du Feder.L’une des missions de ce Fonds européen dedéveloppement régional consiste à améliorerl’attractivité des territoires en renforçant leuraccessibilité.Ainsi, l’un des tours de force de Num’Hér@ultaura été d’équiper 97 % des entreprises dudépartement d’une connexion Internet hautdébit. Les principales bénéficiaires sont cellesinstallées dans des zones d’activitéséconomiques : 154 de ces ZAE sont raccordéespar fibre optique. Plus de 400 sociétés– Ubisoft, Asics, Leroy Merlin, Areva… – etcollectivités, comme les villes de Sète, Lunel ouBéziers, ont accès, par le biais de ce nouveauréseau, aux offres d’une trentaine d’opérateurs(SFR, Free, Adista…). C’est le cas de 447 sitespublics : mairies, collèges ou hôpitaux.Les foyers héraultais sont d’autres utilisateursdu millier de kilomètres de fibre optiquedéployée. Quelque 67 000 d’entre eux accèdentau haut débit DSL en dégroupage total viaNum’Hér@ult. Grâce à ce système, lespopulations du département les plus isolées,en “zone grise” (512 kilobits) ou “zone blanche”(sans accès), ne sont pas oubliées. L’installationde 200 sites radio répartis sur l’ensemble dudépartement permet à plus de 1 500 foyers dese connecter en Wifimax, technologie sans fil.

Les voies ferrées du Languedoc-Roussillon sont une des priorités de l'Unioneuropéenne. Le but : relier l'Espagne au reste de l'Europe par une ligne à grande vitesse (LGV). Seul chaînon manquant, le tronçon Montpellier-Perpignan. L'État reporte, les élus locaux enragent.

Le haut débità la portéede tous les clics

NATHALIE DA SILVA,28 ANS, COMMERÇANTE À MANDUELCette nouvelle ligne est une bonne chosepour Manduel, nous sommes contents quece soit notre village qui l’ait obtenue. La gareva peut-être attirer de nouveaux touristes,des gens vont sûrement venir s’installer etpermettre au village de se développer. Nousavons grandi ici et, à l’origine, c’est vraimentun village reclus. Ce projet ferroviaire va sû-rement nous amener plus de travail. Dans lecentre du village, pour le moment, nous nesommes pas gênés par les travaux. Seulesles routes environnantes sont pour l’instantabîmées par les camions.

Ce projet ferroviaireva sûrement nous amener

plus de travail.

MARIE-NOËLLEVOUGOUROUX, 52 ANS,BOULANGÈRE À MANDUELDans le village, les genscommencent à parler de lanouvelle ligne, mais per-sonne ne croit que ce projetva changer les choses. Toutva se passer à l’extérieur duvillage. Manduel commenceà se développer, mais ce n’est pas lié à la ligne à grandevitesse. Le phénomène existe déjà depuis quelques années. Pour l’instant, les travaux ne sont pas gênantspour les riverains. Pouvoir se rendre plus rapidement àMontpellier, Paris ou Barcelone? Je m’en fiche un peu.

ALAIN LEMARCHAND,49 ANS, BURALISTEÀ MANDUELJe n'ai rien contre l'arrivée dela LGV, au contraire. Je medemande seulement: en a-t-on vraiment besoin? C'est àla fois bien et pas bien. C'estpositif pour ceux qui veulentvendre, mais ça va fairemonter l'immobilier pour lesautres. Il y a aussi de

l'appréhension par rapport aux travaux. On n'a pas étéembêtés pour l'instant, mais on a été prévenus au derniermoment. Ce qui est assez gênant…

Je n’ai rien contre l’arrivée de la LGV,au contraire. Je me demande seulement :

en a-t-on vraiment besoin ?Le fait de pouvoir se rendre

plus rapidement à Montpellier,Paris ou Barcelone ?

Je m’en fiche un peu.

Les travaux de la ligneNîmes / Montpellier ontété validés par l’État il ya deux ans.

Supplément à La Gazette de Montpellier n° 1351 du 8 mai 2014

Gazette Europe 2014 - Def_Mise en page 1 05/05/2014 14:23 Page7

Au pied du pic Saint-Loup, il y a des vignes. Puis il y aLauret, une commune de 580 habitants où Daniel Cohn-Bendit, eurodéputé, possède une résidence secondaire. Unvillage tourné vers Bruxelles.

Sur le fronton de la mairie, un écusson tricolore. Mais pas ledrapeau bleu aux étoiles jaunes. La maison la plus

européenne du village de Lauret est une vieille bâtisse à côtéde l’église, achetée en 1996 par Daniel Cohn-Bendit.L’eurodéputé franco-allemand occupe sa résidence secondairesurtout les mois d’été. Un “citoyen comme les autres” pourAndré Leenhart, le maire. Enfin presque. L’élu vert soutientparfois les projets municipaux comme, dernièrement, celuid’une maison vigneronne. “Nous voulons créer un lieu pourmettre en valeur la production viticole de notre commune et dulabel pic Saint-Loup.” Dany serait donc un grand amateur devin ? “Il n’y connaît pas grand-chose. Enfin, il aime en déguster !Il nous a orientés vers des vignerons européens avec qui nouspourrions envisager un jumelage.” L’objectif ? Faire connaître lelabel du pic Saint-Loup au-delà des frontières françaises. “Jeconçois l’Europe au sens de l’ouverture. Il faut que le villages’ouvre et les vignes aussi. Pour ma part, je fais 40 % de monchiffre d’affaires à l’export.”L’auberge de Lauret vit également grâce à l’Europe. La clientèlevient des quatre coins du continent. Les tenanciers incarnent àeux seuls le mariage européen. Françoise Antonin estfrançaise, son compagnon, Lutz Engelmann, allemand. “Nousallons travailler avec une école d’apprentissage basée près deCologne et accueillir de jeunes étudiants.” La présence del’ancien leader de Mai 68 est-elle la raison de ces initiativesproeuropéennes ? “Le village est intéressé par l’Europe. Laprésence de Dany n’y change rien”, assure le maire. Leshabitants partagent d’ailleurs cet avis. Yves, sur la placecentrale, dit qu’il mettra un bulletin dans l’urne le 25 maiprochain et qu’il y allait bien avant l’arrivée de l’eurodéputé.Un autre ira voter, mais lui est plutôt dépité : “Ils ont faitl’Europe de l’argent alors que nous avions besoin d’une Europesociale.” Si tous les Lauretains ne sont pas toujours convaincuspar la politique bruxelloise, le taux d’abstention est plus faiblequ’au niveau national. En 2008, il atteignait 39,90 % alors qu’ilétait de 59,37 % en France. À Lauret, on est citoyen avant d’êtreeuropéen.

À Lauret de l’Europe

MAIRE DE LAURET

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“LE VILLAGE S’OUVRE”

Le vibrant plaidoyerde Cohn-Bendit

8

Je ne suis pas à Lauretpour faire du prosélytisme.

Pour ses adieux à l’Europe

ENTRETIEN AVEC DANIEL COHN-BENDIT, DÉPUTÉ EUROPÉENÀ quelle fréquence vous rendez-vous à Lauret ?Environ trois à quatre fois par an. Durant une se-maine à l’automne, par exemple. Mais là, commeje pars à la retraite, ça va changer. Pourquoi cetteretraite ? Parce que j’aurai 69 ans. C’est une bonneraison, non ? Je vais en profiter pour m’investirdans le football. Je vais notamment tourner undocumentaire pendant la Coupe du monde auBrésil.

Pourquoi s’être installé dans ce petit village ? Parce que les copains avec qui je partage la maisonont trouvé ça. On s’est installés là sans qu’il n’y aitd’attache particulière. Le hasard fait bien les choses.

Y allez-vous en tant qu’eurodéputé ?Non, j’y vais en tant que “moi ” avec mes copains,ma famille, les enfants. Si le maire veut un coup

de main, je vais le lui donner. Par exemple, avec leprojet de maison viticole, où j’ai mis en contact lesinterlocuteurs. Il m’arrive d’échanger autour del’Europe avec la population. Les habitants sontconcernés. Ils me demandent comment çamarche. Mais je ne suis pas là pour faire du pro-sélytisme.

Après l’abstention record de 2009, craignez-vous quecette tendance se confirme le 25 mai prochain ?Je n’ai pas de boule de cristal, je ne sais pas combienil y aura d’abstention. Mais je crois qu’il y a une mé-fiance concernant le personnel politique. Cette mé-f iance se retrouvera forcément à l ’échel leeuropéenne. Il faut voir ce phénomène dans sa glo-balité, ce n’est pas l’Europe et les municipales. Detoute façon, il n’y a qu’une élection qui, en France,fonctionne : c’est l’élection présidentielle. C’est d’ail-

leurs la maladie française.

Est-ce que les institutions européennes communi-quent suffisamment sur ces élections ?Les politiques en France, depuis des années, com-muniquent mal et expliquent mal leurs choix eu-ropéens. Ce n’est pas un problème du Parlement.C’est aussi bien le problème du gouvernementque du personnel politique.

Qu’est-ce que vous diriez à ceux qui n’ont pasconscience de l’importance d’aller aux urnes ?Je leur dirais quelque chose de très simple : si vousvoulez défendre la souveraineté, elle ne peut êtreque partagée, européenne. Sinon, la souveraineténationale est happée par la mondialisation. Il fautdéfendre la souveraineté européenne et en mêmetemps essayer de faire évoluer l’Europe.

C’était la dernière session pour Daniel Cohn-Bendit.Le 16 avril dernier, après quatre mandats de cinqans, le turbulent coprésident du groupe des Verts,

69 ans, néo-héraultais, a fait ses adieux au Parlementeuropéen. Dans un discours empreint d’émotion, il alancé un appel à “se battre contre les idéologies euro-sceptiques de droite et de gauche”. Extraits.

“Oui, nous voulons de la chaleur, nous voulons de la cha-leur parce que le monde tel qu’il est aujourd’hui est sou-vent un monde froid et un monde très dur.Je vais vous raconter une histoire. Pourquoi l’Union euro-péenne n’a-t-elle pas vu le jour avant la Première Guerremondiale, ni avant la Deuxième Guerre mondiale? La réponseest simple. Avant la Première Guerre mondiale, il y avaitdes États-nations qui voulaient unifier l’Europe d’une manièrehégémonique sous la puis-sance de l’Allemagne, de laFrance ou de la Russie. Avantla Deuxième Guerre mon-diale, c’était la même chose.Il a fallu la défaite del’Allemagne nazie et celledes grands États coloniauxc o m m e l a F r a n c e e tl’Angleterre pour qu’enfinl’Union européenne puissese créer avec une réalité.Il ne doit plus y avoir d’Étathégémonique dans l’Europe.C’est cela, la condition. Tellea été la condition de basede la création de l’Europecomme nous la connaissonsaujourd’hui. L’État, le natio-nalisme, ce n’est pas seulement la guerre. Le nationalisme,c’est l’égoïsme. (...)

Ce qui me dérange, c’est que les Européens ont peur de sebattre, qu’ils se sentent désarmés face aux idéologies deseurosceptiques de droite comme de gauche. J’ai envie devous dire : “Relisez Camus, soyons Sisyphe, soyons heureux,en remontant en permanence la boule européenne pour faireavancer l’Europe.” Oui, c’est difficile ! Oui, c’est dur ! Maisc’est un avenir qui sera meilleur pour nos enfants ! N’ayezpas peur ! N’ayez pas peur d’affronter les bêtises del’extrême droite et de l’extrême gauche quand elles parlentde l’Europe. Allez-y franco ! Allez-y sans hésiter !Tout le monde nous dit : “Mais cette histoire de l’Europe, dela guerre, c’est fini.” J’ai pris part à des centaines de débatsdans des écoles et dans celles-ci je raconte toujours une his-toire très simple. Je suis né le 4 avril 1945. J’ai donc étéconçu par mes parents neuf mois auparavant, juste après

le débarquement des alliés en Normandie. Voilà quand j’aiété conçu. Alors, imaginez que le 4 avril, j’arrive sur terre,que je commence à parler et que je dise à mes parents :“Dans cinquante ans, il n’y aura plus de frontière entre laFrance et l’Allemagne. Le Rhin ne sera plus une frontière maisun fleuve commun.” Mes parents auraient dit : “On a un pro-blème avec Dany. Il parle trop tôt et il dit n’importe quoi.”Voilà l’histoire européenne. Voilà mon histoire !(Applaudissements)

Qu’avons-nous réussi ? Vous l’avez tous dit, nous avonsréussi l’invraisemblable ! L’invraisemblable, à savoir quela Première Guerre, que la Deuxième Guerre mondiale, cen’est plus possible en Europe. Inch’Allah ! Inch’Allah ! (...)Je suis pour les États-Unis d’Europe ! Oui, je crois quel’Europe fédérale, c’est l’avenir du bien social.

(Applaudissements)Vous allez me dire : “Tu esun doux rêveur.” Je vais vousavouer une chose. Je suis unsouverainiste. Le souverai-nisme national a été balayépar la mondialisation. Lasouveraineté nationalen’existe plus. Qu’est-ce quela souveraineté? La souve-raineté, c’est lorsque les peu-ples peuvent décider libre-ment, démocratiquementde leur mode de vie. Or nosmodes de vie, dans le mondede la globalisation d’au-jourd’hui, nous ne pouvonsplus les défendre au niveau

national. Si nous nous replions sur la nation, nous seronsbattus, nous serons balayés comme la souveraineté natio-nale l’a été par la mondialisation.Voilà ce qu’il faut dire à ceux qui vendent les mirages duretour à la nation. Il faut leur dire : “Vous savez, dans trenteans, plus aucun État membre de l’Union européenne ne ferapartie du G8.” Même pas l’Allemagne! Nicht mal Deustchland !Il faut que les Allemands se mettent cela dans la tête aussi !Le G8, ce sera la Russie, l’Inde, la Chine. Ce sera le Mexique,l’Asie, des tas de pays, le Brésil, mais pas nous ! À moinsqu’il y ait une Europe fédérale.Une Europe fédérale, c’est le contraire d’une Europe cen-tralisée, il faut que les Français comprennent que le modèlecentralisé de la République française est un modèle qui nefonctionne plus dans le monde moderne ! C’est pour celaque le fédéralisme, c’est l’avenir de la modernité ! (...)” R

(Applaudissements vifs et prolongés)

Supplément à La Gazette de Montpellier n° 1351 du 8 mai 2014

Gazette Europe 2014 - Def_Mise en page 1 05/05/2014 14:23 Page8

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Le député européen Éric Andrieu milite pour les languesminoritaires, “source de richesses pour l’Europe”.

Il se sent profondément européen, et…“occitan avant tout”. À son sens, cela n’a rien d’antinomique, au contraire. Propulsé

député européen en 2012, en remplacement de Kader Arifdevenu ministre, Éric Andrieu, audois de 54 ans, évoque uneEurope “riche de ses différences, où chaque aspect de lacivilisation, même le plus minoritaire, doit être sauvegardé,respecté”.En pleine campagne pour les élections européennes du 25 mai(il est en deuxième position sur la liste socialiste), l’homme,qui laisse échapper de nombreuses expressions occitanes,prend le temps d’expliquer. Installé à la terrasse de Chez Boris,une brasserie sue l’Esplanade à Montpellier, les motsjaillissent, rapides et précis. Il parle de sa grand-mère, quiparlait “la” langue. Il parle de Jaurès et de “son plus beaucombat” : la paix en Europe, en cette année du centièmeanniversaire de l’assassinat du grand tribun. Il parle de sescombats à lui au sein de la commission de l’Agriculture del’Union européenne, contre les réglementations excessives quipénalisent les petits agriculteurs. Il parle de ses déplacementsincessants entre Bruxelles, Strasbourg et Narbonne, dans sonAude natale. “Paradoxalement, dit-il, c’est l’Europe qui est laplus respectueuse des richesses locales.”

Europa, mon païs

DÉPUTÉ EUROPÉENÉ

RIC

AN

DR

IEU

EUROPÉEN ET… OCCITAN!

L’Europe des 28

Les langues régionales(mal) étudiées à l’écoleLa loi Deixonne de 1951 a permis l’enseignement de quatre langues

régionales en France : le breton, le catalan, l’occitan et le basque.Suivies par l’introduction du corse, du tahitien, et de quatre languesmélanésiennes en 1974, 1981 et 1992.Mais la France fait encore partie des rares pays européens à n’avoirpas ratifié la Charte européenne des langues régionales etminoritaires. Après quatorze ans de blocage, la charte a passé le 28 septembre 2013une première étape : les députés ont validé une proposition de loiconstitutionnelle, par 361 voix contre149.Ce vote ouvre la voie à une ratification promise par François Hollandedans son programme de 2012. Le texte adopté doit maintenant passerle vote des sénateurs, mais pas seulement.En effet, dans la Constitution française, l’article deux précise que “lalangue de la République est le français”. Un article qui ne laisse pas deplace à la reconnaissance active des langues régionales proposée parla charte, a tranché le Conseil constitutionnel. La seule option restedonc un changement de la Constitution, repoussée jusqu’àaujourd’hui par les différents gouvernements français.

Il ne faut pas accuserl’Europe de tous les maux.

55 ANS, CONSEILLÈRE MUNICIPALEÀ LAURETCe sont les électeurs européens qui font les élus.Ce n’est pas Bruxelles qui décide de tout. La pré-sence de Daniel Cohn-Bendit dans le villagenous rapproche de l’Europe. Il rend sa gouver-nance plus concrète. Dany est humain et direct.Nous avons eu l’occasion de parler de l’Europelors du premier “Échange vigneron”. La mani-festation a eu lieu au printemps dernier à Lau-ret. À l’auberge du village, nous vivons l’Europeau quotidien avec une femme de ménage fla-mande, une réceptionniste berlinoise et du per-sonnel de la région. Malgré tout, je regrettequ’une identité européenne n’existepas encore.

La présence deDaniel Cohn-Bendit à Lauretnous rapproche de l’Europe.

67 ANS, ALLEMAND INSTALLÉ À LAURETET AMI DE DANIEL COHN-BENDITJ’ai toujours été convaincu par l’Europe car magénération n’aura pas connu de guerre commecelle de mon père ou de mon grand-père. Il nefaut pas accuser l’Europe de tous les maux. Si onrevient un peu en arrière, chaque pays a bénéfi-cié de l’UE. Par exemple, l’Irlande et le Portugal,qui étaient les maisons pauvres de l’Europe, ontvu leur développement économique exploser.L’Union européenne est une chance pour mieuxse comprendre. Une vraie puissance avec desvoix qui comptent entre Vladimir Poutine et Ba-rack Obama. J’aimerais que l’Europe soit orga-nisée commme l’Allemagne. Les États feraientoffice de Länder avec un gouvernement centralau-dessus.

FRANÇOISE ANTONIN KLAUS SCHOPF

2013 (l’Europe des 28)1990 (réunification allemande :entrée de l’Allemagne de l’Est)

1957, les six pays fondateurs(l’Europe des 6)

1995 (l’Europe des 15)1973 (l’Europe des 9)

1981 (l’Europe des 10)

1986 (l’Europe des 12)

Une Europe divisée jusqu’en 1989

2004 (l’Europe des 25)

2007 (l’Europe des 27)

Ancien “rideau de fer” séparant le bloc de l’Est du bloc de l’Ouest

Pays en négociation

Pays non membres

Supplément à La Gazette de Montpellier n° 1351 du 8 mai 2014

Gazette Europe 2014 - Def_Mise en page 1 05/05/2014 14:23 Page9

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Parlez-moi d’Europe

Parlez-moid’Europe…Euro… visions : sportifs aguerris, artistes reconnus,citoyens engagés et collégiens de Montpellier nouslivrent leur idée de l’Europe. Entre doutes, espoirs et ambitions. Vont-ils se déplacer aux urnes le 25 mai ?

Je ne vais pas voter, étant encore de natio-nalité camerounaise. L’Europe, pour moi,c’est ce qu’elle n’est pas encore. C’est surtout ce qu’elle est en train de deve-nir avec l’émergence du sentiment d’ap-partenance, qui remet l’individu aucentre.

Emmanuel Djob, finaliste de la saison 2 de The Voice, Montpelliérain

Je ne sais pas encore si je vais aller voter.Pour nous, les basketteuses, l’Europe estun motif de rassemblement. On peut êtretour à tour coéquipières, adversaires,...L’Europe du sport s’est faite plus rapide-ment que l’Europe politique, car les enjeuxne sont pas aussi importants.

Edwige Lawson-Wade, ancienneinternationale de basket du BLMA

J’ai beaucoup déménagé et je n’ai plus decarte d’électeur. Donc je n’irai pas voter.Mais je me sens très européenne puisquema mère est allemande et mon papa pied-noir catalan. Avant l’Union européenne,c’était compliqué de passer les frontièrespour les concerts.

Élisabeth Maistre (Babet), du groupeDionysos, ancienne Montpelliéraine

Je vote à chaque échéance. Aujourd’hui, jesouhaite que l’Europe soit plus sociale. Lejour où elle se penchera sur nos préoccu-pations, les gens s’y intéresseront.Ce n’est pas tout de vouloir faire de lapolitique autrement, il faut le faire.

Vincent Boileau-Autin, président de laLesbian and Gay Pride Montpellier LR

Évidemment, je vais aller voter. J’éplucheraichaque programme. Aujourd’hui, l’Europereste assez vague. Il y a une vraie confu-sion en ce qui concerne l’implication dechaque pays. L’Europe, c’est l’avenir, maissi les gens ne se sentent pas concernés, ilsn’iront pas voter.

Séverine Ferrer, animatrice etcomédienne, native de Montpellier

Aurel, 11 ans, en classe de CM2

Lucas, 10 ans, en classe de CM2

Ruben, 9 ans, en classe de CM1

Je vais voter, car il est important d’expri-mer sa voix citoyenne. Je vois l’Europe avecenthousiasme et optimisme, comme unterrain de jeu. Je pense qu’il est importantde voyager et de s’ouvrir à d’autrescultures. J’en suis revenue plus riche humai-nement et culturellement.

Célyne, chanteuse du duomontpelliérain Heart of wolves

© Andy Maistre

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L’Europe comprend plusieurs pays. Il y aun petit morceau de la Russie, l’Espagne,le Royaume-Uni, l’Allemagne et la Pologne.Je ne sais pas quel est le rôle de l’Europe,mais je sais que tous les pays qui font par-tie de l’Union européenne utilisent l’euro.Je l’ai utilisé en Italie lors d’un voyage.

PATRICE CANAYERENTRAÎNEUR DU MONTPELLIER AGGLOMÉRATION HANDBALLLa construction européenne, c’est avant tout uneréussite politique. Elle a évité à des pays de sefaire la guerre durant des années et ça, c’est primordial. Aujourd’hui, le problème se situe auniveau de la gouvernance. Il ne faut pas revenir àdes États fermés politiquement mais repenser lesystème actuel. C’est pour cela que j’irai voter auxélections de mai. Le sport, de son côté, a la facultéde rassembler. Il faut être compétiteur dans l’âmemais pas trop nationaliste non plus. Du côté del’effectif du club, nous privilégions les joueurs régionaux pour la formation, un socle de joueursfrançais pour l’équipe 1 et quelques joueursétrangers, dont des Européens, qui s’identifientau maillot et apportent leur expérience.

LOUIS NICOLLINPRÉSIDENT DU MONTPELLIER HÉRAULT SPORT CLUB (FOOT)Si je devais faire comme tout le monde, je diraisque je me sens européen. Seulement, moi, jevais être franc comme d’habitude et je le dis: jesuis avant tout un Français. Je vis et consomme français au quotidien. Tousles camions de mon entreprise sont de marquefrançaise. Et moi-même je roule uniquementdans des voitures françaises. Au moins ça, çafera plaisir à (Arnaud) Montebourg [ministre del’Économie] et son “made in France”. Aujourd’hui, on dirait que ça fait bien de dire “jeme sens européen”. Mais je dis ce que je pense etje m’exprime en allant voter aux élections euro-péennes. Quand on est un vrai citoyen, on vote.

Il faut être compétiteur dans l’âmemais pas trop nationaliste non plus.

Aujourd’hui,on dirait que ça fait bien de dire

“je me sens européen”.

L’Europe, pour moi, c’est un continent avecplusieurs pays à l’intérieur: la France, lePortugal et l’Espagne. Les autres pays, jene les connais pas. Je ne sais pas trop àquoi sert l’Europe, mais je pense qu’elle aun rôle plutôt positif. Ça facilite la circu-lation des marchandises, par exemple. Jen’ai pas encore étudié ce continent à l’école.

L’Union européenne, c’est bien parce qu’ellefait plein de choses. Il y a beaucoup dematchs de foot et puis il y a aussi l’euro quipermet d’acheter des produits qui vien-nent de plein de pays. On a une carte del’Europe dans la classe et j’aime bien laregarder. L’année dernière, on est allés auParlement des enfants avec l’école alors jesais que le Parlement, c’est là où on votetoutes les lois et en France, il y a 527 dépu-tés [ils sont en réalité 577].

Supplément à La Gazette de Montpellier n° 1351 du 8 mai 2014

Gazette Europe 2014 - Def_Mise en page 1 05/05/2014 14:23 Page10

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Le Parlement européen actuel

Depuis 1979, les élections européennes sont délaissées par les électeursmontpelliérains. L’abstention pèse dans une Union européenne qui semble tropcomplexe et trop éloignée des préoccupations des Héraultais.Quelques clés pour comprendre les enjeux de ce scrutin.

Les abstentionnistesfont trembler l’UE Comment ça marche?

Nombreux sont ceux quiobservent nos travaux avecsuspicion. Ils ne sont paspersuadés que tout ce quenous faisons ici est vrai-ment ce qui convient. Nousdevons être conscients queles Européens sont moins intéres-sés par les débats institutionnels quepar l'avenir de leurs enfants, leur emploi, leurretraite, la justice sociale. Ce qui leur importe,c'est de disposer d'aliments sains et de vivredans un environnement moins pollué. Nousallons les écouter davantage. (extrait du discours inaugural du 17 janvier 2012).

27558

56353231

194 85

Parti populaire européen (PPE)Alliance progressiste des socialistes et des démocrates (S & D)Alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe (ADLE)Conservateurs et réformateurs européens (CRE)Verts/Alliance libre européenne (VERTS/ALE)Gauche unitaire européenne/Gauche verte nordique (GUE/NGL)Europe de la liberté et de la démocratie (ELD)Non-inscrits (NI)

l

390 millions d’électeursdans 28 pays

élisent

766 députés dont 74 Françaisdont 10 dans notre circonscription(Bordeaux-Toulouse-Montpellier)

siègent

au Parlement européenVotent les lois et le budget de l’Union

européenne. Ils représentent le peuple.

il d l’U iCommissioneuropéenneComposée d’un

commissaire par Étatmembre. Pouvoir

exécutif, à l’initiativedes propositions de

loi. Garante del’intérêt général de

l’UE.

Conseilde l’Union

européenneComposé des

ministres des Étatsmembres. Partage lepouvoir législatif etbudgétaire avec leParlement. Défend

les intérêts des États.

0

10

20

30

40

60

50

1ertour 2nd

tour

20,52 %

présidentielle2012législatives 2012 européennes 2009 municipales 2014

19,65 %

44,60%

59,37 %

36,45% 37,87 %

30

40

50

60

70

80%

1979 1984 1989 1994 1999 2004 2009

Taux d’abstention aux élections européennes à MontpellierTaux d’abstention aux élections européennes en France

Les taux d’abstention aux élections européennesà Montpellier et en France

Taux d’abstentionaux dernièresélections en France

Trois raisons d’aller voters e l o n J e a n - M a r i e P u s l e c k i ,président de la section héraultaisedu Mouvement européen France,une association apolitique quiprône l’Europe fédérale.

1“Sans l’Europe, il n’y a plusd’avenir. Avec la mondialisation,l’économie ne se gère plus au

niveau des États. Il faut une entitésuffisamment forte qui défende àla fois les intérêts économiqueseuropéens et les valeurs progres-sistes en matière sociale.”

2“L’Union européenne a besoin d’un Parlement fort afin de dé-velopper un nouveau projet

fondé sur plus d’Europe sociale.Plus la participation est élevée, plusle Parlement sera légitime pour in-suffler une nouvelle politique.”

3“La démocratie est en danger.Le risque de ces prochainesélections est de voir arriver au

Parlement des députés profondé-ment eurosceptiques. La démocra-tie n’est pas quelque chose d’acquiséternellement, elle peut être remiseen cause à tout moment.”

1ertour 2nd

tour1ertour2nd

tour

Un Parlementde droitedepuis 2009

Martin Schulz, président du Parlement européenJe serai un

président qui se battrasi les intérêts des

citoyens sontmenacés

sources Parlement européen, Préfecture de laVille de Montpellier et ministère de l’Intérieur

42,78 %

Supplément à La Gazette de Montpellier n° 1351 du 8 mai 2014

Gazette Europe 2014 - Def_Mise en page 1 05/05/2014 14:23 Page11

UMP CIB

OU

RE

(64

), 68

AN

S

MICHÈLE ALLIOT-MARIE

Liste UMPRésultats 2009 : 26,89 %

“L'Europe doit faire une pausedans l'élargissementà de nouveaux pays”

12

VINCENT ET SÉBASTIEN 24 ET 25 ANSPour nous, les élections européennes sont aussiimportantes que les élections nationales, car laplupart des grandes décisions se prennent au-

jourd’hui au niveau communau-taire. L’Europe a fait des chosesbien, en matière agricole notam-

ment. L’Union européenne manquede clarté. Nous y sommes sensibles parce

que nous sommes en faculté de droit et que l’onnous en parle: mais si ça n’était pas le cas, pas sûrque nous nous y intéresserions!

CHRISTOPHE 35 ANSJe n’irai pas voter parce que je ne suis pas content.Je suis artisan dans le bâtiment, donc je ne peuxpas être satisfait. L’Union européenne a engen-dré une concurrence déloyale de la part de paysqui n’ont pas les mêmes charges que nous. For-cément, sur un appel d’offres, leurs prix ne peu-vent pas correspondre aux nôtres. Ça ne me

dérange pas que des étrangers viennent travail-ler en France, à condition qu’on soit tous soumisaux mêmes règles. JEAN60 ANSNon, car je nevote plus de façon générale et je n’ai jamais votéaux élections européennes.L’Union européenne a simpli-fié beaucoup de choses, no-tamment avec l’arrivée del’euro. Mais s’entendre à 28,c’est dur. Chacun essaie defaire primer ses intérêts, audétriment parfois de l’intérêtgénéral. Pourtant les diri-

geants européens ont le pouvoir de faire bougerles choses.LOUIS22 ANS,ÉTUDIANT

« J’ai décidé de neplus voter. Si le vote blancétait reconnu, j’irais. Honnê-tement je ne vois pas l’intérêtde l’Europe. Mis à part le pro-gramme Erasmus pour lesétudiants, j’ai du mal à trou-ver ce qu’elle a fait de bien. Ilfaudrait qu’on en parle plus.Si des débats ou des confé-rences étaient organisés, parexemple, je m’y rendrais.

L’avantagede l’Europe,

c’est la paix.

PS-PRG MO

NT

PE

LL

IER

(34

),

37

AN

S

VIRGINIE ROZIÈRE

Liste d’union Parti socialiste-Parti radical de gauche Résultats 2009 : 17,72 %

Dans la circonscription duGrand Sud-Ouest , quirassemble le Languedoc-Roussillon, Midi-Pyrénéeset l’Aquitaine, dixdéputés seront élus àStrasbourg pour les cinqannées à venir. Le scrutinproportionnel répar t irale nombre dereprésentants auParlement européen pourchaque liste en fonctiondes résultats obtenus.Avant de se rendre auxurnes le 25 mai, tourd’horizon des principauxcandidats déclarés.

ÉLECTIONS DU 25 MAI Lesprincipaleslistes dansle GrandSud-Ouest

À part Erasmus, je nevois pas ce que l’Europe

a fait de bien.S’entendre

à 28, c’est dur.

“Les députés doivent montrer

ce que l’Europe fait de bien”

LES VERTS

LA

RO

QU

E S

AIN

TE

MA

RG

UE

RIT

E (12

),

61A

NS

JOSÉ BOVÉ

Liste Europe Écologie-Les Verts Résultats 2009 : 15,83 %

“L’élection européenne estplus importante pour la viequotidienne que l’élection

présidentielle”

IREZ-VOUS VOTER LE 25 MAI PROCHAIN?

Discrète depuis son éviction du gouvernementFillon début 2011, Michèle Alliot-Marie revient

sur le devant de la scène en se présentant auxprochaines élections européennes. Tour à tour ministre de la Justice, de la Défense,de l’Intérieur et des Affaires étrangères, la candi-date compte sur son expérience pour convaincre :“Le Parlement européen exercera, pour lapremière fois de son histoire, de nouvellescompétences dans des domaines régaliensque je connais particulièrement”, avance-t-elle. Sa vision d’une Europe “plus efficace et prag-matique” passe par “une pause de l’élargis-sement à de nouveaux pays”. Les vingt-huitÉtats membres “ont des niveaux écono-miques et sociaux très différents”. L’harmo-nisation de la fiscalité et des charges sociales desentreprises est l’une de ses priorités, tout commed’obliger les États qui perçoivent des fonds euro-péens “à relever les salaires et la protectionsociale de leurs citoyens”. Michèle Alliot-Marie a déjà exercé le mandat dedéputé européen entre 1989 et 1992 et si elle estélue, le 25 mai prochain, elle promet de remplirsa fonction dans la proximité avec les citoyens:“C’est celle que j’établis en me rendant per-sonnellement dans chaque département etc’est ce que je ferai une fois par mois danstoute l’euro-circonscription une fois élue.”Se rapprocher de la population est l’une des cléspour amener les électeurs aux urnes. Mais MAMmise avant tout sur un deuxième vote sanctiondu gouvernement pour booster la participation:“François Hollande a refusé d’entendre leurmécontentement aux municipales, les Fran-çais auront sans doute envie de faire pas-ser à nouveau leur message.” L’appel estlancé. R

À37 ans, cette militante radicale de gauche quia “grandi avec la construction euro-

péenne” mène la liste PS-PRG dans la région duGrand Sud-Ouest. Ancienne directrice adjointe decabinet au ministère de l’Artisanat et du tourisme,Virginie Rozière se présente pour la première foisaux élections européennes. Elle compte bien “participer à la constructiond’une vraie Europe sociale”. Inconnue jusqu’alors, la candidate doit sa placede tête de liste à Harlem Désir, ex-patron du PS,qui a donné carte blanche au parti de Jean-Mi-chel Baylet. Une seule condition: que ce soit unefemme. La Montpelliéraine succède ainsi à Fran-çoise Castex, évincée de la liste PS-PRG qui a doncdécidé de rejoindre le parti Nouvelle Donne del’économiste Pierre Larrouturou. Si elle n’a jamais effectué de mandat d’eurodé-puté auparavant, Virginie Rozière connaît l’Europecomme sa poche. Deux années passées àBruxelles entre 2010 et 2012 en tant qu’adminis-tratrice auprès du secrétariat de la Commissioneuropéenne lui ont permis de bien cerner les ins-titutions et leur fonctionnement. “J’aimerais que les gens prennent cons -cience de l’importance du Parlement euro-péen. Co-législateur avec le Conseil, son rôleest aussi important que l’Assemblée natio-nale en France.”Reconnaissant le manque d’échanges entre lesdéputés européens et les citoyens, Virginie Ro-zière, elle, ne compte pas rester à Bruxelles ouStrasbourg. “Je veux être une ambassadricede l’Europe en France et venir rendrecompte régulièrement aux électeurs du Sud-Ouest de ce que nous faisons au Parle-ment.” R

Élu depuis 2009 au Parlement européen, JoséBové ne compte pas abandonner les combats

engagés durant son premier mandat. Convaincuque les élections européennes “sont avec lesmunicipales celles qui permettent de chan-ger le quotidien des gens”, il reste fidèle auposte. “Les autres grandes formations politiques,comme l’UMP et le PS, se servent des euro-péennes pour recaser ceux qui ont perdudes élections nationales. C’est un très mau-vais signal pour les citoyens”, peste-t-il. S’il estréélu, José Bové se fixe comme priorité de porter“l’harmonisation fiscale des entreprises etl’harmonisation sociale entre tous les pays,notamment sur les salaires minimum et letemps de travail”. Mener “la transition énergétique au niveaueuropéen”, favoriser une agriculture respec-tueuse de l’environnement et poursuivre la luttecontre les OGM et le gaz de schiste sont autantde défis qui l’attendent. Ainsi l’eurodéputé plaide pour “un nouveauprojet constituant européen” avec un Parle-ment fort, doté d’un budget autonome qui puisse“initier l’Europe fédérale”. Un discours ambi-tieux, qui pourrait être contré par la montée del’extrême droite, en France comme dans les au-tres pays, favorable à une Europe des nations. “Ils proposent un projet de rejet, avec la sor-tie de l’euro et la fermeture des frontières,qui va droit dans le mur”, tempête José Bové.Mais il reste confiant: “Même s’ils obtiennentun groupe au Parlement (plus de 25 élus,NDLR), ils ne pourront jamais former unemajorité sur le vote d’une loi en s’alliantavec une autre formation.”R

Supplément à La Gazette de Montpellier n° 1351 du 8 mai 2014

LES GRANDES RÉGIONS FRANÇAISES POUR LES ÉLECTIONS EUROPÉENNES 2014

13 9

13

3

10

10

59

NORD-OUESTNord-Pas-de-CalaisPicardieHaute-NormandieBasse-Normandie EST

LorraineAlsaceChampagne-ArdennesBourgogneFranche-Comté

SUD-ESTRhône-AlpesProvence-Alpes-Côte d’AzurCorse

ÎLE DE FRANCE

OUESTBretagnePays de la LoirePoitou-Charentes

SUD-OUESTAquitaineMidi-PyrenéesLanguedoc-Roussillon

DOM-TOMGuadeloupeMartiniqueGuyaneRéunion

Gazette Europe 2014 - Def_Mise en page 1 05/05/2014 14:23 Page12

13

FERNAND ET MICHELLE47 ANSNous voterons, car nous n’avons pas lechoix. Nous venons du Luxembourg et,dans notre pays, les élections sont obliga-toires. Mais si nous avions le choix, nousirions voter quand même. L’Europe a consi-dérablement simplifié les choses: la miseen place de l’euro, l’abaissement des fron-tières… En revanche, on a parfois l’impres-sion que les dirigeants européens passent àcôté des vrais problèmes. Ils se préoccupentplus du calibrage des bananes que de la po-litique économique.

Parlez-moi d’Europe

MODEM-UDI

BO

RD

EA

UX

(33

), 58

AN

S

ROBERT ROCHEFORT

Liste Modem-UDIRésultats 2009 : 8,61 %

“Il faut élire un présidentde l’Europe

au suffrage universel”

NOUVELLE DONNE LAVA

RD

EN

S (3

2),

58

AN

S

FRANÇOISE CASTEX

Liste Nouvelle donneN’était pas en course en 2009

“1 000 milliards d’euros pour la transition énergétique”

FRONT DE GAUCHE

PAR

IS (75

), 63

AN

S

JEAN-LUC MÉLENCHON

Liste Front de gaucheRésultats 2009 : 8,16 %

“Envoyer un signal contrel’Europe libérale”

L’Europese préoccupe plus du

calibrage des bananes.

FRONT NATIONAL

PE

RP

IGN

AN

(66

),

44

AN

S

LOUIS ALIOT

Liste Front nationalRésultats 2009 : 5,94 %

“Nos intérêts d’abord:protégeons nos frontières

et nos emplois”

MARIE30 ANSMalheureusementnon, car je viens justede rentrer à Montpel-lier après avoir passédix ans à l’étranger etles inscriptions sur leslistes électorales sontcloses. Mais si j’avaispu voter, je l’aurais fait.Je pense que l’Union européenne est im portantedans notre quotidien. J’ai vécu six ans en Angle-terre et, sans l’Europe, il m’aurait été très difficilede m’y installer et de trouver du travail.

Sansl’Union européenne, il

m’aurait été plus difficilede voyager.

EMMA18 ANSJ’irai voter aux euro-péennes, comme j’aivoté aux munici-pales. J’ai appris grâceà la fac de droit quel’Union européenneavait une grande in-fluence sur la poli-tique nationale. Je necrois pas que l’Europe ait vraiment un impact dans lavie de tous les jours, mais au niveau juridique elle aune incidence. Par contre, je ne connais ni les candi-dats ni les députés sortants, car je ne me suis pas en-core renseignée.

L’Unioneuropéenne a une grandeinfluence sur la politique

nationale.

Après cinq ans passés à Strasbourg, Robert Ro-chefort en redemande. L’eurodéputé sortant,

tête de liste du rassemblement L’Alternative(union entre l’UDI et le Modem) dans la circons-cription Sud-Ouest, brigue un second mandat.Le vice-président du Modem est un euro-convaincu. Conformément aux positions de sonparti, il défend l’idée d’un renforcement del’Union européenne: “Il faut une Europe plusintégrée. Nous n’aurons pas de réponse ànos problèmes sans une Europe forte.Maisje n’aime pas l’Europe actuelle”, nuance-t-il.“Les tracasseries que nous connaissonssont essentiellement dues au fait que l’Eu-rope ne se fait pas”, explique cet économistede 58 ans, arrivé dans la politique sur le tard. Lecentriste plaide pour “l’élection d’un présidenteuropéen au suffrage universel”, qui est pourlui “la seule condition pour qu’un dirigeantdéfende les intérêts de l’UE, et non pas ceuxd’un pays, aussi puissant soit-il.”Il cherche à convaincre que l’avenir passe par unrenforcement de l’Union européenne et non unrepli des États membres sur eux-mêmes. “Au mo-ment de la crise, on n’a pas réagi comme ilaurait fallu”, se souvient-il. “Chaque État avoulu défendre son pré carré. Il a manquéune politique globale. Au final, on a su ré-pondre sur le plan financier, mais pas sur lesocial et l’économie.”Un constat qui fait dire à Robert Rochefort que“s’il n’y a pas d’Europe unie dans une ving-taine d’années, des puissances comme laFrance, l’Espagne ou l’Italie seront l’équi-valent de petits pays”. R

Élue à Strasbourg depuis 2004, Françoise Cas-tex est candidate à un troisième mandat de

député européen. Après dix ans au PS, elle n’a pasété reconduite, Solferino lui ayant préféré VirginieRozière. La Gersoise de 58 ans a pris acte de la rup-ture par une lettre adressée aux militants socia-listes locaux, le 14 février dernier. “J’étais endivergence avec le parti. Sur plusieurs votesje n’ai pas respecté les consignes.”Françoise Castex sera tête de liste de NouvelleDonne, formation politique née fin 2013. Elle re-trouve Pierre Larrouturou, fondateur du parti etex-socialiste qu’elle a déjà croisé lors de son par-cours. “En 2005, on faisait campagne pourle non au référendum sur le Traité constitu-tionnel.”Parmi les propositions qu’elle porte avec son nou-veau parti, la candidate avance “un plan de 1 000 milliards d’euros pour la transitionénergétique”, axé sur une aide à la recherche.“C’est autant que ce qui a été mis pour sau-ver les banques pendant la crise. Commenttrouver l’argent? De la même façon : lacréation monétaire.” Le processus de prise dedécision est également dans le viseur de NouvelleDonne, qui réclame plus de transparence. “Actuellement, il y a une grande opacité. Onen arrive à une situation où le gouverne-ment français reproche à Bruxelles des rè-gles qu’il a lui-même acceptées. On avraiment besoin d’une traçabilité de la dé-cision politique.”Françoise Castex souhaite que l’Union européennechange sa manière de gérer les dettes souverainesde ses États membres, en les plaçant “dans unfonds spécial sur lesquels les marchés fi-nanciers ne peuvent pas spéculer”. R

Après avoir un temps espéré se présenter en Île-de-France, Jean-Luc Mélenchon conduit fina-

lement la liste Front de gauche dans le Sud-Ouest.Le candidat à l’élection présidentielle 2012 re-tourne dans la circonscription où il avait été élueurodéputé en 2009 en raison de l’accord entreles deux principales formations qui composent leFront de gauche, le Parti communiste et le Partide gauche, qu’il copréside. Cette entente, après de longues négociations,porte sur la répartition des candidatures dans leshuit euro-circonscriptions françaises et prévoitnotamment que la liste francilienne soit menéepar un communiste.Pour Olivier Dartigolles, porte-parole du Particommuniste, “l’objectif est d’avoir deux dé-putés dans le Sud-Ouest”. Il y a cinq ans, la listeFront de gauche avait obtenu le score de 8,16 %et seul Jean-Luc Mélenchon avait été élu pour sié-ger dans l’hémicycle strasbourgeois. “Les peuples européens doivent reprendrela main pour rappeler aux marchés finan-ciers qu’ils n’acceptent pas la cure d’austé-rité”, poursuit le membre du PC.Le Front de gauche veut profiter de la campagneeuropéenne pour appuyer son désaccord vis-à-visde la politique du gouvernement, comme l’ex-plique Éric Coquerel, secrétaire national du Partide gauche: “On veut envoyer un signal contrel’Europe libérale et sa politique d’austérité,incarnées par Angela Merkel et FrançoisHollande. Notre but est d’être la premièreliste à gauche.” R

Louis Aliot, vice-président du Front national, seprésente pour la deuxième fois aux élections

européennes. Et le message porté n’a pas variéen cinq ans. Il semble même prendre de l’ampleurau regard de l’euroscepticisme ambiant et desderniers sondages plaçant le FN autour de 20 %. “Je suis toujours défenseur d’une Europedes nations, contestataire de ce système quimontre ses limites et qui met la France enpéril”, lance le candidat. Conseiller régional duLanguedoc-Roussillon, ce “fils du Sud-Ouest”,se définit comme “eurosceptique, eurocri-tique” et prône “la révolution totale des ins-titutions européennes”. Il tacle au passage l’UMP et le PS “qui commen-cent à prendre les mêmes positionnementsque nous. Mais comme on l’a déjà constaté,les gens préfèrent l’original à la copie”. LouisAliot défend la vision d’une “Europe des pro-jets”, c’est-à-dire qui soutiendrait financièrementles entités privées de rang européen, tellesqu’Airbus et Ariane. Il évoque la protection des frontières “afin depréserver notre outil industriel et nos em-plois” et espère voir le FN “peser sur les insti-tutions pour stopper la pensée uniqueeuropéenne, le tout-harmonisé, le tout-con -trôlé, et le tout-financé”. À ceux qui voient unparadoxe dans la candidature d’eurosceptiquesaux élections européennes, il répond: “Le rôled’un parti est de se présenter à toutes lesélections, l’UMP veut rayer les départe-ments de la carte mais se présente quandmême aux cantonales.”Si l’abstention est une crainte pour la plupart descandidats, Louis Aliot, lui, est convaincu que “lescontestataires vont se déplacer”. R

Supplément à La Gazette de Montpellier n° 1351 du 8 mai 2014

Gazette Europe 2014 - Def_Mise en page 1 05/05/2014 14:23 Page13

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Le quartier européen de Bruxelles est scindé en deux.La rue de la Loi fait office de no man’s land. Danscette grande artère résonnent les sirènes des motards

et le pilon des marteaux-piqueurs. Des policiers et dehautes herses de barbelés barrent la voie à hauteur duConseil européen, où un sommet entre l’Union euro-péenne et l’Afrique retient toute l’attention. À quelquespas, le Charlemagne n’a pas les honneurs de ce déploie-ment policier. Ce bâtiment de la Commission héberge,en ce début avril, l’une des cinq sessions plénières annuellesdu Comité des régions, dont les 353 membres examinentles textes de la Commission européenne ou du Conseileuropéen pour s’assurer de leur compatibilité sur le planrégional. Quatre d’entre eux, sur les 24 membres fran-çais, incarnent le Languedoc-Roussillon. “Notre région estla mieux représentée de la délégation”, claironne JacquesBlanc, qui fut le premier président de ce comité de 1994à 1996. François Commeinhes, maire de Sète, Stéphan

Rossignol, maire de La Grande-Motte, et Pierre Hugon,conseiller général de Lozère, complètent l’équipe locale.Tous n’iront pas au bout de leur mandat de cinq ans, car,pour siéger, il faut obligatoirement être élu local.

Sacs en plastique à l’étang de ThauLes casques greffés sur les oreilles, nos quatre Languedocienssuivent les débats traduits en 23langues par une arméed’interprètes postés derrière eux dans d’énormes bocauxde verre. À la tribune, les intervenants se succèdent. Unplan visant à réduire le nombre de sacs en plastique d’icià 2020 figure à l’ordre du jour. Manie de l’Europe de légi-férer sur tout? Pas vraiment : “À Sète, cette étude repré-sente des choses concrètes, car ils polluent l’étang de Thau”,explique François Commeinhes, maire de la ville. Souvent,les avis n’ont rien à voir avec les problématiques duLanguedoc-Roussillon. “Avec 28pays, on ne peut pas par-ler uniquement de nous”, admet Stéphan Rossignol, pre-

JACQUES BLANCMAIRE DE LA CANOURGUE Jacques Blanc, 74 ans, a été

le premier président de l’insti-tution en 1994. Après son mandat

de deux ans et demi, il reste au Comitédes régions. Aujourd’hui, il siège en tantqu’élu puisqu’il est maire de La Ca-nourgue depuis 1971. Il a été le présidentdu Conseil régional de 1986 à 2004. Il aégalement occupé les fonctions de dé-puté et de sénateur de Lozère. Ce méde-cin de profession a même été secrétaired’État auprès du ministre de l’Agriculture,sous la présidence de Valéry Giscardd’Estaing (1977-1978).

Parlez-moi d’EuropeSur certains sujets,

nous adoptons une attitudenationale et une position unique

dans l’intérêt de laFrance.

Le Comité des régionsfait tomber les cloisons entreles pays. On réunit toutes lesrégions, les départements et

les communes.

Au Comité des régionsles représentants sontclassés par parti et nonpar nationalité.

Jacques Blanc, François Commeinhes, Pierre Hugon et Stéphan Rossignolsont les représentants du Languedoc-Roussillon au Comité des régions del’UE. Ils rallient régulièrement Bruxelles pour porter la voix de la régionauprès de la Commission ou du Conseil.

Mission Bruxelles pour

STEPHAN ROSSIGNOLMAIRE DE LA GRANDE-MOTTEStéphan Rossignol, 52 ans, ef-fectue ses premières armes enpolitique en tant que conseillermunicipal dans son villagenatal de Ganges. En 2008, il seprésente aux municipales à LaGrande-Motte. Il est élu maire,puis réélu en mars dernier. Ilsiège aussi au Conseil régional.Le Grand-Mottois a été nomméau Comité des régions en 2012par l’Association des régions deFrance. Pour lui, ce fut une pre-mière.

mier magistrat de La Grande-Motte. “Il y a des sujets quinous paraissent très éloignés. Dans ces cas-là, on ne votepas ou alors on fait confiance aux collègues de notre for-mation politique.”Les représentants sont, en effet, classés par parti et nonpar nationalité. Les quatre du Languedoc sont placés àdroite et appartiennent tous au Parti populaire européen.Une pancarte avec le nom de famille et la couleur poli-tique permet à chacun de repérer sa place. Le Comité ne dispose pas de son propre hémicycle. Prévueà 15h, la 106esession plénière débute avec une vingtainede minutes de retard. La salle est loin d’être comble.Comme à l’école, les premières rangées sont les moinsdissipées. Les coordinateurs et les journalistes, au fondde la salle, échangent et se baladent dans les allées.

Tractations et nouveau présidentLes Languedociens sont plutôt bons élèves et occupenttous leur poste. Jacques Blanc, François Commeinhes etPierre Hugon sont attentifs. Stéphan Rossignol pianotesur sa tablette. La liberté de mouvement est totale. Beaucoups’éclipsent dans la salle d’à côté pour un petit noir. C’estlà qu’ont lieu les tractations. Le sujet du jour, à la machineà café, concerne le futur président du comité. L’actuel,Ramon-Luis Valcarcel, à la tête de la région de Murcie, vadémissionner. Il se présente aux élections européenneset ne peut pas cumuler.Le Belge francophone Michel Lebrun devrait lui succé-der. “C’est bien pour la France, note Stéphan Rossignol.Les pays nordiques et germaniques ont tendance à tirer lacouverture à eux. Avec ce président, la langue française nesera pas oubliée.” Sa nomination sera soumise à l’avis del’assemblée lors de la prochaine session (du 25 au 26juin),mais elle ne fait aucun doute.La pause est courte, les délégués ne s’éternisent pas encoulisses. “Il faut quand même qu’ils votent”, insiste LaurentThieule, chef de l’unité presse et communication du Comitéet originaire de Pinet, village situé à une quarantaine dekilomètres de Montpellier. Pour exprimer leur voix, lesreprésentants des collectivités territoriales disposentd’une pancarte. Au moment du vote, la salle se noie sousles carrés blancs. Après plusieurs modifications, le rap-port sur les sacs en plastique a été approuvé. “Quand il ya un doute, on utilise le vote électronique, souligne StéphanRossignol. Ça arrive dans 30% des cas.”Une fois l’étude passée, puis les avis et les amendementsvalidés, le texte part au Parlement européen pour êtresoumis au vote. Les gouvernements des pays membresassurent ensuite la mise en application. “Il faut compterentre un et trois ans pour voir la concrétisation sur le ter-rain”, évalue François Commeinhes. Les sacs en plastiquen’ont pas fini de voler au-dessus de l’étang de Thau. R

Supplément à La Gazette de Montpellier n° 1351 du 8 mai 2014

Gazette Europe 2014 - Def_Mise en page 1 05/05/2014 14:23 Page14

15

Le Comité des régions: mode d’emploiL’Association des régions, celle des départements et celledes maires de France se chargent de choisir les 24membres de la délégation française. “Douzereprésentants sont des élus régionaux, sixdépartementaux et six autres municipaux. Ils tiennentcompte de l’équilibre politique du moment”, décritLaurent Thieule, chef de l’unité presse etcommunication. Le mandat des membres du Comité des régions durecinq ans. François Commeinhes, Pierre Hugon, StéphanRossignol et Jacques Blanc continueront d’aller àBruxelles jusqu’en 2015. Pour siéger au Comité des régions, les membres ne sontpas rémunérés. Ils perçoivent une indemnité dedéplacement lors des sessions plénières à Bruxelles.Les membres se réunissent par commission. Il en existe six. ● La commission de la citoyenneté, de la gouvernance,affaires institutionnelles et extérieures (Civex). ● La Coter, en charge de la cohésion économique, sociale,territoriale, des fonds structurels, du logement, destransports. ● L’Ecos s’occupe de l’emploi, de la politique et laprotection sociale, l’égalité des chances, la politiqued’entreprise, la concurrence et la fiscalité, l’innovation, lapolitique économique et monétaire et le marchéintérieur.● L’Educ pour la jeunesse, les sports, l’éducation, lastratégie d’information et de communication de l’UE.● L’Enve pour la politique de l’environnement,l’adaptation au changement climatique, les énergiesrenouvelables.● La Nat concerne la Politique agricole commune, ledéveloppement rural, la politique maritime, laproduction alimentaire, le tourisme.

“Un membre assidu du Comité vient en général unefois par mois à Bruxelles”, indique Laurent Thieule. Selon lui, 336 milliards d’euros seront alloués auxrégions pour la période 2014-2020.

Le Comité des régionsest une représentationde tous les territoires.

les élus d’ici

ÀBruxelles, dans les immenses bâti-ments européens, sa silhouette élan-cée et sa démarche sportive font par-

tie du décor. Laurent Thieule, 58 ans,fréquente ces lieux depuis presque vingtans. Il est le chef de l’unité presse et com-munication du Comité des régions. Ce natifde Pinet, village situé à une quarantainede kilomètres de Montpellier, dirige unecinquantaine de personnes. “Les membresde mon équipe viennent de tous les pays,affirme-t-il. Au début j’arrivais encore à ani-mer des réunions en français. Maintenant,avec l’arrivée des pays de l’Est, on utilisesystématiquement l’anglais.”

Supporter du MHSC Son aventure européenne débute en 1994,dans les bagages de Jacques Blanc, alorsprésident du comité. “J’étais son directeurde cabinet lorsqu’il était président du Conseilrégional. Ensemble, nous avons organisé lesJeux méditerranéens en 1993.” Ce féru desport au physique efflanqué de cyclisteenfourche son vélo le dimanche, mais ilapprécie surtout le football. Ses vacances2014, le Bruxellois d’adoption va les pas-ser au Brésil, pour assister à la Coupe dumonde. En Belgique, il est le président duclub de Kraainem dans la banlieue de Bruxelles.“On a 300 jeunes licenciés de 40 nationalités diffé-rentes, se félicite-t-il. C’est un outil d’intégrationsociale. Ils apprennent aussi le néerlandais.” C’estd’ailleurs pour se lancer dans le marketing sportifque cet ex-journaliste a quitté la capitale belge à lafin des années 1990. Pendant quatre ans (de 1999à 2003), il a dirigé Havas sport à Paris. “On cher-chait des sponsors pour les équipes et on conseillaitles marques.” Attiré par la multiculturalité de Bruxelles,il revient dans la capitale européenne.Depuis, il n’a plus quitté la Belgique. Laurent Thieulea pourtant débuté sa carrière professionnelle àMontpellier. Après avoir notamment suivi les coursde Georges Frêche lors de ses études en économie,

il intègre la rédaction de Midi Libre. “Je m’occupaisde la rubrique viticole”, précise-t-il. Un domaine qu’ilconnaît bien puisque le chef d’unité est issu d’unefamille de viticulteurs depuis le XVIIe siècle. Pèrede trois enfants, marié à une Belge, il reste pro-priétaire d’une maison à Agde et retourne de tempsen temps dans l’Hérault. “En général, je suis dansle département pour Pâques et Noël.”De son passé de journaliste, Laurent Thieule a conservéle sens du contact et la gouaille. L’homme n’est jamaisà cours d’anecdotes. L’Européen reste aussi un fidèlesupporter du MHSC, le club de foot de la capitalerégionale. Une passion qu’il a transmise à l’un deses deux fils qui n’a pourtant jamais vécu à Montpellier.Même de loin, il reste un fidèle. R

Laurent Thieule quitteBruxelles à Pâques et à Noël.

Quand le journalisme mène à l’EuropeAprès avoir fait ses classes dans l’Hérault, Laurent Thieule dirige l’unitépresse et communication du Comité des régions.

PIERRE HUGONVICE-PRESIDENTDU CONSEIL GÉNÉRAL DE LA LOZÈREAu Comité des régions, PierreHugon est un représentant dé-partemental. Il est vice-présidentdu Conseil général de Lozère. Il estl’élu du canton de Mende-Norddepuis 1988. Il a également siégéau Conseil régional du Langue-doc-Roussillon de 1998 à 2004. Pendant cette période, le Lozérienétait vice-président de l’institu-tion régionale délégué à l’agricul-ture, la pêche et le développe-ment rural.

On étudie vraiment les petiteschoses du quotidien,

celles auxquelles la Commissionn’a pas pensé.

Supplément à La Gazette de Montpellier n° 1351 du 8 mai 2014

FRANÇOISCOMMEINHESMAIRE DE SÈTE François Commeinhes, 64ans,dirige la ville de Sète depuis2001. Il est aussi conseillergénéral du département del’Hérault. À Bruxelles, il re-présente les maires. Il estle fondateur de la Commu-nauté d’agglomération dubassin de Thau.

Gazette Europe 2014 - Def_Mise en page 1 05/05/2014 14:23 Page15

Vous sentez-vous européen?■ Adam (Pays de Galles, 21 ans, étudiant en français) : “Jeme sens plus gallois qu’européen, mais avant tout britan-nique. De façon générale, nous faisons tout différemmentdes autres Européens. Mais une chose est sûre: nous serionsmorts sans l’Europe”, répond, d’une voix assurée, cet étu-diant originaire de Cardiff.

■ Emma (Angleterre, 20 ans, étudiante en chimie): “Nous,les Britanniques, sommes très attachés à la livre sterling,mais c’est sûr que posséder la même monnaie aide à se sentireuropéen”, reconnaît cette Londonienne, habituée à pas-ser ses étés dans le sud de la France depuis son enfance.

■ Laureano (Espagne, 30 ans, doctorant en philosophiehispanique) : “Je suis venu à Montpellier pour le travail,mais j’espère pouvoir rester. J’aime le sentiment d’être étran-ger. Même à Barcelone, on distingue les Catalans des autresEspagnols. Finalement je me sens méditerranéen. Je défendsplus l’idée d’appartenance à une région qu’à un pays.”

■ Ioana [moue boudeuse] (Roumanie, 22 ans, étudianteen journalisme) : “Je ne me sens pas toujours européenne.Notamment lorsque les gens confondent les Roms et lesRoumains.”

■ Pascal (Allemagne, 21 ans, étudiant en électrotechnique):“Évidemment que je suis européen. En Allemagne les médiasnous rappellent tous les jours que l’Europe est le seul moyende sortir de la crise économique”, explique ce fan de foot,pressé d’aller voir le match de son équipe favorite.

Être européen à Montpellier et en France, qu’est-ce que ça signifie?■ Unanimes: “Le plus compliqué, c’est la bureaucratie. Pourn’importe quelle démarche, il faut remplir plein de papiers.”

■ Thomas (Pays de Galles, 25 ans, entrepreneur) : “En par-ticulier pour ouvrir une entreprise, je me suis arraché lescheveux à cause de l’Urssaf !”, peste Thomas qui évoqueles difficultés qu’il a eues avec l’administration françaisepour lancer son entreprise d’échanges linguistiques.

■ Ioana [avec fougue] : “Oui, mais en Roumanie c’est pareil.Je ne pense pas que ce soit propre à la France, le problèmeest plutôt européen. Sinon, tout est cher ici : les associationsétudiantes n’organisent aucun événement gratuit, il fauttout payer!”

■ Adam: “J’ai été attiré par le soleil, mais j’avoue ne pasavoir été bien accueilli à mon arrivée à Montpellier. L’universitéest en mauvais état et les étudiants ne sont pas suivis. Parcontre, c’est vrai que la fac n’est vraiment pas chère com-

parée à l’Angleterre.”

Irez-vous voter lors des élections européennes?■ Laureano: “Je vais voter même, si je crois que personnene s’intéresse à ces élections. Peut-être, que cette fois-ci, ellesseront plus présentes dans les médias. C’est le moment deleur prêter plus d’attention et d’être critique avec les résul-tats, puisqu’après tout, nous sommes des citoyens”, dit d’unton résolu l’expatrié catalan.

■ Émilie (Angleterre, 21 ans, assistante de langues) : “AuRoyaume-Uni, les jeunes s’intéressent beaucoup moins àla politique qu’en France. Moi, je vote lors de toutes les élec-tions, mais cette fois je ne pourrai pas, car pour voter enFrance, il faut y résider depuis plus d’un an.”

■ Pascal [plein d’assurance] : “Bien sûr, je vais rentrer enAllemagne pour voter. Dans mon pays aussi, nous avonsun parti politique (Alternative pour l’Allemagne) qui prôneune sortie de l’Union européenne, il faut rester vigilantmême si les eurosceptiques restent très minoritaires.”

■ Thomas [l’air dubitatif] : “En tant que gallois, je ne suispas un défenseur de la monarchie, mais je crains qu’uneplus grande intégration européenne, comme l’adoption del’euro, nous fasse perdre notre spécificité britannique.”

16

GénérationErasmusL’Europe est là. Au

cœur du Languedoc-Roussillon, à La Casita

del Barrio, ce bar animéd’où s’échappent des

échos festifs et deséclats de voix.

Les visages comme lesmots affichent leurs

différences. Ils sontallemands, espagnols,

britanniques,roumains ou français.

Âgés de 20 à 30 ans,tous les sept étudient

à Montpellier via leprogramme Erasmus

ou de leur propreinitiative.

Tous européens, tousdifférents et tous

décidés à partager leurvision de l’Union

européenne.

Rue Rebuffy, dans le centre-ville de Montpellier, des étudiants européens ont échangé dans un bar autour du thème de l’Europe.

ARIANE DOUBLIEZ,23 ANS,PRÉSIDENTE DE L’ASSOCIATION ERASMUS MONTPELLIERNotre association, la principale à ac-cueillir des étudiants Erasmus à Mont-pellier, a rejoint en mars dernier leréseau ESN (Erasmus Student Net-work). Nous devenons ainsi la 28e

section française à intégrer cette orga-nisation qui fédère l’ensemble des as-sociations accueillant des étudiants

Erasmus à travers l’Eu-rope. Cette adhésion

nous donne davantage devisibilité auprès de l’adminis-

tration de l’université Montpellier I,dont nous dépendons. Dorénavant, cesera moins compliqué de réserver unesalle dans les locaux de l’universitépour nos activités et nous obtiendronspeut-être même des aides pour finan-cer les soirées et les voyages. Le but,c’est de permettre à ces étudiants defaire des rencontres et de découvrir laville et la vie ici. Nous organisons aussides événements plus ludiques commedes balades à vélo, des projections defilms sur la culture française ou desdîners internationaux.

Dorénavant, ce sera moins compliquéde réserver une salle dans les locaux de

l’université pour nos activités, et nous obtiendronspeut-être même des aides pour financer les soirées

et les voyages que nous organisons pourles Erasmus.

De gauche à droite : Ioana(Roumanie), Laureano (Espagne),Pascal (Allemagne), Émilie etEmma (Angleterre), Thomas etAdam (Pays de Galles) puisGeoffrey (France).

Supplément à La Gazette de Montpellier n° 1351 du 8 mai 2014

Gazette Europe 2014 - Def_Mise en page 1 05/05/2014 14:23 Page16

Des T-shirts bleus avec un slo-gan: “Ton vote, ton Europe !”L’association des Jeunes

Européens informe. À quelquessemaines des élections, tout s’ac-célère. “L’antenne de Montpellier aété créée au printemps 2012 pardeux d’entre nous. Il y a des groupespartout en Europe et en France. Noussommes plus de vingt-cinq ici.”Actions de rue, réunions, confé-rences, cafés-débats… “Nous vou-

lons pousser les Montpelliérains às’interroger sur leur vision de l’Europepour faire baisser le taux d’absten-tion”, explique Sarah Scopel, secré-taire générale des Jeunes Européensde Montpellier. “Nous sommes uneassociation transpolitique. Nous neprônons pas un idéal.”Ils sont vingt-cinq à réaliser régu-lièrement des interventions dansles écoles, collèges, lycées et auprèsdes étudiants étrangers. De nom-

breux Jeunes Européens deMontpellier sont d’ailleurs enErasmus. “Nous partageons lesmêmes valeurs. Il y a des Français,des Italiens, des Allemands, desBelges, des Espagnols, des Anglaiset même des Serbes et des Moldaves.”Tous unis pour promouvoirl’Europe.

“L’Europe sociale,fédérale et politique”Un engagement important pourdes jeunes qui ont tous entre19 et 23 ans. “Parfois, on ne nousprend pas au sérieux. Mais nousavons peut-être plus d’impact auprèsdes autres jeunes. Ils se disent quenous avons le même âge, alors pour-quoi pas eux? Quand ce sont despersonnes plus âgées qui leur par-lent, les jeunes se disent qu’ils rabâ-chent toujours les mêmes grandsprincipes.” Les Jeunes Européensessayent aussi de convaincre lesplus “bornés”. “Les eurosceptiquesont tendance à ne voir que la visionéconomique de l’Europe. Mais il ya aussi l’Europe sociale, fédérale etpolitique. Le manque d’informationpeut conduire à l’euroscepticisme.”Et les Jeunes Européens sont làpour y remédier. R

17LES SÉJOURS À L’ÉTRANGER

Ils vous aident à partir!Partir étudier ou travailler en Europe vous attire ? Alorspréparez votre valise, il n’y a rien de plus simple. Àl’échelon européen et local, de nombreux dispositifsexistent. Depuis janvier 2014, tous les programmesErasmus sont regroupés sous la bannière Erasmus +. Ilssont destinés aux professionnels comme aux étudiants. Un accord entre les États membres et le Parlementeuropéen a permis d’en augmenter le budget. Le nouveau programme Erasmus + (2014-2020) a alloué16 milliards d'euros à l'éducation, la formation, lajeunesse et le sport. Ce qui représente uneaugmentation de 40 % par rapport aux annéesprécédentes.Sur l'enveloppe totale, 77,5 % des fonds seront alloués au secteur de l'éducation et de la formation. Le conseil régional fournit également des aides pour lamobilité internationale des étudiants afin de lespréparer à la vie professionnelle. La région Languedoc-Roussillon octroie chaque année une enveloppe à neufétablissements publics d’enseignement supérieurpartenaires, afin qu’ils puissent proposer à leursétudiants une aide à la mobilité, en plus des autres aidesexistantes (État, Erasmus,...) Le montant de cette bourseest de 300 euros par mois pour des séjours à l’étranger(séjours d'étude ou stages) de deux à neuf mois. Plus de700 étudiants la reçoivent chaque année pour unbudget total de 1,4 million d’euro.En outre, la Région propose un “chèque mobilitéEurocampus” aux étudiants se rendant en Espagne. Lesélèves bénéficient d’une aide de 600 euros, attribuéeune seule fois au cours de l’année universitaire etcumulable avec une autre bourse.

ISABELLE SEDIRA, 54 ANSFAMILLE D’ACCUEILCela fait vingt ans que je reçois des étu-diants. Une amie qui tenait une école delangues m’a demandé de la remplacerquelques mois, c’est à ce moment-là quej’ai commencé à prendre des gens chezmoi.

J’en ai trois en permanence. Actuelle-ment je loge un Danois, un Anglaiset des Autrichiens. Ils restent en

moyenne entre quinze jours et unmois.Ce sont à 90 % des jeunes de moinsde 30 ans qui viennent de toute l’Eu-rope, notamment de Suisse allemande

et d’Allemagne pour apprendre le fran-çais dans une des nombreuses écoles deMontpellier. Ce que j’aime dans l’accueil des per-sonnes, c’est le partage, la découvertedes cultures. C’est pour ça que je tiens àpartager tous les repas. Chez moi, ce n’est pas un hôtel: on vientpapoter, les gens qui passent et disentseulement “bonjour-au revoir”, ça ne meva pas. Vivre chez l’habitant aide les étu-diants à progresser en français. Je me faisconnaître via les écoles de langues et lebouche-à-oreille. Cette activité ne me permet pas de vivre,juste de me défrayer, pour payer le loyerpar exemple.

Il suffit de se promener place de la Comédie pourse rendre compte que les étudiants étrangers sontpartout. Ils surgissent des écoles de langues et

commentent dans un français chantant les cours aux-quels ils viennent d’assister. Tous ont choisi la capi-tale de l’Hérault pour apprendre la langue de Molière. Montpellier se classe deuxième derrière Paris auniveau national en termes d’accueil. Un classementfavorisé par la politique menée par la Ville. Depuis2005, l’office de tourisme et une vingtaine d’écolesprivées travaillent en partenariat pour développeret améliorer l’accueil des étudiants étrangers.“Montpellier reçoit 15000 élèves par an, ce qui consti-tue 100000 nuitées d’étudiants européens et étran-gers au total, commente Fabrice Cavillon, directeurde l’office de tourisme de Montpellier. Ils sont logésdans des familles, des meublés, cela génère des retom-bées économiques.”

Ils sont, en outre, de formidables vecteurs touris-tiques: “Ils reçoivent la visite de leur famille, revien-nent plus tard et sont des relais d’opinion importants”. Si la situation géographique et le cadre de vie expli-quent le succès de la ville, les écoles et l’office detourisme ont aussi misé sur la communication viales réseaux sociaux, les salons et le Web. Ils organi-sent également des événements, comme ce fut lecas l’été dernier, lors d’un flash mob réunissant étu-diants et professeurs en centre-ville. Preuve que Montpellier séduit : l’une des plus impor-tantes écoles de langue, Accent français, agranditencore ses locaux cette année. Elle accueille soixante-treize nationalités, pour plus de la moitié des anglo-phones, ce qui représente environ 2000 personnes. Une aubaine pour leurs nombreux hôtes montpel-lérains, dont certains ont fait de cette activité unesource importante de revenus. R

Montpellier met l’accent sur les écoles de langues

Ton vote, ton Europe!

Les Jeunes Européens organisent des réunions et des actions de rue.

Vivre chez l’habitantaide les étudiants

à progresser en français.

PROGRAMMES

Ce que j’aime dans l’accueil des personnes,c’est le partage, la découverte des cultures. C’est pour ça

que je tiens à partager tous les repas.

ERASMUS

Supplément à La Gazette de Montpellier n° 1351 du 8 mai 2014

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Le Service volontaire européen (SVE) a été créé pour les jeunes quin'ont pas accès à Erasmus. Aucune condition n'est requise, hormisl'envie de s'engager et de se sentir pleinement européen.

Junior, Darlène, Lorie, Ryan, Ugo et les trois centsautres qui se préparent au sport de haut niveau, auCreps de Montpellier, bénéficieront pour la premièrefois, de l’aide d’un bénévole en Service volontaireeuropéen (SVE), à partir de septembre. Un jeuneEspagnol ou un Anglais renforcera, pendant toutel’année scolaire, l’équipe éducative de surveillants.Il participera à l’accompagnement éducatif des centinternes, le soir, notamment en langue. Une chancepour les collégiens et lycéens qui mènent de frontentraînements sportifs et études. Ainsi, ils pourrontfaire des progrès indispensables pour communiquerlors des compétitions internationales et pour obtenirleur bac. Dans ce projet, l’esprit du Service volontaire euro-péen est respecté, c’est du “gagnant-gagnant”. Pour

le jeune qui viendra à Montpellier, ce sera l’occasionde découvrir le fonctionnement du Creps et de s’in-tégrer à son équipe. Il pourra également développer son propre projet.“Nous sommes ouverts à toute proposition. Nous aime-rions, par exemple, qu’il crée du lien entre sa ville et leCreps”, explique Michel Bernard, son directeur adjoint. Un projet “très intéressant, mais un peu plombé parl’aspect administratif. Concordia m’aide depuis un anà monter le dossier”, précise Michel Bernard. L’association,installée à Pézenas, œuvre pour la mobilité interna-tionale et le bénévolat des jeunes. Elle sera égalementle point de repère de la personne accueillie. Si l’expérience est probante, d’autres jeunes en Servicevolontaire européen pourraient, les années suivantes,prendre le relais. R

Service gagnant pour le CREPS

Ils bougentgrâce au SVE

Ingrid voulait faire une pause. Chad vou-lait “couper avec la routine”. Elle, 22ans, va tenter l’aventure SVE, cet été à

Baia Mare (Roumanie). C’est justement delà que Chad revient, après y avoir passésix mois. L’i.PEICC, une association d’édu-cation populaire, s’est chargée de les envoyeret les a fait se rencontrer. Pour qu’ils enparlent, tout simplement. Tous deux pâles,blonds et gênés, ils s’apprivoisent. “Je vivaisavec deux Portugais, une Danoise, un Belge.C’était dur des fois, mais ça roulait toujours”,raconte Chad avec son accent britannique.Né en Angleterre, il vit depuis dix ans enFrance. Un vrai parcours d’Européen. Il détaille sa mission à Ingrid. Pour lespetits, il faisait de l’aide aux devoirs. Pourles plus grands, les volontaires organi-saient des workshops, des ateliers qu’ilstenaient en fonction de leurs compétences.C’était du skate pour certains, de la gui-tare pour d’autres. Chad a donné des coursd’anglais. Évidemment. Il revient longue-ment sur les matches de football entrevolontaires : “On parlait anglais, français,portugais. C’était la Coupe du monde, c’étaitépicé!”.

Ingrid l’écoute, amusée et intriguée. Ellefera aussi de l’animation scolaire pour desenfants de 3 à 10 ans et se réjouit de savoirque son volontariat à Baia Mare sera “cadré”. En effet, lors d’un SVE, les volontaires sontpris en charge par une structure homologuée.Ils sont logés et nourris en échange d’un ser-vice citoyen. En prime, ils reçoivent même del’argent de poche. Environ 150 euros. De quoipartir sans prise de tête…

“Je suis revenu libre d’esprit”Le SVE, c’est Erasmus pour ceux qui nevont pas à l’université. “On envoie d’abordles jeunes sans diplôme, qui n’auraient pasaccès à la mobilité sans le SVE”, expliqueEstelle Gardette, qui suit les jeunes volon-taires pour l’i.PEICC. Cette association gèreune vingtaine de SVE par an. C’est beaucoup pour ce programme. Maisça reste peu, rapporté aux bataillonsd’Erasmus qui sillonnent l’Europe. Normal.S’il existe depuis 1996, le SVE reste peuconnu. Ce que regrette Estelle Gardette :“Le SVE, c’est se sentir plus citoyen, c’est unprogramme fort. Certains jeunes n’avaientjamais bougé et ils ont maintenant des amis

dans toute l’Europe.” Comme Chad. À la finde son SVE, avec ses jours de congé accu-mulés, il a traversé la Roumanie en stop. Et ses colocs sont devenus ses amis. Il estdéjà allé en Allemagne, en Pologne, auxPays-Bas… “Je suis revenu libre d’esprit.”Depuis, il a repris des études dans ledomaine du sport. Le genre de parcoursqu’Estelle aime. Et les élections européennes, alors? NiIngrid, ni Chad ne voteront. D’un air unpeu coupable, Chad murmure: “N’empêche,quand on revient d’un SVE, l’Europe, on saitce que c’est.”R

Grâce au SVE, Chad a voyagé et repris des études. Il veuttransmettre son expérience à Ingrid, qui s’apprête à partir.

Au CREPS de Montpellier.

ROMAIN20 ANS, A ÉTÉ EN SVE À PENICHE(PORTUGAL) EN NOVEMBRE 2013C'était vraiment une expérience géniale. J'ai vécuun mois à Peniche, à faire de l'aide aux devoirsavec des jeunes de 4 à 15 ans. Franchement, lesenfants, le périscolaire, c'est pas du tout ma voieau départ. Mais je me suis donné à fond. J'ai prisle SVE comme une chance, un tremplin. Malheu-reusement, je n'ai pas eu le temps d'apprendre leportugais. On avait des cours, mais c’était tropjuste. Le seul regret que j'ai eu, c'est de rentrer! J'aimaintenant envie de repartir pour une missionplus longue. J'espère pouvoir bientôt décrocherun nouveau SVE pour la Macédoine. On ne peutpas aller au-delà d'un an, ce sera donc une mis-sion de 10 ou 11 mois maximum. Le SVE, c'est àfaire, une fois… ou deux!

TOM20 ANS, EST EN SVEÀ PENICHE DEPUIS FIN AVRILJ'ai besoin de couper avec la France. J'ailongtemps cherché du travail, maissans diplôme et sans le permis, c'estun peu la galère. J'ai besoin d'avoir plusd'expérience et de prendre confiance.Ma sœur est partie en Australie et elleest revenue transformée. Ça m'adonné envie… J'ai trouvé un SVE de sixmois à Peniche. C'est la première foisque je pars. J'admets qu'il y a un peud'appréhension, mais c'est toujoursmieux que de rester à ne rien faire. Etj'avoue que laisser Montpellier derrièremoi pendant six mois, c'est un soula-gement.

Parlez-moi d’Europe Il y a un peu d'appréhension.Le seul regret que j'ai eu,c'est de rentrer !

Comment ça marche?Ce programme, géré par Erasmus +, a été lancéen 1996. Il est ouvert à tous les jeunes entre 17 et30 ans, sans conditions de formation ou de niveau de langue. Pour partir, il suffit de contacterun organisme d'envoi. Les missions vont de deuxà douze mois. Sur place, les volontaires bénéficient du trans-port, de l'hébergement, d'un soutien linguis-tique et même d'argent de poche (environ150 euros). En 2012, environ 8 000 jeunes ontparticipé au SVE en Europe. Parmi eux, 800jeunes Français (dont 25 de la région Languedoc-Roussillon). Toutes les informations sur :www.erasmusplus-jeunesse.fr

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Chez lui, à Port-Marianne, trône unportrait de Jean Monnet (1888 - 1979)soigneusement encadré. Sur la table

du salon, des dizaines de bouquins et dedocuments sur le père de l’Europe. La bibliothèque déborde. Et sur le mur,une affiche sur… Monnet. Bienvenue dansl’antre de Benjamin Chassaing, fou de JeanMonnet. “Je vais vous parler de lui quinze minutes,puis vous me poserez des questions.” Uneheure quinze plus tard, le marchand devins de 41 ans n’a toujours pas fini de dis-courir…Son coup de foudre pour le père de l’Europeremonte à 1993. Benjamin a 20 ans àl’époque. Il étudie les sciences politiquesà l’université de Boston. “J’avais un devoirà rendre sur les débuts de la constructionde l’Europe de l’Ouest. Je n’étais pas trèsmotivé. Un peu par hasard, je suis tombésur un article de dix lignes.”

La révélation. L’étudiant découvre alors“un homme hors du commun” : “J’apprendsqu’il a été conseiller de l’ancien présidentchinois Tchang Kaï- chek, de Roosevelt et deChurchill. Bref, qu’il fut le Tintin françaisdes affaires internationales. Puis qu’il ado-rait les femmes: il a notamment épousé unejeune Italienne, déjà mariée, qu’il a kid-nappée pour vivre une incroyable épopéeamoureuse!”Une citation de l’économiste britanniqueJohn Keynes achève de le séduire : “JeanMonnet a raccourci la Seconde Guerre mon-diale d’un an et a probablement sauvé lavie de 100000 à 200000 personnes.”C’est LA révélation. Le début d’une quêteeffrénée, d’une “mission” qui ne le quit-tera plus : faire connaître Jean Monnet,héros oublié.

Benjamin Chassaing se mue alors en étu-diant assidu. Il termine une étude sur sonhéros et rentre en France où il poursuitses recherches: “J’ai dû lire 140000 bou-quins sur lui”, exagère-t-il. Il fréquente toutes

les instances et institutions, en commen-çant par la Fondation Jean-Monnet àLausanne. Pénètre dans le cercle fermédes “Monnetistes”.

Il rencontre des proches. Demande au -dience à des personnages comme JeanGuyot, ancien conseiller financier de JeanMonnet et directeur de la banque Lazardà Paris, l’un des banquiers les plusinfluents de sa génération. Leur premierrendez-vous, Benjamin Chassaing s’ensouviendra toute sa vie. “Jean Guyot n’apratiquement rien dit, sauf qu’un foucomme moi, il en voyait seulement un tousles dix ans. Et il a décidé de m’aider.Quelques jours après, je recevais un chèquede 50 000 francs (7600 euros) pourpoursuivre mes recherches.”

Des yeux magnétiques. Plus BenjaminChassaing progresse, plus son admirationgrandit. “Ce n’est pas un mec qui a bac +40, pas un type qui sort des grandes écolesde Paris, c’est un Monsieur Tout-le-mondequi a changé la face du monde. C’est le LargoWinch des affaires internationales. Dansmon délire, j’adore cette idée de super-héros.Le super-pouvoir de Jean Monnet venait deses yeux si magnétiques et transperçants.Ils lui donnaient une puissance de persua-sion hors du commun lors des négociations.Il y a des témoignages incroyables à ce sujet.C’était un peu Goldorak avec des yeuxmagiques!”, s’enthousiasme-t-il. Et ses pro-pres yeux pétillent.

Il crée alors l’association “Jean MonnetSpirit”. Persuadé que le 7e art pourraservir sa cause, il envisage même de faireun film et, aussi intrépide que son héros,soumet l’idée… à Steven Spielberg et LucBesson. Le projet n’aboutira pas. “Je mesuis beaucoup disputé, car il y a des oreillessourdes face à mes projets”, glisse Ben -jamin Chassaing.Monnet n’intéresse pas non plus les chaînesde télévision. “On me faisait souvent com-

prendre que, comme je n’avais pas connuJean Monnet, il valait mieux que je me taise.On m’a même menacé de poursuites judi-ciaires. Il y avait une sorte de microcosmeautour de lui, avec des gens âgés… Des gar-diens du temple, très peu loquaces.”

Aujourd’hui, après vingt ans de travail etun “militantisme” plus raisonné, Benja -min Chassaing s’apprête à écrire unouvrage sur le père de l’Europe, ouvragequ’il veut court et accessible au plusgrand nombre. En attendant on peuttoujours aller saluer la statue du grandhomme, square Jean-Monnet, tout prèsdu commissariat central de police et de lamaison pour tous Voltaire.R

Benjamin Chassaing, 41 ans, montpelliérainspécialisé dans le commerce des vins, a Jean Monnetdans la peau depuis plus de vingt ans. Jean qui ? JeanMonnet, le père de l’Europe ! Pas moins !

Monnet, son super-héros

Le Montpelliérain Benjamin Chassaing est tombé sous le charme de Jean Monnet en 1993.

Jean Monnet : Je le dis et le répète, le seul moyen degarantir la paix, c’est d’unir nos forces et de créer unevéritable entité européenne.

Charles de Gaulle : Pour garantir la paix, l’amitié et lerespect mutuel sont des garanties suffisantes pour uneEurope libre et pacifique.

Jean Monnet : En 400 ans, l’Allemagne et la France sesont affrontés 26 fois. Preuve que le principe de l’amitién’est pas suffisant ! Nous devons créer un cadre qui ailleau-delà de l’idée même de fraternité.

Charles de Gaulle : Rien ne saurait être au-dessus d’un

État. Le peuple français ne pourrait se soumettre auxdécisions d’une autorité supranationale.

Jean Monnet : Pourtant il faudra nous fédérer, créer nosÉtats-Unis européens pour garantir la paix et peserdans la coopération internationale.

Charles de Gaulle : Je ne peux pas envisager que le peu-ple français doive obéir à des directives votées par dequelconques députés étrangers.

Jean Monnet : Nos différends n’empêcheront pas l’iné-vitable. L’Europe existera non pas par idéologie, maispar nécessité.

Ce que Monnet et De Gaulle auraient pu se dire…

Jean Monnet et le Jour le plus long “Pendant la Seconde Guerremondiale, Jean Monnet avait eu ventd’un projet de débarquement desAméricains. Il part pour Washingtonet demande une audience auprésident Roosevelt, qui le reçoit. Ilcorrige le projet et Roosevelt l’écoute.Les experts militaires américainssont furax. Il n’est pas américain, iln’est pas ministre, il n’est rien etRoosevelt le prend au sérieux ! C’estun truc de fou !”

CHARLES DE GAULLE ET JEAN MONNET ONT CONFRONTÉ LEUR VISION DE LACONSTRUCTION EUROPÉENNE DÈS LA FIN DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE.Rien

ne saurait être au-dessus d’un État.

Je le dis et le répète, le seulmoyen de garantir la paix, c’est

d’unir nos forces.

Amélie Soleille©

Supplément à La Gazette de Montpellier n° 1351 du 8 mai 2014

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J’ai parlé trop vite. À y regarderde près, la liste des pays de l’Unioneuropéenne est longue. Estonie,

Lituanie, Slovénie… Je les avaisoubliés. Pas le temps de “wikipé-dier” plus longtemps. La missions’annonce plus corsée que prévu.Direction le supermarché pour voirce qu’il est possible de mettre d’eu-ropéen dans mon chariot. Pour êtrehonnête, je ne suis pas vraimentbranchée spécialités culinaires étran-gères. Mon truc, c’est plutôt coquil-lettes sur leur lit de jambon blanc.Une petite minute. Les pâtes, c’estitalien, non? Et d’un! Aux rayonfruits et légumes, les articles venusd’Espagne inondent les étals. C’estréglé. Ailleurs, l’origine des produits

n’est pas clairement affichée. Il fautéplucher les étiquettes. Il n’y a guèreque le saumon qui me facilite latâche. Sur l’emballage, il est bienspécifié qu’il a été élevé en Norvège.Problème, mon smartphone est caté-gorique: c’est la Finlande et non laNorvège qui fait partie de l’UE. Loupé.Après avoir déniché le fameux théanglais, ma mission se poursuit aurayon alcool. Vodka polonaise, whiskyirlandais, porto portugais, vins fran-çais. Tout ce qu’il faut pour releverle défi est là. Mais c‘est un peu facile.Au département jouets, il y a plusinattendu. Comme les Playmobil ®produits en Allemagne et les Lego®,qui nous viennent du Danemark.Et moi qui pensais qu’aujourd’hui,

tout était “made in China”. Autretrouvaille: les Krisprolls ®, des bis-cottes grâce auxquelles on peut sevanter de manger suédois. Au pas-sage en caisse, le résultat des coursesest assez décevant. J’obtiens unsévère 10/28.

De la déco nordiqueNe pas paniquer, procéder parélimination. Les Pays-Bas, le lieudu gouda, sont aussi réputés pourleur production de tulipes quel’on peut acheter sous les Halles.Quand on pense à la Belgique, onpense aux frites, à la bière et àTintin. Rue de l’Argenterie, uneboutique est entièrement consa-crée au héros de Hergé. Dans le

Ma mission : trouver à Montpellier des produits provenant dechacun des 28 pays de l’Union européenne, en 48 heures. Fastoche !

L’Union en rayons

Notre journaliste réussira-t-elleà trouver 28 produits provenantdes 28 pays de l’UE ?

SOPHIE PRADINES44 ANS, MONTPELLIERJe ne consomme pas vraiment européen.Enfin, je ne crois pas mais ce qui est cer-tain, c’est que, pour l’alimentaire, j’essaiede consommer français et, surtout, j’éviteles produits qui viennent d’Espagne. Ilssont bourrés d’antibiotiques. Je fais atten-tion depuis que j’ai ma fille, qui a deux ans,et j’essaie de favoriser le bio en faisant mescourses au marché. Quant à l’Europe, pourmoi, cette ouverture des frontières estassez néfaste. Je ne suis pas optimiste car,si la monnaie unique présente bien quel -ques avantages, les mouvements de po-pulation dus à l’ouverture des frontièresapportent de nombreux problèmes.

CORIE DEFOSSÉ27 ANS, MONTPELLIER,HÔTELLERIE-RESTAURATIONJ’essaie au maximum de favoriser lesproduits d’origine française, et de pré-férence locale, notamment dans monalimentation. Pour ce qui est de l’Eu-rope, je ne fais vraiment pas attentionaux pays d’où viennent les produitsque j’achète, quels qu’ils soient, avecune exception pour l’Espagne. Jen’achète aucun légume ni fruit venantde ce pays, car l’agriculture espagnoleest une catastrophe écologique. Ils ontvoulu aller trop vite, et ils ont fait n’im-porte quoi.

Consommez-vous européen? Je ne fais pas attentionaux pays d’où viennent

les produits que j’achète.

centre-ville, une autre marqueattise ma curiosité: Swarovski. Lavendeuse de la bijouterie, rue deLa Loge, est formelle : “Le cristalvient bien d’Autriche.” Mon enquêteprogresse à vitesse grand V, maiss’arrêtera là pour aujourd’hui.Plus que 24 heures pour quinzepays. La pression monte. Directionla boutique De La Luce, repéréela veille sur Internet et spéciali-sée dans la déco nordique. Le petitcommerce regorge de vaisselleen porcelaine finlandaise, et d’ob-jets design. Le gérant a même unproduit lituanien à me montrer.Une tasse en bois qu’il vient deremonter de sa réserve. OlivierBardou hésite encore à la com-mercialiser.

Des guitares bulgaresSur les étagères, il y a aussi quelquesCD dont il raffole. Comme le mor-ceau Alina, du compositeur esto-nien Arvo Pärt. Il faut partir. Il estmidi passé et j’ai rendez-vous auTempo, un petit restaurant médi-terranéen, rue de la Friperie, pourgoûter la cuisine grecque. Sur lacarte, kefta et zorba ne m’inspi-rent pas. J’opte pour une assiettede spécialités composée de sha-warma et de falafels, plutôt proche-orientales. Le plat n’a rien d’ef-frayant. De la salade, du chourouge, de la viande façon kebabet des boulettes de légumes. Pasmauvais. Le retsina sent la résinede sapin. La veille, j’ai aussi repéré au Polygoneune enseigne qui pourrait m’inté-resser : Music 34 vendrait desKremona, des guitares bulgares.Bingo! Le vendeur en a bien unecertifiée “fait main”. Il en a uneautre à me montrer. Une électriqueMaybach®qui vient de Républiquetchèque. Plus que huit ! Et toujourssur ma liste, cette maudite Lettonie.Et pourtant Riga est capitale euro-péenne de la culture 2014. Mêmeà la librairie Sauramps, aucun auteurletton à signaler au rayon “Pays del’Est”, pourtant bien garni. Et cen’est pas faute de chercher. Il mefaut feuilleter les romans un parun pour arriver à cette conclusion.Il y a bien un Slovène: Drago Jancar,prix européen de littérature en2011. C’est toujours ça. Et main-

J’évite les produits qui viennentd’Espagne. Ils sont bourrés

d’antibiotiques.

Supplément à La Gazette de Montpellier n° 1351 du 8 mai 2014

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Trouver un peu d’Allemagne à Montpellier ? Facile avecles échanges commerciaux entre les deux pays. Maisprofiter de la culture allemande… c’est plus compliqué.Sauf si on pousse les portes de la Maison de Heidelberg,centre culturel installé à Montpellier dans le cadre d’unjumelage avec la ville universitaire allemande.“Heidelberg et Montpellier ont été jumelées en 1961 et lamaison a été inaugurée en 1966. Petit à petit, son activitéa permis aux gens de se comprendre, de se fréquenter etdonc de se trouver fréquentables”, explique Hans Demes,directeur de la Maison de Heidelberg. De la même façon,une Maison de Montpellier a été installée dans la villede la plus ancienne université d’outre-Rhin. “Noussommes là pour donner une image moderne de notre paysgrâce à un véritable échange culturel.”Quelque 8500 ouvrages sont rangés sur les étagères dela bibliothèque. Des romans, des classiques de la litté-rature, des dictionnaires, des livres de droit, de poli-tique. Tous en allemand. “Nous donnons un accès à laculture allemande. Nous recevons ainsi près de 200 étu-diants toutes les semaines.” Les visiteurs viennent yapprendre la langue ou profiter des expositions, ani-mations, concerts et conférences.

“Cela a contribué à la création d’une amitié franco-alle-mande. Aujourd’hui nous sommes tous européens. Et nousen profitons au quotidien. Nous sommes entourés d’ob-jets, d’articles européens. Nous en consommons en per-manence. Nos machines à laver, les produits dans notreassiette, les boissons… Il suffit juste de regarder d’un peuplus près.” R* “Savez-vous lire l’allemand?”

Maison de Heidelberg:“Können Sie Deutsch lesen?”*

Sprats à l’eauDeux jours à arpenter les boutiques du centre-ville de Montpellier.

Deux jours pour trouver un produit letton. Deux jours pour, enfin,pouvoir déguster des sprats fumés de Riga. “Ingrédients : sprats, huilede tournesol, sel.” Mais, aucune indication sur ce que sont vraiment lessprats. Seul indice sur la boîte de conserve : le dessin d’un poisson. Unebrève recherche en apprend un peu plus sur l’animal. Déjà, son vrainom : Sprattus sprattus… ou sprat pour les intimes. “L’anchois deNorvège” dont le goût se rapproche de celui de la sardine. À l’ouverture,le couvercle se casse. Voilà la bête. Doit-on vraiment manger ces petitspoissons juste après les avoir sortis de leur bain d’huile amère ? Et leurdos bleuté, c’est normal ?Dégustation… et verdict : je n’aime pas. Malgré la qualité du produit, lessprats, très peu pour moi. Et dire que j’en ai acheté deux boîtes !

tenant? Je fais du porte-à-porte, aupetit bonheur la chance. “Bonjour,auriez-vous un produit letton, croateou maltais?” Je passe pour une folle,mais c’est pas grave, ça finit parpayer. Un commerçant me recom-mande de jeter un coup d’œil àl’épicerie Pinto, rue de l’Argenterie.Une véritable mine d’or. Paprika Zitava de Slovaquie, herbessauvages de Crète, cornichons aigres-doux polonais, sel croate aroma-tisé aux légumes déshydratés etmême un produit letton: des spratsfumés de Riga [lire ci-contre]. Legérant a toute l’Union en rayon. Àl’exception de la Roumanie, Chypre,Malte, le Luxembourg et la Hongrie.Avant de quitter l’épicerie, GérardPinto me donne quelques pistes.Selon lui, je devrais pouvoir trou-ver du tokay, un vin hongrois, dansles caves montpelliéraines. J‘endénicherai une bouteille aux GrandsVins de France. Mais au final, c‘estun échec. Les quarante-huit heuressont écoulées et toujours aucunproduit chypriote, ni maltais, niroumain, ni luxembourgeois dansmon panier. 24/28, l’Europe peutmieux faire. R

8 500 ouvragessont disponiblesau centre culturel.

PIERRETTE FIORI56 ANS, MONTPELLIER,AUXILIAIRE DE VIE SOCIALEJe consomme sûrement européen puisque lesproduits circulent librement dans l’Union euro-péenne mais je ne fais pas vraiment attention.J’essaie surtout d’acheter local pour faire tra-vailler nos artisans, mais ce n’est pas toujoursfacile car l’étiquetage est difficile à lire et à com-prendre. D’ailleurs, j’ai dû m’équiper d’une loupeéclairante que j’emmène toujours avec moi.Trop de choses sont écrites sur des étiquettesminuscules, c’est parfaitement illisible. Et,lorsqu’on y pense, s’ils mettent tant de préci-sions, c’est qu’ils se protègent et, donc, qu’il y aun problème.

ANDRÉ QUISEFIT77 ANS, MONTPELLIER,RETRAITÉBien sûr que je consomme européen,ma voiture est européenne, mon mo-bilier vient d’un pays de l’Union etmon alimentation également. C’estune très bonne chose, cette ouverturedes frontières et j’essaie au maxi-mum de favoriser les produits euro-péens.J’ai vu une véritable évolution aucours de ces dernières années qui mepermet d’accorder toute maconfiance à ce qui est en vente ausein de l’Union européenne.

➀ En dehors de la zone euro,combien de pays utilisent l’eurocomme monnaie?❒ 0 ❒ 3 ❒ 6

② Combien existe-t-il de billetspour payer en euro?❒ 5 ❒ 7 ❒ 10

③ Quel est le dernier pays à êtreentré dans la zone euro et à avoiradopté l’euro?❒ La Pologne ❒ La Lettonie ❒ L’Estonie

➃ Quand L’Ode à la joie est-ildevenu l’hymne officiel de l’Unioneuropéenne?❒ 1957 ❒ 1972 ❒ 1985

⑤ Combien d’étoiles ornent ledrapeau européen?❒ 10❒ 12 ❒ 28

➅ Quel pays extra-européen a vu sademande d’adhésion à l’UE refuséeen octobre 1987?❒ La Turquie ❒ Le Maroc ❒ L’Angleterre

➆ Combien d’institutionseuropéennes ont leurs membresélus directement par les citoyens del’UE?❒ 1 ❒ 3 ❒ 6

➇ Quel animal est associé àl’Union européenne?❒ La colombe❒ Le taureau ❒ Le mouton

⑨ Combien d’habitants comptel’Union européenne?❒ 400 millions ❒ 500 millions ❒ 600 millions

⑩ Quelle est la devise del’Europe ?❒ Européen d’un jour, Européen toujours❒ Avec l’Europe, on est plus fort❒ Unie dans la diversité

➀6. Il s’agit du Vatican, de Saint-Marin, de Monaco, d’Andorre, duMonténégro et du Kosovo. Certains de ces États ont le droit defrapper leurs propres euros, mais on les trouve rarement encirculation, ils sont accaparés par les collectionneurs.②7: On trouve des billets de 5 euros, 10 euros, 20 euros,

50 euros, 100 euros, 200 euros et 500 euros.③La Lettonie a rejoint la zone euro le 1erjanvier 2014. ➃En 1972, le Conseil de l’Europe fait du thème musical de L’Odeà la joie de Beethoven son hymne. En 1985, les chefs d’État et degouvernement des États membres l’adoptent comme hymneofficiel de l’Union européenne. ⑤Le drapeau européen, créé dans les années 1950, est représentépar un cercle de douze étoiles d’or sur fond bleu.➅Le Maroc. En 1987, Hassan II surprend tout le monde endemandant officiellement l’adhésion de son pays à la CEE. Ilprésente un projet qui suscite toujours des commentaires: uneliaison fixe entre le Maroc et l’Espagne via un pont ou un tunnelsous-marin.➆Le Parlement européen est le seul organe de l’Union dont lesmembres sont élus directement par les citoyens de l’UE.➇Il s’agit du taureau. Le terme Europe est emprunté à la mythologiegrecque. Selon la légende, Zeus se transforme en taureau blanc pourséduire la princesse phénicienne Europe. Séduite par le beautaureau, elle monte sur son dos. Il l’enlève et l’emporte jusqu’à l’îlede Crète pour satisfaire sa recherche du plaisir.⑨ En 2014, près de 510 millions de personnes peuplent l’Unioneuropéenne.⑩“Unie dans la diversité” : la devise de l’Union européenne a étéutilisée pour la première fois en 2000. Elle caractérise la manièredont les Européens se sont rassemblés, en créant l’Unioneuropéenne, pour œuvrer en faveur de la paix et de la prospérité.

Testez vos connaissances

Les réponses

Ma voitureest européenne, mon mobilier

et mon alimentation également.J’essaie surtout d’acheter local.

Supplément à La Gazette de Montpellier n° 1351 du 8 mai 2014

Gazette Europe 2014 - Def_Mise en page 1 05/05/2014 14:30 Page21

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Le saviez-vous?L’esplanade de l’Europe :

L’esplanade conçue par l’architecte ca-talan Ricardo Bofill est un espace em-blématique de Montpellier. Dans unquartier Antigone largement inspirédu néoclassique, pourquoi avoir bap-tisé cet amphithéâtre du nom de l’Eu-rope ? Pour Alain Gensac, ancienarchitecte en chef de la ville, dès 1977,c’est Georges Frêche, élu la mêmeannée, qui a décidé du nom des rues,places, et autres espaces publics :“C’était important pour lui de faire decette place ouverte sur le Lez et sur l’hô-tel de région un emblème. GeorgesFrêche croyait profondément en l’Eu-rope.”

Le Languedoc-Roussillon, terre de grands Européens ?

John Locke, philosophe et économisteanglais (1632-1704), précurseur des Lu-mières, a vécu à Montpellier de 1675à 1677. Willy Brandt, chancelier alle-mand, avait une maison dans les Cé-vennes et Jakob Arjouni, l’un des papesdu polar allemand, mort à 48 ans en2013, a étudié deux ans à Montpellier.

Quand Montpellieraccueillait la Belgique.

L’ancien Premier ministre belge Jean-Luc Dehaene (1992 à 1999) est né àMontpellier en 1940. Il a fait partie descentaines de Belges exilés en Langue-doc-Roussillon après l’invasion de laBelgique par l’Allemagne en mai 1940.

L’Europe aurait pu avoirsa propre armée.

Le traité instituant la Communautéeuropéenne de défense (CED) est con clule 27 mai 1952 à Paris. Mais le 30 août1954, alors que les six États signataires,à l'exception de l'Italie, ont ratifié letexte, l’Assemblée nationale française

rejette le projet.

4

3

2

1

KONRADADENAUER1876-1967Il est le premier chan-celier de la Républiquefédérale d’Allemagnede 1949 à 1963. Tout aulong de son mandat, ils’attachera à réconci-lier son pays avec laFrance. En 1963, il signeavec Charles de Gaulleun traité d'amitié,étape de plus dans lanaissance de l’Unioneuropéenne.

ROBERT SCHUMAN1886-1963Il est considéré comme lepère “politique” de l’Eu-rope. Il a été député de laMoselle, ministre des Fi-nances en 1947, ministredes Affaires étrangères en1948, ministre de la Justiceen 1955. Dans sa déclara-tion du 9 mai 1950, il pro-pose le projet élaboré parJean Monnet.

JEAN MONNET1888-1979 C’est un peu le “cerveau ” du premierrapprochement entre l’Allemagne etla France. Né en 1888 dans une fa-mille de négociants en cognac, cetautodidacte deviendra l’un des pi-liers de la construction européenne.Dès 1950, il imagine souder les des-tins de la France et de l’Allemagnepar une mise en commun de la pro-duction du charbon et de l’acier, ma-tières premières de l’industrie deguerre. Il élabore le projet de la Com-munauté européenne du charbon etde l’acier (CECA) avant de le soumet-tre à Robert Schuman.

L'unité politique ne signifie pasl'absorption de la nation.

En 1973, le Royaume-Uni, l’Irlande et leDanemark arrivent. Puis ce sont les pays du Sudqui sont intégrés : la Grèce en 1981, l’Espagne etle Portugal en 1986. L’UE choisit son symbole : ledrapeau bleu aux douze étoiles en 1985.

Le 9 mai 1950, la déclaration Schuman marquela naissance du rassemblement européen. Lesreprésentants de la France, de l’Allemagne, del’Italie et du Benelux créent la Communautéeuropéenne du charbon et de l’acier (CECA).

En 1957, les six pays signent le traité de Romequi met en place la Communauté économiqueeuropéenne (CEE), dont le but est de créer unmarché commun.

À la fin de la Seconde Guerre mondiale, sur lecontinent européen, le conflit a fait plus de 50 millions de victimes et de nombreuses villessont détruites.

Avec la signature du traité de Maastricht, lacoopération entre les pays membres estrenforcée. En 1993, leurs frontières sontsupprimées. Les personnes et les marchandisespeuvent circuler librement. En 1997, les paysmembres signent le traité d’Amsterdam. Ilsadoptent une politique étrangère commune.

En 2000, les États membres signent le traité deNice qui prévoit un élargissement de 15 à 25pays. Ainsi, la Pologne, la Lituanie, la Lettonie,l’Estonie, la Hongrie, la Slovaquie, la Slovénie,Chypre, Malte et la République tchèque fontleur entrée. Et la monnaie unique arrive dansnos portefeuilles en 2002.

L’Histoire se dessineLes dates clés de la construction européenne par Benoît Bergès

Les hommes n'acceptent lechangement que dans la nécessité et

ils ne voient la nécessité que dansla crise.

L'Histoire est le totaldes choses qui auraient

pu être évitées.

L’ESPLANADED

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’EU

RO

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“EMBLÈME DE LA VILLE ”

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Gazette Europe 2014 - Def_Mise en page 1 05/05/2014 14:30 Page22

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Mots fléchés

solution

PAYS-BAS EN VO

ROULÉ

ÉTATS PASTOUS UNIS

ÉTATS UNIS

EMPIREÉCLATÉ

PATRIED’ABRAHAM

UN ANCIENRETOURNÉ

POLICIERSANGLAIS

APRÈSLE DOCTEUR

POURL’ÂMED’UN MORT

REMBLAI

PORTUGALEN AVION

COURSPRATIQUE

MARQUISRENVERSÉ

DOMINEUN MARCHÉ

RESTOD’ÉTUDIANT UNE

VRAIEBOUCHERIE TRUCS À

LA POMME

QUEUE DECASSEROLES

TÊTED’ŒUF

COMMEPAREILS

GRIMPE

TÊTE DECOCHON FEMMES

AU POUVOIR ÇA SENT

LA ROSE

GRANDSARBRES

APRÈSEPT

ŒUFSANGLAIS

ÉTATSUNIS

EN DÉBUTD’ANNÉE

GENTILSVENTS

VRAIMENTPAS LOIN

UN PEUD’ÉTAT

GOUVERNÉPAR PONTA

AMUSE FAITPAREIL CONTRACTÉ

ET RETOURNÉ

PIGEBOUTSÀ BOUT

CUBITUS

COMMEMALTE

VILLEDE SAXE

FERAS TOUTPAREIL

BIENTÔTBOURRÉE ?

DANS LES BALKANS

POUR CELADALTON

STUPÉFIANT

MAUVAISPOUR

COURIRPOUR

L’UNIONAFRICAINE ENCORE PAYS

DU LITAS

TRINITÉ &TOBAGO

RÉSERVED’IMAGES

ON Y PAIEEN ZLOTY

CONJONC-TION

FÉDÈRELES USAGERS SE DONNE

AU VIOLON PAS TOUTVOULOIR

OU OUR DANSLE COUP

USTENSILEDE

CUSINEPOUR

ENZYME

ENTRÉE DANS L’UE

AVEC GOZOET COMINO

POURRAITPERDRE

LESHIGHLANDS

UNEDES SIX

PREMIÈRES

EN BRESSE

OK !

LE TRIGLAVY

CULMINEHÉROSDE LA

GUERREDE TROIE FIN D’ARC

VOITUREGRAND

TOURISME EIREORIGINAL

PETIT BRASOÙ BUDA...

PEST !

POURMISTER

COMBATS

RÉGIONDU TCHAD

IL SUFFIT !(PHON.)

OSER

POUSSÉEVUE INVERSÉE

VILLE ETDUCHÉ EN PLEIN

CHAOS

EN TÊTE

SAINT

MI-PÉPÉE

A RETROUVÉSON OUEST

MARCHÉ

CULTIVEEN RÉGION

LETTRES DEPEGGIE

COMME LA SEICHE ? UNE

BONNE COPIE

SPORT À RAMEÉTAIT NEUTRE

À MOITIÉEN EUROPE ICI

C’ESTGRAU

MÉTALBLANC

SANSACTIVITÉ GREFFA

LIQUIDESANGUIN

COCO...OU POUDRE

TÊTED’OGIVE

EN SLOVAQUIE NEUFS ET

EN VRAC

UN BERCEAU

PIEDDE LETTRE

ACTRICEFRANÇAISE

ITOU

CŒUR DENAGEUSE

ÉTOFFE

SOLUTIONSCOUPÉ DE LA

TCHÉQUIE EN ANGLE

À LA TÊTE DE BEAUMONT

VILLED’ALGÉRIE

AVANTARRIÈRE UNE PARTIE

DU VIET-NAM

POURSE LOGER

VIS

PIEUPLAT PAYS

ICEBERGSSUR LA FIN

NOMDE PAPE

VRAIMENTBÊTE

VENU

ENTRE EST ET NORD

FEMME DUDÉSERT

SURVENU PASCAL

VÉRIFIEUN COMPTE UNITÉ

DE LAPOLICE GUIDE

DE L’ARCHI

FAITD’IBÈRES

DÉLIRIUMTREMENS SERT

À LIER

TOLET

RENVOIRÉSIDENCE

DUPÈRE NOËL

MEILLEURSEN CARRÉ MANGANÈSE

RÉUNIFIÉEDANS

L’UNIONEUROPÉENNE

ARRIVÉEPAYS

DE RIGAET

MADONA

ÉTAT QUIBOTTE

FAITLE CRAPAUD

CAPITALETALLINN

POSSÈDENT

TERREDU FADO

ROYAUMEDE CARL

RÉUNIEÀ LA RDA

SÉPARÉE DE LA SLOVAQUIE

CŒUR DECANNES

PLANTEAROMATIQUE

UNE BALTE

PATURAGEDEVANTMARIE

BOITEPOSTALE

BORDÉE PARLE DANUBE

STATIONSERVICE

Dans cette grille classique de mots fléchés offerte par ESJ-Pro Montpellier [voir enpied de page] on retrouve vingt-sept des vingt-huit pays de l’Union européenne.Quel est le pays qui manque ?

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