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L’ESCALADE DOSSIER PÉDAGOGIQUE DOSSIER PÉDAGOGIQUE 2014 MUSÉE D’ART ET D’HISTOIRE ET MAISON TAVEL Armet Savoyard Photo: © Musée d'art et d'histoire, Ville de Genève, inv. C 0876

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Page 1: L’ESCALADE - RERO · 2018. 6. 13. · L’ESCALADE au Musée d’art et d’histoire et à la Maison Tavel Objectifs du dossier Ce dossier de visite a pour but d’outiller les

L’ESCALADE

DOSSIER PÉDAGOGIQUE

DOSSIER PÉDAGOGIQUE

2014

MUSÉE D’ART ET D’HISTOIRE ET MAISON TAVEL

Armet Savoyard

Photo: © Musée d'art et d'histoire, Ville de Genève, inv. C 0876

Page 2: L’ESCALADE - RERO · 2018. 6. 13. · L’ESCALADE au Musée d’art et d’histoire et à la Maison Tavel Objectifs du dossier Ce dossier de visite a pour but d’outiller les

L’ESCALADE

au Musée d’art et d’histoire et à la

Maison Tavel

Objectifs du dossier

Ce dossier de visite a pour but d’outiller

les enseignants pour les inciter à utiliser

les collections du Musée d’art et

d’histoire et de la Maison Tavel avec

leurs élèves de manière autonome. Il se

concentre sur quelques objets

représentatifs de ces collections autour

de cette période historique. Il donne sur

ceux-ci une information ciblée, guide leur

observation, au musée, tant par l’élève

que par l’enseignant, invite à faire des

liens et à les replacer dans un contexte.

Parce que l’enseignant est le public cible,

les contenus du dossier ne sont pas

destinés à un degré scolaire particulier.

Attention, il est important de venir faire

des repérages avant d'emmener une

classe au musée. Les objets supports

sont disséminés entre Musée d’art et

d’histoire et Maison Tavel et peuvent être

momentanément déplacés. Seule une

petite partie des informations fournies sur

les objets dans le dossier figure aussi

dans les salles, il est donc utile de se

munir des feuillets ad hoc lors de la

visite.

Organisation du dossier

Le dossier propose six gros plans sur

des objets ou des œuvres des

collections. Il est composé pour chaque

objet de quatre volets :

1) Information – destiné prioritairement

à l’enseignant

2) Fiche d’observation – destiné

prioritairement à l’élève pour une

utilisation au musée

3) Autour de… - suggestions d’activités

avant/pendant/après

4) Corrigé de la fiche d’observation

Informations pratiques et plans

Pour toutes les informations pratiques,

vous pouvez vous référer aux dossiers

Informations pratiques pour les écoles à

télécharger sur www.mah-geneve.ch

DOSSIER PÉDAGOGIQUE

L’ESCALADE

INTRODUCTION

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SOMMAIRE

L’ESCALADE EN BREF P. 4

VUE AUX BANDEROLES P. 5

ARMETS SAVOYARDS P. 8

ÉCHELLES DE L’ESCALADE P. 11

PORTRAIT DE CHARLES-EMMANUEL P. 14

CHANNE EN ÉTAIN P. 17

LA MÈRE ROYAUME, DE F. HODLER P. 20

CHRONOLOGIE P. 23

LEXIQUE P. 24

BIBLIOGRAPHIE P. 25

SOURCES P. 27

DOSSIER PÉDAGOGIQUE

L’ESCALADE

3

Page 4: L’ESCALADE - RERO · 2018. 6. 13. · L’ESCALADE au Musée d’art et d’histoire et à la Maison Tavel Objectifs du dossier Ce dossier de visite a pour but d’outiller les

C’est dans la nuit du 11 au 12 décembre 1602

qu’a eu lieu l’Escalade, une attaque des troupes

du Duc de Savoie, Charles-Emmanuel Ier contre

Genève. Le projet des Savoyards est de prendre

par surprise la ville, en escaladant les

fortifications du côté de la Corraterie et de la

Porte Neuve.

Depuis le printemps 1601 déjà, Charles-

Emmanuel, secondé par le seigneur d'Albigny,

prépare son projet d’attaque contre Genève. Leur

plan prévoit de dresser des échelles contre le mur

longeant la Corraterie. Puis de faire monter des

troupes d’élite afin qu’elles ouvrent les portes de

l’enceinte intérieure de la ville (Portes de la

Monnaie, de la Tertasse, de la Treille) et qu’elles

fassent sauter la Porte Neuve depuis l’intérieur de

la ville pour laisser entrer le gros des troupes qui

se trouve à Plainpalais.

Dans la nuit, les troupes savoyardes se mettent

en marche à Etrembières. Les premiers, (environ

trois cents hommes) parvenant au bord de la

courtine de la Corraterie font partie de l’élite de la

troupe. Ils posent des claies et des fascines dans

les fossés pour les combler et dressent trois

échelles contre le rempart haut de huit mètres

environ. Au pied des échelles, d’Albigny

encourage les hommes et un jésuite écossais, le

père Alexandre Hume, et leur remet des

charmes, des formules magiques inscrites sur

des petits papiers pour les préserver de la mort

par le fer, l’eau ou le feu.

Alors que les premiers soldats pénètrent

l’enceinte, d’Albigny fait déjà prévenir le Duc de

l’« heureux commencement de l’affaire ».

Pourtant, vers deux heures et demie du matin, la

sentinelle de la tour de la Monnaie entend du bruit

et envoie un soldat, François Bousezel, pour voir

ce qui se passe. Il parvient à tirer un coup

d’arquebuse pour donner l’alarme juste avant

d’être tué.

Brunaulieu, un des premiers à grimper les

échelles, divise la troupe en plusieurs groupes qui

se dirigent vers les portes de la ville. Un des

groupes doit se rendre à la Porte Neuve pour

l’ouvrir en la faisant sauter à l’aide d’un pétard.

Trois autres groupes se dirigent vers les Portes

de la Treille, de la Tertasse et de la Monnaie pour

empêcher les Genevois de les fermer.

Isaac Mercier parvient à couper la corde retenant

la herse de la Porte Neuve. Celle-ci tombe et

s’abat sur le pétard du soldat savoyard Picot.

Désormais, il n’est plus possible de détruire la

porte pour l’ouvrir au gros des troupes.

Ces premiers événements ont réveillé la plupart

des Genevois. À la Treille, ils parviennent à sortir

des mantelets de l’Arsenal et les entreposent sur

la plate-forme de la Maison de Ville. Un combat

s’engage à la Porte de la Tertasse. L’ancien

syndic, Jean Canal, est tué.

À la Porte de la Monnaie, près du Rhône,

Catherine Cheynel, femme de Pierre Royaume,

lance un pot sur un assaillant et le tue.

Sur la Corraterie, les Savoyards tentent d’entrer

dans les maisons qui forment l’enceinte intérieure

de la ville - entre la Corraterie et la rue de la Cité -

en brisant les portes. Là aussi, leur tentative est

vaine. Madame Piaget lance la clef de sa porte

aux Genevois se trouvant du côté de la Cité, ce

qui leur permet de passer du côté de la Corraterie

et de repousser les Savoyards le long de la

courtine de la Corraterie. Plusieurs assaillants,

pour sauver leur vie, se précipitent sur les

échelles ou sautent du parapet dans le fossé.

À la Porte Neuve, des Genevois se glissent

jusqu’au bastion de l’Oie où ils chargent un canon

avec des clous et des chaînes. Le coup de canon

part en direction des échelles et les rompt.

Les premiers rapports faisant état de « victoire »,

le gros de l’armée demeuré à Plainpalais, croit

que ce coup de canon est le bruit du pétard

faisant sauter la Porte Neuve. Il se dirige

rapidement vers l’entrée de la porte qu’il trouve

fermée et le pont-levis relevé. Les soldats sont

même surpris par le feu de projectiles lancés

dorénavant par le canon mis en action sur la

plate-forme proche de la Maison de Ville.

L’armée savoyarde est repoussée et fuit. Une

histoire raconte que lorsque le Duc apprend la

nouvelle de la défaite il aurait dit à d’Albigny:

« Vous avez fait là une belle cacade! ».

L’ESCALADE EN BREF RÉSUMÉ DES ÉVÉNEMENTS

4 DOSSIER PÉDAGOGIQUE

L’ESCALADE

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TYPE D'OBJET : peinture

LOCALISATION : Maison Tavel, rez-de-

chaussée, salle L’Escalade et la Réforme

MATIÈRE ET TECHNIQUE : huile sur

toile

DIMENSIONS : haut. 80 cm, larg. 213

cm

AUTEUR : inconnu

DATATION : vers 1620

DESCRIPTION : sur cette peinture,

représentant la bataille de l’Escalade de

1602, des anges tiennent des

phylactères sur lesquels figurent des

phrases des Psaumes (Ancien

testament) : les Genevois sont délivrés

par le Tout Puissant, Cé qu’é l’aino (Celui

qui est en haut)

GENEVE DELIVREE DE SES ENNEMIS

PAR LE BRAS DV TOVTPVISSANT LE

12 DECEMBRE 1602 SVR LA MINVICT·

POUR EN SAVOIR PLUS : Les

phylactères portés par les anges portent

des versets bibliques, tirés pour la

plupart des Psaumes.

Jéhovah, le nom de Dieu en hébreu, est

au centre du tableau en lettres de feu.

L’idée que Genève fut miraculeusement

délivrée par l’intervention divine est mise

en avant. Il s’agit probablement d’une

commande officielle destinée à l’une des

salles de l’Hôtel de Ville. En témoignent

sa dimension et l’apposition des

armoiries de Genève. La présence d’un

mur crénelé à droite de la Tour Baudet,

construit vers 1620, permet de dater

cette peinture à une date postérieure à

celle-ci.

DOSSIER PÉDAGOGIQUE

L’ESCALADE

L'ESCALADE DE GENÈVE, 1602. VUE AUX BANDEROLES

5

L'Escalade de Genève, 1602. Vue aux banderoles

Photo: Y. Siza © Musée d'art et d'histoire, Ville de Genève, inv. 011572

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Cette vue de Genève représente un événement célèbre de l’histoire de la Ville. Sais-

tu lequel? ………………………………………………………….

Quels sont les indices qui te permettent de reconnaître l’événement?

…………………………………………………………………………………………………

Peux-tu compléter l’inscription?

GENEVE DELIVREE DE SES …………………………..PAR LES BRAS DU

TOUTPUISSANT LE ………………………………………..SUR LA MINVICT

Il s’agit d’un document officiel commandé par les autorités. Sais-tu ce qui nous

permet de le savoir? …………………………………………………………………………

Repère et numérote les différentes actions de la nuit: 1. montée de Savoyards sur

les échelles combats sur la Corraterie troupes en attente à Plainpalais

soldats descendant la Treille

Observe comment le peintre a rendu la nuit: ciel noir, halo lumineux, rendu des coups

de feu…

Sur la vue ci-dessous, repère la Cathédrale, la Porte Neuve et la Corraterie et écris

leur nom à l’endroit prévu.

Arrives-tu à trouver la Maison Tavel? Un indice, elle a deux tours à cette époque.

……………………… …………………

…………………… Tour Baudet

FICHE D’OBSERVATION VUE AUX BANDEROLES

DOSSIER PÉDAGOGIQUE

L’ESCALADE

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1

2

3 4

1

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AUTOUR DU TABLEAU

Avant la visite

Lire / raconter l’Escalade.

Observer différentes vues de Genève

(Hodler, Corot, du jet d’eau, de la

Cathédrale Saint-Pierre, …).

Quel point de vue est favorisé? Quels

éléments architecturaux de la ville sont

mis en avant?

Au Musée

Rechercher d’autres représentations de

Genève dans la Maison Tavel.

Quelles sont les différences et les

similitudes? Parler de la chronologie des

représentations.

Observer, dans la Maison Tavel, les

autres objets de combat (casques,

épées, …). Sont-ils contemporains de

l’Escalade?

Après la visite

En se promenant pour rentrer à l’école,

observer les différents lieux de l’épisode

de l’Escalade et les mettre en lien avec

leur représentation sur la peinture.

Aller voir les lieux repérés: Tour Baudet,

Treille, descendre sur la Place de Neuve

regarder la plaque montrant le Bastion de

l’Oie – comparer sa forme avec

l’iconographie.

Quels sont les lieux qui existent encore

aujourd’hui? Quelles parties de la ville

sont méconnaissables?

En classe

Mettre en lien la taille de Genève à cette

époque et la taille de la ville actuelle.

Marquer sur un plan actuel les limites de

la ville ancienne.

Imaginer/dessiner une vue de la bataille

de l’Escalade: que pourrait-on faire

figurer ? Comment organiser les

éléments ? Quelles couleurs choisir pour

rendre compte de la nuit?

Corrigé de la fiche d’observation

L’Escalade

La date sur l’inscription et les différents

événements (échelles sur la

Corraterie…)

Ennemis/ 12 DECEMBRE 1602

Il porte les armoiries de la ville.

1-4-2-3

De gauche à droite: Corraterie, Porte

Neuve, Tour Baudet et Cathédrale.

On peut voir les deux tours de la Maison

Tavel juste à gauche de la Tour Baudet.

DOSSIER PÉDAGOGIQUE

L’ESCALADE

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TYPE D'OBJET : arme défensive

LOCALISATION : MAH, salle des

Armures (Niveau 0, salle 3) et Maison

Tavel, rez-de-chaussée , salle L’Escalade

et la Réforme

MATIÈRE ET TECHNIQUE : acier bruni

DIMENSIONS : haut. 27,5 cm, larg. 21

cm

DATATION : entre 1600 et 1620

DESCRIPTION : armet composé de cinq

pièces dont trois sont pivotantes:

l'avance (au dessus des yeux), le mézail

(qui protège le visage) et la mentonnière

(au niveau du cou). Le timbre (partie

dans laquelle la tête vient se loger) à

crête est formé par les deux autres

pièces forgées ensemble. L’armet

comporte une «avance» (visière)

horizontale et en pointe. Le mézail est

modelé de façon à représenter un visage

humain avec des orifices ovales aux

bords relevés pour la vue, un nez saillant

à narines et le contour gravé d'une

bouche avec six trous de ventilation.

Des attaches en forme de crochet

permettent de le maintenir fermé lors des

combats.

POUR EN SAVOIR PLUS : Ce type de

casque s’appelle un armet « savoyard ».

Ce nom a été donné par les spécialistes

des armes d’après la collection du Musée

de Genève. À l’époque de l’Escalade,

c’était un casque très à la mode dans

l’Europe entière. Les récits de l’Escalade

mentionnent toutefois que les savoyards

étaient vêtus de « casques à têtes » .

Le Musée possède au total 34 armets

savoyards dont sept exposés au MAH et

deux à la Maison Tavel.

DOSSIER PÉDAGOGIQUE

L’ESCALADE

ARMETS SAVOYARDS

8

Armet Savoyard

Photo: A. Gomes © Musée d'art et d'histoire, Ville de Genève, inv. C 0878

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Parmi les casques ci-dessous, entoure celui qui ressemble à un visage humain :

C’est un armet savoyard! Retrouves-en un maintenant dans le musée!

Quelles parties de la tête protège-t-il? Entoure la ou les bonnes réponses:

le dessus de la tête le cou le visage les yeux

Quelles parties sont moins bien protégées? …………………………………….

À l’époque de l’Escalade, les troupes n’ont pas encore d’uniforme. Chacun s’équipe

comme il peut. C’est pour cela qu’ils sont tous différents!

L’armet savoyard tire son nom de l’épisode de l’Escalade car les Savoyards en

portaient. Pourtant, les Genevois avaient sans doute les mêmes. C’était le casque à

la mode en 1602. Redessine le visage de tes armets préférés… ou invente les tiens!

Repère sur le modèle devant toi, les ouvertures et crochets qui permettaient de

l’enfiler. Cela te semble pratique? Et facile à porter pour un combat?

À ton avis, quel poids peut atteindre ce type de casque? Entoure la bonne réponse.

150 g 600 g 1,5 à 2 kg 4 à 5 kg

Pomme Melon Ananas Pastèque

FICHE D’OBSERVATION ARMETS SAVOYARDS

DOSSIER PÉDAGOGIQUE

L’ESCALADE

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DOSSIER PÉDAGOGIQUE

L’ESCALADE

10

AUTOUR DE L’ARMET SAVOYARD

Avant la visite

Réfléchir à l’usage d’un casque: pourquoi

en porter un à l’époque? Et aujourd’hui,

quand les élèves portent-ils des

casques? Est-ce que ce sont toujours les

mêmes qu’autrefois? Y a-t-il aujourd’hui

plusieurs types de casques? Qui utilise

des casques aujourd’hui dans son

métier?

Mettre en lien les récits de l’Escalade

avec le port du casque. Le Savoyard tués

par la marmite en portait-il un?

Voir le film sur l’armet, téléchargeable sur

notre chaîne vidéo ou en cliquant ici

Au Musée

Observation de ces curieux casques.

Mimer leur expression.

Discuter et évaluer si une fois qu’on porte

le casque on peut: entendre, voir,

manger, dormir, marcher, se battre…

Comparer avec les armets traditionnels

(moins d’ouvertures) : avantages et

inconvénients.

Comparer avec d’autres types de

casques qui ne protègent que le dessus

de la tête, ou le dessus et les côtés, p.ex.

Après la visite

Bricoler des casques ou des masques ou

des casques à masques en papier,

carton, tissu, papier mâché etc. pour

réaliser un déguisement pour l’Escalade!

À l’aide d’un cornet papier, fabriquer un

casque avec peu d’ouvertures. Voir

comment on arrive à se déplacer avec.

Imaginer son poids réel et combattre

avec une telle armure.

Corrigé de la fiche d’observation

Le dessus, le cou et le visage

Les yeux (malgré l’avance)

Les caractéristiques de l’armet savoyard

sont le mézail, une sorte de visière, et le

fait qu’il imite un visage humain

Certains pèsent près de 5 kg. Le poids

d’une bonne pastèque! Leur poids varie

toutefois, selon l’épaisseur de l’acier,

entre 1,7kg et 5kg!

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TYPE D'OBJET : échelle

LOCALISATION : MAH, Salle des

Armures (Niveau 0, salle 3)

MATIÈRE ET TECHNIQUE : bois, acier

DATATION : vers 1602

DESCRIPTION : tronçons d’échelle

provenant de Turin, dont le Musée

conserve 14 exemplaires

POUR EN SAVOIR PLUS : Les

Savoyards apportèrent trois échelles

pour escalader les murailles. Les récits et

le nom donné à la bataille montrent

qu’elles frappèrent l’imagination des

contemporains.

14 tronçons démontables sont conservés

au musée. Ils étaient recouverts d’une

peinture foncée pour être moins

repérables dans l’obscurité.

Ces échelles furent probablement

construites à Turin à partir de mesures

prises directement sur la courtine de la

Corraterie.

La partie inférieure a un picot pour

stabiliser l’échelle.

La partie supérieure est munie d’une

rouelle pour éviter le bruit et absorber le

mouvement.

La partie intermédiaire possède un

système pour s’emboîter avec les autres.

DOSSIER PÉDAGOGIQUE

L’ESCALADE

ECHELLES DE L’ESCALADE

11

Les échelles de l’Escalade, Salle des Armures

Photo: médiation culturelle © Musée d'art et d'histoire, Ville de Genève

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Ces échelles sont démontables. À ton avis pourquoi?

……………………………………………………………………………………………..........

Comment s’assemblent-elles?…………………………………………………………….....

Qu’est-ce qui caractérise l’élément du bas?..................................................................

Et celui du haut? ...........................................................................................................

Celles-ci ont été peintes en noir avant leur utilisation. Pourquoi?

…………………………………………………………………………………………………...

Maintenant, reconstruis ton échelles en mettant les différents éléments dans le bon

ordre!

Sachant que le rempart à franchir était haut de plus de 7m, combien faudrait-il de ces

bouts d’échelles pour arriver en haut?

2 5 8 10

FICHE D’OBSERVATION ECHELLES DE L’ESCALADE

DOSSIER PÉDAGOGIQUE

L’ESCALADE

12

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AUTOUR DES ECHELLES

Avant la visite

Lire des récits où les échelles sont

décrites et comment les Savoyards y

montent.

Imaginer la hauteur du rempart: 7 m!! Et

la rapporter à celle de l’école, de ses

étages.

Faire grimper sur des «échelles» en

utilisant les espaliers de la salle de gym.

Essayer de le faire avec un équipement

(casque de vélo, masque sur le visage,

arme-bâton, etc.).

Au Musée

Associer les échelles aux fourches à

dresser les échelles. Bien que leur

utilisation en 1602 par les Savoyards ne

soit pas attestée par les récits de

l'Escalade, il est permis de penser

qu'elles ont dû servir, d'une part, à

dresser les échelles composées de

plusieurs tronçons (en effet, les échelons

de celles-ci larges de 20 mm s'engagent

facilement entre les dents des fourches)

et, d'autre part, à placer les fascines ou

claies apportées par les soldats pour

combler le fossé rempli de boue.

Après la visite

En sortant du MAH aller voir le bastion

de Saint-Antoine depuis la passerelle

Charles-Galland, puis depuis le

boulevard Jaques-Dalcroze (ce n’est pas

celui monté par les Savoyards mais il est

de la même hauteur).

Dans le parking Saint-Antoine sont

visibles les restes des remparts

contemporains de l’Escalade.

Corrigé de la fiche d’observation

Les Savoyards n’auraient pas pu venir

avec des échelles de 8 mètres, pas

discrètes et pas faciles à transporter!

Ils s’emboîtent

Picots pour stabiliser

Rouelle pour éviter le bruit et absorber le

mouvement

Pour être moins visibles dans l’obscurité

Les deux extrémités sont fixes, les

tronçons du milieu (2 et 3) peuvent

s’interchanger

5. Les tronçons sont de 1,71 m à 1,74 m

chacun

DOSSIER PÉDAGOGIQUE

L’ESCALADE

13

Page 14: L’ESCALADE - RERO · 2018. 6. 13. · L’ESCALADE au Musée d’art et d’histoire et à la Maison Tavel Objectifs du dossier Ce dossier de visite a pour but d’outiller les

TYPE D'OBJET : peinture

LOCALISATION : MAH, salle des

armures, (Niveau 0, salle 3)

MATIÈRE ET TECHNIQUE : huile sur

toile

DIMENSIONS : haut. 198,5, larg. 118

cm

AUTEUR : Jan Kraeck, dit Giovanni

Caracca

DATATION : 16e siècle

DESCRIPTION : Charles Emmanuel Ier

duc de Savoie est ici représenté à

l'intérieur d'une chambre, debout et en

armure, une main appuyée sur la tête

d'un lion.

POUR EN SAVOIR PLUS : Cette

composition, qui fait allusion aux vertus

du prince, a été élaborée par Giovanni

Caracca dans un dessin datant du 16e

conservé à la Bibliothèque Nationale de

Turin où le costume et la pose du duc

sont identiques, mais où l'animal est

reproduit couché.

Giovanni Caracca était le portraitiste

attitré de la Maison de Savoie et a

réalisé de nombreux portraits du duc,

de son épouse et de leurs enfants pour

orner les châteaux savoyards et les

offrir à d’autres souverains.

DOSSIER PÉDAGOGIQUE

L’ESCALADE

PORTRAIT DE CHARLES-EMMANUEL DE SAVOIE

14

Charles-Emmanuel I, duc de Savoie (1562-1630)

Photo: Y. Siza © Musée d'art et d'histoire, Ville de Genève, inv. 1980-0144

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Tu te trouves devant un portrait. Qu’est-ce qui nous montre qu’on est devant un

personnage important? (plusieurs éléments)

…………………………………………………………………………………………………..

…………………………………………………………………………………………………..

Il est ici dans son château. Mais qui l’accompagne?.....................................................

Aurait-il eu la même allure avec un chat ou un lapin?..................................................

Tu vois des armes à sa taille. Combien?............................... Entoure-les!

Connais-tu leurs noms? ………………………………………………………………………

Observe maintenant son armure. Et compare-la aux armures dans la salle.

Quelle partie du corps n’est pas protégée?

………………………………………………………………………………...….....................

Quel autres caractéristiques de l’armure te frappent?

…………………………………………………………………………………………………..

Il s’agit d’une armure de parade, plus que d’une armure de combat. Le Duc Charles-

Emmanuel montre ainsi que c’est lui le chef!

Choisis parmi les armures de la salle celle que tu aurais choisi pour faire ton portrait!

Connais-tu le nom de ce curieux col qu’il porte autour du cou et qui est à la mode à

l’époque? Entoure la bonne réponse!

Une fraise Une pomme Une tomate Une courge

GUIDE D’OBSERVATION CHARLES-EMMANUEL DE SAVOIE

DOSSIER PÉDAGOGIQUE

L’ESCALADE

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Page 16: L’ESCALADE - RERO · 2018. 6. 13. · L’ESCALADE au Musée d’art et d’histoire et à la Maison Tavel Objectifs du dossier Ce dossier de visite a pour but d’outiller les

AUTOUR DU TABLEAU

Avant la visite

Sur la base des récits de l’Escalade,

imaginer quel genre d’homme était

Charles-Emmanuel.

Au Musée

Noblesse de l’attitude du personnage

Observer et mimer la position du

personnage: debout, de trois-quarts face,

la main gauche sur la hanche, la droite

en appui sur un lion.

Expérimenter la tension du corps, le port

de tête altier, l’air sérieux et le regard

fixe.

Imaginer les séances de pause.

Parure

Noter les éléments de vêtements et les

accessoires portés par le personnage et

le décrire:

- une armure: avec décor ciselé dans des

bandes dorées, composée d’un plastron,

d’épaulières, de cubitières, de brassard

et d’un colletin

- une chemise aux poignets et col (fraise)

de dentelles

- une culotte bouffante appelée haut-de-

chausse, au décor assorti à l’armure

- des bas blancs et des pantoufles de

cuir blanc

- des armes: épée et dague

- un bijou: collier d’or avec pierres

précieuses représentant l’Ordre de

l’Annonciade

Identification du personnage

De quel genre de personnages fait-on le

portrait?

Quels sont les indices qui permettent

d’identifier cet homme?

Observer le motif décoratif de l’armure et

des hauts de chausse. Il s’agit du «lacs

d’amour» ou « nœud de Savoie ». C’est

un motif qui figure sur les armes de la

famille de Savoie qui symbolise la

fidélité. Repérer ce même motif sur

l’épée dite de Charles-Emmanuel et sur

une lance d’un garde de Charles-

Emmanuel. Des pièces de cette armure

sont conservées à l’Armurerie royale de

Turin.

Après la visite

Imaginer que l’on fait son portrait. Quel

animal choisir? Quelle position adopter?

Corrigé de la fiche d’observation

Plusieurs éléments attestent de

l’importance du personnage: le fait qu’on

lui fasse le portrait, la richesse de son

armure, son épée…

Un lion

Non, le lion est un animal qui fascine. Il

évoque la majesté, la monarchie, la

force, la suprématie

2,

Une épée et une dague

Les jambes

La richesse de son armure, les dorures

Une fraise

DOSSIER PÉDAGOGIQUE

L’ESCALADE

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TYPE D'OBJET : étain

LOCALISATION : Maison Tavel, 2e

étage

MATIÈRE ET TECHNIQUE : étain

DIMENSIONS : haut. 35,5, larg. 15,5 cm

AUTEUR : Pierre Royaume II ou III

DATATION : avant 1676

DESCRIPTION : channe avec panse

ovoïde et ornement zoomorphe (bélier).

Inscription en poinçon de potier d'étain:

PIERRE ROYAUME / 1609 et armoiries

(sur le couvercle)

POUR EN SAVOIR PLUS : Au 17e

siècle, la poterie en étain connaît son

apogée à Genève. À cette époque la

faïence, tout comme la porcelaine

d’Orient, sont rares et un vrai luxe. La

channe est un petit pot à vin, dont la

forme est typique. Pierre II Royaume

(1573-Genève 1646) est le fils de la

célèbre Mère Royaume. Pierre III (1605-

1676) son petit-fils.

La poterie d’étain est fortement stimulée

à Genève par l’arrivée d’artisans français

huguenots réfugiés à Genève, à l’instar

de la famille Royaume. Le métier était

généralement exercé dans une même

famille pendant plusieurs générations.

DOSSIER PÉDAGOGIQUE

L’ESCALADE

CHANNE ATTRIBUÉE À PIERRE ROYAUME

17

Channe

Photo: Y. Siza © Musée d'art et d'histoire, Ville de Genève, inv. 011652

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Au 2e étage de la Maison Tavel, dans la vitrine des étains, retrouve une channe, selon

le modèle.

La channe est un produit traditionnel typique suisse. Mais à quoi sert-elle?

…………………………………………………………………………………………………..

Cette channe est en étain. C’est du métal. Imagine le/les avantage(s) de cette

matière: ………………………………………………………………………………………...

Est-ce que tu en as dans ta cuisine?...........................

Qu’utilises-tu à la place de l’étain? ……………………………….

Quel animal est représenté sur le couvercle?................................................................

L’auteur de cette channe y a mis son nom à l’aide d’un poinçon.

Arrives-tu à déchiffrer ce nom?

P I … … … … … … … … U M E

À quel autre personnage célèbre de l’Escalade, ce nom fait-il

penser? ………………………………………………………………

Au 17e siècle, « pot » et « marmite» sont synonymes, comme on peut le voir encore

dans des expressions courantes, telles que « pot au feu » ou « poule au pot ». La

célèbre marmite de l’Escalade serait-elle en réalité un pot? Ce n’est pas impossible!

En effet, le mari de la Mère Royaume était potier d’étain et ils devaient en posséder

grand nombre chez eux.

Sur ce détail d'une gravure sur

cuivre de François Diodati, aux

environs de 1667, on peut

d’ailleurs lire en vieux français:

………………………………….

………………………………….

………………………………….

GUIDE D’OBSERVATION CHANNE DE PIERRE ROYAUME

DOSSIER PÉDAGOGIQUE

L’ESCALADE

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AUTOUR DE LA CHANNE

Avant la visite

Raconter l’histoire: à Genève à l’époque

de l’Escalade, vaisselle et ustensile

étaient en étain – les Royaume sont

potiers d’étain de père en fils. Pierre, le

mari de la Mère Royaume était aussi

graveur de la Monnaie, la famille vivait

dans des locaux officiels à la porte de la

Monnaie.

Au Musée

Aller voir la marmite exposée dans la

cheminée de la cuisine de la Maison

Tavel. Elle date du 19e mais a la même

forme que les marmites du 17e – une

marmite caractérisée par ses trois pieds

comme celle en chocolat que l’on

mange à l’Escalade!

Imaginer/associer : la soupe mijotait en

permanence. C’était le repas du matin,

constitué de tous les restes qui cuisaient

ensemble. Elle restait au chaud dans la

cheminée…

La Mère Royaume faisait-elle de la

soupe au milieu de la nuit?

A-t-elle pris son pot-marmite sur le feu?

Ou un des pots d’étain fabriqués par son

mari dont la maison était pleine?

Après la visite

Se rendre à l’emplacement de l’ancienne

Porte de la Monnaie où vivait la famille

Royaume.

Recomposer le couplet de la chanson

Ah! La belle Escalade sur la Mère

Royaume en remplaçant la marmite par

une channe.

Dessiner la scène.

Imaginer sa channe personnelle. Quel

animal y représenter?

Corrigé de la fiche d’observation

Contenir un liquide, surtout du vin

L’étain n’est pas trop coûteux (par

rapport à l’argent), il ne s’abîme pas et

conserve les boissons au frais

Peut-être mais on emploie plus

facilement des cruches en verre, en

céramique ou en plastique…

Un bélier

PIERRE ROYAUME

La Mère Royaume

«Une femme avec un pot de fer tue un

Savoyard»

DOSSIER PÉDAGOGIQUE

L’ESCALADE

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TYPE D'OBJET : peinture

LOCALISATION : MAH, niveau 2

MATIÈRE ET TECHNIQUE : huile sur

toile

DIMENSIONS : haut. 250,5 cm, larg.

141.5 cm

AUTEUR : Ferdinand Hodler

DATATION : 1886 – 1887

DESCRIPTION : portrait de la mère

Royaume chevauchant un âne sur la

Place du Molard.

POUR EN SAVOIR PLUS : Cette

œuvre fait partie d’un ensemble

commandé à Hodler pour décorer la

Taverne du Crocodile en 1886, une

brasserie de la rue du Rhône fréquentée

par des artistes et écrivains genevois.

Elle compte parmi les premières

représentations qu’Hodler fait de

l’histoire de Genève. Il est alors âgé de

33 ans et ses moyens financiers sont

plus que modestes. Il a d’ailleurs des

dettes envers l’établissement où il

prenait à crédit son unique repas

quotidien.

Dans les années 1910-15, les toiles

seront démontées et revendues au prix

fort, Hodler étant devenu célèbre.

LA MÈRE ROYAUME, DE FERDINAND HODLER

20 DOSSIER PÉDAGOGIQUE

L’ESCALADE

La Mère Royaume

Photo: M. Aeschimann © Musée d'art et d'histoire, Ville de Genève, inv. 1934-0018

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Ce tableau a été peint par Ferdinand Hodler, un artiste suisse qui a vécu près de 300

ans après l’Escalade. Il était destiné à décorer une taverne.

Il représente la Mère Royaume. Tu as sans doute du mal à la reconnaître. Pourquoi?

…………………………………………………………………………………………………...

Sais-tu où elle est? Elle est sur l’ancienne place du marché. Aujourd’hui il y a des

restaurants, mais, si tu regardes bien, peut-être reconnaîtras-tu la tour qui est en

arrière-plan? On est sur la place………….………………………………………………….

Le peintre a décidé de la représenter dans sa vie quotidienne et non lors de la nuit de

l’Escalade.

Sur quel animal est-elle assise? …………………………………………………………….

Elle a un bâton à la main. En général, lorsqu’on veut la représenter, qu’a-t-elle à la

main pour la distinguer?................................................................................................

Quelle impression te donne cette femme? ………………………………………………...

Si tu devais trouver un lieu typique de Genève pour la représenter aujourd’hui, que

choisirais-tu comme décor. À ton tour de le dessiner!

FICHE D’OBSERVATION LA MÈRE ROYAUME

21 DOSSIER PÉDAGOGIQUE

L’ESCALADE

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AUTOUR DE LA PEINTURE

Avant la visite

Qui était la Mère Royaume? Catherine

Cheynel épouse en 1564 Pierre

Royaume, graveur et potier d’étain

lyonnais. Ils quittent la France pour fuir

les persécutions contre les Huguenots et

s'installent à Genève en septembre

1572. Son mari devient alors graveur de

la monnaie de la République de Genève.

Ils vivent dans un logement «de fonction»

au bas de la rue de la Cité, au-dessus de

la porte de la Monnaie (en bas de la

Corraterie au niveau de l’UBS actuelle).

Au Musée

Observer l’habillement de la Mère

Royaume sur la toile: il est représentatif

de celui de l’époque où le tableau a été

peint et non du 17e.

Regarder son visage dur et sévère et sa

posture autoritaire.

Comparer avec d’autres représentations

historiques de Ferdinand Hodler. Quels

événements sont représentés?

Comparer également avec le tableau

d’H.-G. Lacombe La Place du Molard

exposé au 1er étage de la Maison Tavel.

On y voit la place du Molard un jour de

marché et on reconnait la tour présente

encore aujourd’hui.

Après la visite

Comparer à d’autres représentations de

la Mère Royaume, souvent figée dans la

posture historique de l’Escalade.

Imaginer sa propre peinture de la Mère

Royaume. Quels éléments retenir?

Aller visiter la Place du Molard, regarder

ce qui est conservé et ce qui a changé.

Corrigé de la fiche d’observation

Ni la tenue, ni la posture, ni le lieu ne

nous indiquent que c’est la Mère

Royaume

Sur la Place du Molard

Sur un âne (symbole d’humilité)

Avec une marmite

Celle d’une femme forte, autoritaire et

une femme du peuple

22 DOSSIER PÉDAGOGIQUE

L’ESCALADE

Page 23: L’ESCALADE - RERO · 2018. 6. 13. · L’ESCALADE au Musée d’art et d’histoire et à la Maison Tavel Objectifs du dossier Ce dossier de visite a pour but d’outiller les

Du 12e au 15e siècle, l’ingérence de la Savoie dans la politique de la cité genevoise

est permanente: Genève est certes dirigée par un Prince-Evêque qui détient

l’immédiateté impériale, à savoir qui est seul souverain de Genève après l’Empereur,

l’influence du Duc de Savoie n’en est pas pour autant exclue.

1519 et 1526, les combourgeoisies avec les Confédérés (FR, BE) mettent fin aux

hardiesses du Duc de Savoie. Genève a désormais des alliés!

1535-36: Réforme, Genève devient ville de refuge. Elle est au centre de Ligues entre

plusieurs puissance, telles que la France et les Confédérés, ce qui protège son

indépendance.

1580: Charles-Emmanuel Ier succède à Emmanuel-Philibert Ier avec l’entreprise de

s’emparer de Genève.

11-12 décembre 1602*

Dès 1h: arrivée des troupes à Plainpalais

2-3h: 350 hommes entrent en ville du côté de la Corraterie grâce à 3 échelles placés

sur les remparts

Vers 2h30: l’alarme est donnée, le tocsin retentit et les Genevois accourent au

combat

5h: les assaillants sont maîtrisés et acculés au rempart

14h: les prisonniers, après un jugement en grande hâte, sont pendus

14 décembre: 550 hommes, envoyés par les Confédérés, arrivent en renfort (suivis

par 1000 autre le 5 février 1603)

21 juin 1603: traité de Saint-Julien, paix entre la Savoie et Genève

* La question du Calendrier: suite à une erreur de calcul dans la durée de rotation de la Terre autour du

Soleil, le calendrier julien était en retard par rapport à la position de la planète. Le Pape Grégoire XIII

décide donc de réformer le calendrier mis en place par Jules César et l’on passe directement du 4 au

15 octobre 1582. Genève, protestante, refuse ce nouveau calendrier imposé par la Pape catholique

(jusqu’en 1701). Selon le calendrier actuel, ou celui de la Savoie, l’Escalade a donc eu lieu la nuit du

solstice d’hiver, la plus longue de l’année, du 21 au 22 décembre.

CHRONOLOGIE

DOSSIER PÉDAGOGIQUE

L’ESCALADE

23

Page 24: L’ESCALADE - RERO · 2018. 6. 13. · L’ESCALADE au Musée d’art et d’histoire et à la Maison Tavel Objectifs du dossier Ce dossier de visite a pour but d’outiller les

Bastion: ouvrage de fortification faisant saillie sur l’enceinte d’une place

forte

Boulevard: terre-plein d’un rempart

Claie: treillage en bois ou en fer

Courtine: front de muraille entre deux bastions

Echauguette: guérite d’observation placée sur un mur

Fascines: fagot serré de branchages

Guérite: abri en bois ou en maçonnerie dans lequel une sentinelle se met

à couvert

Glacis: espace dénudé devant une fortification

Mantelet: canons montés sur roues et protégés par un bouclier

(rectangulaire), inventés par Michel Rosset en 1573

LEXIQUE

24 DOSSIER PÉDAGOGIQUE

L’ESCALADE

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L’ESCALADE

D'Aubigné, Agrippa. Tiré de l’Histoire universelle et accompagné de documents nouveaux

par L. Dufour-Vernes et Eugène Ritter. Genève 1884, 30 p., ill.

D’Aubigné, protestant exalté au service d’Henri IV, termina sa vie en exil à Genève, suite à la

rédaction de son Histoire universelle qui prenait parti pour les protestants. D’Aubigné est

entre autres l’auteur des Tragiques, un poème « baroque » à lire !

LA NUIT DE L'ESCALADE : LE ONZE DECEMBRE MIL SIX CENT DEUX

Texte d'Alexandre Guillot, illustrations d'E. Elzingre et préface de Guillaume Fatio, Genève,

1915 (réédité par Slatkine en 1998 avec une nouvelle introduction de Richard Gaudet-

Blavignac et une notice biographique sur Edouard Elzingre par Jean-Charles Giroud).

Tout le monde connaît cet ouvrage qui a fait rêver de nombreux enfants. Ce sont les

aquarelles originales de cet ouvrage qui sont exposées chaque mois de décembre dans la

salle des Armures du Musée d’art et d’histoire.

VIVRE À GENEVE AUTOUR DE 1600. LA VIE DE TOUS LES JOURS

Mottu-Weber, Liliane / Piuz, Anne-Marie / Lescaze, Bernard. Genève 2002, 247 p.

Comment vivait-on au quotidien dans la Genève de 1600? Un passionnant ouvrage

d'historien-ne-s tente d'y répondre.

COMPRENDRE L'ESCALADE. ESSAI DE GÉOPOLITIQUE GENEVOISE

Fatio, Olivier / Nicollier, Béatrice. Genève 2002, 119 p.

Pour comprendre l'enjeu géopolitique que représentait Genève en 1600. Un ouvrage au

graphisme épuré, illustré de nombreuses vues de Genève peu connues.

JOURNAL DU TEMPS DE L'ESCALADE. GENÈVE ET LE MONDE EN 1602

Walker, Corinne (et al.). Genève 2002, 205 p.

Un ouvrage sympathique qui, dans une veine journalistique, offre une ouverture sur ce qui

agitait Genève et le monde vers 1600. Par les historien-ne-s de l'Association pour l'étude de

l'histoire régionale (AEHR).

BIBLIOGRAPHIE

DOSSIER PÉDAGOGIQUE

L’ESCALADE

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LA MÈRE ROYAUME. FIGURES D'UNE HÉROINE, XVII-XXIE SIÈCLE

Walker, Corinne. Genève 2002

L'ouvrage de Corinne Walker retrace la mise en images de cette femme mythique dont le

"pot" est à l'origine des rites les plus connus de l'Escalade: la dégustation de la soupe aux

légumes et de la marmite au chocolat!

C'ÉTAIT EN 1602, GENÈVE ET L'ESCALADE

Genava No 50 (L), nouvelle série. Genève 2002, 201 p.

En complément à l'exposition du musée d'art et d'histoire dédiée au 400e anniversaire de

l'Escalade, cet album interroge les objets du musée liés à l'Escalade ainsi que les

représentations picturales de l'Escalade du 19e et du 20e siècle.

À CHACUN SON ESCALADE : PROPOS RECUEILLIS DANS LES COULISSES DU 400E

Commentés et illustrés par Sophie Lagana , avec la collaboration de Stéfanie Rapillard,

préface historique d'Olivier Fatio, Genève : Slatkine, 2003.

Un ouvrage issu d’une enquête menée autour du 400e de l’Escalade entre Musée d’art et

d’histoire et cité sur la vision de l’Escalade des habitants de Genève. Une lecture de la

commémoration et de son sens pour les Genevois.

--------------

FILMS EN LIEN AVEC L’ESCALADE

COMPLÉMENT D’OBJET – ARMETS SAVOYARDS

https://www.youtube.com/watch?v=51oCFBv7BXw&list=PL6E6ED9841DD50D8B

COMPLÉMENT D’OBJET – RONDACHE DE PARADE

https://www.youtube.com/watch?v=27ju429-HK0&list=PL6E6ED9841DD50D8B

LE COMBAT EN ARMURE AU XVE SIÈCLE

https://www.youtube.com/watch?v=5hlIUrd7d1Q

--------------

PARCOURS-DÉCOUVERTE

À LA BELLE ESCALADE!

http://institutions.ville-geneve.ch/fileadmin/user_upload/mah/2013/Publics/Jeune-

public/Documents-PDF/Parcours-decouverte_Escalade.pdf

26 DOSSIER PÉDAGOGIQUE

L’ESCALADE

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De la surprise de la ville et délivrance d'icelle -

Genève gardée par la miséricorde de Dieu

Rapport fait par la vénérable Compagnie des

Pasteurs, le vendredi 17 décembre 1602, et

contenu des registres

Le dimanche matin, 12 de décembre 1602,

l'ennemi pour l'exécution de l'entreprise qu'il

dressait de longtemps contre la ville et de laquelle

on était bien averti et de toute part, vint avec

environ onze cent hommes tant infanterie

préparée et armée de tout pour un tel effort, et de

cavalerie (son altesse était arrivée le soir de Turin

en poste aux Tramblières) dedans le Plain-palais

sans être découvert sur l'heure d'une heure après

minuit. Et dès lors eu commencé à faire sa

faction, n'eut été une épouvante que Dieu leur

donna là sans sujet et qui les retint une heure,

qu'on peut appeler notre sauveté.

A deux heures descend dans le fossé près la

Courratière, devant la maison Sieur Piaget, à une

sentinelle où il avait remarqué qu'on ne mettait

personne, met quelques claies et pose les

échelles, et monte jusqu'à trois heures et met

deux cent hommes dedans la ville sans être un

peu découvert, surprend la prochaine sentinelle et

la blesse, donne l'épouvante au corps de la garde

de la porte de Neuve qui quitte la place prend la

maison de Piaget, faisant rupture de la porte et de

celle de voisins, prend la place de la porte de la

Monnaie et crie : Ville prise ! Ville prise !

Se trouva bien peu d'ordre et de provisions pour

repousser cet inconvénient, lequel on attendait

d'heure en heure de longtemps et duquel on était

averti le soir même par express. Se trouva tant et

plus d'étonnement par faute du devoir qu'il avait

fallu faire pour n'être pas surpris. Dieu donna

cœur à beaucoup de gens de bien, les autres

combattants repoussèrent l'ennemi de la place de

la porte de la Monnaie et de l'entrée de la ville

qu'il prenait par là. Les autres le repoussèrent

chez le Sieur Piaget.

Les autres le repoussèrent de la Porte Neuve où

il appliquait le pétard pour donner ouverture à son

gros qui était en Plain Palais et qui déjà avait

chanté victoire avec les trompettes et tambours.

Donc conséquemment ils le suivent et rangent

dans le chemin de la Courratière et sur ce

passant à l'endroit du lieu par où ils avaient

monté, où battu d'arquebusades qu'on lui tirait par

les fenêtres des maisons qui regardent sur cette

place et l'endroit de muraille, pressé d'autre part

et par devers la Monnaie et devers la Porte

Neuve et par ceux qui descendirent de la porte

Tartasse, l'ennemi prit l'effroi et commença les

uns à se précipiter par les échelles que le canon

qui joua du boulevard de l'Oie et de la Monnaie

avaient put rompre si elles ne s'étaient ja

rompues sous le fait; ou s'en sauter la muraille

comme ils peuvent. – Les autres demandèrent la

vie, les autres furent tués sur la place, laquelle

nous demeura par l'infinie miséricorde de Dieu.

Cependant, dès le premier commencement de

leur succès, ils avaient dépêché un homme au

duc, que les gens étaient dedans, puis un autre

qu'ils étaient maître de la ville. Donc le duc aux

Tramblières où il était fit sonner la joie avec

trompettes et tambours; mais parce qu'il fut une

heure sans avoir nouvelles, il commença à en

rabattre, puis reçut les mauvaises nouvelles du

tout, que les siens avaient été repoussé et toute

la noblesse était perdue, sans noter que durant la

courte joie son secrétaire Caron alla le soir où ils

avaient détenus prisonniers quelques citoyens et

bourgeois de cette ville, de peur qu'ils vinrent

apporter des nouvelles en la ville, ou afin qu'ils

eussent des contregages si leurs affaires

prenaient mal, et leur disait que la ville était prise

et qu'il fallait tuer, exterminer tout le reste des

huguenots, c'était là leur bon dessein.

On se pourrait aussi ébahir que comme la raison

de la guerre portait ils ne donnèrent l'assaut en

plusieurs lieux de la ville pour nous étonner et

distraire? A quoi la réponse est que leur conseil

était bien tel et que gens étaient assignés pour

bailler St-Antoine, mais quand ils eurent sonner la

joie au cartier de la Monnaie, devers la porte

Neuve et crier : Ville gagnée, ils quittèrent leur

dessin pour plus commodément entrer avec les

autres par l'ouverture qu'ils pensaient être ja faite,

en quoi ils furent de ceux, trouvant que le canon

jouait et que leur gens étaient repoussés.

L’ESCALADE : LES SOURCES ANNEXE

27 DOSSIER PÉDAGOGIQUE

L’ESCALADE

Il est intéressant de comparer les sources qui suivent et de voir quels

éléments ont été retenus ou divergent selon les auteurs.

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Et fallut que tous pensassent à leur retraite

laissant le Sieur d'Albigny, lieutenant-général du

duc, qui les avaient encouragé à monter tenant lui

même l'échelle.

Ils laissèrent treize prisonniers dont il y avait de

gentilshommes le baron de Sonnaz, le sieur

Chaffardon et M. d'Atignac, des plus grands

vaillants et favoris du duc, un autre gentilhomme

du Dauphiné et quelqu' autre ou deux jeunes de

belle marque appartenant à d'Albigny, qui tout

treize furent condamnés à être pendus et

étranglés, et furent exécuté incontinent audit

boulevard de l'Oie. Des morts en demeura sur la

place des leurs de 60 à 70. Ils en ont ramenés

que mors que blessés six à sept vingt, mais qui

nous coûtèrent seize des nôtres qui demeurèrent

morts et plusieurs autres blessés, tous gens de

marque et de valeur dont j'espère que les noms

feront marqués ailleurs et que Genève se

souviendra (ä jamais) de la grande miséricorde

de Dieu qui l'a tirée d'un si grand danger et ruine

totale par la seule main, pour lui en rendre grâce

et s'amender, qui est le seul moyen d'espérer en

la protection de Dieu pour après si avec vraies

prières nous la recherchons.

L'entreprise de Genève a été délibérée comme

s'en fut:

Ce récit a été rédigé le lundi 13 décembre

1602 par le seigneur Gautier, secrétaire d'Etat,

et fut envoyé aux Cantons évangéliques

Berne, Zürich, Bâle et Schaffhouse. Cette

pièce est conservée aux archives de Zürich,

In: Gaberel, J. (éd.): Deux récits officiels de

l'Escalade, Genève, 1868.

Monseigneur d'Albigny conduisant les exécuteurs

de l'Entreprise, s'étant jeté au long de l'Arve en

partie du côté de Pinchat, en partie par dessus le

pont d'Arve, s'est coulé par le bord de la rivière

jusqu'à l'hôpital des pestiférés* et depuis icelui

hôpital par les jardins jusqu'au bord des fossés. Y

étant arrivés, il y avait de l'eau, fange et roseaux;

ils ont mis claies de bois pour empêcher de

enfoncer, ils se sont jetés au pied de la muraille

entre la porte Neuve et l'ancienne porte de la

Corraterie près de la sentinelle qui est de la

Corraterie où il n'y en avait point, car depuis une

porte à l'autre, combien qu'il y ait grand distance,

il n'y a que deux guérites soit sentinelles.

Les ennemis étant arrivés environ les deux

heures eurent le loisir de dresser leurs échelles,

après avoir passé le fossé sans être reconnus, et

à trois heures commencèrent à monter et se jeter

*A l'entrée du cimetière des Rois actuel.

dans la ville où il entra environ deux cent et

d'avantage sans que la sentinelle du bastion de

l'Oie s'en soit aperçu, puis connaissant que

l'ennemi s'approchait et s'acheminait à lui et le

voulait frapper, il s'écoula et tira un coup

d'arquebuse qui donna l'alarme.

Néanmoins les ennemis ne laissèrent pas de

poursuivre sur pointe.

Le Seigneur Chaffardon entre le premier et

incontinent courut à la porte Tartasse pour

reconnaître s'ils étaient découverts, quoi fait,

n'entendant mie, il les appela leur donnant bon

courage…Une partie des soldats allèrent charger

le corps de garde de la porte de la Corraterie près

de la Monnaie, lequel reconnaissant qu'il ne

pouvait résister, le corporal et la troupe s'enferma

au corps de garde.

L'autre partie mit le pétard en la maison du

seigneur Piaget pour avoir le passage plus libre

en la place de la Cité. En laquelle maison ils

tuèrent le serviteur, le fils de Baptista.

L'autre partie donna sur le corps de la garde de la

porte Neuve pour y attacher le pétard; auquel lieu

il y avait un petit nombre qui gagna au pied et

quitta la place. Le pétardier durant ce temps

attachait le pétard et commençait à crier: Vive

Savoie! Vive Espagne! Et le gros de l'ennemi qui

était en Pleinpalais faisait sonner la trompette et

battre le tambour, attendant que le pétard jouât…

Survinrent alors treize ou quatorze citoyens se

dévalant de l'hôtel ville qui leur firent quitter la

place, d'où ils furent derechef repoussés, et la

sentinelle abaissa la coulisse. En cette façon le

pétardier tout empêché voulut se sauver et fut tué

par un soldat.

Et alors deux des échelles furent redressées et

froissées par un coup de canon de la guérite de

l'Oie.

Arrivèrent alors de tous côtés soldats de Genève

qui coururent sur l'ennemi, le chargeant de toutes

leurs forces. Le gros commandé par le sieur de

Verace, qui descendit de l'hôtel de ville, les

enfonça et leur fit gagner au pied, les uns se

rendaient opiniâtres de combattre, les autres

sautaient par dessus les murailles pour soi

sauver.

Les bourgeois et habitants de la ville se rendirent

chacun en son quartier et firent honneur à leur

devoir.

Il y eut des soldats de l'ennemi tués au bout du

pont de la porte de la Monnaie, le reste fut tué

28 DOSSIER PÉDAGOGIQUE

L’ESCALADE

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depuis la porte de la Corraterie jusqu'à la porte

Neuve.

A été rapporté par les prisonniers qui viennent

d'être pendus que le sieur d'Albigny était au pied de

l'échelle accourageant les soldats, leur donnant

entendre qu'il y en avait quatre cent dedans

d'accord avec eux, qu'ils n'en doutassent point.

Sont demeurés tant en dedans des murailles que

aux fossés cinquante-trois, treize qui ont été

pendus, outre les blessés qui se sont jetés depuis

les murailles aux fossés en grand nombre.

Sont demeurés de la ville de Genève onze et

quelques blessés.

La lettre à Berne se terminait par ces remarquables

paroles:

C'est une délivrance miraculeuse de nôtre Dieu de

laquelle nous avons un sujet particulier de le louer:

mais comme il n'en est pas vraisemblable que ledit

sieur D'Albigny ne pousse plus outre sa mauvaise

volonté, vu même que nous entendons que son

Altesse n'est pas loin de nous, nous vous prions et

requerrons de tout notre affection qu'il vous plaise

de faire digne considération du préjudice

qu'apporterait la prise de cette ville tant à l'église de

Dieu qu'à vos Etats, il vous plaise confirmer votre

faveur envers nous et nous assister de notre sage

et prudent avis sur ce qu'avons à faire en cette

grande nécessité qui vous regarde aussi, autant

qu'ils menacent votre ville de Nyon…De quoi nous

confiant, ferons fin à la présente par nos très

affectueuses recommandations à vos bonnes

grâces, priant Dieu, etc…

A Genève, le 13 décembre 1602.

Vos bons voisins, alliés et confédérés: Les syndics

et conseils de Genève.

Un secours de 600 hommes fut envoyé par les

Confédérés.

Journal d'Esaïe Colladon, Mémoires sur Genève

1600-1605, pp 44-49, Genève, Chez J.Jullien,

1883.

La nuit entre le 11 et 12 de décembre, au propre

moment du solstice hivernal, et ainsi que la lune se

couchait, D'Albigny, français renié et gouverneur de

S.A. en Savoie, ayant fait approcher les troupes, qui

étaient environ 1200, enfin se vint rendre avec 200

les plus résolus à la contrescarpe du fossé qui est

entre la Porte Neuve et la jadis Porte de la Monnaie,

en un endroit où le fossé est moins large et assez

gaiable.

Premièrement, ils jetèrent dedans quelques claies

pour passer plus commodément. Ils étaient tous

bien armés de cuirasses et de casques en tête;

ils avaient quant et eux des échelles fabriquées de

grand artifice; chacune était bâtie de 3 ou 4

moindres échelles, longues d'environ une toise; la

première desdites moindres échelles avait aux 2

sommités des poulies de bois garnies de drap pour

être poussées sursum , versus, sans bruit, et quand

on l'avait montée le plus haut qu'on pouvait,

subindebatur altera, dans laquelle la première

s'enclavait.

Ainsi ils montèrent près de 200 à la faveur de

l'obscurité de la nuit, sans qu'on s'en aperçût

aucunement, comme aussi on tient qu'on n'avait

point posé de sentinelle au dit endroit. Il ne se

trouva que 12 ou 13 hommes au corps de garde,

qui presque tous abandonnèrent la Porte, laquelle

les susdits ennemis vinrent reconnaître pour y

mettre le pétard. L'un de ceux de la garde avant de

se sauver mit bas la coulisse, qui servit bien à ce

coup.

Sur ce, l'alarme s'étant donnée, on fut promptement

debout, et sonnait-on le tocsin des cloches de tous

les boulevards et temples, même de la grosse

cloche de St-Pierre, et en outre la trompette allait

sonnant par la ville, chacun alla en son quartier. Et

lors, Messieurs étant assemblés vers la maison de

ville, M. Canal, ancien conseiller, avec M. Nicolas

Bougueret, maître maçon, descendirent par la

Tartasse pour aller reconnaître que c'était, et

incontinent furent tués à coups de hallebardes.

M De la Crose, autrement dit La Bâtie, et fort

affectionné tant à la Religion qu'à la ville, y vint, et

pour mieux les reconnaître, comme ils demandaient

Qui vive, répondit Savoie.

Lors on tira le canon de la casemate du boulevard

de l'Oie, qui renversa leur échelles, et ainsi

commencèrent à s'étonner, tellement qu'un de ceux

qui étaient déjà dedans, pensant parler à l'un de

leur faction , dit audit Sieur La Crose en jurant ;

Nous sommes morts. Sur ce , le dit La Crose

commence à en attaquer un, et ne savait par où le

blesser, tant qu'il était bien armé de casque et

cuirasse, et comme malheureux avaient la plupart

des billets et charmes. Incontinent après, ledit La

Crose fut blessé d'un coup d'arquebuse, qui lui

rompit les deux os d'une jambe. Le capitaine

Blandano vint par la porte de la Tartasse avec

Olduino et autres. Somme enfin ils furent

repoussées, plusieurs se jetèrent par la muraille; il y

en eut 54 tués fort furieusement à coup

d'hallebardes, piques et coutelas. Les corps

demeurèrent 2 heures étendus tous nus sur le pavé.

Des nôtres y en eut 16 de tuez et environ 24

blessées, dont l'un mourut 15 jours après, jour de

Noël.

On reserva 13 prisonniers en vie, dont 9 furent

saisis d'entre ceux qui étaient en la ville, les autres

quatre furent trouvés dans le fossé.

29 DOSSIER PÉDAGOGIQUE

L’ESCALADE

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Des susdits 9 on bailla promptement la corde à 3,

mais on ne peut presque rien tirer d'eux, pour à

quoi les exhorter on employa aussi les ministres,

qui, ce fait, les allaient exhortant, lorsque M. le

lieutenant les vint quérir un peu après-midi pour

les mener tout garrottés vers Messieurs en la

chambre du Conseil. Le premier était le baron de

Sonas, le second Chaffardon, gentilhomme

savoyard des plus intimes du Duc, le troisième

bressan, nommé Datignac, homme de stature et

d'exécution; les autres étaient pour la pluspart

français reniés.

Le plus éperdu d'entr'eux était Datignac, hurlant

et lamentant de ce qu'on le faisait mourir,

demandait, allant par la ville, s'il n'y avait point de

fille qui le voulût racheter. Sonas était mieux

résolu et parlait peu, reconnaissant le malheur où

d'Albigny les avaient précipités. Chaffardon, petit

homme rousseau, apportait une belle résolution,

encourageait les autres. Quand ils furent

introduits en la chambre du Conseil, on posa bas

la chaise dans laquelle Sonas était porté à cause

qu'il avait la jambe rompue, et d'entrée demanda

qu'on lui permît de disposer sommairement de

ses biens et 7 enfants qu'il laissait en vie, 2 fils et

5 filles, touchant lesquelles il ordonna, entr'autres

choses, qu'on les mît en religion etc. Le tout fut

écrit par le Secrétaire d'Etat. Les autres étaient

attachés 2 à2 et se mirent à genoux. Chaffardon

fit aussi quelque disposition touchant ses enfants

donnés. Ce fait, le premier syndic leur prononça

la sentence qui fut que

Messieurs ayant vu leur procès, les interrogations

et réponses, les ont jugés coupables d'avoir

attenté une horrible et damnable trahison pour

épandre le sang innocent de ceux qui ne

demandaient que de vivre en paix, et desquels ils

n'avaient reçu aucun déplaisir, tellement qu'on ne

pouvait procéder contre eux comme contre gens

de guerre, vu la paix qui avait été jurée et rejurée

par leur Prince, mais comme contre voleurs et

brigands, lesquels mériteraient bien d'être, mais

comme contre voleurs et brigands, lesquels

mériteraient bien d'être tous mis sur la roue;

toutefois qu'en usant de modération, on les

condamnait tous à être menés au prochain

boulevard du lieu où ils avaient commencés

d'exécuter leur damnable entreprise (qui était le

boulevard de l'Oie), pour là être pendus et

étranglés et servir d'exemple à tous ceux qui tel

cas commettre voudraient etc.

Ainsi qu'on les menait, Datignac surtout se

lamentait fort par dessus tous, auxquels pour

faire comprendre l'énormité de leur entreprise on

disait qu'ils contemplassent quel grand peuple ils

avaient délibérer d'égorger. Etant venus au susdit

boulevard, où était dressé tout contre la muraille

un gibet soutenu de 3 piliers, on commença par

Sonas, lequel on enleva par le milieu du corps,

pour ce qu'ayant la jambe rompue il n'eût pu

monter par l'échelle. Etant levé assez haut,

Tabazan lui alla mettre la corde au col;

Chaffardon l'encourageait merveilleusement. Sur

ce M. Pinault fit la prière, laquelle finissant, on

lâcha la corde qui le tenait suspendu, et ainsi finit.

Il avait en sa tête un bonnet de nuit de velours

qu'on lui avait laissé après avoir ôté le casque.

Chaffardon suivit courageusement, et étant sur

l'échelle avec les deux mains liées, ôta son

bonnet de nuit de drap violet; M.Goulard fit la

prière, laquelle finie, on le jeta de l'échelle.

Dattignac fut exécuté le 3ème, et ainsi qu'on le

voulut jeter de l'échelle criait au bourreau:

Attends, Attends.

Puis suivirent 3. ou 4. bien jeunes, l'un d'eux avait

nom Galifet. Un autre natif de…, un peu avant

que monter l'échelle récita en latin avec fort

bonne prononciation le psaume 51, et comme M.

de la Faye le lui interprétait, il dit qu'il entendait

aucunement le latin. Etant sur l'échelle, en

propres termes loua Dieu de la grâce qu'il lui

faisait de l'avoir amené à ce port salutaire pour

reconnaître ses fautes, car, disait-il, tous les vices

et méchancetés qu'on peut imaginer en un jeune

homme, faites état que j'en fus coupable.

Quand les 9 furent exécutés, on en amena 4

qu'on avait gardés dans un chariot à la porte du

boulevard et qui étaient plus ou moins blessés. Le

dernier était de Sesseil, demi nu par le corps et

étrangement gras; mais à cause d'une

arquebusade, il n'avait pas quasi la force de

monter par l'échelle, et cependant usait de

gausseries, disant : Voilà des autres pendus,

voilà mes maîtres, il n'y aura pas danger que je

sois pendu un pue plus bas. Enfin étant monté

assez haut, disait : Oh! De par le chat!

Au bout de deux jours on ôta les corps du gibet,

et on leur coupa-t-on à tous la tête, comme aussi

à tous ceux qui furent tués, et les a-t-on posées

sur ledit gibet au nombre de 67. Tous les corps

furent jetés dans le Rhône.

30 DOSSIER PÉDAGOGIQUE

L’ESCALADE

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Brief récit de ce qu'il advint à Genève le

Dimanche matin 12e jour de décembre 1602,

par Mr Goulart, Saint-Gervaisain, ministre du

St Evangile

Le dimanche 12e décembre 1602, vieux style, et

le 22e au nouveau, un peu après minuit, les

troupes de Savoie, sous la conduite de D'Albigny,

vice-duc, ayant été ramassées dextrement et

secrètement peu de jours auparavant, se

trouvèrent près de cette ville et, ayant donné

ordre à ce qu'ils prétendaient, approchèrent si

quoyement vers le fossé, vis-à-vis la maison du

Sieur Julien Peaget, entre la porte de la Monnaie

et la porte Neuve, que, sans être découverts, ils

firent passer les plus déterminés, au nombre

d'environ 200 bien armés, par dessus des claies,

avec trois échelles qu'ils plantèrent contre la

muraille, et étant montés quoyement, ils entrèrent

à la file en bon nombre.

Etant entrés, ils découvrent une ronde, qu'ils

laissent passer sans être découverts d'icelle:

c'était deux heures et demi, la nuit était fort

obscure. Une seconde ronde passe tôt après qui,

découvrant quelque chose, s'approche pour

savoir ce que c'est; ils renversent par terre celui

qui criait: Qui va là? le porte lanterne échappe et

commence à crier. Ceux qui étaient jà montés se

trouvaient au nombre de plus de 100 et ils avaient

leur pétardier à la porte Neuve, pour y appliquer

son pétard, - D'Albigny étant dehors, aux

Barrières, pour faire jouer les siens promptement,

- ce pétardier suivi de quelques autres, dont les

uns saisirent l'avenue de la Tartasse pour faire

tête au secours, les autres délibérément de

s'emparer de la maison des Peaget et de

quelques autres, pour entrer par divers endroits

dedans la ville, quand le reste de leurs gens

serait monté, afin de se rendre maître de la place;

les autres donnent à la porte de la Monnaie pour

faire tête au secours qui pourrait venir de Saint-

Gervais et de la ville.

Etant presque tous entrés, ils commencèrent à

faire leur exécution, mais Dieu commença aussi à

travailler pour nous.

Ils enfoncent d'abord une porte chez Peaget et

tuent un sien serviteur qui accourait contr'eux,

mais, comme ils prétendaient forcer la porte de

devant, ils entendirent que l'on sonnait le tocsin

bien rudement et qu'à la porte de la Monnaie on

accourait pour les repousser: ce qu'ayant fait,

quoiqu'avec grande peine, le coup de Dieu fut

premièrement sur le pétardier, tué devant que

venir pour effectuer ce qu'il prétendait,

secondement sur ceux qui, sortis des maisons

aux cris de leurs compagnons, furent terrassés;

cela faisait entre 3 et 4 heures.

J'étais à l'entrée du pont en ma charge, d'esprit

aussi rassis que je suis à présent et

encourageant les uns et les autres, tous étant

merveilleusement résolus, Dieu merci.

Ces brigands, entendant que leur pétardier était

tué, que, conséquemment, leur secours promis

par D'Albigny manquait et que les nôtres se

renforçaient de minute en minute, commencèrent

à regagner la muraille: les uns se jetèrent du haut

à bas sans corde ni échelle, les autres se

coulaient comme ils pouvaient, et d'autres,

pensant descendre par leurs échelles, les

rompirent à la foule.

L'artillerie, chargée de dragée, donnait cependant

dedans les fossés et ès environs de la porte

Neuve. Il y avait aussi bon nombre d'arquebusiers

à la petite île, proche de ce fossé où était

l'ennemi, qui ne tiraient guère à faux. Par ainsi,

en une heure et demi, parmi les ténèbres, Dieu

montra la lumière de sa grâce à cette ville et

couvrit d'ignominie éternelle ses ennemis, car,

outre les tués sur la place, on en attrapa environ

13, qui furent pendus et étranglés à un long gibet,

sur les deux heures après midi.

Le nombre de leurs blessés, pendus et tués,

comme nous l'avons appris de divers rapports,

monte à 300. Ils étaient dehors, tant au bord du

fossé avec D'Albigny qu'en Pleinpalais et près de

la porte Neuve, près de quatre mille hommes de

pied et de cheval, qui se retirèrent fort

honteusement, et si nous eussions eu alors 300

chevaux et 1000 bons piétons pour faire une

sortie, c'était fait de tous ces brigands, qui

emportèrent leurs blessés comme ils purent.

On a trouvé dans le fossé, où il y a de l'eau et de

la bourbe, force armes offensives et défensives;

les tués et pendus en en ville, outre le moule du

pourpoint, y ont laissé de fort belles armes et de

l'argent. Depuis, par arrêt du conseil des

Soixante, on a coupé les têtes de ces brigands et

on les a plantées sur la muraille du boulevard de

l'Oie, au nombre de 67, et on a jeté les corps au

Rhône pour servir de pâture aux poissons.

Quelques capucins étaient mêlés en ces troupes

hors la ville et aussi un jésuite.

Hier, sur les dix heures du matin, quelqu'un,

suspect d'être du côté des ennemis, ayant été

reconnu sur quelque toit et quelques femmes

ayant crié: l'ennemi est dedans la ville! une

alarme s'est élevée, des plus chaudes que j'aie

jamais vues, mais elle s'est apaisée incontinent.

31 DOSSIER PÉDAGOGIQUE

L’ESCALADE

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Ce jour d'hui mardi et 14e décembre sont entrés

300 arquebusiers et mousquetaires, envoyés en

renfort par les illustres seigneurs de Berne.

D'Albigny a fait arrêter quelques marchands de

Genève, dès samedi dernier, et les tient

prisonniers en Bonne, contre tout droit et raison.

Les seigneurs de Genève détiennent beaucoup

plus de Savoyards et redemandent leurs gens.

Nous verrons dans peu de jours la contenance du

Duc, lequel on disait s'acheminer déjà en

intention de souper dimanche à Genève; il était

un peu loin et ne voulut pas être sitôt de la fête:

son lieutenant d'Albigny approcha des murailles

qui étaient escaladées, car il était bien près de

l'échelle et l'épée au poing, pour accourager et

faire monter par force les bourreaux, en

menaçant de tuer celui qui ne voudrait monter.

Nous avons perdu de nôtre côté environ 16

hommes qui n'eussent pas été tous tués sans les

ténèbres de la nuit, selon que l'on peut

conjecturer.

Si j'eusse été armé d'un corselet et d'un casque,

je me fusse allé fourrer à la mêlée, mais je

redoutais dans ce combat nocturne autant les

amis que les ennemis.

32 DOSSIER PÉDAGOGIQUE

L’ESCALADE