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décembre 2009, NO. 89 suite à la page 2 Bulletin pour les partenaires de Radios Rurales Internationales D e nombreux agriculteurs disent que le temps change. Les saisons des pluies sont devenues imprévisibles. Parfois, les pluies commencent tard et finissent tôt. On peut assister à de longues périodes de sécheresse en plein milieu de la saison des pluies. Lorsque les pluies arrivent, elles peu- vent être si fortes que le sol est lessivé et les récoltes sont détruites. Pour les agriculteurs, il est devenu de plus en plus difficile de savoir quand plan- ter ou même quoi planter. La plupart des chercheurs s’entendent pour dire que le changement climati- que présente une menace grave. Quelques incidences négatives sont main- tenant inévitables. Nous devons tous –surtout les agriculteurs – apprendre comment nous adapter à ces changements. Comment les agriculteurs peuvent-ils s’adapter? Peuvent-ils échapper aux conséquences du changement climatique en revenant aux pratiques agrico- les traditionnelles? Ou bien devraient-ils adopter de nouvelles pratiques modernes? Voilà les genres de questions que vos auditeurs commencent à se poser au sujet du changement climatique. La présente pochette de textes essaie de les aborder. Une grande incertitude règne à propos du changement climatique. Mais une chose semble certaine : si les agriculteurs renforcent la résilience ac- tuelle de leurs systèmes agricoles, ils donneront également un coup de pou- ce à leur capacité d’adaptation au climat changeant. La résilience est la capacité de s’adapter aux chocs et aux situations chan- geantes sans s’effondrer. Les secrets du renforcement de la résilience et de l’adaptation au changement climatique résident dans les pratiques du bon sens comme renforcer la fertilité des sols, conserver et récupérer l’eau de pluie, pratiquer de bonnes méthodes d’entreposage des récoltes et utiliser des pratiques efficaces d’élevage du bétail. Ces pratiques représentent un mélange de vieux et de nouveau : les meil- leures pratiques traditionnelles modifiées par des recherches scientifiques modernes et de nouvelles compréhensions. L’adaptation des agriculteurs au changement climatique

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décembre 2009, NO. 89

suite à la page 2

Bulletin pour les partenaires de Radios Rurales Internationales

D e nombreux agriculteurs disent que le temps change. Les saisons des pluies sont devenues imprévisibles. Parfois, les pluies commencent

tard et finissent tôt. On peut assister à de longues périodes de sécheresse en plein milieu de la saison des pluies. Lorsque les pluies arrivent, elles peu-vent être si fortes que le sol est lessivé et les récoltes sont détruites. Pour les agriculteurs, il est devenu de plus en plus difficile de savoir quand plan-ter ou même quoi planter. La plupart des chercheurs s’entendent pour dire que le changement climati-que présente une menace grave. Quelques incidences négatives sont main-tenant inévitables. Nous devons tous –surtout les agriculteurs – apprendre comment nous adapter à ces changements. Comment les agriculteurs peuvent-ils s’adapter? Peuvent-ils échapper aux conséquences du changement climatique en revenant aux pratiques agrico-les traditionnelles? Ou bien devraient-ils adopter de nouvelles pratiques modernes? Voilà les genres de questions que vos auditeurs commencent à se poser au sujet du changement climatique. La présente pochette de textes essaie de les aborder. Une grande incertitude règne à propos du changement climatique. Mais une chose semble certaine : si les agriculteurs renforcent la résilience ac-tuelle de leurs systèmes agricoles, ils donneront également un coup de pou-ce à leur capacité d’adaptation au climat changeant. La résilience est la capacité de s’adapter aux chocs et aux situations chan-geantes sans s’effondrer. Les secrets du renforcement de la résilience et de l’adaptation au changement climatique résident dans les pratiques du bon sens comme renforcer la fertilité des sols, conserver et récupérer l’eau de pluie, pratiquer de bonnes méthodes d’entreposage des récoltes et utiliser des pratiques efficaces d’élevage du bétail. Ces pratiques représentent un mélange de vieux et de nouveau : les meil-leures pratiques traditionnelles modifiées par des recherches scientifiques modernes et de nouvelles compréhensions.

L’adaptation des agriculteurs au

changement climatique

suite de la page 1

2 ECHOS décembre 2009

La pochette 89 débute avec trois éléments appelés « séries d’en-jeux ». Les séries d’enjeux fournissent des renseignements de base sur les sujets ainsi qu’un guide vers des ressources pour trouver d’autres renseignements : documents, coordonnées d’or-ganismes et émissions de radio. Les séries d’enjeux contenues dans la présente pochette de textes sont conçues pour aider les radiodiffuseurs à acquérir une compréhension fondamentale de la science du changement climatique et aussi de quelques-unes des façons les plus importantes dont les agriculteurs peuvent s’adap-ter au changement climatique et bâtir la résilience des systèmes agricoles. Elles sont destinées à servir de guides en vue de pro-duire des émissions sur l’adaptation au changement climatique. Le premier élément de la pochette (89.1) présente les bases scientifiques du changement climatique et suggère un certain nombre d’approches en vue de produire des émissions de radio sur l’adaptation au changement climatique. Le deuxième élé-ment (89.2) couvre la fertilité des sols. Il débute par quelques récits personnels d’agriculteurs confrontés et/ou s’adaptant avec succès aux défis d’un climat changeant. Le troisième élément (89.3) se concentre sur la récupération de l’eau. Le quatrième élément (89.4) présente sept idées de récits sur l’entreposage des récoltes, pratique cruciale pour l’amélioration de la résilience de l’offre de denrées alimentaires. Le cinquième élément (89.5) est un texte rédigé par Jean-Paul Ntezimana de Radio Salus, parte-naire radiodiffuseur de Radios Rurales Internationales au Rwanda. Il offre des informations sur la contribution du bétail au réchauffement de la planète et sur les mesures que peuvent prendre les agriculteurs qui élèvent du bétail pour minimiser leurs émissions de gaz à effet de serre. Le sixième élément (89.6) et le septième (89.7) sont des ver-sions mises à jour d’anciens textes de Radios Rurales Interna-tionales. Le texte 89.6 couvre les systèmes de récupération de l’eau de pluie sur les toits et le texte 89.7 présente des rensei-gnements généraux sur la façon dont les agriculteurs peuvent s’adapter au changement climatique.

Dans la foulée du thème concernant le changement climatique, nous avons demandé à nos partenaires de répondre à la ques-tion suivante : « Votre station de radio a-t-elle réalisé des émissions sur le changement climatique? Si oui, veuillez en décrire une. Si non, veuillez expliquer pourquoi. » Voici une palette de leurs réponses. (Les réponses ont été légèrement révisées à des fins de publication.)

"« Chaque année, à l'occasion de la Journée mondiale de l'environnement, nous réalisons une émission spéciale sur le thème de l'an-née. Comme vous le savez, le thème de cette année était : « Votre planète a besoin de vous --Unis contre LE CHANGEMENT CLI-MATIQUE . » Nous avons saisi cette occasion pour réaliser une émission de radio sur ce thème avec la participation de M. Aimé Kamga qui était alors responsable du programme Lutte contre la pauvreté et le changement climatique dans la Province de l'Ouest.

Anciens textes portant sur l’adaptation au changement cli-matique : 88.8 Les communautés rurales s’adaptent aux changements cli-matiques 84.14 Modifier les systèmes de production agricole en Afrique pour s'adapter aux changements climatiques 84.11 Les agriculteurs peuvent se préparer à affronter différents modèles météorologiques 84.1 Sekedo, un sorgho résistant à la sécheresse pour Karamoja 64.1 Comment les agriculteurs peuvent-ils s'adapter au change-ment climatique? Ressources supplémentaires : • Programme Adaptation aux changements climatiques en Afri-

que (ACCA) du Centre de recherches pour le développement international (CRDI) : http://www.idrc.ca/fr/ev-94424-201-1-DO_TOPIC.html

• Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du cli-mat, Changements Climatiques 2007: Rapport de Synthèse . http://www.ipcc.ch/pdf/assessment-report/ar4/syr/ar4_syr_fr.pdf

• AfricaAdapt : http://www.africa-adapt.net/AA/default.aspx

Restez à l’écoute… La pochette 90 mettra l’accent sur l’innovation chez les petits exploitants agricoles et mettra en vedette les lauréat(e)s du dernier concours de rédaction de textes de Radios Rurales Internationales.

suite à la page 7

Des radiodiffuseurs partagent leurs expériences avec la programmation sur les changements climatiques

ECHOS 3 décembre 2009

Les riziculteurs de votre région éprou-vent-ils des difficultés à chasser les oi-seaux de leurs champs? Ou bien aime-raient-ils apprendre comment améliorer la qualité du riz qu’ils produisent? Trois textes sur le riz sont inclus dans cette pochette par suite de la collabora-tion suivie de Radios Rurales Interna-

tionales avec le Centre du riz pour l’Afrique (également appelé Africa-Rice, anciennement ADRAO). Le premier texte (89.8) « Cultiver et transformer du riz de très bonne qualité vous rapportera plus d’argent » suggère des façons de planter, de récolter et d’entreposer le riz afin d’obtenir la meilleure qualité. Le deuxième texte (89.9) « Protéger votre récolte de riz contre les oiseaux » est une dramatique portant sur les façons d’effrayer les oiseaux nuisibles. Le troisième texte (89.10) « Combiner de différentes méthodes pour chasser les oiseaux hors des rizières » traite de l’importance de changer fréquemment les méthodes que vous utilisez pour dissuader les oiseaux afin qu’ils demeurent ef-frayés et se tiennent loin des rizicultures. Vidéos sur le riz Vous trouverez jointe à cette pochette une copie française de « Conseils aux riziculteurs : de paysans à paysans » sur DVD. Ces vidéos abordent 11 sujets relatifs à la production, à la transformation et à l’entreposage du riz. AfricaRice et ses partenaires ont également ré-alisé ces vidéos dans plusieurs langues africaines. Pour savoir si les vidéos sont disponibles dans l’une de vos langues, veuillez consulter le site Web suivant : http://www.warda.org/warda/adrao/guide-video.asp et/ou communiquer avec : Jonas Wanvoeke Centre du riz pour l’Afrique (AfricaRice) – ex-ADRAO 01 B.P. 2031, Cotonou, BÉNIN Tél. +229 21 35 01 88 Téléc. +229 21 35 05 56 [email protected] Fax +229 21 35 05 56

Textes et vidéos sur le riz

Des enfants dans un champ en train de faire peur à des oiseaux. Photo credit: Marcella Vrolijks

Bienvenue aux nouveaux partenaires! • Ahémé FM – station de radio communautaire située à Bopa, au Bénin. • GASC (Groupe d’Action Sociale et Communautaire) – ONG qui travaille en collaboration avec deux stations de radio (Radio

Taabo 2 et Radio Diensseba FM). Elle est située à Abidjan, en Côte d'Ivoire. • Plateau FM Olokiki Pobè – station de radio communautaire située à Pobè, au Bénin. • Radio communautaire Oré Ofè – station de radio communautaire située à Tchetti Savalou, au Bénin. • Radio communautaire Ilèma – station de radio communautaire située à Dassa-Zoumé, au Bénin. • Radio la Voix de la Vallée – station de radio communautaire située à Adjohoun, au Bénin. • Radio Salus – station de radio universitaire située à Butare, au Rwanda. • Radio Tigbane – station de radio communautaire religieuse située à Mzuzu, au Malawi. • Restore Hope in Africa – ONG située à Bukavu, RDC, qui appuie six stations de radio rurales.

décembre 2009 4 ECHOS

A u cours d’une cérémonie tenue dans le cadre de la 63e Assemblée générale annuelle de l’Entraide universitaire

mondiale du Canada à Ottawa en novembre dernier, Gladson Makowa a reçu le Prix George Atkins de la communication 2009. Gladson est réalisateur chez le partenaire radiodiffuseur de Radios Rurales Internationales au Malawi, The Story Workshop. Gladson était heureux de recevoir ce prix. Il a déclaré que le prix « est un honneur et une reconnaissance du travail que j’ef-fectue pour mon pays le Malawi, par l’entremise de la maison de production The Story Workshop, et pour l’ensemble de l’A-frique, par l’entremise de votre organisme. » Depuis 2004, Gladson a rédigé un grand nombre d’excellents textes et articles pour Radios Rurales Internationales. Son tex-te intitulé « Le fumier, un travailleur magique » a été un des écrits gagnants du concours 2008 de rédaction de textes radio-phoniques sur le thème « Les stratégies des agriculteurs pour s’adapter au changement climatique ». En plus de rédiger des textes primés, Gladson est devenu un collaborateur de notre bulletin électronique hebdomadaire, Agro Radio Hebdo (ARH). Récemment, Gladson a écrit pour ARH un récit sur les villa-geois qui perdent leurs terres au profit d’une plantation de can-ne à sucre (http://hebdo.farmradio.org/2009/06/15/1-malawi-des-paysans-voient-leurs-terres-agricoles-se-transformer-en-plantation-de-canne-a-sucre-par-gladson-makowa-pour-agro-radio-hebdo-au-malawi/). Ce récit a fait la manchette dans le cadre d’une série spéciale d’ARH sur l’accaparement de terres.

Dans la maison de production The Story Workshop, Gladson travaille à un projet intitulé Mwana Alirenji, qui signifie « autosuffisance alimentaire » en Chichewa, langue nationale du Malawi. Mwana Alirenji est un projet participatif multimé-dia qui connaît un succès retentissant en appuyant le partage d’informations d’agriculteur à agriculteur. Gladson insiste sur le fait que les agriculteurs sont, dans leurs domaines, les experts qu’il faut encourager et auxquels il faut donner une voix. Et c’est exactement ce qu’a réussi à faire The Story Workshop. Félicitations à Gladson! Nous lui souhaitons tout le succès pos-sible à l’avenir!

Et le lauréat du Prix George Atkins de la communication 2009 est …

Gladson Makowa

Autres textes rédigés par Gladson Makowa :

• « La nature n'est jamais nue : L'importance du paillis » (Pochette 75, Texte 1, juin 2005) http://farmradio.org/francais/radio-

scripts/75-1script_fr.asp

• « Quel est l'arbre le plus important de tous? » (Pochette 76, Texte 8, octobre 2005) http://farmradio.org/francais/radio-

scripts/768script_fr.asp

• « Au Malawi, des villageois discutent du rôle des arbres dans leur collectivité » (Pochette 76, Texte 7, octobre 2005) http://

farmradio.org/francais/radio-scripts/76-7script_fr.asp

• « Le genre et le VIH/sida » (Pochette 81, Texte 7, août 2007) http://farmradio.org/francais/radio-scripts/81-7script_fr.asp

• « Les aventures de Neddy : Un travailleur communautaire en santé animale aide un village à gérer la maladie de

Newcastle » (Pochette 88, Texte 3, juillet 2009) http://farmradio.org/francais/radio-scripts/88-3script_fr.asp

Gladson Makowa en entrevue avec une agricultrice au Malawi

ECHOS 5 décembre 2009

Jean-Paul Ntezimana, journaliste avec le partenaire radiodiffu-seur rwandais Radio Salus, a accepté l’invitation de Radios Rurales Internationales de venir au Canada en novembre. Il a eu un emploi du temps chargé à rencontrer des donateurs, don-ner des conférences à Ottawa et à Montréal, interviewer une agricultrice canadienne dans sa ferme et être interviewé par des médias canadiens. De fait, Jean-Paul a une histoire intéressante à raconter au sujet de la façon dont Radio Salus, la station de radio universitaire qui a lancé sa carrière dans les médias, a contribué au développement de la radio agricole après le géno-cide au Rwanda. « Je m’appelle Jean-Paul Ntezimana. Je suis journaliste et je travaille à Radio Salus. Étant donné que mon pays a connu un génocide, chaque chose est affectée par cet événement. Je vais donc partager avec vous mon expérience de la radio et du déve-loppement au Rwanda depuis le génocide, point de vue qui repose sur mon expérience avec Radio Salus », de dire Jean-Paul au début de son allocution devant des donateurs et des partisans de Radios Rurales Internationales rassemblés à Mon-tréal pour entendre son histoire.

Mais tout d’abord quelques faits sur le Rwanda. C’est un petit pays de l’Afrique de l’Est surnommé ‘le pays des mille colli-nes’. La grande majorité des Rwandais sont des agriculteurs de subsistance qui cultivent le riz, les haricots, le manioc, le maïs, les bananes et les pommes de terre. Ils élèvent aussi des vaches, des chèvres, des cochons et des poulets et leurs principales cultures commerciales sont le café et le thé.

Après avoir fait ce bref survol des productions agricoles au Rwanda, Jean-Paul a insisté sur la façon dont la radio donne une voix aux agriculteurs. Il a expliqué que, avant 1994, l’infor-mation agricole était une communication descendante. Les fonctionnaires donnaient l’information aux agriculteurs; les agriculteurs eux-mêmes n’étaient pas jugés connaisseurs ou n’avaient pas voix au chapitre. Au cours des années ayant suivi le génocide, les choses n’ont pas changé. En 2003, des stations de radio commerciales ont fait leur apparition. Cependant, la radio agricole n’était pas une priorité.

En 2005, Radio Salus a été lancée à l’Université Nationale du Rwanda à Butare. À l’époque, Jean-Paul suivait des études en journalisme à l’université. Il fut sélectionné pour faire partie d’une équipe chargée de donner des idées sur le genre de pro-grammation que Radio Salus devrait diffuser en ondes. Selon Jean Paul : « De nombreuses idées ont été émises, mais l’agri-culture ne figurait pas au programme pour ces jeunes étudiants. Cependant, étant donné que je viens d’une famille d’agri-culteurs, je pensais aux problèmes des agriculteurs et je propo-sai une émission agricole à la radio. » Les autres étudiants me regardèrent en disant : « Comment peux-tu devenir une vedette avec la radio agricole? ». Mais Jean-Paul insista qu’il voulait réaliser une émission radiophonique agricole parce qu’il voulait donner une voix aux agriculteurs comme lui. Ce fut le début d’une émission agricole régulière, avec Jean-Paul comme réali-sateur. Même si l’émission de radio est en mesure de tirer parti

des connaissances précieuses de vulga-risateurs agricoles et d’universitaires, le but principal de l’é-mission consiste à donner une voix à ceux qui sont sans voix : les agri-culteurs des régions éloignées du Rwan-da.

En raison du travail de Radio Salus, la radio agricole n’est plus un vecteur pour la communication descendante. Comme Jean-Paul peut en attester, les agriculteurs expriment dorénavant leurs inquiétudes aux fonctionnaires et aux décideurs par le biais de la radio, parce que les entrevues radiophoniques leur permettent de se faire entendre et ils ne reculent plus devant le micro.

Comme exemple, Jean-Paul raconte l’histoire d’une agricultrice qu’il a interviewée. « La vieille femme me demanda : ‘Mais comment pouvez-vous enregistrer ma voix avec ce petit appa-reil et la diffuser à la radio?’ Je lui répondis : ‘Venez, nous al-lons bavarder et demain vous entendrez votre voix à la radio’. » J’ai donc fait le montage de l’entretien et, le lendemain, il fut diffusé à Radio Salus. Lorsque je retournai au village, les gens disaient : ‘Très bien, cet homme est revenu, allons lui parler car nous voulons faire entendre nos voix à la radio’. » Maintenant, dans la province du Sud où est située Radio Salus, les agri-culteurs sont plus ouverts pour exprimer leurs points de vue sur l’agriculture et d’autres sujets comme l’égalité des sexes et l’environnement.

Un radiodiffuseur rwandais explique comment la programmation radiophonique agricole donne une voix aux agriculteurs

Pour en savoir plus sur Jean-Paul Textes qu’il a rédigés pour Radios Rurales Internationales : -« La rétention de l'eau de pluie protège le sol » (Pochette 84, Texte 4, août 2008) : http://www.farmradio.org/francais/radio-scripts/84-8script_fr.asp -« La recherche au Rwanda vise une bonne production des pa-tates douces » (Pochette 86, Texte 11, décembre 2008) : http://www.farmradio.org/francais/radio-scripts/86-11script_fr.asp Jean-Paul réalise actuellement une émission de radio sur les problèmes de conflits fonciers pour Search for Common Ground, ONG américaine qui cherche à transformer les conflits en action coopérative. L’émission est diffusée à Radio Salus et Contact FM. Jean-Paul continue à travailler à l’émis-sion agricole qu’il a contribué à lancer à Radio Salus et conseille les étudiants en journalisme à l’université. Il a égale-ment animé deux cours de formation en ligne préparés par Radios Rurales Internationales pour les radiodiffuseurs ruraux africains.

Jean-Paul Ntezimana (à gauche) et Gladson Makowa en entrevue avec Hilary Moore, une agricultrice canadienne, durant leur visite au Canada.

décembre 2009 6 ECHOS

Qu’est-ce qu’une idée centrale ? Qu'ils l'appellent focalisation, objectif ou hypothèse, les pro-ducteurs sont d'accord pour dire qu'avant d'enregistrer, tu dois t'assurer d'avoir une bonne raison de produire ce reportage. Ton objectif te dira ce qu'il te faut sur le terrain ou quand tu parleras aux gens en studio. Tu seras à qui tu parleras et pourquoi. Dès lors, tu veilleras à ce que chaque membre de ton équipe de pro-duction ait le même objectif en tête. Une bonne idée centrale empêche ton histoire de devenir vague et méconnaissable. Une idée centrale décrit quelqu'un qui fait quelque chose pour une raison particulière. Une bonne idée centrale inclut qui, quoi et pourquoi. Certains producteurs peu-vent avoir leur idée centrale en tête mais la mettre sur papier t'aide à garder le cap. Dans le cadre de ta recherche d'un objectif, trouve une histoire à raconter. L'idée centrale t'aidera à chercher une histoire com-portant un personnage central, de l'action et un motif. Une bon-ne histoire nous touche parce qu'elle exprime des valeurs uni-verselles: l'amour, la haine, la peur, la fierté, la bravoure, etc. Ce sont des valeurs et des attri-buts que nous par-tageons tous. Exemple d'objectif: "Cette émission portera sur les déci-sions des familles d'utiliser des mous-tiquaires et sur l'impact de ces décisions sur leur santé." Idée centrale: "Une famille d'agriculteurs utilisent une mousti-quaire pour leur enfant parce qu'un autre enfant est mort de la malaria."

Guide pour identifier ton histoire et ton idée centrale: Lorsque tu auras les éléments de ton histoire et ton idée centra-le, nous voudrions que: Tu mettes sur papier le(s) PERSONNAGE(S) important(s) de ton histoire. Dans ton cas, il s'agira de personnes réelles et non inventées. Ensuite pour ce(s) personnage(s), écris: • -quel était le PROBLÈME • -quel était l'OBJECTIF (par rapport au problème) • -quel était l'ENJEU (soit spécifique et descriptif) • -quels (ou qui) étaient les OBSTACLES qui empêchaient

l'atteinte de l'objectif • -quelles étaient les ACTIONS qui ont permis de surmonter

ces obstacles pour atteindre l'objectif Ensuite, écris une IDÉE CENTRALE pour ton histoire. Le tableau ci-bas te fourni des exemples:

PERSONNAGE Agriculteur PROBLÈME Sol épuisé, faibles récoltes

OBJECTIF Sol et récoltes améliorés

ENJEU Santé de la famille, maladies éventuelles, malnutrition, pauvreté accrue

OBSTACLES Tradition, peur du changement ACTIONS Année culture intercalaire ¼ des terres

avec dolique, année 2 culture intercalaire semblable, année 3 culture intercalaire sur toutes ses terres

IDÉE CENTRALE Un fermier pauvre trouve le moyen d'améliorer la fertilité de son sol qui aug-mente sa production agricole.

RESSOURCES POUR LES RADIODIFFUSEURS Identification d’une histoire et d’une idée centrale

Rassembler des informations concernant vos auditeurs est un bon moyen pour savoir si vos émissions sont écoutées par votre auditoire cible. Il y a de nombreuses façons de rassembler ces informations. Vous pouvez essayer d'utiliser les idées ci-dessous ou vous préférerez peut-être utiliser vos propres mé-thodes. Mais n'oubliez pas que vos renseignements ne seront valables que si des personnes différentes de vos auditeurs participent. Par exemple, si votre émission a pour cible les femmes, la ma-jorité des participants devraient être des fermières.

Utilisez votre discernement en tant qu'animateur. Les tests d'audience ne sont pas toujours précis et vous devrez donc confronter les informations avec votre propre expérience et vos connaissances 1. Sondages sur les auditeurs Un sondage consiste en une liste de questions qui donne des informations sur ce que votre auditoire aime ou non, les mo-ments où ils vous écoutent le plus, quelles émissions ils aime-raient entendre plus souvent, etc.

Rassembler les réactions de vos auditeurs:

ECHOS 7 décembre 2009

Le sondage peut-être fait par écrit ou à l'oral. Dans beaucoup de cas il ne sera pas forcément plus simple d'utiliser une liste de questions écrites. Vous préférerez peut-être aller rencontrer les gens chez eux pour leur poser vos questions. Quand vous préparerez le questionnaire, vous devrez prendre en compte certains critères: Types de questions: Décidez d'utiliser des questions ouvertes ou fermées. Une question ouverte permet à la personne de don-ner leur propre réponse à la question. Par exemple, «Que pen-sez-vous de notre émission?» Une question fermée est celle où la personne interrogée choisit la réponse la plus appropriée dans une liste. Par exemple, «Comment décririez-vous notre émission?: a) excellente, b) bonne, c) assez bonne, d) mauvai-se?» Les questions ouvertes vous donnent plus de renseigne-ments mais avec les questions fermées il est plus facile de com-parer les résultats. Vous pourrez choisir de faire une combinai-son des deux. 2. Tests en groupe Un «test en groupe» est fait par un petit groupe de personnes sélectionnées avec soin qui discutent de nos émissions et les évaluent. Pour que le test soit efficace, les personnes doivent correspondre à vos auditeurs. Par exemple, si l'auditoire de votre émission est composée de 60% de femmes, de 40% d'hommes et que 70% d'entre eux ont entre 20 et 30 ans, votre groupe devra être formé de six femmes, 4 hommes et 7 d'entre eux devront avoir entre 20 et 30 ans. Le groupe peut être réuni une fois ou sur une base régulière. Vous pourrez profiter de ces rencontres pour tester de nouvelles idées d'émissions ou pour discuter d'émissions antérieures. 3. Discussions de groupe Elles sont similaires aux tests. La différence principale est que les participants sont plus nombreux et qu'ils ne sont pas sélec-tionnés pour correspondre à l'auditoire. Vous pouvez utiliser des groupes de discussions pour évaluer une émission après sa diffusion et parler des thèmes que vous pourriez aborder dans vos prochaines émissions. L'un des types de discussions les plus efficaces est le «groupe d'écoute». Un groupe d'écoute

peut se rassembler une fois par semaine, écouter une émission spécifique et en discuter ensemble. Cela vous donnera des idées pour vos émissions. 4. Registres quotidiens (tenus par des auditeurs) Un registre quotidien des auditeurs est un registre précis des émissions qu'un indivi-du (ou une famille) écoute un jour précis. Pour que cette méthode fonctionne, vos participants doivent pouvoir lire et écrire. Si beaucoup de familles différentes gar-dent un registre quotidien pendant une ou deux semaines, vous obtiendrez des infor-mations précises et détaillées sur les habitudes d'écoute de vos auditeurs. Tout ce que vous devez faire, c'est donner un calen-drier vierge à vos auditeurs et leur demander de le remplir quand ils allument leur radio et quand ils l'éteignent et de noter les émissions qu'ils écoutent. 5. Téléphones cellulaires Les téléphones cellulaires (ou portables) peuvent être un outil important pour mobiliser votre auditoire et obtenir des rétroac-tions. Dans toute émission, vous pouvez incorporer la possibili-té pour vos auditeurs et auditrices de téléphoner ou d'envoyer des textes. Vous pourriez demander à des membres de l'auditoi-re de partager leurs expériences sur le sujet abordé, poser des questions à une personne invitée en studio ou tout simplement fournir une rétroaction sur une émission. Vous pouvez utiliser un registre de la station pour retracer les appels téléphoniques et les messages-textes reçus. Parmi les détails à noter, mention-nons la date et l'heure des appels et à quelle émission, à quel sujet et/ou à quel animateur correspondait l'appel ou le message.

Adapté de « Sagesse commune, » un guide fourni par Krystyn Tully, étudiante, département radio et télévision, Université Ryerson, Toron-to, Canada.

L'année précédente, le thème était : « Stimuler les économies à faible consommation de carbone » et nous avions toujours ré-alisé une édition sur ce thème. Entre temps, nous avons eu à réaliser d'autres émissions sur le thème du changement climati-que pour informer les agriculteurs de la région sur les risques et les conséquences de ce phénomène lié au projet que nous conduisons dans notre institution. Nous avons réalisé trois émissions sur les POP (Polluants Organiques Persistants). Les POP ont un lien étroit avec le changement climatique. Nous avons consacré deux éditions de notre émission radiophonique SOS Environnement au bilan climatique de l'année 2007 et, bien entendu, les deux émissions citées plus haut. » - Roger Gatien Kouam Netcha, documentaliste et communica-teur, responsable du Centre de ressources multimédia du CIP-CRE, Cameroun

« Notre station a réalisé plusieurs émissions portant sur le changement climatique, depuis l'explication du changement climatique jusqu'à ses causes, ses effets et sa mesure. L’une des émissions traite de l’effet du changement climatique sur les femmes en milieu rural. Nous nous sommes rendu compte que ces dernières figurent parmi les groupes les plus touchés par le climat. Les femmes vont chercher de l’eau, du bois de chauffa-ge et, dans certaines collectivités, elles recouvrent d’herbe les toits des maisons. Le changement climatique a compliqué la vie des femmes qui parcourent de grandes distances en quête d’eau. C’est également un cauchemar pour ramasser du bois de chauffage, étant donné que la majorité des arbustes, des forêts, etc. qu’elles utilisaient pour ramener du bois n’existent plus et cette situation provoque des tensions pour trouver du bois de chauffage. » - Fredrick Mariwa, Radio Maendeleo, Kenya

suite de la page 2

Nous apppuyons les radiodiffuseurs de pays en développement pour renforcer l’agriculture à petite échelle et les collectivités rurales. 1404, rue Scott Ottawa ON K1Y 4M8 Téléphone : 613-761-3650 Téléc. : 613-798-0990 Courriel: [email protected] www.farmradio.org Rédactrice en chef : Blythe McKay Rédacteur : Nelly Bassily, Heather Miller Collaborateurs/Collaboratrices Vijay Cuddeford, Fredrick Mariwa, Roger Gatien Kouam Netcha Conceptrice : Anne Girard Programme réalisé avec l’appui financier du gouvernement du Canada agissant par l’entremise de l’Agence canadienne de développement international (ACDI). Le matériel de Radios Rurales Interna-tionales peut être reproduit ou adapté sans autorisation, pourvu qu’il soit dis-tribué gratuitement ou au prix coûtant et que l’on en mentionne l’origine des tex-tes. © Radio Rurales Internationales (Canada) 2009 ISSN 1186-7841

8 ECHOS décembre 2009

Prix George Atkins de la communication 2010 – Appel de candidatures!

Le Prix George Atkins de la communication a été créé en 1991 en vue de reconnaître les radiodiffuseurs ruraux pour leur contribu-tion et leur engagement exceptionnels envers la sécurité alimentaire et la réduction de la pauvreté dans les pays à faibles revenus. Le prix a été nommé en l'honneur du Dr George Atkins, directeur fondateur de Radios Rurales Internationales. Le prix est remis chaque année à une personne démontrant une excellence globale au niveau de ses émissions en vue de répondre aux besoins des petits exploitants agricoles, ainsi que pour son engagement envers Radios Rurales Internationales. Pour être admissible au prix, une personne doit travailler dans un organisme qui est un partenaire radiodiffuseur de Radios Rurales Internationales depuis au moins un an. Veuillez rédiger un court texte disant pourquoi vous estimez que vous, ou quelqu'un que vous connaissez, devriez recevoir le prix. Veuillez envoyer votre candidature par courrier normal à Radios Rurales Internationales, ou par courriel à [email protected] d'ici le 31 mai 2010.

George Atkins laisse l’héritage d’être « au service de l’agriculture, l’indus-trie de base »

C’est avec une profonde tristesse que nous annonçons que notre fondateur, George Atkins, est décédé le 30 novembre 2009. George était âgé de 92 ans. George Atkins était toujours à l’écoute des

agriculteurs. Il n’y a pas un seul agriculteur duquel George ne pouvait pas apprendre quelque chose. Et un de ses meilleurs conseils aux organismes de radiodiffusion était justement cela: être à l’écoute des agriculteurs. En tant que jeune homme, George Atkins fut diplômé du Collège agricole de l’Ontario et gérait une petite ferme. Dans les années cinquante, soixante et soixante-dix, George était bien connu comme chroniqueur agricole de la CBC. Toujours un défenseur du petit agriculteur et de l’agriculture familiale, il terminait toujours ses topos à la radio avec la phrase suivante : « Au service de l'agriculture, l'industrie de base. C’était George At-kins. » À la retraite, George a créé le Réseau de radios rurales des pays en développement (maintenant connu sous le nom Radios Rurales Internationales) en 1979. Il a trouvé l’inspiration de fonder une organisation dédiée à appuyer les petits agriculteurs à travers la radio alors qu’il était assis entre des radiodiffuseurs ruraux du Nigéria et de la Sierra Leone dans un bus en Zambie. C’est grâce au leadership, à la vision et à l’énergie sans pareil de George que l’organisation a grandi. Nos pensées sont avec son épouse, Janet, leurs quatre filles et leurs familles, alors qu’el-les composent avec la perte d'un époux aimant, un père, un grand-père et un arrière grand-père. À Radios Rurales Internationales, nous nous souviendrons toujours des encouragements réguliers, de la bonne humeur et de la joie de vivre de George. Nous sommes encoura-gés par l'exemple de sa persistance et nous honorerons la mémoire de son travail achar-né dans notre travail quotidien. Des messages des condoléances peuvent être envoyés à la famille de George à travers Radios Rurales Internationales. Pour se faire, veuillez SVP contacter Blythe McKay par la poste ou par courriel à [email protected].

Le fondateur de Radios Rurales Internationales sera grandement manqué