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L’économie calédonienne en mouvement

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L’économie calédonienneen mouvement

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Sommaire

Synthèse 5

Une croissance soutenue et un schéma de développementoriginal 9Une croissance soutenue qui s’accompagne d’une augmentationdu niveau de vie et d’un fort développement humain 9Un modèle de développement singulier et qui évolue dans le temps. 16

Principales caractéristiques du développement économiquecalédonien (1987-2005) 21Une structure productive essentiellement tournée vers la satisfaction du marché intérieur 21Une économie introvertie 28Une économie riche de son nickel 33

Eléments de prospective 39Les grands projets nickel et leurs impacts économiques 39Un scénario de croissance tendancielle 44

Conclusion 47

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3Avant propos

La Nouvelle-Calédonie dispose, comme les autres collectivités d'outre-mer, d'un systèmed'information économique et financière plus riche que n'importe quelle région de Métro-pole, avec en particulier des comptes économiques détaillés, un indice des prix, une balancecommerciale, une balance des paiements et un suivi conjoncturel.

Partant du constat de leur insuffisante valorisation, le projet CEROM (ComptesÉconomiques Rapides pour l'Outre-Mer) a été créé en 2004 dans un cadre inter-insti-tutionnel* dans le but de développer le système d'information économique et de créerde nouveaux outils d'aide à la décision pour les autorités publiques. Plusieurs travauxont déjà été publiés aux Antilles et à la Réunion.

Cette étude présente un cadrage macro-économique de la Nouvelle-Calédonie scindéen trois parties :

• La première est consacrée à une présentation des performances en matière de croissance.Elle analyse aussi le “modèle” de développement calédonien en le situant par rapport àcelui prévalant dans d'autres économies insulaires du Pacifique Sud et en étudiant àgrands traits ses principales évolutions au cours des quarante dernières années.

• La deuxième partie est consacrée à la présentation des principales caractéristiques dudéveloppement calédonien au cours des vingt dernières années (1987-2005).

• La troisième et dernière partie est consacrée à une présentation des effets attendus dela réalisation de trois grands projets dans le secteur du nickel et se conclue par uneanalyse prospective de la croissance à moyen terme (horizon 2010).

Le Directeur de l'AFD Le Directeur de l'IEOM Le Directeur de l'ISEENouvelle-Calédonie Nouvelle-Calédonie Nouvelle-Calédonie

Luc Supera Eric Baulard Gérard Baudchon

* l'Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques, l'Agence Française de Développement, l'Institut d'Emissiond'Outre-Mer, l'Institut d'Emission des Départements d'Outre-Mer, l'Institut de Statistique de Polynésie française, le Service duPlan et de la Prévision Economique de Polynésie française, l'Institut de la Statistique et des Etudes Economiques de Nouvelle-Calédonie.

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AFD Agence Française de DéveloppementAPD Aide Publique au DéveloppementAPU Administrations PubliquesBTP Bâtiment et Travaux PublicsCAF Coût, Assurance et FretCEROM Comptes Economiques Rapides pour l’Outre-MerCP Communauté du PacifiqueDOM Département d’Outre-MerDME Didacticiels et Modélisation EconomiquesEUR EuroFBCF Formation Brute de Capital FixeFeNi FerronickelFRF Franc françaisIDH Indicateur de Développement HumainINSEE Institut National de la Statistique et des Études

ÉconomiquesIEOM Institut d’Emission d’Outre-MerIPC Indice des Prix à la ConsommationIS Impôts sur les SociétésISPF Institut de la Statistique de la Polynésie FrançaiseISEE Institut de la Statistique et des Etudes EconomiquesLb LivreLME London Metal Exchange

MIRAB Migrations, Remittances, Aid and BureaucratyNi NickelNS Non SignificatifOCDE Organisation de Coopération et de Développement

EconomiquePACA Provence-Alpes-Côte d’AzurPDEM Pays Développés à Economie de MarchéPEI Petite Economie InsulairePIB Produit Intérieur BrutPNUD Programme des Nations Unies pour le

DéveloppementPPA Parité des Pouvoirs d’AchatSTCPI Société Territoriale Calédonienne de Participation

IndustrielleSLN Société Le NickelSMSP Société Minière du Sud PacifiqueTCER Taux de Change Effectif RéelTGI Taxe Générale à l’ImportationUSD Dollar des Etats-Unis d’AmériqueVA Valeur AjoutéeWDI World Development IndicatorsF.CFP Franc Pacifique

Sigles et abréviations

Facteurs de conversion1 000 F.CFP = 8,38 Euros

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Une croissance soutenue qui s'accom-pagne d'une augmentation du niveau devie et d'un fort développement humain

La croissance calédonienne s'est effec-tuée à un rythme soutenu : en moyenne,plus de 4% par an depuis une vingtained'années. Sur la même période, le PIBpar habitant a augmenté de près de 2%en moyenne annuelle.

Cette croissance a permis de comblerpartiellement l'écart de niveau de vieavec la Métropole (de 1 à 2 en 1960, l'é-cart n'est plus aujourd'hui que de 30%).Le niveau de vie calédonien est actuelle-ment comparable à celui de la Polynésiefrançaise ou encore de l’Aude. Il estsupérieur de 25% à celui prévalant dansles DOM. Le PIB par habitant est prochede celui de la Nouvelle-Zélande, trèsloin devant celui des autres petiteséconomies insulaires (PEI) du PacifiqueSud. Enfin, l'indicateur de développe-ment humain place la Calédonie en 32ème

position mondiale (sur 177 pays).

Un modèle de développement singu-lier et qui évolue dans le temps

La plupart des PEI ont emprunté unschéma de développement extraverticaractérisé par des migrations, des trans-ferts extérieurs importants ainsi que par

Une croissance soutenue et un schéma de développement original

Synthèse

une polarisation sur le secteur abrité.

La Nouvelle-Calédonie a suivi partielle-ment ce schéma, du moins du début desannées 1970 jusqu'au milieu des années1980. Au cours de cette période, lestransferts publics métropolitains passentde 9 à 36% du PIB. L'économie calédo-nienne se polarise sur les services alorsque le nickel voit son poids relatif ré-gresser (de 30% en 1970 à 8% du PIB en1986).

Mais, toujours au cours des années 1970,la Nouvelle-Calédonie s'écarte déjà dumodèle insulaire et ce, au moins à deuxtitres : (1) le “Caillou” reste une terre d'accueil ;(2) les transferts métropolitains ont deforts effets multiplicateurs sur l'activitéintérieure qui augmente plus vite que lesimportations.

De nombreux indicateurs laissent àpenser qu'émerge vers le milieu des an-nées 1980 une nouvelle économie calé-donienne dont les traits principauxseraient les suivants : (1) une spécialisation dans la fourniturede services ; (2) une exploitation des avantages na-turels dans le nickel; (3) une construction d'avantages com-parés dans certains segments de filièresexposées à la concurrence internationale

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Une structure productive essentielle-ment tournée vers la satisfaction dumarché intérieur

La tertiarisation de l'économie calédoni-enne n'a cessé de s'amplifier depuis ledébut des années 1960 (54% du PIB del'époque) pour atteindre aujourd'hui en-viron 70% (soit un taux comparable àcelui de la Métropole). Cette polarisa-tion sur les activités abritées de la con-currence internationale s'explique parplusieurs facteurs : (1) l'étroitesse du marché intérieur(230 000 habitants) ; (2) des différences de rentabilité qui pé-nalisent certainement un secteur exposécontraint par la concurrence interna-tionale à maîtriser ses prix - et donc àcomprimer ses marges - ; (3) la tertiarisation qui est une tendancerepérable dans toutes les économiesdéveloppées ; (4) le développement des services nonmarchands.

Contre toute attente, l'évolution dupoids relatif du secteur exposé semblepeu sensible aux variations de courtterme des conditions de compétitivité.Ainsi, les périodes d'appréciation dutaux de change effectif réel ne s'accom-

pagnent pas d'un recul relatif du secteurexposé ; l'inverse est vrai aussi. Cette in-sensibilité apparente peut s'expliquerpar le niveau élevé des prix intérieurs.

Une économie introvertie

Le taux d'ouverture de l'économie calé-donienne est faible (28% en 2002)comparé à celui des autres PEI du Paci-fique Sud. Cette faiblesse du taux d'ou-verture est due en premier lieu à unemoindre contribution des importationsau total des ressources (38% du PIB).Plusieurs facteurs se conjuguent pourexpliquer cette singularité : (1) près de la moitié des importationssont des biens intermédiaires sur les-quels les entreprises calédoniennesapportent une valeur ajoutée ; (2) le poids des importations dans laconsommation des ménages a ten-dance à diminuer au fur et à mesureque ceux-ci consomment plus de ser-vices ; (3) le niveau des prix des activitésabritées est plus élevé ; ceci majore lavaleur ajoutée courante de ces activitéspar rapport aux importations dont lesprix CAF sont plus bas.

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Principales caractéristiques du développement économique (1987-2005)

et qui résistent à une perte de compéti-tivité-prix ; (4) un déclin relatif de l'agriculture (2%du PIB actuellement) ;

(5) un appareil productif relativementintégré et diversifié compte tenu de lataille de l'économie et des contraintesgéo-économiques.

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7La faiblesse du taux d'ouverture s'ex-plique aussi par la faible contributiondes exportations de biens et services auPIB (18%). Le nickel contribue entre 90et 95% aux exportations de marchandi-ses. La contribution des exportationsde marchandises au PIB a eu tendance àbaisser sur longue période (plus de50% du PIB en 1970, moins de 20% en2000).

La singularité de la Nouvelle-Calédonieréside également dans les modalités definancement de ses déficits commer-ciaux. Ceux-ci sont couverts par lestransferts publics métropolitains. Lepoids de ces transferts est important(entre 20 et 25% du PIB). Ils n'ont cesséde croître depuis le début des années1960 mais, le rythme de leur progres-sion s'est considérablement ralenti(+0,3% en moyenne par an entre 1987et 2003 contre plus de 6% l'an entre1965 et 1985).

Une économie riche de son nickel

La Nouvelle-Calédonie est un acteurimportant sur le marché mondial du

nickel. Cinquième producteur mon-dial avec 8% du marché, le “Caillou”figure parmi les leaders mondiaux enmatière d'exportations de minerais ; ilest le premier exportateur mondial deferronickel.

Les cours du nickel, après avoir chutéfortement entre 1989 et 1999, sontorientés à la hausse depuis le débutdes années 2000 (6,9 USD/lb sur lesdix premiers mois de l’année 2005contre 2,2 USD/lb en octobre 2001).La remontée récente des cours necomble pas la perte de pouvoir d'achatdu nickel sur longue période : ce pou-voir d'achat en produits venant de laMétropole a été divisé par deuxdepuis le début des années 1960.

Le nickel occupe une place embléma-tique importante en Nouvelle-Calé-donie. Son exploitation a marqué lepaysage et conditionne certainementles anticipations des agents. Son poidseffectif semble plus modeste : s'ilconstitue bien la principale ressourced'exportation, sa contribution au PIBest estimée à 12% en 2004.

Eléments de prospective

Les grands projets nickel et leurs im-pacts économiques

Le secteur du nickel est appelé à sedévelopper à la suite de la réalisation detrois grands projets : (1) Le programme 75 000 tonnes de la

SLN. Engagé en 2000, ce projet en coursd'achèvement devrait permettre d'aug-menter la capacité de l'usine pyro-métallurgique de Doniambo de 60 000 à75 000 tonnes à l'horizon 2007. Le mon-tant total des investissements est estiméà 33,5 milliards de F.CFP;

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8(2) Le projet Goro-Nickel est porté parla société canadienne INCO. Il vise àconstruire une usine hydrométal-lurgique d'une capacité annuelle de60 000 tonnes de nickel et de 5 000tonnes de cobalt. Le montant des in-vestissements s'élève à 1,9 milliard deUS dollars. L'usine pourrait débutersa production à partir de 2008 ; (3) Le projet d'usine pyrométal-lurgique de Koniambo associe la SMSPet le producteur canadien Falcon-bridge. Ce projet vise à traiter les gar-niérites du massif de Koniambo (pro-vince Nord). La capacité de produc-tion de l'usine serait de 60 000 tonnespar an. Le montant des investisse-ments est évalué à 2,2 milliards de USdollars. La mise en route de l'usinepourrait avoir lieu entre 2009 et 2010.

Avec la réalisation de ces projets, laproduction métallurgique de la Nou-velle-Calédonie devrait plus quetripler. Ainsi, elle passerait de 55 180tonnes de nickel en 2004 à 195 000tonnes vers 2009 /2010. Cette crois-sance devrait conforter la Nouvelle-Calédonie à la place de premier pro-ducteur mondial de ferronickel.

Ces investissements vont générer unevaleur ajoutée directe (celle dégagéepar les opérateurs) et une valeur a-joutée indirecte (au profit du reste del'économie). En phase de construc-tion (qui devrait s'échelonner jus-qu'en 2008), les projets devraient gé-nérer un supplément de valeur a-joutée dans l'économie chaque année.

En 2007, cette valeur ajoutée induitedevrait atteindre un maximum estiméà plus de 16 milliards de F.CFP. Enphase de fonctionnement (à partir de2009) sous l'hypothèse d'un prixmoyen du nickel à 4 US dollars lalivre, le supplément annuel de valeurajoutée est estimé à environ 107 mil-liards de F.CFP dont 87% sont directe-ment issus des projets, soit 22,4% dela valeur ajoutée estimée dans le cadredu projet CEROM pour l'année 2004.En phase de construction, leschantiers devraient procurer 3 800emplois directs d'ici à 2008, dont 20%attribués localement et 3 500 emploisinduits. Après 2008, les projets em-ploieraient directement 2 000 person-nes et induiraient 2 500 emplois dansle reste de l'économie.

Un scénario de croissance tendan-cielle

La réalisation des grands projets dans lesecteur du nickel constitue une réelleopportunité pour le développement àlong terme de l'économie calédo-nienne. Ces projets auront des effetssur la structure économique calédo-nienne et sur le rééquilibrage spatial duterritoire. En supposant un prolonge-ment des tendances passées hors bran-che minière, l'économie calédonienneconnaîtrait d'ici 2009 un taux de crois-sance de 6,4% par an. L'augmentationde l'emploi sur cette période serait de3% par an, taux inférieur à celui de lacroissance de la population active.

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* Le PIB “en volume” a été calculé, dans l'ancienne base des Comptes économiques de la Nouvelle-Calédonie, en déflatantsa valeur nominale par l'indice des prix à la consommation. Ce déflateur peut introduire des biais (négligeables surlongue période) dans le calcul du PIB réel, la structure des prix de la VA pouvant être notamment différente de celle de laconsommation des ménages. Les travaux récents effectués dans le cadre de l’opération CEROM ont permis le calcul d’undéflateur pour les années 1999 à 2004.

** La population calédonienne est passée de 78 000 habitants en 1960 à 230 000 environ en 2004.

Du début des années 1960 au premierchoc pétrolier. Cette première périodeest marquée par une croissance forte(+10% par an en moyenne), très large-ment supérieure à celle enregistrée enMétropole à l'époque (+5,5%). Cetteprogression de la richesse réelle conduità un doublement du PIB par habitant.

Cette performance est d'autant plus re-marquable que la période est marquéepar une forte accélération de la progres-sion démographique (plus de 4% par ansur la période avec des pics à 7% pourles années 1970 et 1971 ), liée à uneforte migration économique en prove-nance notamment de la Métropole.

Une croissance supérieure à 4% paran en moyenne depuis vingt cinq ans

La croissance calédonienne s'est effec-tuée à un rythme soutenu depuis ledébut des années soixante. Entre 1960 et2004, le produit intérieur brut (PIB) aété multiplié par 6,4 en termes réels (soitune progression moyenne de 4,3% par

an*). Au cours de la même période, lePIB par habitant a été multiplié par 2,2(soit une croissance de 1,8% l'an)**.

Cette croissance ne s'est pas effectuée àtaux constant et l'histoire économiquedu demi-siècle écoulé peut être scindéeen trois grandes périodes :

Une croissance soutenue et un schéma de développement original

Une croissance soutenue qui s'accompagne d'une augmentation duniveau de vie et d'un fort développement humain

Sources : ISEE, CEROM

Taux de croissance du PIB réel

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10Le ralentissement de l'économie mon-diale à la suite des chocs pétroliers af-fectera aussi la dynamique de l'éco-nomie calédonienne. La période1973-1986 est marquée par un netralentissement des rythmes de crois-sance (+0,7% en moyenne annuelle).Cette progression, plus faible quecelle de la population (qui augmentede 1,6% par an sur la même période),conduira à une baisse du PIB par têtequi enregistre un recul de 0,8% par anenviron.

Les dernières années (1987-2004)sont marquées par un retour à unecroissance forte (+4,1% par an)* quise tasse en fin de période ; le PIB parhabitant croissant lui-même à un ryth-

Produit intérieur brut par habitant (2000)

* Le PIB des années 2000 à 2004 a été estimé dans le cadre de l'opération CEROM.

Sources : INSEE, ISEE, ISPF

me soutenu (+1,9% par an) dans uncontexte de ralentissement de la pro-gression démographique (+2,1% paran) par rapport à celle du début desannées 1970.

Cette croissance du PIB par habitantpeut être appréciée par rapport à celleenregistrée dans les régions métropoli-taines. Les performances de la Nou-velle-Calédonie au cours des années1990 (+2,7% l'an en moyenne) est com-parable à celles enregistrées dans les ré-gions françaises les plus dynamiques(comme les Pays de Loire, la Bretagneou encore la Martinique et loin devantla moyenne des autres régions quis'établit à 1,9%).

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Produit intérieur brut par habitant dans le Pacifique

Sources : CP, ISEE, ISPF

Un niveau de vie apparent supérieurà celui des DOM et proche de celui dela Nouvelle-Zélande

La croissance enregistrée depuis le débutdes années 1960 a permis de comblerpartiellement l'écart de niveau de vieavec la Métropole. En 1960, le PIB parhabitant de la Nouvelle-Calédonie étaitinférieur de moitié environ à la moyennenationale. En 1960, le PIB par habitanten Nouvelle-Calédonie s'élevait à envi-ron 119 500 F.CFP contre 239 000 F.CFPen moyenne nationale. Le rapport entreles deux grandeurs était de l'ordre de 1 à2. En 2000, avec un PIB par habitant del'ordre de 2 millions de F.CFP, le rapportn'est plus que de 1 à 1,3. Le niveau de viemoyen apparent, mesuré par le PIB parhabitant, est équivalent à celui de laPolynésie française. Il est supérieur de

25% à la moyenne prévalant dans les dé-partements d'outre-mer (DOM). Com-paré aux niveaux des départements mé-tropolitains, la Nouvelle-Calédonie ar-rive, pour l’année 2000, en 90ème positionsur 103, assez proche de la Haute-Saôneou de l'Aude.

Les comparaisons internationales mon-trent que la Nouvelle-Calédonie était, entermes de PIB par habitant, plus prochede la Nouvelle-Zélande (1,927 million deF.CFP en 2002), voire de l'Australie(2,578 millions de F.CFP), que des autrespetites économies insulaires du PacifiqueSud. L'écart de niveau de vie était de l'or-dre de 1 à 9 par rapport à Fidji, de 1 à 14par rapport au Vanuatu, enfin de 1 à 20environ par rapport à la Papouasie-Nou-velle-Guinée ou aux îles Salomon.

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Indicateur de développement humain (IDH)

Pays/zones Rang mondial Valeur Ecart par rapport(sur 177 pays) IDH à la Calédonie

Australie 3 0.946 109France 16 0.932 107Nouvelle Zélande 18 0.926 107Moyenne pays à développement élevé 0.915 105Nouvelle-Calédonie 32 0.868 100Tonga 63 0.787 91Samoa occidentales 75 0.769 89Fidji 81 0.758 87Moyenne Asie de l'Est et Pacifique 0.740 85Moyenne mondiale 0.729 84Moyenne pays à développement humain moyen 0.695 80Moyenne Pays en voie de développement 0.663 76Iles Salomon 124 0.624 72Vanuatu 129 0.570 66Papouasie-Nouvelle-Guinée 133 0.542 62Moyenne pays à faible développement humain 0.436 50

Sources : PNUD (2004), Rapport sur le développement humain, DME pour la Nouvelle-Calédonie

Plusieurs indicateurs, plus microéco-nomiques, confirment la forte amélio-ration du niveau de vie moyen de lapopulation calédonienne. Entre 1969 et1991, le poids de l'alimentation dans letotal de la consommation des ménagesa régressé sensiblement, passant de 34 à26%. Dans le même temps, la consom-mation de produits manufacturés et deservices passait de 66 à 74% du total desdépenses monétaires des ménages(dont 40% pour les seuls services).L'évolution des achats de véhicules ouencore du taux d'équipement des mé-nages en téléphones (fixes et désormaismobiles) confirme cette tendance. Ainsi,le parc automobile a-t-il été multipliépar 2,6 en 20 ans (entre 1984 et 2003),alors que la population n'augmentaitsur cette période que de 50% ; le tauxde pénétration de la téléphonie, qui n'é-tait encore que de 16% en 1989, at-teignait les 69% en 2003.

Un IDH qui place la Nouvelle-Calé-donie* en 32ème position mondiale (sur177 pays)

La croissance économique s'est accompa-gnée non seulement d'une augmentationdu niveau de vie mais aussi d'un réeldéveloppement humain. L'indicateur dedéveloppement humain (IDH) élaborépar le PNUD permet de classer les pays entenant compte non seulement de leurniveau de PIB par habitant (exprimé àparité des pouvoirs d'achat, ou PPA), maisaussi de leur performance en matière d'é-ducation (niveau d'instruction) et de san-té (espérance de vie à la naissance). L'IDHest un indice sans dimension calculécomme la moyenne pondérée de trois in-dicateurs : l'espérance de vie à la nais-sance, le niveau d'instruction (évalué lui-même à partir du taux d'alphabétisationdes adultes et des taux de scolarisation) etle PIB par habitant à PPA. Chaque indica-

* Calcul DME

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13teur est “normalisé” par rapport à une va-leur maximale théorique. En 2002, l'IDHpour la Nouvelle-Calédonie ressortait à0,87 et plaçait le “Caillou” en 32ème posi-tion mondiale, ex-aequo avec la Républi-que tchèque et non loin du niveau de dé-veloppement humain atteint par Chypreou par Malte. La Nouvelle-Calédonie fi-gurait alors en 3ème position des états et ter-ritoires du Pacifique Sud, après l'Australie(3ème position mondiale), la Nouvelle-Zé-lande (18ème) et derrière la France (en16ème position mondiale). La Nouvelle-Calédonie était loin devant les autres pe-tites économies insulaires de la région.

Une économie polarisée

La Nouvelle-Calédonie souffre de désé-quilibres spatiaux importants con-duisant à une polarisation de l'archipel

sur sa province Sud, et plus particu-lièrement sur le “Grand Nouméa”.

Ces déséquilibres sont d'abord démo-graphiques. 71% de la population seconcentrent dans la province Sud(164 235 habitants au dernier re-censement de 2004 sur un total de230 789). Le “Grand Nouméa”, qui re-groupe les communes de Dumbéa,Mont-Dore, Nouméa et Païta, en ac-cueille à lui seul 63%. La densité depopulation dans la province Sud at-teint 23,4 habitants au km2 (1 999,7hab/km2 à Nouméa) contre 4,6 habi-tants au km2 seulement dans la pro-vince Nord (44 474 habitants en 2004répartis sur près de 10 000 km2) et11,1 habitants au km2 dans la provin-ce des Iles Loyauté (22 080 habitantspour 1 981 km2).

Sources : ISEE, INSEE

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14Ces déséquilibres sont aussi sociaux :les deux tiers de la population de 14ans et plus résidant en province Nordet dans la province des Iles Loyautén'ont aucun diplôme, contre 35% enprovince Sud ; pour 43% de ces 14 anset plus de la province Nord, le niveaud'étude atteint le plus élevé est leniveau primaire (contre 33% pour laprovince des Iles Loyauté et 25% pourla province Sud).

Enfin, ces déséquilibres sont écono-miques. On ne dispose pas de statis-tiques détaillées et récentes révélantles écarts de niveaux de vie entre lesprovinces. La dernière enquête “Bud-get de consommation des ménages”,réalisée en 1991, montrait que 85%du revenu total des ménages étaientversés dans la province Sud, 11,1 %dans la province Nord et 3,9% dans laprovince des Iles Loyauté. Cette ré-partition pourrait s'expliquer dansune certaine mesure par la concentra-tion de la population en provinceSud, mais le calcul du revenu moné-taire annuel moyen par ménage per-met de constater qu'un ménage rési-dant en province Sud avait un revenu1,9 fois supérieur à celui d'un ménagede la province Nord et 2,3 fois su-périeur à celui d'un ménage de laprovince des Iles Loyauté. Les écartssont un peu moins importants si l'onprend en compte les ressources nonmonétaires (cadeaux, avantages ennature, autoconsommation) maisrestent conséquents (les rapports sont

alors respectivement 1,6 et 1,8). Lesdonnées concernant le confort desrésidences principales recueillies lorsdu recensement de la population réa-lisé en 1996 (les chiffres équivalentspour 2004 ne sont pas encore dis-ponibles) montraient aussi que 95%des ménages résidant dans la provinceSud disposaient d'un logement pour-vu d'eau courante contre 60% dans leNord et 25% dans la province des IlesLoyauté. 95% des ménages de la pro-vince Sud étaient raccordés au réseaugénéral d'électricité, contre 77% enprovince Nord et en province IlesLoyauté où respectivement 1 ménagesur 6 et 1 ménage sur 5 s'éclairait en-core à la lampe à pétrole. La réparti-tion de la population active occupéeconfirme ces déséquilibres. 85% dessalariés du secteur privé résident enprovince Sud. 88% des cadres et deschefs d'entreprise, 87% des employéset 78% des ouvriers résident en pro-vince Sud alors que 48% des agricul-teurs résident en province Nord (ilsreprésentent 15% de la population ac-tive occupée de cette province contre2% pour la province Sud et 20% pourla province des Iles Loyauté).

Le rééquilibrage du territoire apparaîtcomme un impératif tant politique,qu'économique et social. Il est inscritdans les accords de Matignon (1988) etdans celui de Nouméa (1998) qui ontdoté la Nouvelle-Calédonie d'un certainnombre d'outils accompagnant la miseen œuvre ce principe.

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Comparaison de niveau de vie et parité de pouvoir d’achat

Les comparaisons internationales de niveau de développement sont faussées par les niveaux moyensde prix très différents qui peuvent exister d'un pays à l'autre. Pour corriger ce biais, les économistesont généralement recours à des comparaisons en “parité de pouvoir d'achat”, c'est-à-dire corrigéesdes écarts de prix, mesurés sur un panier représentatif international de biens et services.

Les caractéristiques de la Nouvelle-Calédonie contribuent à un niveau de prix intérieurs élevé -isolement géographique, politique de protection tarifaire, salaires élevés, etc. -, mais aucune mesurene permet d'apprécier de manière précise la PPA calédonienne.

Plusieurs économistes ont proposé une appréciation rapide des PPA à partir du Big Mac Index, c'est-à-dire de la comparaison internationale du prix du Big Mac. Il s'agit d'un produit uniforme vendudans le monde entier et dont le prix est déterminé par une combinaison d'éléments formant un typede panier diversifié : produits locaux et importés, salaires, services externes, foncier.

Cette mesure confirme le niveau élevé des prix intérieurs en Nouvelle-Calédonie, puisque ce terri-toire arrive en 5ème position sur l'échantillon de pays retenus. En considérant cet indicateur, la PPAcalédonienne est en 2003 25% supérieure à celle de la zone Euro, 69% à celle de la Nouvelle-Zélandeet deux fois plus élevée que celle de l'Australie. Une comparaison des PIB par habitant corrigés desparités de pouvoir d'achat pourrait avoir un profil bien différent de la comparaison brute.

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Sources : The Economist, ISEE

Prix du Big Mac (avril 2003)

Entre parenthèse : rang dans le classement

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La croissance enregistrée en Nouvelle-Calédonie s'est inscrite dans un schémade développement original qui, d'unepart, diffère assez sensiblement de celuiemprunté par d'autres petites économiesinsulaires (PEI) et qui, d'autre part, aévolué assez nettement dans le temps.

Si le développement historique de laNouvelle-Calédonie partage certainescaractéristiques avec le modèle MIRAB,force est aussi de constater qu'il s'enécarte désormais, et probablement deplus en plus.

Un modèle de développement singulier et qui évolue dans le temps

Un schéma standard de développement des PEI : le modèle MIRABLes travaux de Bertram et Watters (1985)* puis, plus récemment de Poirine (1995)**, ont permisde caractériser le schéma de développement emprunté par bon nombre de petites économies insu-laires (PEI) du Pacifique Sud. Selon ces auteurs, le respect des avantages comparés conduit ceséconomies à se spécialiser dans une production de rente (pour laquelle elles bénéficient d'un avan-tage naturel). L'appareil productif local se polarise sur les activités abritées de la concurrence inter-nationale, au sein desquelles les services non marchands occupent une place importante. Dans cesconditions, la demande intérieure est satisfaite par un recours croissant aux importations. Les créa-tions d'emplois étant limitées (et souvent inférieures à la progression démographique), le modèle dedéveloppement s'accompagne d'une émigration importante. Celle-ci procure des revenus de transfertà la population résidente et assure un complément de recettes en devises (en sus des exportations)pour le financement des importations. Ce financement extérieur est généralement abondé par uneaide internationale prodigue***. Ces auteurs ont qualifié ce modèle de développement par unacronyme : MIRAB (MI pour Migrations, R pour Remittances, A pour Aid, B pour Bureaucraty).

* Bertram I.G & Watters R.F (1985), The MIRAB economy in South Pacific Microstates, Pacific Viewpoint, Vol 26n°3, (septembre), pp 497-519.

** Poirine B. (1995), Les petites économies insulaires : théorie et stratégies de développement, L'Harmattan, Paris.*** Selon Doumenge (1988), l'aide extérieure représentait, en 1980, le tiers du PIB des Samoa américaines, des Iles

Salomon ou de Tonga. Cette proportion était de l'ordre de 50% aux îles Cook et aux Samoa occidentales. Elle étaitsupérieure au PIB au Vanuatu, à Tuvalu, à Niue, à Tokelau et en Micronésie américaine.

1970-1986 : Transferts extérieurs etdéveloppement des activités abritées

On constate sur la période un accroisse-ment des transferts publics métropoli-tains suite à des perturbations externespuis internes qui ont affecté la Nou-velle-Calédonie.

D'une part, au début des années 1970,la détérioration de la conjoncture sur lemarché du nickel puis la crise écono-

mique mondiale du milieu des années1970 n'ont plus permis le rendementfiscal des années précédentes malgrél'instauration d'un impôt sur les béné-fices industriels et commerciaux ; la findu boom du nickel a eu pour consé-quence un fort déficit des budgets terri-toriaux ; les recettes fiscales tirées dunickel au cours des années 1960 avaientpermis un gonflement des dépensespubliques devenues incompressibles etnécessitant l'intervention de l'Etat par

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17le biais de versements exceptionnels.D'autre part, en fin de période, en 1986,les transferts publics métropolitains sesont accrus de manière considérable, té-moignant des efforts consentis par l'Etatafin de relancer une activité perturbéepar les “évènements” de 1985. Les années 1970-1986 ont ainsi étémarquées par une très forte augmenta-tion des transferts publics en prove-nance de Métropole : sur cette période,ils ont été plus que multipliés par qua-tre en F.CFP constants (soit une crois-sance moyenne en volume de l'ordre de9% par an). La progression par habitantest tout aussi importante (+8,9% enmoyenne annuelle). Le poids des trans-ferts métropolitains est passé de 9% duPIB en 1970 à 36% en 1986.

Cette croissance des transferts publicsextérieurs s'est traduite par une aug-

mentation du poids des services nonmarchands dans le PIB : 6% du PIB en1970 contre 30% en 1986. L'augmenta-tion du poids relatif des activités abri-tées de la concurrence internationale(BTP, services) s'est accompagnée, cor-rélativement, d'une baisse de la contri-bution au PIB des activités exposées. Cerecul relatif a été particulièrement mar-qué dans le secteur du nickel dont lacontribution au PIB est passée de 30%en 1970 à 10% en 1978 et à 8% en 1986.

La Nouvelle-Calédonie semble doncemprunter, au cours de cette premièrepériode, un schéma de développementproche du modèle MIRAB et danslequel l'injection rapide et massive de la“rente administrative” aurait provoquéun effet semblable à celui d'un syndro-me hollandais.

“Syndrome hollandais” et “effet de serre”L'injection d'une rente (minéralière ou administrative) dans une petite économie ouverte, peut entraînerdes déformations structurelles préjudiciables à la croissance à long terme. L'injection de la rente au tra-vers des dépenses publiques (fonctionnement et investissement) conduit ainsi à une augmentation de lademande de biens et services. Cette croissance est souvent supérieure à celle à laquelle peut répondrel'offre domestique. Il s'ensuit généralement une hausse des prix, puis des taux de salaire (afin de main-tenir le pouvoir d'achat). Cette spirale inflationniste (au travers de la boucle salaires-prix) est préjudi-ciable au secteur exposé à la concurrence internationale qui voit ainsi sa compétitivité se dégrader. Elleest moins problématique dans le secteur abrité où les entreprises peuvent répercuter, sans crainte de laconcurrence internationale, les augmentations de coûts dans leur prix de vente.Au fur et à mesure que le temps passe, la profitabilité dans le secteur concurrencé s'amenuise et les capi-taux se déplacent vers le secteur abrité. La perte de compétitivité se traduit à long terme par une pola-risation des exportations sur le produit de rente et par une croissance presque parallèle des importations.L'économie se déforme et perd progressivement de son dynamisme. Ce phénomène est désigné communé-ment sous le terme de “syndrome hollandais” (dutch disease) en référence aux difficultés économiquesrencontrées aux Pays-Bas à la suite de l'injection de la rente gazière dans l'économie batave.L'économie calédonienne présente certains symptômes de ce dutch disease qui serait provoqué iciplus par la rente administrative (transferts métropolitains) que par la rente tirée du nickel. Mais,elle s'en écarte aussi par certains traits et notamment par la faiblesse de son taux d'ouverture à l'im-portation. La dynamique de l'économie calédonienne pourrait être alors plus le produit d'un “effet deserre” que celui d'un syndrome hollandais stricto sensu.

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Toutefois, le modèle calédonien dif-férait déjà, et au moins sur deux pointsessentiels, du schéma MIRAB :

• à la différence des autres PEI du Paci-fique Sud, la Nouvelle-Calédonie estune terre d'accueil ; entre 1969 et1976, l’accroissement démographi-que (+4,1% par an) est alimenté pardes flux migratoires positifs (+1,3%par an), en provenance essentielle-ment d'Europe, de Wallis-et-Futunaet de Polynésie française ;

• contrairement au schéma standard, laforte croissance des transferts publicsne s'est pas accompagnée d'une aug-mentation proportionnelle des impor-tations. Cette déconnexion constitue

la deuxième originalité du schéma dedéveloppement calédonien. Les trans-ferts ont certainement contribué à ali-menter les importations ; mais, ils onteu aussi un effet multiplicateur surl'activité domestique. Et ce second ef-fet l'a emporté sur le premier. Au to-tal, la croissance globale des transfertspublics (multipliés par 15,7 en valeurcourante entre 1970 et 1986) s'est bienaccompagnée d'une augmentation desimportations, mais celle-ci a été plusfaible (multipliées par 2,6) que celledu PIB (multiplié par 4,2). La dy-namique du secteur productif calé-donien explique la baisse de la pro-pension moyenne à importer, rapportdes importations au PIB, qui passe de64% en 1970 à 39% en 1986.

Les superstructures de la serre, à l'abri de laquelle se développe la Nouvelle-Calédonie à un rythmerelativement soutenu, sont constituées de plusieurs éléments :

des transferts extérieurs importants en provenance de la Métropole (plus de 480 000 F.CFP parhabitant en 2003, soit 22% du PIB par habitant) ;

une protection du marché intérieur. Les barrières douanières demeurent relativement élevées (del'ordre de 20%) et s'ajoutent à des mécanismes de protection non tarifaire ;

une monnaie forte, ancrée désormais sur l'euro, qui a procuré pendant quinze ans environ (de1985 à 1995 et de 2001 à aujourd'hui) un surplus de pouvoir d'achat international ;

une fiscalité intérieure relativement faible (16,1% du PIB en 2002) assortie de diverses dépensesfiscales en faveur notamment de l'investissement (défiscalisations) ;

L'effet de serre dont bénéficie l'économie calédonienne se traduit par un niveau d'équilibre intérieurélevé assorti de déséquilibres extérieurs tout aussi importants :

les mesures de politique budgétaire, fiscale, ou encore commerciale participent au renforcement dupouvoir d'achat des ménages ; d'un autre côté, les politiques d'offre (aides à l'investissement) fa-vorisent un certain développement du tissu productif local ; la création de richesse réelle est impor-tante et le montant nominal du PIB est majoré par le niveau élevé des prix intérieurs ;

le niveau de l'absorption domestique (consommation et investissement) est supérieur au montantdu PIB ; il s'en suit un déséquilibre extérieur important : le déficit de la balance des opérationscourantes atteignait 21,5% du PIB en 2002.

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19Depuis 1987 : un nouveau schémaporteur d'une croissance soutenue etmoins déséquilibrée

La période qui s'ouvre à partir du mi-lieu des années 1980 est marquée parde nombreuses ruptures de tendance :

• démographique, en premier lieu ; laprogression de la population se sta-bilise aux alentours des 2% par an(contre 2,3% entre 1970 et 1986 avecun pic à plus de 7% par an de 1970 à1972) ;

• la rupture de tendance affecte aussi lestransferts publics qui n'augmententque très légèrement en termes réels etpar habitant : en moyenne +0,3% paran entre 1987 et 2003 contre +7,0%entre 1970 et 1986 ;

• les vingt dernières années (1987-2005) sont aussi caractérisées par unecertaine stabilisation dans la réparti-tion des activités entre les secteursabrités (BTP, services) et exposés(agriculture, mines, industries, éner-gie) à la concurrence internationale.Cette répartition se fige, grossière-ment, à 80-20 (80% du PIB pourl'abrité) ; cette distribution sectorielleest due elle-même à une certaine sta-bilité de la contribution des servicesau PIB (75%), et notamment des ser-vices non marchands (25%).

Une nouvelle économie calédonienneémerge vers le milieu des années 1980dont les ressorts sont différents de ceux

à l'œuvre dans les années 1960 et 1970.Un indice, parmi tant d'autres, est lemaintien de la contribution du secteurexposé (hors nickel) au PIB marchand.Cette stabilité (aux alentours des 13 à15% du PIB marchand au cours desvingt dernières années) est d'autant plusremarquable que les conditions de com-pétitivité varient très fortement sur lapériode, avec une alternance de pertes(1985-1995) mais aussi de gains appré-ciables (entre 1995 et 2000). Ce phé-nomène, conjugué avec d'autres indica-teurs, renvoie l'image d'une économiequi, après une longue phase de transi-tion (1960-1987) serait parvenue à fairejouer au mieux ses avantages comparés :

• en se spécialisant sur la fourniture deservices (qui répondent à une deman-de intérieure croissante et qui échap-pent partiellement aux fortes con-traintes imposées par la concurrenceinternationale) ;

• en développant parallèlement des ac-tivités exposées à cette compétitionmais pour lesquelles la Nouvelle-Calédonie a su se construire des avan-tages comparés ; ces activités ne cou-vrent pas, l'ensemble des industriesmanufacturières, mais elles concer-nent certainement des segments defilières ;

• ici comme dans d'autres économiesdéveloppées, le jeu des avantages com-parés (et leur respect) a provoqué unemutation importante de l'agriculture, setraduisant par un déclin relatif certain

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20(moins de 2% du PIB aujourd'hui con-tre 11% au milieu des années 1960) ;

• enfin, et l'avenir devrait renforcer cephénomène, la Nouvelle-Calédonie amaintenu ses avantages non seule-ment dans l'extraction du minerai denickel (5ème producteur mondial)

mais aussi dans sa métallurgie. Laréalisation de trois grands projets dansce secteur est un atout pour cette “Ilemétallique” devenue au fil du tempsune économie relativement intégrée etdiversifiée compte tenu de sa taille etdes contraintes géo-économiques quicontinuent de peser sur elle.

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Au cours des vingt dernières années, ledéveloppement économique de la Nou-velle-Calédonie s'est plus particulière-ment structuré autour de trois aspects :

• l'appareil productif s'est tourné vers lasatisfaction de la demande intérieure ;le secteur abrité et le secteur exposé àla concurrence internationale ont vuleur importance respective évoluer aucours de la période ;

• l'économie calédonienne s'est avérée

relativement peu ouverte sur l'exté-rieur ; cette caractéristique se traduitpar une contribution limitée des ex-portations au PIB mais aussi par unrecours modéré aux importations ; lefinancement des déficits courants esten grande partie assuré par des trans-ferts publics métropolitains ;

• une “île métallique” : la Nouvelle-Calédonie, le “Caillou”, est une îleriche de son nickel.

Principales caractéristiques du développementéconomique calédonien (1987-2005)

Une structure productive essentiellement tournée vers la satisfactiondu marché intérieur

Une économie dominée par sonsecteur tertiaire.

L'économie calédonienne est dominéepar son secteur tertiaire. Ce phénomène

n'est pas nouveau. Dès le milieu des an-nées 1960, les services (marchands etnon marchands) contribuaient déjà àun peu plus de la moitié (54%) du PIBde l'époque (52% en Métropole). De-

Contribution des services au PIB

Source : ISEE

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22puis, cette tertiarisation n'a cessé des'amplifier pour atteindre environ 70%du PIB à la fin des années 1990, ce quireste comparable à la France. Cepen-dant, cette progression n'a pas été cons-tante et le phénomène semble s'êtreglobalement stabilisé au cours de ladernière décennie.

Les activités “exposées” à la concur-rence internationale regroupent l'agri-culture, les mines et la métallurgie, l'é-nergie ainsi que les industries manufac-turières (ce découpage peut paraître im-parfait puisqu'on pourrait y ajouter lesactivités touristiques, notamment les

Hôtels-Cafés-Restaurants ainsi quedivers services connexes). Les activités“abritées” rassemblent donc les autressecteurs de l'économie : le BTP et lesservices, qu'ils soient marchands ounon-marchands.

La montée en puissance des activitésabritées de la compétition interna-tionale s'est accompagnée d'une ten-dance à la baisse du poids relatif dusecteur exposé. Ce poids a été globale-ment divisé par deux entre le milieu desannées 1960 (40% du PIB environ) et lafin des années 1990 (moins de 20%).

Un secteur concurrencé de taille ré-duite à l’échelle régionale mais com-parable à certaines régions mé-tropolitaines

L'importance relative des activités ex-posées à la concurrence internationale(15% du PIB) est nettement plus faible

que celle repérée dans d'autres petiteséconomies insulaires du Pacifique Sud.A titre de comparaison, selon la Banquemondiale, les activités exposées à laconcurrence internationale contribuentpour 82% au PIB de Kiribati, pour 67%en Papouasie-Nouvelle-Guinée et pour50% environ à Fidji et à Tonga.

Contribution du secteur exposé au PIB

Source : ISEE

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23Elle est aussi moins importante (de dixpoints environ) que celle prévalant enAustralie ou en Nouvelle-Zélande.

Mais cette différence est nettementmoins marquée quand les comparai-sons sont faites avec la Métropole (23%en moyenne nationale). Une analyse au

niveau des régions françaises montreque le poids des activités exposées estassez proche de celui constaté en Pro-vence-Alpes-Côte d'Azur, supérieur àcelui de la Martinique, de la Guade-loupe ou encore de la Réunion mais in-férieur à celui de la Guyane (18%).

Part de la VA du secteur exposé dans la VA totale en 2000

Sources : INSEE, ISEE

La contribution des seules industriesmanufacturières à la valeur ajoutée to-tale est plus modeste : 10% (y comprisla métallurgie du nickel) contre 20% enmoyenne nationale (19% en Nouvelle-Zélande, 15% à Fidji et 14% en Aus-

tralie). Elle est comparable à celle pré-valant en Papouasie-Nouvelle-Guinéeou en Guyane et supérieure à celle desautres DOM (5% environ en Guade-loupe, Martinique et Réunion).

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Les principaux facteurs explicatifs dela polarisation sur le secteur abrité

Plusieurs phénomènes se conjuguentpour expliquer cette évolution desstructures productives calédoniennes.

L’étroitesse du marché intérieur (230 000habitants) interdit, en pratique, le dé-veloppement de certaines activités in-dustrielles dont la rentabilité supposeun marché plus large. L'éloignement

pénalise aussi les exportations quisont grevées par des coûts de trans-port relativement élevés et qui au-raient du mal à pénétrer certainsmarchés de la région caractérisés parleur faible pouvoir d'achat.

Des différences dans les niveaux derentabilité peuvent également expliquerle développement relatif des secteurs ex-posés et abrités de la concurrence inter-nationale. On peut émettre en effet l'hy-

Contribution de l’agriculture au PIB

Sources : ISEE, DME

De même, le poids relatif de l'agricul-ture est relativement faible comparé

tant avec la Métropole, qu'avec lesDOM ou les autres états de la région.

Contribution des secteurs à la valeur ajoutée totaleen Nouvelle-Calédonie en 1999

Source : ISEE

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pothèse que les taux de marge produc-tive sont moins élevés dans le secteurconcurrencé qui subit, même s'il de-meure protégé par une fiscalité deporte*, une contrainte de compétitivitéqui n'existe pas (ou alors sous une formetrès amoindrie) dans le secteur abrité decette même compétition internationale.L'évolution des prix depuis une dizained'années semble d’ailleurs confortercette hypothèse : les prix des produitsmanufacturés ont eu tendance à aug-menter moins vite que ceux des services.

Dans ces conditions, le maintien de larentabilité relative entre les deux sec-teurs impose au secteur exposé de réa-liser des gains de productivité à hauteurdu différentiel de prix. Sur longue pé-riode, ces gains de productivité ne peu-vent pas être réalisés sans de nouveauxinvestissements ; mais l'incertitude liée àleur rentabilité future s'ajoute aux écartsde profitabilité pour justifier une mobi-lité du capital en faveur du secteur abritéde la concurrence internationale.

25

Évolution des indices de prix par groupe de produits

Source : ISEE

Des gains (ou des pertes) de compéti-tivité sont également des élémentsd'analyse de l'évolution relative dessecteurs abrités et exposés. Ce facteurn'est évidemment pas totalement ab-sent de la dynamique économiquecalédonienne (surtout sur le très longterme). Toutefois, force est de con-stater que cette sensibilité des poidsrelatifs aux variations du degré decompétitivité est faible, ce que mon-trent les évolutions comparées du

poids du secteur exposé dans le PIB etdu taux de change effectif réél(TCER**). Ce dernier illustre la com-pétitivité-prix des produits calé-doniens par rapport aux produits im-portés. Ainsi, la période dite de “francfaible” (entre 1980 et 1984) s'accom-pagne, de manière quelque peu para-doxale, d'un recul du secteur exposédont la contribution au PIB chute deprès de 5 points (de 26% à 22%). Demême, l'amélioration de la compéti-

* Les droits et taxes à l'importation représentent environ 20% de la valeur CAF des importations.** Le TCER représente le rapport entre l’indice des prix intérieurs de la Nouvelle-Calédonie et celui de ses principaux parte-

naires commerciaux

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tivité entre 1995 et 1999 (due en par-tie à la chute de la valeur de l'eurocontre le dollar) s'accompagne d'unestagnation du poids relatif des activ-ités exposées. Inversement, l'appréci-ation du TCER (qui traduit, toutechose égale par ailleurs, une dégrada-tion de la compétitivité-prix) ne s'ac-

compagne pas nécessairement d'unrecul relatif du secteur exposé. Ainsi,l'appréciation du TCER au cours desannées 1985-1995 (période dite ausside “franc fort”) semble n'avoir eupresque aucune influence sur le poidsrelatif des activités exposées horsnickel dans le PIB marchand.

26

Taux de change du F.CFP et parité du pouvoir d’achats (1948-2005)

Sources : DME, ISEE

Compétitivité et poids du secteur exposé en Nouvelle-Calédonie

Sources : DME, ISEE

Cette insensibilité apparente peut avoirplusieurs explications. On peut émettreainsi l'hypothèse que le niveau des prixest plus élevé en Nouvelle-Calédonieque chez ses partenaires commerciaux

(ce que confirme aussi le taux de chan-ge PPA indexé sur le Big Mac ainsi quele taux PPA sous sa forme relative ouencore l'écart des taux de salaires).

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27Salaires moyens annuels bruts en euros (1999)

Nouvelle-Calédonie France Ecart en (%)Privé et semi Public Métropolitaine (1)/(3)

public (1) (2) (3) (4)Cadres 60 734 55 897 48 090 +26,3Professions internédiaires 32 321 33 417 26 920 +22,9Employés 17 262 18 513 18 530 -6,8Ouvriers 19 954 18 137 18 400 +8,4

Source : ISEE

Dans ces conditions, une améliorationde la compétitivité (mesurée par les va-riations du TCER) peut ne pas suffirepour égaliser les niveaux de prix in-térieurs et extérieurs. En d'autres ter-mes, l'amélioration de la compétitiviténe s'accompagne pas nécessairementd'une amélioration des avantages com-parés.

Les explications concernant la faiblesensibilité aux pertes de compétitivitésont peut-être différentes des précé-dentes. Sur la courte période, la baissedes prix des produits importés ex-primés en F.CFP (à la suite notammentd'une appréciation de la monnaie) peutne pas inciter les opérateurs calé-doniens à cesser leur activité. Ceux-ciconsentent dès lors à une baisse de leurtaux de marge (baisse amortie éventuel-lement par la fiscalité de porte). Cettestratégie leur est d'autant moins préju-diciable que les périodes où la monnaies'apprécie fortement sont courtes, com-me ce fut le cas historiquement entre1985 et 1987 (22% d'appréciation endeux ans) ou encore entre 2001 et 2003(12% d'appréciation en deux ans). Aplus long terme, ces pertes de compéti-tivité justifient la mobilité du capital àdestination du secteur abrité (mais les

liens entre les variations du TCER et lepoids relatif des secteurs ne sont pasconcomitants).

La tertiarisation est une tendancerepérable dans toutes les économiesayant atteint un certain degré de déve-loppement. L'évolution à long termedes activités de services s'expliquealors par d'autres phénomènes struc-turels, dont certains d'ailleurs ne sontpas propres à la Nouvelle-Calédonie.Le niveau de vie relativement élevé, lajeunesse de la population (37% ontmoins de 20 ans), le développementdes infrastructures à la charge dusecteur public sont certainement à l'o-rigine du poids important des acti-vités de construction (9% de la valeurajoutée totale dégagée par l'économieen 1999 contre 5% en moyenne na-tionale et 8% dans les DOM).

La tertiarisation de l'économie calédo-nienne est imputable, pour partie, audéveloppement des services nonmarchands. Ceux-ci ont connu en effetune forte progression (absolue et rela-tive) entre le début des années 1970 etle milieu des années 1980. Mais cettetendance à la hausse (qui a conduit àun triplement de leur poids relatif sur

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cette période) s'est estompée depuisune dizaine d'années et l'on constatedésormais une stagnation de la contri-bution de la valeur ajoutée des servicesnon marchands au PIB (aux alentoursdes 26%). Ce poids relatif est plus im-portant que celui prévalant en moyen-ne nationale (20%). Mais, il est à peuprès du même ordre qu'en Polynésiefrançaise (27%) et il demeure inférieurà celui des DOM (33% en moyenne et42% en Guyane).

Plusieurs facteurs peuvent expliquerl'importance relative (par rapport à lamoyenne nationale) de la valeur ajoutéedes administrations dans le PIB :

• un effet revenu : le niveau moyen des

rémunérations dans la fonction publi-que (territoriale et d'Etat) est plusélevé qu'en Métropole ;

• un effet richesse : la contribution des ad-ministrations publiques au PIB dépend,arithmétiquement, du poids relatif de lavaleur ajoutée marchande. Cette relationest décroissante : plus la valeur ajoutéemarchande est importante, plus la con-tribution du secteur public est faible.Une analyse statistique sur les régionsmétropolitaines montre clairement queles régions les moins favorisées (en ter-mes de PIB par habitant) sont aussicelles où la contribution des administra-tions au total de la valeur ajoutée est laplus forte. La Nouvelle-Calédonie s'in-scrit totalement dans cette relation.

28

Une économie calédonienne faible-ment ouverte sur l’extérieur

Son taux d'ouverture est faible comparé àcelui mesuré dans les autres PEI. En 2002,ce taux s'élevait à 28%, soit un niveaucomparable à celui de la Polynésie fran-çaise ou de Tonga. Ce taux est proche decelui des grandes économies développéesde la région (Australie et Nouvelle-Zé-lande) mais beaucoup plus faible que dansles micro-économies du Pacifique Sud.

Un recours relativement limité auximportations

La faiblesse relative du taux d'ouverturede l'économie calédonienne est due à une

moindre contribution des importationsau total des ressources. Cette situation estdoublement paradoxale : d'une part, lesspécialisations de l'économie calédoni-enne devraient se traduire par un recoursplus important aux produits manufac-turés en provenance du reste du mondeet, d'autre part, ce recours aux importa-tions devrait être facilité par l'absence decontrainte de financement international.Quatre phénomènes peuvent expliquercette situation qui n'est pas singulière,puisque la Nouvelle-Calédonie partagecette caractéristique notamment avec laPolynésie française, mais qui tranchecependant avec celle des autres PEI duPacifique Sud.

Une économie introvertie

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Importations de marchandises en % du PIB

Source : ISEE

Contribution des échanges extérieurs au PIB et taux d’ouverture (2002)

Pays classés par Importations Exportations Taux de Taux taux d’ouverture (biens et services) (biens et services) couverture d’ouverturecroissant sur PIB (1) sur PIB (2) (2)/(1) (1)+(2)/2Australie 22 20 91 21France 25 27 108 26Nouvelle-Zélande 32 33 103 33

Cuba 18 16 89 17Comores 31 15 48 23Polynésie française 34 13 38 24Haïti 36 13 36 25Nouvelle-Calédonie 38 18 48 28République dominicaine 35 26 74 31Tonga 58 13 22 36Trinité et Tobago 43 47 109 45Papouasie NG 49 41 84 45Philippines 49 49 100 49Jamaïque 60 39 65 50Cap Vert 68 31 46 50Grenade 57 47 82 52Barbade 55 52 95 54St Vincent et Grenadines 59 48 81 54Sainte-Lucie 59 55 93 57Samoa Occidentale 82 33 40 58St Kits et Nevis 71 46 65 59Maurice 57 61 107 59Dominique 63 55 87 59Salomon 73 47 64 60Vanuatu 77 49 64 63Antigua et Barbuda 68 60 88 64Fidji 65 71 109 68Sao Tome 95 44 46 70Maldives 67 88 131 78Seychelles 81 78 96 80Malte 89 88 99 89

Sources : PNUD (2004), ISPF (Polynésie française) et ISEE (Nouvelle-Calédonie)

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30Un effet de structures productives :les importations ne sont pas destinéesexclusivement à la satisfaction de lademande finale (consommation desménages et investissement). On es-time que près de la moitié des impor-tations sont utilisées à des fins de con-sommations productives.

Un effet de structure de consomma-tion : comme on l'a vu précédem-ment, le niveau de développement at-teint par la Nouvelle-Calédonie au-jourd'hui se traduit, entre autres, parune structure de consommation desménages dans laquelle la demandepour les produits abrités (logement etservices en particulier) est certaine-ment plus importante que dans lepassé.

Un effet revenu : cet effet est déjàprésent dans celui présenté ci-dessus.Il joue aussi sur le niveau de l'absorp-tion domestique. On peut émettrel'hypothèse, en effet, que la haussedes revenus repérée dans le chapitreprécédent s'est traduite par unehausse du taux d'épargne domestique.Cette hausse contribue à réduire lapropension à consommer et donc,toutes choses égales par ailleurs, lapropension à importer des ménages.D'autre part, le poids des importationsdans le PIB a tendance à d'autant plus

se réduire que la baisse de l'absorp-tion en pourcentage du PIB affecteaussi la demande extérieure.

Un effet prix relatif. La valeur de lapropension moyenne apparente à im-porter peut s'expliquer aussi par undifférentiel de prix. Ainsi, un niveaude prix élevé pour les activités domes-tiques majore la valeur ajoutée de cesecteur exprimée aux prix du marchéet conduit, mécaniquement, à éleverle niveau du PIB. Toutes choses égalespar ailleurs, plus le niveau de prix in-térieurs est élevé et plus faible sera lavaleur de la propension moyenne ap-parente à importer.

Une économie faiblement exportatrice

La contribution des exportations demarchandises au PIB a eu tendance àdiminuer depuis le début des années1980. Ce phénomène est imputable es-sentiellement à la baisse des prix dunickel jusqu'au début de l'année 1999.Depuis, la remontée des cours a inversécette tendance.

Les exportations de nickel (minerais etproduits métallurgiques) représententenviron 90% des exportations totales debiens.

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Exportations de marchandises en % du PIB

Source : ISEE

Exportations de marchandises en valeur (millions de F.CFP)

Minerai Ferro- Total des produits Total des Poids du nickel dansde nickel nickel Mattes miniers et metal. exportations les exportations (%)

1990 7 271 28 260 7 417 42 948 47 563 901991 10 106 26 792 5 989 42 887 46 033 931992 8 577 21 825 4 292 34 694 38 598 901993 7 561 22 844 4 986 35 391 38 101 931994 7 253 25 198 5 995 38 446 41 706 921995 11 532 29 382 6 889 47 803 51 268 931996 12 032 28 868 7 518 48 418 51 507 941997 14 486 31 577 7 022 53 085 57 612 921998 8 638 22 335 5 090 36 063 40 621 891999 8 583 29 445 8 764 46 792 52 387 892000 16 532 44 897 11 029 72 458 78 454 922001 8 491 35 350 9 853 53 694 60 346 892002 7 385 40 180 8 528 56 093 62 414 902003 9 544 54 668 11 225 75 437 82 757 912004 15 866 59 696 14 092 89 654 98 564 91

Sources : Direction Régionale des Douanes, Direction de l’Industrie, des Mines et de l’Énergie

Un financement extérieur assuré parles transferts métropolitains.

La Nouvelle-Calédonie présente à lafois un faible taux d'ouverture et unfaible taux de couverture de ses impor-tations par ses exportations. Cette dou-ble caractéristique n'est pas singulière.

Les spécificités de la Nouvelle-Calé-donie (mais aussi de la Polynésie fran-

çaise) sont plutôt à rechercher dans lesmodalités de financements des déficitsextérieurs (ainsi que dans les montantstransférés).

La Nouvelle-Calédonie et la Polynésiefrançaise ne se distinguent pas tant parle montant de leur déficit courant ex-primé en pourcentage du PIB maisplutôt par la contribution des transfertsextérieurs au PIB.

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Tansferts publics par habitant (F.CFP constants de 1965)

Source : ISEE

Financement du déficit des opérations courantes (2002)

Solde B et S Transfert sans Taux de couverture sur PIB (%) contrepartie du déficit par

(a) en % du par habitant les transferts(1) (2) PIB (b) (3) en USD (4) (5)

Nouvelle-Calédonie -20 22 3 554 110Polynésie française -21 30 4 260 143Tonga -45 16 217 36Samoa -49 15 214 30Fidji +6 2 41 (30)Salomon -26 11 57 42Vanuatu 28 12 133 42Papouasie-Nouvelle-Guinée -8 7 36 90(a) Exportations moins importations de biens et services; (b) Essentiellement APD brute pour les autres PEI (c) (5) = (3) / (2)

Sources : Banque mondiale, PNUD, CEROM

Les transferts rapportés au PIB (colonne3) apparaissent en effet particulièrementélevés comparés aux autres PEI. Comptetenu du niveau élevé du PIB, le montantdes transferts par habitant exprimé enUSD s'avère plus de trente fois supérieurà la moyenne. Enfin, le montant de cestransferts est supérieur à celui du déficitdes opérations sur biens et services avecl'extérieur (colonne 5).

Ce dernier constat ne doit pas conduire àconclure à un “surfinancement” de l'éco-nomie calédonienne. L'analyse de la ba-lance détaillée des paiements de l'année2003 montre en effet que les transfertspublics (en provenance de la Métropole)équilibrent tout juste (ou presque) le dé-

ficit du compte de transactions courantes.

L'importance des transferts publics mé-tropolitains n'est pas un fait nouveau :les transferts par habitant n'ont cessé decroître depuis le milieu des années1960. Mais leur rythme de progressions'est considérablement ralenti (+0,3%en moyenne par an entre 1987 et 2003contre +6,5% entre 1965 et 1986). Acompter de 1987, leur poids dans lePIB, après avoir diminué, s'est stabiliséun peu au dessus de 20% du PIB cesdernières années (exception faite del'année 2000, au cours de laquelle laNouvelle-Calédonie a bénéficié d'unversement exceptionnel de l'Etat enfaveur de la STCPI).

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La Nouvelle-Calédonie est un acteur im-portant sur le marché mondial du nickel

En 2003, la Nouvelle-Calédonie était lecinquième producteur mondial de nickelavec 8% du marché, derrière la Fédéra-tion de Russie (22%), l'Australie (14%),le Canada (12%) et l'Indonésie (11%) etdevant Cuba et la Colombie (5% dumarché mondial chacun). Ce poids re-latif a évolué à la baisse depuis dix ans :en 1994, la Nouvelle-Calédonie figuraiten troisième position mondiale (devantl'Australie à l'époque) et sa contributionrelative à l'offre mondiale était alors del'ordre de 11%.

L'importance de la Nouvelle-Calédoniesur le marché mondial diffère sensiblementsuivant la nature des produits exportés :

• la Nouvelle-Calédonie figure parmiles leaders mondiaux en matière d'ex-portation de minerais ; elle assure, àelle seule, près de 37% des exporta-tions mondiales, loin devant l'Aus-tralie (25%), l'Indonésie (19%) et lesPhilippines (14%) ;

• la Nouvelle-Calédonie est le premierexportateur mondial de ferronickels(avec 36% de part de marché) devantle Japon (24%) ;

Une économie riche de son nickel

Poids des transferts publics dans le PIB

Sources : ISEE, CEROM

Production et exportations de la filière nickel (2004)

Production Exportations Milliers de t. de Ni contenu Milliers de t. de Ni contenu Milliards de F.CFP

Minerais 118,2 53,0 15,9Garniérites 94,6 31,2 10,4Latérites 23,6 21,8 5,5

Produits de fusion 55,2 56,1 73,8Ferronickel 43,0 43,4 59,7Mattes 12,2 12,7 14,1

Total n.s 109,1 89,7

Source : Direction de l’Industrie, des Mines et de l’Énergie

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34• la production de mattes à haute te-

neur oscille entre 10 et 14 000 tonnes(de Ni contenu) depuis 1999 ; lepoids relatif de la Nouvelle-Calédonieest faible (5% environ des exporta-tions mondiales) sur ce segment demarché qui représente pourtant 65%du commerce mondial de nickel.

Ces poids relatifs ne sont pas négligea-bles. Ils ne permettent pas toutefois à la

Nouvelle-Calédonie d'exercer un rôlede leader sur le marché et de peser réel-lement sur le cours mondial du nickel.Le “Caillou” demeure globalement“preneur de prix” (price taker). Lescours du nickel sont fixés au LondonMetal Exchange (LME). Ils ont crûfortement ces dernières années passantd'une moyenne de 2 USD/lb de 1982 à1987, à 6,9 USD /lb sur les dix premiersmois de l’année 2005.

L'évolution des prix relatifs sur longue pé-riode (1960-2005) montre une tendance àla baisse du pouvoir d'achat du nickel ennet redressement depuis quelques années :

• le pouvoir d'achat du nickel expriméen dollar a eu tendance à baisser de-puis le début des années 1960.

• cette baisse est encore plus marquéeen ce qui concerne le pouvoir d'achatdu nickel en produits venant de laMétropole (soit 50% environ des im-portations calédoniennes). Entre

1960 et 2000, ce pouvoir d'achat a étéglobalement divisé par deux.

Le calcul des termes de l'échange con-firme les deux analyses partielles menéesci-dessus concernant le pouvoir d'achatdu nickel respectivement en USD et enF.CFP*. Globalement, les termes de l'é-change du nickel pour la Nouvelle-Calé-donie sont orientés à la baisse depuis ledébut des années 1980. En 20 ans, labaisse globale a été de l'ordre de 60%.Depuis le point bas de 1998, le redresse-ment est spectaculaire.

Cours du nickel au LME

Source : Direction de l’Industrie, des Mines et de l’Énergie

* Les termes de l'échange sont définis ici comme le rapport entre les l’indice des prix du nickel exprimé en F.CFP et l'indice desprix des importations de la Nouvelle-Calédonie obtenu via les indices de prix des pays fournisseurs, compte tenu de l’évolutiondes taux de change et pondérés par les parts de marché de ces pays.

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Toutes choses égales par ailleurs (et no-tamment le taux de change du F.CFP con-tre les différentes devises et le taux d'infla-tion dans les pays partenaires), le maintiendes termes de l'échange aurait supposé une

hausse beaucoup plus soutenue des prixdu nickel, comme on peut le voir en com-parant le prix effectif du nickel au LME etle prix “requis pour stabiliser les termes del'échange”. Hormis la période de boom des

Source : DME

Pouvoir d’achat du nickel en F.CFP (base 100 = 1960)

35Pouvoir d’achat du nickel en USD base 100 = 1960)

Source : DME

Termes de l’échange du nickel (base 100 = 1990)

Source : DME

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prix (1988-1989), la courbe reflétant lesprix effectifs se trouve systématiquementen dessous de la courbe des prix requispour stabiliser les termes de l'échange ; l'é-cart entre les deux indiquant une perte depouvoir d'achat. Le niveau des prix actuels(en 2004-2005), que d'aucuns jugent

“élevés” sont, en fait, “à parité des pouvoirsd'achat” pour 2004 et légèrement supé-rieurs pour 2005 (mais ce niveau de prixne permet en aucune façon de “rattraper”les pertes de pouvoir d'achat accumuléesau cours des décennies précédentes).

36

Prix du nickel

Source : DME

Le nickel dans l'économie calédonienne

La plupart des observateurs s'accordentà reconnaître que la filière nickel oc-cupe une place déterminante dans l'é-conomie et la société calédonienne.Plusieurs indicateurs témoignent ainside cette importance :

Le nickel est l'avantage comparé prin-cipal de la Nouvelle-Calédonie. Les ex-portations de nickel représentent, bonan mal an, environ 90% du total desmarchandises vendues au reste dumonde. La valeur des exportations denickel (qui est passée de 45 milliardsde F.CFP en 1999 à plus de 80 mil-liards de F.CFP en 2004) est de deux àquatre fois plus importante que celledu tourisme (dont les recettes se sta-bilisent à un peu moins de vingt mil-

liards de F.CFP depuis le début de ladécennie). Les exportations de nickelreprésentaient, en 1999, la moitié dutotal des transferts publics métropoli-tains (et 69% en 2003).

Le nickel a marqué le paysage. Son ex-ploitation, à ciel ouvert, a modifié l'en-vironnement naturel, bien qu'au débutdes années 1980 (c'est-à-dire à l'apogéede l'extension du domaine minier), lessurfaces consacrées au nickel nereprésentaient guère que 0,2% de la su-perficie totale de la Nouvelle-Calé-donie. Les activités extractives et lesusines métallurgiques (pour l'instant dela seule SLN) sont autant de signes,tangibles, d'une certaine industrialisa-tion du “Caillou”. Ces activités sevoient et marquent l'histoire, à l'inversedes services qui ont un caractère invisi-

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ble. Le nickel a eu également un impactsur la démographie. Le grand boomhistorique (celui des années 1967 à1971) a favorisé une importante migra-tion et a contribué à la croissance deNouméa. Aujourd'hui, les provincesaménagent leur territoire en prévisionde la réalisation des grands projets (Ko-niambo au Nord, Goro au Sud).

Le nickel conditionne les anticipa-tions. Il n'est pas sûr que les cycles dunickel rythment réellement l'économiecalédonienne. En revanche, ses fluctua-

tions et, surtout, l'annonce des grandsprojets jouent un rôle incontestable,même s'il est difficilement mesurable,sur les anticipations des agents. L'his-toire montre, qu'à défaut d'être tou-jours rationnelles, ces anticipationssont largement adaptatives : l'annoncede la reprise d'un projet ou, au con-traire, de sa mise en stand-by, ont deseffets sur les investissements, publics etprivés, et probablement aussi sur laconsommation des ménages (dont unefraction est assise sur des espérances degains futurs).

37

Ces quelques indicateurs ne doivent pasconduire cependant à surestimer le poidsréel du nickel en Nouvelle Calédonie. En 1999, le nickel (extraction et métal-lurgie) apparaît dans les comptes écono-miques comme le premier pôle industrielde la Nouvelle-Calédonie. Il contribue, àlui seul, à un peu moins de la moitié de la

valeur ajoutée industrielle. Sa taille, en ter-mes de valeur ajoutée, était comparable àcelle du secteur des transports et commu-nications ou encore du BTP.Le poids relatif du secteur (mines et mé-tallurgie du nickel) a eu globalement ten-dance à décliner à partir du début des an-nées 1970.

Centre miniers et métallurgiques en 2004

Source : Direction de l’Industrie, des Mines et de l’Énergie

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38Poids du secteur nickel dans le PIB

Sources : ISEE, CEROM

A la fin du “boom du nickel” (en 1971), lesecteur contribuait pour environ 30% auPIB calédonien. Depuis cette date, ladécroissance relative n'a pas été monotone(avec notamment un “pic” en 1988), maisla tendance à la baisse est néanmoins assezclaire : elle conduit à un “point bas” en1998 où la contribution du secteur au PIBne dépasse guère les 3%. Depuis, la re-montée des cours s'est traduite par uneaugmentation du poids relatif du nickelqui, en 2004, a atteint les 12% selon les es-timations CEROM. Cette performance estcomparable à celle déjà atteinte au débutdes années 1990.

La baisse du nickel en termes relatifs (parrapport au PIB) n'est pas imputable à unediminution de la valeur ajoutée dusecteur. Celle-ci a eu plutôt tendance àaugmenter (multipliée par 3 depuis ledébut des années 1970 en valeur couranteajustée). La décroissance relative du ni-ckel (mais aussi, de fait, des autressecteurs productifs), au cours des vingt-cinq dernières années s'explique en pre-mier lieu par la très forte croissance (ab-solue et relative) du poids des servicesdans l'économie, et notamment des servi-ces non marchands du secteur public.

Poids relatif du nickel et des services dans le PIB

Source: : ISEE

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La prospective est une approche quiprend en compte les aspects qualitatifspar opposition à l'économétrie qui s'ap-puie sur des modèles quantitatifs. Laprospective tente de prévoir l'avenir àpartir d'hypothèses, sur des variablesjugées essentielles, donnant lieu à desscénarios. Elle n'a donc pas pour ambi-tion de prédire l'avenir, mais elle vise,plus modestement, à éclairer les ten-dances possibles et à étudier les chemi-nements entre un présent connu ou es-

timé et des horizons simulés.

Cette partie tente d'apporter dans unpremier temps un éclairage sur l'impactque pourrait avoir la réalisation desgrands projets dans le secteur du nickel(sur la valeur ajoutée, l'emploi, les é-changes extérieurs). Dans un secondtemps, elle vise à mettre en perspectivel'impact relatif de ces projets dans l'é-conomie à moyen terme.

Les grands projets nickel et leurs impacts économiques

Présentation succincte des grands projets

Au cours des années à venir, le secteurdu nickel en Nouvelle-Calédonie estappelé à se développer dans l'hypothèsede la réalisation de trois grands projets :

Le programme 75 000 tonnes de laSLN. Engagé en 2000, ce projet encours d'achèvement devrait permettred'augmenter la capacité de l'usinepyrométallurgique de Doniambo de60 000 à 75 000 tonnes à l'horizon2007. Les garniérites seront extraites,entre autres, du site minier de Tié-baghi (province Nord). Le montanttotal des investissements est estimé à33,5 milliards de F.CFP ;

Le projet Goro-Nickel est porté par lasociété canadienne INCO. Il vise à

construire une usine hydrométal-lurgique d'une capacité annuelle de60 000 tonnes de nickel et de 5 000tonnes de cobalt. Les latérites serontextraites du massif de Goro (provinceSud). Le montant des investissementss'élève à 1,9 milliard de US dollars.L'usine pourrait débuter sa produc-tion à partir de 2008 ;

Le projet d’usine pyrométallurgiquede Koniambo associe la SMSP et leproducteur canadien Falconbridge.Ce projet vise à traiter les garniéritesdu massif de Koniambo (provinceNord). La capacité de production del'usine serait de 60 000 tonnes par an.Le montant des investissements estévalué à 2,2 milliards de US dollars.La mise en route de l'usine pourraitavoir lieu entre 2009 et 2010.

Éléments de prospective

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40Avec la réalisation de ces projets, la pro-duction métallurgique de la Nouvelle-Calédonie devrait plus que tripler. Ain-si, elle passerait de 55 180 tonnes denickel en 2004 à 195 000 tonnes vers

2009/2010. Cette croissance devraitconforter la Nouvelle-Calédonie à laplace de premier producteur mondialde ferronickel.

* Le projet d'extension de la SLN devrait s'échelonner jusqu’en 2006. Pour l'évaluation prospective, les hypothèses de calendrierretenues pour les deux usines ont été les suivantes : construction de l'usine de GORO entre 2005 et 2007 et réalisation de l'u-sine du Nord entre 2006 et 2008.

Évolution prévisible de la production de nickel (métal)

Sources : SLN, Inco, SMSP-Falconbridge

Les hypothèses de l'évaluation prospectiveLe prix du nickel est constant sur la période à 4$/lb (la moyenne longue période observée en-tre 1987 et 2005 est de 3,75$/lb) et le taux de change 1$=100 F.CFP. La demande d'importa-tion directe des projets est estimée supérieure à 80% du montant des investissements.Les limites de cette prospective sont : le non respect du calendrier des projets et les variationsde cours de la livre de nickel et de la parité du $ par rapport au F.CFP.

Les effets attendus des grands projets

La réalisation des trois projets repré-sente un enjeu économique et socialimportant pour le territoire tant parl'ampleur des investissements engagéspar rapport au PIB de la Nouvelle-Calé-donie, que par les effets de rééquili-

brage qui en sont attendus.

Ainsi, cette partie s'attache à évaluerl'impact des projets sur la valeur a-joutée, sur l'emploi et sur les équilibresextérieurs durant la phase de construc-tion et la phase de fonctionnement.

Les effets des projets sur la valeurajoutée.

En phase de construction (qui devrait

s'échelonner jusqu’en 2008*), les pro-jets devraient générer un supplémentde valeur ajoutée dans l'économie cha-que année. En 2007, cette valeur ajou-

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Au total, en année de croisière le sup-plément de valeur ajoutée est donc es-timé à environ 107 milliards de F.CFPdont 87% sont directement issus des

projets, soit 22,4% de la valeur ajoutéeestimée dans le cadre du projet CEROMpour l'année 2004.

Supplément de valeur ajoutée dans l’économie pendantla période de construction des usines

Sources : DME-Exploitation IEOM

Sources : DME-Exploitation IEOM

Supplément de valeur ajoutée directe et indirecte dansl’économie pendant la période de fonctionnement

tée induite devrait atteindre un maxi-mum estimé à plus de 16 milliards deF.CFP.

En phase de fonctionnement (à partirde 2009), le supplément de richesse,aussi bien direct qu'indirect, procurépar les projets devrait être nettement

plus important qu'en phase de con-struction. A partir de 2009, la valeurajoutée dégagée directement par lesprojets pourrait atteindre 93 milliardsde F.CFP. La valeur ajoutée indirecte (cesont les effets induits des projets sur lereste de l'économie) devrait être de l'or-dre de 14 milliards de F.CFP.

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Supplément d’emplois créé par les projets

Sources : SLN, Inco, SMSP-Falconbridge

Besoins en importations de biens et services des projets

Sources : DME-Exploitation IEOM

Des emplois supplémentaires.

En phase de construction, les chantiersdevraient procurer 3 800 emplois directsd'ici à 2008, dont 20% attribués locale-ment. Les emplois indirects dans le restede l'économie pendant cette périodeseraient de l'ordre de 3 500. Au total,7 300 emplois devraient ainsi être offerts,soit l'équivalent de 10% de l'emploisalarié au premier trimestre 2005.

En phase de fonctionnement, les em-plois créés directement par les projetsapprocheraient un total de 2 000 sa-lariés. A ces postes s'ajouteraient près de2 500 emplois indirects dans le reste del'économie. Dans ces conditions, les pro-jets pourraient fournir environ 4 500emplois au total en année de croisière,soit l'équivalent de 6% de l'emploi salariéau premier trimestre 2005.

Une diminution des déficits ex-térieurs

Compte tenu de l'ampleur des projets, les

besoins en importations de biens et servi-ces seront conséquents pendant toute laphase de construction des usines, puis seréduiront en phase de fonctionnement.

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Impact sur la balance des biens et services

Sources : DME-Exploitation IEOM

En phase de construction, les importa-tions de biens et services directementou indirectement liées aux projets de-vraient s'accroître jusqu'en 2007, pouratteindre plus de 157 milliards deF.CFP. Les usines seront dans un picd'investissement. A partir de 2008,l'essentiel des investissements aura étéeffectué, l'usine de GORO et l'extensionde capacité de la SLN seront en activité.

A cette date, ne subsisteront que lesdernières tranches de construction del'usine du Nord. Ainsi, l'incidence sur ledéficit des biens et services devrait s'ac-centuer jusqu'en 2007, puis devrait êtreneutralisé en 2008 par la montée enpuissance des exportations de GOROqui aura débuté son activité métal-lurgique.

En phase de fonctionnement (dès2009), la situation de la balance des bie-ns et services devrait nettement seredresser pour devenir source d'excé-dents. Les importations directementliées au processus de production dunickel devraient être de l'ordre de 30milliards de F.CFP par an. Les exporta-tions supplémentaires de nickel de-vraient pour leur part représenter envi-ron 120 milliards de F.CFP. Le solde netdes exportations supplémentaires denickel devrait ainsi se traduire par unexcédent complémentaire d'environ 90milliards de F.CFP par an pour la Nou-velle-Calédonie.

Les transferts de revenus vers le restedu monde (représentés par les divi-dendes des opérateurs) viendraientdiminuer d'environ 48 milliards deF.CFP les excédents de biens et servi-ces induits par les projets en année decroisière.

Au total, la réalisation des projets per-mettrait d'améliorer chaque année de42 milliards de F.CFP environ le soldedu compte de transactions courantesde la balance des paiements (à com-parer à l'excédent courant qui s'élevait,en 2004, à près de 27 milliards deF.CFP).

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Une contribution aux recettes fiscales

Les projets devraient bénéficier d'exemp-tions fiscales importantes portant, notam-ment, sur la TGI afférente aux biens d'é-quipement importés ainsi que sur l'impôtsur les bénéfices (IS) pendant 15 ans.

En revanche, les dividendes perçus de-

vraient être frappés d'un impôt sur lerevenu des valeurs mobilières au taux de15% pour les opérateurs calédoniens etde 5% pour leurs partenaires canadienset japonais. Ainsi, en année de croisièrele montant global de l'impôt sur lerevenu des valeurs mobilières devraitavoisiner les 2,7 milliards de F.CFP, soit1,6 fois le produit de cet impôt en 2004.

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Un scénario de croissance tendancielle

La réalisation des grands projets dans lesecteur du nickel constitue une réelleopportunité pour le développement àlong terme de l'économie calédonienne,car ces projets auront des effets d'en-traînement positifs sur l'ensemble del'économie.

Cette dernière section cherche à estimerles dynamiques économiques du sec-teur marchand hors nickel et ce quepourrait être l'évolution tendancielle dela valeur ajoutée de la Nouvelle-Calé-donie au cours des années à venir.

Une estimation des rythmes de crois-sance future

L'ensemble de la valeur ajoutée de laNouvelle-Calédonie pour l'année 2005est estimé à 478 milliards de F.CFP en-viron dans le cadre du projet CEROM.La filière “mines et métallurgie” en re-présenterait près de 59 milliards deF.CFP (soit 12%). La valeur ajoutée desadministrations publiques (servicesnon marchands) atteindrait 123 mil-liards de F.CFP (soit 25,7%) et la valeurajoutée marchande hors nickel s'élè-

Impact sur le compte de transactions courantes de la balance des paiements

Sources : DME-Exploitation IEOM

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45verait à 296 milliards (soit 62%).

En phase de fonctionnement, les troisprojets devraient générer dans le sec-teur du nickel un supplément de valeurajoutée directe de 93 milliards de F.CFPpar an (cf. supra). L'ensemble de lavaleur ajoutée du secteur du nickel re-présenterait ainsi 152 milliards deF.CFP.

Dans l'hypothèse où la croissance deseffectifs employés dans les servicesnon marchands suivrait celle de la po-pulation totale (+1,4% par an) et quele secteur n'enregistrerait pas de gainsde productivité, la valeur ajoutée desadministrations publiques (servicesnon marchands) s'élèverait en con-séquence, à 132 milliards de F.CFP en2009.

En l'absence de modèle détaillé, ladynamique du secteur marchand horsnickel (qui regroupe des activités trèsdifférentes) est plus difficile à estimer.Dans l'hypothèse simplificatrice où l'in-tensité capitalistique* resterait constan-te, la croissance de la valeur ajoutée se-rait déterminée essentiellement par lacroissance des effectifs employés et parl'augmentation de la productivité desfacteurs. La croissance des gains de pro-

ductivité serait fixée à 1,5%** par an etcelle des effectifs salariés à 3 % par an,soit au même rythme que la période1999-2003 dans le secteur marchandhors nickel. La combinaison de cesdeux hypothèses aboutit à un rythmede croissance de 4,5% par an de lavaleur ajoutée de ce secteur. Cette pro-gression annuelle moyenne conduirait,en 2009, à une valeur ajoutée mar-chande hors nickel de 369 milliards deF.CFP.

Selon ces hypothèses, la valeur ajoutéetotale de l'année 2009 atteindrait 653milliards de F.CFP, soit une progressionannuelle moyenne de 6,4%. Cette crois-sance serait plus importante que celleestimée pour le PIB entre 1987 et 2004(4,1% par an). L'accélération des ryth-mes est due en grande partie à la réali-sation des projets dans le secteur dunickel.

Le supplément de valeur ajoutée réaliséentre 2004 et 2009 (après la phase deconstruction) serait dû à 53% aux pro-jets. Ainsi, la valeur ajoutée du secteurdu nickel progresserait de 11 points parrapport à 2004 pour atteindre 23% de lavaleur ajoutée globale. Son poids serapprocherait de celui observé entre lesannées 1965 et 1975.

* L’intensité capitalistique est la dotation de capital productif par travailleur.** Les gains de productivité sont compris entre 1,5% et 2% par an en France métropolitaine actuellement

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Compte tenu des différentes hypothèsesde projection, la croissance de l'emploidevrait être de l'ordre de 3% par an enmoyenne entre 2005 et 2010 et corres-pondrait à la création d'environ 11 000emplois au total sur la période (dont

2 000 dans la filière nickel et 2 500 in-directs). Cette progression de l'emploipourrait être toutefois inférieure à cellede la population active (estimée à 4,2%par an).

Évolution des effectifs salariés

Sources : DME-Exploitation IEOM

Contribution des différentes valeurs ajoutées

Sources : DME-Exploitation IEOM

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Depuis vingt ans, l'économie calédonien-ne a connu une croissance soutenue qui arapproché son niveau de vie et de déve-loppement humain de celui de la Métro-pole et de ses grands voisins régionaux.

A l'instar des autres collectivités del'outre-mer français, le modèle de déve-loppement calédonien s'est construit surdes transferts publics de l'Etat qui ont ir-rigué l'économie locale en favorisant lacroissance d'une structure productived'import substitution et la spécialisationdans la fourniture de services essentielle-ment orientés vers un marché intérieur,caractérisé par un niveau de prix élevé.

La singularité calédonienne réside depuistoujours dans la richesse de son patri-moine géologique dont l'exploitationreprésente certes l'essentiel de ses expor-tations mais a contribué à une partdécroissante de sa création de richessecompte tenu d'une hausse plus rapide desdépenses courantes des administrationspubliques.

Le secteur du nickel est appelé à se déve-lopper à travers la mise en œuvre de troisgrands projets industriels (extension decapacité de la SLN, sites de Goro et de Ko-niambo). Leur réalisation devrait permet-tre à la Nouvelle-Calédonie de tripler saproduction métallurgique et ainsi de ren-dre excédentaire sa balance commerciale.

D'un niveau équivalent à une année de

création de valeur ajoutée de son éco-nomie, l'investissement correspondant àces projets devrait générer temporaire-ment des impacts importants sur la pro-duction intérieure brute de la collectivitéainsi que sur l'équipement et les infra-structures du territoire.

En phase de fonctionnement, leur contri-bution à l'emploi et plus généralement àla création de richesse et à l'indispensablerééquilibrage au sein du territoire devraitconsacrer le rôle majeur du nickel dans ledéveloppement de la Nouvelle-Calédonie.

Toutefois, la poursuite de l'améliorationdu taux d'emploi à long terme nécessiterad'autres relais de croissance à partir dessecteurs productifs et de services et no-tamment celui du tourisme, contributeurpotentiel important à la création d'emploi.

A cet effet, l'accroissement attendu des re-cettes publiques locales avec le dévelop-pement des projets miniers, à travers no-tamment la mise en place d'une politiquefiscale adaptée, aura un rôle crucial pourpermettre la diversification et l'extensionspatiale de l'économie calédonienne audelà de l'exploitation du nickel.

La coexistence réussie d'activités indus-trielles et touristiques sur le “Caillou”reposera sur le respect à long terme deprincipes et de règles de gouvernance denature à préserver le développementdurable de la collectivité.

47Conclusion

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1, rue de BarleuxBP J1 - 98849 Nouméa cedexNouvelle-Calédonie

52, avenue Maréchal FochImm. Malawi 3ème étageBP 823 - 98845 Nouméa cedexNouvelle-Calédonie

19, rue de la RépubliqueBP 1758 - 98845 Nouméa cedexNouvelle-Calédonie