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L'ABBAYE DE MOLESME

ET

LES ORIGINES DE NANCY

PAR Cu. PFISTER

En l'année 1075, fut créé par un pieux moine, originaire deChampagne, le monastère de Molesme ', sur un petit affluent de laSeine, dans notre département de la Côte-d'Or. L'abbaye, grâce àl'énergique direction de son fondateur, saint Robert, devint unvéritable foyer de vie religieuse, et bientôt sa renommée se répanditau loin. Dans les contrées les plus reculées, on lui céda des biens.Les seigneurs qui voulaient faire le salut de leur âme fondèrent surleurs propriétés des prieurés où ils appelèrent des moines de Molesmeet qu'ils soumirent à l'autorité de Robert et à celle de ses succes-seurs. Entre toutes les régions, la Lorraine se distingua par son zèleà adopter la nouvelle réforme monastique. Hadwige, femme deGérard d'Alsace, l'ancêtre des ducs lorrains et des empereursd'Autriche, avait créé le prieuré de Châtenois où elle fut enterréeson fils, le duc Thierry Jar, livra la maison à Robert de MolesmeDans un faubourg de Commercy, au Breuil, se dressaient les ruinesd'un couvent de femmes, incendié en 1037 par le terrible comte deTroyes et de Meaux, Eudes Il; à la fin du siècle, le couvent fut rebâtipour les religieux de Molesme, auxquels l'évêque de Toul, Pibon,confirma en 1096 « l'autel qui est situé dans Commercy 3 e, c'est-à-direle droit de patronage et les revenus de l'église paroissiale. Leseigneur de Joinville, Geoffroy l e', fit construire de même dans sa

• Catho cliristiana, t. iv, col. 7 '9; Histoire littéraire de Fronce, t. x, p.2. Dom Cai,net, Histoire de Lorraine, i re édition, col. , 185. Mabillon, Annales orantes

sancti Benedicti, 1. V, p. '95 A.3. Mabillon, ib., t. V, 373 A. La charte a été publiée par Dumont, Histoire de Con,-

mercy, t. I, P. to et i

Document -

D il Il Il il II 111111 I Ili I Ili H- 0000005635214j

CH. pristEIt

ville de Vaucouleurs un prieuré en , l'honneur de saint Thiébauli etil y appela des disciples de Robert '. Vers la même époque, un bureprieuré fut établi sur le territoire de Nancy et rattaché à la- grandeabbaye de Molesme. -

C'est même dans les chartes qui touchent ce prieuré qu'apparait,pour la première fois, d'une façon incontestable, le nom .de Nancy.Le territoire où s'élévera la ville était sans doute habité dès l'époquemérovingienne, puisqu'on vient d'y découvrir un cimetire de cettepériode'; on connaît aussi un trient d'or qui porte la légende;NA!1crAc03 ; mais jusqu'à la fin du ne siècle, on perd toute trace deNancy i nous ne retrouvons la ville qu'avec la création du prieuréde Notre-Dame '.

Six chartes des cartulaires de Molesme, conservés aux archivesdépartementales de la Côte-d'Or à Dijon (xtie et xllte sièclei H 142

et H f435) nous parlent de ce prieuré de Nancy. Or, de ces sixchartes, deux seulement ont déjà été publiées intégralement ; de latroisième on ne connaissait qu'un fragment assez peu étendu Lestrois autres sont entièrement inédites. Nous nous proposons dpublier ici celles de ces chartes qui ne Sont pas encore connues etd'analyser les autres; nous tirerons de celles-ci et de celles-là unesérie de renseignemeiits sur l'histoire de la Lorraine et de Nancy.

1. Le duc de Lorraine, Thierry I", donne à l'abbaye Noire-Darne de

.Molesrne une nouvelle église sise 'à Nancy et élevée sur un alleu

de Gocelin de Parey; il accorde pour la construction de l'église

toits les cens provenant de quelques-uns de ses alleux (i 080-1090).

Qjjoniam proelet-ilorum rerum gesta firmius retinentur scripto atqut tillera quam

cordis memoria, idcirco quandain targilionem sanctx 6 Marix et ecclesiz M'olisme,asi

t. Rotin abelle, Notice sur la ville de Vaucouleurs dans les Mémoires de la Société deslettres, sciences et arts de Rar-le-Duc, t. VIII, p. '8. Les pièces concernant ces trois prieurésse trouvent dans lei cartulaires de Molesme et mériteraient d'être publiés par quelque ami-leur de l'histoire de Lorraine. -

s. Quintard, Le cimetière mérovingien de Saint-Jean dans les Mémoires de la Société d'ar-chéologie lorraine, 1 895.

3. M. Prou, ire monnaies mérovingiennes, P. 213, n 0 986.4. On trouve auparavant simple mention j trois reprises d'un personnage nommé Odelrirns

de Nanreio ou Odelricua advocatus de Nanrrio. Sa souscription se lis au bas de trois chartesde t 069, 107 t et i073. Dom Calmer, i re édition, t. II, col, cccxli; 5. I - col. 47 1 et 474

5. Les pièces, n°5 , 5 et G se retrouvent dans une copie faite en t 639 du second caria -'aile, aux mêmes archives H 144. Deux cent vingt-sept chartes extraites de ces canula ires ontété publiées par M. E mile soc t rd • tous le titre chaires inédites extraites dec trinitairesires deMatit-ne intéressant un grand nonitsre de localités du département de l'Aube, Troyes, 1861,in-4° (Extraie du tome xxiv des Mémoires de la Société académique de l'Aube),

6. Au lieu d' nous trouvons data le manuscrit des e cedillés.--

-7

L'ABBAYE DE MOLESME ET LES ORIGINES DE NANCY

factam .volum us litteris inscribere, ut o. posterorurra notitia valent diutius inviolata

perdurare. Votumus ergot notun, esse omnibus fidelibus tom posteris quam presen-

tibus quod Teodericus, dux Lotharingiz, concedente flUo sur, Simone, dedit Deo et

Sonda Maria Mo!ismensi nosseflam ecclesiam qua sua est apud Nantiacum tau

tenore ut monaclai haberent dimidiurn presbitera!um et dirnidiam sepulturam et di-

midiam terrain alto ris. Principale autem altare ejusdem ecclesia dedit ita tiberum ut

nullus in co atiquid haberet prater monachos. Notandum vero quod ipso ecclesia

fun data est in atodio quod San dx .ltl'arit MoUsmensi dedit Gocelinus miles de Pare

cum uno servo Alberto nomine. Ad cuj us ecctesia constructionem concessit pradictus

dux courtes rectos census alodiorum suorum, id est Nanciaco ', de Ulmis 2, de Gun-duluilla , de Asca 1, de Galesburas , de Sir eu , de Florengias , de Nurbec a,

et persinguta lacer unum servum cum Omni tenernento suo qui ipso5 census recolligat et

ad urilitatem monachoru,n et ecdlesix constructio,aem fideliter con gregare studeat.

Hujus concessionis testes fuerunt Walterius advocatus, Odelardus et Drogo.or cartulaire de Molesme. Archives de la Côte-d'Or, H 142, P . 41-)

OBSERVATIONS. - Il nous faut d'abord déterminer la date de ce document.

Le duc Thierry I" de Lorraine, de qui il émane incontestablement, a régné de1070 à z t 15. Mais il ne s'est marié qu'en 1075, avec la veuve du comte de Sup-plimbourg Gebhard. Comme le consentement de 4h fils Simon est mentionnédans l'acte, la charte ne saurait être antérieure à l'année s oSo environ. Nous laplaçons entre s oSo et 1090.

Thierry accorde à Molesme novellam ecctesiam et ces deux termes nous doiventarrêter. Ils nous semblent indiquer clairement qu'il y avait déjà à Nancy unepremière église, celle qui servait de paroisse. La comparaison de ce passageavec la charte n° 1V rendra cette conclusion évidente, Dans la nouvelle église,qui scia dédiée à Notre-Dame, comme celte de Molesme, toutes les cérémo-nies du culte pourront être accomplies; on y célébrera même l'office funèbredes morts. La moitié des redevances payées pour ces services (presbiteratus,sepultura) appartiendra aux moines; même on leur abandonnera intégralementles revenus du maître-autel, sans que le curé de Nancy puisse élever aucuneréclamation. Si des fidèles fondent dans l'église des autels et affectent des biens-fonds à l'entretien de l'autel (terram atterris), la moitié du produit de ces bienssera laissée aux moines.

Le terrain sur lequel s'élève l'église Notre-Dame n'appartenait pas au ducde Lorraine, comme on l'a cru jusqu'ici; il fut cédé à Molesme par , un chevalierlorrain, Gocelin de Pare. Nous avons identifié Pare avec Parey-Saint-Césaire, au

t. Nancy.2. Ormes-et-Ville, canton d'Haroué, arrondissement de Nancy.3. Gondreville, canton de Tout-Nord, arrondissement de Nancy. C'était une ancienne rési-

dence des rois carolingiens.4. Aix ou Asche, commune de Gondrecourt, canton de Conflarsa, arrondissement de Briey,

Moselle.S. Walnchbronn , autrefois canton de Wolmunater, arrondissement de Sarreguemines, Moselle.6. Sierck , autrefois arrondissement de Thionville, Moselle,7. Florange, autrefois canton et arrondissement de Thionville.S. Noua n'avons pas pu raire l'identification.

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canton de Vézelise, arrondissement de Nancy; mais l'identification est loin d'êtrecertaine. Le duc Thierry aida seulement de ses deniers à construire l'église. Ilabandonna les cens qu'il levait sur quelques-tins de es alleux, et notre chartenous énumère quels étaient ces alleux; ils se partagent en deux groupesl'un autour de Nancy, l'autre autour de Sierk ; - ce sont les noyaux des deuxbailliages futurs de Nancy et d'Allemagne. Un serf habitant su' chaque alleu

doit rassembler ces redevances et les apporter aux moines.La charte est souscrite par trois personnages. D'abord Walterius advocatus. Il

et assez malaisé de dire ce qu'il faut entendre ici -par advocatus. S'agit-il d'un

voué laïque, chargé 'de protéger les biens d'un monastère ou d'une église?S'agit-il, au contraire, d'un véritable chef de la ville de Nancy, comme cet advo-

calas civitalis Leucorum qui, • dans un diplôme contemporain, est opposé auxvoués des deux monstères de Saint-Evre et de Saint-Mansuy, situés en cetteville Y Cette dernière hypothèse nous séduit beaucoup; bien entendu, dansnotre pensée, ce voué de Nancy était nommé par le duc. Sur le second person-

nage, Odetardus, nous n'avons aucun renseignement. Osant au troisième, Drogoou Dreu, nous le retrouvons dans l'acte suivant où il porte le titre de sénéchal.Le sénéchal sera plus tard l'un des grands officiers du duc de Lorraine; il ne

semble pas qu'au x l e siècle cette dignité ait déjà eu dans notre région une telleimportance, puisque la souscription de Drogon ne se trouve ni ici ni dans l'actesuivant au premier rang. Au XII' siècle, un certain nombre de chartes mention-nent un sénéchal qui porte le nom de « Drogo de - Nanceio s. li fut l'un des

bienfaiteurs de l'abhye cistercienne de Beaupré où il se retira en 1177. Peut-être ce Drogon est-il le fils de èelui qui souscrit les chartes de Molesme. Lafamille de Lenoncourt revendique Drogon de Nancy comme son ancé t re a ; mais

ses prétentions généalogiques ne nous paraissent pas fondées.

II. Le duc de Lorraine, Thierry 1er, décide que la nouvelle église cons-truite à Nancy et donnée à Notre-Dame de Molesme paierachaque année à ce monastère un cens d'un marc d'argent, tantqu'elle restera prieuré. Le prieuré ne pourra devenir abbayeque du consentement de l'abbé de M'olesme, et en ce cas il appar-tiendra à l'abbé de Molesme de nommer l'abbé de Nancy et dele déposer, s'il n'obéit pas à ses justes remontrances.. Que si

• j. En 1072. A côté des voués des deux abbayes on cite Jienricess advocatus, Dbm.Calmet,' r' édition, t. I, preuves, col. 474. or, dans un diplôme précédent de top, te même H etsriporte ce titre S. Renrici aei,'ocati civitatis Leucorum et, à côté de lui, on cite des scabint.Odetriresa de Nanceio, cité plut haut, porte aussi dans une charte le titre de advocatesr de Mate-

cela Peut-être Walter lui a-t-il succédé.2, Ces mentions ont été relevées par M. Lion Ccressain, dans son articleRestitution 0e'

duc Mathirtt fer dune charte attribuée au duc Mathieu Il (Joternat de ta Société d'archéologie

lorrai,te, 1394, p. s56). Orogun de Nancy te retira si à Beaupié en t 177saurait être le

même que le Dragon qui, à la fin du zt' siècle, approuve la donation du prieuré Notre-Dam,à Molesme. -

3. histoire manuscrite de ta maison de Leteoncourt, citée par Dom Calmer, I r e édition,

col. 1105.

L'ABBAYE DE MOLESME ET LES ORIGINES 0E NANCY 225

l'abbé de Molesme vient à Nancy, le supérieur de Nancy lui

devra céder sa place (vers 1090).

f er cartulaire de Molesme, p. 9°. Cette charte a été publiée déjà par [JérômeVign ierj La véritable origine des tris illustres maisons d'Alsace, de Lorraine,

d'Autriche, de Rade. Paris, M.DC.XLIX, p. 212. Corrigez à la ligne 2, ad

construendam ecclesiam, au lieu de ad continendam ecclesiam ; à la ligne 7, ai'lieu de quia ipse de suis ruai consillo timentium Dominant debet eli8ere, lisezquiet ipse de suis [criait] consilio tantum dominant debet eligerc. Dans les souscrip-tions, au lieu (te Ana de More, lisez Ain,n de More. Vignier qui a habitél'Oratoire de Nancy, installé à partir de 1618 dans l'ancien prieuré Notre-Dame,n'a pas trouvé ce document dans les archives de cette maison il lui a étécommuniqué, comme il nous l'apprend en marge, par le R. P. Pierre de Sainte-Catherine, feuillant. Un peu plus loin, p. uS; Vignier publie une secondecharte, datée de si 58-par laquelle le duc Mathieu 1er céda au prieuré Notre-Dame l'Hôtel-Dieu situé devant Nancy. La publication, dit-il, a été faite ex

canut ario Molismensi. Cette pièce ne se trouve pas dans le cartulaire mais elleexiste en original aux archives de La Côte-d'Or, H z38.

OBSERVATIONS. - Cette charte a dû être conférée quelque temps après la pré-cédente, dans les dernières années du xie ou les premières années du xIIe siècle.Elle précise la situation du prieuré de Nancy vis-à-vis de la maison-mère. Lessouscripteurs sont Simon, fils du duc, son précepteur Annuntius, le voué Walteret Drogon dont il a été question plus haut (ici celui-ci porte le litre de séné-chal), Widric de Sierck, Aimon de More, Oylard de Blainville (Blainville aucanton de Bayon), et Albéric, sans doute le curé de Nancy dont il sera questionau n° 1V.

III. Le duc de Lorraine, Thierry fer, confirme à l'abbé Widon de

Molesme la possession de l'église Notre-Dame située devant la

ville de Nancy (liii - ii 15).

Qjuoniam labilis est humaine mentis intencio, et oblivio,,i multocics obnoxia,

quamdam largitionem Deo et Sancur Marix Molismensi factam polumus litterali

memorix commendare, ut ad posterorum nostrosum noticiom valeat perdurait,quatinus, si quis diabolico instir,ctu quod sollempniter actant est aliqua dolositate

valuent penientere, bis apicibus et subscriptés convictus testibus, pires nocendi non

habeat, et utiiltas ecclesix inviolata permaneat. Ego igitur Theodoricus, Dei gratia

dia Lot haningix, credens misericordix openibus cuncta peccatorum incendia facile

restingui Dominique gratiam talibus lsostiis ben ignius pronlereni passe, cupiensetiam ex iniquo Mammona amicos mil,i in futur prxparare, trado et concedo

sanctx Dei genitrici .Îvlarirc et fratribus sibi rit Molisrnensi servienlibus ec-

clesiara qux est coram Nanciaco castra mea cum omnibus appendiciis suis, quant de

mets redditibus ad utilitatem et pro ficuum prxdictx ecclesix Molismensis xdificare

226 CH. PFISTÊR

disposai, tom pro scttutc eorpois mci et aninax ni ex et uxoris et flhioruna meorum

quam etiam pro remedio poids et mains et omnium parentum nlcorum, taudanic

uxore mea et omnibus libenis meis, concedcnte etiam dorano Pibone episcopo Tut-

tensi, cujus concessionis Siden tissima constant indicia, quod sua gratin mets implo-

roUis precibus altaria ejusdeii ecclesiœ cum cimeterjo consecrat'it, presente domno

Stepltano Tultensi archidiacono. Houe iraditionem sin conceslionem tempore

dorani Robcnti prirni M'oiismensis abbatis primo [cci et iterum tempos-e domni

W'idonis abbatis secundi renouons costfirmavi et subscriplis testibus nique fidetibus

tradidi roborandum. S. ducis Theodorici. S. Theodorici advocaii. S. Witdrici

fratnis ejus.(il, cartttlaire de Molesme, p. 108.)

OBSERVATIONS. - Robert de Molesme était mort en j 110, le 21 mars, c'est-à-dire en nouveau style ia'i. (Galba chnistiana, IV, col. 732.) Il eut pour suc-cesseur L'abbé Widon, sous le gouvernement duquel cette charte a été faite.Comme Thierry 1er mourut en ta'5, elle date des années i si-ii'5. Quelquesmots de la chai-te nous montrent que le duc de Lorraine avait été pendant uncertain temps brouillé avec les moines de Molesme. En effet, il avait voulu éta-blir dans le prieuré de Châtenois, possédé par les disciples de Robert, les reli-gieux de • Saint-Evre de Toul et il avait imploré l'appui du pape 1• Cependant,

les deux abbayes s'arrangèrent à l'amiable Saint-Evre garda 1e prieuré, maisdonna en indemnité à Molesme les deux villages de Ville 2 et tYlssey 3. Pascal Ilconfirma cet accord par une bulle datée de Bénévent, le 24 mai ri 15 '. A lasuite de ces démêlés, Thierry 1- se réconcilia avec les moines de Molesme etleur confirma la possession du prieuré de Nancy, pour qu'il ne fût pas unjour enlevé de leurs mains, -comme Cliàtenois.

La charte nous apprend sur notre prieuré de Nancy quelques nouveaux détails.Nous savons par elle que l'évêque de Toul Pibon, en présence de l'archidiacreEtienne (voir , charte n° 1V), avait consacré les autels de l'église Notre-Dame.Les prélats voyaient, en général, avec déplaisir que des maisons religieuses deleur diocèse fussent soumises à d'autres maisons situées en un autre diocèse, etvoilà pourquoi on insiste ici sur le consentement donné par l'ordinaire de ToulPeut-être Riquin, qui avait succédé en i io8 à Pibon sur le siège de Toul, semontrait-il au début moins favorable que son prédécesseur aux moines deMolesme. Pibon n'a pas seulement consacré les autels de l'église Notre-Daine,mais un cimetière, et c'est un renseignement intéressant. Nous savions déjà quedans l'église pouvaient se célébrer des services funéraires; nous apprenonsqu'autour de l'église on établit un cimetière. Ce cimetière du prieuré Notre-Darne a servi depuis la fin du xi°. siècle jusqu 'en l ' année 1774. La rue qui le

i. Dom Calmer, r re édition, t, I, preuves, col. 536.2. Ville-lssey, canton et arrondissement de Commercy.3. Hameau de la commune précédente.4. Jalté, nouvelle édition, n° 6457.5. Mon, après avoir soutenu une lutte assez véhémente contre Grégoire Vil, s'était retiré

à Saint-Bénigne de Dijon. Abbé Guillaume, Histoire du diocèse de Tout et de celui de Nancy,t, 1, 402, Là, sans doute, il avait appris à counaltre les moines de Moletme.

L'ABBAYE DE MOLESME ET LES ORIGINES DE NANCY 227

longeait s'est appelée longtemps rue des Morts; elle n'a reçu le nom de rue desÉtats qu'en l'année 2867'.

Un dernier détail - topographique - doit être relevé. Jusqu'à présent noussavions que le prieuré s'élevait à Nancy, sur le territoire de Nancy, apud Nan-ciacum. On nous dit en plus ici qu'il était situé coram Nanciaco castro. Nancycastrum était, selon toute vraisemblance, entouré de murailles et le prieuré sedressait en dehors de ces remparts, mais tout contre. Des documents postérieursconfirment cette interprétation.

L'avoué Thierry qui souscrit avait probablement succédé à Walter. Nous nesavons rien sur lui, non plus que sur son frère Wildric. -

IV. L'évêque de Tout Riquin accorde à Widon abbé et aux moines

de M olesme l'autel paroissial de Nancy avec les deux tiers des

droits y afférents contre un cens annuel de douze deniers toulois

(1118-1126). -

In nomine Pains et FUji ci Spiritus sancti. Riquinus Dei misenicordia Leuchorum

episcopus Guidon] venerabili Molismensium abbati et (ratnibus ejus eorum que in

perpeluurn suceessoribus. Miseratio Domini qux millet meta nullis concludilur ter-

minis, nos ad obsequia mutux ini'itat canitatis, prxsentim cure in rebus tra,,sitoriisdivine nuta id possideamus in occiduam quicquid dilectionis studio necessilatibus

impartimur proximorum. Unde, (rater in Christo dilectissime, tuant fratrum que

tuorum guam propter Do,ninum portails paupentatem intuentes, et religiosis senenis-

sim X ducissa, A teidis intercessionibus annuentes, ex consensu nostrx sertis et assensupnimicenli nostni indeque arcbidiaconi Stephani, Cunonis archipresbiteni, Albi-iciibidem presbiteri, tibi tuœque Ïfotisntensi dico cccl esix, ahane parrochiale de 1\Tancei

in perpetuam donavimus possessionem, ira sane ut dux portiones Mm 1ers-x, dotisattanis quant et decimanum omnium, grossarum videticet scu minixiarum, quant et

seputturarum et obtationum ad jus parrochiale pertinentium ad usus fratrum tz,o-rum monachorum in cella qux alIte prefatum castrum Naneci sua est sub tue regi-mine Deo (amutantium in perpetuum proficiant. Pars vero (enlia finale et decisuni

eritpresbitero qui prxfato nulle superstili Aibrico successerit siipendium; qui lainer sipostutasus (amitianiter atiquando cetebrasset missam, quipiam quis forte obtuleritfolum ejus erit. Substiluendus vero in tenîporibus pres biler per conductum prions quiper tempona in prxnominala cella fuerit; episcopo hujus sedis prxsentabitur a quocurant animarum parrochialemque suscipiens tilutum de se sibique commissis et deconsuètudinariis parrochialis junis redditibus nonne serti respondebit. Hic autan qui

nunc superest Aibnicus ipse pensonaliter quart nunc tenet teneal, donec de media fiai

ont risque dam spontaneus ad prwscripta successorum suorurn definitione consential.

Ne autem hujus nostni memoria in postenum deleatur beneficii, nobis et tibi comptaci-lum et ut risque visum est justissimum ut annuatim ad ahane nostni prothomartyris, in

Courbe, Les nie, de Nancy, t. I, P. 203,

228 CH. PFISTER

inventionis ipsius féslo ', XII bu jus rosira: monda denarii nomine census h pœdicto

priore prxsententur, quo et Po bis jure gentiroir firme [tirpossessio et auctori bon oruni

jure Dci digne' rerormetur gratiaruni actio. Si' qua ergo ecclesiastica secula,-isve

persona liane ,iostra:n donationen, seu pr.tscriptam super ce ordinationem scienter

dissolvere aui in aliquo prœsumpseril viola re, nos auctoritate Spiritus Sancti ei nosjr-a

eum con dempnamus et anatbenaatis maledictione innodamus ) douce ad cmendatio-Hem i'Cfl et, et ecciesia quant leurit satiifaciat ; conservan tibus auteur bac pax et

vite detur aterna, Amen. Postule in cantate Domini ut annuatim dies nost,-i apud

tos celebretur aurnrversani . Ego Kiquinus episcopus signa ei con fimnio. S. Pari ab-.

boUs S. Apri. S. S!ephani p"iniicerii, etc.

(20 cartulaire de Motesme, fol. t4û y0 . Copie moderne, H r14, fol 25E

OBSERVATIONS, - Un fragment de cette charte a été publié par M. Léon Ger-main dans le Journal de la Société d'Archéologie lorraine, 1888, p. 167. Il avaitété copié par M. Dtrvernoy à la Bibliothèque nationale, Collection Baluze, t. 40,fol. '181. Il comprend. seulement l'adresse, l'exposé depuis (rater in Chnislo

jusqu'à in perpetuam donavimuspossessionenl, et les souscriptions.-Riquin e été évêque de Tout de ii o8 à ii 26. Wjdon n été abbé de Molesme

de nu à t 132 (Galtia christiana, IV, col. 733). Notre charte date par suitede la période comprise entre un i et Il 26. Mais il est possible de préciserencore davantage. Elle est souscrite par Pierre, abbé de Saint-Evre de Toul.Or, Widric, abbé de Saint-Evre, prédécesseur de Pierre, souscrit encore ennui8 une charte de Riquin en faveur de Saint-Mansuy de Tout (Gotha

christiana, XIII, instrumenta, col. 484). Notre charte n donc été écrite entre11 18 et 1126. -

Par cette charte, l'évêque Riquin cède à l'abbaye de Molesme et par suite auprieuré Notre-Dame de Nancy, l'autel paroissial de Nancy. Cet autel ne se trou-'vair, pas dans l'église du prieuré, comme il résulte d'une lecture attentive de lacharte; il y avait par suite sur le territoire de Nancy, dès le début du xlie siècle,une autre église qui servait de paroisse et qui ne saurait être que Saint-Evre.De même que Pibon avait cédé aux religieux du Breuil, installés dans un fau-bourg de Commercy, l'autel paroissial de cette ville, ainsi Riquin abandonna auxreligieux de Notre-Dame, habitant en dehors de Nancy, l'autel paroissial dansl'intérieur de la cité.

Quels droits étaient liés à ta possession de l'autel paroissial? Notre chartenous les énumère d'une façon très nette. D'abord, le possesseur de l'autel a leconductus, c'est-à-dire le droit de nommer le curé de la paroisse, ce qu'onnommera plus tard le droit de patronage. Et nous savons,'par des documentspostérieurs, que le prieur de Notre-Dame est resté longtemps en possession dece droit. Le j mai 1343 seulement, par une bulle du pape Clément VI,là cure de Nancy fut unie à la ,collégiale Saint-Georges qui venait d'être

u. La calliéeliale de Toul est placée sous le vocable de saint Erienne. la' fére de l'inventiondu corps de saint Etienne se célèbre le 3 août.

L'ABBAYE DE MOLESME ET LES ORIGINES DE NANCY 19

• créée dans cette ville par le duc Raoul et qui la fit desservir par un vi-caire.

En second lieu, le possesseur de l'autel jouissait des dtmes sur le territoire deNancy. En vertu de notre acte, deux parts étaient faites de Fa dîme un tiersétait laissé au curé, les deux autres tiers devaient revenir aux moines du prieuré,qui en disposeraient à leur bon plaisir. Quand la collégiale Saint-Georges reçutla cure de la ville, elle n'obtint que le tiers de la dîme, affectée auparavantaucuré; les deux autres tiers restèrent ad prieuré Notre-Dame'. Il les garda jus-qu'en 1593 où plusieurs paroisses furent établies à Nancy et où fut faite unenouvelle répartition de la dîme. Notons que dans notre document il n'est ques-tion que des dimes du territoire de Nancy; le village de Saint-Dizier auxportes de la ville avait alors une existence civile et spirituelle tout à fait indé-pendante ce n'est qu'en 1212 que les religieuses de Bouxières cédèrent leursdroits sur l'église Saint-Dizier au prieuré Notre-Dame , et que les moineslevèrent sur le village, comme à Nancy, les deux tiers de la dîme. C'est plustard aussi, dans des circonstances qui nous sont inconnues, que la dîme de Laxoua été confondue avec celle des bans de Nancy et de Saint-Dizier. Nous necroyons pas du tout, avec les historiens de Nancy, qu'à l'origine ces trois loca-lités aient formé une seule et unique grande paroisse.

A l'autel étaient attachés un certain nombre de terres et de biens dont • lecuré percevait les revenus, il touchait des sommes déterminées pour les messesde mariage et pour les cérémonies d'esiterrement (sepuIlura): il recevait les rentesque divers particuliers avaient léguées à l'église pour fondations d'anniversaires(oblaliones). Or, il fut stipulé que les deux tiers de ces revenus seraient aban-donnés aux moines de Notre-Dame; le curé qui avait toute la peine ne devaittoucher qu'un tiers. Par exception, si le curé célébrait une messe sur la demandetoute spéciale d'un tiers, il pourrait garder tout le prix payé. On laissa aussile curé de ce temps, Albéric, en possession des droits qu'il possédait avant cetteconvention ; celle-ci ne devait être valable que le jour de sa mort, ou si lui-même, de bon gré, voulait se soumettre aux conditions de l'acte • et renoncer àses droits antérieurs. Le prieuré de Notre-Dame garda les deux tiers des obla-tions, même après que le curé fut nommé par les chanoines de Saint-Georges 4:il ne perdit ses revenus qu'en 5593, au moment de la nouvelle division ecclésias-tique de Nancy.

Les droits que Riquin céda aux moines de Molesme ne lui appartenaient pasauparavant. Ils étaient le partage des ducs de Lorraine. Déjà Thierry le', morten i i 15, avait abandonné au prieuré Notre-Dame « les deux tiers des dîmes

t, La bulle a été publiée par MM. l'abbé Grand-Eury et Louis Lallement, L'église Saint.Epvre à Nancy dans les Mémoires de la Société d'archéologie lorraine, 1855, P . 342.

2, Accord du 6 novembre 1347 entre l'abbé de Molesme et le prieuré Notre-Dame d'unepart, le chapitre Saint-Georges d'autre part, analysé par MM. Grand-Eury es Louis Lallement,I. I,, P. 264,

3. Archives de Meurthe-et-Moselle, 14 402. Nous publierons prochainement cet acte dansles Mémoires de la Société d'aschéologie lorraine.

4. Accord du 6novembre 5347.•--

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CET. PFJSTER

tant grosses que menues qu'il tenait en sa main »,.et le conductus parrocliia:iorum

presbiterostem, c'est-à-dire le droit de nommer les prêtres de la paroisse. Unecharte de son petit-fils, Mathieu l et , datée de ii 45, l'affirme en termes for-mols'. Riquin, par suite, ne fuit que confirmer, en tanttque puissance spiri-tuelle, une donation consentie par la puissance temporelle. Il intervient noncomme propriétaire, mais comme évêque. Pourtant, sa concession n'est pasentièrement gratuite. Pour que ses droits éminents d'évêque ne soient jamaiscontestés, il veut que, chaque année, le jour de l'invention du corps de saintEtienne, le 3 août, le prieur de Notre-Daine lui acquitte un cens de I 2 deniers,

Par cette redevance, dit-il, la possession de ces dons vous est assurée par le,droit des gens et, par le droit de Dieu, vous rendez grâce àl'auteur de cebienfait.

L'évêque Riquin ne pouvait faire une pareille charte sans prendre l'avis despersonnes sous les ordres de qui se trouvait directement ou indirectement laparoisse de Nancy. Voilà pourquoi il mentionne d'une façon générale l'assenti-ment de son chapitre, et, d'une façon spéciale, celui du primicier et archidiacreÉtienne, de l'archiprêtre Cunon et du curé Albéric. Le primicier était le digni-taire placé à la tête du chapitre. Étienne semble avoii joué en cette qualité ungrand rôle et il est mentionné dans la plupart des actes de Riquin de sis' àI 126. A sa- mort, cette dignité fut supprimée •et unie au chapitre. (Gotha

cls,-is!iana, XIII, col. o6 t . Le diocèse de Toul se divisait, ce semble, au XItesiècle en huit archidiaconés. Nancy se trouvait dans t'archidiaconé de Port(Saint-Nicolas-de-Port) et dans le doyenné de Port. Au moment où fut ré-digée notre charte, le primicier Étienne et Cunon étaient à la tête de ces tir-conscriptions ecclésiastiques. Quant à Albéric, il est certainement le curé dela paroisse de Nancy, le plus ancien qui nous soit connu.

Un dernier nom se trouve dans notre charte celui de la duchesse Adélaïde.C'était la femme du duc Simon fer, Elle avait mené d'abord une vie fort mon-daine, mais elle fut convertie par saint Bernard ; et à la mort de son mari, en1139, elle se retira au monastère du Tard, près de Dijon . Son intervention enfaveur de Molesme ne marqua-t-elle pas sa conversion? N'oublions pas que Ro-bert de Motesme avait créé Citeaux, d'où était sorti saint Bernard.

V. L'évêque de Tout Henri confirme à Willencus abbé et aux moinesde M'olesme la possession de l'autel paroissial de Nancy et leur

i . Cette charte n été publiée par M. Lepage (Recherches sssr l'origine et les premiers tempsde Nancy dans les Mémoires de la Société d'archéologie lorraine, 1856, p. s8s ), joie 2.

Dus •Theodericus avus meus.., qui fratribùs ibidem Deo sers ienrihus. . , deciniaru n mmgrossarum quam minutarum omnium duas partes quas in manu sua tenebac donavit... quiconductum etiain parrocltiar.aruna presbi'erorum quantum ad ipsum pertincbam in perpetuumpossidendum dedit. s D'après le même document, le duc Simon, fils de Thierry, a ajoutéce don « decimas suas proprias total mm in fructibus quant, in pecoribus et alUs rebus qulegisime decimanlur u. Cela signifie que Simon V I a autorisé les moines de Moiesme è

lever les 2/3 de la lime sur ses propres revenus.2. Digot, Histoire de Lorraine, t, 1, p. 3 2,. - -

L'ABBAYE DE MOLESME ET LES ORIGINES DE NANCY231

accorde les deux tiers des revenus, même des messes privées qui y

seront célébrées (22 avril 1161).

- In nom inc Patris et Filli et Spiritus Sancti. Henricus Dei misericordia Leucorura

hurnilis ep, iscopus 14'illenco vencrabili Moi ismensium abbali et fs'atribus ejus

enrumque in perpetuusp seecccssori bus. Karitas Dei diffusa in cordibus fidelium nos

amm onet ecclesiarum nabis cota nlissarum soflicitudinem geste et pet uperum Christi

quieti prospicere, si quideni quoniam per se salis tutet non est apud improbos

mores hum ilium spiritu simp!icitas nec adversarii desin il niundi conlernptoribus quo-

runidam malignorum dira cupiditas. Eapropter justum et ralionabite nobis visi on

est cet quit a predecessore nostro fehcis memorix venerabili Riquino episcopo Guident

abbati fratribus que ejus in ecclesia ls1'olisnlensis cenobu Dec militantibus eorum que

-successoribus opud Nancei casimir dota suit collaudare et qux ab illo con firmata

• suint ad tutelam futur attrait proesenti scripto corroborare. Coiifirmamus ita que ii bi

tuisque fratribus parrochiabe -abtare de N'ancei quod idem revere,tdissinitts Kiquinus

episcopus, prcdecessor 51051er, interventu ;-eiig:osissisnx ducissx Aleidis, ex consensu

Stephani primicerii, archidiaconoruns, cleri et locius sua sertis, in perpétuant posses-

sionem pobis co testore donavit et sigiibo con firmavit ut '... Proeterea, quoniam cesejusdem cdlx videntur esse modica, ut suai, ad pradicta addimus ex parte nosti-a

et conflrmarnus cclix et frafribus de Nanceio duos partes privalarum missarum et

con fessionum quas per totusn annum devotio fidelium quibusiibet modis dederit

presbitero suit cujus regisnine et cura pradicta parrochia deputala fuerit pci ci qui

ibidem pro ipso serviet. Ex consensu prions tristes ibidem pro ipso serviet. Ex cou-

sensu pi-loris custos ibidem deputabitur. Sta tuimus etiam ut quicquid loin s fundo

quant in mobili pet in pecudibus ont quibuslibet alus rebus nôminatim et speciaii ter

dabitur pro sepulturis priori de Nanceio et fratribus suis monachis totum habeant

et presbitcr subil retineat ab cis. Ne autens bu jus ,sosts'œ con firmationis ineinOria

deleatur in postes vinAnno ab incaritatioite Domiisi M° Co LXII', indictione

VIII!', epacta XXII', concurrente VI. Datum Tulbi per enanum Walteri cancel-

tari1, X. L'al. mciii. Ego Henricus episcopus signe et confirmo. S. Haymonis decani

et archidiciconi. S. Ilenrici cantons et archidiaconi. S. Petri archidiaconi.

S. Olt-ici arcludiaconi. S. Gua!teri archidiaconi. S. Gualteri cancefla:'ii. S. Ai-

bnici capellani. S. Gualteri archipresbiteri. -

(z' cartulaire de Moletant, Fol. 141. Copie moderne, H 1 44, toi. 251.Nous possédons, outre ces copies, l'original même de la charte, conservéaux'archives de la Côte-d'Or, H 238.)

OBsEavÀrtous. — La charte présente est datée; mais le scribe semble avoirmal copié la date de l'incarnation dominicale. Si, au lieu de MCLXII, nouslisons MCLXI, tout concorde. L'année s 161 répond à l'indiction ; le chiffre

t, On répète ici les termes de la charte précédente, depuis u: dure portiones tain jus-qu'à nostrœ serti i-et pondebie, moins muterais la phrase Pars virer les-fia jusqu'à forum ejur crie.

2. On répète ici les termes de la charte précédente, jusqu'à et situ delur et erna, Âme:,, aveccette unique différence au lieu de banc nos! ram donatio,tem sets prascripram super cet atrium-tumeurs, on lit banc nostram super !toc confirmationem,- -

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232 CH. PFIStER

de l'épacte est 22, celtii des concurrents 6. Nous n'hésitons dès lors pas à pro-poser cette correction ii Gi . A cette date, vivait Henri de Lorraine qui futévêque de Toul de iiz6 à i 165. Il était fils du duc Thierry l e' et il était biennaturel qu'il donnât des avantages à une maison religieuse, fondée pal son pèreet protégée par sa belle-soeur Adélaïde, dont le nota est rappelé dans cet acte.Willencus ou Guillencus gouvernait aussi à cette époque le monastère de Moleste.Il régit cette abbaye de i 15 à i 163 (GaUla christiana, IV, col. 734). Lacharte est souscrite par le doyen du chapitre de Toul, Haymon, dont le nom ap-paraît sur d'autres documents en i t Go et ii 63 (ib., XIII, col. 1062). Notrecharte est donc de t 161, le dixième jour des kalendes de mai, c'est-à-dire te22 avril.

La charte précédente avait réservé au curé de Nancy les revenus des messesprivées que lui demandaient spécialement les fidèles. Il percevait aussi lessommes qu'on pa9ait pour les confessions (voir Ducange, 4 coNFESsIO). Désor-mais, les deux tiers de ces redevances devaient revenir au prieuré Notre-Dame;ainsi, sur tous tes revenus de la cure sans aucune exception le prieur touchait lesdeux tiers. Mais ta réciproque n'était pas vraie. Le curé ne pouvait rienprétendre sur le produit des cérémonies religieuses célébrées à Notre-Daine,d'une façon spéciale sur celui des enterrements. Le curé a sous ses ordres unprêtre (cuslos) qui a la garde des ornements sacrés, qui sonne la cloche pour lesoffices, qui, au besoin, te remplace. Notre charte spécifie qu'aucun custos nepourra être nommé sans le consentement du prieur de Notre-Daine et il nepourra point remplacer le curé, sans sa permission expresse.

VI. Etienne abbé et les moines de l'abbaye de Molesme cèdent aux

moines de Clairlieu la part de dîmes qui leur revient sur une

• vigne laissée par le duc Mathieu fer à ces derniers religieux. D'une

• façon générale, ils renoncent à lever la dîme sur toutes les vignes

- que l'abbaye de Clairlieu possède sur la paroisse de Nancy, à

condition qu'elle leur paie chaque année à la fête de Saint-

Remi ou à l'octave dix sous toulois. Ce privilège -ne s'étend qu'aux

vignes exploitées , directement par les religieux, non -à celles qu'ils

ont données à cens (i i 8o).

-(20 cartulaire de Moleste, fol. 142. Copie moderne, H 144, roI. 52.)

OasERvATior'd. - La charte avait été faite en deux exemplaires, en formede cyrographe. L'exemplaire laissé à Clairlieti a été conservé et se trouve auxarchives de Meurthe-et-Moselle, H 527. L'exemplaire laissé à Moleste, nousa été aussi conservé, aux archives de la Côte-d'Or, à Dijon, H 238. Le motdu cyrographe est Ave Maria, gratin plena. Amen. L'acte n été publié d'aprèsl'original de Nancy par M. Henri Lepage, L'abbaye de Clairliea dans lesMémoirès de ta Société d'Archéologie lorraine, L. V, p. i6o.

La charte porte la date de t 'So, indiction 14 (En réalité,. cette année répond

L'ABBAYE DE MOLESME ET LES ORIGINES DE NANCYz33

à t'indiction 13.) En cette année, Étienne III était placé à la tête de l'abbayede Molesrne. (GaUla christiana, 1V, col. 735.) L'abbaye de Clair[ieu s continuéde jouir de l'exemption de là dîme sur le territoire de Nancy jusqu'en 1789.

Nous pouvons résumer de la manière suivante les principaux faitsque les chartes publiées ou analysées plis haut nous apprennent

0 La villé de Nancy existe dès la fin du xi° siècle. Elle est dèscette époque fortifiée. Devant la ville, sur un alleu appartenant auchevalier Gocelin de Parey, fut créé un prieuré que le duc Thierry I°',soumit à l'abbaye de Molesme.

2 0 A cette époque sur le territoire de Nancy s'élevaient deuxéglises, l'église paroissiale dans l'intérieur de la ville, l'église duprieuré Notre-Dame hors des remparts. Autour du prieuré s'étenddès la fin du xr siècle un cimetière.

3 0 Le prieur de Notre-Dame nomme le curé de Nancy: les deùxtiers de tous les revenus de la cure, dîmes, offrandes, messes, etc.,sans aucune exception, sont laissés au prieuré; le curé ne jouit qued'un seul tiers comme portion congrue.

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