L’Asie du Sud et de l’Est : les défis de la population et de la

croissance

Géo Terminale L

Problématique

L’Asie est l’espace le plus peuplé de la planète. Cela pose des problèmes en termes de santé, d’éducation, de logement, et parfois même encore d’accès à l’alimentation. On peut alors s’interroger sur les stratégies à mettre en œuvre pour mettre la croissance économique de cet espace au service de son développement .

I- La croissance démographique en Asie

1- Les grands foyers de peuplement

- L’ASIE DU SUD : 1,6 milliards d’hab., région hindouiste et musulmane (Inde, Pakistan, Bangladesh) ;

- L’ASIE DU SUD-EST : 600 millions (Indonésie, Philippines, Vietnam…) ;

- L’ASIE DE L’EST : 1,6 milliards d’hab., région confucianiste (Chine, Japon, Corée du sud).

C’est un monde plein, occupé grâce à des techniques agricoles maîtrisées depuis des millénaires (mousson d’été, culture du riz, thé, mûrier…).

2- Des évolutions démographiques convergentes

Toute l’Asie connaît la transition démographique, avec des décalages :

- taux élevé en Asie du Sud (18 à 19 pour 1000 au Pakistan et au Bangladesh, 15 pour 1000 en Inde) : phase 2 de la transition démographique.

- Asie du Sud-Est : la transition y est plus avancée qu’en Asie du Sud et l’accroissement naturel plus faible (17 pour 1000 au Cambodge, 13 pour 1000 en Indonésie, 10 pour 1000 au Viêt Nam)

- Les Etats d’Asie de l’Est ont terminé leur transition et ont des soldes naturels faibles ou négatifs : 5 pour 1000 en Chine, 3 pour 1000 en Corée, 0 à Hong-Kong et -2,4 pour 1000 au Japon.

Taux de fécondité :

- Afghanistan : 6,5

- Inde, Pakistan, Bangladesh : 3

- Japon, Chine, Corée, Taïwan : entre 1 et 1,5.

Alphabétisation :

- Afghanistan, Bangladesh : 53 %

- Inde : 74 %

- Japon : 99 %.

Les deux taux sont corrélés.

En Chine et Inde il y a plus de garçons que de filles (avortements sélectifs…).

Politique antinataliste en Chine (fin en 2015) et en Inde (incitatif : accès au planning familial…) mais les couples font peu d’enfants aussi du fait de leur éducation et du malthusianisme.

https://www.youtube.com/watch?v=7iM3_i11-QU

https://www.youtube.com/watch?v=G-AB6bNSC7o

3- Démographie et développement

L’Asie bénéficie de cette croissance :

- Forte main-d’œuvre peu qualifiée (mingong chinois…), peu payée et peu exigeante, qui travaille dans les usines de sous-traitance ;

- Main-d’œuvre qualifiée de plus en plus nombreuse (0,8 million d’ingénieurs nouveaux par an en Chine), qui peut copier puis créer à partir des standards occidentaux ;

- Marché intérieur en forte croissance.

II- La croissance économique en Asie

1- Une croissance récente et forte

L’Asie pèse aujourd’hui 35 % du PIB mondial, dont 15 % pour la Chine et 6 % pour l’Inde et le Japon.

Au 1er rang on trouve des productions manufacturières :

- industrie lourde (acier, constructions navales) ;

- industrie des biens d’équipement et de consommation (automobile, électronique) ;

- industries de pointe (informatique, télécommunications, biotechnologies, espace).

On trouve de grands groupes industriels :

- japonais (Toyota, Honda, Sony) ;

- coréens (Samsung, Hyundai) ;

- chinois (Sinopec, Lenovo, Geely qui a racheté Volvo) ;

- indiens (Reliance, Tata).

Kaname Akamatsu, 1937

2- Le « vol d’oies sauvages »

Le développement s’effectue en produisant d’abord à bas coût et bas salaires, puis en montant en gamme, ce qui permet à un pays voisin de reprendre les produits de base délaissés.

Le Japon a été en tête de 1868 (Ere Meiji) jusque dans les années 1970.

Exemple du Japon : - Années 50 : textile, horlogerie, cycles ; - Années 60-70 : industrie lourde et biens

d’équipement : sidérurgie, chantiers navals, pétrochimie, automobile. Les industries de main d’œuvre sont transférées à HK, Singapour, Taiwan, Corée du Sud ;

- Années 70 : industries de consommation à plus forte valeur ajoutée (électronique, photographie) et industrie automobile ;

- Années 80-90 : industries de pointe (robotique, biotechnologies, nanotechnologies).

Cette bascule a permis le décollage des « 4 dragons » (Hong Kong et Singapour, Corée du Sud et Taiwan).

• 1970-1980, Thaïlande, Indonésie, Malaisie : les « tigres » ;

• Depuis 1978 : Chine. En 1980 le salaire d’un chinois de Shenzhen est le 1/10e d’un chinois de HK. Aujourd’hui acteur économique mondial et moteur de croissance régionale.

3- L’intégration économique régionale

• Le commerce intra-régional représente 53 % du commerce : sous-traitance, participations croisées, échanges, délocalisations…

• La diaspora chinoise est très dynamique (HK, Singapour, Taïwan…).

• ASEAN (+ 3 : Chine, Japon, Corée).

4- La voie indienne : le « bureau du monde »

L’Inde se développe par la production de logiciels, de call centers anglophones, de médicaments génériques.

Quelques multinationales technologiques apparaissent : (Infosys, Wipro, Tata Computer Services…) + Bollywood (soft power) en Afrique.

L’Inde souffre cependant de handicaps :

- infrastructures (routes, énergie) insuffisantes ;

- Pas d’intégration à l’ASEAN (concurrence chinoise) ;

- Conflits réguliers avec le Pakistan.

5- De fortes inégalités continentales

• En tête : le Japon et les 4 Dragons, qui ont les PIB parmi les plus élevés au monde ;

• Chine : PIB faible (9000 $ /hab./an) et très faible dans les campagnes (5000 $ ?) ;

• Asie du SE : grandes disparités, les pays les plus peuplés sont les plus pauvres ;

• Asie du S : les plus pauvres, avec 3600 $/hab./an en Inde, 2700 $ au Pakistan et 1700 $ au Bangladesh

Forts écarts aussi dans l’IDH :

• une espérance de vie à la naissance qui varie de 83 ans au Japon à 65 ans en Birmanie.

• une durée de scolarisation moyenne des adultes 3 fois plus longue au Japon qu’en Asie du Sud ( variant de 4 à 12 ans)

III- Croissance et développement durable

La forte population crée des problèmes de santé, d’éducation, de logement, d’accès à l’alimentation, des tensions autour des ressources, des risques naturels accrus.

1- Le défi sanitaire et social

• Mortalité infantile : 63 pour 1000 au Pakistan, 47 pour 1000 en Inde et 20 pour 1000 en Chine ;

• Ressources agricoles insuffisantes : Chine : 10 % de la population en sous-nutrition (2011) ; 19 % en Inde et 25 % au Cambodge ;

• Éducation : défi de la scolarisation, notamment des filles (cf Malalah) ;

• Fort accroissement des inégalités : croissance sans développement, révoltes des mingongs…

2- Le défi de l’exode rural et du développement urbain

L’Asie connaît l’exode rural le plus massif de l’Histoire : 1,5 milliard d’urbains, 15 des 30 premières mégapoles :

- une ville globale, Tokyo ;

- des villes mondiales comme Shanghai, Hong-Kong, Singapour ou Séoul ;

- Des villes mondiales émergentes, comme Mumbai ou Jakarta.

Toutes connaissent des congestions, dysfonctionnements, bidonvilles…

3- Le défi politique

- En Chine : profonds écarts de développement entre les côtes urbanisées et l’intérieur du pays + contestations des tibétains et ouigours.

- En Inde : fortes inégalités régionales (les grandes villes sont plus riches) + tensions religieuses et ethniques (hindous, musulmans, sikhs).

4- Les défis écologiques

• Aléas naturels : cyclones et typhons autour du Pacifique, séismes et tsunamis en Asie de l’Est, mousson irrégulière et parfois dévastatrice.

Ex. Bangladesh, régulièrement inondé.

• Rivalités pour l’utilisation des grands fleuves.

• Risques technologiques :

- catastrophe de Bhopal, en Inde, 1984 (4000 morts) ;

- tsunami (20000 morts) catastrophe nucléaire de Fukushima (Japon) en 2011 ;

Les pays en croissance ne font pas de l’écologie leur priorité :

- Forte pollution urbaine (charbon, pétrole) liée aux usines et aux voitures ; agricole (salinisation, pollution aux pesticides…)

- Pollution des eaux ;

- Déforestation et désertification, notamment sur les contreforts himalayens ;

- Activités destructrices et non-pérennes : bois d'œuvre, huile de palme, minerais…

Conclusion

La croissance économique marquée que connaissent aujourd’hui les pays asiatiques peut les aider à surmonter leurs difficultés. Mais la croissance est inégale, la multiplication des activités aggrave les tensions autour des ressources et la vulnérabilité aux risques naturels. Solution : plus de coopération ?