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L’alimentation au Burkina Faso

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L’alimentation au Burkina Faso

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BURKINA FASO

MALI

CÔTED’IVOIRE

GHANA

TOGO

BÉNIN

NIGER

OCÉAN ATLANTIQUE

Bobo-Dioulasso

l

Échelle 200 km

lOuagadougou

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Au Burkina Faso, près de 86% de la population vivent dans lemonde rural et y mènent une activité agricole ou liée. La récentestratégie de développement rural qui a été conçue en janvier2004 est censée redresser les éléments d’une croissance économi-que au service de l’agriculture et de l’élevage du pays. En effet,après seize ans d’une stratégie nationale de lutte contre la pau-vreté, et malgré une croissance moyenne du PIB de 5% par an, leconstat de la pauvreté continue de s’enraciner. Les plus touchéspar l’incidence de la pauvreté demeurent les populations rura-les. C’est pourquoi les axes centraux de la nouvelle stratégie ontpour ambition d’agir sur l’ensemble des éléments du processusde production : accroître les productions par une améliorationde la productivité, augmenter les revenus par une plus grandeintégration au marché et une diversification de l’activité rurale,moderniser l’agriculture familiale paysanne, diversifier et spé-cialiser les productions régionales et, enfin, gérer durablementles ressources naturelles et les écosystèmes. Le faible niveau de productivité agricole est une réalité du faitdes conditions naturelles particulièrement rudes et du manqued’équipements performants quasi endémique pour la majoritédes paysans. Avant la période coloniale, les formes d’organisa-tion paysanne au sein de la communauté villageoise étaient déjàle cadre pour la gestion de l’accès à la terre et la mise en œuvrede stratégies collectives de culture. La colonisation amena laconstitution de sociétés indigènes de prévoyance (SIP) vers 1893,qui deviendront les sociétés mutuelles de développement ruralvers la moitié des années 1950 1. Ces structures de l’administra-tion coloniale avaient pour but premier d’organiser la culture deravitaillement de la métropole, notamment par la promotion del’élevage pour les peaux et la culture forcée du coton sous le pre-mier gouvernorat de la Haute-Volta, à partir de 1869 2. Pour lereste, l’agriculture de subsistance, qui a toujours occupé la majo-rité des cultivateurs, se faisait avec des outils rudimentaires : ladaba demeure de nos jours le symbole du petit agriculteur bur-kinabè. Au début du siècle passé, la division régionale du travailen Afrique occidentale française (AOF) draina un vaste mouve-ment de populations à partir de certains bassins de recrutementpour les plantations « stratégiques » de la côte : Côte d’Ivoire

1/. Historique dumouvement paysan,site du Réseau desorganisationspaysannes et deproducteurs del’Afrique de l’Ouest(ROPPA),http://www.roppa.info/spip.php?article9

2/. Site de laPrimature de laRépublique duBurkina Faso,Histoire coloniale duBurkina Faso,http://www.primature.gov.bf/burkina/histoire/coloniale.htm

Burkina Faso l 131

Historique des politiques agricoles et alimentaires

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3/. Dans les années1950 existaient leCITEC (Comptoir desIndustries Textiles etCotonnières), laSACACO (Sociétéd’Exploitation desCarburantsColoniaux) et laCFDT.

4/. Site de laPrimature de laRépublique duBurkina Faso,Histoire coloniale duBurkina Faso,http://www.primature.gov.bf/burkina/histoire/coloniale.htm

essentiellement et Ghana. Suite à la deuxième guerre mondialeet à son impact sur la détermination de valeurs et de droitshumains internationaux, un Fonds public d’investissement pourle développement économique et social (FIDES) fut mis en place.L’administration coloniale devait assurer la pérennité de l’ap-provisionnement en matières premières. Logiquement, ce sontdonc de grands travaux d’infrastructures routières qui prévalu-rent dans la zone administrative de la Haute-Volta enclavée. Lechemin de fer reliant Bobo-Dioulasso à la côte ivoirienne fut pro-longé jusqu’à Ouagadougou en 1954. L’appui à la production futune autre priorité, notamment le secteur agro-pastoral, grâceaux crédits octroyés pour le développement de la riziculture etles centres de vaccination de bétail. La promotion du coton futattribuée à la CFDT (Compagnie française pour le développe-ment textile). L’appui aux secteurs sociaux pour l’éducation et lasanté participait de ce même plan de gestion de production descolonies.Ainsi, les principaux éléments du système agro-économiqueburkinabè datent de ces années d’administration coloniale, et lesnouvelles politiques issues de l’indépendance n’ont pas effectuéde revirement capital quant à la détermination de secteurs dedéveloppement stratégiques. En effet, de cette époque datent lesplus grands plans d’investissements agricoles (en capitaux et eninfrastructures) pour une économie de rente extravertie : lecoton. La dernière stratégie de développement rural de 2004confirme ainsi un certain fil rouge : trouver un avantage compa-ratif dans les filières de l’élevage, du coton et du transit. Du peud’industries développées à cette période 3 demeure une faiblessede l’industrialisation du pays, au contraire d’autres zones del’Afrique occidentale française (AOF) où la transformationindustrielle était plus développée, à proximité des ports. EnCôte d’Ivoire, les premières transformations des produits d’ex-portations agro-alimentaires tels que le café, le cacao, les huileset les bananes étaient réalisées dans les industries locales. Lebois était également un produit phare de la colonie, faisant l’ob-jet de premières transformations sur place. Dès ces années, lestermes de l’échange étaient défavorables aux États nouvelle-ment indépendants : les produits exportés représentaient le dou-ble des produits d’importation, 30 000 tonnes contre 16 000 ton-nes, mais en valeur monétaire, le rapport était inversé 4.Au début des années 1980, avec l’arrivée au pouvoir du régimepolitique révolutionnaire du capitaine Thomas Sankara (1983-

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1987), les axes forts d’un développement rural et d’une éradica-tion de la pauvreté sont posés : éducation, santé et réformeagraire par une redistribution des terres aux paysans, augmen-tation des prix et suppression des impôts agricoles sont au cen-tre du changement impulsé. Dans l’objectif d’inclure les exclussystématiques de l’économie, les ruraux, les femmes et la jeu-nesse font l’objet de l’intervention centrale d’un plan volonta-riste de développement rural. Cette politique fut progressive-ment dénoncée pour son effet de « ruralisation » des classesmoyennes burkinabè, les fonctionnaires et salariés des villes yvoyant un danger de dépréciation de ces fonctions. Les célèbresmesures du « consommons burkinabè », au travers notammentde l’obligation du port du « Faso Danfani 5» pour les fonction-naires et lors des évènements officiels, sont autant d’élémentsqui participaient du principe « consommons ce que nous pro-duisons pour produire ce que nous consommons ». Dès l’arrivéedu Conseil National de la Révolution en août 1983, un ambitieuxplan consacre 112 milliards de francs CFA d’investissementsannuels (soit + 60% par rapport au rythme d’investissement dela période 1979-1984), affectés pour 85% aux activités de produc-tion 6. Les investissements pour la maîtrise de l’adduction d’eauet l’aménagement des terroirs ont ainsi permis pour la campa-gne 1986-1987 de dégager un excédent céréalier de 20 000 tonneset de doubler la production de coton par rapport à celle de 1983.Il est intéressant d’observer que sur la même période, une dimi-nution d’environ 25% de l’aide extérieure n’a pas hypothéqué leplan d’investissement rural prioritaire 7. Mais la réduction dupouvoir d’achat des salariés, corollaire au rythme soutenu de lapolitique agricole volontariste, accéléra les mouvements decontestation et les débuts de fractures internes. Ainsi, les comi-tés de défense de la révolution (CDR), qui étaient chargés dejuger les comportements anti-sociaux, perdirent leur légitimitépar la croissance d’abus. Parallèlement, le manque de débouchéspour les surproductions de la campagne, ainsi que les tensionsnées dans les réseaux de commerçants (essentiellement au seinde la communauté islamique) 8, ont consacré la naissance desrésistances économiques, sociales et culturelles. Au lendemaindu coup d’État d’octobre 1987 qui aboutit à la prise de pouvoirde Blaise Compaoré, l’actuel président, le Burkina Faso entreradans les plans d’ajustement structurel jusqu’alors refusés par legouvernement révolutionnaire. Dès 1991, la rupture avec les grands investissements publics est

5/. Littéralementl’habit tissé de lapatrie, il s’agit descotonnades tisséeslocalement.

6/. Pascal Labazée,« De la révolution àla « rectification » auBurkina-Faso :L’encombranthéritage de ThomasSankara », Le Mondediplomatique denovembre 1987,archives en ligne :http://www.monde-diplomatique.fr/1987/11/LABAZEE/14787

7/. Pascal Labazée,« De la révolution àla « rectification » auBurkina-Faso :L’encombranthéritage de ThomasSankara », Le Mondediplomatique denovembre 1987,archives en ligne :op. cit.

8/. Notamment par lagestion de leursspéculations par lerelèvement del’impôt.

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9/. Ministère del’Économie et dudéveloppement,République duBurkina Faso,« Programmed’Actions Prioritairesde mise en œuvre duCadre stratégique deLutte contre laPauvreté : 2006 -2008 », avril 2006,p.9.

confirmée par le choix de la libéralisation économique et de l’ou-verture à la gestion privée et externe des grandes entreprises quiencadrent les productions agricoles. Toujours dans cette opti-que, les lois portant sur l’organisation de la décentralisation sontvotées en 1998 et, dès 1999, le gouvernement burkinabè adopteson plan stratégique opérationnel pour la relance de l’économie,avec l’objectif d’assurer la croissance durable du secteur agri-cole. Cinq programmes transversaux et six filières prioritairessont alors identifiés, avec leurs stratégies et plans d’actions parfilières. En 2005, le programme d’actions prioritaires visait quatre axes :l’accélération de la croissance fondée sur l’équité, l’améliorationde l’accès des pauvres aux services sociaux de base, l’élargisse-ment des opportunités d’emploi et d’activités génératrices derevenus et la promotion de la bonne gouvernance.

Les stratégies agricoles, alimentaires et de réduction de la pauvreté du gouvernement

Le Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté (CSLP) identifieune stratégie à quatre axes : accélérer la croissance et la fondersur l’équité ; garantir l'accès des pauvres aux services sociaux debase ; élargir les opportunités en matière d'emploi et d'activitésgénératrices de revenus pour les pauvres ; promouvoir la bonnegouvernance. La revue de ce cadre effectuée en 2005 a par ail-leurs conduit à l’adoption d’un plan d’actions prioritaires 2006-2008. Il s’agit de poursuivre les réformes pour la réduction descoûts des facteurs de production et l’amélioration du climat desaffaires et de la compétitivité économique ; poursuivre la straté-gie de diversification agricole et élargir la base des exportationsagricoles ; accélérer le développement du capital humain parl’éducation de base notamment ; accélérer la mise en œuvre desréformes nécessaires à la décentralisation ; poursuivre l’applica-tion des principes de bonne gouvernance et poursuivre le pro-cessus d’intégration régionale pour devenir une plaque tour-nante des prestations de services économiques 9. Ces différentsdocuments donnent le ton de la stratégie axée sur une volontéd’entrer dans la compétition du commerce et des services à unniveau régional, puis international. Pour ce faire, quelques sec-teurs ciblés doivent pouvoir favoriser le décollage économiquequ’une bonne gestion décentralisée devrait assurer. Dans ce

134 l Les stratégies agricoles, alimentaires et de réductions de la pauvreté du gouvernement

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sens, le premier objectif du millénaire est clairement visé au tra-vers des secteurs les plus actifs économiquement et pour les-quels une amélioration de productivité est potentiellement pos-sible, étant donnés la structure démographique et la situationgéographique : l’agriculture et les services.Le défi financier est de taille pour actionner ce levier efficaceentre développement des productions, croissance économiqueet réduction de la pauvreté. Entre 1999 et 2003, en moyenne 36%des recettes de l’État provenaient de dons. Sur la période 2000-2004, si la quantité de l’aide allouée au secteur « agriculture,foresterie et pêcheries » a doublé, passant de 43,73 à 90,51 mil-lions de dollars, la part la plus importante est allée aux politi-ques et planification sectorielle (80%) 10. La faiblesse de la partallouée au secteur agricole ne reflète donc pas suffisamment leciblage de ce secteur pour la réduction de la pauvreté.Dans la suite des objectifs de l’ajustement structurel, et dans lecadre des engagements pris par les États membres de l’Unionéconomique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), le Burkinadoit limiter le ratio de sa masse salariale sur les recettes fiscales,qui dépassait le maximum autorisé de 35%, avec 41,5% pour2003. Ainsi, le taux de pression fiscale est inférieur au minimumrecommandé par l’UEMOA : 10,9% au lieu de 17%. Dès lors lespolitiques de libéralisation économique sont de mise : pour pro-mouvoir une économie libérale comme celle du Burkina Fasodans un contexte de mondialisation, la nécessité de prendre desmesures favorables au développement du secteur privé fait loi.Cependant, cette priorité du secteur privé et du tertiaire renforceles relations souvent inégales dans un pays où les plus pauvres,les ruraux avant tout, s’appauvrissent et où les plus riches, lesprestataires de services dont les grands monopoles commer-çants, s’enrichissent. Les efforts du gouvernement en 2005visaient en effet à inciter le commerce : la réduction de moitié duprélèvement d’acompte sur les bénéfices, au profit des importa-teurs, est un outil parmi d’autres qui a favorisé la recrudescencedes produits de première nécessité et ceux de faible transforma-tion. Les principales importations sont les matières premières,pour la construction notamment, le matériel de transport ainsique les produits pétroliers, les régions de provenance étant l’Eu-rope en premier plan, puis l’Afrique et l’Asie. L’éligibilité du Burkina à l’initiative PPTE a valu des remise dedettes par des organismes comme l’Agence internationale dedéveloppement de la Banque mondiale, la Banque ouest-afri-

10/. Ministère desFinances et duBudget du BurkinaFaso, PNUD,« Rapport sur lacoopération pour ledéveloppement2004 »,Ouagadougou,novembre 2006,p.73.

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11/. Ministère del’Économie et dudéveloppement,République duBurkina Faso,« Cadre stratégiquede Lutte contre laPauvreté », juillet2004, p.1

12/. Ministère del’Économie et dudéveloppement,République duBurkina Faso,« Cadre stratégiquede Lutte contre laPauvreté », juillet2004, p.15.

caine de développement, la Banque européenne d’investisse-ment, ce qui a engrangé depuis 2000 une moyenne annuelle de19,70 milliards de francs CFA devant aller sur un compte de« facilité pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance ».

État d’avancement relatif aux objectifs du millénaire

La pauvreté au Burkina Faso est avant tout rurale, avec une partallant jusqu’à 92,2% de pauvres qui vivent dans les campagnesen 2003. L’incidence de la pauvreté s’élevait à 46,4% pour l’en-semble de la population burkinabè, soit 52,3% en milieu rural et19,9% en milieu urbain, lors de l’enquête sur les conditions devie des ménages de 2003 qui prenait comme base les dépensesmensuelles moyennes de 72.198 FCFA (soit 110 euros). Toutefois,l’incidence de la pauvreté est en hausse dans les centres urbains :la part des ménages pauvres dans les grandes villes était à 10,4%en 1994 11. L’accélération de l’urbanisation vécue depuis lesannées 1980, parallèle à une crise de la fonction publique corol-laire à l’ajustement structurel, a favorisé une crise d’absorptionpar les institutions publiques, précédemment pourvoyeusesd’emplois au travers de l’organisation régulière de concours dela fonction publique. D’ici 2025, on estime ainsi qu’un tiers de lapopulation burkinabè vivra en ville, pour actuellement moinsde 20%.L’analyse des composantes de la pauvreté (accès aux ressourcesd’énergie et d’eau, disponibilité d’infrastructures et de matérielsanitaire et d’hygiène minimum, proportion des consommationsalimentaires et non-alimentaires, accès au crédit et épargne,mobilité, etc.) montre la récurrence de caractéristiques deconsommation des ménages les plus pauvres. Tout d’abord, lapart des dépenses alimentaires demeure la plus importante dansl’accaparement des ressources limitées des familles les plus pau-vres : près de 67%, contre un peu moins de 44% pour les nonpauvres. Cette part des dépenses alimentaires est constituée sur-tout des céréales de base (55%) telles que le mil et le sorgho (tota-lisant à eux seuls plus de 42% des dépenses en céréales) 12.Sachant en outre que ces ménages ont une forte auto-consom-mation de leurs productions, la moitié exactement, la moindrecrise de production céréalière touche directement les famillesrurales au cœur de leur survie alimentaire. L’accès à l’eau pota-ble constitue également un défi majeur surtout en milieu rural,

136 l État d’avancement relatif aux objectifs du millénaire

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mais également dans les centres urbains en pleine expansion. Leplan national pour l’approvisionnement en eau potable et d’as-sainissement prévoit une augmentation du taux d’accès enmilieu rural à 80% pour 2015 (il était estimé à 60% en 2005,sachant toutefois qu’une proportion d’environ 30% d’installa-tions défectueuses doit permettre de corriger les chiffres officielssur l’existence d’installation) 13. Les impasses liées à l’adductiond’eau et à l’assainissement sont énormes : 23% des pompesmanuelles et 40% des systèmes d’adduction sont en panne.L’ampleur du défi posé par un secteur crucial comme celui del’eau est illustrée également dans le plan de financement pour lafourniture d’eau potable : 65% du budget repose sur les parte-naires au développement. Cette situation est emblématique dutaux de dépendance à l’aide extérieure, pour la viabilisation deprojets de développement intégrés autour de filières producti-ves fortes.Avec une progression annuelle moyenne de 5% en termes réels,l’économie burkinabè n’a pas su résorber la tendance à la pau-périsation qui s’est confortée en l’espace d’une dizaine d’an-nées : la part des pauvres dans la population totale est passée de44,4% en 1994 à 46,4% en 2003 14. Depuis 2000, année de la consti-tution du premier Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté,deux évaluations ont eu lieu en 2003 et en avril 2007, avec desprogrammes d’actions prioritaires (PAP) à la clé. Le PAP 2006-2008 prévoit ainsi de ramener l’incidence de la pauvreté à 39,9%,avec une incidence rurale de 44,8% et urbaine de 13,4%. Pour yarriver, les moyens seront la compétitivité de l’économie et le cli-mat d’investissements favorable au développement du secteurprivé ; l’amélioration de l’efficacité des dépenses sociales ; lacréation d’emplois et de revenus pour les pauvres et l’accéléra-tion du processus de décentralisation 15. Cependant, l’atteintedes objectifs du millénaire que le Burkina s’est fixée semblehypothéquée pour les principaux indicateurs de pauvreté, demalnutrition, de santé et d’éducation. Plus encore, ce sont lesdisparités d’accès par zones géographiques qui semblent secreuser : en milieu rural, les ménages ont jusqu’à trois fois moinsde possibilités d’accès à des centres de soins, que ce soit pourdes raisons de distances importantes, de disponibilité d’infra-structures et de matériel ou de présence de personnel médicalcompétent et en suffisance 16.Pour inverser durablement cette tendance, la stratégie issue dela révision du cadre national de lutte contre la pauvreté identifie

13/. Ministère del’Agriculture, del’Hydraulique et desRessourcesHalieutiques,direction Généraledes Ressources enEau, « ProgrammeNationald’Approvisionnementen Eau potable etd’Assainissement àl’horizon 2015 / PN-AEPA », Document deProgramme,novembre 2006,p.12.

14/. Ministère del’Économie et dudéveloppement,République duBurkina Faso, « Cadrestratégique de Luttecontre la Pauvreté »,juillet 2004, p.1.

15/. Ministère del’Économie et dudéveloppement,République duBurkina Faso,« Programmed’Actions Prioritairesde mise en œuvre duCadre stratégique deLutte contre laPauvreté : 2006 -2008 », avril 2006,p.12.

16/. John F. May,Moukim Temourov etIsabelle Dupond,« Lutte contre lapauvreté au BurkinaFaso : L’importancede l’écart urbain-ruraldes indicateurs desanté, population etnutrition », BanqueMondiale, AfricaRegion HumanDevelopment,Working Paper SeriesNo. 96, avril 2006,p.11.

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17/. Ministère desFinances et duBudget du BurkinaFaso, PNUD,« Rapport sur lacoopération pour ledéveloppement2004 »,Ouagadougou,novembre 2006,p.xvii.

18/. Ministère del’Économie et dudéveloppement,République duBurkina Faso,« Programmed’actions prioritairesde mise en œuvre duCSLP : rapport demise en œuvre2005 », avril 2006,p.8.

19/. BIT, Tendancesmondiales del'emploi, Genève,janvier 2004, p.21.

20/. BIT, op. cit.,janvier 2004, p.5.

21/. Ministère del’Économie et dudéveloppement,République duBurkina Faso,« Programmed’Actions Prioritairesde mise en œuvre duCadre stratégique deLutte contre laPauvreté : 2006-2008 », avril 2006,p.17.

22/. TransnationalInstitue, CIFCA etRMALC : www.tni-archives.org ;www.cifca.org;www.rmalc.org;

la croissance de la production agricole comme l’une des compo-santes centrales dans un pays où la majeure partie des forcesactives sont dans l’agriculture. La situation alimentaire est pourle moins paradoxale : la campagne de 2005 était par exempleexcédentaire pour quarante provinces sur quarante-cinq. Cepen-dant, le secteur tertiaire demeure celui qui devra tirer véritable-ment l’économie du pays vers la création de valeurs ajoutées etune accélération des revenus. En 2004, il pourvoyait 42,9% duPIB, le primaire en comptabilisant 38,2% et le secondaire18,9% 17. La position certes enclavée, mais centrale dans la sous-région ouest-africaine fournit ainsi les arguments pour promou-voir un développement des infrastructures de transport et lerelais commercial : « la dynamique de l’intégration régionale »devant constituer la « variable d’action qui permettra au Bur-kina Faso de mieux s’insérer dans le processus de mondialisa-tion » 18.Alors même que le rapport sur les tendances mondiales de l’em-ploi du Bureau international du travail (BIT) pointait en 2004 lesliens entre chômage et sous-emploi agricole, avec la forte pro-portion des travailleurs pauvres dans ce secteur, ce paramètreest absent de l'identification du lien entre croissance et réductionde la pauvreté, qui mise plus sur le secteur tertiaire 19. La politi-que de croissance ne se couple pas systématiquement avec uneconcentration des investissements ou une répartition des riches-ses prioritairement en direction du secteur agricole. Les récentesanalyses de la Banque mondiale sur le rôle central d’une crois-sance agricole pour la réduction de la pauvreté augurent-elles lare-précision des politiques dans le sens d’un soutien accru auxpaysanneries ? Le BIT résume pourtant bien le défi posé auxgouvernements des pays en développement par le paradigmedu couple croissance/réduction de la pauvreté : « Si elle n'estpas créatrice d'emploi, la croissance finira par s'évanouir » 20.Quant à l’amélioration de l’accès des pauvres aux servicessociaux de base, l’objectif de poursuivre le désengagement del’État des secteurs productifs en privatisant neuf entreprises –SONABEL (électricité), SONABHY (hydrocarbures), CBMP(métaux précieux), Hôtel Silmandé, BUMIGEB (mines et géolo-gie), CCVA (contrôle automobile), ONEA (eau), et ONATEL(télécommunications) – ne présage pourtant pas d’améliorationpour les pauvres 21. En effet, à l’image des conclusions d’analy-ses réalisées sur la privatisation des services de l’eau en Améri-que Latine et en Asie 22, l’augmentation des prix et la disparition

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du service minimum garanti caractérisent les privatisationsentamées depuis les années 1980 dans les grandes entreprisesprécédemment gérées par les États. En matière de malnutrition, les enquêtes nutritionnelles effec-tuées sur les enfants de six mois à cinq ans mesurent des para-mètres tant médicaux (tour du bras, état de la vision, etc.) quesocio-économiques (niveau de vie du ménage, antécédents demorbidité de la famille, etc.). En effet, depuis 1987, les pays duCILSS 23 réalisent des bilans céréaliers pour évaluer les niveauxd’autosuffisance alimentaire. Cependant, les limites de cettemesure à volet unique (les céréales comptent pour 74% de l’ali-mentation des ménages) ont amené progressivement à uneréorientation vers un bilan alimentaire plus général, sur recom-mandation de la FAO 24. Ces séries de données récoltées, misesen relation avec les enquêtes agricoles permanentes, permettentd’évaluer le niveau de nutrition des enfants, en lien avec lasituation de récolte des ménages ruraux. Pour l’année 2004, lesrésultats sont assez interpellants : le taux de couverture céréaliernational présentait un excédent de 40%, soit 996 736 tonnes decéréales, alors que le tiers (39,4%) des ménages agricoles n'a paspu couvrir leurs besoins de consommation 25. Quant à la couver-ture des besoins énergétiques 26, 46,5 % des ménages agricoles neparvenaient pas à les couvrir. De façon générale, l’incidence dela pauvreté céréalière et alimentaire est plus prononcée dans lesrégions du Nord sahélien. Et si, de façon globale à l’échelle dupays, les ménages arrivent, grâce à d'autres activités génératri-ces de revenus comme l'élevage, à couvrir leurs besoins en dépitd'une faible production domestique, assurer les complémentari-tés par secteur de production et par régions reste un défi majeur.Cela ramène logiquement à poser les questions du développe-ment rural intégré, en abordant aussi bien les aspects liés auxinfrastructures de conservation, de transport, que ceux de l’amé-lioration de la production, dans un contexte d’urbanisationgrandissante. En définitive, le nombre de malnutris a augmenté de 200 000 etle taux de malnutrition n’a diminué que de 21 à 17% entre 1990-1992 et 2001-2003 27. Par ailleurs, la disponibilité énergétique ali-mentaire n’a que légèrement augmenté de 2 350 à 2 460 kcal parpersonne et par jour, tandis que le pourcentage d’enfants demoins de cinq ans avec une insuffisance pondérale reste élevé –38% 28.

23/. Comité Inter-États de Lutte contrela Sécheresse dansle Sahel.

24/. Blaise Kienou,Amélie Solal-Celigny,Ministère del’Agriculture, del’Hydraulique et desRessourcesHalieutiques,Direction généraledes prévisions et desstatistiques agricoles,« Prise en compte dedonnéesnutritionnelles dansle cadre de l'EnquêtePermanente Agricole:étude comparativede la couverture desbesoins alimentairesdes ménagesagricoles et l'étatnutritionnel desenfants de 6 à 59mois. », septembre2005, p.7.

25/. Blaise Kienou,Amélie Solal-Celigny,op. cit., septembre2005, p.15.

26/. Il s’agit descéréales, tubercules,protéagineux,légumineuses, de laviande et du laitconvertis enéquivalant calories etprotéines.

27/. FAO, « L’état del’insécuritéalimentaire dans lemonde 2006.Eradiquer la faimdans le monde –Bilan 10 ans après lesommet mondial del’alimentation »,2006, p. 33.

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28/. PNUD, « Rapportmondial sur ledéveloppementhumain 2006 », p. 294.

29/. Données duPNUD pour lapériode 1996-2004.

30/. Ministère del’Économie et dudéveloppement,République duBurkina Faso,« Programmed’Actions Prioritairesde mise en œuvre duCadre stratégique deLutte contre laPauvreté : 2006-2008 », avril 2006,p.82.

31/. BanqueMondiale, « Stimulerla croissance agricoleet le développementrural dans les paysen développement »,Agriculture etDéveloppementRural/ADR, septembre2003.

Quant aux mesures financières nécessaires pour atteindre lesobjectifs de réduction durable de la pauvreté, le programmed’actions prioritaires vise 415,6 milliards de francs CFA par anen moyenne entre 2006 et 2008. Pour constituer ce budget, lapart des financements extérieurs attendue est planifiée à 52,8%du total requis 30.

Commerce agricole et alimentation

La Banque mondiale fait le constat que pour atteindre le premierobjectif du millénaire, « il faudra à la fois réaliser la réforme despolitiques agricoles et commerciales des pays industrialisés,apporter une aide accrue pour le développement rural et l’agri-culture, élargir les programmes d’investissement et adopter despolitiques axées sur les zones rurales des pays en développe-ment » 31. La Banque estime cependant que des investissementsmassifs comme l’Europe, les Etats-Unis et le Japon ont réalisédans leurs agricultures seraient contre-productifs. Il est pourtantinterpellant de constater que ce sont entre 300 et 350 milliards dedollars par an qu’ont totalisé ces pays pour impulser la crois-sance de productivité de leurs secteurs agricoles, par une aidesystématique aux agriculteurs. Et que ces gains de productivitéont durablement consacré l’avantage comparatif des pays lesplus riches.Dans le cadre de la politique agricole pour l’Afrique de l’Ouest(ECOWAP), les pays de la région ouest-africaine, membres de laCommunauté des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), ontplacé l’agriculture au centre de leur stratégie d’intégration éco-nomique et commerciale. Le document cadre de l’ECOWAP leconfirme : « Face au processus de globalisation des économies et

140 l État d’avancement relatif aux objectifs du millénaire

Source : FAO (2006).

ÉÉvvoolluuttiioonn ddee llaa mmaallnnuuttrriittiioonn aauu BBuurrkkiinnaa FFaassoo

2,117

2 46038% 29

1,921

2 350-

11999900 22000033

Nombre de personnes sous-alimentées (en millions)Part de la population sous-alimentée (en %)

Disponibilité énergétique alimentaire (en kcal/pers./jour)Part des enfants de moins de 5 ans en insuffisance pondérale (en %)

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des échanges qui progresse rapidement, l’Afrique de l’Ouest estréellement confrontée à un risque de marginalisation croissantesi ses principaux secteurs économiques – l’agriculture au pre-mier chef – ne s’inscrivent pas dans une perspective d’intégra-tion régionale et internationale » 32. Le problème à ce jour résidepourtant dans l’un des principaux instruments qui fait l’inter-face entre la région et ses partenaires internationaux : le tarifextérieur commun. Celui-ci ne permet pas dans son niveauactuel de préserver les pays de la région des impacts sur l’éco-nomie agricole. Si la reconquête du marché régional des pro-duits alimentaires peut constituer un enjeu de développementpour les années à venir, elle suppose une coordination de plu-sieurs facteurs, loin d’être acquise :

Ü Au niveau local : l’augmentation des capacités deproduction et l’amélioration qualitative de l’offre ;Ü Au niveau national : la conjugaison des facteurs deproduction améliorés et des infrastructures de conservationet d’acheminement adaptées, l’arbitrage entre uneproduction orientée vers les exportations et uneconsommation locale et régionale ;Ü Au niveau régional : le développement decomplémentarités régionales et l’instauration de préférencerégionales temporaires de consolidation ;Ü Au niveau international : l’arbitrage entre une protectiondes marchés régionaux en développement et l’insertiondans des dynamiques internationales pour faire valoir desspécificités et des avantages comparatifs.

Cependant, le chapitre IV, article 25 du traité révisé de laCEDEAO concernant la coopération en matière d’alimentationet d’agriculture ne fait pas allusion à des mesures visant à ins-taurer une stratégie intégrée de protection des filières régionalesvulnérables, dont les perspectives de développement sont hypo-théquées par le faible taux de protection douanière du TEC. Auxcôtés des objectifs de « sécurité alimentaire, d’accroissement dela production et de la productivité agricole ou de protection ducours des produits d’exportation sur le marché international » 33,la protection du cours des produits de consommation localen’est pas priorisée. Sachant par ailleurs que le solde des relationscommerciales pour les produits alimentaires est largement défi-citaire pour la région d’Afrique de l’Ouest, la perspective d’aug-menter les échanges intra-régionaux tarde à s’embrayer : cettepart est passée à moins de 7% en 2006 34. En comparaison, la part

32/. CEDEAO,« Cadre de politiqueagricole pourl’Afrique de l’Ouest :ECOWAP, Documentde référence pour lapremière phase desconsultationsnationales :Diagnostic, enjeux,Questions clés,scénarios », juillet2004, p.9.

Burkina Faso l 141

33/. CEDEAO, op.cit., juillet 2004,p.14.

34/. JacquesGALLEZOT, « Lesenjeux et les margesde manœuvre de laCEDEAO face auxdéfis desnégociationsagricoles », INRA,ROPPA, mai 2006,p.5.

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35/. Document destratégie dedéveloppement ruralà l’Horizon 2015,Burkina Faso,Ministère del’Agriculture, del’Hydraulique et desRessourcesHalieutiques/(MAHRH), janvier2004, pp. 72-78.

des échanges intra-communautaires en matière alimentaire pourl’Union européenne offre une comparaison suffisamment élo-quente : plus de 75%. Dans un marché régional insuffisammentprotégé, les entraves à la circulation interne des biens et des per-sonnes viennent encore renforcer le cloisonnement des écono-mies faiblement compétitives face à la concurrence extérieure.Pour inverser la tendance à un déficit alimentaire structurel despays de la CEDEAO (multiplié par trois entre 1995 et 2003), l’ap-plication du TEC depuis 2000 n’a au contraire permis qu’uncreusement de la tendance. Sur les céréales par exemple, le tauxde prélèvement se trouvait à 6%, pour 38% dans l’Union euro-péenne !Dans la logique de l’ECOWAP, les différents pays s’attellent àréfléchir à des niches et autres filières agricoles stratégiques. AuBurkina Faso, la stratégie de développement rural identifie dif-férentes filières 35 :

Ü Les fruits et légumes : que ce soit pour les marchés de lasous-région ou pour l’Europe. Cette filière se caractérisetoutefois par une concentration de la production annuellesur trois ou quatre mois, ne permettant pas de retirer lesmeilleurs revenus ;Ü Les oléagineux tels que le karité, le sésame ou l’arachide,dont les rendements à la production devraient pouvoirplacer le pays en avantage comparatif. Cependant, laquestion des capacités de transformation locale représentesans doute le principal défi dans un pays où ledéveloppement des industries reste fort limité. Ainsi, ladirective européenne en faveur de l’introduction de 5% dematières grasses végétales autres que le cacao dans lafabrication du chocolat est une perspective à considérer ;Ü Le bétail : l’élevage a contribué pour plus de 10% desrecettes d’exportation du pays en 2004, même si enquantités, ce poste a parallèlement diminué depuis lemilieu des années 1990. Le recentrage vers le marché local,en vue de la croissance urbaine prévisible, devrait apporterun complément de débouchés pour ce secteur, avecnotamment une attention particulière sur l’amélioration dela production laitière locale ;Ü Le coton : au niveau des marchés internationaux, le cotonburkinabè trouverait un avantage comparatif dans la niche« coton de qualité ». La récolte à la main offre la possibilitéde faire valoir des fibres intactes pour une gamme de tissus

142 l Commerce agricole et alimentation

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de qualité. La filière coton reste donc le pilier de l’économieagricole burkinabè.

Le cas de la filière coton

La filière coton au Burkina Faso se structure selon le schémad’exploitation hérité de la période coloniale, où les sociétés colo-niales organisaient la collecte, l’égrenage et l’acheminement desgraines de coton vers les métropoles, pour les industries textilesen forte demande de ces matières premières. C’est notamment laCFDT (Compagnie française pour le développement des fibrestextiles, société parapublique française fondée en 1949) qui oeu-vra dans les filières cotonnières d’alors et qui maintiendra desparts dans les sociétés nationales qui naissent au cours desannées 1970.Au Burkina, les cotonniers, dont la représentativité est de l’ordrede 11% des ménages ruraux, participent à la constitution de laplus grande part du revenu monétaire agricole (l’agricultureparticipait à la constitution de 40% du PIB agricole en 2003 36, lecoton représentant la principale source de croissance de ce sec-teur). Cette filière, comme la plupart des produits dont la culturefut implantée durant la colonisation pour l’approvisionnementen matières premières de l’industrialisation européenne, consti-tue le symbole de l’entrée des économies africaines de rentedans un marché international en mutation. Aujourd’hui, lafilière se caractérise encore par la présence des producteursd’une part, face à des sociétés d’égrenage qui font les intermé-diaires entre le coton-culteur d’une part et l’importateur de paysindustrialisés d’autre part. Les relations entre le producteur etces sociétés commencent avant les semis, par l’octroi d’intrantset de semences à crédit, continuent au moment des labouragesavec la location ou la vente à crédits de matériel, pour se termi-ner au moment de la livraison. Au Burkina, les producteurs sontcependant actionnaires des trois sociétés cotonnières, à concur-rence de 30% pour la SOFITEX, 20% pour la SOCOMA et 10%pour FASO COTON 37. Ces sociétés fixent un prix minimumd’achat des graines avant les semis, ce qui représente un certainrisque quant aux résultats de la récolte. Toutefois, ce risque estsouvent limité par la pratique de ventes anticipatives d’une partimportante des récoltes attendues, permettant ainsi de respecterle prix minimum annoncé et de constituer une garantie vis-à-vis

36/. In Document destratégie dedéveloppement ruralà l’Horizon 2015,Burkina Faso,Ministère del’Agriculture, del’Hydraulique et desRessourcesHalieutiques/(MAHRH), janvier2004, p.11.

Burkina Faso l 143

37/. Ministère del’Économie et duDéveloppement,République duBurkina Faso,« Programmed’Actions Prioritairesde mise en œuvre duCSLP : Rapport demise en œuvre2005 », Rapport2003, avril 2006,p.36.

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38/. Louis Goreux,« Le coton auBurkina Faso »,janvier 2005, p.1.

39/. Louis Goreux,op. cit., janvier 2005,p.2.

40/. Louis Goreux,op. cit., janvier 2005,p.2.

41/. Burkina Faso:Request for a Three-Year ArrangementUnder the PovertyReduction andGrowth Facility—StaffReport; Press Releaseon the ExecutiveBoard Discussion;and Statement by theExecutive Director forBurkina Faso IMFCountry ReportN°07/153, May 2007,p.17 et 53.

42/. Chiffres duMAHRH, Directiondes statistiquesagricoles /DSA, 2006

des banques auxquelles les crédits de campagne sont demandés.Il est souvent arrivé que les sociétés d’égrenage ne puissent pasremplir le contrat : la SOFITEX a par exemple dû payer pour lacampagne 1995-1996 des pénalités, n’étant alors pas capable delivrer en temps voulu et selon les quantités et qualités ducontrat 38. Ainsi, les pertes de la SOFITEX, pour la campagne2006, sont estimées à plus de 26 milliards de francs CFA. Lesproblèmes de mauvaise gestion viennent donc se greffer à lachute tendancielle des cours de l’or blanc. Pour la période 1995 à 2005, les prix aux producteurs ont connudes écarts allant de -10% à +6%. Dans le même temps, l’ampli-tude des fluctuations des cours mondiaux était quatre fois plusimportante. Le fonds de soutien, mis en place pour permettre depayer les producteurs en deux fois sur la campagne, a donc per-mis de limiter les effets de chute brutale des prix et la volatilitédes prix qui leurs étaient payés 39. Face à cette tendance à labaisse des prix, le producteur, qui encourt déjà une forte perte dela valeur totale de sa production, ne trouve de bénéfice qu’enpratiquant des cultures complémentaires, en rotation sur ses ter-res. En effet, alors qu’environ 45% de la valeur du coton est per-due au travers des coûts allant de la collecte jusqu’à la livraison,sur les 55% de la valeur restante, le crédit intrants à rembourserconsomme un tiers de la ressource, et il ne reste au producteurqu’un peu moins de 37% de la valeur de sa production 40. Pour ce qui est des perspectives pour la gestion des ces sociétés,avec l’appui de la Banque mondiale, l’idée est de finaliser unplan de libéralisation de la SOFITEX à la fin d’année 2007, avecl’ouverture de son capital à des sociétés privées, afin que l’impli-cation de l’État y soit réduite et progressivement nulle. Par ail-leurs, l’alignement des prix aux producteurs uniquement sur lesprix mondiaux devrait être couplée à un fonds de lissage ali-menté dans un premier temps par l’aide 41. La question d’uneculture de rente sous perfusion reste donc entière, surtout enregard de choix stratégiques pour des niches à réelle plus-valueéconomique. Lorsque l’on observe les chiffres sur la production de coton, les535 367 tonnes produites en 2004 dénotent d’une forte augmen-tation de la production en vingt ans (six fois plus qu’en 1984) 42.Cette bonne performance de la filière est cependant confrontée àune crise de débouchés sur les marchés internationaux, où leprincipe de mise en concurrence de tous les acteurs l’emportesur les schémas d’accès garantis datant des années 1960, au sor-

144 l Les cas de la filière du coton

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tir de la colonisation et dans l’esprit des pactes de coopérationentre anciennes métropoles et colonies de production de matiè-res premières. Le marché mondial actuel est caractérisé par troisgrands producteurs de coton, qui totalisaient près de 60% desfibres produites en 2004-2005 : la Chine (28%), les États-Unis(17%) et l’Inde (12%) 43.Dans un tel contexte, le débat est serré sur l’opportunité mêmede maintenir la force active dans un secteur de rente non-ali-mentaire comme le coton, sachant que parallèlement, le défi dela souveraineté alimentaire reste entier dans un pays où, en2003, 17% de la population totale était encore en état de sous-ali-mentation (contre 21% en 1990) 44. Ce dilemme entre le maintiendans une économie de rente visant l’obtention de devises exté-rieures ou la réorientation vers une économie moins dépendantedes fluctuations de prix internationaux est systématique dansles pays de la région ouest-africaine, en proie à une dégradationconstante des conditions de vie de leurs populations. Dans cet ordre d’idées, les organisations paysannes de coton-niers des quatre premiers pays africains producteurs de coton sesont organisées dans une Association des producteurs de cotonafricains (APROCA) et demandent une régulation du marché

43/. ChristophePerret, in « Atlas del’intégrationrégionale en Afriquede l’Ouest, sérieéconomie, lecoton », CEDEAO –CSAO/OCDE, Août2006, p.1

44/. FAO, « L’État del’insécuritéalimentaire dans lemonde 2006 »,2006, p.33.

Burkina Faso l 145

600 000500 000400 000300 000200 000100 000

0

1984 1987 1990 1993 1996 1999 2002 2004

ÉÉvvoolluuttiioonn ddee llaa pprroodduuccttiioonn ddee ccoottoonn aauu BBuurrkkiinnaa FFaassoo

n Superficies en hectaresn Quantités (t)

Source : Ministère de l’Agriculture de l’Hydraulique et des Ressources Halieutiques, Divisionstatistiques, mars 2007.

mondial du coton plus adaptée à la réalité de capacités de pro-duction inégales entre pays riches et pauvres. Cette réalité dessubventions aux producteurs de coton américains, grecs ou

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45/. Les PMA formentla liste des cinquantepays les moinsavancés.

46/. Secrétariat duCESAO/OCDE,« Importanceéconomique etsociale du coton enAfrique de l’Ouest :Rôle du coton dansle développement, lecommerce et lesmoyensd’existence », Paris,novembre 2005, p.9.

47/. L’African Growthand Opportunity Actou loi américaine surla croissance et lesopportunités enAfrique, est unrégime préférentieldans l'extension duSystème Généraliséde Préférences (SGP)de l’OMC entre lespays en voie dedéveloppement etles paysindustrialisés. Il estnotamment connupour son volettextile.

espagnols, couplée à la chute du cours du dollar américain,ayant pour effet de maintenir la chute tendancielle des prixmondiaux, a conduit quatre PMA 45 de la région ouest africaineà prendre une « Initiative sectorielle en faveur du coton ». Intro-duite par le Bénin, le Burkina Faso, le Mali et le Tchad le 16 mai2003, elle vise à limiter ces effets de chute artificielle des prixmondiaux, qui accentuent la pauvreté pour les 16 millions depersonnes qui dépendent directement ou indirectement de cetteculture en Afrique de l’Ouest et du Centre 46. En effet, dans uncontexte climatique souvent défavorable (les sécheresses de 1985et 2000 ou encore l’invasion parasitaire de 1994), doublé d’uneaugmentation des prix des intrants (semences, fertilisants et pes-ticides), l’absence de soutien de la filière par le gouvernementvient consolider les grands écarts de performance entre leursproductions et celles des cotonniers américains, qui recevaienten 2005 jusqu’à près de 5 milliards de dollars de subventions. Pour les organisations paysannes, les soutiens à l’exportation ducoton américain constituent un frein illégitime au développe-ment de leurs filières locales, pourtant pourvoyeuses de la majo-rité des revenus des populations les plus pauvres. Et les perspec-tives d’accords de libre-échange n’y feront rien. En effet, si leBurkina Faso est éligible depuis décembre 2004 au titre del’AGOA 47, accord préférentiel entre les États-Unis et certainspays d’Afrique compatible au système général de préférences del’OMC, les effets de croissance des exportations sont loin d’êtregarantis. Les exigences de qualité constituent dans ce sens unfrein pour les exportations de bon nombre de pays africains.Même si le coton burkinabè peut prétendre à une très bonnequalité, la collecte manuelle conférant en effet un produit finipeu abîmé, il ne peut toutefois pas rivaliser avec le prix du cotonde ses « partenaires » qui sont maintenus artificiellement bas parl’ensemble des mécanismes de subventions, qu’ils soientoctroyés à l’exportation ou de façon structurelle pour le soutienà la production. Ainsi, lorsque le Burkina demandait, en juin2004, 10 millions d’euros pour le fonds de soutien aux prix descoton-culteurs, cette somme ne constituait que 1% des subven-tions prévues en 2004-2005 pour les coton-culteurs européens.Les producteurs des pays africains ont des coûts de productionqui restent bien en deçà de ceux de leurs homologues européensou américains. La logique des subventions est donc fort peu jus-tifiable, si l’on considère qu’en 2001-2002 par exemple, l’Europedonnait un milliard à ses producteurs espagnols et grecs, alors

146 l Les cas de la filière du coton

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Burkina Faso l 147

DDeessttiinnaattiioonn ddeess eexxppoorrttaattiioonnss ddee ccoottoonn dd’’AAffrriiqquuee ddee ll’’OOuueesstt ((22000044))

1009080706050403020100

Source : Alain Huart, 2007.

Afriquedu Nord

Amériquedu Sud

Asie del’Est

Asiedu Sud

Chine EU Autres

qu’elle aurait pu importer du coton pour le tiers de ces coûts 48.Elle pose en effet la question de l’arbitrage et de la cohérenceentre l’obligation sociale de maintenir les revenus des produc-teurs dans les pays riches, au moyen de subventions importan-tes, face aux effets dévastateurs de telles mesures sur des popu-lations agricoles qui sont déjà les plus touchées par la pauvretéet pour lesquelles des programmes de développement sont parailleurs soutenus.

48/. Louis Goreux,« Le coton auBurkina Faso »,janvier 2005, p.3.

Concernant la production de coton, les plans d’accroissement dela production du PAP 2006-2008 réaffirment clairement lavolonté d’intensifier la production, de réorganiser la filière enresponsabilisant davantage les producteurs, et surtout de conti-nuer l’exploitation d’alternatives pour accroître la valeur ajoutéedu coton, notamment par la poursuite de l’expérimentation ducoton transgénique 49. En effet, le débat interne fait rage quant àl’opportunité de continuer dans cette filière de rente : entre cer-tains coton-culteurs, qui assurent de la meilleure rentabilité de lacoton-culture, et les détracteurs de cette culture, qui « ne nourritpas les hommes ». On note toutefois que les producteurs decoton sont aussi les premiers producteurs de céréales, de maïsessentiellement.Dans le sens de l’amélioration de leur compétitivité, les coton-culteurs burkinabè ont commencé l’expérimentation de coton

49/. Ministère del’Économie et dudéveloppement,République duBurkina Faso,« Programmed’Actions Prioritairesde mise en œuvre duCadre stratégique deLutte contre laPauvreté : 2006-2008 », avril 2006,p.53.

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50/. Secrétariat duCESAO/OCDE,« Importanceéconomique etsociale du coton enAfrique de l’Ouest :Rôle du coton dansle développement, lecommerce et lesmoyensd’existence », Paris,novembre 2005, p.9.

OGM dans des champs d’observation depuis 2003. Il s’agit,selon l’Union nationale des producteurs de coton burkinabè(UNPCB), de passer de la dépendance/négociation avec ungroupe d’acteurs vers un autre. En effet, l’approvisionnement enengrais pour le coton au Burkina dépend toujours de sociétésfrançaises fournissant des produits ukrainiens, dans une situa-tion de monopole du marché, et ce malgré l’engagement devingt pays de l’Union africaine en 1981 d’arriver à une autono-mie de production africaine en termes d’engrais. Cependant, uncertain nombre de questions connexes à l’utilisation du géniegénétique en agriculture demeurent et sont débattues parmi lesagriculteurs : le passage de l’expérimentation confinée des OGMà des espaces réels bien plus larges permettra-t-il le maintien desperformances ? Le gain de productivité obtenu est-il vraimentsatisfaisant et justifie-t-il le changement de technique, étant don-nées les réserves émises par certaines analyses scientifiques ?Enfin, la dépendance potentielle à quelques firmes multinatio-nales n’est-elle pas préoccupante ?Ce débat vient s’ajouter à celui de la dégradation des sols : la cul-ture du coton a été plusieurs fois dénoncée pour son impactnégatif sur la qualité des sols. En effet, l’utilisation d’engrais surles champs de coton permet d’obtenir l’année suivante de meil-leurs résultats avec le maïs ; toutefois, une telle intensité d’utili-sation des sols, outre plusieurs caractéristiques propres auxplantes cotonnières sur les éléments nutritifs des sols et surl’eau, peut à terme conduire à l’épuisement des sols 50. Dans sonrapport sur l’agriculture biologique et la sécurité alimentaire demai 2007, la FAO met aussi en garde contre la perte de biodiver-sité et contre le surendettement comme corollaires d’une orien-tation exclusive vers des cultures OGM sensées permettred’augmenter la productivité et de diminuer l’utilisation de pes-ticides.

Conclusion

Les problèmes rencontrés par plusieurs filières agricoles du Bur-kina Faso constituent des freins durables à tout décollage écono-mique permettant une réduction appréciable de la pauvretérurale. Les bons résultats de 2003, où la production du coton etdes céréales a tiré l’augmentation de la production agricole pourplus de 10%, n’ont toutefois pas apporté les effets souhaités en

148 l Les cas de la filière du coton

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matière de réduction durable de la pauvreté rurale. Si la culturede rente est confrontée à des freins exogènes, liés essentielle-ment à la question des prix et aux pratiques de subventions à laproduction et à l’exportation des pays riches, les productions àdestination locale et régionale souffrent quant à elles de freinsendogènes à cette même construction régionale. En effet, le casdu riz montre toute la difficulté pour l’ensemble des pays ouest-africains de maintenir et développer leurs filières nationales faceaux entrées massives de riz asiatique, plus concurrentiel sur leurprix. Par ailleurs, des freins entre les États de la CEDEAO,s’étant pourtant engagés à renforcer l’intégration régionale viala libre circulation des personnes et des biens, ont conduit à despertes énormes pour la campagne 2006 (de tomates burkinabèpar exemple) 51. Des blocages aux frontières ont ainsi coûté cheren pourrissement. Par ailleurs, suite aux politiques d’assainisse-ment budgétaire et de réduction des investissements de l’Étatdans des entreprises considérées comme trop peu rentables, lamajorité des industries de transformation locales en concentréde tomates et tomates pelées ont fermé. Cette situation laisse unvide énorme dans la filière maraîchère pour la transformation,obligeant les producteurs les plus isolés à devoir brader leursproductions périodiquement aux commerçants bien organisés.Dans ce contexte, l’entrée de produits moins chers importésd’Europe ou de la sous-région hypothèque tout effort de revalo-risation de la production locale. Ce faisant, les tensions internes,entre producteurs et commerçants, accroissent le sentiment deconcentration du pouvoir économique. Le fait que les achats etventes se fassent sur le mode contractuel (avec un systèmed’avances sur achats par exemple), renforce la position demonopole de quelques grands commerçants, notamment dans lesecteur céréalier 52. Les leviers de la croissance économique agricole au service de laréduction de la pauvreté résident donc dans la complémentaritédes actions au niveau local, national, régional et international. Àchacun de ces stades, la décision politique pour la prise de mesu-res ad hoc constitue la condition nécessaire à l’arbitrage entre lesintérêts sectoriels souvent divergents au niveau national.

51/. Communiqué dePresse de laconfédérationpaysanne du Faso,Foire Internationalede Bobo, avril 2007 :voir sur :http://www.inter-reseaux.org/article.php3?id_article=1679.

Burkina Faso l 149

52/. Jean-MichelSourisseau,« Libéralisation deséchanges et sécuritéalimentaire des paysen développement(LIBSA) : le cas duBurkina Faso », IRAMMontpellier,septembre 2000,p.30.

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150 l Album

Le premier forum social du Burkina (mars 2007).

L’activité maraîchère au centre des activités productrices de revenus ruraux.

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Burkina Faso l 151

Le rôle des enfants dans l’accès aux ressources en eau pour la culture maraîchère.

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152 l Album

Des plants d’oignons dans la région de Réo.