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Un matin de printemps La petite Arachnée Fit ses adieux à ses parents Car leur toile elle allait quitter. Quel désespoir pour sa famille Qui crut d’abord au canular Puis accepta la vérité. « Mais que vas-tu faire, ma fille ? Pleurait sa mère Arachnida. Sais-tu au moins où tu iras ? Tu n’aimes donc plus t’amuser Dans ton beau jardin favori Avec tes sœurs et tes amies A jouer à la fureteuse Dans l’herbe ou avec les nuages ? - Tous ces puérils enfantillages Ne sont plus de mon âge. Cela ne me rend plus heureuse. Ce que je veux dès à présent C’est courir le monde des grands. On dit qu’une toile géante Est tissée sur notre planète Par le dieu Web qui l’alimente. Je veux aller voir de mes yeux, Je veux en avoir le cœur net ! - Va mon enfant, mais sois prudente. Où te feras-tu héberger ? - Je trouverai quelque nomade Qui saura bien me conseiller. » Sur ce, elle partit durant plus d’une année. Elle revint un soir d’été, mûrie mais dépitée. « Oh si vous saviez, ma mère ! Que cette toile est éphémère Et trompeuse à bien des égards ! C’est une foule d’avatars Qui se mettent en favoris Sans même s’être jamais vus, Qui sont amis, ne le sont plus, Certains d’entre eux sont des pirates Qui détournent tout à la hâte, D’autres se font télésnober, L’araignée qui voulait en avoir le cœur net

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Page 1: L’aaignée ui voulait en avoi le cœu net · 2017-04-06 · Au même moment, à la ville, un jeune, hyper-connecté, se éjouit à l’idée de ejoinde la capitale pour paticipe

Un matin de printemps

La petite Arachnée

Fit ses adieux à ses parents

Car leur toile elle allait quitter.

Quel désespoir pour sa famille

Qui crut d’abord au canular

Puis accepta la vérité.

« Mais que vas-tu faire, ma fille ?

Pleurait sa mère Arachnida.

Sais-tu au moins où tu iras ?

Tu n’aimes donc plus t’amuser

Dans ton beau jardin favori

Avec tes sœurs et tes amies

A jouer à la fureteuse

Dans l’herbe ou avec les nuages ?

- Tous ces puérils enfantillages

Ne sont plus de mon âge.

Cela ne me rend plus heureuse.

Ce que je veux dès à présent

C’est courir le monde des grands.

On dit qu’une toile géante

Est tissée sur notre planète

Par le dieu Web qui l’alimente.

Je veux aller voir de mes yeux,

Je veux en avoir le cœur net !

- Va mon enfant, mais sois prudente.

Où te feras-tu héberger ?

- Je trouverai quelque nomade

Qui saura bien me conseiller. »

Sur ce, elle partit durant plus d’une année.

Elle revint un soir d’été, mûrie mais dépitée.

« Oh si vous saviez, ma mère !

Que cette toile est éphémère

Et trompeuse à bien des égards !

C’est une foule d’avatars

Qui se mettent en favoris

Sans même s’être jamais vus,

Qui sont amis, ne le sont plus,

Certains d’entre eux sont des pirates

Qui détournent tout à la hâte,

D’autres se font télésnober,

L’araignée qui voulait en avoir le cœur net

Texte

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Par des écrans interposés.

Les émotions, les sentiments

Eux aussi ne sont que du vent :

Des dessins, des émoticônes

Chacun y va de son icône,

Du virtuel à cent pour cent !

Cette gestion, c’est bien dommage

Car au milieu de ce nuage

On peut apprendre les nouvelles

Du monde entier en temps réel ;

On peut tout échanger

On peut se rapprocher

On peut même s’aimer.

Mais tout cela aussi

Je peux l’avoir ici.

Vous parler et vous écouter,

Vous embrasser, vous cajoler

Découvrir le monde et la vie.

Ma mère, vous aviez raison,

On est bien mieux à la maison. »

Rose-Marie AGLIATA

Association Au cœur des mots

Chamarandes (Haute-Marne)

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Vers dix-sept heures, comme toujours, j’étais assise devant mon ordinateur à consulter ma

messagerie.

D’habitude, plusieurs amies m’écrivent des messages. Nous discutons aussi, nous

échangeons nos expériences de la vie quotidienne.

Ce jour-là ma plus proche amie m’a annoncé qu’il y avait un canular dans le message reçu de

la part de notre amie Karen.

Evidemment, ce sont des gens qui agissent pour créer des inquiétudes parmi les internautes.

Mon amie m’a prévenue que ces pirates ont leurs favoris et il faut faire attention en ouvrant

ces pages dangereuses.

En lisant, je n’ai rien compris. J’ai découvert des mots n’ayant aucun sens. J’ai pensé à une

mauvaise plaisanterie. J’avais déjà entendu parler de piratage et autres, mais je n’avais

jamais été confrontée à cette situation. Ces mots m’étaient étrangers.

J’ai décidé de le montrer à ma fille. Elle est jeune, elle comprend mieux le sens des mots qui

sont liés au domaine d’internet. Elle m’a demandé de fermer ce message et de ne surtout

pas y répondre. Ma fille m’a expliqué que ces situations sont fréquentes avec le

développement du web.

Aujourd’hui, j’ai compris encore une fois que les parents apprennent aussi avec leurs

enfants.

Margarita TUMANYAN ASL du CSC Rive Gauche Châlons-en-Champagne (Marne)

Carnet de vie

Texte

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Il était une fois, dans le meilleur des mondes, un vieil homme qui vivait peinard au milieu des bois. Imagine ! Béret, barbe, salopette, gauldo et sabots… Sa tranquillité sera bientôt mise à mal… Au même moment, à la ville, un jeune, hyper-connecté, se réjouit à l’idée de rejoindre la capitale pour participer à la convention geek de l’année. Alors qu’il s’apprête à enregistrer sur son nomade les coordonnées du lieu dans ses favoris, un pirate lui envoie un canular sur l’adresse de celui-ci… Nous sommes le jour J. Il est sept heures. Le jeune se lève, la tête dans ses nuages. Tout est déjà prêt. Il saute dans son T-shirt et son collant en lycra bleu, enfile son slip rouge et met sa cape… Go patate ! GPS branché ! Avatar porté ! C’est parti ! Au bout de trois heures de route, une énorme émoticône s’affiche sur l’écran de son nomade ! Une tête de diable, un rire satirique et un message… « T’as perdu Lulu ! ». La voiture s’arrête sur une petite route forestière… Paniqué, apeuré même, il sort son téléphone pour appeler sa mère. Penses-tu ! … Au beau milieu des bois… Pas de réseau ! Résigné, il sort du véhicule et après une bonne heure de marche, en lisière de forêt, il aperçoit une maison à la cheminée fumante… enfin l’espoir d’une connexion retrouvé ! En se rapprochant, il déclenche un système de sécurité infaillible : « Fils et clochettes » ! Tout à coup, une fenêtre s’ouvre, et un canon de fusil pointe le bout de son nez… D’une voix « douce » il entend :

- « Oh Là ! Qui va là ? Toi, le fureteur ! N’y a rien pour toi ici ! » - « Je, je, je… Je ne viens pas fureter ! Je suis en panne et perdu… Pourriez-vous

m’aider ? » L’ancien baisse son fusil. Il esquisse un sourire et dit :

- « Bon… Viens m’expliquer ton cas Superman ! » - « Je me rendais à la capitale mais… mon GPS a été piraté ! Il faut à tout prix que je le

reprogramme. Puis-je vous emprunter votre connexion internet ? » - « Bonne chance gamin ! Ce n’est pas ici que tu trouveras ça ! Je n’ai même pas

l’électricité ! »

Le jeune geek, absorbé par son téléphone, recommence désespérément à chercher du réseau… L’ancien, voyant son inquiétude, lui dit : « Si tu veux, tu peux rester ici ! » Mais le jeune ne le calcule même plus et continue à tourner en rond. L’ancien répète. Tout à coup il s’exclame : « Hé ! Ça fait cinq minutes que je te parle ! Tu pourrais au moins m’écouter ! »

Le geek et l’ancien

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Le jeune : « Désolé… Je ne voulais pas vous télésnober ! Mais… la nuit commence à tomber et… vous n’avez pas l’électricité et … » L’ancien se retourne et bougonne : « Bla bla bla… bla bla bla… ! Je n’ai peut-être pas l’électricité mais j’ai fait un bon feu et j’ai un canapé ! Allez viens gamin ! Je vais t’héberger ! » Depuis ce jour, l’homme d’une autre époque se retrouve connecté et le jeune geek apprécie désormais de communier avec la nature. Céline HELLE, Mickaël HOUSSIAUX, Samuel BERGER Croix-Rouge française, Service Permanence de Rue Epernay (Marne)

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Informatique tic-tic Emoticônes smilants Favoris glissants

Informatique tic-tic Télésnober les humains S'isoler dès le matin

Informatique tic-tic Le savoir ou le noir Avatar ou canular

Chic, aujourd'hui, c'est atelier informatique On va enfin se débrouiller sur ordinateur Un jeune homme qui ressemble plus à un pirate Va nous faire découvrir le numérique

Il nous demande de chercher dans les favoris Un site permettant de fureter partout Comme un nomade en mal de voyages lointains Sur un sujet qui nous passionne

Mon voisin qui télésnobe sans cesse M’énerve au plus haut point, J’ai envie d'envoyer valser son téléphone Plus haut que les nuages qui se forment dans le ciel

Il nous présente des émoticônes, ou des smileys C’est quoi encore ces bêtes-là ? Un qui rigole, un qui pleure, un qui hésite... C'est Jean qui pleure et Jean qui rit

Un petit tour sur des jeux en ligne Où nous avons créé des avatars Le mien n'est pas très en forme Il perd à tous les coups

Quelle farce, quel canular cet atelier ! Je vais plutôt me faire héberger par ma grand-mère Et respirer le bon air de sa campagne Discuter et rencontrer des gens Rossana VERECCHIA, André HOLDERBAUM, Chantal COLIGNON, Aimée ARAZAFIARINAZ, Annik FERREIRA et Maria MIRABELLA DOBRAS Femmes Relais 08 et Médiathèque Georges Delaw Sedan (Ardennes)

Informatique, tic-tic Texte

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Un nuage au-dessus de nos têtes noircit nos portables. Notre bateau dérive au gré des flots

comme un favori en mal de canular.

Un pirate, venu d’on ne sait où, surgit ; tel un nomade nous aborde, l’air aussi réjoui que les

émoticônes de l’ordinateur de bord.

S’il continue ainsi, un avatar sorti de l’ombre finira par nous héberger, la peur au ventre.

Il ressemble à un fureteur qui nous télésnobe, plein vent arrière.

Mais non, ce n’était qu’un mauvais rêve sur cette mer d’huile…

Emmanuelle-Cladye LEMAITRE Les Eclatants Gisors (Eure)

Le Rêve

Texte

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Tel un fureteur, un nomade arriva un jour sur la place du Forum à Reims.

Le ciel était plein de nuages, et la presse avait annoncé l’arrivée imminente du Père Noël à

l’occasion des fêtes de fin d’année, Père Noël qu’il fallait croiser pour gagner un lot.

Aussi, personne ne semblait le remarquer. Pourtant ce nomade ne passait pas inaperçu, avec

sa gueule d’émoticône, de vil errant, de pâtre grec, ses cheveux aux quatre vents et ses

favoris tout grisonnants sur ses joues de vieil enfant. Tout en lissant sa barbe, il déambula

jusqu’à la Fontaine Subé, là-bas, il s’arrêta et se désaltéra avec un petit calva. Son sac à dos,

très lourd comme un fardeau, pouvait faire penser à une hotte chargée de cadeaux.

- T’es le Père Noël, toi ? demanda un petit garçon en lui tirant la manche.

- Qu’est-ce que tu veux, petit pirate ?

- Tu descends des nuages avec tes cadeaux ? T’es venu tout seul ?

- Tu m’en poses des questions, petit pirate ! Je ne suis pas le Père Noël, je suis son avatar.

- Mais alors je pourrai pas gagner le concours, j’aurai pas ma figurine préférée, Dark

Vadooor !

- Approche-toi, je vais te dire un secret… Le vrai Père Noël, il est caché dans la cathédrale.

- C’est pas vrai, mais t’étais où toi ? s’exclama la mère en sortant de la brasserie. Et avec qui

tu causes ?

- Ben avec le Père Noël ! répondit l’enfant.

- Je viens de te dire qu’il est planqué dans la cathédrale, répéta le nomade à voix basse.

- Mais vous êtes qui, vous ? lui lança la mère en le télésnobant.

- J’suis le Père Noël, ça se voit pas ? Ironisa-t-il.

- Mais c’est un canular ! hurla-t-elle en se retournant vers son fils. On n’est pas le 24

décembre, et de toute façon je t’ai déjà dit que le Père Noël n’existait pas.

- Ouiiiiiiiiinnnn…

- Allez viens, toi, et arrête de chougner, lança la mère en empoignant son fils et en

s’éloignant du bar.

- Hé ben, c’est pas ce soir que je vais me faire héberger, et surtout pas par eux ! soupira le

nomade dans un rictus où se lisait l’ironie du sort.

Alexandra ALBY, Nathalie CORDELIER, Éric GAUDIN, Cécile HUSSON, Maria LORENZO, Yasmina MOHAMED, Cédric NICOLIN, Cyprien TREDEZ, Candice TSIMI, Bruno VAUCHER Hôpital de Jour Reims (Marne)

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Je me rappelle l’histoire de ma grand-mère qui racontait les nomades kurdes d’Arménie. Les

nomades sont membres d’un peuple qui n’a pas d’habitation fixe. Ils gardent des troupeaux

de moutons. Ils se déplacent toujours et habitent dans des yourtes. Ils ne sont pas les favoris

des snobs. La plupart des snobs sont des gens des villes, ils prennent de la distance vis-à-vis

des paysans, des nomades.

Jasmine BAGDASSYAN

CCAS/INITIALES

Chaumont (Haute-Marne)

Les nomades kurdes d’Arménie

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Il y a cinq ans, nous étions réunis à l’occasion de la naissance de mon petit-fils Noam, à Montargis. Nous étions en train de fêter cette naissance et avons dégusté un bon repas. Une douzaine de personnes étaient présentes. Après le dessert, j’ai constaté que personne ne parlait. Toutes les personnes présentes étaient occupées avec leur téléphone ou leur tablette, et donc personne ne parlait à personne. Ils étaient bien en train de nous télésnober. Ils jouaient ou étaient occupés à écrire des messages, sans doute en utilisant, pour aller plus vite, les émoticônes que proposent les téléphones portables. En tout cas, ils étaient très absorbés par ce qu’ils faisaient. Tout à coup, je me suis mise à crier : « Hé! Hé! Vous êtes avec nous ou pas ? » « Qu’est-ce qui se passe ? » ont répondu plusieurs personnes, et du coup ils ont arrêté leur

téléphone. J’ai ajouté : « Ah, je préférerais aussi bien être avec des nomades, sans téléphone, au milieu du désert, au moins on pourrait se parler et manger tranquillement ! » Ensuite, on a parlé de ce qui m’était arrivé lorsque j’avais reçu un coup de téléphone de quelqu’un qui me disait que j’avais gagné dix mille euros. Alors, je lui avais répondu : « Ah, gardez-les, je vous les offre ces 10.000 euros ! » J’avais compris qu’il s’agissait d’un canular téléphonique. Toujours ce jour-là, mon fils m’a aussi dit qu’il lui arrivait d’héberger pour le week end des amis de passage, chez lui à Lyon. Parfois, certaines personnes ne remettaient pas la maison en état, vidaient même le réfrigérateur, et ainsi mon fils disait qu’il n’y a pas qu’au téléphone qu’on peut tomber sur des gens pas très honnêtes...

Mina BACHIRI CCAS Nogent (Haute-Marne)

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J’ai rêvé que j’étais une pirate nomade

Qui n’avait pas de maison fixe

qui vivait sous une tente

libre, sans mon fauteuil roulant.

Une amie que j’hébergeais

me parlait d’un canular :

la dune d’à côté serait vendue !

Et là, soudain,

je me suis trouvée figée sur une plage de sable

demandant une seule faveur : qu’une goutte d’eau tombant des nuages

ou d’un murmure de ruisseau

apparaisse dans le creux de ma main !

Puis, je me suis retrouvée fureteuse

cherchant, grâce à mon téléphone, le trésor du cavalier

que j’avais croisé un peu plus tôt

et que j’avais télésnobé.

Une caresse de chat me fit sursauter.

Mon visage caractérisé par une émoticône de surprise :

je me réveille dans mon lit,

mon compagnon favori,

mon fauteuil roulant,

est à côté de moi.

Didouna TABTI

Foyer La Sève et le Rameau

Reims (Marne)

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Branchée.

En sortant du ventre de ma mère

on m’a mise dans une couveuse, une boite transparente.

Et j’ai grandi. Ensuite, on m’a mise dans un fauteuil roulant,

un peu comme le héros du film Avatar qu’on a mis dans un caisson.

Je me sens comme lui,

mon fauteuil me permet de bouger

tout comme son avatar lui permet de marcher, ou en tout cas

de ressentir les sensations de la marche.

Attachée dans un fauteuil

ou attaché au fond d’un caisson,

on n’est pas complètement libre.

Sans la machine, il ne peut pas bouger ses jambes,

et moi sans rééducation, je ne peux pas bouger mes membres.

Mais grâce à son avatar, lui, il peut se sentir normal et marcher, alors que moi je ne peux rien de tout ça. Je vis comme tout le monde, mais j’ai sans arrêt besoin de quelqu’un pour chaque petite chose de la vie quotidienne. Et ça me révolte. Il y a tant de choses que je voudrais donner… Je suis nourrie, logée et dépendante des autres pour toujours.

C’est pas une vie comme les autres

d’être dans un fauteuil,

de vivre dans un foyer,

de ne pas réaliser toutes ses envies,

envie de maternité, envie de couple...

Alors en sortant du ventre de ma mère,

quand on m’a mise dans une boite transparente,

quand on m’a mis une tige dans le dos pour que je tienne droit,

on n’aurait pas dû !

J’aurais voulu qu’on ne me réanime pas, qu’on me laisse tranquille.

Quand je suis dans mon lit, je me sens un peu plus libre,

je peux lever mes jambes et mon buste grâce à la manette électrique.

Pour me manipuler, pour m’allonger, on est obligé d’utiliser une machine.

La machine est à la fois une liberté et une prison.

Je passe du lit au fauteuil et du fauteuil au lit

grâce à la machine et à l’aide d’autres personnes…

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Mon fauteuil aussi se déplie, il s’allonge, il s’étire,

il me permet plusieurs positions, il avance, il recule, il tourne,

ses six roues sont assez magiques et confortables.

Mais il n’est pas moi, ce n’est pas vraiment mon corps qui bouge.

Si on oublie de le brancher, mon fauteuil s’éteint,

comme le lève-personne,

comme le lit,

comme la boite transparente,

comme le caisson de l’Avatar,

comme tout ce qui me permet de bouger…

Si tout est débranché, alors moi aussi

je m’éteins.

Sandra NICOUVERTURE

Foyer La Sève et le Rameau

Reims (Marne)

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Sur la terre, nous croyons dans l’inexorable passage du temps qui n’existe pas, mais tous les

matins, tel un avatar, arrive un nouveau jour pour nous rappeler son avancement dans

l’éternelle illusion d’un avenir incertain et sans fin. D’une forme mystifiée comme un canular

il nous fait croire en son existence et nous donne à chaque fois l’espoir de rencontrer notre

jour, notre rêve, notre expectative ou notre bien-être favori. Et moi, le nomade que je suis

dans ce monde d’illusion et d’incompréhension continue d’accepter son existence qui

n’existe pas, suivant mon chemin avec toutes mes vertus et erreurs, sans penser quelles en

seront les conséquences au bout de ma vie. Parfois, la nuit, je me réveille et passe mon

temps à télésnober en perspective tous les fichiers que j’ai déjà parcourus avec l’espoir de

rencontrer l’émoticône magique qui pourra me transmettre la garantie du bonheur que l’on

cherche en vain. D’ailleurs je continue à héberger les secrets de mon existence et de mon

âme qui vont et viennent à la même vitesse du temps qui n’existe pas. Et comme un pirate

sans merci, le passage du temps vient nous voler chaque jour le temps qui nous a été

accordé dans ce monde. La vie passe vite, plus vite qu’on puisse l’imaginer, et un jour la

mort fureteuse viendra lire le livre de ma vie sans me demander la permission pour décider

quel sera le moment de mon départ à travers le tunnel de lumière qui me conduira à la porte

utopique du royaume. Cependant, nous sommes submergés par le nuage de l’illusion,

devons faire la sourde oreille au bruit du monde et de ces gens qui pensaient que la vie

tournait autour d’eux-mêmes, attendant qu’un jour nous laisserons aussi les noirs obstacles

de ce monde pour aller visiter les verdoyantes prairies du paradis où le temps n’existe pas et

ou la vie continuera pour l’éternité.

Arlindo DA CUNHA FARIA

L'Accord Parfait

Troyes (Aube)

Le temps qui n’existe pas Texte

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2016 où tout a changé. Nous vivons dans des temps de "Télésnobie". Dans la vie virtuelle et

numérique, les gens disent s'estimer beaucoup, mais en réalité, certains ne sont que

fureteurs et voyeurs. En réalité, derrière la technologie, nous sommes perdus comme dans

un "nuage". Avec les amis des réseaux sociaux on peut se parler chaleureusement et

s'envoyer plein de douces "émoticônes" et de mots d'amour. En réalité, quand on se voit

dans la rue, certains changent de chemin et tournent la tête pour ne pas dire bonjour, alors

on fait comme si on ne se connaissait pas.

2016 où les enfants n'ont plus le respect qu'ils avaient avant pour leurs parents. Ils vivent

dans le monde des "Avatars" où avec les personnages virtuels ils sortent de la réalité et ne

sont plus eux-mêmes. Ils ne parlent pas de leurs problèmes et se renferment sur eux-

mêmes.

2016, ceux qui montent des canulars et qui piratent nos messageries se comportent comme

des fous.

2016 où comme parents, nous nous sentons comme "hébergés" provisoirement dans notre

famille, où nous ne communiquons plus comme avant avec nos enfants qui privilégient les

liens virtuels aux liens familiaux. Le plus grand problème est que l'on ne sait pas toujours

séparer le virtuel de la réalité, qu'on ne sait pas toujours où est sa maison, comme si on était

des "nomades" de la vie.

En attendant 2017 avec ses nouvelles surprises...

Faviola GJORRETAJ

Lire Malgré Tout

Revin (Ardennes)

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La table était cassée, C'était un canular Détruit, mon avatar Le temps se dégradait Les nuages s'accumulent Hébergés sous le ciel Regards artificiels Le temps se dégradait Les fureteurs sont d'humeur Mon malheur est à l'heure Nomade est mon passé Le temps se dégradait Le pirate envolé Les favoris aux vents Guettait mon paravent Le temps se dégradait Je suis télésnobé Mon émoticône triste Cherchera la bonne piste Le temps se dégradait. ML, FM et ST Maison d'arrêt Chaumont (Haute-Marne)

Le temps

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Je n'ai pas de maison fixe. La terre entière est mon territoire. Souvent mes nuits sont faites de risque. Mais mon troupeau me donne espoir. Mon style de vie me fait voyager. Mais mon cœur aime tous ces paysages. Les gens me jugent et sont étonnés. Ils ne comprennent pas que je puisse filer comme un mirage. Ce mode de vie, je ne l'ai pas choisi. Changer d'endroit tous les trois mois. Ça, c'est mon père qui me l'a appris. Il est temps de nous en aller, ma famille et moi. Que j'enseigne à mon fiston Que la vie n'est pas facile. Mais dans tout mal, il y a du bon. Que le monde est beau, même dans les territoires les plus hostiles. K.H. Maison d'arrêt Chaumont (Haute-Marne)

Nomade

Texte

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Bienvenue dans ce monde Où chacun crée son avatar Où il y a beaucoup de canulars Où les gens ont des têtes d'émoticônes Où chacun a son favori Où les fureteurs nous surveillent plus qu'ils nous renseignent Où on t'héberge gratuitement Où on peut avoir de l'information tout en étant nomade Où on fait attention au nuage Où on prend et utilise des informations tel un pirate Où I phone, I pad sont difficiles à avoir pour télésnober le réel Ce « I » te dit où je suis Si tu l'enlèves du titre, tu sauras que je ne suis pas libre A.M. Maison d'arrêt Dijon (Côte d’or)

La toile

Texte

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Elle, Pirate de mon cœur depuis nos plaisirs divins partagés, Je reste comme un nomade de mes journées indéfinies, Errant dans la nuit infinie, Fureteur d'une âme qui saurait héberger ce cœur meurtri de son avatar et de son lot De désarroi. Finalement ce ne sont que des âmes perdues dans leur modernité exacerbée, Aucune ne me portant d'intérêt, Toutes à me télésnober, Toutes hypnotisées par nos appareils de communication, virtuels ou réels à chacun son favori. Soudainement, n'ayant de cesse de me remémorer son bon et doux souvenir Et comme par la magie de la pensée, Mon appareil me signale la réception d'un message ; C’est Elle, Je m'empresse de voir de quoi il en retourne, mes palpitations s'accélèrent, J’aperçois ce malheureux émoticône, symbolisant un cœur qui pleure, Je plonge alors dans un plus grand chagrin, Je m'interroge, est-ce un canular de mauvais goût ? Se joue-t-Elle de moi ? Ne sachant que répondre, je finis par me terrer dans un silence profond, Seul, Face à mon triste sort avec une larme d'optimisme, Je reste la tête dans les nuages à caresser l'espoir d'un destin favorable Et rêver d'assouvir à mon grand désir, D’un jour peut-être, La revoir... Elle ! B.O. Maison d'arrêt Dijon (Côte d’or)

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De mer en mer, de cime en cime, elle naviguait tel un pirate sur les vagues froides de l’océan

Invitée, hébergée, je suis aux anges de partager cette aventure pleine de rebondissements

Sincère parole portée par sa voix, ses cris, et surtout par son cœur au-delà de toutes ces

frontières, elle reste favorite

Moqueuse, rieuse, mais toujours la première pour lancer des canulars à l’encontre de ces

civilisations que l’on croyait perdues

Originale idée de choisir son avatar en fonction de son humeur et de sa personnalité

Immigrée selon certains, vagabonde selon d’autres, le terme approprié reste nomade

Dégradé, ce ciel qui passe du gris au blanc, du jour à la nuit, et ces nuages qui deviennent

pluie

Internet devient pour elle le seul moyen de communiquer. Elle exprime ses humeurs ou sa

jovialité par des émoticônes divers et marrants.

Xéna, la femme guerrière parcourt les vallées, pour devenir par la suite la fureteuse de la

contrée tant redoutée par ses ennemies.

Malheureuse, elle le devient devant toutes ces personnes qui la télésnobent, l’évitent du

regard, ne favorisant aucun contact, ni échange.

Outrée par cette mauvaise expérience, elle se renferme sur elle-même et ne partage plus le

même regard, la même pensée sur le monde.

Toujours ouverte d’esprit, elle s’inspire de mots pleins de bon sens, sortis de la bouche des

enfants.

Simplement seule, face au progrès et à l’avenir…

Ali AIT-YAHIA

Médiathèque Jean Falala

Reims (Marne)

Xéna

Texte

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Depuis la nuit des temps, tous les êtres d’une même espèce communiquent entre

eux, qu’ils soient rampants, volants, aquatiques ou terrestres. Le seul qui a su faire évoluer

son moyen de communication, c’est l’Homme. Il a pourtant commencé comme pour toutes

les races, par le cri. Il faut remonter à l’époque de la préhistoire. Ce fut d’abord des grottes

illustrant des scènes de chasse ou de vie quotidienne.

Puis, au fil des millénaires, du développement de la parole, nous avons pu

retranscrire notre histoire et la transmettre grâce aux vitraux de nos cathédrales relatant des

situations de la vie telles que l’artisanat, les vendanges, la religion. Les personnages ainsi

représentés sous forme de prémices de bande dessinée étaient loin d’être des avatars, des

figures éphémères, mais ils étaient bien réels.

Dans certaines contrées ou sur d’autres continents comme en Amérique du Nord, les

Indiens parvenaient à communiquer à l’aide de signaux de fumée, des nuages de vapeur afin

d’avertir du danger ou de signaler l’arrivée d’un troupeau utile à leur survie, pour se nourrir

et se vêtir.

En Europe, pour faire passer des informations de régions en régions, des critiques,

des troubadours circulaient de ville en ville. Ces nomades chantaient des textes mis en

musique.

Puis, vint, par différents moyens, la possibilité d’entrer en contact à distance, à l’aide

de nouveaux outils de communication, l’invention de l’imprimerie, puis, beaucoup plus tard

le télégraphe, la radio, le téléphone, la télévision. La communication à distance, quelle

évolution, quelle Révolution !

Mais, ceci n’est rien à côté de la découverte et du développement d’Internet et de

notre « indispensable » téléphone portable. Le fameux portable qui nous permet certes,

d’avoir des contacts rapides quel que soit le lieu où nous nous trouvons, mais aussi, à nous

sentir souvent ignorés. Nous sommes parfois télésnobés par des personnes indélicates pour

lesquelles nous devenons si invisibles et pourtant si proches. Il n’aura fallu que très peu de

temps pour révolutionner les rapports entre les hommes d’une ville à une autre, d’un pays à

l’autre.

La communication, quelle histoire !

Texte

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Nous pouvons désormais nous connecter sur notre site préféré grâce à un raccourci

en cliquant sur une icône nommée favori, gain de temps, toujours plus rapide, encore plus

rapide. On tue le temps… Il est vrai qu’internet est un outil merveilleux. Surtout quand nous

faisons des recherches sur un sujet qui nous passionne, que l’on désire s’informer, découvrir,

apprendre. Mais il est aussi le royaume des fureteurs et des voyeurs.

Cet outil technologique peut aussi nous porter préjudice. Des personnes sont

susceptibles d’investir par malveillance nos données personnelles sur nos ordinateurs. Elles

peuvent accéder à des informations pourtant protégées, usurper notre identité et violer

notre intimité. Ce sont des pirates des temps modernes.

Pour les personnes qui veulent nous nuire, elles peuvent diffuser sur le net de fausses

informations à notre égard et ainsi nous devenons la victime d’un canular. Le corbeau est

capable de détruire une réputation, une vie. Car, malgré les systèmes de protection, d’anti-

virus ou autres outils de sécurité créés par l’Homme, il en reste le plus à même pour les

détourner. Nous devrions pourtant être les seuls à avoir accès à nos données stockées,

hébergées et mises en ligne sur notre site. Nous pouvons également nous voir par écrans

interposés quand nous sommes en ligne avec une personne. Nous percevons alors en direct

ses réactions.

Dans le cas où nous ne pouvons pas voir la personne physiquement, pour exprimer

nos émotions, notre ressenti, nous utilisons des émoticônes. Celles-ci représentent des

images, des personnages virtuels. Sont-elles vraiment sincères ? Retranscrivent-elles

réellement nos sentiments ?

Aujourd’hui, malgré tous les moyens technologiques, informatiques si perfectionnés,

multiples, rapides et accessibles mis à notre disposition, pourquoi sommes-nous si distants

les uns envers les autres ?

Qu’allons-nous devoir inventer pour à la fois communiquer et rester silencieux ?

La télépathie ?

Francis ARDOUIN

Médiathèque Jean Falala

Reims (Marne)

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Chacun son chemin pour un Meilleur Destin

Il existe des nuages sans éclaircies,

Mais il n’existe pas d’éclaircies sans nuages.

Il existe des nuages sans orages,

Mais il n’existe pas d’orages sans nuages.

Il existe des nuages sans averses,

Mais il n’existe pas d’averses sans nuages.

Sur mon bateau pirate, telle une aventurière, je voguais sur une mer plus ou moins agitée.

Mais, j’étais rassurée, car tu n’étais pas loin, toi, mon rocher favori, mon ancre, mon repère,

le futur père de nos enfants chéris.

Tout allait si bien en apparence, notre relation coulait dans un moule parfait. Un couple

idyllique qui suivait la logique de la Vie : mariage, maison, projet bébé…

Alors pourquoi notre relation sans nuage a-t-elle dû affronter les averses de nos larmes ? Les

orages de mots cinglants qui tonnent encore dans ma tête ?

Tout s’est obscurci. Je ne voyais plus d’éclaircies…

Je me suis sentie enfermée dans une Vie qui n’était pas celle que je voulais. Tu es devenu

quelqu’un que je voulais fuir, dont j’avais peur. Mon cœur se serrait à chaque fois que je

rentrais chez nous, car j’appréhendais nos confrontations.

Je me suis transformée en nomade, hébergée par de multiples amis, pour me soulager, me

consoler et être loin de toi, qui me détruisait plutôt que m’apporter du soutien et du

réconfort.

Notre relation a volé en éclats. Nous sommes devenus des étrangers, vivant sous le même

toit.

Non, malheureusement, tout ceci n’est pas un canular. Il décrit ce que je ressens

aujourd’hui. J’ai retrouvé le chemin vers le soleil, mais ce chemin n’est plus confondu avec le

tien.

De cette expérience de vie, chacun de nous doit s’en sentir grandi. Même si mon Amour

pour toi est Mort, et que j’affronte les regards et critiques de nos proches, je me veux

sereine, mûrie de cette décision réfléchie.

Au revoir ou Adieu, je te quitte le Cœur léger, je nous souhaite une bonne route, chacun de

son côté, riche de bons moments, sans regrets ni tourments.

Anne-Sophie OKAL

Maison des Solidarités

Rethel (Ardennes)

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Bonjour Illustre Inconnu,

Un peu de neige dans les cheveux, souvent un sourire sur les lèvres et au coin des yeux, tel

se reconnaît mon avatar.

Aucun GPS n’a réussi à me guider jusqu’à vous jusqu’ici, tendre inconnu, aussi je me décide à

braver le web.

Peut-être n’avais-je pas rentré les bonnes données ? Aujourd’hui je vais assurer ! J’espère !

Après une vie professionnelle intense où je m’essayais au marchand de sable sur des enfants

malades, je me retrouve dans une vie plus sereine et solitaire.

J’aspire à vous rencontrer, mon âme sœur sous les traits d’un gentil et sympathique pirate

empreint de « bonnes intentions » en tant que fureteur sur ce site. Si je pouvais encore

écrire « hackeur » en 2 mots : « A coeur » ouvert…

Ne sellez pas votre cheval de Troie, tout au plus votre blanc destrier afin d’enlever votre

princesse des temps modernes.

Descendons de notre nuage, votre moto ou votre « 2 CV » ferait aussi l’affaire !

Abonné au casque ou aux écouteurs dans les oreilles, j’abhorrerais que vous me télésnobiez

lorsque je vous conterais le dernier film que j’aurais aimé au cinéma ou lors d’un autre récit.

J’ose espérer que dans mes favoris hobbies, de communes aspirations nous rapprocheraient.

Mais avant de vous lancer dans une folle chevauchée, un échange de quelques mails ornés

de ces jetons de caddie nommés émoticônes nous permettrait déjà de converser et de faire

plus ample connaissance. Je suis consciente que cet écran pourrait n’être que l’écrin d’un

canular dans ce monde virtuel, éloigné de la vérité et de la réalité.

Mais j’ose espérer que l’issue de cette annonce nous conduira à l’aube d’une passionnante

histoire d’amour.

Peut-être à bientôt,

Shantoung

Chantal GOUBEAU

Médiathèque Croix Rouge Reims (Marne)

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Aujourd’hui, c’est un jour très spécial. Mon copain m’a dit de mettre une robe qu’il aime et

mes plus beaux bijoux. Ce soir on ira dans un restaurant très romantique de la ville, dans

lequel on est allé la première fois qu’on est sorti ensemble. Je suis nerveuse. Quand on est à

table, il commence à me dire que je suis la personne le plus merveilleuse qu’il ait jamais

connue. Il m’envoie beaucoup de cœurs et de smileys souriants. Je rougis et réponds avec un

bisou. On attend le repas quand, enfin, il me dit les mots magiques : « Tu voudrais te marier

avec moi ? » avec dix cœurs ! Je veux dire « Oui », mais… Arrête ! J’espère qu’il va arrêter de

me télésnober et de m’envoyer des messages et émoticônes, qu’il va me regarder dans les

yeux et qu’il va me poser la même question qu’il m’a écrite dans ses messages. C’est

incroyable que le moment que j’ai attendu toute ma vie se produise sur nos téléphones. Le

virtuel, ça suffit ! C’est le moment de vivre vraiment !

Paola VILARINO SALINAS AEFTI Marne Reims (Marne)

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Coeur de pirates. Une vie de nomade. Tel que je me définis. A la quarantaine, j’ai beaucoup de ciel bleu dans mon passeport. Sans oublier tempête et nuage. Maintenant que je ne voyage plus, la solitude me pèse, m’ankylose. Je veux trouver l’amour réel et sans avatar. La peau brunie par mes voyages, mes cheveux grisonnants, grand et surtout exigeant sur le respect et la politesse. Texte court, moins de 1000 caractères, c’est juste mais suffisant pour me décrire. Peux héberger de suite. Cette annonce n’est pas un canular. Philippe JOLY Médiathèque Croix Rouge Reims (Marne)

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Un peu perdue par les avaries de la vie, Timidement, je change mon regard sur cette toile. Et pourtant ces écrans ne me donnent pas envie. Tous ces gens captés comme englués dans une toile. Doucement je m’y laisse quelque peu captiver. Tout d’abord, j’observe, découvre comme une fureteuse. Prudente envers les pirates qu’il faut esquiver. Allant de-ci de-là, me ressentant dompteuse. Au chaud chez moi ou en nomade dans mon jardin, Je trouve les réponses bien hébergées sur les sites. Avec le web je passe du temps en bavardin. L’idée des émoticônes est une réussite. L’éloignement des miens est moins lourd à porter. Nous conversons ou nous envoyons des smileys. Nous plaisantons et savons nous réconforter. Cet échange est bénéfique comme prendre du caille-lait. Les jeux en ligne ne sont pas dans mes favoris. Je n’ai pas envie de créer un avatar. Même si certains sont drôles et de beaux coloris. Le virtuel ne me tente pas, j’aime d’autres nectars. Découvrir, admirer de jolis voyages. Conforter ou s’enrichir de nouveaux acquis. Tranquillement surfer, voguer sur le nuage. Attention aux canulars qui sortent du maquis. Télésnober même ses proches, je ne comprends pas. Certains s’emprisonnent et partent en déconfiture. Internet complète mes jours mais ne les prend pas. Mes mains tournent des pages, mes pieds rencontrent la nature. Anne-Marie CHAUSIAUX Médiathèque du centre-ville Vitry-le-François (Marne)

Toile apprivoisée

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A une émoticône, je préfère ton visage,

tes sourires, tes larmes, émotions véritables.

Cesse ce télésnobisme quand nous sommes à table,

tes absences sont tristes et gâchent nos partages.

Au lieu de fureter, picorant à l'envi,

te cachant, las ! Derrière des avatars sans vie,

héberge lors en ton cœur toutes nos pensées nomades.

Descends de ton nuage, vers nos belles ballades.

Ce n'est point canular, ni une fausse rumeur :

vers ces polyphonies qui nous ouvrent l'humeur,

reviens-nous en pirate, affublé d'un nez rouge.

Ne deviens pas esclave de la technologie

et tu redeviendras, pour tous : le Favori !

François CHOLIERE

Structure Mirly Solidarité

Lyon (Rhône)

Lettre à un phagocyté du numérique

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Ce n'est pas un canular, depuis plusieurs mois je viens suivre des cours, pour mieux apprendre à lire et à parler. Depuis que je suis hébergée dans ce beau pays, souvent couvert de nuages, je me sens bien, du coup je me suis engagée à faire du français une de mes langues favorites. Je suis devenue une vraie fureteuse, toujours en recherche de nouveau vocabulaire... Maintenant, j'envoie même des messages de mon téléphone portable, c'est incroyable.... mes amis constatent la différence, ils disent que je les télésnobe. Moi, je suis heureuse, de cette manière ou d'une autre je joue avec les mots de ce pays qui m'a accueillie. Fawzia MOKEDDEM Mot à Mot Saint-André-les-Vergers (Aube)

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Dans le monde où je vis, il y a tellement de cruauté que je décide de m'évader, donc je

m'invente un monde virtuel où je crée mon avatar, elle s'appelle Chance. Je choisis un

endroit favori où je suis bien. Pour le moment je suis nomade, fureteur. J'ai l'impression que

ma vie est un énorme canular, que je suis née pour que les gens jouent avec mes

sentiments. Je les regarde me télésnober, ignorant même ce qu'il se passe autour d'eux.

Alors un beau jour, je décide d'ouvrir mon ordinateur et je donne vie à mon avatar. Ce

monde virtuel où je décide de vivre est un monde sans nuage sombre, sans guerre ni

trahison. Mon émoticône que je mets sur la porte de ma maison est une tête ronde avec un

grand sourire. Dans ce monde, je rencontre un beau pirate que j'héberge car ici tout le

monde se donne la main, partage ses joies comme ses peines. Mais ce monde n'existe que

dans mon imagination. C'est un monde virtuel que je crée dans mon ordinateur. Alors quand

je suis seule et perdue, j'ouvre mon ordinateur et je deviens Chance, mon avatar.

Isabelle VIVET

SARC

Charleville-Mézières (Ardennes)

Mon avatar

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Un jour, j’ai découvert un jeu où on pouvait créer son avatar. A cette époque, je n’avais que

dix-huit ans. Ce jeu s’appelle IMVU. Je me suis inscrite et j’ai commencé à créer mon

personnage. Je lui ai donné pour prénom Lilith, référent au tout premier succube, puis je la

renommais LilithGuest car entre temps, je suis devenue mannequin. Quand on commence,

on est considéré comme un moche car on a un avatar pas très joli, une grosse tête, des

grosses mains, mais ce qui est bien, c’est que, quand tu commences, il te donne de l’argent

pour t’habiller. Tu peux aussi acheter des crédits pour le jeu en payant avec une carte

bancaire et tu peux acheter tout plein de tenues ou des accessoires ainsi que des

chaussures, des rooms ou des meubles. Je suis rentrée sur le jeu sachant que je faisais du RP

(role play : personnes qui incarnent un personnage), une agence de mannequin m’a

demandé de faire partie de leur agence et j’ai accepté. On avait des cours deux fois par jour

où on devait prendre des photos dans différentes positions, dans différents endroits et

différents angles et à chaque fin de mois, on défilait devant un jury. Si on arrivait dans les

trois premiers, on gagnait des récompenses. Un jour je me promenais dans une room où il y

avait une énorme forêt et dans le ciel des nuages roses qui ressemblaient à des animaux. J’ai

aussi appris à utiliser des émoticônes ainsi que différentes actions du personnage. Chaque

fois qu’une room me plaît, je le mets en favori en cochant sur le petit cœur. J’ai été

mannequin pendant six ans et je faisais du RP où j’incarnais le démon Lilith, une succube qui

utilisait les hommes pour se nourrir et coucher avec. Dans le Rôle Play, il y a différents

niveaux, le T1, qui correspond au niveau des débutants. Les gens font de petites phrases et

sont là pour s’amuser. Le RP T2 qui consiste à faire entre cinq et dix lignes pour décrire son

personnage, ses pouvoirs, à donner au joueur envie d’en savoir plus. Il y a le T3 où là, on doit

faire 20 à 50 lignes à chaque fois et chacun son tour. Puis il y a les RP MJC (majeur joueur

confirmé). Un jour, je me suis fait pirater mon compte et j’ai tout perdu alors j’en ai créé un

autre et là, j’ai décidé de devenir directrice de mannequins et créatrice de vêtements et

relookeuse ; mais il faut faire attention car beaucoup d’agences sont des canulars qui ne

sont là que pour pirater les joueurs. Mais il faut aussi faire attention car certains

personnages vous snobent avec leur téléphone ; on les appelle les télésnober. Ils se croient

mieux que tout le monde. Beaucoup de gens de tous les pays y jouent et les personnages

sont nomades, car chaque année ils ont des nouveaux pays ou des nouvelles rooms. On peut

héberger des personnages qui peuvent dormir et manger. C’est un jeu en trois dimensions

et certaines personnes deviennent AP (Acces Pass) ou VIP, mais il faut faire attention car

beaucoup sont des fureteurs, mais c’est les risques. Dans ce jeu, beaucoup achètent des

vêtements.

Tiffany ALVAREZ

Afpa Grand Est

Romilly-sur-Seine (Aube)

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Allez, viens voir comment on fait pour créer ton avatar ? Voilà ! Tu as compris. Après, il n'y a rien de plus simple. Tu n'as pas besoin de toucher à quoi que ce soit. Ah ! Il y a un bug. Rare que ça arrive sur ce site, pourtant ! J'ai remarqué récemment que j'avais de nouveaux avatars sur mes logiciels d'hébergés alors que je suis très rarement en relation avec des gens et que j'utilise quasiment pas les émoticônes, d'où mon surnom : le « télésnobeur ». Puis un jour, je vois mon PC aller dans mes favoris, sur mes dossiers « nuages » que j'ai sur l'ordi de mon travail. J'ai tout de suite compris que j'étais piraté ou surveillé par un fureteur. Il doit utiliser une technologie de nomade. Ou alors, c’est un canular. Augustin DURAND BTP CFA Aube

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Troisième dimension, chacun son avatar

Mais le tien est avide de pouvoir

Tu crois nous berner avec tes canulars

Mais au final, tu n’es qu’un avare

Tu crois sourire avec tes émoticônes et tes smileys

Mais tu as une tête triste derrière ton clavier

Un favori aussi fictif que malheureux

Tu crois que sans toi, les autres seront heureux ?

Tu n’es qu’un fureteur dans un monde virtuel

A force de te voiler la face tu vas te cramer les ailes

Tu ne fais que toucher des milliers de nuages

Mais ouvre les yeux il n’y a que de l’orage

Moi, je suis nomade dans un monde haut en couleurs

Toi, tu ne sais pas où être hébergé sans peur

Tu te balades seul sur une mer de pixels

Toi, un pirate sans avenir formel

Regarde autour de toi, personne veut te parler

Peut-être parce que tu passes ton temps à les télésnober

Tommy BRIYS

E2C

Chaumont (Haute-Marne)

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Pirate : C’est une pie qui rate son vol.

Nuage : C’est être nu avant l’âge.

Héberger : « Hé ! Berger. »

Canular : C’est une cane qui mange du lard.

Avatar : Ma fille Ava rentre tard le soir.

Nomade : C’est une personne qui a son nom de famille commençant par ADE.

Télésnober : Une télé qui est snob.

Emoticône : C’est lorsqu’une personne change souvent d’émotion.

Fureteuse : Personne qui part en aventure pour faire des découvertes

Favori : C’est une personne qui aime beaucoup le riz.

Sarah MOCQUART

E2C

Chaumont (Haute-Marne)

Mon lexique

Texte

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Ma tête ressemble à un émoticône heureux puisque j’ai toujours le sourire. Lorsque

je suis malade, on pourrait me confondre avec un avatar, car j’ai le teint qui devient bleu. Je

ne suis pas très beau, mais on ne peut pas dire que je sois moche. En fait, si je devais me

décrire, je dirais que je ressemble à tout le monde : pas trop grand, ni trop petit, ni maigre,

ni gros…

Je fais des canulars à longueur de journée car j’aime embêter les gens. On peut dire

que j’ai la tête dans les nuages car j’oublie souvent mes objets.

J’aime internet, j’aime chatter et j’aime utiliser des émoticônes. Mon favori est le

cœur, car je suis une personne sensible. J’ai honte de le dire mais j’ai aussi piraté le compte

de mes amis pour voir leurs petits secrets.

Je n’aime pas les gens télésnobers et fureteurs car ils ne sont pas intéressants.

Pour le moment, je suis hébergé chez mes parents que j’aime énormément. Plus tard,

j’aimerais être un nomade pour visiter le monde et rencontrer des gens différents, ainsi que

des cultures différentes.

Dylan ROYER

E2C

Chaumont (Haute-Marne)

Mon portrait

Texte

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Sommes-nous des humains ? Ou

Sommes-nous des machines ? Ou

Sommes-nous rien de plus que des avatars ?

Comment l’homme a-t-il pu devenir un pirate ?

Qui nous vole nos pensées, et dérobe nos envies ?

Comment ne pas comprendre que l’homme de maintenant est télésnobé ?

Comment ne pas profiter de la faiblesse intellectuelle de ces jeunes ?

Des personnes aussi faibles et si peu intelligentes peuvent être endoctrinées facilement.

Comment avons-nous pu arriver à ce point où notre esprit est perdu dans les nuages ?

Que nous nous laissions inciter par des simples nomades qui vagabondent dans le monde

virtuel.

Ne rien dire, ne rien faire,

Est-ce que c’est ça notre devoir ?

Laisser des gens perdre la vie ?

Laisser des gens se donner la mort ?

Non, nous ne pouvons pas laisser faire ça.

Mettez-vous à la place de ces familles qui apprennent que leurs filles ont cédé.

Qu’elles sont hébergées là-bas et qu’elles font des choses affreuses que l’on voit à la télé.

Non, ce ne sont pas des canulars. Ces pirates fureteurs sont très forts.

Au début, vous vous laissez tenter par des simples vidéos.

Vous les commentez et vous laissez des émoticônes.

Plus le temps passe, plus vos commentaires sont longs.

A ces personnes si détestées, finalement vous y donnez raison.

Vous partez, vous vous battez et vous mourez.

Tout ça, parce que vous vous êtes laissé endoctriner

Chaïna BAGISHA

E2C

Troyes-Bar-sur-Aube (Aube)

Radicalisation

Texte

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Petit pirate, hébergé chez Santa Claus fait de beaux rêves. Puis, il se réveille et entend une

voix : « Petit pirate, dépêchez-vous, Père Noël a besoin de vous ». Il pense que c’est un

canular et il préfère regarder ses émoticônes de Noël.

Il entend à nouveau : « Dépêchez-vous, le Père Noël a besoin de vous : le premier est avatar

mets-lui tous ses jouets favoris en forme de nuage. Le second est télésnobé, emballe-lui son

cadeau. Le troisième est fureteur, mets-lui beaucoup de magie de Noël. Le quatrième est

nomade, écris-lui les noms de ses enfants. En dernier, tous doivent être emballés pour que

je puisse les distribuer.

Petit pirate, merci beaucoup. Pour l'an prochain, reposez-vous.».

Jean Pascal ROUSSEAU

E2C

Troyes-Bar-sur-Aube (Aube)

Petit pirate

Texte

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De manière déraisonnée

Un jeune devant l’écran ne fera que télésnober

Son avatar plonge dans la bataille.

Et le jeune s’allonge dormir bien tard.

En cours, il ira vomir car il n’est pas de taille.

Ce même dans sa matrice finira par déconner.

Remplissant les nuages avec des données.

En y laissant des cicatrices.

Petit pirate, ton quotidien de fureteur.

Sait que tout ce qui t’entoure étant pur, meurt.

Tu traverses ton monde comme un nomade.

Mais prisonnier des ondes, tu multiplies les dérobades.

Avec un réseau bien hébergé.

Tu t’aveugles et tu ne peux plus émerger.

Tes émoticônes ne vont rien y changer.

Ton héros n’est qu’une icône, il ne te donnera rien à manger.

Finis les canulars et tous ces codes audio.

Tu veux réussir plus tard ? Cesse d’être un bavard.

Fais tous tes devoirs et va dormir car il fait déjà noir

Lucas TOGNET

E2C

Troyes-Bar-sur-Aube (Aube)

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Tu télésnobes tes parents. Tu oublies que tu as une vie. Tu crées tes avatars sociaux. Tout ça

pour qu’on t’envie. Toujours sur ton téléphone. Un jour tu reçois une émoticône,

accompagnée d’une demande d’ami. Tu es sur ton nuage et tu crois que tu es en voyage.

Il te raconte son histoire. Il est hébergé chez un ami. Vite, tu deviens accro. Il te parle

autrement que les autres. Ça devient ton favori. Il te fait croire à une belle vie. Qu’il sera ton

mari. Des émoticônes par ci.

Il te demande de le rejoindre à tel endroit. Toi, t’y vas, tu ne te demandes pas pourquoi. Il te

dit que vous allez vous marier. Tu as la tête dans les nuages et sans France son passé. C’est

un fureteur, il sait déjà qui tu es. Toi, tu le connais à peine mais il t’a chamboulée. Tu quittes

ta famille et tous tes rêves. Vous déménagez partout. Tu es devenue nomade. Tu sais même

pas où tu es.

Vous partez dans un autre pays. Descendue de l’avion, tu vois que tu es en Syrie. Là, c’est la

panique, tu es tombée dans un canular. Là-bas on te demande de faire des choses. Dont tu

n’as même pas l’âge. Tu deviens esclave d’un pirate. Tu repenses à ta vie. Ta famille te

manque, tu es en panique. Et là tu regrettes.

Tu as gâché ta vie. Juste pour une demande d’ami. On ne te reverra plus jamais. Tu

deviendras un exemple. Pour tous ceux qu’oublient d’avoir les pieds sur terre.

Shannah DOS SANTOS

E2C

Troyes-Bar-sur-Aube (Aube)

Radicalisation expresse

Texte

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Le couloir se détachait devant elle avec une certaine froideur véhiculée par les murs

étroits recouverts de papier peint fané. Depuis combien de temps ces lieux étaient-ils

inhabités ? La même sensation se réitérait à chaque fois qu’elle franchissait le seuil de cette

maison : la satisfaction. Il en était presque insolite qu’elle puisse avoir installé son quartier

général ici. Qui se douterait qu’un pirate informatique se trouvait en ces murs ? C’était la

dernière résidence d’une vieille femme, et non celle d’une férue d’ordinateurs. Fort

heureusement, elle avait une équipe de choc qui avait pu lui installer, à l’insu de tous, son

réseau électrique et informatique de dernière génération. Ils s’étaient tous rencontrés sur

internet. Elle y avait également trouvé celui avec qui elle partageait sa vie.

- Salut, Alice.

Elle reposa son casque. Il se trouvait à quelques centimètres de son oreille lorsqu’elle lui

répondit :

- Tu en as mis du temps. Je n’ai fait que regarder ton avatar en ligne, mais il ne

s’est jamais allumé. J’ai cru que tu avais eu un souci avec la police.

Il passa une main dans la chevelure dorée de sa compagne et prit place à côté d’elle. Son

visage s’était fermé dès qu’il avait entendu parler des forces de l’ordre. Alice le remarqua

immédiatement. Elle avait le flair pour deviner ce genre de choses.

- Qu’est-ce qu’il y a ? Demanda-t-elle d’une voix teintée de crainte. Ne me dis pas

que tu as une mauvaise nouvelle ? C’est à propos du nuage, c’est ça ? Ils ont

réussi à mettre la main sur nos fichiers ?

Léo leva une main pour l’arrêter, mais la machine était partie. Elle paniquait trop

rapidement, comme emportée par ses propres émotions. C’est pour cela qu’il l’aimait après

tout. Elle était expressive, parfois trop.

- Je savais qu’ouvrir notre propre serveur pour partager nos propres données et

héberger nos fichiers en ligne pour que nous puissions les consulter entre nous

n’était pas une bonne idée. Je n’aurais pas dû t’écouter, continua-t-elle.

- Ali’ calme-toi, rien de tout ça. Nos données sont suffisamment protégées pour

qu’un fureteur de pacotille n’y mette le nez dedans. On le repérerait, même

silencieux, ils laissent toujours une trace et cachent rarement leur adresse IP.

Même s’ils le font, tu sais très bien que nous arrivons toujours à remonter jusqu’à

eux.

- Alors dis-moi ce qu’il y a. Tu sais très bien que je déteste lorsqu’on me cache des

choses.

Il se releva malgré les protestations d’Alice. Elle enchaînait les épithètes à son éloge.

Saisissant son téléphone portable, il fit quelques pas dans le quartier général en essayant de

s’isoler. Elle finirait par se calmer, il n’avait qu’à la télésnober. Ce n’était pas un

comportement honorable, mais il savait très bien ce qu’il faisait. Quand elle était dans cet

état, il était impossible de communiquer avec elle, elle ne voudrait rien entendre, et encore

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moins croire quoi que ce soit – peu importe les nouvelles – venant de lui. Celle qu’il

s’apprêtait à lui révéler n’était pas sans conséquence.

- Léo, réponds-moi ! Houspilla-t-elle.

La sonnerie d’un mail reçu résonna dans la pièce. Alice s’empressa de sortir son

téléphone portable de sa poche et de lire le message qu’elle venait de recevoir. Elle

crut tout d’abord à un canular lorsqu’elle vit l’objet. Un moyen de la faire sortir à

nouveau de ses gonds. Quelqu’un qui se doutait sans doute qu’elle était impulsive.

« Ce soir, rue du Chat perché au coin. Vingt-trois heures. Apportez dix mille euros ou

vous ne reverrez jamais celui sur qui vous êtes en train de crier. » Le Message était

signé J.V. avec un émoticône représentant un visage en pleurs. En plus de la

menacer, on se moquait d’elle.

Maeva BISSON E2C Châlons-en-Champagne (Marne)

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Nomade assoiffé d'amour

Voleur de nuit, pirate de jour

Des gens visés bien précis

Et une énorme tête vide d'ennuis

Émoticône sur le visage

Il est fou, oh non, pas sage

Il sait jouer avec les mots

Pour vous faire tomber de haut

Une gueule d'ange d'un autre âge

Vocabulaire en nuage

Basé sur le mensonge

A vous en faire perdre vos songes

Tout ce qu'il veut c'est vous héberger

Pour après mieux vous laisser tomber

Vous êtes sa proie, vous êtes sa raison

Mais je vous promets votre retour à la maison

Il ne va pas tarder à vous télésnober

Il adore tous les canulars

Et puis vous n'êtes qu'un avatar

Comme toutes les autres déjà piégées

Quel bienfaiteur et quel acteur

Je vous présente le fureteur

Il cherche toujours les plus fragiles

Pour les isoler sur son île

Vous n'êtes pas son favori

Juste une conquête assouvie

Pirate de cœur, voleur d'amour

De ça on en croise tous les jours !

Alma DIAZ

Lycée Raymond Savignac

Villefranche-de-Rouergue (Aveyron)

Amour virtuel

Texte

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Au fil du temps, la société a fait évoluer la communication. C’est ainsi que la langue française a connu ses révolutions, Face aux nouvelles technologies, et multiples inventions, Pour ne pas être ringarde aux yeux des nouvelles générations.

L’univers du numérique a conquis et envahi le milieu littéraire, En s’inspirant des réalités ou pratiques du monde physique. Le gagnant de cette transformation reste le favori caractéristique Que le fureteur cherche parmi les pages du virtuel dictionnaire.

Loin du traditionnel ordinateur fixe, base arrière de recherches, Désormais le nomade, consulté en tous lieux et en tout temps, Ouvre la porte aux innombrables possibilités d’enrichissement Personnel et collectif, par de virtuelles et multiples recherches.

Discrètement, l’avatar qui permet de se fondre totalement Par une représentation virtuelle complétée d’un pseudo, Autorise certains internautes à se livrer tout aussi librement, Sans aucun respect de l’autre et à divulguer de fausses infos.

Pour égayer ses avis et canulars, le surfeur peut enrichir Ses textes et commentaires divers, d’émoticônes variés, Petites représentations qui, par un visage stylisé à loisir, Affichent et matérialisent ses émotions avec simplicité. Mais le nomade, s’il reste autonome d’un poste de garde, Reste amarré aux principes de base de la toile, notamment Le stockage à distance, permettant d’assurer la sauvegarde Des travaux et recherches ainsi que de tous les documents.

Grâce au nuage, mode de gestion et lieu virtuel de stockage, Toutes les données feront l’objet d’un durable archivage, Sous réserve qu’un pirate informatique, clandestin, flibustier, Né sur la toile, n’écume discrètement les sites répertoriés.

La garantie du stockage informatique repose sur les logiciels Antivirus, prêts à contrer toutes les attaques pirates et réelles Et surtout malveillantes pour celui qui héberge les données, En assurant le stockage et la mise en ligne en toute sécurité.

Si le nomade marque une avancée vers la recherche de données Par le biais de moyens très indépendants et tout aussi sécurisés, Il n’en demeure pas moins que télésnober mettra plus de temps Pour être admis en société, par les personnes physiques présentes. Michel WERY

Le monde de la toile

Texte

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Je suis un nomade J’ai pas besoin de papiers, Ni de parler en charades Ni de porter des cahiers Je suis pas un migrant Je suis un migrateur Suis là pour le printemps Parole de bourlingueur Mon cœur bat la chamade Devant toutes les fleurs Je reste jamais en rade Je suis un pirate des cœurs Avec ma tête de Fouine Je fais bien un rappeur Ou un danseur de Queen Mais, je suis un slameur Je rêve de la douce France Pour tenter ma chance Pour écouter les clameurs De mes fans en chaleur Je viens des bons quartiers Où tout l’monde a étudié Pas de coup d’œil aux rondeurs Et touche pas aux liqueurs Chez moi, j’ai du soleil Durant toute l’année Je cherche un peu d’oseille Pour ma tribu basanée Je suis pas un radical Encore moins un héros Je suis pas un chacal Je suis pas torero J’ai pas besoin de visa Je crois pas aux frontières Je suis comme la salsa, Un pan de la Chaumière Je suis un transhumant

Un nomade à Paris

Texte

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Un chasseur de nuages Je suis pas un truand Même si je suis pas sage Sous le clair de terre Je vois couler la Seine Envie de prendre un verre Et soulager ma peine L’Obélisque debout, pérenne M’attire comme un aimant J’atterris sur un chêne Et ça fait vraiment du bien ! Je force avec ma prose Les portes des opéras Je marche sur les roses A côté des forçats Je suis un papillon Qui n’a pas de saison Je suis un tourbillon Qui fait plier les chignons Je suis une âme errante Des étendues sablonneuses Je suis une étoile filante Des galaxies brumeuses J’ai fait mon Ramadan, Ma traversée du désert Je rêve comme un enfant Suis pas va-t’en guerre Je suis un nomade J’ai pas besoin de papiers, Ni de parler en charades Ni de porter des cahiers Je suis un nomade J’ai pas besoin de papiers, Ni de parler en charades Ni de porter des cahiers Mohamed Ahmed EL KORY Ksar, Nouakchott (Mauritanie)

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Je parle, je hurle, je chuchote. Et tout le monde me télésnobe. Ils sont là avec leur téléphone, leur ordinateur portable, croyant voir le monde, comprendre le monde, parler au monde. Je suis là parmi eux. Je parle, je hurle, je chuchote. Et tout le monde me télésnobe. Ils ne voient pas la petite fille sans chaussures qui a perdu sa maison, son doudou, l'arbre que son père lui avait planté à sa naissance. Ils ne voient toujours pas ce garçon tenant dans sa main cette photo, seul témoin de ce que fut sa vie, avant que tout ne s'arrête. Ils voient encore moins cet homme à la démarche cassée parce qu'il n'a pas su protéger sa famille des bombes, de l'horreur, de la mort. Ils ne voient toujours pas cette femme sans ventre parce qu'elle n'a pas su, pas pu sauver ses enfants, elle qui leur avait pourtant donné la vie, l'amour, l'espoir du lendemain. Je parle, je hurle, je chuchote. Et tout le monde me télésnobe. Je tends la main vers cette petite fille, vers ce garçon, vers cet homme, vers cette femme. On me la coupe. Pourquoi ? Ils sont tous là avec leur téléphone, leur ordinateur portable, hébergés là où ils ont choisi de l'être mais ils ne veulent pas ouvrir leur porte. Juste une fois Juste un soir Juste.... Je ne parle plus, je ne hurle plus, je ne chuchote plus. Eux ne me télésnobent plus. Je suis sans voix. Je ne comprends plus. Je lève les yeux vers les étoiles. Nomade, je suis devenue. Sylvie FAY / ZZANI

Nomade

Texte

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(Extrait)

Veuillez poursuivre, Madame.

- Oui, M’sieur le juge, j’ai z’entendu à la télévision que ces PIRATES z’ont attaqué le

bureau de posse d’ici, c’est vrai, j’l’ai vu. J’suis la témoin. J’en suis core en colère.

« C’était une comparution (elle avait dit une comparaison à son mari) au tribunal. »

- Allons Madame, calmons cette fureur.

- Mais M’sieur l’ juge, j’ suis point FURETEUSE, j’observe par les carreaux d’ ma f’nêtre.

- Oui, alors ?

- Rien qu’ des NOMADES, j’ les connais, i’s sont HEBERGES pas long d’ ma maison et….

- Venez-en au fait s’il vous plait.

- Au fait’, au fait’ ! La fête c’est qu’ c’est rien qu’ des PIRATES qui tuent et volent les

pôves gens et les bureaux d’ posse même qu’à la télé…

- Oui, Madame, oui mais vous me faites penser à ces personnes qui TELESNOBENT au

point de vous faire perdre le sens des réalités ? Revenons à nos moutons.

- Cétaient pas des moutons, j’ les ai vus ; i’s ont cassé la porte du bureau, à trois i’s ont

rentré : faut qu’un qu’est resté dehors en hochénant sa tête ci et là pour suivre

l’alentour. Des gans’tères, M’sieur l’ juge ! Alors, alors…

- Alors oui ? Ce n’est donc pas un CANULAR ? Ils étaient vraiment armés d’armes

lourdes ?

- Lourdes ? J’ sais pas mais ça ressemblait à des kana… kala… oui kalachikofs qu’on voit

à la télé.

- Je vois, je vois ; quelle est votre émission FAVORITE ?

- Moi ? Les policiers et l’amour aussi…

- Donc pas même un NUAGE d’erreur dans votre rapport ?

- Si, des nuages, i’ pleuvait un p’tit peu mais … et pis j’ les ai vu s’en raller, tous les

quate dans une grosse auto qu’est arrivée qu’i’s z’ ont monté d’ dans même un

qu’avait une barbe d’ Père Noël.

« Je me suis dit : un AVATAR du Vieux – Père Noël Bandit. »

- Ils étaient donc bien organisés ?

- Savez, M’sieur l’ juge, les mauvais sont pas puss’ bêtes que vous et moi.

- C’est un avis. Ensuite ?

- Ensuite - Si elle avait été plus jeune, elle aurait apprécié les EMOTICÔNES d’amour et

d’acclamation que lui auraient envoyés parents et amis. Mais « smartphone », savait-

elle ce que c’était ?- et pis ensuite j’ai été si tant r’tournée qu’ j’ai fermé mes

doubles-rideaux que quand les gendarmes z’ont v’nu j’ai manqué d’ pas ouvert de

frousse.

Et l’affaire a suivi son cours.

Jean MATIVA

Orchies (Nord)

Mémoires d’un juge

Texte

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Laissez-moi vous conter une étrange aventure,

Qui m’arriva tantôt. J’étais en pleine lecture

De l’œuvre de Denis, (Denis Diderot, j’entends),

Lorsque, par un mystère inouï, sidérant,

Une forme prit corps, devant moi, à mes pieds

Un homme dont peu à peu je discernais les traits.

Vêtu comme un bourgeois du siècle des Lumières

Il avait belle allure, et le visage austère

De ceux pour qui la vie n’est pas une rigolade

De ceux qui cherchent un sens à ces quelques décades

Que veut bien nous donner Dieu ou le hasard.

(Chacun sait que « Hasard » de « Dieu » est l’avatar)

Bref, l’homme m’impressionna autant par sa prestance

Que par son expression, pétrie d’intelligence.

J’étais même mal à l’aise devant ses yeux fureteurs

Qui plongeaient dans mon âme, qui visitaient mon cœur

Puis l’homme vit l’écran où les pages défilaient

D’un livre électronique que j’avais piraté

« Quelle est cette sorcellerie ?

Un livre de lumière !?

Serais-je ici tombé dans l’antre de Lucifer ?

Et ces objets bizarres, ces matières inconnues…

Je dois dire, citoyen, que je tombe des nues ! »

Ce disant, il scrutait mon studio, chaque objet

Avec un œil aigu et un air avisé.

« Monsieur » lui répondis-je, « Je ne sais qui vous êtes !

S’il y a sorcellerie, elle est de votre fait !

J’étais en quiétude avant votre arrivée…

Mais qui êtes-vous donc pour venir m’embêter ? »

« Je suis l’auteur, Monsieur, de ce que vous lisiez ;

Je suis Denis Diderot, Langrois et Haut-Marnais.

Mais ôtez-moi un doute ; en quelle année sommes-nous ? »

« Deux mille seize, Monsieur, deux mille seize, au mois d’août »

Mon ami Diderot

Texte

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Son teint se fit blafard, ses yeux devinrent hagards…

Il chancela… « Vous… vous … me faites un canular ? »

Sa détresse était telle, si grand son désarroi

Que je ne sus que dire, et que je restai coi.

Après quelques instants, il reprit des couleurs

Raffermit sa tenue, et redevint censeur :

« Dois-je croire que j’ai presque trois cent trois ans !

Qu’un sortilège infâme m’a déplacé céans ?

Que peut-être j’ai chu, telle la pluie, d’un nuage

Sur lequel je flânais en quête de badinage ?

Ou qu’encore, sur un tard, victime d’une foucade

Et las de mon terrier, j’aspire être nomade ?

Jamais, au grand jamais, vous ne me ferez croire

Que j’ai passé trois siècles sans les vivre, sans les voir ! »

Il prit alors un air si rogue, si buté,

Le buste en arrière, et les deux bras croisés,

Me regardant de haut avec tant de fierté

Que je me décidai à le télésnober.

J’agrippai ma tablette, m’assis dans le sofa

Et repris ma lecture, le laissant tout pantois.

J’avoue que je lisais sans comprendre les mots,

Tant j’étais bouleversé d’avoir chez moi … Diderot.

Comment était-ce possible ? Quel mage, quel sorcier

Quel enchanteur doué d’infinies facultés

A pu mener ici l’auteur du « fataliste » ?

J’avais beau réfléchir, je n’avais aucune piste !

Sans que j’en eusse conscience, mon doigt touchait l’écran

Pour passer une page et aller plus avant

Dans le texte défilant du « Neveu de Rameau »,

Dont mes yeux embrumés ne voyaient plus les mots,

Lorsque je vis mon homme, le regard intrigué,

S’avancer peu à peu, venir à mon côté.

Avec un geste lent, plein de circonspection,

Il approcha l’index de l’œuvre du démon,

Cette étrange chose plate, surprenante, mystérieuse

Qu’on appelle tablette, et me sert de « liseuse ».

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Son doigt toucha l’écran et le texte grandit !

Il recula vivement et tomba sur le lit,

Avec la mine penaude du gamin pris en faute.

Je partis d’un grand rire en me tenant les côtes.

Devant son air bougon, je jugeai plus urbain

De cesser la moquerie et lui tendis la main.

« N’y voyez pas malice, raillerie pas davantage

Mon rire n’est pas moquerie, n’en prenez nul ombrage.

Pour me faire pardonner, je vais vous raconter

Les choses de ce temps ; allez, venez… venez ! »

Il prit ma main, je le tirai, il se leva.

Je le fis s’installer, assis, sur le sofa

Et commençai un cours sur le monde d’aujourd’hui :

D’abord : Littérature, mon domaine favori.

Vinrent ensuite l’urbanisme, le travail, les transports

La monnaie virtuelle et l’abandon de l’or

L’Etat, le fisc, la Loi, les grèves, l’injustice,

Et les trois mots sacrés gravés aux frontispices

De tous les bâtiments de notre République.

Je lui fis écouter les divines musiques

De ses contemporains : Bach, Mozart, Vivaldi…

Rameau le fit pleurer, et Pergolèse aussi.

Puis je lui expliquai ce qu’était une tablette

Comment on s’en servait pour aller sur le Net

Envoyer des messages, jouer, lire et créer,

S’ouvrir au monde, enfin… pour mieux s’y enfermer…

Comme le temps passait, et que la nuit tombait,

Je lui proposai, poliment, de l’héberger.

Fort ébranlé par tout ce que j’avais décrit,

Machinalement sa tête me fit le signe « oui ».

J’allai donc préparer une petite collation

Car je me doutais bien qu’il aurait des questions

Et qu’une longue nuit me serait nécessaire

Pour faire des inventions le tour et l’inventaire !

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Lorsque le plat fut prêt, je lui dis : « Cher Denis

Venez vous restaurer avec ces spaghettis ! »

Il se leva lentement, avec un air rusé,

La liseuse à la main, qu’il me tenait cachée.

« Ami, pour vos bontés, je vous prie d’accepter

Cette marque de notre toute neuve amitié »

Il dévoila alors la face de la tablette,

Et posa l’appareil au cœur de mon assiette.

Un bel émoticône emplissait tout l’écran :

Un smiley clignant de l’œil et tout souriant !

Dessous une légende écrite en tout petit

Me fit plisser les yeux et froncer les sourcils :

« Malgré tout ton savoir, malgré l’information

Que déversent Facebook et la télévision,

En dépit de Descartes, et contre la raison,

Tu as été piégé, eu, berné, mon garçon.

Parce que, je te l’avoue, je suis une imposture

Envoyée par tes proches… oui je sais, oui c’est dur

Mais tu t’en remettras. Je te souhaite bon soir »

Ainsi, j’avais été victime d’un canular !

Je relevai les yeux, prêt à le sermonner ;

Mais il n’était plus là ; il s’en était allé…

De cet évènement, j’ai tiré les leçons :

D’abord que les mystères, à l’aune de la raison,

Trouvent presque toujours une explication.

Qu’ensuite il faut méfiance garder en toute saison :

Même ceux que l’on aime et dont on est aimé,

Sont capables de tours qui peuvent nous accabler !

Qu’enfin mon imposteur est peut-être dans le vrai

Quand il prête à Satan le brevet des objets

Qui nous rongent peu à peu, qui nous rendent stupides

Et font de nous des proies pour les Pouvoirs avides.

Jean Marc Delcroix

Orchies (Nord)

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Assise au bar de l’Avatar Je monte seule un canular En télésnobant mon ami Mon fureteur favori Celui que j’héberge Depuis qu’il a quitté son nuage Pour accoster sur d’autres berges Moitié nomade, moitié mirage. Il me sourit, je me sens conne Me mélange les émoticônes. J’ai envie et … pire, hâte Qu’il se tienne comme un pirate. Marianne CAMPRASSE Saint-Brice-Courcelles (Marne)

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Il était une fois un fureteur qui ne le reconnaissait pas, affirmant qu'il ne dépendrait jamais d'un robot, c'est ainsi qu'il considérait le web.

Il avait pourtant ses favoris : la banque, la Caisse d'Allocations Familiales, la

Sécurité Sociale, le Trésor Public, la FNAC, Carrefour, etc…, sites sur lesquels il naviguait, comme tout un chacun. Il pestait néanmoins face aux interlocuteurs virtuels puisque, à ses yeux, rien ne valait le vrai contact humain. Par ailleurs, il redoutait trouver dans sa messagerie le canular, le pirate qui pourrait le poursuivre et le pousser à la faute, une arme technologique avérée, selon sa logique cartésienne.

Il y avait aussi son employeur qui lui avait proposé le télétravail, mais auquel il

avait rétorqué ne pas souhaiter devenir un nomade du web, ne se sentant pas prêt à affronter un monde dématérialisé.

Toutefois, le jour où, en ouvrant son ordinateur, il découvrit sur sa page

d'accueil une émoticône, il se reconnut immédiatement, l'air tendu, renfrogné. C'était là son expression lorsqu'il s'installait à son PC.

Vexé, la vue de sa caricature l'amena à un lâcher-prise insoupçonné et

insoupçonnable. Il remercia l'auteur, son copain Bob, grâce à qui, peur, craintes de la nouveauté s'effacèrent. Miracle ! A lui la révolution numérique : il s'intéressa alors à tout, se projeta, s'informa, se forma. Même les jeux en ligne le tentèrent, il s'enquit des avatars pour ceux-ci. Il se renseigna sur ce qu'était un nuage, car il rappellerait son patron afin, certainement, d'accepter le travail à domicile. Finalement, la nouveauté ne lui déplairait pas. Héberger son activité professionnelle, pourquoi pas ?

En outre, pour ne rien manquer, il télésnoberait sûrement et prudemment, car

il voyait en cela un complément d'activité, visuelle, physique, intellectuelle. La route se traçait, peut-être encore longue, mais il finirait par oublier son

époque « tyrannosaure » ; plus de frayeur numérique, et il reconnut combien son attitude avait été ridicule ; il entrait enfin de plain-pied dans la réalité technologique. Une belle aventure cette histoire des dix mots !

Michèle ROYER

Le connecté malgré lui

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Par un après-midi glacial (et un sac à dos rempli de cadeaux), mon profil nomade cherchant désespérément un radiateur (et des toilettes) atterrit par hasard dans une bibliothèque. A l’entrée, une bibliothécaire… A moins que ça ne soit son avatar, comme c’est bizarre, j’ai parfois l’impression de revoir les mêmes personnes à différents endroits... Sur la gauche, une machine à café et un distributeur. Devant le garde-manger, mon instinct de pirate reprend le dessus. Passé les priorités, je décide d’aller faire un tour incognito dans les rayons. Fureteur jusqu’au bout des ongles, je découvre les coins et recoins cachés de cette étrange bibliothèque. Tiens, des jeux vidéo ! C’est un canular ou quoi ? J’ai même cru un instant entendre des voix quand ma chanson favorite a retenti dans ma tête. Mais non, ce n’était que la sono qui se tenait là, debout devant moi. - « La borne son » me dit la bibliothécaire. Ma foi, j’ai cru que c’était un cendrier, peut-être est-ce pour ça que j’ai machinalement tendu la main vers elle. Aïe ! La bibliothécaire vient vers moi, je crois que je me suis fait remarquer. Si c’est pour me parler des livres, je suis mal, le dernier que j’ai feuilleté devait s’appeler « les pages jaunes ». Vite, vite, qu’est-ce-que je fais ?... Mon portable à la main, il ne me reste plus qu’à la télésnober, tiens ! Et puis, si jamais elle me demande de l’éteindre, je dirai que j’attends un message très important. - « Vous arrivez à vous connecter à la wifi ? ». Je redescends de mon nuage. C’est à moi qu’elle parle ? On dirait bien que oui. - « Heu, oui, très bien, merci... ». C’est la réponse la plus bête que j’aie jamais sortie, d’autant plus que je souris sans trop savoir pourquoi, en montrant toutes mes dents, tel un émoticône amusant. Elle a dû comprendre que je n’étais pas du coin et me propose une visite guidée. Après tout, pourquoi pas ? Quitte à passer du temps ici, autant l’utiliser à bon escient, et puis je dormirai moins bête ce soir. Vous savez, quand on a une cousine qui vous propose de vous héberger la veille de Noël, qui oublie à quelle heure arrive votre train, qui part acheter la dinde vous laissant trouver la porte close alors que vous avez fait cinq heures de voyage, une petite bibliothèque dans le coin avec son petit radiateur, ça permet de faire des rencontres sympas... c’est peut être ça la magie de Noël ? Prémila PASQUIER

Magie de Noël en bibliothèque

Texte

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Que peut-on faire lorsqu’on attend que l’infirmière vienne vous voir pour poser la chimio ?

Votre imagination n’est plus débordante. Une de mes filles m’a envoyé un texte avec 10

mots pour écrire une histoire, un concours. J’ai bien regardé les définitions dans le

dictionnaire qui date un peu comme la propriétaire. Rien ne correspond, le sens des mots

évolue avec la technique. Mes petits-enfants m’ont aidée car cela a rapport avec le nouveau

mode de communication Internet.

Mon texte sera hors sujet. Je crois que je vais m’en tenir à ce que je maîtrise le mieux, non

que je veuille télésnober ce nouveau vocabulaire. Les fêtes de fin d’année arrivent, mon

mari et moi allons héberger la famille. Une de nos petites filles, Romane, furète partout,

pensant trouver la cache du père Noël. Avec son instinct de curiosité, cela lui a déjà coûté

quelques avatars, entre autres croquer un carré de bouillon pour un bonbon.

A l’école maternelle, elle avait lancé un canular : que son père était parti pirater avec un

canot de sauvetage les côtes américaines. Avec plaisir, elle retrouve chez nous sa chatte

favorite, Vega, avec laquelle elle entretient une correspondance abondante, des petits

dessins, des souris dans les nuages, des émoticônes dans le désert qui poursuivent des

chameaux et des nomades, j’en passe et des meilleures.

Bonne nouvelle, la prochaine chimio sera après Noël, j’aurai gagné un Noël à passer avec la

famille, qui prendra en charge, pour leur plus grande joie, les festivités toutes relatives, et le

partage des cadeaux choisis pour chacun.

Solange BUSSON

L’espoir

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Tu veux voir la mémoire ? Elle est dans ces serveurs Qui hébergent la vie au fond des processeurs ; Tu me l’as déjà dit, faut remettre à plus tard Tu avais tout appris avec des canulars On a bien rigolé et si mes mots siphonnent Tout ce qui reste en toi, dit par émoticônes Qu’on peut tout oublier, perdre ce que l’homme a Que les jours sont figés, qu’on est bien moins nomades Que tous nos téléphones ; qu’on est descendu d’âge Si l’on n’voit qu’des données au cœur des grands nuages. Mais relativisons : si tu me télésnobes Là-bas vers l’horizon je t’enverrai mes dogues Tu iras fureter et quand tu reviendras Nous pourrons discuter, oh mais ne te plains pas ! Mets donc en favori au fond de ton cerveau Qu’internet c’est génial mais qu’il peut te faire veau Que tu peux incarner différents avatars Mais que tu restes toi et personne à la place Et surtout retiens bien : sur la terre comme au Web La bêtise est légion et elle colle aux êtres Il faudra faire un tri parfois se re-chercher — Tu dois être un pirate et toujours le rester Timothée Dejour Lyon (Rhône)

La mémoire

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