la vie des gens riches et célèbres -...
TRANSCRIPT
LaviedesgensrichesetcélèbresÉpisode4-jeudeséduction
MelT.Sweet
Créditpourl’imagedelacouverture:Valuavitality/Dreamstime.com
Merci,merci,merciàtousceuxquimelisentetquim’encouragent,
Quevousmeconnaissiezouquevoussoyezdeparfaitsinconnus.
Savoirquevouslisezlesmots,quevoussuivezetaimezlespersonnagesissusdemonespritmedonneunplaisirimmense!
EtunmercitoutparticulierpourChloéetsesrappelsenthousiastes…sanselle,cetépisodeneseraitsûrementpasencoreterminé!
JOUR10-Bianca
Etbiença!Pourunesurprise,çaenesttouteune!Detoutesleschosesquelesautresauraient
puchoisir, ilsontpris lapirede toutes!Jenem’attendaisvraimentpasàçaquandCharlesnousa
invitésà sortirce soir. Ilya tellementd’activitésà faireàVegas,alorspourquoia-t-il falluqu’ils
choisissentcelle-là?
− Allez!Ceneserapaspareilsanstoi!OnestsupposéfêtervotrecollaborationàCharleset
toi,insisteNathan,avecunairdegaminàquionavolétoussesbonbons.
Touslesregardssontsurmoi.Réunisdanslesalondelavilla,ilsattendenttousquejemeplie
à leurvolonté,maisc’esthorsdequestion.Personnen’arriveraàmeconvaincredemettreunpied
dansunemontagnerusse.Nilepiedniaucuneautrepartiedemoncorpsd’ailleurs.
− Alorsonaqu’àfaireautrechose.Jecroyaisqu’ondevaitfaireunesortiequimeplairait,à
moi ! C’est ce quemes supposées amies avaient laissé entendre. Elles ontmême dit cematin que
j ’ auraisdroitàune«surprise».
NathanprendunemouedéçuealorsqueLisa,assiseàcôtédemoisurlesofa,baisselesyeux
ausol,sesentantdetouteévidencecoupable.Coco,elle,setientdeboutàl’entréedusalon.Lesbras
croisésetl’airdéterminé,ellerépliqueavecaplomb:
− Tuaurastasurprisedemain.Cesoir,cen’étaitpaspossiblealorsonadécidédefaireune
sortiedegroupe.Ettoi,BiancaJohnson,tunousaccompagnes!
Jepousseunsoupir,excédée.
− Pourquoionn’iraitpasdilapidertoutl’argentdeCharlesaucasino?proposé-jeàlablague.
Ceseraitchouette!
− C’est une bonne idée, approuve Charles, à ma grande surprise. J’aimerais bien jouer au
black jack.Ou au poker. Et si les autres n’en ont pas envie, on peut y aller seulement toi etmoi,
Bianca.
− Onpasseauxvotes?demandeAlexandreennousobservantlesunsaprèslesautres.Moi,je
préfèreallerfaireuntourdemontagnesrusses.
− Moiaussi!s’écrireaussiNath,commesionavaitpudouterdesonchoix.
− Sionvaaucasinoetquevousjouezauxtables,onnepourrapasvraimentresterensemble.
Nidiscuter.Alorsjevotepourlesmanèges,ditLisaavecunregarddésolépourmoi.
JemetournedoncversCoco,ladernièreàvoter,etjelasuppliedemesplusbeauxyeuxde
chienbattu.
− DésoléeBi,maisjemerallieàlamajorité.
− Ok.Parfait.Alorsallez-ytouslescinqetonfêteraensembleuneautrefois.Detoutefaçon,
aprèslajournéequ’onaeue,jesuiséreintée!
Cen’estpassimplementuneexcuse : jesuisvraimentépuisée.Après la répétitiondedanse,
j’airejointCharlesetLisapourlesaideràréglerlesderniersdétailstechniquespourleshow.C’estla
premièrefoisquej’aiàfairecegenredetravail:jenem’attendaispasàcequeçademandeautantde
tempsetd’efforts!Nousavonsengagéuneéquipetechniquepourletournagedufilm,cequin’apas
été une mince affaire vu qu’il fallait trouver des gens compétents et disponibles immédiatement.
Heureusement,commeLisatravailledanslemilieuducinéma,queIanestunréalisateurassezconnu
etquemonpèreestLEproducteurde l’heure,nousavonsbeaucoupdecontacts.Nousavonsaussi
trouvésixcostumièreschargéesd’habillertouslesdanseurs,dontCharlesetmoi,pourleshow.Nous
avonsensuiteducasertoutça,letournageetlesessayages,dansnotrehorairedéjàtrèschargé!
Jemesensdoncàboutdesoufflecesoir,etmêmesiunesortiem’auraitfaitdubien,je
préfèreresterbiensagementàlamaisonplutôtquedemeretrouverlatêteenbasdansunemontagne
russedelamort!
− TuessûrBi? insisteLisad’unevoixdouce.Tudevraisveniravecnous!Tun’espas
obligéede…
− Non,non!Çavaaller.Jen’aipasvraimentenviedesortircesoir.
Les autres acceptentma réponse et quittent le salonpour se préparer.Enfin, c’est ce que je
croyaismais ils reviennent chacun leur tour,mis à partCharles qui semble accepterma décision,
pour me convaincre de les accompagner. Coralie d’abord, puis Lisa et ensuite Alexandre, à ma
grandesurprise.
− IlfautquetuviennesBianca,medit-il.Charlesesttellementdéçuqu’ilserad’unehumeurde
chientoutelasoirée!
Maisjenecèdepasàleursupplication.Jusqu’àcequeNathanviennes’asseoiràcôtédemoi.
Ilm’observe,sonvisagedelutintournéversmoi,etunsouriremalicieuxétirelentementseslèvres.
− J’aiuneinformationdepremièreimportancequiteferachangerd’avis.
− Humpf.J’enseraistrèssurprise!
− Charlesadécidéderesterà lamaison,explique-t-il, triomphant.Ilditqueceneseraitpas
biendetelaisserpoireautericisansaucunecompagnie.Alorsilreste.Ici.Seulavectoi.
Merde ! Il a raison : c’est une informationqui pourraitme faire changerd’avis.Charles et
moi, seuls ici?Ceseraitunecatastrophe ! Justeypenser,desdizainesd’idéespas trèscatholiques
défilentàtoutevitessedansmonesprit.Non.Jenepeuxpasresterseuleaveclui,surtoutpasdansun
endroitoùilyadestonnesdelit!
− Bon,d'accord,grommelé-je,mécontente.Jeviens.
Le sourire de Nathan s'agrandit et il s’écrie, assez fort pour que tout le monde puisse
l’entendre,peuimporteoùilssetrouventdanslavilla:
− Ellevient!J’airéussiàlaconvaincre!
Ilmetiredeforcedusofadanslequeljemesuisvautréeetmetrainejusqu'àl’étage,devantla
portedemachambre.Ilm’ordonnealorsdemepréparerleplusrapidementpossible.Jeluiobéiset
cinq minutes plus tard, je rejoins les autres devant l’entrée. Nous nous engouffrons tous dans la
limousine,etjeprendssoindem’asseoirentreLisaetCoralie,pournepasmeretrouvertropprèsde
Charles.
− AlorsBianca,commentNatha-t-ilfaitpourteconvaincre?demandecelui-ci,curieux.
J’hausselesépaules,refusantderépondreàcettequestion.
− Tudeviensfaible,Bi,semoquegentimentLisa.SimêmeNathanarriveàtefaireplier…
− Il avait l'air d'un petit garçon qui n'avait pas reçu ce qu'il voulait à Noël, expliqué-je
finalement,mêmesic’estunmensonge.Jenepouvaispasledécevoir!
− Etc'estplusefficacequemamouesuppliante,cellequimefait ressemblerauchatbotté?
s'étonneCoralie,quisembleunpeuvexée.
− Toutàfait.
L’airsuppliantdeCocopeutêtrevraimentconvainquant :elle lesaitetelles'ensertunpeu
trop souvent àmon goût. Si je réussis à lui faire croire qu’il a perdu de son efficacité, peut-être
qu’ellearrêteradel’utilisercontremoi.
− PlusefficacequeleregardintensedeCharles?demandeLisa,amusée.Tusais,quandilte
fixependantplusieurssecondessans te lâcher,sibienque tucommencesà tesentirmalà l’aise, tu
t’agites,tuaschaudet…
Ah!AlorsjenesuispaslaseuleàressentircelaquandCharlesfixesesyeuxvertssurmoi?
− EtbienLis!Jenesavaispasquejetefaisaisunteleffet,l’interromptCharlesenriant.
− C’estépidermique.Uneréactionincontrôléedemoncorps.Çan’ariendesexuel.
Ah!Alorsvoilàcequinousdifférenciel’unedel’autre.Maréactionatoutàvoiraveclesexe.
− J’espèrebien.Simêmemameilleureamienepouvaitrésisteràmonsex-appeal,jedevrais
restercacherchezmoienpermanence.
− Alors te voilà rassuré, précise Alexandre. Ton sex-appeal n’est pas assez puissant pour
séduireLisa.Maisqu’enest-ildumien,Lis?
Ilhausselessourcils,d’unefaçonsupposéeêtrelubrique,maisquiestplutôtcomique.Charles
lèveunemainpourfairetaireLisaavantqu’elleaitletempsderépondre.
− Ne changeons pas de sujet, voulez-vous ? dit-il d’une voix autoritaire.Bianca allait nous
précisercequ’ellepensaitdemonregardpersuasif.
Je pourraismentir,mais sans que je ne comprenne pourquoi, un élanme pousse à dire la
vérité.
− Nathan n’est pas aussi persuasif que toi. Tu pourrais me convaincre de pratiquement
n'importequoi.Sicen’étaitpaslecas,jen’auraisjamaisacceptédetravailleravectoi.
− Vraiment?dit-ilsimplement.Intéressant.
− Net'avisepasd'enprofiterCarter,lancé-jeenpointantundoigtaccusateurverslui.
− Moi ? Jamais !Mais jemedemandais justement si tunepouvaispaspliermesvêtements
propresetfaireleménagedemachambre?Etj’aimeraisbienunpetitdéjeuneraulitdemainmatin…
Etilmefixeavecsonregardtropintense,medonnantquelquesboufféesdechaleur.Jesecoue
latêteenriantpournepastombersoussonemprise.
− Idiot!
− Çavalaitlecoupd’essayer,réplique-t-ilavecunclind’œil.
− Pfff…jesuisdéçuBianca!Qu’est-ceque tupeuxbien lui trouverdeplusqu’àmoi?me
demandeNathand’untonplaintif.
− Je me pose la même question, ajoute Alex. Tu es totalement insensible à mon charme,
commesiCharlesétaitplusséduisantquemoi.
− Jelesuis,ditl’intéresséd’untonassuré.
− Tuespetitetmaigrichon!
Charles?Petitetmaigrichon?Ahnon!Jenesuispasd’accord.Jerepenseàlavisiondeson
corpsàmoitiénualorsqu'ilvenaitversmoi,unairdeprédateursurlevisage.Non,définitivement
paspetitetmaigrichon!
− Ettoi,tuastousdanslesmusclesetrienplusbas!Niplushaut!rétorqueCharlesenriant.
− Jesuistrèsbienpourvu;aucunefillenes'estjamaisplainte!
− Touslesdeux,vouscompensezla tailleminusculedevotrezizipar la tailledevotreego,
lanceNathan.
− C’estça!C’estnousquiavonsunenginminuscule,maisc’esttoiquin’arrivepasàtirerun
coup,répliqueAlexenpoussantsonamid’uncoupd’épaulesjoueur.
− Ouch!Çac’étaitvache,intervientCoco.Mêmevenantdetoi.
− Oh!Tun’asrienentendu:jepeuxêtreencoreplusvache.PrendsCharlesparexemple:il
attirelesfillesdanssonlitavecsonargentetildoitaussilespayerpourqu’ellesnerévèlentpasce
qu’iladanslepantalon!S’ilcontinuecommeça,ilseraruinédansquelquesannées!
− Ok, ok ! lance Lisa, oscillant visiblement entre l'exaspération et l'amusement. Ça suffit !
Vouspourriezavoircetteconversationquandiln'yaurapasdedamesauxalentours,non?Etcen'est
pasque j'aidéjàentendu touscesargumentsboiteux,maisça fait aumoinsdix foisquevousavez
cetteconversationtotalementinutile!
− Oh!Allezleminiformat!Ons'amuse,c'esttout!
AlexandresouritàLisa,puissonregardseposesurmoietsonvisages'éclairesoudain.Oh
oh.Çasentmauvais!
− Attendez!Cettefois,onvapeut-êtreavoirdroitàlavérité!Aprèstout,onauntémoinde
premierordreavecnous!
JesensCoraliefairenondelatête,essayantsûrementd'avertirAlexandrequecen'estpasun
bonsujetdeconversation,maisilnesemblepaslavoir.Ouilneveutpaslavoir.
Etmerde!
− AlorsBianca,dis-moi:Charlesest-ilaussibonaulitquecequ'ilprétendouest-cequetout
çan'estqueduvent?
− LafermeAl,grondeCharles,sentantsûrementmonmalaise.
− Oui,tusaiscequ'onadéjàditsurtesinsinuationsidiotes,approuveLisaavecunsoupir
exaspéré.
− Bianca,netesenspasobligéederépondre.
− Jesais,jerépondsàCharles,lagorgenouéepartouslessouvenirsquiremontentàla
surface.
DèsledébutdenotrerelationàCharlesetmoi…ouplutôtnon:dèslemomentoùletournage
de l’Artde ladanse s'est terminéet quenous sommesentrésdans lemonde réeld'Hollywood, les
chosesontcommencéesàsegâterentrenous.Nousavionspeude tempspournousvoir,entraînés
dans un tourbillon infernal par nos carrières respectives qui ont décollées tout à coup. Et lorsque
nouspouvionsenfinnousretrouver,çanesepassaitpasaussibienquejel'auraisvoulu.Jel'admets,
j'étais jalouse de toutes ces filles qui lui tournaient autour.Et lui n'aimait pas que je passe plus de
tempsaveclesacteurssurlesplateauxdetournagequ’aveclui.
Toutcelaébranlaitnotrecouple.Hollywoodn'estpasl'environnementidéalpourdévelopper
unerelationsaine,surtoutpourdesadosde17et18ansquiontétépropulséslà-dedanssansvraiment
s'yattendre.Etcelaseressentaitpournous.Sauflanuit.Lanuit,c'étaitcommesitousnosproblèmes
disparaissaient. C'était un moment où nous laissions nos différents de côté pour nous retrouver,
seulementluietmoi.Peuimportecequiarrivaitpendantlajournée,peuimportelescrisesdecolère
etlesprisesdetête,lorsquelesmainsdeCharlesseposaientsurmoncorps,toutçaétaitoublié.
Etcen'étaitpasqu'uneaffairedesexe.Ilyavaitdeçabiensûr,maisnouspassionsaussides
heures à discuter, à s'observer, à regarder les étoiles, à rester tout simplement l'un contre l'autre.
Commesitoutallaitbiendanslemeilleurdesmondes.
Jusqu'àcequelaréaliténousrattrapelelendemainmatin.
− Vousêtespasdrôles,marmonneAlex.Etsij'essayaismoiaussideprendreunaird’enfant
tristeoudetelancerunregardintense,çateconvaincraitderépondre?
J'éclatederire,imitésparlesautres,etlatensionaccumuléedisparait.
Quelquesminutesplustard,passéesdansuneatmosphèredétendue,nousarrivonssurleStrip.
Nathan demande au chauffeur de nous laisser à l’extrémité nord du boulevard, direction l’hôtel le
New-York, New-York. Nous débarquons donc dans un stationnement, juste devant la statue de la
liberté,miniaturebiensûr.C'estplutôtimpressionnantdevoircettedernièreàcôtédel'Empirestate
building,duChryslerbuildingetdupointdeBrooklyn,mêmesicenesontquedespetitsformats.Et
autour,unemontagerussequifaitundoubleloupeplutôtintimidant.
Je déglutis difficilement, regrettant déjà d'avoir accepté de les accompagner. Non pas que
j'avais peur des hauteurs, mais les montagnes russes ont tendance à faire remonter tout ce que
j'ingurgiteetjen'aiaucuneenvied'êtremaladedevantlesautres.
− LeRollerCoaster,mesdamesetmessieurs!annonceNathanengrandepompeenpointantle
manègequimeterrifie.Laplusgrandechutefait64mètresetilvaàplusde100km/heure.
− MerciNathan,murmuré-jeenmesentantblêmir.Trèsrassuranttoutça.
Iléclatederire,frottantsesmainsl'unecontrel'autreavecdélectation.
− Çavaêtresuper!Onyva?
Nousattendonsseulementquelquesinstants,letempsquelesdeuxgardesducorpsquinous
suiventpartoutdepuishierarriventdansuneautrevoiturelouée.PuisCharlesmetsesRay-bansurses
yeux,enfonceunecasquettesursatêtepourdissimulersacheveluresireconnaissable,etnous
sommesprêts.
Jeleuremboîtelepas,passantunemaindansmescheveux.Jen’aipenséàrienpourme
camoufleralorsilnemeresteplusàespérerquepersonnenemereconnaisse.Nousnousdirigions
versl'entréedumanège.Lesautresdiscutantavecexcitationalorsquemoijeresteàlatraîne.J'ai
enviedem'asseoirsurlesol,decroiserlesbrasetdecrier:«Jeveuxpasyallerbon!»commeune
salegamine.
Bon,allezJohnson!UnpeudecourageparDieu!
Mais finalement, je ne suis pas courageuse : alors quenous ne sommesplus qu’à quelques
mètresdelamontagnerusse,jefaismarchearrière.
− Jesuisdésolée!Je…jenepeuxpas!Sijemontelà-dedans,jevaisêtremalade.
− Oh!AllezBianca,nesoitpassifroussarde,tentedemeconvaincreNathan,maiscettefois,
jenepliepas.
Je traverse la foule en sens inverse,me postant finalement à côté du pont deBrooklyn qui
restemonlieupréférédanstoutNew-York.Jesuisperduedansmacontemplationlorsquejesensune
présenceàmescôtés.Jerelèvelatête,surprise,etcroiseunregardd'unvertàtomber.
− Qu'est-cequetufaislà?demandé-jeententantd'avoirl'airdelafillequin'enarienàfaire.
Charleshausselesépaules,désinvolte.
− Jenepeuxquandmêmepastelaisserattendreseule.Nonseulementc’estdangereux,maisen
plus,ceneseraitpastrèsgentil.
− Hum,hum.Displutôtquetutesersdemoicommeexcusepournepasavoiràembarquer
danscetengindelamort!
− Peut-être,admetCharlesavecsonfoutusourireencoinquiatoujoursuneffetnéfastepour
lasantédemoncœur.
Nousrestonsunlongmomentsilencieux,àattendrequelesautresreviennent.J'aienviedelui
proposerdefaireautrechose,departirseulementtouslesdeux,maisj’hésiteàlefaire.Dansunlieu
public,ilnedevraitpasyavoirdedanger,maisilyatellementdepetitscoinssombresàLasVegas.
Descoinssombresbientroptentantslorsquejesuisaveclui!
Jenous imagine trèsbiendansuncouloirdésertavecCharlesquimeplaquecontre lemur
pourm’embrasser.Ilpassesesmainssousmesfessespourmeleveretj’enroulemesjambesautour
desataille.Et…
Jegrognecontremoi-même,contreladirectionqueprennentmespensées,sûrementunpeu
tropfortparcequeCharlessetourneversmoi.
− Qu'est-cequ'ilya?demande-t-il,lessourcilsfroncés.
− Riendutout.Jediscutaisavecma…conscience.
Ouplutôtmonpetitdémonintérieur.
− Etdequoidiscutez-vous?ditCharlesavecunéclatderire.
− Detoi,jerépondsautomatiquementavantd'yavoirpensé.
Idiote, idiote, idiote ! Toujours tourner sa langue sept fois avant de parler ! Surtout que
maintenant,Charlesm’observeavecunairétonné,maissurtoutcurieux.Jeleconnaissuffisamment
poursavoirqu’ilnelâcherapaslemorceautantquejeneluiauraipastoutdéballé.
− Demoi?
Jenerépondspas.
− J'aimeraisbienentendreunedecesdiscussionsquetuasavectoi-même.
− Aucunechance,répliqué-jeaussitôt.
− Maisjepourraisaumoinsensavoirlateneur,non?
Ilprendsamouelapluspersuasive,maisiln’estpasquestionquejeflanche.Jenepeuxquand
mêmepasluidirequejedébatsavecmoi-mêmepoursavoirsiouiounon,jedevraisl’attirerdansun
coinpourl’embrasser!
− Jesuisconcernéaprèstout.
Ilsepencheversmoi,unsourireaucoindeslèvresetpourunefois,jeréussisànepasperdre
touteformed’intelligencemalgrésaproximité.
− Inutiled’insister:jenetedirairien.
− Situneveuxrienmedire,çasignifiequec’estquelquechosedonttuashonte.Despensées
quetutrouvesinavouables.Etquimeconcerne.Çanepeutvouloirdirequ’unechose…
− Tais-toiCarter!Neledispasouçavabarderpourtoi!
Oùsontlesautres?Ilsdoiventavoirterminéleurtourdemanègemaintenant,non?Pourquoi
est-ce qu’ils n’arrivent pas ? Pourquoi est-ce qu’ils ne viennent pas me sortir de cette situation
embarrassantedanslaquellejemesuismise?
− Jenevoispaspourquoituessaiesdelecacher,continueCharles,indifférentàmesmenaces.
Moi,jet’aiavouéêtreattirépartoi.Etsitul’esaussi,tudevraisledire.Parsoucid’honnêteté.Pour
préservernotretoutenouvelletentatived’amitié.N’est-cepastoiquiasdit:plusdemensongesentre
nous,mêmeparomission?
− Je…c'est…jecroisquecen'estpaslebonmomentpourendiscuter!
− Quandalors?Noussommesseulsettun'asnullepartoùt'enfuir!Jecroisaucontraireque
c'estlemeilleurmoment.
Je reste silencieuse. Je ne peuxpas lui dire.Même s’il le sait déjà, le dire à voix hauteme
donneraitl’impressiondecapitulerdevantlui.
Charlesfaitunpasversmoi,sonregardmefixantavectropd'insistance.
− Qu’est-cequeçachangerait,sijeteledisais?Misàparttedonnerlagrossetêteettefaire
croirequetuasdupouvoirsurmoi?
− Jeme sentiraismoins seul, répond-il en attrapantmamainpour en caresser la paume. Je
sauraisqu’onestdeuxàdevoirluttercontrecetruc,cetteattirance,qu’ilyaentrenous.
Pendantun instantdefolie, jesongevraimentà luiavouer.Oui,pendantun instant, j’ai
l’impressionquec’estunebonneidéedeluidirequejenepensequ’àluidepuisnotrearrivéeàLas
Vegas. Lui dire que ses souriresme rendent toute chose et qu’ilme rend dingue de désir parfois
autantqu’ilmerendfolledecolèreàd’autresoccasions.Heureusement,jesuissauvéeparmesamis.
Deloin,jevoislatêted'Alexandreserapprocheretjepousseunsoupirdesoulagement.
− Lesautresarrivent,m'écrié-jeavecsûrementtropdejoie.
Charles,pasdupe,prendunaircalculateur,l'airdedire:«Tuneperdsrienpourattendre!»
Moi,j'espèrequ'iloublieraquenousavonseucetteconversation.
− C’étaitgéant!hurleNathanens'arrêtantàcôtédenous.
IlpousseCharles,avecunairmoqueur.
− Tuauraisdûvenir,fillette!
Charleshausselesépaulesenenfonçantlesmainsdanssespoches.
− J'enavaispasenvie.
− Disquetuavaislatrouille!Allez,avoue!insistesonamienpointantundoigtaccusateur
verssonami.
Charles,quin'admettrajamaisunetellechose,gardaunsilencebuté.
− TuauraisdûvenirCharlie : jemesuis retrouvéeà tenir lachandelle, seplaintLisa.Avec
CoralieetNathd’uncôté,etAlexquidraguaituneinconnuedel’autre.Ill’amêmeinvitéàfairele
tour avec lui alors jeme suis retrouvée avecunparfait imbécile ! Il prenait toute la place dans le
wagonetj'aibiencruqu'ilallaitmevomirdessusavantlafin!
Attendez!Tenirlachandelle?AvecNathetCoralie?Qu’est-cequeçaveutdire?Jejetteun
coupd’œilàmonamie,maisellesetientàunedistanceraisonnabledugarçonetellenesemblepas
enmodedrague.Çanem’étonnepas:iln’estpasdutoutsongenre.Etpuis,ellem’enauraitparlési
elleavaitflashésurlui.
− Laprochainefois,jenetelaissepastomber,ditCharlesenriant.Promis.
− Merci.
− Etmaintenant,onfaitquoi?
− Onyretourne,suggèreNathanavecenthousiasme.Onpeutpasveniricietnefaitqu’unpetit
tour!C’estvrai?Quandva-t-onavoirl’occasionouletempsderevenirici?
Lesautresseconsultentuninstant,maisjeneparticipepasàladiscussion.Peuimporteleur
décision, jevais rester icià lesattendre,biensagement. Ilsdécident finalementde faireundernier
tour.
− Maiscettefois,toutlemondevient,ordonneAlexandreenposantsonregardsurmoi.
Jesecoueaussitôtlatête.
− Horsdequestion.Etaucunregardpersuasifn’arriveraàmefairechangerd’avis.
− Charles,est-ceque j’ai tapermission?demandeAlex,mais jenecomprendspascequ’il
entendparlà.
− C’esttavie,monvieux.Situveuxdéjàlaperdre…
− Jeprendslerisque!
Alexandres’approchealorsdemoietd’instinct,jereculepourmecacherderrièreCharles.
− Vousnepouvezpasm’obliger!Vousn’avezpasledroit!
Legéantm’attrapeparlataille.Jehurleenm’agrippantauchandaildeCharles,maisl’amide
celui-ciestbeaucoupplusfortquemoi.Ilréussitàdéfairemaprise,puismehisseavecunefacilité
déconcertantesursonépaule.
− Vousnepouvezpas!Non!Cocoaide-moi!
− DésoléeBi,maisAlexestbeaucoupplusfortquemoi.
− Alex!Pose-moi!Onattirel’attentiondetoutlemondeencemomentetj’ail’airridicule!
Maisilnetientpascomptedemesprotestationsetcontinued’avancerversl’engindelamort.
− Charles ! Si tu ne m’aides pas, je te jure que je te rendrai la vie impossible pendant la
prochaineannée!Turegretterasdem’avoirproposécetravail,jetelegarantie!
Charlespousseunsoupir.
− Pourquoiest-cequeçameretombetoujoursdessus?C’estAlexquetudevraismenacer,pas
moi!
− Ça ne sert à rien de le menacer : dans quelques minutes, il sera mort ! J’espère que tu
m’aiderasàenterrersoncorps.
− Bien sûr. J’engagerai des gars pour le faire à ma place ! Bon, Al, c’est assez. Pose-la
maintenant!
− Alorsqu’ellevientdeproférerdesmenacesdemortcontremapersonne?Pasquestion!
Latêteenbas,jeleruedecoups,mespoingsrebondissant
− Lâche-moi,idiot!Toutdesuite!
− Seulementsituprometsdeveniravecnousetdemelaisserlaviesauve.
Je lèveunpeu la tête,observe lesgensautourquiseretournesurnotrepassageenriant.Je
prometsaussitôt:
− Jevaisfaireuntourdemontagnesrussesavecvous!Promis!
Alexandres’arrêtepourmelaisserglissersurlesol.
− Etvoilà!Cen’étaitpassidifficile.
Furax,jelefrappedetoutesmesforcessurlebras.Ilréagitàpeine,m’adressantunsourire
moqueur.
− C’esttoutcequetupeuxfaire?
− Oh!Toi!J’aipromisdeveniravecvous,maispasdetelaisservivre!
Je lui donne quelques coups supplémentaires, ne provoquant que ses éclats de rire.Charles
m’attrapealorsparlamainpourm’éloignerdesonami.
− Oklatigresse!Tucommettrastoncrimequandilyauramoinsdetémoins!
Charles m’entraîne dans la file de touristes qui attendent pour faire un tour demontagnes
russesetmacolèredisparaîtaussitôt.
− Jeneveuxpasyaller,murmuré-je,terrorisée.
Cocos’accrocheàmonbraslibreetellemesouritgentiment.
− AllezBi,cen’estpassieffrayant.Situveux,onlefaitensembletouteslesdeux.
− No…non.Je…jeresteavecCharles.
Sa présence me rassure. Je me rapproche un peu de lui et m’agrippe à la manche de son
chandail.Ilsepencheversmoipourmemurmureràl’oreille:
− Çavaaller,Bianca.Penseàquelquechosed’agréable,quelquechosequiterendsheureuse,
etrespireàfond.
Quelquechosed’agréable?Riennemevientàl’esprit.Jenevoisquecetengingigantesque
qui vame tuer dansquelquesminutes.MonDieu !Et si lemanège tombait enpanne ?Et si on se
retrouvaitprisdanslesairs,latêteenbas,pendantdesheures?
JemetourneversCharlespourcachermonvisagecontresontorse,mesbraspassantautour
desataille,pourmerapprocheraumaximumdelui.
− Hey!DoucementBi!Situneveuxpaslefaire,ons’enva…
− Non.J’aipromis,jemarmonne.
Maisjedoutequ’ilm’aitentendupuisquemeslèvressontcolléesàsonchandail.
− Peuimporte.Personnenevat’obligeràlefaire.
Ilcaressedoucementmescheveux,manuque,mondos.
− Quandçadevienttropintense,quandcequejeressensesttellementfortquejenepeuxpasy
faireface,alors jemeraccrocheàcequej’aimeleplus.Jem’yaccrochejusqu’àcequej’arriveà
reprendrelecontrôle.
MoncœursecalmeunpeuetmesbrasenserrentCharlesavecmoinsdeforce.Jecommenceà
prendreconsciencedelachaleurdesoncorpscolléaumien.Etsonodeur…bonDieu!Cequ’ilsent
bon!Çanedevraitpasêtrepermisunetelleodeur!
− Qu’est-cequec’est?demandé-jeauboutd’unmoment.Qu’est-cequetuaimesleplus?
Charlesaunpetitrire,commesimaquestionétaitridicule,puisilrépondd’unevoixdouce:
− Lamusique,biensûr.
Etilfredonneuneberceuseàmonoreille.C’estuneberceusequejeconnais,unedecellesque
laplupartdesmamanschantentunjouroul’autrepourleursenfants.Savoixdoucequichantedans
monoreilleparvientàmecalmeretjemedétachedelui,unpeuàcontre-cœurjedoisl’avouer.
− Çavamieux ? demandeCharles en attrapantmonmenton entre ses doigts pour que je le
regardedanslesyeux.
− Oui.Merci.
− Tantmieux.Parcequ’ondoitavancer.
J’hoche la tête et nous reprenons notre place dans la file. Je reste avecmes amis, écoutant
d’uneoreilledistraite leurconversation,mais je fixe lesol,évitantderegarder l’enginde lamort.
Pasquestiondefaireuneautrecrisedepanique.
Charlessetienttoujoursàcôtédemoietnosmainssefrôlentàplusieursreprisesavantqu’il
sedécideàattrapermesdoigtsentrelessiens.Jesenssoncorpssecrisper,commes’ilattendaitqueje
le repousse.Mais je ne le fais pas.Ce geste neme paraît plus aussi lourd de conséquence que ce
matin. Peut-être parce qu’il l’a fait plusieurs fois au cours de la journée, peut-être parce qu’en ce
momentprécisj’aibesoindecourageetderéconfort,maismarchermaindanslamainavecCharles
mesemblenaturel.Commesic’étaitdansl’ordredeschoses,commesiçadevaitarriverd’unefaçon
oud’uneautre.
Moncœursedébatdansmapoitrineet j’ai la têtequi tourne,maiscen’estplusàcausedes
montagnesrusses.Enfait,jemedisquecemanègen’estpeut-êtrepaslachoselapluseffrayanteque
j’aiàaffronteraujourd’hui.
CharlesCarteretlessentimentsqu’iléveilleenmoisontbienpluseffrayants.
LAVIEDESGENSRICHESETCÉLÈBRESPourtoutconnaitresurlaviedesstars…
Cha-Binouslaissedanslenoir!25mars2015-Ceuxquicroyaientêtre fixésaujourd’huisur la relationentreC.C.CarteretBiancaJohnsonontsûrementétédéçus:lesdeuxartistesnousontlaissécomplètementdanslenoir!
Oh!Biensûr,plusieursfoispendantlaconférencedepresseBiancaarépétéàquivoulaitl’entendrequ’ils étaient seulement des amis… alors queCarter a laissé entendre qu’il souhaitait plus que del’amitié.Maisàquelpointpeut-onsefieràleursdéclarations?
Plusieurs pensent que tout cela est unemise en scène pour entretenir lemystère,maismoi je suiscertained’unechoseetd’uneseule:ilyaunealchimieindéniableentreeux,mêmelorsqu’ilsessaientdelecacher.
Nousne sommespeut-êtrepasplus avancéesqu’avant, chères lectrices,maisde toute façon suivrel’évolutiondecetteromanceestunvraiplaisircoupable!Etnedîtespaslecontraire,jesaisquevouspensezlamêmechosequemoi…
VotrerédactriceenchefetaccessoirementplusgrandefandeCha-Bi,
MadisonGreen
JOUR11-Charles
C ’ estpresquel ’ heuredefaireentrerlesjournalistesdanslasalle,maisniBiancaniLisane
sontarrivées.
− Maisqu ’ est-cequ ’ ellesfont?medemandeNathanentrépignant.
− Pourquoies-tunerveux?C ’ estmoiquivaisentrersurscèneetrépondreauxquestionsdes
rapaces.Toi,tuvasrestercacherencoulisses.
− Je sais,mais je crains toujoursque tu teplantesetque le rêveprenne fin.Parceque si tu
tombes,benjetombeaussi,tuvois?
Jelèvelesyeuxauciel.
− Cen ’ estpasunerépliquepiquéeàJamesCameronetauTitanicça?
− Non,non.C ’ estdemoi.Jetejure!T ’ esmabouéemonvieux,monancre,mon …
− Ok. Je vais chercher les filles. J ’ ai besoin d ’ une discussion avec une personne saine
d ’ espritquinedélirepascomplètement.
− Tuvas leregretter,melanceNathanenriant.J ’ avaisdes tonnesd ’ autresmétaphoresen
réservepourtoi …
Jem ’ enfonce plus loin dans les coulisses de la scène, jusqu ’ à un escalier quimène aux
logesdusous-sol.Jem ’ arrêtedevantcelleréservéeàBiancaetjetendsl ’ oreilleenentendantles
voixdeBianca,CoralieetLisaquidiscutentavecanimation.Jesais:écouterauxportes,c ’ estmal,
maisc ’ esttroptentant!Surtoutqu ’ ellesparlentdemoi …
− LaisseCharlesagircommeilleveut,restesourianteetaimableetletourestdanslesac!
− Agircommeilleveut?répèteBianca.Pasquestion!
− C ’ estlameilleuresolution,Bi,ajouteCoralie.Tuesbientropàfleurdepeauaujourd ’ hui.
Etest-cequ ’ onpeutsavoircequis ’ estpasséentreCharlesettoihierpourquetusoisdanscetétat?
Jemerapprocheunpeupournepasmanquerunmotdelaconversation.Ilnes ’ estrienpassé
entremoietBiancahier,rienmisàpartquenotrerelationdevientdeplusenplusfacile …etdeplus
enpluscomplexeenmêmetemps.Maisnoustrouvonslentementl ’ équilibredontnousavonsbesoin.
Biancame laisse de plus en plus approcher, elle cherche le contact même parfois, alors je brûle
d ’ impatienced ’ entendrecequ ’ elleaàdiresurnous.
− Rien du tout ! Enfin, vous étiez avec nous toute la soirée !Vous ne nous avez pas quitté
d ’ unesemelle.
Réponsedécevante.
− D ’ accord.Situledis.C ’ estjusteque …j ’ aientenduentrelesbranchesqu ’ ilavaitessayé
det ’ embrasser …
− Quoi?Maispasdutout!
Quoi ? Qu ’ est-ce que c ’ est que cette histoire ? Bon, ok, je suis passé à un cheveu de
l ’ embrasseretellem ’ arepoussé,mais …lesseulsquionttoutvusontNathanetAlex.Cequiveut
direquel ’ und ’ euxàparleràCoralieetjecroissavoirlequel.
NathanStilinski,tuesunhommemort.
− Et pourquoi vous teniez vous lamain hieralors ? demandeCoralie d ’ un ton désinvolte.
Ouais,jevousaivu.Justeavantd ’ entrerdanslesmontagnesrusses.
− Mais à quoi tu joues ? Tume fais subir un interrogatoire ? C ’ est une pratique pour la
conférencedepresse?
Coralieaunpetitrire.
− Exactement.Situsurvisàmesquestions,cellesdesjournalistestesemblerontêtredugâteau
!
Biancaritaussi.
− TusaisquetuesvraimenttordueCoco?
Lesilencesefaitetjedécidequ ’ ilesttempsdefaireconnaîtremaprésence.Jecogneuncoup
et sans attendre la réponse, j ’ ouvre la porte.Bianca, Lisa etCoralie se tiennent devant lemiroir.
Ellesseretournentversmoiensursautant.
− Carter!Qu ’ est-cequetufais?s ’ écrieBianca,quisemblepresquescandalisée.J ’ aurais
puêtrenue!
− Oh!Etçaauraitétévraimentunproblème insurmontablepourmoi,dis-jeensouriantde
toutesmesdents.Jenesaispascommentj ’ auraispasséàtraversça!
Ellemefaitunegrimaceenmetraitantd ’ idiot,puissedétournedemoi.
− Charlie,çatombebienquetusoislà: tupourraisaiderBiàsedétendre?demandeCoco,
avecunsourireconspirateur.Elleeststresséeàmortpartoutçaet …
− Pasdutout.Jen ’ aipasbesoindeluipour …
− Ilaréussiàtefaireentrerdansunwagondemontagnesrussesalorsjecroisquetepréparer
àaffronterdesjournalistes,ceseraunepartiedeplaisirpourlui,ditsameilleureamieensedirigeant
verslaporte,entraînantLisaavecelle.
Lisaquis ’ écrire,justeavantderefermerlaporte:
− Vousavezcinqminutes.Pasunedeplus.
J ’ attendsd ’ entendreleurspass ’ éloigneravantdem ’ approcherdeBiancaquiagitcomme
si jen ’ étais pas dans la pièce avec elle.Elle s ’ observe intensément dans lemiroir, replaçant ses
cheveuxcoiffésenunchignonlâche,d ’ ungestefébrile.Unemècherebelles ’ échappeetelleessaie
delareplacer,maissesmainstremblenttellementquesabarrettetombesurlesol.Jemepenchepour
laramasseretditd ’ unevoixdouce:
− Laisse-moifaire.
Je replace délicatement sa barrette, puis j ’ en profite pour caresser du bout des doigts sa
nuqueetlanaissancedesondos.
− Jen ’ auraisjamaiscruquelesentrevuestestressaientencoreàcepoint.
− Jesaisqu ’ ilsvontnousposerdesquestionssurnotrevieprivéeetjedétesteça!
Jedéposemesmainssursesépauleset jemepenchepourcaressersoncouavec leboutde
monnez.Jesourislorsquesoncorpsfrissonnecontrelemien.
− Qu ’ est-ceque tu faisCarter ? Je trouveque cette façondeme toucher et unpeu trop …
intime.
Jenerésistepasàlatentationdedéposersurlacourbedesoncou,puisjemeredresse.
− J ’ essaieseulementdetedistraire.Est-cequeçamarche?
Biancaprendunemoueboudeuse,maiselleavoueàcontre-c œ ur:
− Unpeu.
Jepassemesbrasautourdesatailleetjefixenotrerefletdanslemiroir,souriant.J ’ aimece
quejevois.J ’ aimelatenircontremoi;c ’ estexactementlàoùestsaplace.
− Charles,qu ’ est-cequ ’ onvafaires ’ ilsnousparlentdenousdeux?
− Nousallons répondrequenousnesommesquedesamiset ilsdevront s ’ en contenter.À
moinsquetupréfèresleurdireautrechose?
− Non.Biensûrquenon. Jevoulaisdire :qu ’ est-cequ ’ onva faire s ’ ils nous parlent du
passé …denotrerupture?Jen ’ aiaucuneenvied ’ aborderlesujet.
Ellepousseunlongsoupiretelleselaisseallerentremesbras.Jelaserreplusfort,profitant
decetinstant.
− Parfois,j ’ enaiassezdetoutça,avoue-t-elledansunmurmure.J ’ enaiassezquelemonde
entiersedonneledroitd ’ intervenirdansmavieprivée.Parfois,j ’ aimeraisredeveniruneparfaite
inconnue,unefilleordinaire.C ’ estidiot,non?
− Pasdutout.JeressensçaaussitoutletempsBi.Etj ’ aitoutletempspeur.Peurdetomber
danslesexcès,peurdemeperdreenchemin.
Ceseraitsûrementdéjàarrivésijen ’ avaispasNathanetLisadansmavie.Cesonteuxqui
mepermettentderestermoi-même,denejamaisoublierquijesuisvraiment.
− Mais quand je monte sur scène, tout ça n ’ a plus d ’ importance. C ’ est ce que j ’ aime,
c ’ estcequejeveuxfaire.J ’ enaibesoin.Etjesuiscertainquec ’ estaussicequetuvasressentir
quandtuvasdanserdenouveaudevantunesallepleineàcraquer:tuvaspenserquetoutça,toutecette
merded ’ aujourd ’ huiettoutescellesquivontsuivre,enontvalulapeine.
Biancamefaitunpetitsouriredanslemiroir,puisellesedéfaitdemonétreinte.
− Tuasraison.Çaenvautlapeine.Ettuseraslà,sijamaiscertainssepermettentdesquestions
tropindiscrètes.
− Jeserailà,dis-jeavecconviction.
Biancahochelatête,unpeutropfort,commesielleessayaitdeseconvaincre.
− Ok.Allons-y.Noscinqminutessontsûrementterminées.
Jeluiouvrelaporteetnousretournonsverslascène.Nousentendonsmaintenantlebrouhaha
degensqui discutent avec animationdans la salle.On a fait entrer la presse.C ’ est l ’ heure. Lisa
vérifienotreapparenceunedernièrefois,ellefaitvenirlamaquilleusepouruneretouchededernière
minute,puisnousentronssurscènesouslesflashsdesappareilsphotos.
Nousprenons lapausependantquelquesminutesavantd ’ allernousplacer,deboutderrière
nosmicrospourquelaséancedequestionsnedébute.Audébut,toutsepassebien.Nousparlonsdu
show:leconcept,lerôledeBianca,leschansonschoisies.Jusqu ’ àcequ ’ unejournalistesedécide
enfinàposerLAquestion:
− Peut-être suis-je trop audacieuse, mais puis-je poser la question qui nous brûle tous les
lèvres?
Jesouris,voyantexactementlàoùelleveutenvenir.
− Laissez-moideviner:vousallezdemandersinousnoussommesremisensemble.
− Etbien,toutlemondeaenviedesavoir,avouelajournalisteavecunpetitrire.
− Noussommesamis,répondBianca,mecoupantl’herbesouslepied.Etçanechangerapas.
Je pose une main sur mon cœur et grimace, comme si je venais de recevoir un coup
particulièrementdouloureux.
− Vousvoyezcommeelleditcelaavecconviction?Çafaitmal!
Desdizainesdejournalistelèventdenouveaulamain.J’enchoisisunauhasard.Ilseprésente
rapidementavantdedemander:
− Carter,venez-vousd’insinuerquevousêtestoujoursamoureuxdeBianca?
− L’ai-jefait?répliqué-je,refusantdemelaisserprendreaupiège.
− Jereformule:êtes-voustoujoursamoureuxdeBianca?
J’éclatederire.
− Vousréalisez,biensûr,quejenerépondraipasàcettequestiontoutàfaitindiscrète.
− Nous sommes amis, répète Bianca, d’un ton beaucoup moins cordial qu’au début de la
conférencedepresse.
− Voilà!Elleatoutdit:noussommesamis.Malheureusement,Biancaestindifférenteàtoutes
mestentativesdeséduction.
Pourprouvermesdires,jereplacedoucementunemèchedecheveuxdeBiancaderrièreson
oreille.Ellemerepoussed’uneclaquesurlamain,toutenmelançantunregardnoir.
− Vous voyez ? C’est ce que je dois subir tous les jours, dis-je, provoquant les rires de
l’assemblée.Maisjen’abandonnepas.
Çacontinueainsipendantplusieursminutessansqu’onnenousposeplusuneseulequestion
surlespectacle.Lesjournalistesnes’intéressentplusqu’ànotrerelation.Pasgrave.Noussavionsque
ça allait se passer ainsi. Et comme je l ’ ai promis à Bianca, je ne les laisser pas nous poser de
questionssurlepasséetjetourneendérisionchaqueinterrogationtropindiscrète
Parcontre,cequejen’avaispasprévu,c’estlaréactiondeBianca.Elleserefermepeuàpeu
jusqu’àdevenircarrémentdésagréableaveclesjournalistes.Heureusement,c’estlàqueLisametfinà
laconférence.J’envoieunderniersalutauxgensprésents,puisj’attrapeBiparlataille,lapoussant
discrètementverslescoulisses.
− Qu’est-cequiteprend?demandé-jeàvoixbassedèsquenoussommesàl’abridesregards.
− C’est toiquimeposescettequestion?J’allais tedemander lamêmechose :qu’est-ceque
c’étaitquecenumérodedrague?
Jelèvelesyeuxauciel.
− Tu l’as dit : c’était unnuméro. J’ai joué le rôle que tum’as donné : celui de l’amoureux
transi.
− Pourquoi tu n’as pas démenti mes affirmations ? C’était le bonmoment pour mettre les
chosesauclair.
J’hausselesépaules.
− Jetrouvaisplusamusantdeleslaisserspéculeret…tantqu’onentretiendralesdoutessurla
naturedenotrerelation,oncontinueraàparlerdenous.
− Haha!Voilà!C’estexactementça!Tutesersencoredemoi!
Je ne peux m’en empêcher : j’éclate de rire. Furieuse, Bianca me tourne le dos pour
s’éloigner,maisjel’attrapeparlepoignetetlaramènecontremoi.
− Désolé, jenevoulaispasmemoquerde toi.C’est justeque…réfléchisunpeu.Cettefois,
c’estdetoiqu’onparleàcausedemoi.Techniquement,c’estdoncmoilavictimedanscetteaffaire.
Bianca me repousse sans douceur. Elle croise les bras sur sa poitrine en me toisant d’un
regardnoir,regardquejesoutienssansciller,etellefinitparpousserunsoupirdedéfaite.
− Ok.Tuasraison.C’étaitidiotdemapartdecroireque…
Ellesecouelatêtesansterminersonidée.
− Maisjeneveuxpasqu’onutilisenotrerelationpourvendredesbillets.J’ail’impressionde
salirnotreamitiéavantmêmequ’elleaitcommencée.Commesitoutça,nousdeux,étaitfaux.Tuvois
cequejeveuxdire?
− Tuaspeurquelesgens,lepublic,croitqu’onjouelacomédietouslesdeux?Outuaspeur
dedouterdemoi,detedemandersijefaissemblantd’êtretonami?
Biancabaisselesyeuxverslesol,malàl’aise.
− Non.Jesaisquetuessincère,mais…je…
− Tunepeuxpast’empêcherdedouter.
Unlongsilences’installeentrenousetj’attendsfébrilementjusqu’àcequ’elleavouedansun
souffle:
− Oui.
Même si ça faitmal, j ’ essaie de ne pas le laisser paraître. Je prends son visage entremes
mainsetj ’ appuiemonfrontcontrelesien.
− ÇavaBianca.Aprèstoutlemalquejet ’ aifait,jenem ’ attendspasàcequetuoubliestout
enquelquesjours.
− J ’ essaieCharles.J ’ essaievraiment,murmureBiancad ’ unevoixbrisée.
− C ’ esttoutcequejet ’ aidemandéetçamesuffitpourl ’ instant.Etjesuisdésolédenepas
m ’ enêtretenuàrépondre:onestseulementamis.JecroisquequandjedeviensC.C.Carter,jesuis
tellementàfonddedansquejeneréfléchisplus.
Bianca a un petit rire et encore une fois, c ’ est elle qui me repousse avec douceur mais
fermeté.
− Jen ’ avaisjamaisremarquéavantaujourd ’ hui,tusais.Jen ’ avaisjamaisremarquéàquel
point tuportesunmasquequandtuesenpublic.Chaquefoisqueje tevoyaisà la télévision, jeme
disaisquetuétaisdevenueunvraiconnard.Tuavaisl ’ airtellementimbudetoi-même!
− Jelesuisunpeutoutdemême,dis-je,passoucid ’ honnêteté.
− Oui,tul ’ es.Maisbeaucoupmoinsquecequetulaissesparaître.Toutça,cesontdesairs
quetutedonnes.C ’ estjusteunrôledeplusquetujoues.
Je la fixeun longmoment, surprisqu ’ elle ait compris tout ça en si peude temps.Surpris
qu ’ ellemeconnaisse,qu ’ ellemecomprenneencoresibien.
− Hey les amoureux ! s ’ écrie Alex, venant gâcher l ’ instant. Tous les indésirables sont
partis.Lisafaitdirequec ’ estletempsdeseremettreautravail.
− Pourquoi est-ce qu ’ elle n ’ est pas venue nous le dire elle-même ? demandeBi, sa voix
laissanttransparaîtresonagacement.
− Personne n ’ osait venir vous déranger pendant vos mamours, explique Alex avec une
certainefierté.
− Personnesauftoi,grogné-je.
− Exact vieux. On vaquand même pas passer la journée à attendre que tu te décides à
l ’ embrasser!Detoutefaçon,jesaisquetun ’ aspascequ ’ ilfautdanslepantalonpourlefaire …
− LafermeAl.Etdégaged ’ icisituneveuxpasteretrouveràlarue!
− Okpatron,lance-t-ilavantdes ’ éloignerenriant.
Jejetteun œ ilàBiancaquifixelesold ’ unairembarrassé.
− Est-ce que c ’ est seulement moi ou Coco, Nathan et lui sont pires que cent journalistes
réunis?
-Devraisgamins,approuvé-je.Maislaissons-lesparler,siçalesamuse.
Nous retournons tous les deux sur scène. Les autres nous attendent, assis dans la salle à la
placequ’occupaientlesjournalistesilyaquelquesminutes.Dèsqu ’ ellenousvoit,Lisabonditsur
sespiedsetvientnousrejoindre.
-Avantquelesmusiciensetlesdanseursviennentnousrejoindre,est-cequetuasdenouvelles
compositionsànousfaireentendreCharlie?demande-t-elleetjevoisbienl ’ espoirdanssesyeux.
Saufquejen ’ airienparcequej ’ aijetéàlapoubellechaquenouvellecompositionquej ’ ai
commencédepuisnotrearrivéeàVegas.
− Heu …jesuisdésoléLis,mais …
− Est-cequ ’ elleadéjàentendutanouvellechanson?Cellequetum ’ asjouéel ’ autrenuit?
− Non,mais …
− Ilfautabsolumentquetulajoues!Elleestmagnifique!ditBiancaavecenthousiasme.
Etellesmeregardenttouslesdeuxavecunairsuppliant …lesdeuxfemmesdemavie …un
air si suppliant que je ne peux pas dire non.Même si je n ’ ai pas joué cette composition depuis
quelquesjours,mêmesij ’ aitoutfaitpourl ’ oublier,mêmesicettefoutuechansonparled ’ amour
éternel,demoietBiancaetquejemesuisjurédeplusjamaislajouer,jevaism ’ assoiràmonpiano.
Jevaism ’ yasseoiretsansyréfléchirpluslongtemps,jemelancedanslamusique.
Alors que les notes s ’ élèvent dans la salle autour de nous, alors que les paroles que j ’ ai
écrites me reviennent en tête, je réalise que quelque chose à changer. Je n ’ ai plus aussi peur
qu ’ avant.
Endlesslove.
Non,jen ’ aipluspeur.Oupresqueplus.Jesuisprêt.
JOUR12-Bianca
Lajournéeavaitplutôtbiencommencéepourtant:fidèlesàleurpromesse,LisaetCocom’ont
amenéàunesortiedefilles«détente».Aveclatotale:massage,manucure,soinsduvisage.Aprèsles
journéesdefoliequenousvenonsdevivre,çam’avraimentfaitdubiendeprendreunpeuderepos.
En revenant à la villa, Lisa m’a montré quelques nouvelles tenues dans ma garde-robe, don de
grandescompagniestelqueDior,quiespèrequejeporteraileurstenuesdansdegrandesoccasions.
J’ai aussi euun tout nouveau téléphone, donc jen’ai pas communiqué lenuméro àpersonnepour
l’instant.Bref,lajournéeétaitparfaitejusquelà.
Puis lesgarçonssontrevenusde leur journéede travail.Charlesaeu lasurprisede trouver
sonpianodanslesalon,sonvieuxpianosurlequeliljouedepuisseshuitansjecrois,etlorsqu’ila
demandé à Lisa en quel honneur elle l’avait fait déplacé àVegas alors que nous n’y restions que
quelquessemaines,notreamienousaannoncéuneséancephotoimproviséedansnotrevilla.Etelle
l’aditcommesic’étaitunebonnenouvelle!
C’estlàqueleschosessesontgâtéesetquemajournéeparfaiteaétéruinée.Nousavonsété
envahisparlesstylistes,lesassistantstechniqueetbiensûrlephotographe,etdesfemmesquejene
connaispasdutoutsesontamuséesàjoueràlaBarbieavecmoi.Habituellement,j’aimebienfaire
desséancesphoto,maisaprèsunejournéededétente,jen’aspiraisqu’àunesoiréepyjama,devantla
télé.
Siaumoins,onavaitchoisiunestylisteavecdutalent!
Lisam'appellederrièrelaporte,maisjerefusedesortirdemachambre.Pasquestionquequi
quecesoitmevoitcommeça:j’ail'airridicule.Envérité,jen'aiaucuneenviequeCharlesmevoit
ainsiparceque je saisque lui seraà tomber sur les fesses.Oui,peu importe lesvêtementschoisis
pour lui, il restera toujoursaussi sexy.Alorsquemoi, jene ressembleà rien !Quiaengagécette
foutue styliste ? Elle n'a vraiment aucun talent ! Cette robeme donne l'air d'un sac à patates,mes
cheveuxsontplusdécoiffésqu'àmonarrivéeaustudioetjeportedesespadrillesvraimentaffreuses
quinevontpasdutoutavecmatenue.
−Bianca!Allez,sorsdelà!Jeveuxtevoiravantledébutdelaséancephoto.S’il-te-plaîtBi,
insisteLisad’unevoixdouce.
−Tut'yprendsmalLisa,ditalorsCoralied'untonrésolu.Ladouceurnefonctionnepasavec
Bianca.Laissefairelapro:BIANCAJONHSON,hurle-t-ellealorsetjesursaute.Sorstoutdesuitetes
fessesdelà-dedanssinonj'envoieCharlestechercher!
Jepousseungrognement furieux,maisouvre laportedema loge.Cocomefaitunsourire
vainqueur.
−Etvoilàletravail!s'exclame-t-ellepourLisa,avecsatisfaction.
−Çava.Paslapeinedecrier.Jesuislà.
Lisam'attrapeparlebrasetmefaittournersurmoi-même,m'évaluantd'unœilexpert.
−Vraimentpasmal.Cettetenuetedonneunpetitlooksauvage…
−Turigoles?Jesuishorrible!
Monamiepousseunsoupirexaspéré.
−Bianca,tuesvraimentsexydanscettetenueetc’estexactementl’effetrecherché.
−Unevéritablebombe,approuveCoralieenhochantlatête.
−Ouais,c'estça.
JeprendsunemoueboudeuseetLisa,quitientencoremonbras,metiredeforcehorsdema
cachette pour m'amener dans le salon où le photographe et son équipe ont monté le décor et les
lumières.Charles,AlexandreetNathansetiennentlà,discutantentreeux.
−Hey lesgars ! s’écrieLisa avantque j'ai pucomprendre sonplan.Commentvous trouvez
Bianca?
Leurattentionàtoustroissetourneversmoi.Super!Maintenantjevaisavoirl’airdelafille
quicherchelescompliments.Ilssesentirontobligédedirequejesuistrèsjolie,parcequec’estce
quelesmecsdisenttoujoursquandilsn’osentpasdirelavéritéàunefilleetluiavouerquesatenue
estaffreuseouqu’elleal’airgrossehabilléeainsi.Jefixeobstinémentlesol,nevoulantpasaffronter
uncertainregardvert.
−Youhou!Bianca,tuasl’airchaudecommeça!ditNathanetilsemblesincère.
−Tu accepterais de sortir avec moi ? demande Alexandre en poussant un sifflement
admirateur.
J'espèrevraimentqu'ilplaisante.
−Bianca,tues…j’enrestesansmot.Wow!Simplementwow!
Je relève la tête, surprise par la voix rauque deCharles. Ses yeux sont posés surmoi,me
détaillantavecenvieetjemesensrougir.Nonpasdegêne,maisdedésir.D'accord.Lisaaraison:je
doisêtrepasmalpourqu'ilmeregardeainsi.
Mais j'avais raisonmoi aussi :Charles est à tomber.Vêtu d'un simple t-shirt noir dont il a
l'habitude,ilportedespantalonsbeigesplutôtmoulantsavecdesbretellesqu'illaissependrelelong
deseshanches.Sescheveuxontgardéleurlookdécoiffé,maisilspartentunpeumoinsdanstousles
sensqued'habitude.Ilestvraimentsexyetàcetinstant,jen'aiqu'uneenvie:êtreseuleaveclui.Cequi
n'estvraimentpasunebonneidée,vulespenséesobscènesquitraversentmonespritalorsquejele
fixe.Etjesensquecetteséancephotoserapéniblepourmapauvrelibido.D'autantpluspénibleque
nous nous sommes un peu trop rapprochés depuis hier. Oh ! Rien de bien méchant ! Rien de
compromettantnonplus,mais le simple faitde lui tenir lamainéveille enmoides sensationsque
j’aimeraismieuxnepasressentir.Celaéveilleenmoiledésird’enavoirplus…bienplus.
Cequin'estsainnipourmoinipourmoncœurécorché.
−Alors?Convaincue?medemandemonamieenmerelâchant.
JerompslecontactvisuelavecCharles,troublée.
−Oui.Tuavaisraison.
−Biensûrquej’avaisraison.Etmaintenant:commençons!
Elleappellelephotographe,unmecd'originecanadienneappeléFélixRondeauquitravaille
habituellementpourleVogue,lemagazinepréféréedeLisa.Ilnousdemandedenousplacerdebout
aumilieududécor,desimplescoussinsdecouleurrougeetblancétalésdevantlepiano,puisilsnous
observenttouslesdeuxunlongmoment,discutantentreeux.Pendanttoutcetemps,j'évitehabilement
deregarderendirectiondeCharles,faisantcommes'iln'étaitpaslà.Maisjesuisplusqueconsciente
desaprésenceprèsdemoietc'estpourquoijelesensaussitôtserapprocher.Jemetends,lesouffle
court.
−Jelepensevraiment,murmure-t-ilàmonoreille.Tuesmagnifique.
Jenepeuxréprimerunfrissonlorsquesonsoufflecaressemoncouetjepriepourqu'iln'en
aitpaseuconscience.Jenepeuxpasnonplusm’empêcherdem’imaginercequejeressentiraiss’il
posaitseslèvressurmoncou,là,maintenant.S’ildéposaitunbaiserjustesousmonoreille,puistout
lelongdemanuque…
−Tuasdécidédem'ignorer?demandeCharlesd'untonamuséenappuyantsonmentonsur
monépaule.
Proche.Tropproche.
Jemetournerapidementverslui,troprapidementpuisquejeluienvoieuncoupdetêtesurle
nez.Ilpousseuncridedouleurenreculantprécipitamment.
−Oups!Désolée!
Ilfaitunegrimace,massantsonnez.
−Çava.C'estrien.
Ilme fait alorsunsourire rassurant.Finalement, j'auraisdûcontinuerà lui tourner ledos !
MonDieu!Pourquoiavez-vousplacéunetentationaussiirrésistiblesurmonchemin?
−Encoreheureuxquetunel’aiespascassé!Jesuissûrquetuenrêvesdepuisdesannées!
−Tun’imaginesmêmepaslenombredefoisoùj’airêvéenvoyermonpoingsurcevisage…
Félixfrappealorsdanscesmainspournousrameneràl'ordre.
−Jesuisprêtàcommencermessieurs,dames!Onvaessayerceci:Charles,prendsplacesur
l'herbeetBianca,tut'assoissurlui.
−Quoi?
Maisavantquej'aipuprotester,Charlesm'attrapelamainetm'attireverslui.Unealerterouge
s'allumedansmonesprit.
−Nejouepaslesemmerdeuses,dit-ilaveccesourireencoinquimerendtoutechose.Cen'est
qu'uneséancephoto.
−Regardezicitouslesdeuxetprenezvotreairleplussexy,nousordonneFélixenseplaçant
derrièresonappareil.
Ilcommencealorsànousmitraillerdesonflash.Jeresteimmobile,moncœurbatfort,sifort
quejesuispersuadéequeCharlespeutl'entendre.
−Bianca,majolie,soisnaturelle,crieFélixsansarrêterdeprendredesclichés.Tuesbientrop
crispée!
Crispéemoncul!J'auraisaimélevoir lui,assissur lesgenouxd’unmecqui lefaitvibrer,
mais avec qui il ne doit surtout rien se passer.Unmec que je dois à tout prix repousser pourme
préserver.
Leditmecposealorsunemaindoucesurmondos,lecaressantduboutdesdoigts.
−Détends-toiBi,memurmure-t-ilsansperdresapose.Jenevaispastemanger.
Samainremontelentementjusqu'àmanuque,puisredescendàlamêmevitessejusqu'àlimite
de mes fesses. Je devrais le repousser, mais c’est tellement agréable et ça m’aide vraiment à me
détendre.
−Non pas que j'en ai pas envie, continue-t-il. Tu es tellement belle, je prendrais bien une
bouchéeoudeuxsitulevoulais.
−Charles!m’écrié-jesuruntonoutré,repoussantfinalementsamaincaressanted’unepetite
tape.
Ilpouffe.
−Quoi?Peux-tumereprocherdedirecequejepense?
Jetournemonvisageverslui,oubliantpendantuninstantquenoussommesenpleineséance
photo,etilfaitdemême.
−Nousavonsuneentente.L’aurais-tuoublié?
−Commentlepourrais-je?Tun’arrêtespasdemelerappeler.
−Parcequedepuishier,tunecessesdejoueraveclefeu.Tum’aspromis,Charles.
−Certainespromessessonttropdifficilesàtenir,dit-ilenmefixantd’unregardintenseetje
n’arrivepasàdéterminers’ilestsérieuxounon.Sidifficilequ’ellesdonnentl’impressionden’avoir
étéprononcéequepourêtrebrisée.
Monsouffledevienterratique.Sapaumechauderevientseposersurmondos,faisantdedoux
cercles,brûlantmapeausousmesvêtements.
−Tuneferaispasça?demandai-je,paniquéeetexcitéeàlafois.Tunepeuxpasfaireça!
Sonnezcaresselemien,taquin,etsonregards'accrocheaumien,ravageur.
Je n'ai aucune chance. S'il décide deme séduire, je n'ai aucune chance de lui résister.Oh !
J'essaieraibiensûr.Jemedébâteraisdemonmieux,aussilongtempsquejelepourrais,maiscesera
envain.Ilgagneraàunmomentouàunautre.Justeàcetinstant,s'ilm'embrassait…jenesaispassi
jelerepousserais.
−Bianca!Ramènetonvisageversici.Charlescontinueàlaregarder,elle.
Jem'exécute,aveccetteimpressionqueFélix,Lisaetlesautresquinousobservent,fontpartis
d'unautremonde.Iln'yaplusqueCharlesetmoi.Jefixel'appareilphotosanslevoirvraiment,toute
monattentioncentréesurl'hommequim’accompagne.Cethommedontlesbrasentourentmataille,
meramenantunpeupluscontrelui.Puisjesenssabarbedequelquesjoursfrottercontrelapeaude
monmenton,puisdemajoue,presqueaussitôtremplacéparseslèvresdoucesetchaudes.
Unfeus'allumedansmonventre,serépandantdanschaquemembredemoncorps.J'entrouvre
labouche,haletante,alorsqueses lèvresparsèmentdebaisermamâchoire,remontant jusqu'àmon
oreillequ'ilattrapeentresesdents.
−Parfait!s'écrieFélixensortantdederrièresonappareil.C'esttrèsbienCharles,Biancaaussi.
Trèsnaturel!
Lephotographes'approchedenousetjeréalisequejesuistoujoursassisesurlesgenouxde
Charles,quimetientfermementparlataille,commes'ilvoulaitmegarderprisonnière.
−C'étaitparfait.Maismaintenantonvapasseràlaprochaineétape.Onveutunrésultattorride,
pasunephotodigned’unfilmpourtous!
Il fait un signe de lamain à une styliste qui s'approche avec une chemise blanche et il lui
arrachepresquedesmainspourlatendreàCharles.
−Charlie,tuvasenfilerça.Etlaisselesboutonsouvertssurtout.QuantàtoiBianca…
Ilm'attrapeparlebrasetmeremetdeboutdeforce.Ilm’observeuninstant,puisilpassedans
mondosetdétachelenœudquiempêchemarobedetomber.
−Hey!protesté-jeaussitôt,enretenantletissudemesdeuxmains.
−Laisse-moiuninstantchérie.
Sansgêneaucune, ilreplacelehautdemarobepourqu'ellelaissevoir lanaissancedemes
seins,puisrattachelesrubansplusbasdansmondospourquetoutrestebienenplace.
−Parfait!
Ilnousfaitunsouriresatisfaitavantderetournerderrièresonappareilphoto.
−Etbien,ilfautdetoutpourfaireunmonde,grogné-jeentremesdents,sidéréeparl'audace
duphotographe.
Il auraitpumedemandermonavisquandmêmeouordonneràune stylistede le faireà sa
placeplutôtquedemetripoterlesseins!
−Tu arrives encore à être surprise après quatre ans dans le milieu ? réplique Charles en
haussantlessourcils.
Jeme tourne vers lui, essayant de faire abstraction du fait qu’il a retiré son chandail pour
enfilersachemise.
−Je suis peut-être dans lemilieu depuis longtemps,mais je ne laisse pas n’importe quime
touchercommeça!
−Tuasraison,admetCharlesenfranchissantladistancequinoussépare.
Près.Tropprès.Jeposeunemainsursontorsepourlefairereculerd’unpas…cequin’est
pasmonidéelaplusbrillante:Charlesalaissélesboutonsdesachemiseouverte,commeFélixluia
ordonné,etmesdoigtsseposentdirectementsursapeau.Jesenssesmusclessecontractersousma
paume.Mêmesij’aivraimentenviedefairecourirmesdoigtspartoutsurlui,jeréussisàretirerma
mainavantqueCharlesneréalisel’émoiquecesimplecontactacrééenmoi.
−Tuveuxquejeluicasselagueule?medemande-t-ildansunmurmure.Ouplutôt:tuveux
que j’envoieAlex lui casser lagueule ? Je suisprêt à le fairepourdéfendre tonhonneur.Tun’as
qu’unmotàmedire!
Jepouffederire.
−Merci.C’est tropgentildetapart,maisçavaaller.Enplus,vulafaçondont il temateles
fesses,jecroisqueFélixestgay.
−Etmoi,jecroisqu’ilestbi.Iln’arrêtaitpasdefixertesseinstoutàl’heure,maisquipourrait
luireprocher?
Avantquej’aipuprotester,Charlesouvregrandlesbras,unsourire lumineuxauxlèvreset
medemande:
−Alors?Commentjesuis?
Voilàqu’il cherche lescomplimentsmaintenant !Commes’ilne savaitpasqu’il est sibeau
quejepourraisavoirunorgasmejusteenleregardant.
−Çapourraitêtremieux,répondis-jed’unevoixsèche.
−Jesuisprêt!Onseremetautravail,crieFélix,coupantcourtàlaconversation.
Je ferme lesyeuxun instant,puisprendsunegrande inspirationpourgarder le contrôlede
mon corps. Mon Dieu, aidez-moi je vous en prie ! Je vais avoir besoin de Vous au cours des
prochains jours.JevaisavoirbesoindeVouspour laprochaineannéeplutôt !Oui,MonDieu, j’ai
besoinqueVousm’envoyezdespenséeschastesetpureslorsqueCharlesCarterestprèsdemoi.Des
penséesdepetitsoiseauxquivolentdansuncielbleuoudepoissonscolorésquinagentdansl’océan.
Tout,saufdesimagesdeCharlesnuau-dessusdemoi.
Amen.
−Charles,assis-toisurlebancetappuietescoudessurleclavierdupiano.Àdemi-étendu,tu
vois?
−Oui,jevois.
Charless'exécuteetjefixeunpointau-dessusdesonépauleparcequejesaisquesijeposeles
yeuxsurlui,jenepourraiplusdétournermonregarddesonvisageparfait,desontorseetdetoutson
êtrequirespirelasensualité.
Même à 18 ans, c'était déjà ainsi.Toutes les filles se retournaient sur sonpassage; la seule
différence était qu'il n'en avait pas encore conscience à cette époque.C’est à peine s’il le réalisait
lorsqu'unefilleluifaisaitdesavances!JemesouvenaisencoredeBetsyetdeKaren,deuxactricesde
l’Artdeladansequiluiavaientfaitdurentre-dedanspendanttoutletempsqu'avaitduréletournage,
mêmeaprèsquenousnoussoyonsmisensemble.Luin'avaitrienvu,rienremarqué.Ilatoujoursété
unaimantàfilles.Illesattiraittoutesetjenefaisaismalheureusementpasexception.
J'étaismêmeprêteàmejeterdanssesbrasquelquesjoursseulementaprèsledébutdenotre
relation, alors que j'étais jeune et inexpérimentée. Innocente. Mais je m'en fichais : je le voulais.
J'avaisrêvédeluichaquenuitàpartirdujourdenotrerencontre.Etc'étaitdesrêvesquimefaisaient
rougirrienqued'ypenser.
Cesoir-là,j'aimentiàmonpèrequim'accompagnaitsurletournage,luidisantquejesortais
avec les autres actrices,mais je suis plutôt allée cogner à la porte de la chambre deCharles. Il a
ouvert,l'airendormi,puisaeuunsourireresplendissantenmetrouvantlà.Iln'aeuletempsdedire
quemonnomavantquejenemejettesurluipourl'embrasserférocement,laissanttoutledésirqueje
contenaisdepuisdes semaines sortir.Etmaintenant, trois ansplus tard, j'en suis toujoursaumême
point.Ilaencorelemêmeeffetsurmoi.
Pathétique,non?
−Bianca,j'aimeraisbienquetut'assoisfaceàCharles,sursesjambes.
Je sursaute, parce que la voix de Félixm’a tiré demes pensées,mais surtout parce que sa
demandem’horrifie.Ilveutquejem’asseyeàcalifourchonsurCharles?Aveccetterobe?D'accord,
cettefois,ceseramafin!
−Est-cequejedoisvousrappelerquecen’estpasunpornoqu’ontourne,maisunepubpour
unspectacle?Vousavezparléd’unrésultatsexy,pasindécent!
J'entendsCharles rire à côté demoi et je lui jette un regard furax auquel il répond par un
sourire.
−MademoiselleJohnsonaurait-ellepeur?murmure-t-ilavecunelueurdedéfidansleregard.
Jecroiselesbrassurmapoitrine,l'ignorant.Biensûrquej'aipeur,peurdenepluspouvoir
nierdevantluietlesautrescequ’ilmefaitressentir,maisjenevaisquandmêmepasluiavouer!
−Bi,onnetedemandepasdetemettrenuequandmême,protestedoucementLisa.Onveut
seulementquecertainespubssoientplusosées.Cellesqu'onvaafficherdanslesbarsparexempleou
danslesmagazinesféminins.Tuvoislegenre?
−Ouais,grogné-jeentremesdents.
Puisquejen'aipaslechoix,jem'approchedeCharlesetpassemesjambesdechaquecôtéde
soncorps.Avec toutautremec,cettepositionnem’auraitpas tantdérangée.C’estvrai,mêmesi je
n’aijamaiseuàjouerdescènedesexualité,j’aiquandmêmetournéquelquespassagesplutôtchauds.
Faire semblant d’être attirée par un mec, faire semblant de vibrer de désir pour lui, l’embrasser
commesic’étaitlaseulechoseaumondequejedésirais:c’estdansmescordes.Leproblèmeavec
Charles,c’estquetoutçaestbeaucouptropréel.
−Rapproche-toiencoreunpeumabelle,m’ordonneFélix.Encoreunpeu…parfait!Lesyeux
danslesyeuxetnebougezplus!
Jerestedoncimmobile,monbassincollécontreceluideCharles,monvisagesiprèsdesien
que nos nez se touchent. Son regard me consume entièrement, aussi intense qu'avant l'amour. Je
prendsdegrandes inspirations,biendécidéeànepas lui laisservoirmon trouble,mais leschoses
deviennent plus difficiles lorsque je sens quelque chose pousser entre mes jambes. Mes yeux
s'agrandissentdesurpriseetCharlesprendunemouedésolée.
−Désolé.Difficiledecontrôlerçadanscetteposition!
Jefermelesyeux,moncorpsparcourutdefrissonsdedésiretd'instinct,monbassinseplaque
unpeupluscontreceluideCharles,profitantdecettefrictionentrenous.S’iln’yavaitpastousces
gensautour,jecroisquejejetteraistoutesmesbonnesrésolutionsàlapoubelleetquejemefrotterais
sanspudeursurlui.
−Bianca,siffle-t-il,entreenvieetréprobation.
Jenerépondspas,maisremontemesmainspourlesplongerdanssescheveux.
−Oui,c'estbienBianca!Bonneinitiative!Agrippe-biensescheveuxettiresonvisagevers
toi,commesituallaisl'embrasser!
J'obéis, avec un peu trop de plaisir. Le visage penché, ses yeux toujours vrillés auxmiens,
Charles ouvre la bouche. J’ai besoin de toutema volonté pour ne pasme pencher et l'embrasser
réellement.
−Parfait ! Vous êtes géniaux ! Et maintenant, j'aimerais que vous rapprochiez vos visages
encore un peu. De l’angle où je suis, je veux avoir l’impression que vous échangez un baiser
enflammé!
Charles se redresse légèrement, passant l'une de sesmains autour demon cou. Je sens son
soufflechaudcontremabouche.Ilserapprocheencoreunpeu,frôlantmeslèvresdessiennes.Mon
cœur explose dansma poitrine. Pendant une seconde, j'ai goûté au fruit défendu et j'ai une envie
irrésistibled'ycroqueràpleinesdents.
−Refais-leCharles.Jeveuxêtrecertaind'avoirunebonneprise.
Oh oui ! Refais-le Charles ! J’ai perdu toute raison parce que je veux qu’il m’embrasse
encore. J'ai l'occasion de goûter à ses lèvres sans que cela n'ait aucune conséquence. Je veux en
profiter.
Alorsrefais-leCharles.Toutdesuite.
Répondantàmessouhaits,Charlesfrôledenouveaumeslèvres,unpeupluslongtempscette
fois,etjecroismêmesentirpendantunefractiondesecondeunelanguevenirtaquinermabouche,
maisils'éloignesirapidementquejemedemandesijen'aipasrêvé.
−C'estbon!J'aitoutcequ'ilmefautpourcettepose,s’écrieFélix,meramenantdefaçonpeu
agréableàlaréalité.Onpasseàlasuivante.
Embarrassée,j’essaiedemesauver,dem'éloignerlepluspossibledeCharles,maisilpasse
un bras autour de ma taille, me retenant près de lui. De son autre main, il attrape mon menton,
m'obligeantàluifairefacedansungestequim’estdevenufamilier.
−Bianca.
Son ton est suppliant, son regard semblemedemander une permission. Je sais ce qu’ilme
demande, je comprends ce qu’il désire parce que je veux la même chose. Mais ni lui ni moi ne
pourronsêtrecontentés.
−Jecroisqu'ondoitsepousser,dis-jedansunmurmure,nepouvantmedétacherdesesyeux
verts.
Ilsecouedoucementlatête.
−Non.Encoreuninstant.
Son regard trop intense plonge dans le mien, me liquéfiant sur place. Encore une fois, le
tempssembles'arrêterautourdenousalorsquejesuisemportéedansuntourbillond'émotions.Un
tourbillonqu'ilestleseulàmefaireressentir.
Depuisquejel’airetrouvé,c’estcommesijerevenaisàlavie.Jen'aijamaiseul'impression
d'être morte, mais c'était pourtant le cas. Une partie demoi a disparu lorsque j'ai claqué pour la
dernièrefoislaportedesonloft.Jen'enaiprisconsciencequelorsquejel'airevu.Maintenantqu'il
estlà,qu’ilfaitdenouveaupartidemavie,toutmesembleplusfort,plusintense.Jeressenstoutavec
beaucoupplusdepassion.Latristesse,lajoie,lacolère:toutesmesémotionssontdécupléesparsa
simpleprésence.
Je réalisemaintenant que j'ai été une espèce de zombi pendant trois ans.Oh ! J'ai réussi à
donnerlechange:j'aipoursuivimacarrière,jemesuisfaitdenouveauxamis,jesuismêmesortie
avecquelqueshommes.Maisàl'intérieur,j'étaisgelée.Incapablederessentirvéritablementquelque
chose,misàpartpeut-êtrelahainedeCharlesCarter.Etenmoinsdedeuxsemaines,Charlesabrisé
cettecarapacequejemesuisforgée,meramenantlentementàlavie.
−Hum… mademoiselle Johnson. Je suis désolée, mais il faut que vous veniez avec nous
maintenant.
JemedétachedifficilementduregarddeCharles.Lastylistequiachoisimesvêtementsavant
leshootingetlafemmequiacoiffémescheveuxsontplantéesàcôtédenous.Jefroncelessourcils,
perdue.
Maisqu'est-cequ'ellesfontlà?
−Pa…pardon?bégayé-jemaladroitement.
−Ellearrivedansunmoment,mesdames,répondCharlesd'unevoixgraveettellementsexy.
Je retrouve alors mes esprits. Mon Dieu ! Depuis combien de temps suis-je assise là, à
califourchonsurCharles,lefixantdanslesyeuxalorsquetoutlemondeautourdenousnousobserve
?Jerépondsaussitôt,enmedégageantdel’étreintedeCharles:
−Non.J'arrivetoutdesuite.
Il m'attrape par le bras, mais je le repousse brusquement avant de marcher d'un pas raide
jusqu'àmachambre,suivieparlesdeuxemployées.
−Bianca!
J'ignorel'appeldeCharles,refermantlaportederrièrenous.Jemelaissetombercontreelle,
puisfermelesyeuxetsouffleungrandcoup.J’aiétéàdeuxdoigtsdecraquer.Encoreunefois.Etça
nefaitqu’onzejoursquenoussommesàVegas!Commentvais-jeréussiràluirésisterpendantunan
?
Jegrogne,furieusecontremoi-mêmeetcontremeshormonesquis’affolenttoujourslorsque
Charlesestdanslamêmepiècequemoi,cognantmatêteàquelquesreprisescontreleboisdelaporte
souslesyeuxsurprisdelacoiffeuseetdelastyliste.
−MademoiselleJohnson?Est-cequetoutvabien?
−Non.Non,çanevavraimentpas.
À ce moment-là, la porte s'ouvre, me poussant vers l'avant et Coralie entre à l'intérieur,
commeunefurie.Pendantuneseconde,j’ail’impressionqu’elleestfurieusecontremoi,maiselleme
faitunsourireéclatantquimerassureaussitôt.
−BiancaJohnson!Est-cequejerêveoutuviensd'embrasserCharles?
Malgrélarougeurquienvahiemesjoues,jecroiselesbrassurmapoitrineetj’affronteson
regardpétillantdecuriosité.
−C'étaitseulementàlademandeduphotographe.
−Hum,hum.Biensûr,répliqueCoco,sceptique.
Jeserrelesdents,exaspérée.
−Tu ne vas pas recommencer tes insinuations ! Et je n'ai aucune envie de discuter de ma
relationavecCharles!Iln’yarienàdire.
Je lui tourneledosetvaism'asseoirdevant lemiroir,mettantuntermeàcetteconversation
inutile.
Lacoiffeuses'approchedemoi,maisCocolarepoussesansdouceur.
−Vouspouvezpartir,jevaism'occuperdeBiancapersonnellement.
−Pardon,maisc'estmoiquidois…
−Jesuissonassistantepersonnelle,ment-elleavecaplomb,etjepeuxtrèsbienlamaquiller,la
coifferetluienfilerlatenuequevousavezchoisie.
Lesdeuxfemmeséchangentunregard,hésitantes.
−Çavaaller.Coralieestparfaitementcapabledefairevotreboulot.
Jesensquejevaisleregretter,maisj'aienvied'êtreunpeuseuleavecmameilleureamie.Et
puis,jepréfèrequecesoitellequimetripoteplutôtquedeuxinconnues.Lesdeuxfemmestournent
lestalons,visiblementvexées.
−J'espèrequetunelesaspasmisedehorsdansl'espoirquejeteferaidesconfidences.Parce
quetuvasêtredéçue.
Coraliehausselesépaules,jouantavecmescheveuxpourtrouverlacoiffureidéale.
−J'aienvied’uneconversationentrefilles.J'ail'impressionquecen'estpasarrivédepuisune
éternité.
−C'estvrai.Onaplusuneminuteànousdepuisquelquesjours.
−Regrette-tud'avoiracceptécetravail?
J'hésiteuninstant,puisdécided'êtrehonnêteetsecouelatête.
−Jenepeuxpasregretter.C'estcequejeveuxfaireCocoetceshow,c'estunechanceenor.Du
genrequinesereproduirajamaisdansmavie.
Monamiesepencheversmoipourmeserrerbrièvementdanssesbras.
−JesuisheureuseaussiBi!s'exclame-t-elleenriant.Situsavaisàquelpoint!Deuxanssans
avoiraucuncontratetmaintenantça!JevaisfairepartiedushowleplushotdeLasVegas!Et
ensuite,jevaisfaireunetournéedanslemondeentieravecCharlesCarter!Wow!
Jeluisouris,avecunpincementdeculpabilité.Jeluiaiunpeugâchélaviecesderniersjours
alorsquepourelle,cespectacleestlaplusbellechosequipouvaitluiarriver.
−Leshowleplushot:jen'iraispeut-êtrepasjusquelà,dis-je,faussementblasée.
−Oh!AllezBianca!Avouequeçavaêtregénial!Totalementépuisant,maistellementexaltant
!
Jenepeuxretenirunsourire:ellearaisonaprèstout.Cen'estpasquel'idéeduspectaclene
m'excitepas,loindelà,maisencemomentmonespritestunpeuobnubiléparautrechose.
Unhommeàlachevelureenbatailleetausouriresiséduisant.
−Ettoi,Lisaetmoi,onvaêtretoutletempsensemble!C’estcommesinotrevoyagedefilles
seprolongeaientpourlaprochaineannée!
Meslèvrespicotentencoredupresquebaiserquenousavonséchangé.Etmêmesijemesuis
éloignéedelui,mêmesijesuisfurieusedem’êtreainsilaisséaller, ledésiresttoujourslà.Sifort
qu’ilenestdouloureux.
−EtCharlesetAlexsontgéniaux!EtNathanest…Nathanestungarstellementformidable!
On pourrait penser que passer une année en compagnie rapprochée de trois garçons seraient
horribles,maisc’estloind’êtrelecas!J’ail’impressiondelesconnaîtredepuisdesannéeset…
−JenesaispassijevaisyarriverCoco,lâché-jetoutd’uncoup,sansl’avoirprémédité.
Mameilleureamiesetaitaussitôt.
−Arriveràquoi?medemande-t-elled’unevoixdouce.
Jesecouelatête,regrettantaussitôtdem’êtreconfiée.
−Bi,tusaisquetupeuxtoutmedire.Jesuistameilleureamie.Etpeut-êtrequeçateferaitdu
biendevidertonsac.
Jememordslalèvre,mesentantunpeumalàl'aisedecachertantdechosesàCoraliealors
qu'habituellement,jeluidistout.
−Jesaisquejepeuxtouttedire,c’estjusteque…
Quepourl'instant,jen'aipasenvied'enparler,ajouté-jepourmoi-même.
Jenepeuxpasavouerl'effetqueCharlesasurmoi.Jenepeuxpasadmettreàquelpointjesuis
attiréeparlui,quemoncœurs'emballechaquefoisqu'ilestprèsdemoi.Jenepeuxpasparlerdecette
envie toute nouvelle de le serrer contremoi, de ce désir de prendre samain à toutmoment et de
passermesdoigtsdanssescheveux,decebesoindeleréconforterlorsqu'ilsembleperdudansdes
penséesnégatives…
Non.Jenepeuxpasl’avouer.MêmepasàCoco.Prononcercesmotsàvoixhauterendraitmes
sentimentstropréels.Beaucouptropréels.
Coraliesepencheversmoietdéposesonmentonsurmonépaule.Nosregardssecroisentà
traverslemiroir.
−Çava.JecomprendsBianca.Tun’espasprête.Tum’enparleraslorsquetuleserasettusais
quejeserailàpourtoi.
−MerciCoco.Jet’adore.
−Moiaussi,petitegarce!Etmaintenant,tâchonsdefairequelquechoseavecsescheveux.
Coralie me coiffe d'une main experte encore quelques minutes, papotant du spectacle, des
autresdanseurs,denotrecolocationàcinq,passantd'unsujetàunautreavecentrain.Jeluiréponds
aveclamêmebonnehumeur,oubliantpeuàpeucequis'estpasséavecCharles.Çafaitplusieursjours
quejen'avaispaseuuneconversationavecmameilleureamieetellem'amanqué!
−Voilà.Terminé.Ilneresteplusqu'àretouchertonmaquillageetenfilertarobe.
Dixminutesplustard,jesuisprêteàreprendrelaséancephoto.J'auraisaiméquecemoment
decalmeavecCoraliedurepluslongtemps,maisjedoisdéjàretournerfairefaceàmesdémons.À
mon démon plutôt, qui porte le nom deCharlesCarter. Et cette fois, je suis bien décidée à rester
professionnelleetàneplusmelaissertroubler.
Calme et en contrôle. Calme, en contrôle et complètement indifférente à Charles. Voilà
commentjevaismecomporter.
Etj’yarrivefinalementpassimal.Bon,pasvraiment,maisaumoinscettefoisjenemefrotte
pas sans honte contre lui.Étendue sur le sol à côté de lui,mon regard plongé dans le sien, jeme
répètesanscessequecen’estpasréel.CequejelisdanslesyeuxdeCharles,çanepeutpasêtreréel.
La tendresseque jesens lorsquesesdoigtscaressentmonbrasouma joue,cen’estpas réel.C’est
Félixquinousademandéd’avoirl’airamoureux.EtCharlesestunacteurparticulièrementdoué,je
nedoispasl’oublier.
LorsqueLisavientnousvoirensouriantpournousdirequelaséanceestterminée,jepousse
unsoupirdesoulagement.Enfin!Enfin, la tortureest terminée.Pouraujourd’huiparcequejesais
quedesmomentstoutaussidifficilesapprochent.
Jemerelèveetencoreunefois,jevaism’enfermerdansmachambre.Jemelaissetombersur
monlit,siépuiséephysiquementetmentalementquejenepenseplusàrien.Jenesaispascombiende
tempsjerestelà,maisaprèsunmoment,Lisavientfrapperàmaporte.
−Bianca,situasfaim,onacommandéàmanger.
−Ok.J’arrive.
Je soupire encore, mais je réussis à quittermon lit moelleux. Jememets en pyjama et je
retourneaurez-de-chaussée.Mesamissontassisencercle,directementsurlesoldusalon,unplateau
desushisposéentreeux.
−Ahnon!Désolée,maisvousnemeferezpasmangerça,dis-jeenregardantavecdégoût
l'assiettedesushis.
−Oh!AllezBi!Soisunpeuaventurière!melanceCoralieavecungrandsourire.
−Ilfautquetuygoûtesaumoinsunefoisdanstavie,ajouteLisa.
Jesecouela têtedans tous lessens.Non.Mêmemesmeilleuresamiesn'arriverontpasàme
convaincredemangerdupoissoncru.
−J’enai commandédesvégétariens, justepour toi,ditCharlesenpointant leplateaudevant
lui.
−C’estgentil,maisjenemesenspasl’âmeaventurièrecesoir.Jevaisvoirsijenetrouvepas
autrechoseàmemettresousladent.
Je vais à la cuisine pour trouver quelque chose à manger le plus rapidement possible. La
journéeaétélongueetépuisanteetj'aiunefaimdeloup!J’entendsquelqu’unentrerdanslacuisine,
maisjecontinueàexaminerlecontenuduréfrigérateur,persuadéedesavoirdequiils’agit.
−Alors ?Quelque chose fait ton bonheur ?me demandeCharles en se penchant par-dessus
monépaule.
Aussitôt,moncœurprendunrythmeeffréné.
−Jecroisquejevaismecontenterd'unsandwichpourcesoir,jerépondsensortantlepainet
lejambon,pourm'occuperlesmainsetm'éviterainsideleregarder.
−C'estvraiqu’iln’yaplusbeaucoupdechoix.Jecroisqueletraiteurdoitlivrerdemain.
J'hochelatête,nesachantquoiajouteretpriantpourqu'ils'enaille.Jeneveuxpasêtreseule
avec lui.Pasmaintenant. J'aibesoind'unpeude tempspour retrouveruncertaincontrôle surmon
corpsetmespensées.Malheureusement,Charlesnesemblepaspressédepartiret ils'appuiesur le
comptoir,m'observantintensémentalorsquejepréparemonrepas.Jeréussisàl'ignoreretjetermine
monsandwichsansquenousn’ayonséchangéunseulmotdeplus.Jemeretourne,monassietteen
main et je sursaute passant à un doigt de tout laisser tomber par terre. Charles est là, à quelques
millimètresdemoi.J’étaissiconcentréeàl'ignorerquejen'aipasperçusaprésencedansmondos.
Ilmeprendd'autoritémonrepasdesmainset le repose,passant sesbrasdechaquecôtéde
moi.Jesuispriseaupiègeentrelecomptoiretsoncorps.Leplushorrible,c'estqu'unepetitepartie
demoiaimeça.
Bon,d'accord:unegrandepartiedemoi.Saufquejenepeuxpaslaisserçaallerplusloin.Je
prendsunegrandeinspirationpourmedonnerducourage,puis jerelèvela têtepour lui lancerun
regardfurieux.
−Pousses-toi.Tumebloqueslechemin!
J'airéussiàdonneruntonsansrépliqueàmavoix.
−Tunecroispasqu'onabesoindediscutertouslesdeux?medemande-t-ilenmesondantdu
regard.
Celameprendtoutemavolonté,maisjeréussisàgarderunecertainecontenance.
−Biensûr.Situasenviedediscuter,onpeutdiscuterCharles.
Jem'appuiesurlecomptoirderrièremoiencroisantlesbrassurmapoitrine,dansunepose
quejeveuxdésinvolte.
−Alors?Qu'est-cequ'ilya?
−TunelesaispasBianca?Tunelesaisvraimentpas?
J'hausselesépaules.
−Jenevoispastrop,non.J'aifaitquelquechosequit'adéplu?
Charlesserapprocheunpeuplus,plaquantsoncorpscontrelemienetjedéglutis
difficilement.
−C'esttoutlecontraire.
−Oh!Tuveuxparlerdetonérection?lâché-jeàtoutevitessepourmesortirdecettesituation
dangereuse.Ce n'est rien, tu sais.N’en faisons pas toute une histoire !Tum'as déjà dit que tume
désiraisalorsjecomprendsquec'étaitdifficilepourtoidetecontrôler.
−Alorstumaintiensmalgrétoutquetunemedésirespas?demandeCharlesenhaussantun
sourcil.
Jesaisqu'ilsaitquec'estunmensonge,maisjedisquandmême,avecdétermination:
−Exactement.
Charles pousse un soupir, puis il recule, me laissant le champ libre pour prendre la fuite
jusqu'ausalonoùjerejoinslesautresavecsoulagement.
−Etbien!Toutcetempspourtefaireunsandwich?demandeCoralie,soupçonneuse.
−Je…discutaisavecCharles.
−Oui:ils«discutaient»,ajouteAlexavecunhaussementdesourcilssuggestifs.
−Al,ditLisaavecunregardd'avertissement.Onadéjàparlédetesinsinuationsdouteuses,non
?
Celui-cihausselesépaulesensouriant.
−Désolé.Jedisseulementtouthautcequetoutlemondepense.
−LafermeAlex,lanceCharlesenentrantdanslesalon,unebouteilledevinàlamain.
Illaplaceaumilieudenotrecercle,àcôtédel'assiettedesushis,puisilretourneàlacuisineet
revientavecsixcoupes.
−C'est la première fois que nousmangeons tous ensemble depuis que Bianca a accepté de
travailleravecmoi.Ilfautfêterça!
Ilsertunverreàtoutlemondeetàmagrandesurprise,ilvients'asseoirentreCoralieetmoi.
J'étaiscertainequ'aprèscequivientdesepasser,après la façondont je l'ai repoussé, ilm'éviterait
commelapeste.Jel'aisouhaitéardemment.Leshommessontainsi,ilsontuntelorgueiletCharles
n’estpaslemoindre!Maisçanesemblepasêtrelecas.Enfait,j’ail’impressionqu’ils’attendaitàce
quejelerepousse.
Charles,conscientdemonattentionfixéesurlui,mejetteuncoupd'œilencoinetilmefaitun
sourireséducteurquiaccélèremontraîtredecœur,pournepaschanger.Jedétourneaussitôtlatête,
fixantmesyeuxsurmonverredevin.
−Je lève mon verre, à vous cinq, qui êtes les colocataires les plus incroyables qu'on peut
trouver!lanceLisaàcemoment-làenlevantsonverre.
Nousl’imitonstouspourtrinquerensemble.
−Etmoi,jeporteuntoastàCharlesetBianca,quisontvraimentchaudsetquim'ontdonnéune
folleenvied'unepartiedejambesenl'air!
−Alex!s'écrientCharlesetLisaenmêmetemps.
Legéantleurrépondparunsourireinnocent.
−Àmontourmaintenant,ditCoralie.JelèvemonverreàLisa,quifaituntravailremarquable
pourlespectacle.
−ÀLisa,quirendlavieavecCharlessupportable,ditNathanavecunimmensesourire.
−ÀNathanetAlex,parceque jenesaismêmepaspourquoi jem'embarrassededeux idiots
pareils,répliqueCharlesenriant.
−ÀBianca,quiafaitdégonflerlatêtedenotreC.C.Carter,répondaussitôtAlex.
−Matêtevatrèsbien,merci.
−ÀCoralie,parceque…parcequ'elleestbelle,gentilleet…parfaite!ditNathand'unevoix
timidequejeneluiaijamaisentendu.
Jemetourneverslui,surpriseetjevoisquesonvisagearougi.EtCoraliemurmureunfaible
mercienréponse,fixantlesolcommesielleétaitintimidée.
Maisqu'est-cequisepasseici?Ai-jemanquéquelquechose?
−ÀCharles etBianca, nosdeuxvedettes sansqui tout ceci serait impossible, dit alorsLisa,
pourdissiperlagêne.
−ÀCharlesetBianca,répètentlesautres,concluantnotretoast.
Noustrinquonsavantdeprendreunegorgéedevind'unmêmemouvement.
−Etmaintenant:àtable!s'écrieAlexavantdeseruersurlerepas.
Jem'attaqueaussitôtàmonsandwich,regardantlesautresseséparerlessushisetlesmanger
avecleursbaguettes.Justepourça,jesuisheureusedenepasaimerlessushis:mêmesijenesuispas
particulièrementmaladroite,jenesuispasassezhabilepourmangeravecdesimplesboutsdebois.
Moietdesbaguettes,c'estundésastreassuré!
Jerestesilencieusependantunebonnepartiedurepas,soitperduedansmespenséesdont la
plupart concernent Charles qui m'ignore superbement, soit observant Coralie et Nathan en me
demandantcequisepasseentreeux.S'ilsepassequelquechose.Maispourquoimameilleureamiene
m’enarienditsic'estlecas?J'auraisaiméluidemander,maiselleestenpleinediscussionavecLisa
etjedoutequ’elleappréciequej’enparlealorsqueNathanesttoutprèsdenous.
JepourraisdemanderàCharles,maiscomme ilnem’apasadresséunmotdepuisqu’ilest
venus’asseoir,j’airévisémonjugementsursacolère.Detouteévidence,ilest furieuxquejel’aie
repoussé.
J'ensuislàdansmespenséeslorsqueNathanseglissedanslaconversationentreLisaetCoco.
Ilfixemameilleureamie,unsourireniaissurlevisageetCocosembleboiresesparoles.N'ytenant
plus,jemetsmonorgueildecôtéetjemepencheversCharlespourluidemanderdansunmurmure:
−Dis-moi:est-cequej'aimanquéquelquechose?
Charlesfroncelessourcils,necomprenantvisiblementpasoùjeveuxenveniralorsjefaisun
petitsignedetêteversmonamieetsonmusicien.Sonvisagesefendaussitôtd'unsourire.
−Oh!Ça!
−Oui:ça!Alors?Qu'est-cequisepasseentreeux?
−Rien. Pour l'instant.Mais Nathan est plus qu'intéressé et il s’est lancé dans une opération
séduction.Àcequejevois,çasembleplutôtbienmarcher!
Coco?MaCocointéresséeparNathan?Jejetteunœilàl’amideCharles,n’arrivantpasày
croire.Nonpasqu'ilsoitlaidouinintéressant,maiscen’estpasdutoutlegenred’hommequiattire
l’attention deCoralie habituellement.Nathan est assez… quelconque.Oh ! Il est drôle et vraiment
gentil,maisCocoestplutôtdugenrebadboyséducteur.Jel’auraisimaginés’intéresseràAlexandre
ou à Charles. D’ailleurs, je suis persuadée qu’elle aurait tenté quelque chose avecmon ex si elle
n’étaitpaspersuadéequejedésapprouverais.Oui,vulafaçondontellel’aembrassélorsqu’il luia
donnédutravail,jenedoutepasqu’ellel’auraitdéjàattirédanssonlitsijeluiavaisdonnélefeuvert.
−JenecroispasqueCocos’intéresseàluidecettefaçon.Jecroisqu’elle…
Jeluilanceunregardencoin,puismeravise.
−Non.C'estrien.
Charlesserapprochedemoi,jusqu'àcequesescheveuxfrôlentmonfrontetquesonodeur
m'entouredetoutcôté.
−Quoi?Quecrois-tu?chuchote-t-il,intrigué.
−Rien.
−Bianca,tunepeuxpascommencerquelquechoseetnepasterminer!
Jepousseunsoupir.C'esttoutàfaitmoiça.Jeluienaidonnélapreuveàquelquesreprises
aujourd'hui et j’ai l’impression que sa phrase a une double signification. Je ne lui demande pas
cependant,n’ayantaucuneenvied’amenerlaconversationsurcesujet.Jedécidedoncderestersurun
terrainplussûr,celuideCoralieetNathan.
−SiCocoestattiréeparquelqu’undanscettepièceetbien,c’estpartoi!
Charles rejette la tête vers l'arrière et il éclate de rire. Je fronce les sourcils, ne voyant
vraimentpascequ'ilyadedrôledanscequej'aidit.Charlesritencoreetjecroiselesbrassurma
poitrine.Jedisd’untonboudeur,enmedétournantdelui:
−Oh!Çava!Cen'estpassidrôle!
Ilarrêteenfinderire,puisilsepenchepourmemurmureràl'oreille:
−Lajalousiet'aveuglemabelle.
−Humpf.
Ildéposeunbaisersurmajoue.
−Dès qu’une fille s’approche demoi, tu imagines plus que ce qui existe réellement. Tu es
jalouse.Etaprès,tuosesdirequetun’espasattiréeparmoi?
Je serre les dents pour ne pas répliquer. Ça ne sert à rien d'entrer dans son jeu : c'est
exactementcequ'ilveut!
−Tuveuxnousdirecequ'ilyadesimarrant?demandeAlex,labouchepleine.Onvoudrait
rirenousaussi.
Je lance un regard d'avertissement à Charles, un regard dont il ne tient pas compte bien
entendu.
−Enfait,jeviensd'apprendreàBiancalavéritésurCoralieetmoi,dit-ilenpinçantleslèvres
pourretenirunrire.
Nosquatreamissefigent.
−Que...quoi?s'écrieNathanenrecrachantcequ'iladanslabouche.
−Ouais, je crois qu'il est tempsqu'on leur avoue tout, continueCharles avant de se tourner
versCoralie.Tunecroispasbébé?
Elleprendunaird’amoureusetransie.
−Oh!Monchoupinet !Tuviensdem'enleverunénormepoidsdesur laconscience!Nous
allonsmaintenantpouvoirnousaimeraugrandjour.Sanspeuretsanslimite.
Ilstombentdanslesbrasl'undel'autreetfontsemblantd'échangerunbaiserdansunepose
trèsconvaincante.Exaspérée,jepiocheunsushidansl'assiettedeCharlesetjeletiresureux.
−Vousêtesdesidiots!
CharlesetCoralieéclatentderireavantdereprendreleurplace.
−Jesuisd'accordavecBianca!s'écrieNathanenlançantluiaussiunsushisurCharles.Espèce
d'idiot!Pendantuninstant,j'yaicru!
−Hey!Pourriez-vousarrêterdemelancerdelabouffe?demandeCharlesenrelançantle
morceaud'alguessurNathan.
Celui-ciéchangeunregardcompliceavecAlexetjevoisLisaseprotégerdesesbrasen
criant:
−Ohnon!Tousauxabris!
−GUERREDEBOUFFE!hurlentalorslesdeuxgarçonsd'unemêmevoix.
Etavantquej'aiecompriscequisepasse,duriz,dupoissonetdesalguesfusentpartoutdans
lapièce. J’ai l’intentiondeprendre la fuite, deme trouverune cachette pourmeprotéger,mais je
reçoisalorsunboutdesaumonenpleinvisage.Jepousseungrognementfurieuxavantdemejeter
danslamêlée.
Delonguesminutesplustard,noussommestouslessixétendussurlesol,épuisésethilares.
Le salon est devenu un véritable capharnaüm et je ne veuxmême pas penser aumoment où nous
devronstoutnettoyer.JesuisétendueàcôtédeCoralieetdel'autrecôté,Lisaaappuyélatêtesurle
torsedeCharlesqui luicaressedoucement lescheveux. Je saisqu'iln'ya rienentreeuxetmalgré
tout,jenepeuxm'empêcherdelesenvier.Toutestsisimplepoureux.Loindecequenouspartageons
Charlesetmoi.Etj'aimeraisqueleschosessoientaussifacilespournous.Jevoudraisqu'iln'yaitpas
derancune,dedisputes,debataillepourlepouvoir.QuenouspuissionsêtreCharlesetBianca,tout
simplement,commeàl'époquedenotrerencontre.
−Ouf!Çafaitdubien!Çafaitlongtempsquejenemesuispasautantamusée,ditLisaavecun
petitrire.
−Tu stresses tropLis !Tout va bien se passer, tu verras, la rassureCharles endéposant un
baisersursatête.
−Mais oui Lisa, Charles et Bianca sont les meilleurs ! Tout va bien aller, ajoute Coco en
tapotantlamaindeLisa.
−Etsionsefaisaitunesoiréeciné?Histoiredenepluspenseràcefoutuspectaclependant
quelquesheures,suggèreNathanavecenthousiasme.Qu'est-cequetuenpensesLisa?
−Bonneidée,approuveLisaenserelevant.Onpeutregarderdansmacollectiondefilms.
−Beurk !Tuplaisantes ? Iln'y aquedes filmsde filles là-dedans ! J'ai amenémespropres
munitions!
Il bondit sur ses pieds et part à la course vers l'étage, presque aussitôt imité par Alex qui
disparaîtencriant:
−Attends!Jet'accompagne!
−Onatrèsbiencomprisquevousvoussauvezdelacorvéedeménage,voussavez!s'écrie
Lisaenlevantlesyeuxauciel.
−Etnechoisissezpasunfilmavectropdesang:Lisvapousserdescrishystériquesetonn'y
survivrapas,ajouteCharles.
Lisa luienvoieunepetite tapesur l'épauleavecuncrideprotestationet ilspouffentde rire
touslesdeux.
−Jeneveuxpasgâchervotrejoie,maisilfautnettoyermaintenant.
Lisa,CocoetCharlespoussentungrognementsimultané.Jesuislapremièreàmeleveretà
memettre à la tâche. Je suis énervée, sans vraiment en comprendre la raison. Je sais juste que la
complicitédeLisaetCharlesmetapesurlesnerfs,mêmesic’estridicule.
Pourneplusypenser,jemeconcentresurlacorvéedeménage.AlexetNathanviennentnous
rejoindreetletoutestterminéenquinzeminuteschrono,beaucoupplusrapidementquejenel’aurais
cru. Je vais jeter le dernier sac poubelle dehors, en traînant les pieds et lorsque je reviens, les
lumièressontfermésetlamusiqued’IndianaJonesemplitlapièce.CoralieetLisasontdéjàinstallées
sur le sofa alorsqu’Alex etNathan sebagarrent pour savoir qui prendra laplacedisponible entre
elles.
Alex l'emporte finalement, pas étonnant vu sa carrure, laissantNathan s'installer sur le sol
puisqueCharlesadéjàréclamélefauteuiluneplace.Jem’assoisaussiparterre,iln’yaplusdeplace
assise,maisjesensunemaindouceseposersurmonépaule.
−Bianca,prendsmaplace,meditCharlesenmemontrantlesiègeoùilétaitassisauparavant.
−Non.Çava.Jesuisbienici.
−Jenetelaisseraipassurlesol.Jesuisungentleman,moi.Allez,prends-la.
Il n’a pas à insister d'avantage : je me laisse tomber sur le sofa qui est beaucoup plus
confortablequeleplancher,jedoisl'avouer.
−Et pourquoi personne n'est jamais gentleman avec les hommes ? gémit le pauvreNathan,
nousfaisantpoufferderire.
−Allez.ViensNath: ilrestedelaplacesurmoncoussin,ditLisaetsongrandcœur.Jesuis
assezpetitepourqu'onsoitdeux!
Ilneselefaitpasdiredeuxfoisetilsseretrouventserrésl'uncontrel'autre,àquatresurun
sofadeuxplaces.JejetteunregardcoupableàCharlesquis'estinstallésurlesol,devantmoi.Jene
peuxquandmêmepasl'inviteràmerejoindre:onseraitbientropcollésl'unàl'autre.
−Tuveux t'asseoir avecmoi ? dis-je,ma bouche plus rapide quemon cerveau. Il y a de la
placepournousdeux.
Charlesmelanceuncoupd’œil,mais ilsecouela têteavantdereportersonattentionsur la
télévision.Jedéglutisdifficilement,ravalantmadéception.MaisbonDieu!Qu'est-cequejeveuxàla
fin?Aprèscequis’estpassépendantlaséancephoto,jedevraisêtreheureusequ'ilgardeunecertaine
distance.Mais ce n'est pas le cas. Je ne veux pas que notre relation se dégrade. Je l'apprécie telle
qu'elleestentraindedevenir.
C’estvrai,jenel’avaispasréaliséavantcetinstant,maismêmesijerâle,mêmesijelancedes
regardsnoirsàCharles,j’aimequ’ilessaiedeserapprocherdemoi.J’aimequ’iltesteleslimitesde
notreamitié.J’aimecequejeressenslorsqu’illefait,mêmesiaprès,jem’enveuxdelelaisseravoir
unteleffetsurmoi.Etmêmesic’estuneluttedepouvoircontinuelleentreluietmoi,jepréfèreçaà
l’indifférence.
Jedoisl’avouer:jenesupportepasdelelaisserindifférent.
Alorsjedécidepourunefoisdefairelepremierpas,pourlebiendenotreamitiénaissante.Je
metsplusieursminutesàmedécideretaussilongtempsàavoirlecouragedem'approcher,maisje
m'avance finalement sur mon siège pour me rapprocher de lui et je glisse mes mains dans ses
cheveuxsidoux.Jelescaresse,massantlégèrementsoncuircheveluetilpousseungémissementde
plaisiravantdelaissertombersatêteversl'arrière,surmescuisses.Jememordslalèvreavecforce
pour gardermes esprits etm'empêcher de poser un geste que je regretterais. Alors je continue à
caressersescheveuxetsonvisage,àmassersesépaules.Desgestesaffectueuxmaisquineportent
pasàconséquence.
−Hum…jevaism'endormirsitucontinuesBi,murmure-t-il,avecunsourireencoin.
Jeretiremesmainsdesurluietilseredressepourmefaireface.
−Finalement,jecroisquejevaisacceptertonoffre.Tumefaisuneplace?
Jemefaistoutepetitesurlefauteuil,sansdireunmot,depeurquemavoixnetremble.Jene
peuxm'empêcher de penser à ce qui s'est passé pendant le shooting, lorsque jeme suis retrouvée
assise sur lui et que ses lèvres ont frôlées les miennes. Quand j’y repense, je me sens encore
bouleversée et ce n'est pas une bonne idée deme retrouver si près de lui, dans le noir, alors que
personnenevoitcequenousfaisons.
Ils'installeàcôtédemoi,m'enivrantdesonparfum,unmélangedesondéodorantetdeson
après-rasage.Moncorpssetend,maisjegardemonattentionsurl'écran,commesisaprésenceneme
faisait ni chaud ni froid.Charles gigote à côté demoi, cherchant une position confortable, puis il
laisseéchapperunpetitrire.
−Jesuisunpeucoincé:tupermetsque…?
J'hochelatête,mêmesij'ignorecequ'ilveutexactement.Ilpassealorsunbrasderrièremes
épaulesetmeramènecontresontorse.Sesbrasm'entourentdansuneétreinteprotectrice,sesmains
seposentsurmonventre.
−Çava?Tuesconfortable?murmure-t-ilàmonoreille.
Trop.
−Çava.Tufaisunoreillerpastropmal.Bienrembourré,letaquiné-je.
−Hey!proteste-t-ilaussitôt.C'esttotalementfaux:iln'yaquedumusclelà-dessous!
Jepouffederire.Commesijenelesavaispasdéjà!Ohoui!J'enaieuunmagnifiqueaperçu
toutàl’heure.
Nous restonsunmoment ainsi, immobiles l'un contre l'autre.Mesyeux sontdirigésvers le
film,maisjen'enretienspasunmot.Jen'enentendspasunmot.JenepeuxquepenseràCharles,à
sontorsecontremondos,àsesbrasquim'entourent,àsonsoufflesurmanuque.Jemesenssibien.
Jefermelesyeux,melaissantallercontrelui.Sentantsûrementmonabandon,lesmainsdeCharlesse
déplacentpourcaressermesbrasavecdouceur.
−C'estétrange,non?demandé-je,songeuse.
−Qu'est-cequiestétrange?
−Deseretrouver ici, tous lesdeux,danscetteposition.Aprèsnotrerupture,notredeuxième
rupturejeveuxdire,jen’auraisjamaispenséredevenirprochedetoiunjour.Jecroyaisquetuétais
lapersonnequejedétestaisleplusaumonde.
Charlesdéposeunbaisersurmatempe.
−Etmaintenant?demande-t-ild’unevoixvibranted’émotionscontenues.
−Maintenant…
Maisjemetaisparcequejenepeuxpasluiexpliquercequejeressens.
−Maintenantquoi,Bianca?insiste-t-il.
Jeprendsunegrandeinspirationetj’avoued’unevoixdouce,pourn’êtreentenduquedelui:
−Maintenant,jeréalisequeçan’ajamaisétélecas.Jenet’aijamaisdétesté.
Etjen’aijamaisréussiàt’oublier.Maisça,jeneluidispas.
JOUR13-Charles
Jeneveuxpasouvrirlesyeux.Jeneveuxpasmeréveillerparcequejesaisquesijelefais,je
devrairelâchermonétreintesurBiancaetm’éloigner.Etça,iln’enestpasquestion.Tantqu’ellene
me repousserapas, jevais rester là, à la tenirdansmesbras sur lepetit sofadeuxplacesdenotre
salon.
Jeresserremaprisesursatailleetenfouismonnezdanssescheveux.Jenemesouviensplus
exactement dumoment pendant lequel on s’est endormi. La dernière chose dont jeme souvienne,
c’est que tous les autres étaient allés rejoindre leur lit,mais queBianca avait enviede regarder le
deuxième Indiana Jones. Nous nous sommes installés sur le sofa, plus confortable pour deux
personnages que le fauteuil et après…plus rien. Je neme souviensmême plus avoir vu quelques
minutesdufilm.J’imaginequej’étaisvraimentépuisé.
Maiscequimesurprend leplus,c’estqueBiancasoitencore là,avecmoi.Est-cequec’est
moiquil’aieattirédansmesbrasouest-cequec’estellequis’yestglissée?D’unefaçonoud’une
autre,elleyestetjecomptebienprofiterdechaqueminute.
Biancapoussejustementunpetitgémissement,ceuxqu’ellefaitjusteavantdeseréveiller,et
elleseretournepourseretrouverfaceàmoi.Sajambepassepar-dessuslamienne,dansuneétreinte
plusintime.Jeserrelesdentsetprendsunegrandeinspirationpourcalmermesardeurs.
Calmeetencontrôle,Carter.Sinon,tuvaslafairefuir.
− Charles?
J’ouvre les yeux en entendant la voix endormie de Bianca. Elle m’observe, les sourcils
froncés,sedemandantvisiblementcequ’ellefaitlà.
− Hey!Bonmatin,mabelle.
− Ons’estendormipendantlefilm?
− Detouteévidence.
Ellepousseunsoupirets’étire,serapprochantparlefaitmêmeunpeuplusdemoi,collantsa
poitrinecontremontorse.Restercalmeetencontrôledevientdeplusenplusdifficile.
− Hum.C’estétrange,maisj’aivraimentbiendormi.Lesofaestpetit,maistrèsconfortable.
− Ah!Ça,c’estgrâceàmoi.Tul’asdittoi-même:jesuisbienrembourré!
Biancapouffederireetellecachesonvisagecontremontorse.Jem’attendsàtoutinstantàce
qu’elleprennelafuiteenréalisant lapositiondans laquellenousnous trouvons,maisellen’enfait
rien.Cen’estpasmoiquivaism’enplaindre!Jeprofitejustedel’instant;jepasselamaindansses
cheveux,enroulantunemèchebruneautourdemondoigt.Puisjecaressesanuque,sondos.Jesens
sonsouffles’accéléreretsesdoigtss’agrippentàmonchandail.
N’ytenantplus,j’attrapesonmentonetrelèvesonvisagepourlaregarderdanslesyeux.Je
frottemonnezcontrelesien,ydéposeunpetitbaiser.
− Bianca. J’ai promisdenepas t’embrasser, dis-jedansun souffle.Alors si tu en as envie,
c’estàtoidelefaire.
Ellesecouelatête,maisouvrelabouche,commesiellem’invitaitàrompremapromesse.Je
meretiensdifficilementdelefaire.
− Justeunbaiser,dis-je.
Oui,j’ensuisàlasupplier.C’estpitoyable.
−Non.Jenesuccomberaipas,murmure-t-elleavecuneassurancequecontreditsoncorpsqui
setendversmoi.
J’attrapesajambeetl’enrouleunpeuplusautourdemataillepourlarapprocherleplusprès
possible.Jepenchemonvisageverselle,appuyantmonfrontcontrelesien.
−Etsijefaisaistousleseffortspossiblesetimaginablespourquetusuccombes?
−Pasquestionquejesuccombe,rétorque-t-elleavecforce,maisellenemerepoussetoujours
pas.
Je nous fais rouler pour me retrouver au-dessus d’elle et je prends son visage entre mes
mains.
−Bonsang!TumetuesBianca!
Etsansprendreletempsd’yréfléchird’avantage,jeplaquemeslèvrescontrelessiennes.Je
l’embrassesansdouceur,avectoutelapassionetlaragequ’elleprovoqueenmoi.Biancapousseun
gémissement,soncorpss’arquecontremoi,saboucherépondàmesassautsaveclamêmeferveur.
Puisellemerepoussebrusquement.
−NON!Jet’aidit…jeneveuxpas…tiens-toiloindemoi!
Ellebonditdusofaetprendlafuitedanslesescaliers.
−Bianca,attends!
Je me lève aussi, mais je renonce à la suivre.Mieux vaut la laisser reprendre ses esprits.
Mieux vaut attendre que j’ai moi aussi repris le contrôle avant de lui parler. Merde ! J’en avais
tellementenvie,maisjesaisquel’embrasserétaituneerreur.J’espèreseulementquejevaisréussirà
arranger les choses, que jen’ai pasdétruit notre relation fragile. Jepousseun soupir et tourne en
rondquelquesinstants,puisjefaisunedesseuleschosesquipeutm’aiderquandjesuisdanscetétat:
jem’installe derrièremon piano. Je posemes doigts sur le clavier, je laisse l’inspirationmonter
avantdememettreàjouer.Jejouedesnotesdiscordantes,trouvantparfoisunenchaînementquime
plaît,lerépétantalorsjusqu’àcequ’ils’imprimedansmonesprit.
−C’esttrèsjolicequetuviensdejouer,meditLisa,enposantunemaindoucesurmonépaule.
Plein de fureur contenu, mais bouleversant. La mélodie est bien, mais j’ai l’impression qu’à la
guitare,çarendraitmieux.Qu’est-cequetuenpenses?
Jemetourneversmonamieettenteunsourire.
−Tuasraison.J’essaieraiplustard.
−TuasunemineaffreuseCharles.Tuveuxenparler?
Jemelèveetlaprendsdansmesbras,serrantsoncorpsminusculecontremoipourypuiser
duréconfort.
−Çava.Cen’estrienquejenepeuxréparer.Jevaisretournerdormirunpeu.Jen’aipasenvie
d’avoirunemineaffreusepourletournaged’aujourd’hui:çaruineraitmaréputation!
Jem’éloigne, sentantson regard inquietmesuivre jusqu’à l’étageet jem’enfermedansma
chambre. Malgré ce que je viens d’affirmer, je ne tente pas de dormir : je sais que j’en serais
incapabledetoutefaçon.Alorsjesorsmesfeuillesdepartitionsetj’écrislesquelquesnotesquej’ai
jouéaupiano.Jefredonnelamélodieàvoixbasse:desparolesmeviennentaussitôtentête.Jeme
dépêchedelesécrire,avantqu’ellesdisparaissent.Puisjechangequelquesmots,enrajouted’autres
et après plusieurs minutes, je me retrouve avec un refrain. Ne pouvant résister plus longtemps à
l’envie,jeprendsmaguitarepourtesterledébutdemanouvellecomposition.
OohI’mamessrightnow
Insideout
Searchingforasweetsurrender
Butthisisnottheend
Ican’tworkitout
How?
Goingthroughthemotions
Goingthroughus[i]
Ensavoirplussurhttp://www.lacoccinelle.net/928846.html#IhCQmkZcRe1hzZYQ.99
Je la rejoue encore et encore, ajoutant quelques accords, quelquesmots ici et là. Je la joue
jusqu’àmeperdrecomplètementdanslamusique.Jelajouejusqu’àcequemescraintesetmacolère
disparaissent.Lorsquejereposefinalementmaguitare,jemesensbienmieux.Biancam’arepoussé.
Pas de quoi en faire un drame. Je savais que ça se passerait comme ça, je savais qu’elle ne me
tomberaitpasdanslesbrasfacilement.Nousnoussommesrapprochésilyaquelquesjoursseulement
:jenepeuxpasm’attendreàcequ’elleoublietroisansdeméprisetdecolèreensipeudetemps.
Lisavientcogneràmaporteetlorsquejeluiouvre,c’estavecunsouriresincèreauxlèvres.
−Ah!Çavamieuxondirait!
−Maréputationserasauve.
Lismetapotegentimentlajoue.
−Commesitupouvaisêtreassezlaidpourperdretaréputationdebeaugosse!Bon,allez,il
resteàpeineplusd’uneheureavantledébutdelapratique.
J'hausselesépaules,désinvolte.Uneheure?Aucunproblème!C'estamplementsuffisant.Lisa
tourne les talons pour rejoindre la porte de Bianca. Je résiste à la tentation de la suivre pour
retournerdansmachambre, attraper lespremiersvêtementspropresque je trouve, et filer sous la
douche.Quelquesminutesplustard,jesuisdéjàprêtàpartir.Jedescendsdanslacuisinerejoindreles
autres.IlsysonttoussaufBianca,quiseterretoujoursdanssonantre.Jemesersunetassedecafé,en
profitantpourpréparerlechocolatchauddeBiancaparcequemêmesielleneveutsûrementpasme
voirencemoment,j’ail’intentiondetenirmesengagements,puisjem’assoisàcôtédeLisa.
Jeneremarquequ’àcemoment-là lesilencequis’est installédèsmonarrivédans lapièce.
J’observe mes amis qui me fixent, avec le même regard curieux. J'hausse les sourcils, faisant
semblantdenepascomprendreleurquestionmuette.Coraliepousseunsoupir.
− Ilnedirarienluinonplus,soupire-t-elle.
− Direquoi?demandé-jeavecmonairleplusinnocent.
− Biensûrquenon,répliqueNathan,répondantàl’affirmationdeCoralie.J’ail’impression
qu’ilsaimentbienjoueràl’autruchetouslesdeux.
− Çanenousregardepas,ditLisaavechésitation.
Commesielle-mêmen’ycroyaitpasvraiment.
− Si,çanousregarde,contreditAlex.Onvitaveceux!S’ilsneveulentpasqu’onsachecequi
sepasse,ilsn’ontqu’ànepassebécoterdanslesalon!
Jepasseunemainnerveusedansmescheveux.Merde!Ilsnousontvus!
− Ferme-la,Al.Riennem’obligeàdiscuteravecvousdecequisepasseentreBiancaetmoi.
Coraliepointeundoigtaccusateurversmoi,leregardnoir.
− ÉcouteCharles,jet’aimebien.Vraiment,tuesuntypechouetteetenplus,tum’asoffertun
jobenor.Maisquandtu jouesavecmameilleureamieetquetu labouleversesaupointoùellene
veutplussortirdesachambre,çameconcerne!Parcequejenetelaisseraipasluifairedumal.
Cettefois,jedétournelatête,fixantlevidedevantmoi.
− Jen’aipasjouéavecelle,dis-jeàvoixbasse.Jeneferaijamaisça.Detoutefaçon,cequi
s’estpassé…cen’estrien.Unpetitbaisersansimportance.
C'estfauxbiensûr.ToutcequisepasseentreBiancaetmoiestimportantàmesyeux.Parce
qu’ilesthorsdequestionquejelaperdeànouveau.J'aifaituneerreurtroisansplustôt:j'aiannoncé
officiellementnotrerelationlorsd'uneentrevuetélévisée,allantmêmejusqu'àmontrerunephotode
nousdeuxpour illustrermespropos.Toutcela sans l'accorddeBianca, alorsque je savaisqu'elle
détestaitlapublicitéetqu'ellenevoulaitpasquelesjournalistesécriventsurnotrevieprivée.Lepire,
c’estquejel'aifaitpourdesraisonspastrèsnobles.L’uned’ellesétaitquejevoulaisfaireparlerde
moi à unmoment où j'en avais besoin. J’y ai vu l’occasiond’obtenir un travail sans avoir à faire
d’effort.J’yaivuuneopportunitédemefairedelapublicitéfacilement,peudetempsavantlasortie
demonpremieralbum.J'aiagiensalaudetjel'aipayécher.
Jemerappelleencoreparfaitementdecejour-là.Biancaadébarquéchezmoi,cognantsifort
contremaportequejesavaisdéjàqu’elleétaithorsd’elleavantmêmedelafaireentrer.Sonvisage
étaitrougedecolèreetsesyeux!Jamaisencoreellenem’avaitregardéavecautantdemépris.
− Bianca,jevaist'expliquer.
− Non!Ferme-la!
Savoixaclaqué,froideetsèche.Impitoyable.
Elles'estmiseàhurlerquej'étaisunsalaud,unmenteur,unprofiteuravantdemedirequetout
était fini et qu'elle souhaitait ne plus jamais me revoir. Et je suis resté figé, incapable de dire le
moindre mot pour me défendre. Tout simplement parce qu'elle avait raison. J'avais utilisé notre
relationpourredorermacarrièreetriennepouvaitexcusercela.
Après son départ, j’ai tout demêmedécidé de tout tenter pour recoller lesmorceaux entre
nous. Je voulais seulement avoir l’opportunité dem’excuser. Je voulais lui expliquer, lui dire que
j’avaisagisuruncoupdetête,unejournéeoùjemesentaisen-dessousdetout.Maisellearefuséde
m’écouteretj’airapidementbaissélesbras.Oui,j’aiabandonnéparcequejesentaisdepuisdesmois
queçaallaitsefinirdecettefaçon.J’aiabandonnéparcequ’àcetteépoque,j’étaispersuadéquejene
laméritaispas.Etqu’ellenem’aimeraitjamaiscommemoijel’aimais.
Pourmoi,notreruptureenétaitlapreuveultime:Biancanepouvaitaccepterquejen'étaispas
parfait, elle ne pouvait me pardonner une simple erreur, alors que moi, j’aurais été prêt à faire
n’importequoipour elle. J'ai donc repris le coursnormaldemavie et demacarrière, enfermant
monhistoireavecBiancadansunpetitcoindemonesprit,commejelefaisavectouslesévènements
de ma vie auxquels je ne veux plus penser. Mais en trois ans, j’ai gagné de la maturité et de la
confiance en moi. J’ai bien conscience maintenant que mon raisonnement était erroné. Que si je
souhaitais que Bianca me pardonne pour me prouver son amour, peut-être qu’elle voulait que je
persévère,que je travailleplusfortpourobtenirsonpardonetainsi luiprouvermonamour.Nous
étionstouslesdeuxtropjeunes,troporgueilleuxet,avouons-le,nousavionstroppeurd’êtreblesséà
nouveaupourfairelepremierpasversl’autre.
− Çan'apasd'importance,répété-jeavecplusdeconviction.
Jevaischanger leschoses.Nousavonsdéjàcommencéà recoller lesmorceauxentrenous.
Notre relation n'est pas ce qu'elle a été, mais nous avons retrouvé notre ancienne complicité,
agrémentéed'unpeuplusdepiments.Cequiestloindemedéplaire.
− Cen’étaitqu’uneerreurdeparcours.
− Uneerreur?ditCoraliesansycroire.L’embrasserétaituneerreur?
Jepousseungrognementexcédé.Jen’aipasenviederépondre,maisjesaisquelablondene
lâcherapasfacilementl’affaire.Elledéfendfarouchementsameilleureaime.
− C’étaituneerreuràcemoment-ci.
− D’accord.Donc,tuasbienl’intentiondel’embrasser.Plustard.Maisqu'attends-tudeBianca
exactement?Parcequesituveuxseulementteviderlesbourses,ilyadestonnesdefillesdisponibles
etconsentantes!
− Coco!protesteLisaavecforce.Nesoispassivulgaire!
Coralienerépondpas,tropoccupéàm’affronterduregard.Cettefois,jenemedétournepas.
CequejeveuxdeBianca?
Etbien, je laveuxelle.C'estsimpleetpourtantbienpluscomplexequ'iln'yparait. Mais je
n’aipasenvied’yréfléchir;jeveuxseulementmelaisserporter.J'aienvied'elleetelleaussi:alors
pourquoinousretenir?Jel'aimebien,peut-êtremêmeplusquebien,etellem'aimebienaussi:alors
pourquoinepasessayerdeconstruirequelquechosedeplus?
Nousn'avonsqu'àvoiroùtoutcelanousmèneraetaviserentempsetlieux.Silamortdema
mèrem'aapprisunechose,c'estqu'ilfautvivrechaquejouràfond.Parcequ’onnesaitjamaisquand
toutvabasculer.
− Alors?insisteCoralie.
− Crois-moilapetite,ditAlex,labouchepleine,siCharlievoulaitseulementbaiser,ill’aurait
déjàfaitavecuneautre.
− Ouais,approuveNathetjemesenspresquetoucherquemesdeuxamisprennentmadéfense.
Jenel’aipasvuavecunefilledepuisqu’onestici.Peut-êtrepourçaqu’ilesttoujoursd’unehumeur
dechien.
− Non.Ça,c’estsonnaturel.
JelèvelesyeuxaucieletmêmeCoralienepeutretenirunpetitsourire.
− OK.Vuquejet’aimebienetquejesuispersuadéequevousêtesfaitsl’unpourl’autre,Biet
toi,jetelaisselebénéficedudoute.Maissitulafaispleureruneseulefois…
Ellemimelegestedemecouperlagorge.J’éclatederire.
− Merci.Tropgentilàtoi,maissi jelafaispleurerencoreunefois, jecroisqueBiancame
tueraelle-même.Etd’unefaçonencoreplusdouloureuse.
Nousterminonsnotredéjeunerdansuneambianceplusfestive,sansreparleruneseulefoisde
notre relation àBianca etmoi.Alors qu’il ne reste plus que trenteminutes avant la conférencede
presse,ellen’esttoujourspasvenuenousrejoindre.Lisasembledeplusenplusangoissée.
− Etsiellenevoulaitplusfaireleshowàcausedecequis’estpassé?Maintenantquel’ona
annoncéàtoutelaplanètequevousalleztravaillerensemble,onnepeutplusreculer!
Jepousseunsoupirenmelevantdemachaise.Jenepeuxpaslaisserlasituationdégénérée,je
nepeuxpasretourneràlacasedépart.Maintenantquej’airetrouvélecontrôle,ilesttempsd’avoir
unesérieusediscussionavecBianca.
− Jevaisluiparler,grogné-jeavantdemedirigerverslesescaliers.
Jem'arrêtedevantlaportedesachambre,puisprendunegrandeinspirationavantdecogner.
MaisBiancan’ouvrepas.Enfait,jen’entendsaucunbruitdel’autrecôtédelaporte.Commesielle
n’étaitpaslà.Oucommesiellevoulaitmelefairecroire.
− Bi?Bianca,jesaisquetueslà,dis-jeenm'appuyantàdeuxmainssurlaporte.
Toujoursaucuneréponse.
− Tunecroispasqu'ilfautqu'onparle?
Silencetotal.
Maisbonsang,àquoijoue-t-elle?Ellenepeutpasagircommeuneadultepourunefoiset
discuteravecmoi?Habituellement,c'estlafillequiinsistepourdiscuterdeceschoses-làetl'homme
quidoitprendrelafuite,non?
− Alorsquoi?Tuvoudraisquejem'excusepourlebaiser?Ok.D’accord:jesuisdésolé.Je
saisquejet’aipromisdegardermesdistances,maisj’ensuisincapable.Je…
Laportes'ouvrealorsdevantmoi,mefaisanttrébucheretjemeretrouvefaceauvisagefermé
deBianca.
− Qu'est-cequ'ilya?Pourquoihurles-tuderrièremaporte?demande-t-elled'untontrop
indifférentpourêtrevrai.
− Tusaispourquoi.
− Pasdutout!proteste-t-elleenprenantunairinnocent.Jen’airienentendu:j’étaisdansla
douche!Queveux-tu?
Jeplisselesyeux,suspicieux.Ellen'étaitpasdansladouche,sinonj'auraisentendulebruitde
l'eauquicoule.Àmoinsquejenecommenceàêtreparano.
− Pourquoias-tuprislafuite?
Biancas'empourpreetellecroiselesbrassursapoitrinedansungestedéfensif.
− Çanet’ajamaistraversél’espritquesijeterepousse,c'estparcequejen'aipasenviede
t'embrasseretencoremoinsdefairel'amouravectoi?Est-ceinconcevablepourtoiquejenete
désirepas?
Je fais un pas vers elle, puis un autre, l'obligeant à reculer jusqu'à ce que je sois dans sa
chambre,puisjerefermelaportederrièremoid'uncoupdepied.Jevoissonvisagesefigeretune
lueurdepaniquetraversersesyeux.
− Sors!Toutdesuite!Tunepeuxpas…
Jedéposeundoigtsurseslèvrespourlafairetaire.
− Jenevaisriententer.Promis.Jedoisjustetedirequelquechose.Quelquechosed’important.
Mesmainsseposentmalgrémoisursatailleetjelaramènetoutcontremoi,soncorpsse
moulantparfaitementaumien.
− Dois-tumeteniraussiprèsdetoipourmeparler?demande-t-elleenrelevantlatête,
plongeantsesyeuxdanslesmiens.
− Oui.J’enaibesoinpourtrouverlecouragedeteledire.
Biancaouvrelaboucheetsonsouffledevienthaletant.
Je suis tenté pendant un instant deme pencher et dem’emparer de ses lèvres, de jeter aux
ordurestoutesmesbonnesrésolutionsetderepousserlaprudence,maisjenelefaispas.Jecaresse
d'undoigté léger lepetitboutdepeau sur sonventreque laisseapparaître sonchandail. Je la sens
frissonnercontremoietjenepeuxm'empêcherdeluisourire.J'aimelesréactionsquejeprovoque
chezelle.
− Cequeturessensencemoment,quetuéprouvesquandjesuisprèsdetoi:tuaslemême
effet surmoi Bianca, avoué-je àmi-voix. Je n'arrive plus à réfléchir correctement quand tu es là
parcequetuenvahiesmatêteetmessens.Mêmequandtuesloin,tuoccupestoutesmespensées.Etje
nesaispascequejedoisfaire,jenesuismêmepascertaindecequejeveux…
Jemetaisavantdetropmedévoiler,remontantunemainpourcaresserlescheveuxdeBianca.
Ellesecouelatêteetsedéfaitdoucementdemonétreinte.
− J’aimeraisquetusortesCharles.Maintenant.
Elleaessayédeparlerd’unevoixferme,maisj’aibienentendulestrémolosdanssondernier
mot.J’hésiteuninstantsurl’attitudeàadopterfaceàsonrejet,puisjefranchislesquelquespasqui
nousséparentetprendssonvisageentremesmains.
− Va-t-en,supplie-t-elleenfermantlesyeux.S’il-te-plaît.Va-t-en.
− Regarde-moiBianca.
Ellesecoueencorelatête,sestraitscrispésdansunairdedouleurquim’estinsupportable.
− Jet’enprie.Regarde-moi.
Cette fois, elle ouvre les yeux,me dévorant de son regard intense, comme si elle était une
affaméequisevoyaitoffrirlaplusdélicieusefriandise.J'imaginequej'ailemêmeairparcequec'est
cequemoiaussijeressens.J'aiétéprivéd'ellesilongtemps,sansjamaisréaliseràquelpointelleme
manquait.
− Tuasditquetun'allaispascraquer,quetutiendraisbon.Etjesaisquetuvast'accrocher,que
tuvasluttercontremoitantquetuenserascapable.Moijeneleferaipas.Jenelutteraipluscontre
toi. Je n’essaierai plus de te séduire. Je serai l’ami que tu veuxque je sois. Je serai tout ce que tu
attendsdemoi.Maisjeveuxquetusachesquej’attendrai.J’attendrailejouroùtuchangerasd’avis.
L’émotionme submerge et cette fois, c’estmoi qui ferme les yeux pour couper le contact
visueltropintenseentrenous.
− Etsicejourarrive,sidansunmoisoudansunanmême,tusuccombesàl’attirancequetu
ressens pour moi, tu n'auras pas à avoir honte de craquer Bianca. Tu n'auras pas à être furieuse
d'avoirperducontremoiparcequecen'estpaslecas.Jesuisleperdant:moi,j'aisuccombédèsle
premierjour.
Jedéposeunchastebaisersursonfront,puisjemedétourned'ellepoursortirdesachambre.
Lorsquejereviensdanslacuisine,mesamismefixent,attendantmonverdict,maisavantquej’aiepu
direunmot,nousentendonsBiancadévalerlesescaliers.Elles’arrêteàcôtédemoi,toutsoncorps
tendu,etellelanced’unevoixrevêche:
− Alors?Onyva?Onvaêtreenretard!
Puissansattendrenotre réponse,ellesedirigevers laporteàgrandesenjambées,passantà
côtédemoicommesi jen’existaispas. Je luiemboîte lepas, imitépar lesautres.Dans lavoiture,
BiancasecollecontrelafenêtreetdemandeàCoraliedes’asseoiràcôtéd’elle.
− Tum’aiderais à répétermon texte ? demandeBi à sameilleure amie. Je n’ai pas encore
réussiàleretenir.Enfait,jen’aipaseubeaucoupdetempspourl’apprendre!
− Pasdeproblème.
Bianca lui tend le script. Même si je sais que je ne devrais pas intervenir, je ne peux
m’empêcherdedire:
− Tonpartenairedejeuestàcôtédetoietilconnaîtbiensontexte.Ceseraitpluslogiquede
répéteravecmoi,non?
− Jevaisdevoirtesupportertoutelajournée,répond-ellesansmêmemejeterunregard,j’ai
biendroitàquelquesminutesderépit.
Son attitude est puérile, mais tellement prévisible ! J’aurais pu parier qu’elle allait réagir
commeça,qu’elleallaitsecomporterdenouveauavecmoicommesij’étaissonennemi.Maissilors
denosretrouvailles,sonattituderevêchem’amusait,cen’estpluslecasmaintenant.
− D’accord:c’estcommeçaquetuveuxlajouer?Tuveuxretomberdanslerôledel’enfant
capricieuseetboudeuse?Trèsbien!Jepeuxparfaitementredevenirlesalaudarrogantdespremiers
jourssic’estcequetusouhaites!
Cettefois,ellesetourneversmoipourmejeterunregardbrûlant.
− Redevenir?Tun’asjamaiscessédel’être!
− Ça,c’estuncoupbas.Mêmepourtoi.Etc’est…
− C’est la vérité !me coupeBianca. Tu joues à je ne sais quel jeu pourm’embrouiller les
espritsetréussiràm’attirerdanstonlit…
Cettefois,c’estmoiquiluicoupelaparole:
− Tucroisquejefaistoutçapourcoucheravectoi?
Puisj’éclated’unrirequin’ariendejoyeux.
− Touscesefforts.Toutescesprisesde tête.Toutesces journéesoùj’ai l’impressionquetu
vasmerendrefou.Toutçapourunesimplepartiedejambeenl’air?Quoi,parcequetucroisqueje
nepeuxpastrouveruneautrefilleavecquicomblermesdésirs?Jen’aiqu’àclaquerdesdoigtspour
que…
− Ok.Charles.Là,turedeviensleconnardarrogant,meditLisad’unevoixdouce.
Je ferme lesyeuxet prendsunegrande inspirationpourmecalmer.Parcequ’elle a raison,
maishey!Biancam’aclairementprovoqué!
− C’estvrai.Jesuisdésolé.
Lalimousines’arrêteetjejetteunœilparlafenêtre.Noussommesdéjàdanslestationnement
sous-terraindel’hôtel.
− Oublionscetteconversationpuérileetallons-y.
Lisam’arrêted’ungestedelamain.
− Pasquestion.Biancaettoiallezrestericitantquevosproblèmesneserontpasréglés.Nous
nepouvonspascommencerlarépétitionalorsquevousêtesdanscetétat.
− Elle a raison, approuveCoralie. Pensez aux autres danseurs qui doivent jouer avec vous,
commemoi!Pensezàmoi!Vousnepouvezpasnousfairesubirvoshumeurstoutelajournée.C’est
notreseulechancederépéternotretexteavantqueletournagenecommencedemain.Negâchezpas
tout.
JetournelatêteversBiancaquimeregardeaussi.Nousrestonsdanscettepositionalorsque
lesautressortentdelavoitureetrefermentlaportederrièreeux.
− Noussommesdesprofessionnelsetnousallonsagircommetels,affirme-t-elled’unevoix
froide.Voilà,laquestionestréglée.
− Jenecroispas,non.
− Etmoi,jesuissûrequesi.
Elleglissesurlesiègepoursortirdelalimousine,maisjeluibloquel’accèsàlaportière.
− Maisqu’est-cequetuveuxCarter?s’écrie-t-elleavecrage.Pourquoiest-cequetunepeux
pasmefoutrelapaix?
− Pourquoi?Maisparcequetues importantepourmoi!Parcequenotrerelationcompteà
mesyeux!Jeneveuxpaslaisserlasituations ’ envenimerànouveau, jeneveuxpasquetroisans
passeencoreavantquetum ’ adresseslaparole …
Monaffirmation enflammée semble avoir fait retomber la colèredeBianca.Elle ferme les
yeuxensoupirant,puisselaissetombercontrelesiègedelavoiture.
− Ça n ’ arrivera pas. Je … j ’ ai seulement besoin de temps. Il s ’ est passé trop de choses
depuishier!
Jeprendssamaindanslamienneet,àmongrandsoulagement,ellenemerepoussepas.
− Ouais, la situationnous a unpeu échappéhier,mais sinon, les choses allaient plutôt bien
entrenous.Non?
− C’estvrai,approuve-t-elle.Çamarchaitbienjusqu’àmaintenant,maisils’estpasséquelque
chosependantlaséancephoto.Ils’estpasséquelquechosequiachangéunpeuladonne…
− Ils’estpasséquetuasdûarrêterdenierêtreattiréparmoi,dis-jed’untondoux.
− Oui,avoue-t-elleetcetaveusembleluiêtredouloureux.Jesuisattiréepartoiettul’espar
moi.Et dansquelquesminutes, onva entrer dans l’hôtel et ondevra aller jouer unCharles et une
Biancaamoureux.Ondevrasetoucher,ondevras’embrasseret...jenevoispascommentonpourra
redevenirseulementamislorsqu’ilseratempsd’arrêterdejouer.
Jeserresamainunpeuplusfort.
− Onyarrivera.Onferacequelesfillesadorentfaire:ondiscutera.Ondiscuteraencoreet
encore jusqu’à trouver une solution.Ou on se soulera àmort pour oublier.Ou on sortira avec les
autrespourdécompresser.OnvatrouveunesolutionBi …
− D’accord.
Elletenteunpetitsouriretimideetjeluirépondsdemême.
− Et je te promets de tout faire pour garder le contrôle de mes hormones à partir de
maintenant.
Aumoinsjusqu ’ àcequetuaiesacceptécequeturessenspourmoi.Maisbiensûr,ça,jene
luidispas.
− Lecontrôle,répète-t-elleaprèsmoi.Oui.Exactement.Onaqu ’ àseconcentrersurleshow
ettoutirabien.
J ’ hoche la tête pour acquiescer, même si elle semble elle-même peu convaincue par ses
paroles.Elleestcommemoibienconscientequenousn ’ yarriveronspas,maisellen ’ estpasprête
encore à se l ’ avouer. Alors je la laisse se mentir parce que c ’ est la seule façon d ’ arriver à
l ’ apprivoiser. J ’ ai essayé cematin de la brusquer, d ’ aller plus vite que ce qu ’ elle est prête à
assumeretaussitôt,elles ’ estéloignéedemoi.Jesuispersuadéquesinousn ’ avionspasdésamorcé
latension,leschosesseseraientenvinéesjusqu ’ àdevenirintolérables.Elleseraitpartie.Encore.Et
ça,ilesthorsdequestionqueçaarrive.Jeferaitoutpournepaslaperdreànouveau.
Sentantqu ’ elleaatteintsonquotad ’ émotionspourcematin,jel ’ inciteàallerrejoindreles
autres.Dèsnotrearrivéedanslasallederéunionquiaétéréservépournous,nousnousmettonsau
travail.Assis autourd ’ une table immense,nous lisonsnotre texte sous l ’œ il vigilant deLisa.La
journéesepasseplutôtbienmalgrétout,nousenchaînonslesscènes,laplupartdesdanseursontbien
apprisleurtexteetl ’ alchimieestsatisfaisanteentremoietmesautrespartenairesféminines.Laplus
surprenante est Coralie, qui joue ma première petite amie, une garce narcissique dont je suis
amoureuxausecondaireparcequ ’ elleestbelleetpopulaire.Biancaréussitàtenirsonrôle,maisje
sens qu ’ elle est fébrile et distraite, même plusieurs heures après le début de la répétition.
Heureusement, nous avons commencé par nous exercer à des scènes légères, sans aucune charge
émotionnelle.Maisenrevenantdenotreheuredelunch,Lisanousdemandedereprendreavecundes
moments lesplusdifficilesdu texte,celuioùaprèsplusieursannéesàsechercher, j ’ avoue enfin à
Biancaquejesuisamoureuxd ’ elle.
Ceseralascènelaplussimpleetenmêmetempslaplusdifficilequejen ’ aijamaisjoué.
Les yeux fermés, je prends quelques grandes inspirations.À chacuned’elle, je repousse un
peupluscequi faitdemoiCharlesCarterpourne laisserque levide.Unvidequiseraremplipar
monpersonnage.Lorsquejemesensprêt,jereviensàlaréalité.JetendslescriptàLisa,assiseàcôté
demoi,etjemetourneversBiancaquiattend,lesyeuxrivéssursontexte.
−C’esttout?Unpetitmotécrit:Mercietbonnechance,tucroisquec’estsuffisantpourmettre
finàseptansderelation?
Biancareculedevantmacolère,ellesefaittoutepetite.
−Jenesavaispasquoidired’autre,murmure-t-elle.
−Tuauraispurester.Toutsimplement.
Ellesecouelatête.
−Jenepouvaispas.Jenetrouvaispaslecouragedet’affronter.Jenepouvaispasteregarder
danslesyeuxettefairedumal.
−Ettucroisquedetesauvercommeunevoleuse,çanem’apasfaitdemal?
−J’aicruqueceseraitmieuxquedetedirequejenevoulaisplusqu’ilyaitquoiquecesoit
entrenous.
Sansl’avoirprémédité,jemelèved’unbonddemachaisepourfranchirladistancequinous
sépare en quelques pas. Je lui arrache les feuilles des mains pour les jeter par terre, puis je
m’agenouilledevantelleetprendssonvisageentremespaumes.Jel’obligeàmeregarderdansles
yeux.
−Pourquoi?Veux-tumefairecroirequetuneressensrienpourmoi?
Mesmainscaressentsoncou,sesépaules,puisdescendentlelongdesesbras.Jerefaisensuite
lechemininversepourrevenirànotrepositiondedépart,satisfaitdesentirlachairdepoulesursa
peau.
−Jesaisquec’estfaux.Tuesamoureusedemoi.Jecroismêmequetuesamoureusedepuisle
premierjour,celuidenotrerencontreetquetun’asjamaiscessédem’aimer.
−Non!Arrête!
Bianca me repousse, les deux mains posées sur ma poitrine. Mon cœur se tord
douloureusement.
−Çanemèneraitàrien.Ilesttroptardpournous.
−Jerefusedelecroire.
Jeprendssamainetladéposesurmapoitrine,làoùmoncœurs’emballe.
-Tulesens?Ilt’appelle.Ilt’attenddepuistroisans.
Jepassemonautrebrasautourdesatailleetjel’obligeàselever,jelaserreauplusprèsde
moi.Jepenchelatêtejusqu’àcequemonfronttouchelesien.
−Ça fait trois ansBi que j’essaie de t’oublier.Trois ans que je réussis à convaincre tout le
monde,moicompris,quejeneressensplusrienpour toi.C’estunmensonge.Leplusénormeque
j’aijamaisdit.
−Charles.S’il-te-plaît.Jenesaisplusmontexte…jenemerappelleplus…
Elleessaiedesedéfairedemonétreinte,maisjenelalaisseraipass’enfuirencoreunefois.
−Jet’aime.
−Non.Tais-toi,murmure-t-elled’untondésespéré.
−Jet’aimeBianca.Laisse-moiuneautrechance.
Ellefermelesyeux,rompant lecontactentrenous.Unelarmeroulesursa joue.Jemesens
étrangementengourdi.Jenesaisplusoùs’arrêtelafictionetoùcommencelaréalité.
−Certaineschosesnesepardonnentpas.
−Certainespersonnesrefusentdepardonnerparcequ’ellesontpeurdecequ’ellespourraient
ressentir.
−Jen’aipaspeur,proteste-t-elleaussitôtensedétachantdemoi.
−Bien sûrque si.Tuaspeurde t’être trompéeàmonpropos.Tuaspeurd’admettreque tu
m’apprécies.Tuaspeurdecequeturessenspourmoi…
−Ri.Di.Cule.Turacontesn’importequoi!Toutçaestridicule.Jefichelecamp!
J’attrapesonbrasavantqu’ellepuissefaireunpas.
−Etbiensûr,tuprendslafuiteparcequetun’asPASpeur?
−Jenefuispas,je…
−Ok!s’écrieLisaentapantdanssesmains.
JelâcheaussitôtBiancaetreculedeplusieurspas,avecl’impressiondesortird’unrêve.
−C’était très bien. Parfait même. Bon, vous avez un peu dérivé du script vers la fin, mais
c’était une bonne impro. Charles, j’ai cru à ton interprétation à cent pour cent. Par contre, fais
attention:tut’esemmêlédanslesannées.Tul’attendsdepuisseptans,pastrois.
−Ahoui!C’estvrai,dis-jeavecunenonchalancequejeneressenspas.
Biancaetmoisommesséparésdepuistroisans.Cen’estpasunhasardsij’aifaitcetteerreur,
maisjerefused’ypenserpourl’instant.Toutçac’esttrop.Mêmepourmoi.
−Je…j’aibesoindeprendrel’air,marmonneBiancaavantdesortirdelasallesansunmotde
plus.
Coralie nous regarde les uns après les autres, puis elle se lève et suit sa meilleure amie.
J’aurais besoin de prendre l’airmoi aussi,mais je ne veux pas avoir l’air de fuir. Je ne veux pas
laisserpenserauxautresquisetrouventavecnousqu’ilvientdesepasserquelquechosed’important.
Lisaordonneà tout lemondedeprendreunepausededixminuteset lorsque lesautres sontenfin
partis,elles’approchedemoi.
−ÇavaCharlie?demandeLisaenposantunemaindoucesurmonbras.
−C’étaitplutôtintense.
−OnparledeBiancaettoi.Toutesttoujoursintenseavecvous.
Jen’airienàrépondreàçaetjesuistropbouleversépourréfléchircorrectementalorsjeme
contented’hausserlesépaulesavantdepasserunemaindansmescheveuxensoupirant.
−Tuasl’intentiond’allerluiparler?
−Tucroisquec’estunebonne idée?Elleasûrementbesoindes’éloignerdemoiquelques
minutes,deseviderlatête.
−Jesuiscertainequelaraisondesondépartn’arienàvoiravecsatête,Charles.Tuluiasdit
quetul’aimais.Etcen’étaitpasdansletexte.
Jefermelesyeux,mesentantmaltoutàcoup.Ai-jeditquejel’aimais?Peut-être.Jenem’en
souvienspas.
−C’était… je me suis laissé emporter par le texte. J’ai improvisé. Ce sont des choses qui
arrivent.Biancalesait.Cen’estpas…nousn’avonsjamaisparléd’amour.Nousn’ensommespaslà.
Ellen’apaspucroireque…
Lisapousseungrognementfurieuxquejeneluiaiepassouvententendu.
−Vousallezmerendrecomplètementmaboule tous lesdeux, lâche-t-elle,excédée.Vousêtes
uncasdésespéré!
Avantque j’aieeu le tempsde répliquer, laporte s’ouvrederrièrenousavec fracasetAlex
entre,unairpaniquésurlevisage.
−Charles,monvieux,avantquetunememettestonpoingsurlevisage,ilfautquetusaches
quejenepeuxpasrésisteràunefilleenpleurs…
-Unefilleenpleurs?DequoitupalesAlex?
Monamisembledeplusenplusmal,luiquiestpourtanttoujourssiàl’aiseetconfiant.
−Ellevoulaitpartir.J’aiessayédel’enempêcher,maisellepleuraitetmesuppliait.Ellem’a
demandéd’attendreaumoinsuneheureavantdet’enparler,maisjenepouvaispasfaireça.
Bianca.Iln’apasbesoindenommersonnom,jesaisqu’ilparledeBianca.Elleestpartie.Et
ellepleurait.Maispourquoipleurait-ellebonsang?
−Elleestretournéeàlavilla?demandé-je,mêmesijecrainsdeconnaîtrelaréponse.
Alexnerépondpas.Jefaisunpasmenaçantverslui,maisLisas’interposeetdemanded’une
voixdouce:
−Oùest-elleAlex?
−ÀLosAngeles.Elleaditqu’elleenavaitassezdetoutçaetqu’elleretournaitchezelle.
LAVIEDESGENSRICHESETCÉLÈBRESPourtoutconnaitresurlaviedesstars…
C.C.CarteretBiancaJohnson:rupture?29mars2015-Lesrumeursderupturevontbontrain,deuxjoursaprèsqueBiancaJohnsonaitquittél’hôtel leMirage,en larmes,pourprendre l’avionqui la ramènerait sous le soleildeLosAngelesquelques heures plus tard. Pour l’instant, ni l’agent deBianca ni celui deCharles n’ont réagi auxquestionsdesfansetdesjournalistes.
Si cen’était desphotosplusqu’explicitesduvisagedeBianca à sondépart de l’hôtel, onpourraitcroirequetoutesceshistoiresnesontquedevulgairesbruitsdecouloir.Maislapreuveestlà:toutn’est pas rose au royaume des stars.Que s’est-il passé ? Pourquoi les deux stars, seulement deuxjoursaprèsavoirannoncéleurcollaboration,sesont-ilsséparésbrusquement?Etest-cequecelaarapport avec la fillemystérieusequi, dit-on, a été vudans les brasdeCharles à plusieurs reprisesdepuis?
Commemoi,jesuiscertainequevousavezinventédesdizainesdethéorieplusfarfelueslesunesqueles autres.Voici lamienne :Bianca Johnson, ne supportant pas de voirCarter en couple avec uneautrefille,amislesvoiles,abandonnantsonamietsontoutnouveauspectacle.Cenesontbiensûrquedesimplesspéculations,maisjecontinued’enquêterpourdécouvrirlavérité.Vousserezbiensûrlespremiersinformésdèsquej’auraidesnouvellesinformations!
Votreenquêtriceetrédactriceenchefpréférée,
MadisonGreen
[i]Parolesde«I’maMess»,auteur:EdSheeran,interprète:EdSheeran,AtlanticRecords,2014(albumX)
Pourdiscuteravecmoietensavoirplussurlesprochainsépisodesvouspouvezmetrouveràcetteadresse:http://livresdesweetmeli.blogspot.ca/
Sortiedel’épisode5prévuepouravril2016.Àbientôt!!