la vie au dojo-zuihitsu 91
DESCRIPTION
un bref aperçu de ce qu'"est le dojo, ce qu'il représente, ses attraits physiques et le dynamisme qui y règne.TRANSCRIPT
ZUIHITSU- REMARQUES DE RONALD DESORMEAUX
Entrainement au Kodokan Dojo avec Mas Blonk
Judo Ron 91- La vie au dojo, pile ou face
Le dojo, c’est quoi? Mais quelle question à se poser si on est un judoka de longue date ou encore tout
simplement un nouveau qui veut s’initier au judo?
D’abord le dojo n’est pas un terrain de jeu, il ne se situe pas à tous les coins de rues, il est un lieu ou un
endroit d’apprentissage de la voie souple qu’est le judo, ce système dérivé des anciens arts martiaux qui
fut modifié par le professeur Jigoro Kano en 1882. Le dojo japonais lui, faisait antérieurement partie de
la salle d’instructions associée au Zen et a d’autres pratiques religieuses japonaises depuis des
décennies.
Ou trouver un tel emplacement de nos jours? Ne vous exténuez pas à feuilleter les annonces
publicitaires, les journaux et surtout pas la TV pour découvrir les bonnes adresses. Marchez les rues du
quartier, vous aurez plus de chance de voir pignon sur rue. Autres que les grands dojos spécialisés et
figurant dans les listes officielles de fédérations, vous aurez plus de chance de les découvrir dans des
institutions scolaires, des annexes d’entrepôts, des installations aux étages et des sous-baissements
d’édifices commerciales ou industrielles. La majorité sont des locations de longue haleine ou
appartiennent a des individus ou sociétés partenaires. Quel qui en soit, les apparences externes sont
modestes et leur présence se fait discrète.
Une fois localisé, le dojo et sa vie dynamique seront vous combler. Dans chacun, on y retrouve des
espaces modestes, aux décors simples, quelques photos de personnes qui ont directement contribué à
son expansion et son enseignement. Un mur spécial est réservé pour la photo du Fondateur Jigoro Kano,
non pour la vénérer mais pour nous rappeler les grands principes qui ont été incorporés dans son
système d’éducation. Parfois on peut y voir des affiches de progression technique, des tableaux-
honneur et même des étagères de trophées qui font la gloire de l’entreprise. La salle principale est
recouverte de tatamis ou matelas caoutchoutés de couleurs différentes pour amortir les chocs des
projections et assurer la sécurité de tous les participants. Il ne faut pas chercher les sièges pour
spectateurs car ceux-ci sont restreints et un peu en retrait. Il faut noter que personne n’entre dans la
salle de cours avec des chaussures. Tout le travail se fait pieds-nus.
ZUIHITSU- REMARQUES DE RONALD DESORMEAUX
La salle de cours se complète par des succursales pour vestiaires, douches, entreposage de matériel,
bureau administratif, chambre de premiers-soins, salle de projection et chambre de lecture. Les petits
dojos n’ont pas tous ces ajouts tandis que les plus grands accommodent plus de pièces spécialisées.
Ce lieu simple et pratique est conducteur a une dynamique très spéciale, une sociabilité sans pareil et a
un éveil des sens. C’est l’endroit idéal du partage des connaissances, du développement des
responsabilités sociales, de l’acquisition de nouvelles connaissances et de l’amélioration de soi.
Nous prenons pour acquis que les transformations qui tiennent place sont automatiques.
Examinons une partie du dynamisme qui se produit avec l’éveil de nos sens.
La vue, est notre premier sens à agir; reconnaissance visuelle des emplacements, des locaux
spécialisés, des personnages, la distinction des couleurs de ceintures, les judogi blancs et ceux
de couleurs portés par ceux et celles qui font la compétition, la liste affichée des cours, des
honneurs, des mécènes, des slogans, des confrères et consœurs, l’observation des
déplacements de chacun, des techniques imposées ou de surprise. Etc...
Vient ensuite, l’odorat : la senteur des matelas et surfaces de combat, la sueur des combattant,
la fraicheur des judogis propres, l’odeur personnel.
L’ouïe est vite sensibilisée par les instructions, les échanges verbaux, le kiai ou cris de l’effort,
les bruits des chutes, le contraste avec le silence, l’équilibre auriculaire et la tension de certains
moments.
Le toucher est excité par la prise du judogi, les déplacements au raz de sol, les rapprochements,
les sorties de techniques, les corps à corps, les points d’équilibre, les attaques et les défenses.
Même le gouter s’excite par le fait d’avaler la salive et le sel produits par l’effort et se régale de
l’eau périodique pour éviter le sur chaud et la déshydratation.
Notre sens de proprio spatiale nous permet de maintenir pleine connaissance de nos
déplacements et de l’orientation de nos membres et ce, tout en nous situant au sein de notre
environnement pour mesurer les espaces requises pour les chutes, le tai-sabaki etc…
ZUIHITSU- REMARQUES DE RONALD DESORMEAUX
Nous devons prendre conscience aussi de ce que nos émotions et nos sensations nous révèlent
au cours de nos séances d’entrainement; les craintes, l’audace, le courage, la satisfaction, la
fraternité, l’esthétique et la beauté des gestes techniques, le sens d’appartenance etc…
Nous fermons ce bref exposé par les actes intellectuels qui se succèdent et qui nous font
grandir d’avantage telle l’acquisition de nouvelles connaissances, les raisonnements appropriés,
un jugement précis, des prises de décisions au bon moment, un respect et une entraide pour
nos partenaires afin qu’eux aussi puissent s’améliorer.
Chacun de nous pouvons ajouter à cette courte liste j’en suis convaincu, il s’agit de passer
quelques temps de réflexion. Il y a un dojo physique et un dojo intérieur a découvrir pour
chaque judoka.
Bon séjour au dojo de votre choix.
Ronald Désormeaux
Professeur de Judo, Université de Toronto
Avril 2015