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La Tunisie, le tourisme et la forêt

La Tunisie s'est éveillée au tourisme international, début des années 60, sous le signedu balnéaire. Le pays est en effet doté d'un littoral long de 1.300 km, bordé de plagesle plus souvent sablonneuses, parfois rocheuses, et cela correspondait aux goûts de l'é-poque.

L'évolution récente des tendances du tourisme international aussi bien que le marchéintérieur émergent, mais à forte croissance et qui se distingue par son caractère fami-lial, portent aujourd'hui la demande vers de nouveaux horizons culturels, naturels etécologiques.

Cette tendance a coïncidé avec les préoccupations des pouvoirs publics soucieux depréserver le patrimoine forestier national et d'en faire un outil de développement et deprogrès pour les populations riveraines.

Le domaine forestier de l'Etat s'étend sur une superficie de 970.000 hectares, soit unecouverture forestière de l'ordre de 12% de la superficie du pays, non compris la par-tie désertique, les chotts et sebkhas. L'objectif, à l'horizon 2010, est de porter cetteproportion à 15%. Pour ce faire, il importe non seulement d'intensifier l'effort dereboisement, mais également d'alléger significativement la pression exercée sur cedomaine par une population qui en dépend et qui s'élève à un million d'individus, soitle dixième de la population totale.

Une stratégie a été mise au point à cette fin, qui s'appuie sur un approche intégrée, par-ticipative, prenant davantage en considération les conditions socio-économiques et lespréoccupations des populations concernées qui doivent être associées au choix desoptions à retenir et à leur mise en œuvre ; cette association est considérée comme étantle garant du développement durable des ressources forestières et des populations quien bénéficient.

Dans un premier temps, l'effort de l'Administration a porté sur la multiplication desvillages ruraux réunissant les commodités d'une vie décente : électricité, eau couran-te, gaz butane, sur des améliorations pastorales, et sur la mise en valeur agro-forestiè-re des clairières.

Aujourd'hui, cette administration entame l'implication des populations dans la gestiondurable des ressources forestières. C'est le deuxième volet de la stratégie élaborée parla Direction générale des forêts dans cette optique. Il comprend en particulier le lan-cement d'un plan d'aménagement et d'exploitation de parcs nationaux. Et, entre 1977et 1990, huit parcs nationaux ont vu le jour à travers l'ensemble du territoire national.Caractérisé par la diversité de leurs biotopes, chacun de ces parcs est représentatif despaysages et des écosystèmes spécifiques à sa région et à son microclimat.

L'un après l'autre, ces parcs ont été dotés chacun d'un écomusée conçu comme leprincipal outil d'éducation environnementale et comme une composante majeure dutourisme écologique dans l'enceinte des parcs.

Ultime étape vers la mise en place définitive de ce nouveau produit : l'aménagementd'infrastructures d'accueil et de gestion des parcs en coopération avec le secteurprivé et la population riveraine pour faire de ces nouvelles destinations un espace dedéveloppement des activités socio-économiques de la région par la promotion desproduits du terroir et de l'artisanat local.

Pour baliser cette voie, la Direction générale des Forêts, en collaboration avecl'Agence allemande de coopération extérieure, a entrepris de mettre au point des cir-cuits qui couvrent les trois principales régions du pays: Nord, Centre et Sud et quiont les parcs nationaux pour principales haltes.

Après une première brochure consacrée à l'écotourisme dans le nord tunisien, voiciune deuxième contribution dédiée à la région du Centre dont nous souhaitons qu'el-le inspire promoteurs, opérateurs et usagers.

Mohamed Habib HADDADMinistre de l’Agriculture et des

Ressources Hydrauliques

LE SUD TUNISIEN

L'espace que l'on désigne par le termegénérique de Sud s'étend sur plus de lamoitié du territoire tunisien. Sa limite sep-tentrionale dessine une ligne qui va desmontagnes de Gafsa, du côté de la frontiè-re algérienne, à l'ouest, jusqu'au golfe deGabès, à l'est. Cet espace couvre, cepen-dant, une grande diversité physique, biolo-gique et socio-culturelle.

Dans cet ensemble, on distingue, en gros,trois grandes divisions : le Sud-Est, le SudOuest et le Grand Sud. Le Sud-Est se sub-divise à son tour en trois parties compre-nant :

Une zone de plaines, une bande de terresappelée la Jeffara qui va en s'élargissant,en partant de la dépression de Gabès endirection de la frontière libyenne et com

prenant l'île de Djerba. Cette bande court le long de la Méditerranée et, bénéficiantde son climat tempéré et humide, dévelop-pe des périmètres relativement fertiles etpropices à l'agriculture, notamment la cul-ture de l'olivier qui joue un rôle centraldans l'économie locale, surtout du côté deZarzis et de Ben Guerdane.

Une succession de montagnes, appelée leJebel, d'altitude modeste (600 à 700 mèt-res), qui va du nord au sud en partant deMatmata, au sud-ouest de Gabès, pour s'é-tirer sur 200 km en arc de cercle et se pro-pager jusqu'au jebel Nefoussa, en Libye.C'est un espace transitoire entre le plateaudu Dhahar, qui le surplombe à l'ouest, et labande côtière, et qui, grâce à son réseau depetites vallées, facilite la circulation entrele milieu saharien et le milieu méditerra-

néen. Profondément travaillé par l'érosion, lejebel offre une image de désolation abso-lue, de tourmente ; il est dépourvu de lamoindre végétation et tout en sculpturesfantasques que le vent a façonnées à tra-vers le temps, il offre un paysage lunairequi, au demeurant, a valu à ce décor deservir pour le tournage de quelquesséquences de "la Guerre des étoiles".

Le plateau, enfin, appelé Dhahar (le dos) àcause de sa configuration dorsale, forme latroisième partie de ce sous-ensemble.C'est une carapace rocheuse et nue, faible-ment inclinée à l'ouest, en direction desdunes du Grand Erg oriental, et qui s'élar-git parfois sur plus de 100 km. Son altitu-de moyenne dépasse de peu les 400 mètreset sa surface est parcourue par des oueds àfond plats et secs.

Sur la devanture Est de ce plateau, l'éro-

sion a façonné un paysage de canyonsavec des parois verticales entaillées dansles couches calcaires pouvant atteindre laprofondeur de 200 m.

Les crêtes et certaines plaines sont le terri-toire des ksours -habitations et greniersfortifiés-, tandis que le plateau est celuides habitations troglodytes, souterrainesou verticales. Les autochtones, desBerbères, s'y étaient retranchés pour être àl'abri des razzias des nomades.

Si, dans le Sud-Est, les plaines de laJeffara sont reliées à celles du littoral duCentre et du Nord via le corridor gabésien,ici la limite nord de la zone est bien tracéesous forme de chaînons montagneux, ceuxde Gafsa, de Métlaoui et du Gharb dont ladispersion, après l'unité du relief atlas-sique, qui court du centre de la Tunisiejusqu'à son nord-est, constitue une transi-tion entre le milieu montagneux et celui du

Sahara.Le relief et le désert sont séparés par troisgrandes dépressions fermées appelées"chotts", des étendues d'eaux salées qui,pratiquement, coupent la Tunisie en deux.Ce sont : chott el Gharsa, à l'ouest, qui aune superficie de 1.350 km2 et dont leniveau par rapport à la mer varie de 0 à 23mètres ; chott el Jérid, le plus vaste avecdes dimensions de 110 X 170 km - ladeuxième plus grande étendue de ce genreau monde après Salt Lake, aux USA - et,dans son prolongement, chott el Fejej, enforme de canal de 90 km de long et quis'arrête à quelque 18 km de la mer, au nordde Gabès. Tout autour de ces dépressions,des oasis parsèment la région. Là, dès l'au-be de l'histoire, s'est développée une civi-lisation sédentaire grâce à une agricultureintensive rendue possible par la multitudedes sources d'eau et de points artésiens.

Au-delà des dernières oasis s'étend leGrand Sud, une véritable mer de sableondulant au gré des dunes et qu'on appellele Grand Erg Oriental qui prend sa nais-sance dans les profondeurs du Saharaalgérien. Là, c'est le domaine de la trans-humance et des derniers spécimens de lafaune saharienne: dromadaires, gazelles,fennecs, etc.

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LE PARC NATIONAL DEBOUHEDMACe parc revêt une importance exception-nelle. Il représente, avec ses 16.488 ha, ladernière relique d'un paysage disparu par-tout ailleurs en Afrique du Nord, avec unefaune et une végétation de type sub-saha-rien. Cette caractéristique explique que,dès 1853, cette survivance d'anciens pla-teaux pré-sahariens a retenu l'attention desspécialistes.

A l'époque, l'écosystème s'étendait sur unesuperficie d'environ 38.000 ha couvertsd'acacias raddiana et peuplés de gazelledorcas, d'addax, de mouflons à manchettes,d'autruches au cou rouge, etc. 80 ans plustard, en 1936, un décret érigeait cette forêten parc ; il n'en restait plus alors que 5.000ha. En 1977, l'UNESCO inscrivait ce sitesur la liste des réserves biologiques. Troisans plus tard un autre décret érigeait laréserve en parc national et a porté sa super-ficie à 16.488 ha.

Aujourd'hui, le parc national de BouHedma est divisé en trois réserves : celledite orientale, qui s'étend sur 5.144 ha,celle de la vallée de Haddège, qui couvre2.534 ha et enfin celle qui englobe la partiesud-ouest et qui s'étend sur 1.006 ha.

En même temps que l'extension du périmè-tre protégé, il a été procédé à la réintroduc-tion dans cette aire d'espèces animalesdisparues de cette zone depuis plus oumoins longtemps. Ainsi en est il, par exem-ple, de l'addax nasamaculatus dont le der-nier représentant en territoire tunisien a étéabattu en 1930 et dont quelques têtes enprovenance de parcs de reproduction euro-péens ont été réintroduites à Bou Hedmaen 1986. Aujourd'hui, cette espèce prolifè-re à Bou Hedma.

Autres hôtes à avoir été réintroduits de lamême manière : l'oryx, la gazelle dama etl'autruche à cou bleu. Celle-ci, lâchée dansle parc en 1980, est, en fait, une espèceexogène en provenance de Namibie, l'au-truche indigène étant celle à cou rouge,dont on retrouve des représentations surdes pavements de mosaïques romaines etqui s'est éteinte en Tunisie depuis long-temps. La gazelle dorcas, dite de monta-gne, a été réacclimatée ici en 1986.Aujourd'hui, elle compte une colonie quiva en grandissant.

Réparties sur les flancs du mont BouHedma qui culmine à 840m et sur le pla-teau couvert d'acacia tortilis, arbre nedépassant pas une hauteur de 3m, qui estconsidéré comme un véritable fossilevivant remontant au Tertiaire et dont laprésence sous ces latitudes extrêmes (jus-qu'à 50° C en été quand souffle le siroccoet quelques degrés en dessous de zéro lanuit, en hiver) favorise le suivi et la repro-duction de la faune locale. Ces espèces

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cohabitent avec d'autres familles du règneanimal : oiseaux, dont de nombreux rapa-ces, reptiliens, lézards ou serpents quivivent et se multiplient de façon naturelledans leur milieu d'origine qui comprendégalement de nombreuses variétés devégétaux : des arbres, tels les oliviers sau-vages et des arbustes, comme le câprier oule lentisque, et bien sûr les herbes aroma-tiques de même que l'alfa, ainsi que lesautres éléments typiques de la zone arideinférieure jusque dans le semi-aride.

Au début des années 90, le parc a été dotéd'un écomusée et, alentour, il a été procé-dé à l'aménagement d'une aire plantéed'eucalyptus et agrémenté d'un bassinpour le plaisir des visiteurs qui peuventaussi observer de plus près des spécimensde la faune du parc élevés dans des enclos.

Signalons enfin, dans l'enceinte même dece parc, l'existence de vestiges d'occupa-tions humaines passées, les plus anciensremontant à plus de 10.000 ans, à l'âge dela pierre taillée, sous forme de construc-tions dolméniques et d'instruments ensilex. Si on suppose l'existence, dans cevaste domaine, de troupeaux d'éléphantsqui auraient servi dans les armées cartha-ginoises durant les guerres qui ont opposéla métropole africaine à la puissanceromaine naissante, rien ne permet d'étayer,ici, une présence punique. Par contre, laprésence romaine se manifeste par les res-tes d'infrastructures typiques de leur civi-

lisation : routes, barrages, aqueducs canali-sations, citernes, etc. qui illustrent lesremarquables techniques anciennes demaîtrise de ressources hydriques provenantsoit de l'oued Haddège, soit des sourcesdont certaines continent de sourdre desflancs du jebel Bou Hedma ou celuid'Orbata qui lui est contigu. Quelques unesdes citernes antiques continuent de servirjusqu'à nos jours. Autre trace des civilisa-tions passées : les vestiges de villages ber-bères qui parsèment la montagne.

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Légende

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LE SNED

Dans le prolongement de jebel BouHedma, jebel Byadha accueille quelquesuns des réduits berbères retranchés dans lamontagne et qui témoignent d'un passétumultueux, souvent tragique, mais tou-jours vécu sous le signe de l'attachement àune identité et à une indépendance souventmises à mal par les velléités dominatricesdes tribus nomades qui, tout au long del'histoire, ont cherché à les soumettre.

Un tel isolement a favorisé, au fil du temps,la " conservation " d'un paysage et d'ungenre de vie singuliers.

Il y a d'abord le décor. Venant de Sned-gare-, le centre administratif local, et aprèsavoir parcouru quelques kilomètres en ter-rain plat, on amorce l'escalade d'une barriè-re rocheuse qu'on découvre ponctuée de "boules " vertes : des oliviers plantés dansde minuscules terrasses à flanc de monta-gne. Lorsqu'on connaît l'aridité du climatsous ces latitudes, on se refuse à croirequ'elles puissent fournir, outre l'olive (etl'huile d'olive), quelques autres fruits, enparticulier les figues ainsi que des fromentscultivés au pied des arbres, parfois sur d'in-fimes superficies arrosées par de trop raresprécipitations

Lorsque, après une escalade en douceur etdes détours par des méandres, la piste s'é-largit pour s'évanouir enfin, on se retro-uve au seuil du village qu'on découvrecomme par enchantement. Et, plutôt qued'enchantement, il faudrait parler de fasci-nation. Celle-ci avait été éveillée au pre-mier contact avec la présence sendie tellequ'elle s'est révélée à travers le travail dela terre, et ici elle enfle et embrasse levaste cirque dessiné par les deux éminen-ces qui enserrent le lit de l'oued où s'estblotti le village.

Sur la gauche, au flanc d'une douce pente,s'étagent les vestiges de l'ancienne locali-té, des demeures construites en pierrelocalepour la plupart désertées. Plus hautet jusqu'au sommet, les ouvertures béantesde grottes qui, tour à tour et en fonctiondes événements, ont servi de refuges ou degreniers. Aujourd'hui, cette partie a étéaménagée en " zone touristique ", avecrestaurant, gîtes et espaces commerciaux,le tout installé dans des grottes.

Au titre du patrimoine artistique et spiri-tuel, mentionnons la tradition du chant etdes incantations mystiques exécutés par latroupe Rouached de la confrérie desRahmâniya.

Le jebel Orbata fait partie de la chaînemontagneuse qui, à l'est de la ville deGafsa, en direction de Mezzouna et, au-delà, de Sfax, s'étire sur environ 90 kmselon une direction Ouest-Est. Le massifde l'Orbata se détache de cette chaîne ausud du Bouhedma, qui en fait égalementpartie.

L'Orbata est constitué par trois plis princi-paux, le plus élevé, où culmine le montOrbata à 1.165 m, se trouvant au centre.Entre ces plis, s'étendent des vallées, par-fois assez larges, comme celles d'ElAyaïcha et de Saket.

Les plis de cet ensemble montagneux étantredressés vers le Sud, les versants méri-dionaux sont abrupts, présentant un profilen gradins ; les pentes septentrionales aucontraire sont beaucoup plus douces,sillonnées régulièrement de ravins.

C'est un milieu fortement aride au climatnettement contrasté : très chaud en été etpouvant être glacial en hiver. Les saisonsintermédiaires y sont très brèves et sontseules propices aux précipitations.

De loin, le jebel Orbata paraît parfaite-ment dénudé. Pourtant, une végétationrelativement abondante tapisse le creuxdes ravins profonds ; elle se compose sur-tout de genévrier, de sumac, d'oliviers sau-vages, du romarin et d'autres plantes aro-matiques.

Malgré l'austérité et même la rigueur ducadre naturel, toute une faune cynégétiqueprospérait dans ce milieu jusqu'aux débutsdu siècle dernier. Mais, sous l'effet d'unechasse débridée, mouflons à manchettes,gazelles des montagne, hyènes, lynx etmême sangliers se sont progressivementeffacés, laissant la place aux seuls porcs-épics et lièvres que se partagent humainset prédateurs ailés, tels l'aigle, le gypaète

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LE PARC NATIONAL DE JBEL ORBAT

ou le vautour qui se repaissent égalementde perdix et de pigeons ramiers encoreprésents dans ce milieu.

Ces dernières années, une " réserve desauvegarde de la faune " a été aménagéedans une plaine boisée au pied du jebelOrbata. Elle couvre une superficie de 200ha dont 90 ha de forêt pour protéger lesespèces restantes et y réacclimater cellesqui ont disparu de ce milieu. Cette actionvise essentiellement la multiplication desgrands mammifères comme les gazellesou le mouflon à manchettes. Autruches etpaons cohabitent avec ces derniers dans laréserve.

Au plan humain, le jebel Orbata accueilledes descendants de populations berbèresqui se sont retranchées dans cette forteres-se naturelle pour préserver leur identité,s'installant dans des villages aménagés surdes crêtes ou dans le creux de vals proté-gés, tels Saket Bou Omrane, Byadha ou

Bou Saad. Ces " jebalis " ont vécu desmaigres ressources agricoles qu'ils ontréussi à arracher à un sol ingrat à forced'ingéniosité et de travail, aménageant desterrasses, les jessours, dans les escarpe-ments rocheux pour y planter oliviers,figuiers et autres céréales.

Tout en veillant sur leurs troupeaux dechèvres ou en cueillant alfa et plantes aro-matiques, les femmes ont développé unremarquable artisanat à base de tissage,notamment des châles et des tapis tissésd'une grande beauté, en particulier dans levillage de Bou Saâd qui a acquis dans cedomaine une vaste renommée grâce auxdécors qui ornent ses tissages, motifs géo-métriques ou représentations animales sty-lisées d'une grande délicatesse.

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TOZEUR

C'est le chef lieu du Jérid (littéralement : lepays des palmes, c'est-à-dire du palmierdattier) qui se compose, outre Tozeur, deHazoua, Nefta, El Hamma, Dégache etleurs cités satellites qui, à l'exception deHazoua et d'El Hamma, s'égrènent toutesen bordure du Chott el Jérid.

Comme ses voisines, Tozeur a été implan-tée à la lisière de l'oasis pour ne pas mord-re sur les terres cultivables. La ville sedivise en quartiers qui portent l'appellationdes clans ou des catégories sociales qui leshabitent. En cela, elle reflète une vieilleorganisation urbaine qui consacre la pré-éminence du clan des Ouled el Hadef, dontle quartier, considéré comme à caractèrearistocratique, constitue aujourd'hui lenoyau historique et touristique de la ville.

En effet, et après restauration, ce quartierest devenu le prototype de l'urbanisme etde l'architecture si caractéristiques du paysdu Jérid. Les constructions y sont relative

ment hautes, même quand elles ne sontqu'à un seul niveau. Leur entrée donne surdeux halls en chicane qui débouchent surune vaste cour carrée agrémentée dequelques palmiers dont les fruits consti-tuent la provision domestique annuelle ;tout autour, les chambres au plafond trèshaut pour laisser place à des poutres hori-zontales destinées à recevoir des régimesde dattes aérés par des lucarnes et à l'abride la lumière pour une longue conserva-tion.

Les façades externes et internes de cesdemeures portent un décor de briques enrelief qui figurent des tracés géométriquesou des symboles stylisés et qui sont laprincipale caractéristique de l'urbanismejéridien.Très vieille destination touristique (unhôtel de la chaîne françaiseTransatlantique y a été implanté au débutdu vingtième siècle), Tozeur est aujourd'-hui le principal pôle touristique du Sud-

Ouest. Outre le circuit de la médina, laville en a aménagé un autre dans l'oasis quipermet au visiteur non seulement de jouirdes plaisirs d'une des plus belles palme-raies d'Afrique du Nord, mais égalementd'en découvrir l'organisation et le fonction-nement, en particulier le système de distri-bution des eaux héritier d'une traditionmillénaire mais explicité et systématisé parle génial Ibn Chabbât, mathématicien localdu XIII° siècle.

Depuis peu, l'oasis a été dotée d'espacesd'attraction - centre d'animation, douars etmême d'un grand parc de loisirs qui diver-sifient le produit touristique local déjàriche de deux zoos, d'un musée public etun autre privé, d'un parc d'attraction,s etc.

Avec un aéroport, un parcours de golf(arrosé par les eaux recyclées de la zonetouristique) et le principal parc hôtelier detout le Sud -hors Jerba-, Tozeur est bel etbien la capitale touristique du Sud-Ouest.

PARC NATIONAL DE DGHOUMES

Dghoumès est une minuscule agglomérationsituée au bout d'une chaîne d'oasis situées sur larive nord du chott el Jerid.

Le parc national qui en porte le nom occupe leflanc sud du jebel éponyme qui culmine à 510mètres. C'est un relief austère, rocheux, de cou-leur fauve qui prend des teintes mauves au leveret au coucher du soleil. Ce versant est entaillé parde nombreux ravins qui, après les rares précipita-tions, souvent de caractère orageux, peuvent s'a-battre sur la région, déversant leurs eaux dans lechott. Il se prolonge par de petites terrasses quifinissent en zone plate avant de déboucher sur lechott dont une mince frange fait partie du parc.

Cette zone plate est sablonneuse et développe,sur son aile Est, quelques dunes récemmentfixées par l'administration du parc.

Sur les pentes érodées du jebel Dghoumès nesubsistent plus que quelques touffes d'herbesrobustes, des épineux, tandis que dans lesravins, et suite au suintement de quelques sour-ces salées, se développe un ensemble d'espèceshalophytiques, tel le tamarix. Les berges de ces"oueds" abritent quelques arbustes, tel lecâprier. La partie sableuse, plus ou moins gyp-seuse, accueille elle aussi de multiples espècesvégétale.

DOUZ

C'est la porte du Grand Sud, la ville au-delà de laquelle il n'y a plus que les dunesqui se succèdent les unes aux autres.

C'est une cité de création relativementrécente, née de l'implantation d'un douziè-me régiment de corps de l'armée françaiseà la fin du XIX siècle, non loin d'el Mrâh,une immense esplanade que la tribu denomades Mrazîg ralliait une fois par an, auprintemps, depuis des temps immémo-riaux, pour de grandes retrouvailles festi-ves au cours desquelles on s'adonnait à desdémonstrations sportives : courses de dro-madaires, jeux d'adresse à dos de cheval,matches d'aguêf, -le hockey des sables ;c'était également l'occasion de se livrer àdes joutes poétiques, art dans lequel excel-lent les Mrazîg. Cette tradition était siancrée que, depuis plusieurs décennies,cette manifestation s'est muée en festival,devenu même international, avec des parti-cipants en provenance des pays limitro-phes.

La ville moderne s'est développée à lalisière d'une oasis qui produit des dattesd'excellente qualité appelées deglet nourainsi que nombre d'autres fruits et une pro-fusion de légumes. Mais si l'oasis fournitaujourd'hui l'essentiel de la production dedenrées et de biens indispensables à la viede la population, il n'en fut pas toujoursainsi puisque les Mrazîg avaient vécu,avant leur sédentarisation permanente, del'élevage du dromadaire dont des trou-peaux comprenant plusieurs centaines d'in-dividus étaient conduits par des pasteurstranshumant d'un pâturage à l'autre dansl'immensité saharienne jusque dans larégion de Ghadamès, en Tripolitaine voisi-ne.

Dans leur transhumance, les pasteurs sefaisaient accompagner de chiens de race,les slougui, compagnons fidèles et habileschasseurs de lièvres, gazelles, etc. ; ani-maux intelligents, racés et d'allure trèsnoble.

Les populations transhumantes ont déve-loppé un artisanat fondamentalement utili-taire, très fonctionnel, mais non dépourvud'élégance et de beauté. Ce sont des arti-cles en cuir, en fibres animales et végéta-les, tissés et, pour certains, tressés.

La peau tannée du dromadaire fournit lamatière première nécessaires à la confec-tion d'articles aussi divers que la housse encuir qui revêt l'arçon de la selle de cha-meau, ou le sac de trousseau de la mariée,ou encore le seau en cuir pour puiser l'eaudes puits, sans parler des fameuses babou-ches brodées ou des gaines pour miroirportable, des étuis à kohol, ou des penden-tifs portés de part et d'autre des coiffuresféminines.

Les poils de chameau et de chèvre sontutilisés dans le tissage sur métiers horizon-taux et étroits dits à basse lisse ou verti-caux dits à haute lisse. C'est un artisanatexclusivement féminin, produisant unegrande variété de tissus : les bandesentrant dans la confection des tentes, les

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sacs à provisions, les tapis dits mergoûms,des chaussons et, surtout, toute unegamme de voiles et de châles, les fameuxbakhnoûgs que portent les femmes pardessus leur costume de tous les jours ouceux d'apparât pour les grandes circons-tances. Ce sont de véritables œuvres d'artdont la décoration révèle, en même tempsqu'un sens de l'esthétique étonnement pro-fond et subtile, une curieuse sémantiqueque ne peuvent déchiffrer que les initiés :statut de la porteuse, sa tribu d'origine, sonrang, etc.

Avec le développement du tourisme, Douza entrepris d'explorer de nouveaux hori-zons en rapport avec le secteur : excur-sions dans le Grand Sud, safaris photo,etc. qui viennent s'appuyer sur une belleinfrastructure hôtelière et des moyens decommunications très modernes.

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Le voyageur qui parcourt les routes parmiles dunes qui ondulent dans les environsdes localités du Sud saharien est souventintrigué par des haies de nervures de pal-mes qui s'alignent en arcs de cercles, plusou moins submergés par les sables : ce sontdes " barrières " destinées à stopper, ou dumoins à contrarier la progression de la merde sable qui a tendance à avancer toujoursplus loin vers le Nord, grignotant les solsdégradés et menant le Sahara aux portes dela Tunisie Centrale. C'est l'aspect le plusspectaculaire du phénomène de désertifica-tion en cours en Tunisie et dans l'ensembledu Maghreb.

Les scientifiques estiment entre 20.000 et37.000 ha les terres arables perduesannuellement en Tunisie, ce qui donne uneidée de l'ampleur de la menace qui pèse surle pays si la tendance n'est pas renverséeou, à tout le moins, ralentie. Ce phénomè

ne ne date pas d'aujourd'hui, il n'est pas non plus "congénital" : les vestiges d'habi-tations, d'installations hydrauliques etthermales du Centre et du Sud du pays, lesrelations de voyageurs des siècles passésnous parlent d'un pays verdoyant, d'uneépaisse couverture végétale, même aprèsle passage de la vague dévastatrice desHilaliens au XII ° siècle, qui ont ravagé lepays et détruit une grande partie de soninfrastructure agricole.

On situe aux lendemains de la premièreguerre mondiale le début du processus dedégradation des sols, avec l'arrivée massi-ve de colons européens dans le sillage del'instauration du protectorat français sur laTunisie en 1881. On a assisté alors à ladéforestation d'immenses superficiesreconverties en terrains agricoles au profitde ces colons et à l'occupation de prairiesou de terres en jachère. La mécanisation

LA LUTTE CONTRE LA DÉSERTIFICATION

de l'agriculture, le recours grandissant auxfertilisants chimiques ont accentué la paupérisation des sols et leur érosion.

Dès l'indépendance du pays, en 1956, lesautorités ont réagi dans le souci de stopperle phénomène. Elles ont d'abord institué lafête de l'arbre au cours de laquelle, chaqueannée, on procède au reboisement de gran-des superficies.

Puis elles ont mis en œuvre un " plan deconservation des eaux et du sol" destiné àlutter contre l'érosion éolienne ouhydrique.

Enfin, ces dernières années, un programmenational de lutte contre la désertification aété mis au point qui définit de cette actionune approche intégrée et participative, quien englobe tous les aspects et implique tou-tes les parties, non seulement les institu-tions, officielles ou civiles, mais égalementla population directement concernée.

Cette action de grande envergure vise laprévention et la réduction de la dégrada-tion des sols, la remise en état des terrespartiellement dégradées et la restaurationdes terres désertifiées, dans une perspecti-ve de développement durable.

KSAR GHILÈNE

C'est une étape incontournable sur l'itiné-raire menant du Sud-Ouest au Sud-Est. Leksar, dans le langage des populations duSud, désigne un ouvrage fortifié servant degrenier à grains ou de refuge en temps detroubles. Ksar Ghilène, lui, appartient à uneautre catégorie, celle des castella, lescamps militaires tenus et occupés par desdétachements de l'armée romaine non loinlignes défensives qui courent tout le longdu limes, frontière de l'empire.

Cette castella semble surgie du néant, surune éminence en plein désert, de toute partcaressée par les ondulations des dunes.Construit sous le règne de l'empereurCommode (fin du II° siècle), il constituaitun poste avancé, placé à la limite nord-estde l'Erg oriental. Ce poste était tenu par undétachement de la III° légion d'Auguste,une unité d'élite de l'armée romained'Afrique qui avait pour mission de contrô-ler les abords du Sahara, menacés par les

incursions des redoutables nomades dudésert. Repéré dès 1885, fouillé en 1900,cet ouvrage militaire devait être restauré àl'occasion de son occupation par les soldatsde la colonne Leclerc au cours de ladeuxième Guerre mondiale.

Un sondage effectué voici quelques décen-nies dans le voisinage de la castella a donnéjour à une émergence d'eau chaude, sourceartificielle qui a été aménagée en " berka ",bassin, et qui, depuis lors, a été utiliséepour irriguer un périmètre qui donneaujourd'hui un beau bouquet de palmiers endessous desquels poussent toute sorte defruits et légumes. Du coup, l'endroit estdevenu doublement intéressant, les visi-teurs s'y rendant en nombre, au point d'enfaire une étape touristique haut de gamme,avec un hôtel 5* aménagé avec tout leconfort …sous tentes climatisées.

LE PARC NATIONAL DE SIDITOUI

Le parc national de Sidi Toui est situé ausud de Ben Guerdane, dans le gouvernoratde Médenine. Il a été crée en 1991 et s'étendsur une superficie de 6.135 ha.

Le paysage y est caractérisé par des steppeset des formations de dunes ainsi que par lemassif montagneux de Sidi Toui qui culmi-ne à 178 m. Le climat y est particulièrementaride, la moyenne des précipitations annuel-les atteignant à peine les 100 mm. Les ventssecs et chauds (le siroco) y soufflent 40jours par an, portant les températures jus-qu'à 50°C et plus. En hiver, le thermomètrey descend jusqu'à 5 degrés.

Soumis à des conditions climatiques extrê-mes et à une surexploitation de son pâtura-ge, ce milieu a vu son écosystème menacépar la dégradation irréversible et la dispari-tion d'espèces végétales et animales autoch-tones. C'est pour sauvegarder ce patrimoineet y réintroduire les espèces déjà disparuesque le parc national de Sidi Toui a été créé.

La végétation primitive du massif de SidiToui et de ses environs était à l'origine com-posée d'acacia raddiana avec un sous-boisd'arbustes (surtout des épineux) et une stra-te herbacée dominée par les graminées.

L'acacia raddiana a disparu depuis plu-sieurs décennies et les espèces ligneusesont fortement régressé par suite d'arracha-ge pour les besoins en combustible de lapopulation.

Un programme de reboisement à based'espèces locales a commencé dans leparc par la réintroduction de l'acacia rad-diana dans les vallées et les petits ouedsdu jebel, ainsi que de diverses variétésd'arbustes et d'herbacées. Les botanistespensent que, grâce à la mise en défens dece périmètre, plus de deux cents espècesde plantes sahariennes pourront êtrerecensées dans le parc et quelques unesd'entre elles peuvent maintenant être utili-sées pour la collecte de graines afin d'enaccroître le développement dans d'autresparties du pays.

Le parc national de Sidi Toui abrite une

accompagnée par une augmentation de lafaune aviaire, indigène ou de passage , enparticulier la fameuse et rare outarde hou-bara. De même, prolifèrent dans ce parcnombre de reptiliens, de sauriens et d'a-rachnidés.

Dans le cadre de ses efforts pour réintro-duire les espèces animales fortement mena-cées ou carrément disparues, le parc aacquis auprès des zoos qui les élèvent pourles mettre à la disposition de projets deréintroduction un certain nombre d'ani-maux tels l'antilope oryx, le mouflon àmanchettes, la gazelle mhorr ou l'autrucheà cou rouge. Cette réintroduction s'effectueen plusieurs étapes, depuis l'acclimatationdans des enclos de 400 m2 jusqu'à la miseen liberté dans le parc.

Le parc Sidi Toui porte une autre dimen-sion, humaine et civilisationnelle, celle-là.Ici ont vécu, 10 000 ans en arrière, les hom-mes du néolithique qui ont laissé un peupartout sur les hauteurs des silex taillés enoutils. Et, dans l'ensemble du massif, onretrouve des vestiges d'époques antiques,berbères ou romaines, et médiévales, avecun legs arabe précoce. Plus près de nous,

faune essentiellement saharienne se com-posant d'espèces spécifiques aux différentsbiotopes du parc, tels les rochers, les sableset les steppes. L'antilope addax, le guépardet l'autruche ont disparu de cette régiondepuis la fin du XIX°siècle. La gazelledorcas est le seul ongulé qui a résisté dansla région, avec le lièvre pâle, le porc-épic,la gerboise, le goundi ou le hérisson.

L'augmentation du couvert végétal résul-tant de la mise en défens du parc a été

des hommes en quête de plénitude spiri-tuelle se sont retirés sur les hauteurs de cepérimètre et s'y sont livrés à la prière et à laméditation et leur rayonnement fut telqu'ils ont drainé vers eux les fidèles quicontinuent jusqu'à ce jour à honorer leursouvenir en venant par dizaines de milliers,du sud tunisien, d'Algérie ou de Libye, enpèlerinage de l'un ou l'autre des 14 sanc-tuaires répartis dans le parc et abritant lesrestes de ces pieux personnages.

Tout désertique qu'il soit, le parc nationalde Sidi Toui est assurément l'un des plusgénéreux de Tunisie.

JERBA - ZARZIS

C'est cette île mythique où " l'air est si douxqu'il empêche de mourir ", comme disaitles Anciens ; c'est l'île des lotophages, ceshommes qui se nourrissaient de fleurs. Pardelà les stéréotypes, Jerba demeure unmilieu au climat exceptionnellement doux,tempéré en toute saison.

L'antique Méninx apparaît dans l'histoireavec l'installation de comptoirs carthagi-nois sur l'île pour développer les échangesentre les deux bassins de la Méditerranée.De là semble provenir la vocation de seshabitants qui sont devenus parmi les plushabiles commerçants de toute la régionméditerranéenne.

Dans l'Antiquité, le murex, coquillage donton extrayait la pourpre, faisait la fortune del'île ; depuis, se sont développées deux acti-vités majeures qui ont contribué au main-tien de la vie économique sur l'île : la pote-rie, dont le centre se situe dans la localitéde Guellala et qui était exportée un peu par-tout sur le continent et le tissage de la laineet de la soie qui était fort réputé et deman-dé en Tunisie et au-delà.

Les palmiers donnent à l'île des airs poly-nésiens en pleine Méditerranée, mais lepaysage jerbien se caractérise égalementpar ses menzels, ces résidences fortifiéesinstallées en rase campagne.L'architecture, généralement massive ettrapue, se distingue par sa sobriété et lapureté de ses lignes. Il n'en fut pas toujoursainsi. Le dépouillement, l'austérité mêmede ce style -qui n'empêche pas sa grandeélégance- est la matérialisation d'unevision spirituelle rigoriste, celle duKharjisme, schisme médiéval venu consa-crer la différence entre la populationautochtone, de souche berbère, et celledominante à l'échelle du pays et duMaghreb, sunnite d'origine arabe ou arabi-sée.

Car Jerba, comme le reste du pays, a ététour à tour romanisée puis arabisée. De lapériode antique, elle a gardé relativementpeu de choses : les vestiges de la cité deMéninx, les mausolées lybico-puniques deHenchir Bourgou ou la fameuse chausséeromaine qui relie l'île au continent, du côtéde Zarziz.

Vers la même époque, une importante com-munauté juive s'installa dans l'île où elledéveloppa, en particulier, l'artisanat de labijouterie. Cet événement est matérialisépar la Ghriba, une synagoque dont la fon-dation remonterait au 1ier siècle après laprise de Jérusalem par les troupes de l'em-pereur romainTitus.

L'île connut aussi la domination vandale,puis byzantine. Après sa conquête par lesArabes, Jerba devint un lieu de confronta-tion permanente entre puissances musul-manes et celles chrétiennes en lutte pour lasuprématie sur la navigation enMéditerranée. De là l'érection de bastionsen front de mer : borj Ghazi Mustapha, borjKarsil, etc. qui rappellent le passage desNormands, des Espagnols et de Turcs.

Ile multi-raciale aux XIX° et XX° sièclesavec les communautés turque, grecque, ita-lienne, française et autochtone (berbères,arabes et juifs), Jerba retrouve aujourd'huicette caractéristique par un développementremarquable du tourisme qui draine verselle des visiteurs de toutes les nationalitéseuropéennes et autres.

La péninsule de Zarzis s'accommode maldu cliché d'un Sud aride et désertique.Baignée par la mer sur ses deux flancs, cetéperon orienté vers l'île de Jerba recueillele plus fort taux d'humidité dans la région,

renforcé par l'apport de puits artésiens et degrandes citernes.

Le paysage est riant ici, parsemé de floris-santes plantations de palmiers et d'oliviers(la région est le principal producteur d'oli-ves dans la région et figure dans le pelotonde tête de tout le pays).

La population, -les Akkaras, est dit-on ori-ginaire du sud du Maroc. Elle est venues'installer ici au XVI° siècle, sur les ruinesd'une cité antique : Zitha.

Les ruines de l'antique Zitha se situent aunord-ouest de l'actuel chef-lieu de larégion. Elles remontent à l'époque puniqueet, principalement, à l'époque romaine. Dela première, on a surtout hérité de stèles etd'inscriptions. De la période suivante, on arecueilli de nombreuses statues en marbre,un abondant mobilier funéraire et les vesti-ges des monuments qui font la parure desvilles antiques d'époque romaine : forum,temples, basilique judiciaire, etc.

Le musée de la ville, récemment aménagé,recueille toutes ces trouvailles mais ne selimite pas à la seule Antiquité puisqu'uneaile très importante a été consacrée augenre de vie traditionnel de la région : agri-culture, vie domestique, artisanat, tradi-tions, etc.