la thiérache : dossier spécial neige

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Le réseau routier dans le département littéralement bloqué Les naufragés du réveillon de Noël Ils ont été des centaines à trouver refuge dans des salles des fêtes ou chez des particuliers. Bloqués par les congères et par des bouchons, les automobilistes ont pris leur mal en patience. O n ne compte plus les témoignages de ceux qui ont passé le réveillon de Noël, dans le meilleur des cas, chez des voisins, ou dans une salle des fêtes, et dans le pire de cas, prisonniers dans une congère. Pris au piège, certains automobilistes ne doivent leur salut qu’à l’in- tervention d’agriculteurs consciencieux. Beaucoup d’automobilistes nous ont fait part de leur par- cours. 27 heures pour venir de Guise Partie de son travail à Saint-Quentin vers 17 h 30 jeudi 23 décembre, la jeune femme a été stop- pée à Homblières où elle a dû passer la nuit. Redirigée vers Lesdins le lendemain matin elle est à nouveau bloquée, la route de Fresnoy-le-Grand est fermée. D’hébergements provisoires en abris de fortune, elle désespère. Redirigée vers Saint-Quentin, elle tente de regagner Guise en contournant les obstacles par les routes restées ouvertes ou partiellement dégagées. Arrivée à Cam- brai, elle regagnera finalement et péniblement Guise par le nord-est, vendredi vers 20 heures, soit 27 heures après avoir quitté son travail. Hébergés au cinéma avant de trouver un hôtel Venant de Lille où ils avaient passé le réveillon en famille, un couple de retraités, anciens guisards résidant à Saint-Quentin, se retrouve bloqué à Guise, samedi en début de soirée. La route de Saint-Quentin était fermée par des barrières surveillées par la gendarmerie. Les nombreuses congères rendaient la route impraticable. Redirigés vers Laon, les retraités abandonnent l’idée de regagner Saint-Quentin par cette voie, la route par Marle n’étant pas vraiment praticable, et par Crécy-sur-Serre non-plus. La peur de rester coincés en rase campagne les incite à regagner Guise où tout est fermé. Vers 21 h 30, faute de mieux ils décident de passer deux heures au chaud au cinéma, pour la séance du soir : « ce sera toujours ça de pris, après on verra! ». Prévenu par le gérant du cinéma, Hugues Cochet, maire de Guise, a prévenu le propriétaire du seul hôtel de la ville qui a accueilli les nau- fragés, leur évitant de passer la nuit dans leur véhicule par une température de moins 8°. Matthieu et Nadège « Un grand merci à ceux qui nous ont accueillis à la salle dojo de Bohain.C’était franchement “super bien’’, à part que mes enfants me manquaient énormément si- non impec… ». Gaëlle Beaurain « Un grand merci à la Croix Rouge de Saint-Quentin, ils nous ont super accueilli, bra- vo à eux .Là, nous voilà ren- trés sur Hannapes ». Thibaut Larzillière « Jeudi 23 décembre, je me suis retrouvé bloqué pen- dant 6h30 pour faire Saint- Quentin/Thiernu ». À Marle, les naufragés de la route ont été accueillis en urgence par des bénévoles à la salle des fêtes Simone Signoret Des bénévoles et le personnel communal étaient aux petits soins pour les naufragés de la route à Marle À Haution, voici un exemple de voiture prise dans les congères. Sur certaines routes, on ne voyait même plus les véhicules abandonnés notamment à Voulpaix ou sur la route de Marfontaine Les chauffeurs routiers forcés et contraints de stationner ont été déviés sur les parkings de l’ancienne sucrerie à Marle Des routiers et des voyageurs stoppés à Marle Carrément rendus impraticables par les congères, tant au niveau de la RN2 que sur les routes départementales et communales, les autorités ont préféré interdire la circulation vers nombre de petits villages étant devenus quasiment inaccessibles. C'est ainsi que la RN2 au niveau du rond- point de la grenouille a été coupée, l'accès à Vervins et à Guise étant devenus impossibles. Des dizaines de poids lourds ont été invités à se stationner sur les divers parkings de la ville basse. Entre Marle et Laon, la portion à “ deux fois deux voies’’ a été en partie submergée par la neige, rendant le passage automobile très délicat, des congères se formant aussi sur les plateaux vers Verneuil-sur-Serre. A l'arrivée au rond-point de Marle, des dizaines d'automobilistes arrivant de la région parisienne ou de départements du sud de la France afin de passer le réveillon de Noël en famille, sont parfois parvenus à quelques dizaines de kilomètres de leur objectif mais ont été stoppés et invités à se rendre à la salle des fêtes du chef-lieu de canton où un centre d'accueil avait été organisé dans l'urgence. Ils ont été chaleureusement reçus par les autorités locales avec un réconfortant repas. La nuit dans les congères à La Neuville-Housset Le périple des automobilistes se poursuit cette fois sur la route de Marle - Guise. Pris en pleine tempête de vent et devant la rapide formation des congères, un couple de Hollandais s’est re- trouvé coincé puis enseveli par la neige en quelques heures. Ils ont passé la nuit à attendre la venue d’un agriculteur, littéralement débordé. Après un long et pénible travail de déneigement, le couple néerlandais, hébergé en urgence dans le village, n’avait toujours pas pu reprendre la route, ce dimanche 26 décembre. Bloqués dans les congères avec un bébé de deux semaines Un jeune couple, parti de Nanterre, pour réveillonner en Famille à Féronval, et ayant roulé tou- te la nuit en pleine tempête, s’est retrouvé bloqué dans les congères à Fontaine-les-Vervins. Pa- niqués à l’idée de rester dans leur voiture avec un bébé de deux semaines, les parents ont aussitôt appelé les secours. Les pompiers de Vervins ont fait le maximum pour déblayer la voiture. Les naufragés ont ensuite été accueillis par le personnel communal à l’Hôtel de ville. Les routes étant complètement bloquées à Féronval, le couple est donc reparti le 25 décembre à Nanterre. 3 Région Aisne - 30 décembre 2010 www.la-thierache.fr Neige en Thiérache NEIGE TCHE 1 relue_LOCALE 4x2 29/12/10 08:59 Page1

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Page 1: La Thiérache : dossier spécial neige

Le réseau routier dans le département littéralement bloqué

Les naufragés du réveillon de NoëlIls ont été des centaines à trouver refuge dans des salles des fêtes ou chez des particuliers. Bloquéspar les congères et par des bouchons, les automobilistes ont pris leur mal en patience.

On ne compte plus les témoignages de ceux qui ont passé le réveillon de Noël, dans le meilleurdes cas, chez des voisins, ou dans une salle des fêtes, et dans le pire de cas, prisonniersdans une congère. Pris au piège, certains automobilistes ne doivent leur salut qu’à l’in-

tervention d’agriculteurs consciencieux. Beaucoup d’automobilistes nous ont fait part de leur par-cours.

27 heures pour venir de GuisePartie de son travail à Saint-Quentin vers 17h30 jeudi 23 décembre, la jeune femme a été stop-pée à Homblières où elle a dû passer la nuit. Redirigée vers Lesdins le lendemain matin elle est à nouveau bloquée, la route deFresnoy-le-Grand est fermée. D’hébergements provisoires en abris de fortune, elle désespère. Redirigée vers Saint-Quentin, elletente de regagner Guise en contournant les obstacles par les routes restées ouvertes ou partiellement dégagées. Arrivée à Cam-brai, elle regagnera finalement et péniblement Guise par le nord-est, vendredi vers 20 heures, soit 27 heures après avoir quittéson travail.

Hébergés au cinéma avantde trouver un hôtelVenant de Lille où ils avaient passé le réveillon en famille, un couple de retraités, anciens guisards résidant à Saint-Quentin, seretrouve bloqué à Guise, samedi en début de soirée. La route de Saint-Quentin était fermée par des barrières surveillées par lagendarmerie. Les nombreuses congères rendaient la route impraticable. Redirigés vers Laon, les retraités abandonnent l’idéede regagner Saint-Quentin par cette voie, la route par Marle n’étant pas vraiment praticable, et par Crécy-sur-Serre non-plus. Lapeur de rester coincés en rase campagne les incite à regagner Guise où tout est fermé. Vers 21h30, faute de mieux ils décidentde passer deux heures au chaud au cinéma, pour la séance du soir : « ce sera toujours ça de pris, après on verra! ». Prévenupar le gérant du cinéma, Hugues Cochet, maire de Guise, a prévenu le propriétaire du seul hôtel de la ville qui a accueilli les nau-fragés, leur évitant de passer la nuit dans leur véhicule par une température de moins 8°.

Matthieu et Nadège■ « Un grand merci à ceuxqui nous ont accueillis à lasalle dojo de Bohain.C’étaitfranchement “super bien’’,à part que mes enfants memanquaient énormément si-non impec… ».

Gaëlle Beaurain■ « Un grand merci à la CroixRouge de Saint-Quentin, ilsnous ont super accueilli, bra-vo à eux .Là, nous voilà ren-trés sur Hannapes ».

Thibaut Larzillière■ « Jeudi 23 décembre, je mesuis retrouvé bloqué pen-dant 6h30 pour faire Saint-Quentin/Thiernu ».

À Marle, les naufragés de la route ont été accueillis en urgence par des bénévolesà la salle des fêtes Simone Signoret

Des bénévoles et le personnel communal étaient aux petits soinspour les naufragés de la route à Marle

À Haution, voici un exemple de voiture prise dans lescongères. Sur certaines routes, on ne voyait même plus

les véhicules abandonnés notamment à Voulpaixou sur la route de Marfontaine

Les chauffeurs routiers forcés et contraints de stationneront été déviés sur les parkings de l’ancienne sucrerie à Marle

Des routiers et des voyageursstoppés à MarleCarrément rendus impraticables par les congères, tant au niveau de la RN2 que sur les routesdépartementales et communales, les autorités ont préféré interdire la circulation vers nombre depetits villages étant devenus quasiment inaccessibles. C'est ainsi que la RN2 au niveau du rond-point de la grenouille a été coupée, l'accès à Vervins et à Guise étant devenus impossibles. Desdizaines de poids lourds ont été invités à se stationner sur les divers parkings de la ville basse.Entre Marle et Laon, la portion à “ deux fois deux voies’’ a été en partie submergée par la neige,rendant le passage automobile très délicat, des congères se formant aussi sur les plateaux versVerneuil-sur-Serre. A l'arrivée au rond-point de Marle, des dizaines d'automobilistes arrivant dela région parisienne ou de départements du sud de la France afin de passer le réveillon de Noëlen famille, sont parfois parvenus à quelques dizaines de kilomètres de leur objectif mais ont étéstoppés et invités à se rendre à la salle des fêtes du chef-lieu de canton où un centre d'accueilavait été organisé dans l'urgence. Ils ont été chaleureusement reçus par les autorités localesavec un réconfortant repas.

La nuit dans les congèresà La Neuville-HoussetLe périple des automobilistes se poursuit cette fois sur la route de Marle - Guise. Pris en pleinetempête de vent et devant la rapide formation des congères, un couple de Hollandais s’est re-trouvé coincé puis enseveli par la neige en quelques heures. Ils ont passé la nuit à attendre lavenue d’un agriculteur, littéralement débordé. Après un long et pénible travail de déneigement,le couple néerlandais, hébergé en urgence dans le village, n’avait toujours pas pu reprendre laroute, ce dimanche 26 décembre.

Bloqués dans les congères avec un bébé de deux semainesUn jeune couple, parti de Nanterre, pour réveillonner en Famille à Féronval, et ayant roulé tou-te la nuit en pleine tempête, s’est retrouvé bloqué dans les congères à Fontaine-les-Vervins. Pa-niqués à l’idée de rester dans leur voiture avec un bébé de deux semaines, les parents ont aussitôtappelé les secours. Les pompiers de Vervins ont fait le maximum pour déblayer la voiture. Lesnaufragés ont ensuite été accueillis par le personnel communal à l’Hôtel de ville. Les routes étantcomplètement bloquées à Féronval, le couple est donc reparti le 25 décembre à Nanterre.

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Neige en Thiérache

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Boué ‰Onze heures de route

« On se souviendra de Noël 2010 »

n Ce couple de Bohain dont la fille, Amandine, était en va-cances dans de la famille proche à Boué, ne s'imaginait pasvivre un véritable calvaire sur les routes. En temps ordinaire ilfaut 45 minutes de route pour effectuer le trajet Bohain-Boué,long de 42 km. Patrick et Sylvie Henoux ont mis 11 heures àvenir ce vendredi 24 décembre.

Seboncourt, Homblières…toutes les routes étaient bloquéesLeur périple a commencé vendredi après-midi. Jour de réveillonet comme des millions français, Patrick et Sylvie Henoux, in-vités à partager un repas en famille, prennent la route vers16 h 15 et se réjouissent déjà de se reposer en famille et au-près de leur fille. Les ennuis commencent vers Wassigny. Toutesles voies sont bloquées, le couple fait alors demi-tour pourprendre la direction de Seboncourt, Fieulaine, Fontaine-Notre-Dame afin de rejoindre Homblières." On est resté bloqué 1 heure dans la neige, des tracteurs nousont sortis deux fois des congères, alors on a préféré rentrerchez nous ". Une décision raisonnable compte tenu des condi-tions de circulation et de la pagaille qui en résultera. Patricket Sylvie Henoux, tentent le lendemain la même expédition.Ils partent à 10 heures de Bohain et essaient de rejoindre Vaux-Andigny par Busigny. Impossible. La route est bloquée à la Val-lée-Mûlatre. Demi tour droit et direction Saint-Quentin pouressayer d’arriver à Guise puis à Etreux. Arrivé à Homblières, lecouple est stoppé par les gendarmes. Les militaires conseillentalors de passer par Moy-de-l’Aisne, Sery-les-Mézières. Encoreun blocage, cette fois-ci à Origny-Sainte-Benoîte. Le Père Noëlne passera pas encore ce samedi 25 décembre. Le lendemain,les époux Henoux tentent encore leur chance. « Impossible depasser par Wassigny, c'était le désert… Nous reprenons la rou-te de Lesdins, Homblières, Etreux et là c'est débloqué. On sesouviendra de ce Noël 2010, ce fut un drôle de Noël… C'estinadmissible, parfois on était en convoi de 50 voitures, on rou-lait cent mètres et ensuite pendant plus de trente minutes onstationnait dans le froid et le vent ».

Jeudi 23 décembre cinq per-sonnes originaires de Co-lonfay ont vécu une soirée

cauchemardesque. Noëlle Be-ghin accompagné de sonépoux Bernard, son fils Ben-jamin, sa fille Ophélie, qui esthandicapée et sa belle-fille Vir-ginie, enceinte sont restés blo-qués pendant plus de troisheures sous une épaissecongère. Trois heures qui ontparu interminables et surtoutangoissantes sur cette route,rue de la Gare sur la commu-ne de Puisieux-Et-Clanlieu.Tous sont sortis indemnes,mais choqués, grâce à l’inter-vention d’un ouvrier agricole,Yannick Dutant.

La routeinterdite

après leurpassage

Noëlle Beghin a le sourire au-jourd’hui mais dans la nuit du23 au 24 décembre, elle a cruau pire. Elle nous raconte sonhistoire: « Nous avons quitténotre domicile avec mon marià 12h30 pour aller  cherchermon fils et ma belle-fille à Mont-cornet, puis ma fille handica-pée à Vervins. Lorsqu’on a vucette  averse  neigeuse,  on  apréféré prendre une route plussûre en direction de Marle pourrattraper  Le Hérie-la-Vieville,on a ensuite voulu prendre laroute de Puisieux-et-Clanlieuau carrefour de la Désolationqui  porte  vraiment  bien  sonnom ».Noëlle Beghin poursuit : «Descongères de plus d’un mètrede hauteur commençaient à seformer, on a vu des voitures endifficulté tractées par des en-gins  agricoles.  Un  embou-teillage  a  commencer  à  seformer ». À cet instant, Noëlle

Beghin, ignore que les autori-tés ont décidé de fermer à lacirculation tous les véhiculesdans l’axe Marle - Guise(D946).«Nous avons malgré tout réus-si à sortir d’Audigny avec biendu mal. Mais sur la route pourrejoindre Puisieux-Et-Clanlieu,c’était la catastrophe. On s’estretrouvé  bloqué.  Une  jeunefemme  de Wiége-Faty  justedevant nous avec un petit gar-çon  de  5  ans,  était  bloquéeaussi. Un homme s’est retrou-vé également bloqué. Celui-cia appelé un de ses amis agri-culteurs à Colonfay ».C’est finalement Yannick Du-tant qui arrive à leur secours.À bord du tracteur, le jeunehomme a réalisé plusieursvoyages dans les congèrespour ramener ces personnes

à leur domicile.

J’avais peurd’accoucher

sur place

Après cet épisode, la familleest arrivée à bon port vers22 heures. « On était heureuxde rentrer grâce à ce brave jeu-ne homme qui nous a sauvés,sans  lui  on  aurait  pu  dormirdans le froid ». À sa belle-filled’ajouter : « J’avais  peur  dedéclencher  mon  accouche-ment, je ne sais pas commenton aurait fait ».Tous rentrés à bon port saufpour Noëlle Beghin, restée surplace avec Yannick Dutantpour continuer de secourir lesautres automobilistes et celajusqu’à 3 heures du matin.Forcément le soir du réveillon,

Noëlle Beghin, qui attendaitune douzaine de convives, apassé le réveillon avec sonépoux, son fils, sa belle-fille etsa fille. «Nous avons passé debons moments à rire de cettemésaventure. Le maire, JeanThiébaut est même venu nousvoir  pour  savoir  si  on  allaitbien » conclut la naufragée.Un seul hic à cette belle histoirele coup-de-gueulle d’un agri-culteur mécontent d’avoir vul’ouvrier agricole traverser sonchamp. Il est vrai qu’avec plusd’un mètre de congère, les ré-coltes n’ont pratiquement pasété endommagées.

De notre correspondantlocal de presse.

La famille Beghin préfère en rire aujourd’hui mais cette nuitdu 23 au 24 décembre, prisonnière dans les congères, elle a eu très peur

L’ouvrier agricole, Yannick Dutant, qui a réussi comme denombreux agriculteurs à sortir ces naufragés de la neige

Trois tentatives pendant trois jours pour faire Bohain - Boué

4La Thiérache - 30 décembre 2010

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Neige en Thiérache

Colonfay/Puisieux ‰ Ils racontent leur périple

Une famille enseveliesous la neigeLa famille Beghin a vécu des heures d’angoisse. Leur voiture s’estlittéralement retrouvée bloquée sous d’énormes congères.

Livraison retardée ‰ Les facteurs font leur maximum

Plus de 8 jours sans courrierTributaire de l’état des routes,les services de La Poste ontbien du mal à faire face à cet-te situation exceptionnelle eton le comprend. Les villagesdont certains étaient encorecoupés du monde il y a, à pei-ne, douze heures, sont tou-jours difficilement accessiblespar le facteur et cela même envoiture.

Les plate-formesplus alimentéesCe n’est pas principalement laneige qui a empêché le fac-teur de venir mais l’interdictionde circulation des poidslourds. La direction régionalenous a ainsi expliqué que leproblème était en amont.« Nous avons subi une fortesemaine de perturbations no-tamment avec des problèmesd’alimentation  des  plate-formes en amont à cause del’interdiction de circulation des

poids lourds. Nous continuonsde poursuivre notre missionde  service  public.  Les  fac-teurs  de  la  plate-forme  deGuise ont même pris des vé-hicules  ce  matin  pour  serendre à Saint-Quentin et dis-

tribuer le courrier. On estimedeux à trois jours, le temps né-cessaire pour revenir à une si-tuation normale si la météo lepermet ».

D.H.

Dans les Ardennes cette factrice a réalisésa tournée avec une brouette

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Sans eux, la Thiérache et notamment les villages seraient encore coupés du monde et d’ailleursle préfet de l’Aisne, Pierre Bayle l’a remarqué. Depuis le 23 décembre, les agriculteurs del’Aisne n’ont pas compté les heures passées à déneiger les routes, à créer des voies d’ac-

cès, à sauver des automobilistes et ils ont probablement sauvé des vies. Ils sont nombreux àavoir mis le réveillon de Noël de côté pour permettre aux villageois de sortir ou en tout cas derecevoir des secours. Ils n’ont pas compté leur temps, ni leur argent, car pour nourrir les énormesengins, les agriculteurs ont dû faire plusieurs passages à la pompe.

Les trois irréductibles agriculteursÀ Sorbais, l’un des derniers villages isolés, les quatre habitants du hameau de Sartel d’eau ontété soulagés et émus de voir trois agriculteurs, Jean-Luc Morlain, Éric Parent et Bruno Char-pentier venir dégager une route. Le chemin, long de trois kilomètres, fut particulièrement péniblepour braver les congères de plus 1 m 50.

Trois exploitants de Grandrieux libèrent la D977Dans l’après-midi du vendredi 24, la neige poussée par le vent du nord recouvre progressive-ment la grand’route reliant Rozoy-Brunehamel. À 15h30, un poids lourd et sa remorque bloquentla chaussée à mi-côte à la sortie de Rozoy. Avec leur téléphone portable, Hervé et Vincent Nice,agriculteurs à Grandrieux qui avaient déjà pris en charge le déneigement de la route font appelà leur collègue Max Godet pour venir en aide au chauffeur routier. Son tracteur a lentement tiréle long véhicule qui a pu reprendre sa route vers la Belgique. « Tous les trois participent au dé-neigement des rues de Grandrieux et des accès à Résigny et à Mainbresson. Ils totalisent déjàchacun trois journées pour ce travail. Aujourd’hui, ils ont commencé à 9 heures après la traite dumatin. Ils ont aidé l’infirmière à se rendre chez un particulier pour une dialyse. Heureusementqu’ils sont là car nous serions bloqués », déclarait Daniel Favette, 1er adjoint au maire de Gran-drieux.

Périple sur la D1029: la circulation rétabliegrâce aux tracteursL’axe principal de circulation Nord Sud autour de Guise était qua-siment impraticable vendredi 24 décembre dans l’après-midi.Ceux qui devaient impérativement l’emprunter, pour quelque rai-son que ce soit, ont pu arriver à bon port grâce aux agriculteurs.La sortie de Guise sur cette route n’invitait guère au voyage. Dèsla première commune, Villers-lès-Guise, à 5 km, la circulationne se faisait que sur une voie et les nombreuses congères luidonnaient un aspect de grand Nord canadien. Sans relâche, du-rant tout l’après-midi, des engins agricoles ont œuvré pour dé-blayer les amas de neige encombrant la route. Le vent lesreconstituant au bout de quelque temps, cette tâche devenaitparticulièrement ingrate. La solidarité des automobilistes a éga-lement permis de remettre « sur la bonne voie » quelques vé-hicules en perdition.

Autremencourt: un réveillon passé à dégager les routesDeux agriculteurs locaux n’ont eu de cesse que de dégager lesrues du village, ils ont passé une partie de leur réveillon à es-sayer de minimiser les congères qui se formaient à cause duvent, et à dégager les véhicules qui restaient bloqués. « Sansle dévouement des agriculteurs, levillage  était  totalement  coupé  dumonde », lançait un habitant.

Pères Noël mécaniquesà Clermont-les-FermesLa scène se déroule le 25 décembre,en matinée, dans le triangle Mont-cornet-Chaourse-Clermont-les-Fermes. On ne passait pas par lafaute des congères sur le plateau.Heureusement, des engins de rou-ge vêtus, coiffés de blanc, à la hot-te télescopique, ont ouvert le chenalà des automobilistes isolés et perdusdans ce désert de flocons.

L’infirmière faitsa tournée en tracteurC’est une première depuis 31 ans,ce jeudi 23 décembre, Claire Lesa-ge, infirmière à domicile, a réalisé satournée en tracteur. Bloquée au ni-veau de Puisieux-et-Clanlieu et à Au-digny, cette dernière a réquisitionnéson mari pour visiter ses patients entracteur. « J’avais 1h30 de retard,tous mes patients ont été visités. De-puis 31 ans que je travaille c’est lapremière fois que je fais ma tournéesur un tracteur, un véhicule pas trèsconfortable,  on  est  peu  bousculédans  tous  les sens, mais cela dé-panne bien et surtout on passe par-tout ».

À Clermont-les-Fermes, les Pères Noël c’étaient les agriculteurs

À Audigny, l’infirmière a terminé sa tournée en tracteur

À Guise, sur la D1029, les exploitants ont secourude nombreux automobilistes

À Grandrieux, les tracteurs ont permis de débourberun camion et d’éviter ainsi un blocage

5La Thiérache - 30 décembre 2010

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Neige en Thiérache

Sur la brèche comme jamais

« Merci aux agriculteurs »Sans l’action spontanée et continue des agriculteurs, même pendant le réveillon, la circulation ne seraittoujours pas rétablie. Les automobilistes, habitants, autorités sont extrêmement reconnaissants.

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Laurent Bazin, agriculteur à Flavigny-le-Grand

1 200 euros de perte

Jeter à l’égout 7600 litres delait représente pour Jean-Marie Splingard, agriculteur

de Saint-Michel, une pertesèche de 2633 € ! Quel joyeuxNoël !Ce geste est le résultat desfortes chutes de neige et de l’in-terdiction de circulation auxpoids-lourds de plus de 7,5 t.Les laitiers ont été, en effet, par-mi les usagers de la route pé-nalisés par ces arrêtéspréfectoraux répétés. Et enconséquence, bon nombre deproducteurs de lait ont étécontraints de stocker leur laitplus longtemps, puis d’en jeter. Jean-Marie Splingard, agricul-teur installé dans le hameaudes Vallées à Saint-Michel fi-gure parmi ces victimes. Tous les trois jours (au lieu dedeux autrefois), son laitier, M.Israël de Montcornet, vient luichercher son lait. La dernièrecollecte a eu lieu le 16 dé-cembre. Théoriquement, la col-lecte suivante devait donc avoirlieu le dimanche 19. Mais lesabondantes chutes de neigeont bloqué le transporteur. Unpremier arrêté préfectoral luiinterdisait depuis la veille de cir-culer.

Le laitier immobilisé

à Boué

Le lundi 20 décembre, Jean-Marie Splingard a été contraintde jeter les 2600 litres de sontank ainsi que le contenu d’unecuve. Mercredi 22, le laitier étaità nouveau immobilisé, à Boué.« Certains producteurs peu-vent s’en sortir un peu mieuxavec des tanks à lait plusgrands commente M. Splin-gard. Mais d’autres, commemoi, n’avons pas de chance. Enplus, c’est une période où lesvaches produisent davanta-ge...». Mais là n’est pas tout !Jeudi 24, la neige s’est à nou-veau abattue sur la Thiéracheet un nouvel arrêté de circula-tion a été pris par le préfet. M.Splingard a donc stocké 2600litres dans le tank et 2000 litres

dans deux cuves à eau. Suiteà un entretien téléphoniqueavec le président de la coopé-rative LAITNAA, le producteursaint-michellois a vidé à contre-cœur son lait dans les égouts...L’un de ses voisins, lui aussiproducteur de lait, a été obligélui aussi de jeter du lait car sontransporteur était bloqué àAuge. Excédé, Jean-MarieSplingard a contacté les ser-vices de la préfecture le lundi20 décembre afin de tenter detrouver une solution. « Unefemme nous a répondu qu’ilne fallait tout de même pascroire que l’Etat allait nous rem-bourser ces pertes ! » s’insur-ge Mme Splingard. Finalement,l’interlocutrice leur a suggéréd’adresser une lettre au préfet.Ce qui a été fait illico presto.Mais ce lundi 27 décembre,aucune réponse n’était encorearrivée dans la boîte aux lettresde M. et Mme Splingard. « Il estplus facile d’interdire aux poids-lourds de circuler que d’empê-cher des gens du voyage des’installer illégalement dansune prairie ! » ajoute MmeSplingard, faisant allusion àl’arrivée d’une centaine de ca-ravanes cette année dans uneprairie leur appartenant à Hir-son. « C’est un comble de de-voir jeter du lait alors qu’avecles quotas, on nous l’interdit !» lâche Jean-Marie Splingard,écœuré. Il faut dire que c’est lapremière fois en cinquante ansqu’il voit cela... Son exploitationcomprend 35 laitières, les-quelles représentent environles 3/4 de ses revenus (avec ensupplément un peu de blé et deviande). Alors que les produc-teurs de lait sortent tout justed’une sévère période de crise,la neige et ces interdictions decirculation pénalisent à nou-veau la profession. Finalement, le laitier est venuchez M. Splingard ce mardiaprès-midi. «Ça commence àrentrer dans l’ordre.» conclut leproducteur de lait.

B. Taquet

Jean-Marie Splingard est installé dans le hameau desVallées à Saint-Michel

Syndicat des agriculteurs

Une possiblemutualisation des pertesn Interrogé ce mardi matin, le président de l’Union syndicaledes agriculteurs de l’Aisne (U.S.A.A.) Olivier Dauger expliqueavoir négocié pour la levée de l’interdiction de circuler afin dene pas pénaliser les agriculteurs du département. « Globale-ment, nous avons réussi à lever les interdictions, mais avecdes décalages explique-t-il. Il faut aussi tenir compte des condi-tions de circulation très difficiles ». La semaine dernière, « l’in-terdiction a duré 24 heures de trop » ajoute M. Dauger. Maisdepuis, les laitiers et les transporteurs d’aliments pour animauxont l’autorisation de rouler. « La préfecture a assez vite com-pris que les laitiers ne sont pas gênants » précise le présidentde l’U.S.A.A.Il n’en demeure pas moins que le bilan risque d’être lourd. «Nous sommes en train d’établir un premier bilan, mais nouspensons que nous aurons entre 1,5 et 2 millions de litres delait perdus, estime Olivier Dauger. Un deuxième bilan sera réa-lisé début janvier ».Quant à une éventuelle indemnisation, celle-ci ne sera pas of-ferte par les assureurs. « Nous étudions une forme de mu-tualisation entre les agriculteurs » annonce-t-on à l’U.S.A.A. Enfin,le fait de jeter de telles quantités de lait dans les égouts « re-présente aussi un problème écologique, renchérit M. Dauger.Car il s’agit d’un produit très gras et donc pas tout à fait ano-din...».

B.T.

Malgré leur bonne volontépour déneiger les routes lesagriculteurs ne sont pas épar-gnés par les intempéries. Et ouidepuis maintenant une se-maine, certains ont du jeterleur production de lait. Sur lacommune de Flavigny-le-Grand nous avons rencontréLaurent Bazin. Après avoir ef-fectué six traites pendant troisjours, Laurent Bazin a du jeterles 4000 litres de lait dans unefosse, car le camion citernede la laiterie du Nouvion-en-Thiérache n’a pas pu venir.

Pour ce producteur, la pertes’élève à 1200€. Le producteurlaitier s’est donc informé au-près du Nouvion pour savoir s’ilpouvait obetnir une indemni-sation. Il semblerait que le sortdes agriculteurs soit entre lesmains de la préfecture et desassureurs.

L’éleveur a déjà jeté 4 000 litres de lait

Etreux ‰ Coopérative Céréna

Le hangar s’écroule sousle poids de la neige

n La bâtiment situé rue de la gare était impressionnant parsa taille, son écroulement le fut aussi. Dans la nuit du cimanche19 au lundi 20 décembre, cet hangar de la coopérative Céré-na s’est complètement écroulé sous le poids de la neige. Lesdégâts sont colossaux, tout est en ruine. Fort heureusement,cet incident n’a fait aucun blessé. D’après Benoît Moreau, res-ponsable de la coopérative, il n’y avait rien de spécifique sousce hangar : « On a fait intervenir une entreprise pour protégerle site et achever la démolition afin de ne pas endommagerles habitations voisines ».

D.H.

Wiege-Faty ‰Hangar écroulé

Le bétail miraculé

n Jeudi matin, le couple d'agriculteurs Guy et Yvonne Deberghont eu une désagréable surprise. C'est en allant traire que Yvon-ne Debergh a découvert une partie d'un de ses hangars écrou-lés. En effet avec le poids de la neige la toiture du bâtiment,tout juste rénové de la précédente, s’est effondré alors queles bêtes étaient à l’intérieur. L'exploitant a retiré le bétail duhangar en attendant les réparations.

Il ne reste plus rien de cet immense hangar

Le hangar venait tout juste d’être réparé

6La Thiérache - 30 décembre 2010

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Neige en Thiérache

Jean-Marie Splingard, agriculteur de Saint-Michel

« J’ai été obligé de jeter7600 litres de lait ! »A cause de l’interdiction de circulation qui concerne les poids-lourds de plus de 7,5 tonnes, les laitiers sont immobilisés.

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Il n’y a guère que les enfants qui se sont réjouisde ce désastreux épisode

À Remies, le maire, Bernard Collet, a carrément pris les choses en main

Les chevreuils aussi ont galéré dans la neige A Grandrieux Jérémy Pécheux a réalisé un iglooEn direction de Marfontaine depuis Chevennes,

il n’y a plus de route

Haution, coupé du monde Recensement des voies accessibles à Chevennes

Les pompiers ont parfois eu bien du mal à intervenirSur la route de Montcornet, les automobilistes étaient solidaires

Les congères d’une hauteur vertigineuse

7La Thiérache - 30 décembre 2010

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Neige en Thiérache

On se souviendra de Noël 2010

Bienvenue en enfer!Les routes lors du réveillon de Noël et ce week-end se sont transformées en un véritable parcours ducombattant. Certaines ont même disparu sous des congères impressionnantes.

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Aisne ‰ Interdiction de circulation

Plus de 200 camionsbloqués dans la nature

n Avec une telle douche froide, les arrêtés d’interdiction decirculation des véhicules de plus de 7,5 tonnes ne cessent depleuvoir. En attendant, c’est aux gendarmes des différentes com-pagnies axonaises de contraindre les chauffeurs de s’arrêtersur des parkings par forcément déneigés. Postés aux quatrecoins des principaux axes, des chauffeurs ont toutefois réus-si à passer à travers les mailles du filet, créant une véritablepagaille comme à Etréaupont où bien évidemment, une dizainede camions s’est retrouvée bloquée dans la côte. À Montcor-net, vingt véhicules ont été contraints de faire une halte d’aumoins trois jours. À l’heure où nous écrivons ces dernières lignes,certains poids lourds n’avaient pas encore l’autorisation de par-tir.

Guise ‰ Les supermarchés dévalisés

Les rayons quasiment vides

n Dans les commerces, la baisse de fréquentation des clientscommence à se faire ressentir. Et oui depuis jeudi dernier lesrayons frais n’ont pas été ravitaillés faute de livraison. La rai-son: l’interdiction de circulation des poids lourds. Un seul ca-mion a réussi à livrer le supermarché de la zone commercialede Guise ce mardi midi. Dans la journée du 24 décembre plusde 60 % des produits sont en pénurie dans les rayons fraiset surgelés. Les clients sont pour le moment compréhensifs.D’après la chef du rayon frais d’Intermarché: « La date des li-vraisons n’est toujours pas connue ». Selon elle, la situationn’est pas prête de s’améliorer d’ici le début de l’année. « En20 ans de travail je n’ai jamais vu cela », commentait cettedernière.

«Aux dires des ancienson avait jamais cela! »,pouvait-on lire dans

notre dernière édition. Une re-marque que l’on pourrait en-core faire pour cet incroyableweek-end de Noël. Circulationparalysée, personnel de la voi-rie sur la brèche 24 h/24, nau-fragés de la route, descongères de plus de 2 mètres,village coupé du monde… Laliste est longue et le moral desAxonais est dans les chaus-settes. Cet hiver, qui ne fait quecommencer, n’a pas fini denous surprendre. En l’espacede 24 heures, les superbesflocons virevoltant dans le cielse sont transformés en un vé-ritable cauchemar.

Safari dansle Grand Nord

Une situation si cauchemar-desque au point de faire venirles médias nationaux et mêmele préfet du département Pier-re Bayle. Pour décrire l’am-pleur des dégâts, la sécuritécivile a aussi fait le déplace-ment à Vervins. Depuis di-manche soir, 50 militairesréquisitionnent la salle desfêtes. Ce lundi, nous étionssur les traces du préfet et desmilitaires aux confins de lacampagne thiérachienne.Après un rapide topo de ges-tion de la crise par le préfet, lesmilitaires acceptent que lespompiers de Vervins embar-quent la presse. Dès les pre-miers kilomètres, premierconstat, si la RN2 est dégagée,la chaussée est encore glis-sante. Et c’est donc par unspectaculaire accident, sansgravité, que notre périple com-mence. Direction Tavaux-et-Pontséricourt, l’unique routeest praticable, à condition

équipé. La hauteur descongères nous ferait presqueregretter le voyage. Les véhi-cules s’enlisent encore plusdans ce qui était autrefois desroutes et qui ressemblent au-jourd’hui à des chemins auCanada. Nous arrivons finale-ment dans une ferme isolée.Aucun tracas, les habitants ontpris toutes les précautions pourhiberner. Nouvelle étape versla ferme blanche mais secondcouac, le véhicule de la sécu-rité civile ne peut pas passer,demi-tour. C’est par un autrechemin que nous arrivons auhameau. Le propriétaire nousraconte alors qu’il n’a absolu-ment pas pu bouger de chezlui depuis le réveillon.Le périple continue à Burelles,les congères sont de plus enplus impressionnantes. Il y aune seule et unique routetaillée dans la neige, il vautdonc mieux éviter de tombernez à nez avec un véhicule.Troisième surprise, nous tom-

bons justement sur le maire,Philippe Yverneau. Visiblementétonné de voir ce petit mondeperdu en pleine campagne,l’élu nous racontera n’avoir euaucune difficulté sauf celle decréer un accès. Aux dernièresnouvelles, les dernières com-munes libérées sont Molain etSorbais.

10000 km de voiries à déneiger

Le voilà le problème de l’Ais-ne : 10000 km de route, par-fois limite chemin souvent descommunes ou hameaux isolés.Forcément avec un épisodeneigeux pas si intense quecela, mais accompagné devent, l’Aisne s’est rapidementtransformée en Groënland. Ré-sultat, ce sont les axes priori-taires comme les routesnationales et départementalesqui ont été déneigées en pre-mier par près de 80 engins.

Sur ces routes, le personnel adû faire face aux camions etvoitures bloqués au beau mi-lieu de la chaussée. Le temps,si précieux lors de la formationde congères, s’est rapidementréduit comme une peau dechagrin pour déneiger les165 km de routes nationales etles 5000 km de voiries dépar-tementales. Quant aux voiriescommunales, le manque demoyen technique et humains’est vite fait ressentir.Quant au sel, la quasi-totalitédu stock a été utilisé. De nou-velles livraisons ont eu lieu celundi, soit 321 tonnes pour lesroutes nationales, 2900 tonnessont commandées. Au niveaudépartemental, 130 tonnes ontnormalement été livrées.« Cela  reste  des  quantitésfaibles pour la voirie départe-mentale mais cela permettrade faire face à un nouvel épi-sode neigeux », confirmait lepréfet Pierre Bayle.

Delphine Houdan

A Tavaux-et-Pontséricourt, le préfet, Pierre Bayle (à gauche) voulait constater sur place l’ampleur du blocage

50 hommes de la sécurité civile sous le commandement du capitaine Éric Dauceparcourent les villages isolés pour constater les difficultés rencontrées

Au carrefour de La Capelle, ce chauffeurd’une citerne de lait a du faire demi-tour

Selon les responsables, la situation reviendraitseulement à la normale en début d’année

8La Thiérache - 30 décembre 2010

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Neige en Thiérache

Cellule de crise en Thiérache

La sécurité civileappelée en renfortL’intervention des agriculteurs et des secours au niveau local n’ontpas suffi. A l’appel du préfet, c’est l’armée qui intervient

Reportage : Delphine Houdan avec la participation

des correspondants locaux

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