la taverne de faust- la photographie et ses débuts

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HISTOIRE DE LA PHOTOGRAPHIE Près de quatre siècles se sont écoulés entre la description de la chambre obscure par Léonard de Vinci et l'invention de la photographie par Niepce. Daguerre perfectionne rapidement le procédé inventé par Nicéphore Niepce : la pose devient moins longue; l'image obtenue est d'une parfaite netteté, mais elle reste unique. On ne décèle alors encore aucun souci d'interprétation. Le daguerréotype se répand dans le monde entier : un atelier de daguerréotypie est ouvert à Calcutta en 1840, un autre en Australie en 1841, alors que l'Américain Mathew Brady (1823-1896) réalise d'innombrables portraits et des photographies de la guerre de Sécession. Plusieurs genres sont particulièrement en vogue : des vues de villes et de paysages — des photographes accompagneront les voyageurs au Moyen-Orient —, quelques reportages, mais surtout le portrait. Le daguerréotype démocratise ce dernier, qui n'est plus un privilège de gens aisés commandant un souvenir aux artistes peintres. Beaucoup parmi les pionniers de la photographie ont été peintres avant d'être photographes et ont subi l'influence du réalisme pictural. Si, en France, Nadar reste l'un des plus célèbres photographes de son temps, il ne faut pas oublier Etienne Carjat (1828-1906), qui photographie ses amis, Baudelaire, Rossini, Gauguin, Verlaine et tant d'autres. Les oeuvres de l'un et de l'autre témoignent d'un sens psychologique aigu. C'est à l'âge de vingt-deux ans que Gaspard Félix Tournachon (1820-1910) prend le pseudonyme de Nadar et devient journaliste. Humoriste perspicace, il réalise des dessins et d'excellentes caricatures. En 1849, il fonde la Revue comique et alimente à la fois le Journal pour rire et le Charivari. C'est en 1853 qu'il ouvre un atelier de photographie, qui connaît vite un grand succès. En 1854, il commence, sous le nom de Panthéon Nadar, la publication d'une galerie de célébrités contemporaines. Contrairement à A. E. Disderi (1819-1890) attaché à l'apparence et au détail, Nadar étudie la lumière, attend la pose naturelle, recherche le caractère et l'expression de son modèle. Le portrait de Gustave Doré qu'il réalise est d'un naturel étonnant. Attiré par l'aérostation, il fait plusieurs ascensions en ballon avec les frères Godard. En 1858, véritable reporter, il réussit la première photographie aérienne et pense immédiatement à la possibilité de relevés topographiques. Propagandiste de l'idée du plus lourd que l'air, il fait construire, en 1863, un ballon de 6000 m3, le Géant, avec lequel il réalise plusieurs ascensions, dont Daumier nous laisse un souvenir plein de verve. Chef d'une patrouille d'aérostiers, il exécute de nombreuses photographies du siège de Paris et des mouvements des troupes ennemies. Son imagination fertile l'avait amené, en 1860, dans les catacombes de Paris; il y avait installé un éclairage au bec Bunsen permettant les quinze minutes de pose indispensables. D'un genre tout différent sont les portraits d'Antony Samuel Adam-Salomon (1811-1881), ancien sculpteur; tout un décor de draperies, de velours encadre ses modèles. Le négatif. C'est à l'Anglais William Henry Fox Talbot que revient le mérite de la découverte du négatif, du positif et du développement humide de l'image latente. Vers 1840, le procédé permettant plusieurs tirages est au point : c'est le calotype. L'école anglaise emploie rapidement le calotype et plus tard le collodion humide. Elle cherche moins la précision et la vérité que l'école française. Cela vient en partie de la technique utilisée. La netteté du détail apparaît beaucoup moins avec les premiers papiers qu'avec la plaque métallique du daguerréotype. La, rivalité entre ces deux moyens laisse présager la future querelle entre les «flouistes», adeptes d'un « pictorialisme photographique», et les partisans de la seule vérité. Robert Adamson (1821-1848) et David Octavius Hill (1802-1870) refusent le naturel : l'attitude, le décor, tout est savamment apprêté. Étonnante portraitiste, Julia Margaret Cameron (1815-1879) utilise le procédé au collodion humide avec un matériel assez médiocre. En choisissant un éclairage subtil, elle saisit admirablement l'expression de ses modèles. L'un de ses chefs-d'œuvre demeure le portrait du savant Herschel ou encore celui de la mère de Virginia Woolf. 1

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Histoire de la photographie, ses pionniers, technique chambre noir, glossaire,...

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Page 1: La taverne de Faust- La photographie et ses débuts

HISTOIRE DE LA PHOTOGRAPHIEPrès de quatre siècles se sont écoulés entre la description de la chambre obscure par Léonard de Vinci et l'invention de la photographie par Niepce.Daguerre perfectionne rapidement le procédé inventé par Nicéphore Niepce : la pose devient moins longue; l'image obtenue est d'une parfaite netteté, mais elle reste unique. On ne décèle alors encore aucun souci d'interprétation. Le daguerréotype se répand dans le monde entier : un atelier de daguerréotypie est ouvert à Calcutta en 1840, un autre en Australie en 1841, alors que l'Américain Mathew Brady (1823-1896) réalise d'innombrables portraits et des photographies de la guerre de Sécession. Plusieurs genres sont particulièrement en vogue : des vues de villes et de paysages — des photographes accompagneront les voyageurs au Moyen-Orient —, quelques reportages, mais surtout le portrait. Le daguerréotype démocratise ce dernier, qui n'est plus un privilège de gens aisés commandant un souvenir aux artistes peintres. Beaucoup parmi les pionniersde la photographie ont été peintres avant d'être photographes et ont subi l'influence du réalisme pictural. Si, en France, Nadar reste l'un des plus célèbres photographes de son temps, il ne faut pas oublier Etienne Carjat (1828-1906), qui photographie ses amis, Baudelaire, Rossini, Gauguin, Verlaine et tant d'autres. Les oeuvres de l'un et de l'autre témoignent d'un sens psychologique aigu.C'est à l'âge de vingt-deux ans que Gaspard Félix Tournachon (1820-1910) prend le pseudonyme de Nadar et devient journaliste. Humoriste perspicace, il réalise des dessins et d'excellentes caricatures. En 1849, il fonde la Revue comique et alimente à la fois le Journal pour rire et le Charivari. C'est en 1853 qu'il ouvre un atelier de photographie, qui connaît vite un grand succès. En 1854, il commence, sous le nom de Panthéon Nadar, la publication d'une galerie de célébrités contemporaines. Contrairement à A. E. Disderi (1819-1890) attaché à l'apparence et au détail, Nadar étudie la lumière, attend la pose naturelle, recherche le caractère et l'expression de son modèle. Le portrait de Gustave Doré qu'il réalise est d'un naturel étonnant. Attiré par l'aérostation, ilfait plusieurs ascensions en ballon avec les frères Godard. En 1858, véritable reporter, il réussit la première photographie aérienne et pense immédiatement à la possibilité de relevés topographiques. Propagandiste de l'idée du plus lourd que l'air, il fait construire, en 1863, un ballon de 6000 m3, le Géant, avec lequel il réalise plusieurs ascensions, dont Daumier nous laisse un souvenir plein de verve. Chef d'une patrouille d'aérostiers, il exécute de nombreuses photographies du siège de Paris et des mouvements des troupes ennemies. Son imagination fertile l'avait amené, en 1860, dans les catacombes de Paris; il y avait installé un éclairage au bec Bunsen permettant les quinze minutes de pose indispensables. D'un genre tout différent sont les portraits d'Antony Samuel Adam-Salomon (1811-1881), ancien sculpteur; tout un décor de draperies, de velours encadre ses modèles.

Le négatif.

C'est à l'Anglais William Henry Fox Talbot que revient le mérite de la découverte du négatif, du positif et du développement humide de l'image latente. Vers 1840, le procédé permettant plusieurstirages est au point : c'est le calotype. L'école anglaise emploie rapidement le calotype et plus tard le collodion humide. Elle cherche moins la précision et la vérité que l'école française. Cela vient en partie de la technique utilisée. La netteté du détail apparaît beaucoup moins avec les premiers papiers qu'avec la plaque métallique du daguerréotype. La, rivalité entre ces deux moyens laisse présager la future querelle entre les «flouistes», adeptes d'un « pictorialisme photographique», et les partisans de la seule vérité. Robert Adamson (1821-1848) et David Octavius Hill (1802-1870) refusent le naturel : l'attitude, le décor, tout est savamment apprêté. Étonnante portraitiste, Julia Margaret Cameron (1815-1879) utilise le procédé au collodion humide avec un matériel assez médiocre. En choisissant un éclairage subtil, elle saisit admirablement l'expression de ses modèles.L'un de ses chefs-d'œuvre demeure le portrait du savant Herschel ou encore celui de la mère de Virginia Woolf.

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Lewis Carroll, de son vrai nom Charles Dodgson, réalise entre 1856 et 1880 plusieurs milliers declichés. Les petites filles, ses modèles, sont candides, mais aussi espiègles, et elles inspirent l'auteur d'Alice au pays des merveilles. Lewis Carroll capte avec le talent d'un poète leur charme troublant et leur naïveté piquante.

Avec les talents de Charles Nègre, des Anglais Hill, Cameron et Dodgson, mais aussi duSuédois Oscar Gustave Rejlander (1813-1875), qui fut l'un des plus célèbres photographes deLondres et à qui l'on doit les premiers « nus photographiques» inscrits dans d'immensescompositions de style pompier, on voit poindre l'aube de la photographie artistique. Lors d'unentretien en 1875 avec E. Durand-Gréville, le peintre Jean-Jacques Henner (1829-1905)n'avouera-t-il pas : «Ah! si nous pouvions arriver à un pareil résultat! Connaissez-vous ce motd'Ingres : la photographie est une si belle chose qu'il ne faut pas trop le dire? »

En France.En France aussi, les recherches se poursuivent. Hippolyte Bayard invente la photographie sur

papier. Il espère créer comme Daguerre une épreuve directement positive. En 1839, ses premièresimages positives sur papier, obtenues directement à la chambre noire, sont exposées. En 1851,l'administration des Beaux-Arts décide d'envoyer des photographes à travers la France. Bayardpart pour la Normandie avec des plaques de verre à l'albumine. Gustave Le Gray (1820-1882) fait,lui aussi, partie de l'expédition. Peu de temps avant son départ pour l'Aquitaine et la Touraine, ilavait inventé le négatif sur papier ciré, qui présentait l'avantage (l'être préparé près de six mois àl'avance. Cela facilitait les voyages et le transport (les négatifs. Enfin, Henri Le Secq (1818-1882)photographie la Champagne, l'Alsace et la Lorraine. Les oeuvres de cet excellent calotypiste sontun précieux témoignage archéologique : les grandes cathédrales sont photographiées avant lesrestaurations de Viollet-le-Duc. Charles Nègre (1820-1880), peintre lui aussi, réalise de bellesimages des rues de Paris, mais aussi des photographies, dans lesquelles sa formation initiale sedécèle par le souci de la composition et les effets de clair-obscur.

Reportage.Le reportage voit le jour vers le milieu du XIXe siècle. La situation de commanditaire, en

quelque sorte, se crée à la même époque. En effet, Thomas Agnew, éditeur à Manchester,commande à Roger Fenton (1819-1869) des photographies de la guerre de Crimée; les moyensdont celui-ci dispose ne lui permettent pas la photographie sur le vif, mais seulement despaysages, des portraits et quelques ruines. Les premières images tragiques de la guerre serontréalisées lors d'une révolte aux Indes en 1854. Aux Etats-Unis, Timothy O. Sullivan (1840-1882),pendant la guerre de Sécession, révèle les horreurs du conflit et nombre d'atroces détails; MathewBrady envoie certains de-ses collaborateurs parcourir les champs de bataille. Que ce soit laCommune en France ou l'expédition Hayden en 1875 dans les Montagnes Rocheuses, suivie parl'Américain William Henry Jackson (1843-1942) avec un appareil 50 x 60 cm, ou encore l'incendiede San Francisco en 1906, photographié par Arnold Gentile (1869-1942), désormais tous lesévénements mondiaux seront «couverts» par les reporters. Divertissement, puis expressionartistique, quelques décennies après son invention, la photographie devient le témoin de l'actionhumaine.

George Eastman

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L'avènement du procédé au gélatinobromure se situe vers 1880. C'est une révolution : laphotographie est maintenant à la portée d'un plus grand nombre. Les plaques de verre sontimprégnées à l'avance, et le développement est exécuté par des laboratoires spécialisés. Dans lemême temps, l'industrie photographique fait de considérables progrès.

Les optiques s'améliorent, et les caméras commencent à se miniaturiser; George Eastmaninvente le support souple, puis, en 1888, le premier Kodak. Ces simplifications tentent lesamateurs, que l'on rencontre dans toutes les couches de la société. L'un des personnages les plusattachants de cette époque est le Français Jacques Henri Lartigue (1896 - 1986). Originaire d'unefamille aisée, il est encore enfant lorsqu'on lui offre son premier appareil. D'une exceptionnellesensibilité, il nous livre les images d'un monde merveilleux et suranné. Combien touchantes cesphotographies de jeunes femmes disparaissant sous les capelines à voilette, le mouvement y étantsuggéré par un léger flou, ou encore celles des courses automobiles ou des premiersbalbutiements de l'aviation. Eugène Atget (1856-1927), lui, est le fils d'un artisan; il devientphotographe après avoir exercé plusieurs métiers. Ses photographies témoignent d'une visionsimple et concise du monde qui l'entoure. Sa principale source d'inspiration est Paris et ses rues.Atget sera l'un des inspirateurs du nouveau réalisme américain.

Demachy

Parallèlement à ce goût objectif de l'image, un courant beaucoup plus sophistiqué se développe : certains voient dans la photographie un art rivalisant avec la peinture, où ils puisent leur inspiration. La photographie artistique naît. Dans le monde entier, professionnels, mais plus souvent riches amateurs pratiquent le « pictorialisme photographique», qui devient le trait caractéristique des photographies de la fin du siècle. Pour les adeptes du flou, tout artifice est valable, depuis l'objectif spécial jusqu'à la cuisine d'atelier ou la retouche au pinceau. L'essentiel étant, comme dit Demachy, «que l'on me montre une image que le voisin ne pourra jamais faire pareille». Les Français Robert Demachy (1859-1936), riche banquier, et Camille Puyo (1857-1933),officier d'artillerie, se distinguent parmi tant d'autres. Demachy utilise quantité de moyens : «objectifs d'artistes», mais aussi procédés de tirages à l'huile et aux encres grasses. Impressionnistes et évanescents, ses paysages et ses nus sont les reflets idylliques du monde. On ne peut nier l'utilité de ces praticiens : leurs recherches suscitent notamment l'amélioration des papiers. Surtout, la photographie n'est pas pour eux tributaire de la seule technique. Leur théorie est une réaction au slogan publicitaire de Kodak : «Poussez sur le bouton, nous ferons le reste.» Ce sont eux qui font ce reste et modifient la vision implacable de la technique.

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LES PIONNERS DE LA PHOTOGRAPHIE .Frederick Scott Archer.

Autoportrait de Frederick Scott ArcherSculpteur et photographe anglais (1813-1857). Il inventa le procédé au collodion humide, qui

allait supplanter le calotype. Le procédé qu'il décrivit en 1851 consistait à étendre le collodion,dans lequel était dissous de l'iodure de potassium, sur une plaque de verre. On plongeait ensuitecette plaque dans une solution de nitrate d'argent et on l'utilisait encore humide. On développaitaprès la prise de vue au pyrogallol et l'on détachait la pellicule de collodion du verre. On fixait eton séchait. Archer avait conçu un négatif, mais il avait aussi envisagé le tirage en positifs. Sonprocédé eut, malgré ses difficultés d'emploi, un large succès.

Oskar Barnack.Inventeur allemand (1879-1936). Mécanicien du service des usines Ernst Leitz à Wetzlar et

photographe amateur, il réalisa, à partir de recherches sur la vision des images, un appareilutilisant le film cinéma. Ainsi naquit en 1913 le premier appareil de petit format, qui devait aboutirau premier modèle de la gamme des Leica.

Hippolyte Bayard.Inventeur français (1801-1887). Il vit un jour son père obtenir des silhouettes en plaçant des

caches sur des pommes pendant leur mûrissement. Il réalisa, avant les publications de Talbot et deDaguerre, des images sur papier imprégné de chlorure d'argent, qu'il appelait dessins photogénés.La découverte de Daguerre et la mauvaise foi d'Arago à son égard laissèrent Bayard dans l'ombre.Il fut pourtant l'un de ceux qui surent rendre pratique la photographie. Après ses imagesphotogénées de 1839-1845, il utilisa avec art le daguerréotype.

Édouard Belin.Inventeur français (1876-1963). Il imagina les procédés de transferts à distance de

photographies par lignes téléphoniques et télégraphiques, puis par radio (bélinographes). Il futprésident de la Société française de photographie.

Louis Désiré Blanquart-Évrard.Inventeur français (1802-1872). Industriel lillois, il s'attacha à perfectionner le procédé de Talbot

pour obtenir des épreuves sur papier. En 1847, il présenta son procédé à l'Académie des sciences.En 1851, il l'appliqua à l'héliogravure. Il fonda avec Hippolyte Fockedey une imprimeriephotographique et fit paraître en 1851 l'Album photographique de l'artiste et de l'amateur,présentant des reproductions d'oeuvres d'art de qualité, puis des photographies rapportéesd'Egypte et de Palestine par Maxime Du Camp. En 1870, il chercha à exploiter le procédé encouleurs de Ducos du Hauron, mais il mourut en avril 1872 sans avoir réalisé ce projet.

Charles Cros.Savant et poète français (1842-1888). Il découvrit, en même temps que Louis Ducos du Hauron

et sans le connaître, le procédé de photographie en couleurs par trichromie.Louis Jacques Mandé Daguerre.

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Louis Ducos du Hauron.Physicien français (1837-1920). En 1858, il présenta à la Société des sciences d'Agen une

communication sur la lumière et il poursuivit des travaux sur la couleur. Il découvrit laphotographie par trichromie, qu'il fit breveter en novembre 1868. Le 7 mai 1869, cette inventionfut présentée à la Société française de photographie. A la même séance, était présentée l'inventionde la méthode, tout à fait similaire, de Charles Cros. En 1891, Ducos du Hauron utilisa lajuxtaposition de deux clichés de couleurs complémentaires pour obtenir l'impression du relief(anaglyphes). Ayant consacré sa vie à la réalisation pratique de son invention, qui allait faire lafortune de beaucoup d'autres, il mourut dans un grand dénuement.

George Eastman.industriel américain (1854-1932). Issu d'une famille anglaise venue se fixer deux siècles plus tôt

aux Etats-Unis, il découvrit la photographie à vingt-trois ans et s'enthousiasma pour cettetechnique, qu'il s'appliqua à rendre plus pratique; il prit des brevets et fonda sa propre entrepriseà Rochester en 1880. Celle-ci devint The Eastman Dry Plate and Film Company en 1884 puis TheEastman Kodak Company en 1892, qui, du stade artisanal, passa à celui de la grande entrepriseinternationale grâce à des travaux où la part personnelle du fondateur resta importante. Eastmanremplaça les plaques par des films, créa en 1888 le premier appareil Kodak à rouleau de cent vueset mit la photographie à la portée de l'amateur.

Inventeur génial, homme d'affaires avisé, il fut aussi un grand philanthrope et il apportabeaucoup de soin à la condition sociale de son personnel et à sa formation.

Harold Eugene Edgerton.Savant américain (né en 1903). Ayant mis au point une lampe flash électronique, il fut l'un des

propagateurs de la photographie stroboscopique et de la photographie ultra-rapide (1931).

Hippolyte Fizeau.Ses premiers travaux, menés en collaboration avec Léon Foucault, portent sur l’amélioration du

procédé photographique de Daguerre. Tous deux réussirent en 1845 la première photographie dusoleil et ouvrent ainsi un nouveau domaine de l’astronomie.

Edwin H. Land.Savant américain (né en 1909). Créateur des appareils à développement ultra-rapide (1947), il

est le fondateur de la société Polaroïd.

Aimé Laussedat.Savant français (1819-1907). Polytechnicien, colonel du génie, il fut directeur des études de

l'Ecole polytechnique, puis du Conservatoire des arts et métiers; ses recherches portent sur lesapplications de la géométrie à la topographie. Il créa la photogrammétrie. (Acad. des sc., 1894.)

Gabriel Lippmann.Physicien français (1845-1921). Il réalisa en 1891 une étonnante expérience de fixation d'une

image en couleurs par la méthode interférentielle. Mais ce procédé, qui nécessite une techniquetrès précise, est demeuré une belle expérience de laboratoire.

Étienne Jules Marey.Le médecin français Étienne Jules Marey (1830-1904) est l'un des pionniers de la

chronophotographie. Motivé par la recherche scientifique, il met au point un fusil photographiquequi lui permet de séquencer le vol d'un oiseau. Ses études les plus célèbres sont celles qui portentsur la décomposition du mouvement des sportifs.

Edward James Muybridge.Eadweard Muybridge (1830-1904), photographe britannique, se passionne pour l'étude du

mouvement. Il est l'inventeur du zoopraxinoscope qui, par projection, permet la recomposition dumouvement. Son étude la plus célèbre est celle du cheval au galop réalisée en 1877

Joseph Nicéphore Niepce.Le véritable inventeur de la photographie

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Claude Félix Abel Niepce de Saint-Victor.Physicien et chimiste français (1805-1870), cousin de Nicéphore Niepce. Il fut l'inventeur, en

1847, du verre albuminé, avec lequel il obtint des négatifs plus fins et plus contrastés que ceux aucollodion. Il avait aussi réussi à produire des daguerréotypes en couleurs, mais sans pouvoir lesfixer.

Dimitri Rebikoff.D'origine russe, il fut l'un des premiers réalisateurs du flash électronique, qu'il utilisa pour la

photographie sous-marine, dont il fut l'un des pionniers.

William Henry Fox Talbot.Savant anglais (1800-1877). Il s'illustra par de nombreux travaux sur la photographie, inventa

le procédé négatif-positif et créa le calotype (aussi appelé talbotype). En 1851, il réalisa une vueultra-rapide sous éclair électrique. Il étudia ensuite de 1852 à 1858 les procédésphotomécaniques, puis se consacra jusqu'à sa mort à la linguistique. Il publia en 1844 « Pencil ofNature » , le premier livre illustré de photographies.

CHRONOLOGIE DE LA PHOTOGRAPHIE.Premiers pas.

IVe siècleav. notre ère

Aristote décrit la projection d'une éclipse sur le plancher d'une salle au travers d'unepetite ouverture.

Xe siecleIbn al-Haytham al-Hazin (965-1039) indique une relation entre la dimension de

l'ouverture et la netteté de l'image formée par projection à travers elle.

1500- 1515Léonard de Vinci donne une description du principe de la chambre noire, et Albrecht

Dürer y voit un moyen de dessiner la perspective exacte.v.1550 Jérome Cardan (1501-1576) remplace le petit trou, ou sténopé, par un disque de verre.

1558Giambattista Della Porta (1535-1615) donne des précisions sur la réalisation pratique

de la chambre noire dans Magiae naturalis libri IV.

1568Daniele Barbaro (1514-1570), traducteur de Vitruve, plus précis que Cardan, indique la

possibilité de placer une optique sur l'ouverture de la chambre noire.

1646Athanasius Kircher (1602-1680) décrit la lanterne magique dans Ars magnae lucis et

umbrae.XVIIIe siècle.

1722 Jacob Christophe Le Blon indique le principe d'un tirage trichrome.

1725-27J.H. Schulze découvre l'effet photochimique de noircissement du nitrate d'argent par la

lumière.1758 Description des premiers objectifs par John Dollond (1706-1761).

1777K. W. Scheele (1742-1786) explore l'extrémité violette du spectre et montre sa plus

grande activité sur le noircissement du chlorure d'argent.1796 Découverte de la lithographie par Alois Sennefelder (1771-1834).

XIXe siècle .1800 William Herschel (1738-1822) découvre avec les rayons infrarouges l'existence de

rayons énergétiques invisibles à l'oeil.1801 J. W. Ritter (1776-1810) découvre à l'autre extrémité du spectre les rayons ultraviolets

par leur action noircissante sur le chlorure d'argent.1802 Thomas Wedgood réalise des silhouettes par effet photochimique sur le nitrate

d'argent, mais il ne parvient pas à les fixer.Thomas Young (1773-1829) promulgue la trivariance visuelle, qui sera à la base de la

photographie en couleurs.1807- 1812 W. H. Wollaston (1766-1828) fabrique une chambre claire (camera lucida) avec

objectif ménisque.

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1814- 1817 Études de J. von Fraunhofer (1787-1826) sur un objectif corrigé des aberrationschromatiques en relation avec ses travaux sur des raies d'absorption et de réfraction de

la lumière au moyen d'un réseau.1816- 1827 Nicéphore Niepce réalise les premières images photographiques et plaques gravées en

utilisant du bitume photosensible.1819 John Herschel (1792-1871) découvre la solubilité du chlorure d'argent par le

thiosulfate.1828- 1832 Diibereiner (1780-1849) découvre de nouvelles substances photosensibles : chlorure

de platine et oxalate ferrique ou manganique.1829 Niepce et Daguerre s'associent et mettent en commun leurs travaux.1832 Gustav Suckow signale que les bichromates sont photosensibles.1832 Invention du stéréoscope par Charles Wheatstone (1802-1875). 18381835 Daguerre décrit le développement de l'image latente.

1835-36Expériences de William Henry Fox Talbot (1800-1877) sur papiers sensibilisés au

chlorure d'argent.

1840

Joseph Berres (1796-1844), Alfred Donné, H. Fizeau transforment dès daguerréotypesen plaques gravées pour l'impression. Appareil photographique à boîte de bois pliante

et diaphragme iris de Ch. L. Chevalier (1804-1850).A. F. J. Claudet (1797-1867) utilise la lumière de l'arc électrique pour réaliser lespremières photographies prises en lumière artificielle. John Herschel découvre lerenforcement par le bichlorure de mercure et introduit les mots positif et négatif.

Objectif achromatique rapide de Joseph Petzval (1807-1891).1841 Actinomètre de J.-B. F. Soleil (1798-1878) pour la détermination du temps de pose.

Talbot présente le procédé calotype. Premier appareil métallique construit par Voigtlânder et utilisant l'objectif calculé par

J. Petzval.1844 Claudet fait breveter l'utilisation en laboratoire de la lumière rouge inactinique.1847 Niepce de Saint-Victor préconise l'emploi de l'albumine pour les négatifs sur verre et

E. Chevreul (1786-1889) présente cette invention à l'Académie des sciences.L. D. Blanquart-Évrard invente l'amphitypie et le tirage d'épreuves positives sur

papier à l'albumine.1848 Edmond Becquerel expérimente les plaques daguerriennes en vue d'obtenir des

photographies en couleurs.1849 David Brewster (1781-1868) propose un appareil stéréoscopique à double objectif.

Procédé au collodion de G. Le Gray.1851 Procédé négatif au collodion humide d'Archer. J. B. Dancer réalise des

microphotographies par ce procédé. Ignazio Porro (1801-1875) décrit un téléobjectif.1852 A. E. Disderi propose un viseur optique doublant l'objectif.

La ferrotypie est décrite par Adolphe Alexandre Martin.1853 Appareil stéréoscopique à deux objectifs de Dancer.

H. Gassman formule sa loi sur les mélanges de couleurs.1854 Paul Pretsch invente la photogalvanographie avec plaques tramées à reliefs de gélatine

bichromatée. Les portraits « cartes de visite» de Disderi.

1855 Maxwell présente sa théorie de la synthèse trichrome. Obturateur à rideau de Relandin.

1856 Ferrotype de Hamilton Smith.Félix Tournachon réalise ses photographies aériennes en ballon libre sous le

pseudonyme de Nadar.1857 Agrandisseur à lumière du jour de David A. Woodward.1858 Les anaglyphes de A. d'Almeida.

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1859 Bunsen et H.E. Roscce (1833-1915) utilisent la combustion de rubans ou de fils demagnésium pour réaliser des photographies en lumière artificielle.

1860 Appareil petit format de Bertsch.1861 M. A. Gaudin (1804-1880) propose la gélatine comme liant de l'émulsion au bromure

d'argent.Obturateur focal de William England.

Mise au point de la photogrammétrie par A. Laussedat (1819-1907). Appareil à miroir reflex de Thomas Sutton.

1862 Thomas Leahy et Charles Russell utilisent un révélateur alcalin au pyrogallol et àl'ammoniaque pour le développement.

Découverte de l'effet de solarisation par Armand Sabatier (1834-1910).1864 W. B. Bolton et J. B. Sayce réalisent les plaques sèches collodion-bromure d'argent.1865 Première conception de la carte postale, qui ne se développera que vers 1900.

John Traill Taylor utilise des éclairs de combustion de poudre de magnésium pouréclairer ses prises de vue.

1866Martinez Sanchez et J. Laurent introduisent le couchage baryté pour les supports

papiers.1869 Le 7 mai, à la même séance de la Société française de photographie, sont présentés les

inventions, les principes et les méthodes de la synthèse trichrome par Charles Cros etLouis Ducos du Hauron. Le pli cacheté de Cros était de décembre 1867, et le brevet de

Ducos du Hauron de novembre 1868.1870 Messages par microfilm transmis par pigeons voyageurs au cours de la guerre franco-

prussienne.1872 Hydrotypie en couleurs de E. Edwards.1873 H. W. Vogel (1834-1898) sensibilise des émulsions à la lumière verte. 1874 E.

Becquerel indique la chlorophylle comme sensibilisateur. 1875 James Waterhousedécouvre la sensibilisation au vert par l'éosine.

1877 Études photographiques du mouvement par Muybridge.Plaques sèches de haute sensibilité à la gélatine de J.W. Swan (1828-1914).

1879 D. C. E. Van Monckhoven (1834-1882) découvre l'accroissement de la sensibilité desémulsions au gélatino-bromure par maturation en présence d'ammoniaque.

1880 Sensitomètre de Léon W. Warnecke.1881 P. J. C. Janssen (1824-1907) signale des anomalies à la loi de réciprocité.1882 Plaques orthochromatiques sensibilisées à l'éosine de Pierre A. Attout et John Clayton.

Alphonse Bertillon (1853-1914) prend des brevets pour la photographied'identification en police criminelle et sur les systèmes de prise de vue.

Chronophotographies de E. J. Marey (1830-1904).1884 Émulsion négative sur papier en rouleau par l'American Film et machine de couchage

en continu du papier par George Eastman. F.O. Schott (1851-1935) commence laproduction de verres spéciaux pour objectifs photographiques.

H. W. Vogel indique l'azaline comme sensibilisateur au vert, au jaune et à l'orange.J. M. Eder (1855-1944) indique l'érythrosine comme sensibilisateur. Ernst Mach

(1848-1916) utilise l'étincelle électrique comme source de lumière pour laphotographie de projectiles en mouvement rapide.

1885 Études de F. E. Ives (1856-1937) sur les trames.1887 Obturateur à lames formant diaphragme d'Edward Bausch. Hannibal

Goodwin (1822-1900) invente le film négatif par couchage de gélatino-bromured'argent sur Celluloïd transparent (le brevet ne sera pris qu'en 1898).

1888 Lancement du premier appareil Kodak chargé avec bobine (de papier) par GeorgeEastman.

Stroboscopie par Mach.8

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1889 Étude de sensitométrie par Karl Schwarzschild (1873-1916), qui établit sa loi dunoircissement.

1890 Établissement de la courbe de sensibilité H. et D. par Ferdinand Hurter et VeroCharles Driffield.

1891 Procédé des anaglyphes de A. d'Almeida repris par Ducos du Hauron. Photographie encouleurs par interférences de Gabriel Lippmann.

1893 Procédé de photographie en couleurs à réseau de John Joly. Plaques à gélatine réduitede V. Schumann pour photographie en ultraviolet.

Photographies sous-marines de L. Boutan.1894 Procédé bromoïl de E. H. Farmer.

Projections stéréo de diapositives pour relief en lumière polarisée par John Anderton.Appareil pliant à bobines de David H. Houston.

Échelle standard de sensitométrie de Julius Scheiner (1858-1913).1895 Film en bobines pour chargement en plein jour de Samuel W. Turner.1896 Procédé en couleurs lenticulaire de R.E. Liesegang (1869-1947).

1898Sensitomètre de J.M. Eder.

Eduard Valenta signale le rouge glycine comme sensibilisateur dans le rouge orangé.1899 Appareil trichrome à prise de vue directe d'Ives.

XXe siècle.1900 Theodor Scheimpflug réalise des photographies avec un appareil fixé sous un cerf-volant.

1901Theodor Becker et Arthur Eichengrün mettent au point le support de sécurité à l'acétate de

cellulose.

1902Obturateur compound de Friedrich Deckel.

H. Lüppo-Cramer signale le révélateur au métol-hydroquinone.

1903

Adolf Miethe (1862-1927) et Arthur Traube, puis E. Kônig signalent le rouge d'éthylecomme premier sensibilisateur de la série des isocyanimes, puis le pinachrome, le

pinaverdol...Procédé en couleurs autochrome de A. et L. Lumière.

1905Pinatypie, procédé en couleurs de Léon Didier.

Procédé en couleurs trichrome à trois émulsions sensibilisées de Karl Schinzel.1906 Les pinacyanines, sensibilisateurs au rouge, sont indiqués par Benno Homolka.

1907

Réduction photographique de documents pour conservation en bibliothèque par R. B.Goldschmidt.

Bélinographe d'Édouard Belin (1876-1963) pour la transmission des imagesphotographiques par lignes de téléphone et de télégraphe.

1909André Cailler décrit l'absorption et la diffusion de la lumière par les grains de l'image

argentique (effet Cailler).

1910Commercialisation de la photographie en couleurs par procédé additif à réseau de Louis D.

Dufay. Ce procédé est nommé dioptochrome; il prendra plus tard le nom de dufaycolor.Coins gris neutres pour sensitométrie d'Emanuel Goldberg (né en 1881).

1912Développement chromogène à coupleurs incorporés découvert par Rudolf Fischer et Hans

Siegrist.

1913Appareil métallique à bobine d'Oskar Barnack (1879-1936) utilisant un format au double du

ciné standard 35 mm.1914 Lancement du Kodachrome (bichrome) par Eastman; il sera assez vite abandonné.1916 Agfacolor à trame irrégulière.19171919

La cryptocyanine utilisée par E. Q. Adams et H. L. Haller comme sensibilisateur pourl'infrarouge.

1920H. Lüppo-Cramer découvre la désensibilisation des émulsions avant développement.

Photostéréosynthèse de L. Lumière.

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1921

J. E. Duclaux (né en 1877) et P. Jeantet réalisent la sensibilisation d'émulsions avec deshuiles fluorescentes pour photographie ultra-violette.Transmission sans fil de photographies par E. Belin.

Nouveaux sensibilisateurs (thyacyanates, thyacarbocyanines, thisocyanines,thiapseudocyanines) décrits par W. H. Mills et W. Kônig.

1922 Contrôle photographique d'arrivées de courses par Cari P. Gcerz (1854-1923).

1924Premier Leica, appareil de petit format utilisant le film de 35 mm par Barnack.S. E. Sheppard et R. T. Punnett découvrent la sensibilisation des émulsions par

l'allylthiourée, constituant actif de la gélatine.

1925Décharge de condensateur dans un gaz rare pour la photographie ultra-rapide et la

stroboscopie par A. et L. Seguin.1927 Lampe éclair à feuille combustible sans fumée de Paul Vierkôtter.1928 Rolleiflex de Reinhold Heidecke.

1929Procédé Finlay (Clare L. Finlay) en couleurs à trame.

Lampe éclair en fil ou en feuille d'aluminium-magnésium en ampoule scellée emplied'oxygène, découverte par J. Ostermeier.

1931Photographie stroboscopique et ultra-rapide par Harold E. Edgerton. Sensitométrie DIN par

Robert Luther et E. Goldberg.

1932

Premier appareil à mise au point par télémètre couplé Leica.Objectif catadioptrique à grande ouverture de Bernhard Schmidt (1879-1935).

Posemètre photo-électrique de Weston Electric Instruments Co. Sensibilisation àl'infrarouge par la dicarbocyanine.

Sensibilisation à l'ultraviolet par le salicylate de sodium.

1935

Émulsion inversible directe de E. Heisenberg.Flash électronique de Marcel Laporte.

Leopold D. Mannes et Leopold Godowsky Jr perfectionnent le procédé Kodachrome.Traitement de surface des objectifs (A. Smakula).

1936Augmentation de la sensibilité des émulsions par adjonction de thiocyanate aureux (R.

Koslowski).

1938Appareil automatique à diaphragme réglé par le posemètre de Kodak. Théorie de la

formation de l'image latente par R. W. Gurney et N. F. Mott.

1939Système 3 D Vectograph d'Edwin H. Land.

Premières fluographies et leur principe par M. Déribéré.1940 Papier polycontraste d'Ilford Ltd.

1941Plaques à haute résolution de Eastman Kodak et llford.

Film Kodacolor et tirages en couleurs sur papier.

1942

Papier Agfacolor.Mise sur le marché du film Ektachrome.

La phénidone comme agent développateur (brevet de J. D. Kendall). Principe de l'inversion par diffusion de A. Rott.

1943 Sortie du film Aéro-Ektachrome.

1944Applications en muséologie de la fluographie par M. Déribéré et du dessin fluographique

par Maurice Déribéré (1907 - 1997) et G. Tendron.

1945Le Dye-Transfer, ancêtre du Flexichrome et des procédés en couleurs arbitraires et à

volonté.

1947

Verres photosensibles des usines Corning Glass. Le film Ektachrome est livré en bobines.Appareil photominute d'Edwin H. Land.

Lancement de l'Ektacolor en plaques et en films par Kodak.1949 Polymères synthétiques pour remplacer la gélatine (E. I. Du Pont de Nemours).

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1952Polacolor de Howard G. Rogers, appliquant l'inversion-transfert et ajoutant la couleur à la

photominute.La sensibilité de l'Ektacolor est triplée.

1955 Commercialisation du papier Ektacotor.

1958Photographies en couleurs à partir de clichés en noir et blanc selon Land.

Mise au point de la thermographie.1959 Commercialisation de l'Ektachrome haute sensibilité.1961 La sensibilité du Kodachrome est doublée.1963 Lancement du Kodachrome X, de l'Ektachrome X et du Kodacolor X.1964-1970

Nouvelles émulsions en couleurs : Fujicolor, Turachrome, Orwocolor.

1966 Commercialisation du film infrarouge en couleurs.1968 Début la fabrication des premiers appareils reflex à contrôle automatique1976 Kodak développe le premier prototype d'appareil photo numérique1978

Invention de l’autofocus par Konica

Le numérique.1981 Sony lance le Mavica, appareil photo numérique doté d’un capteur CCD de 280 000 pixels1987

,Kodak débute la vente du Hawkeye II Imaging qui permet d’enregistrer numériquement à

partir d’un capteur de 1,4 Méga pixels les photos prises par un Nikon F32002 il se vend en France plus d'appareils numériques que d'appareils argentiques.

Techniques de la photographie.Généralités.

L'émulsion photosensible est le plus souvent du gélatino-bromured'argent, dont la sensibilité générale et la sensibilité chromatique sontaméliorées par maturation et par adjonction de produits sensibilisateurs.Les très fins cristaux de bromure (ou iodure, ou chlorure, ouchlorobromure) d'argent doivent leur sensibilité à des germes répartis surles faces ou à l'intérieur des cristaux, et leur nature les apparente à desparticules d'argent colloïdal.

Ce sont ces grains d'argent colloïdal qui constituent le support de l'imagelatente. Sous l'action de la lumière, ils subissent une modification qui sera

rendue visible par l'effet du révélateur. Celui-ci développe le germe impressionné en lui apportantde l'argent réduit emprunté au petit cristal qui le supporte.

L'image obtenue, il faut arrêter l'opération en son processus et la fixer.

Prise de vue.L'appareil de prise de vue photographique est

essentiellement constitué par une chambre noire(S). A l'avant de cette chambre est l'ouverture,munie de l'optique (O), et à l'arrière est placéel'émulsion, qui reçoit l'image formée (A). L'ouverturepourrait être un simple petit trou, ou sténopé, maisl'introduction d'une optique, ou objectif, qui peutêtre amovible, assure une plus grande luminosité del'image et une amélioration de ses qualités. Onadjoint à l'objectif un diaphragme réglable et unviseur soit indépendant, simple ou à télémètrecouplé pour le réglage de la distance, soit incorporédans les appareils à visée réflexe. La prise de vueimplique un triple réglage : temps, ou duréed'obturation, diaphragme, ou dimension de

l'ouverture, et distance du sujet à l'objectif.

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La durée d'obturation pour un diaphragme donné se détermine au moyen d'un posemètre quin'est autre qu'un appareil mesurant la quantité de lumière que reçoit le sujet par unité de surface.L'ouverture du diaphragme est déterminée par la profondeur de champ désirée; plus lediaphragme sera fermé, plus grand sera le champ fournissant des images nettes. Dans lesappareils modernes, on tend souvent à un automatisme de ce double réglage au moyen d'unecellule photo-électrique incorporée. La profondeur de champ net dépend aussi de la focale(objectif) utilisée; plus cette focale est courte, plus grand est le champ de netteté; le téléobjectifréduisant cette profondeur de champ implique donc un réglage soigné ou de faibles ouvertures.Dans beaucoup d'appareils modernes, le diaphragme se trouve remplacé par un rideau contrôlantune fente plus ou moins étroite et qui se déplace devant l'émulsion à une vitesse variable,contrôlant le temps de prise de vue.

Format.L'émulsion sensible peut être une plaque de verre, un film plastique en support ou un film

enroulé dans un chargeur; cette dernière formule est aujourd'hui la plus courante. Les formats degrande dimension, tels que les formats 13 x 18 cm ou 9 x 12 cm, ne sont plus guère utilisés quepar les professionnels pour des usages particuliers, tels que photo industrielle, de mode... Lesformats les plus usuels sont les formats 6 x 9 cm ou 6 x 6 cm et surtout les petits formats quiutilisent le film 35 mm en 24 x 36 mm ou en 24 x 24 mm (voire de plus petits encore avec le film16 mm); le petit format a permis la réalisation d'appareils compacts, maniables ainsi que ledéveloppement de la photographie en couleurs et la projection des diapositives ainsi obtenues.

Traitement des photographies noir et blanc.Pour transformer l'image latente, qui est invisible, en une image visible, il convient de réduire le

bromure d'argent insolé en le dissociant en argent métallique, qui fournira l'image négative, et enacide bromhydrique, qui sera neutralisé par des substances basiques contenues dans le révélateur.Beaucoup de substances sont utilisables comme révélateurs : les plus courantes sont le génol,l'hydroquinone, le phénidon, auxquelles on associe des substances stabilisantes, comme le sulfitede soude, qui retarde l'oxydation spontanée à l'air et joue de surcroît le rôle de solvant du bromured'argent. On joint aussi un antivoile, comme le bromure de potassium, et un accélérateur, commele borax ou le phosphate de sodium. De nombreuses formules sont possibles selon les résultatsrecherchés. Après un rinçage soigné, car les deux bains sont incompatibles, on fixe l'imageargentique en éliminant le bromure non impressionné. Le meilleur solvant à cet égard estl'hyposulfite de sodium, qui forme avec le bromure d'argent un sel complexe, soluble dans l'eau.On lui adjoint des produits durcissants, comme l'alun de potassium, et stabilisateurs, commel'acide borique ou acétique. A partir des négatifs ainsi obtenus, on peut pratiquer, au moyend'opérations similaires, le tirage sur papier, qui fournit un négatif d'un négatif, autrement dit uneimage positive. Cela peut être fait par insolation en lumière blanche, par contact ou paragrandissement par projection dans un agrandisseur; les épreuves photographiques ainsi obtenuespeuvent être virées en couleurs ou en nuances diverses.

Traitement des photographies en couleurs.La photographie en couleurs remplace les grains d'argent par des colorants et nécessite ce

transfert sur trois couches superposées. Le traitement chromogène, s'il est possible par l'amateur,oblige donc à des opérations compliquées et à des réglages, notamment des produits chimiques etde la température des bains, extrêmement délicats, et la plupart des utilisateurs se contentent deremettre les films qu'ils ont pris à un laboratoire spécialisé, soit pour le développement de leursfilms inversibles (diapositives) ou négatifs, soit pour le tirage de ces derniers sur papier. Laphotographie en couleurs s'est faite d'abord selon des procédés additifs où les couleurs seretrouvaient côte à côte sur l'émulsion. Elle est maintenant presque exclusivement le fait deprocédés soustractifs, utilisant sur le support trois couches colorées superposées.

Utilisations.La photographie est devenue d'un usage très étendu et quasi universel : documentation, études

et fixation instantanée d'un moment précis d'un phénomène, expression artistique, reproductionspour l'édition, etc. La principale utilisation pour l'amateur, qui était autrefois le tirage d'épreuvessur papier, s'est enrichie avec la couleur des projections éventuellement sonorisées ou passées enfondu enchaîné (diaporama). L'enseignement s'en est inspiré, et le tirage des diapositivescommerciales rejoint peu à peu celui de la carte postale.

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Les grandes écoles.Ecole américaine.

Aux Etats-Unis, la photographie artistique connaît sous l'impulsion d'Alfred Stieglitz (1864-1946)un remarquable essor. Grâce à la lutte incessante que mène Stieglitz, la photographie est admise entant qu'expression artistique. En effet, en 1910, le musée de Buffalo lui achète des épreuves et, en1924, le musée de Boston lui commande des photographies. Stieglitz a fait des études en Allemagne, où il a vu les photographies réalisées par les Européens, qu'il exposera ensuiteà New York. D'abord membre du Camera Club de New York, il fonde en 1902 un groupe dissident, Photo-Secession, et des galeries : en 1903 The Little Galleries of the Photo-Secession et plus tard la galerie «291». Dès lors, le groupe expose sans discontinuer, et ses oeuvres sont publiées dans la revue de Stieglitz Camera Work (1903-1917). Stieglitz révèle aussi les réalisations de l'avant-garde - européenne, et sa galerie devient le point de rencontre des peintres, des sculpteurs et des photographes. Lors de ses débuts, il éprouve une grande admiration pour les oeuvres de Demachy, mais lui-même ne trafique jamais ses images et il est le premier à travailler « à main libre» (sans trépied). Ses réalisations dégagent sans aucun artifice l'ambiance où elles sont réalisées. Parmi les plus intéressantes citons les portraits de sa femme — le peintre Georgia O'Keeffe; la simplicité des moyens et la pureté de la composition laissent toute la place à l'intense vie intérieure du modèle. S'intéressant aussi aux sujets abstraits, Stieglitz entreprend en 1924 une série de photographies de ciels et de nuages. Il l'intitule «Equivalents». Ici encore, ce précurseur réussit l'évocation delasubtilitéfugitivedesatmosphères.Ses théories sont défendues par ses amis, les membres de Photo-Secession : Gertrude Kâsebier (1852-1934), Clarence H. White (1871-1925),

Histoire.Edward Steichen (1879-1973). Après un apprentissage dans un atelier de lithographie, Steichen

part visiter l'Europe. A Paris, où il est inscrit à l'académie Julian, il est fasciné par les milieuxartistiques de l'époque. Lors de son retour à New York en 1902, il devient membre du CameraClub; il sera l'un des membres fondateurs de Photo-Secession. Passionné par la photographie et satechnique, il réalise plus de mille photographies d'une tasse et d'une soucoupe blanches posées surun fond d'abord extrêmement clair pour aboutir au noir le plus intense. Il fait quelquesphotographies abstraites qui ne le satisfont guère. Son souci de la précision s'accentue de plus enplus, et ses portraits des célébrités du moment influenceront encore la génération américaine deportraitistes et de photographes de mode des années 50. Directeur de la section photographies duMuseum of Modern Art de New York entre 1947 et 1962, Steichen organise en 1955 l'expositionThe Family of Man, qui constitue une étape dans l'histoire de la photographie : plusieurs centainesde clichés évoquant la condition humaine de l'époque y sont réunis. Egalement cofondateur dePhoto-Secession, Alvin Langdon Coburn (1882-1966) voyage en Europe en 1900. Il illustre en1909 un ouvrage de Henry James et publie des séries de portraits. Il va bientôt réaliser desphotographies abstraites, qu'il appelle vortographs. Charles Sheeler (1883-1965), peintre apprécié,est également photographe, et sa série de vues des usines Ford influence ses toiles. On le sentfasciné par les vertigineuses perspectives de l'architecture américaine.

Nouveau réalisme.C'est sa rencontre avec Stieglitz qui décide de la vocation de Paul Strand (né en 1890). Il collabore aux travaux de Sheeler en 1921. Son œuvre est d'une acuité impitoyable; il est le partisan le plus convaincu de la «photographie pure» et du « nouveau réalisme». Il dit lui-même : «Le travail est brutalement direct.» Edward Weston (1886-1958) peut également être rattaché à cette tendance. Il n'y a pas d'impondérable dans son oeuvre, rien n'est laissé au hasard, ses cadrages sont minutieux, etsa patience est inlassable lorsqu'il attend le moment ultime de la réalisation. Pour rendre à la perfection la matière qui le fascine, Weston recherche l'épreuve techniquement parfaite; que ce soit pour évoquer un nu féminin ou les très beaux paysages de l'anse chinoise. Dans cette intention, il fonde en 1932 le groupe «f. 64» (diaphragme le plus étroit qui permet le maximum de netteté). Originaire de San Francisco, Ansel Adams (né en 1902) est l'un des membres les plus remarquables de ce groupe.

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Ses vues de la Yosemite Valley ne trahissent pas la grandeur du site et sa beauté naturelle. Soumis au réel, l'artiste garde sa sensibilité, mais aussi la maîtrise totale du moment décisif.Ce souci de perfection et d'objectivité devient le trait dominant des grands reporters avec la création, en 1935, aux Etats-Unis, d'un organisme qui prend en 1937 le nom de Farm Security Administration et dont le but est de révéler au public la misère dans laquelle stagnent bon nombre de citoyens américains et d'émigrés. Ce n'est plus l'art seul qui est en jeu, mais la signification immédiate du sujet. De tels documentaires sociaux sont publiés par la presse. Cette époque connaît une pléiade de remarquables techniciens non dépourvus de sensibilité. Ceux-ci restent dans la trace de leur précurseur, Lewis W. Hine (1874-1940), qui abandonne l'enseignement en 1905 pour se consacrer à la photographie en tant que document social. C'est en partie grâce à sonintervention et au témoignage atroce de ses photographies que le travail des enfants sera soumis àdes lois au début du siècle. Les plus importants des photographes travaillant pour la FSA sont Dorothea Lange, Walker Evans et Arthur Rothstein (né en 1915). Le peintre de la protestation sociale, Ben Shahn (1898-1969), fait également partie de l'équipe; il est du reste l'un des premiersartistes «engagés» de l'école américaine. Chez Walker Evans (né en 1903) se marque l'influence d'Atget, qu'il a découvert lors d'un voyage en Europe. Sa vision du monde est statique; rien n'est superflu. Ses images, d'une rude vérité, décrivent les chômeurs ou les fermiers qu'il rencontre. Dorothea Lange (1895-1965) a une approche du monde différente. Elle considère les déshérités avec une émotion contenue, sans exagération. Margaret Bourke-White (1904-1971) ne travaille pas pour un organisme officiel, mais, en 1934, elle est chargée par le magazine Fortune de photographier les vapeurs industrielles qui planent sur les villes. Après avoir été free lance (indépendante), elle entre au magazine Life en 1936. Elle réalise en 1937, avec le romancier Erskine Caldwell, un voyage dans le sud des Etats-Unis. Tous deux publient You have seen their Faces, ouvrage illustré par de tragiques photographies. On ne peut manquer de signaler à cette époque l'influence de la littérature sur la photographie. Les grands magazines, comme Life, jouent un rôle primordial. Les reportages d'Eisenstaedt, de Smith ou d'Arthur Felling Weegee (1900-1971)en sont la meilleure preuve. Alfred Eisenstaedt (né en 1898), avant de devenir en 1935 l'un des photographes vedettes de Life, avait travaillé en Allemagne. Les prises de vue d'une grande perfection technique réalisées pendant un voyage à Genève du ministre du IIIe Reich Joseph Goebbels sont des constats objectifs : l'opérateur ne se permet aucune interprétation. Cette théorie va du reste influencer longtemps l'équipe de Life. William Eugene Smith (né en 1918), lui, ne reste pas impartial : il n'hésite pas à dramatiser son sujet. Mais ce lyrisme est tempéré par une grande rigueur et une profonde honnêteté. Les thèmes que Smith choisit sont multiples; la guerre du Pacifique, un village espagnol ou la vie d'une sage-femme noire.

Escalade de la violence.En Amérique, comme en Europe, l'impression de la photographie est devenue courante, et la

grande presse se montre de plus en plus avide d'images «à sensation». Un monde sépare lestémoignages de l'Allemand Erieh Salomon (1886-1944) de ceux de Capa, de Seymour, de Bischofou, plus récemment, de Larry Burrows (1926-1971) ou de Gilles Caron (1939-1970), qui seronttués en mission. Salomon assiste aux conférences internationales à l'époque d'Aristide Briand;grâce à des instantanés, il réalise les premières photographies indiscrètes. Originaire de Hongrie,Robert Capa (1913-1954) étudie en Allemagne, puis vient à Paris. Ses photographies de guerre lerendent célèbre. Après avoir laissé des clichés inoubliables de la guerre d'Espagne, il montreLondres sous les bombardements, le débarquement en Normandie et la campagne d'Indochine, oùil est tué. Ses reportages intègres sont réalisés avec une sûreté et une parfaite maîtrise dulangage de l'image. De cette même génération et également originaire de l'Europe de l'Est, DavidChim Seymour (1911-1956) fixe sur la pellicule l'Europe dévastée et le sort tragique despopulations civiles. Il meurt pendant la campagne du Sinaï. Tous ces photographes se sententconcernés par leur temps et espèrent, grâce à leurs oeuvres, éveiller la conscience du public. C'estdans cet esprit que Capa, Seymour, George Bodger et Henri Cartier-Bresson fondent en 1947l'agence Magnum qui réunit des talents aussi divers que ceux du Suisse Werner Bischof ou de laFrançaise Gisèle Freund (qui fait partie du Magnum jusqu'en 1954). Bischof (1916-1954) modèleses images en utilisant mieux les subtilités des gammes de gris que les variations chromatiques dela couleur. Gisèle Freund (née en 1912), en revanche, utilise la couleur dès 1938. Elle fait degrands reportages sur l'Amérique latine et entreprend une collection de portraits d'écrivains.HenriCartier-Bresson (1908 - 2004) écrit : «J'ai vu Pékin en petites sections d'un centième de seconde.»Ces quelques mots définissent parfaitement son oeuvre.Toujours améliorée, la technique fixe lafraction de seconde. Le reporter passe inaperçu; il «mitraille» le monde, mais choisit aussi le«moment décisif» (titre de l'un de ses albums).

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Les oeuvres de Cartier-Bresson sont d'une pureté rigoureuse, qui n'exclut pas un profond sensde l'humain.

Poésie et rêve.En Tchécoslovaquie, deux tendances se manifestent : celle de Frantisek Drtikol (1878-1961), qui d'abord portraitiste, s'intéresse ensuite presque exclusivement aux nus et dont l'oeuvre, p connue,est fortement influencée par l'expressionnisme tchèque des années 1925; celle de Josef Sudek (né en1896 qui garde une vision poétique, mais précise de ses sujets. Avant Seconde Guerre mondiale, l'arrivée des Hongrois en France représente apport de sang neuf. Leur vision totalement différente de celle l'école anglo-saxonne. L'étrangeté des choses les attire. Gyula Halasz Brassai (né en 1899) voit le monde avec une arrière-pensée surréaliste. Fasciné par la poésie des lieux, il est l'un des premiers à photographier de nuit. L'un de ses albums, de 1961, Graffiti (langage invisible des murs lépreux révèle sa passion de l'insolite. André Kertész (né en 1893) rencontre Brassai à Paris en 1926. Lui aussi cherche l'aspect inattendu de l'objet. En 192 il découvre le petit format, qui lui permet de conserver sa minutie, mais qui accroît sa mobilité.Américain, le peintre Man Ray (né en 1890) s'intéresse aussi à l'aspect secret de l'objet. Il s'initie à la photographie dès 1919. S'enthousiasmant pour le mouvement dada, il fait ensuite partie du groupe surréaliste. Après son arrivée à Paris, il réalise en 1922 ses premiers « rayogrammes» en posant directement les objets éclairés sur la surface sensible. Par ce procédé, il obtient des compositions abstraites d'une grande simplicité baignées d'une lumière étrange. Ses portraits restent aussi les témoins d'une esthétique nouvelle. Passionné par les trouvailles techniques, Man Ray est l'un des premiers à pratiquer la solarisation.La poésie est très apparente dans les réalisations des Français Doisneau, Izis, Boubat ou Lucien Clergue. Robert Doisneau (né en 1912), auteur de plusieurs albums sur Paris, sa ban-lieue et ses habitants, transfigure grâce à son humour le quotidien banal. lais (né en 1911), le rêveur. intitule l'unde ses plus beaux albums Paris de rêve, mais il est aussi fasciné par les animaux et par le cirque; il est un subtil utilisateur de la couleur. l (lottard Boubat (né en 1923) réalise des reportages pleins de force conte-nue et de tendresse, et, en 1973, il publie Miroirs, recueil de très beaux portraits, en collaboration avec le romancier Michel Tournier. Lucien Clergue (né en 1934) réalise des reportages, tous empreints d'une poésie discrète, qu'il soit inspiré par son ami Picasso, par les paysages de Camargue ou par l'eau et le nu féminin; ses images se situent hors du temps; Clergue recherche l'essentiel.L'Angleterre voit aussi, à la suite de Cecil Beaton, se développer une génération nouvelle de photographes. Cecil Beaton (né en 1904), qui a d'abord été peintre, ne renie pas les grands précurseurs anglais, Hill, Lewis Carroll ou Cameron. Ses images romantiques et vaporeuses sont souvent le résultat de certaines subtilités techniques; surimpression, cadrage étrange. Beaton reste l'un des coloristes les plus délicats. En regardant son œuvre, on ne peut s'empêcher de penser à certaines images de Lewis Caroll et, plus près de nous, à celles de David Hamilton, dont les jeunes fille rêveuses sont à la fois érotiques et irréelles. BiII Brandt (né en 1905), aussi, est tenté par le nu féminin et s'amuse des perspectives étranges du corps féminin. 11 réalise aussi de très belles photographies de reportage (1940, les Abris-Refuges de Londres, ou The English Home). Une placetoute particulière doit être réservée à l'Autrichien Ernst Haas (né en 1921). Celui-ci réalise un reportage sur le retour des prisonniers de guerre en 1949 et fait quelque temps partie du Magnum. Aujourd'hui, ce sont sur-tout ses images en couleur qui suscitent l'admiration. L'apport de la technique est surtout utilisé au moment de la prise de vue. Le recueil que Haas publie en 1971, la Création, est un chef-d'œuvre dans lequel les quatre éléments deviennent un poème chamarré et grandiose.L'école japonaise possède également de grands virtuoses, le plus souvent adeptes des petits formats.Hamaya Hiroshi (1915 - 1999) s'intéresse très jeune à la photographie. Sa ville natale, Tôkyô, est son premier sujet d'exploration. Il visite ensuite de nombreux pays, toujours avec l'ceil d'un photographe concerné par son temps et entre à Magnum en 1960.

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Hosoe Eikô (né en 1933), également originaire de Tôkyô, réalise des images plus violentes; ses nus ont une intensité dramatique. Il utilise volontiers la lumière du jour, mais jongle aussi avec les possibilités du flash électronique.Anzai Kichisaburô (né en 1936) traite le paysage avec sensibilité, malgré une vision sophistiquée. Iltravaille souvent au grand angle.

Publicité et mode.La photographie est-elle devenue l'un des principaux media de la «communication de masse»? Et pourtant rien n'est plus irréel que la photographie publicitaire. Entre les deux guerres mondiales, leFrançais Hary Meerson (né en 1910) est parmi les premiers fabricants de rêve; il montre une femme heureuse devant un produit nouveau. Dans un dépliant publicitaire réalisé par Helmut Newton de Londres, érotisme et vitesse deviennent des mythes qui accompagnent l'accessible voiture de luxe. Réelle aussi la très belle photographie d'un athlète de Ernst Haas : l'attitude puissante est très bien saisie par le cadrage et le choix de l'objectif; mais il s'agit ici aussi d'un mythe, et le document sera utilisé pour vanter les effets toniques d'une médication à la vitamine E.D'autres photographes publicitaires, prenant une voie délibérément opposée, situent l'homme en harmonie avec la nature, ainsi le Français Guy Bourdin, qui fait aussi de très belles photographies de femme. Certains encore, tel un autre Français, André Edouard (né en 1939), évoquent la métallurgie et sa puissance ou l'infini des distances parcourues parAir France, uniquement au moyen de photographies totalement abstraites, qui créent l'illusion de la force et du mouvement.Le domaine de la photographie de mode a toujours été partagé entre deux tendances : l'une réaliste, traitant la mode en reportage, en portrait vérité, et l'autre situant la mode dans un monde inaccessible, parfois intimiste, mais toujours sophistiqué. Les images de l'Américain Irving Penn (né en 1917) sont d'un style réaliste. Le graphisme puissant est souvent servi par le contraste du noiret blanc ou par une subtile utilisation de la couleur. Richard Avedon (né en 1923), a eu pour maître Alexeï Brodovitch (1900-1971), qui dirige jusqu'à sa mort la revue Harper's Bazaar, et donne le ton aux magazines de mode du monde entier. Ses images sont techniquement très sophistiquées; elles nous montrent des femmes lointaines, à la silhouette démesurément allongée. Wakabayaschi Yasuhiro, dit Hiro (né en 1930), tout comme Avedon, dont il fut l'assistant, subit l'influence de Brodovitch. Il est depuis 1958 l'un des principaux photographes de Harper's. Georges Tourdjman (né en 1935), autre élève de Brodovitch, utilise souvent le corps féminin tel une toile de fond pour la présentation de matériaux insolites. Il jongle avec les reflets des métaux et les scintillements des matières synthétiques. Jeanloup Sieff (né en 1933) s'intéresse très jeune à la photographie. Il devientprofessionnel en 1954. Par de longs séjours à New York entre 1960 et 1965, il connaît les réalisations des grands magazines de mode américains auxquels il collabore. Le petit format qu'il adopte volontiers et le flash électronique donnent une grande mobilité à ses images. Il n'exclut pas les cadrages insolites (photographie d'un chauffeur de Rolls), les déformations créées par le choix des optiques, les filtres et les manipulations de laboratoire. Devant la réalité d'un nu, d'un paysage ou de la mode, il est à l'affût de l'irréel.Ce monde enchanté a provoqué une réaction inverse, et des femmes comme Lisette Model (née v. 1920) ou son élève Diana Arbus (1923-1971) font des photographies où percent la laideur humaine et l'angoisse. L'Américaine Judy Dater (née en 1941), elle, est obsédée par la solitude de ses contemporains.

Nouveau réalisme en Europe et recherches abstraites.L'école américaine, et principalement Paul Strand, a prôné le nouveau réalisme; en Allemagne, Albert Renger-Patzsch (1897-1966) est le chef de file d'un mouvement, qu'il intitule nouvelle objectivité. A l'affût de la perfection, il travaille le plus souvent avec un appareil de format 9 x 12 cm et un trépied. A la même époque, la «neue Sachlichkeit» triomphe en peinture avec George Grosz et Otto Dix. Photographie et peinture s'influencent mutuellement.C'est l'impressionnisme qui crée la réaction de ces peintres, et le pictorialisme photographique celle des photographes.

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Deux voies s'ouvrent désormais à la photographie : le nouveau réalisme, c'est-à-dire la photographie«concernée» et la création pure, abstraite, dépourvue de toute anecdote, dont Stieglitz a ouvert la voie avec la série des «Équivalents».Dans les années 20, en Allemagne, des artistes peintres se servent du réalisme photographique pour transfigurer le quotidien (collages de l'Autrichien Raoul Haussmann [né en 1886]). Les travaux de Moholy-Nagy sont à l'origine de la section photographique du Bauhaus. Moholy-Nagy part souvent d'images objectives d'une grande pureté de lignes et réalise ensuite des photomontages (v. ASSEMBLAGE). Ses « photogrammes» exécutés sans caméra, sortes de peintures lumineuses, sontencore une source d'inspiration pour les artistes cinétistes de nosjours. En 1937, Moholy-Nagy fonde à Chicago le New Bauhaus qui deviendra, deux ans plus tard, The Chicago Institute of Design. Ses théories ne seront pas sans influencer la carrière de Harry Callahan (né en 1912), qui, cependant, se reconnaît Adams et Stieglitz pour maîtres.Pour de nombreux artistes contemporains, tels les adeptes du pop art, de l'« hyperréalisme» ou ceux de la nouvelle figuration, la photographie reste le grand intercesseur.L'Allemand Otto Steinert (né en 1915) tient particulièrement au terme de photosubjectif. Il considère la technique indispensable ainsi que les manipulations de laboratoire. Le Belge Pierre Cordier (né en 1933) travaille quelques mois sous sa direction. Ses oeuvres deviennent des u chimigrammes»; Cordier utilise tout à la fois la photographie et la chimie, mais aussi, dans une certaine mesure, le hasard, espérant trouver ce que Magritte appelait «d'inattendues images de l'inconnu». La Française Dominique Sarraute réalise d'étonnantes compositions où la matière picturale se mêle habilement à la rigueur photographique de la réalité. Jean-Pierre Sudre (né en 1921) est un des virtuoses de la chimigraphie. Fasciné par les cristaux, il découvre leur monde ignoré de l'oeil humain. Partisan des tirages uniques, il place l'épreuve photographique sur le même plan que la réalisation picturale; il déclare du reste : « [L'épreuve] naît à la fin d'un combat gestuel avec la lumière et des réactions physico-chimiques contrôlées qui la révèle.Cent cinquante années ont suffi à l'homme pour trouver dans la photographie l'un des principaux auxiliaires de la science et un indispensable élément de la vie quotidienne. Mais la photographie reste aussi l'un des moyens artistiques de notre époque, fixant pour l'éternité l'instant éphémère àjamais disparu.

ART PHOTOGRAPHIQUE.En 1839, lorsque Louis Jacques Daguerre (1787-1851), à la suite des travaux de Nicéphore

Niepce (1765-1833), annonça la découverte de son procédé photographique, le peintre PaulDelaroche déclara : «À dater d'aujourd'hui, la peinture est morte.» La possibilité qu'elle engendraitde saisir tous les détails de la réalité allait faire de la photographie l'art du futur. Ses adversairesproclamaient tout aussi fort qu'elle ne pourrait jamais rivaliser avec la peinture et le dessin.Depuis 1839, la photographie s'est mise au service de nombreux domaines, qu'il soit scientifique,médical, anthropologique, journalistique ou publicitaire. Elle n'a jamais pour autant cesséd'affirmer sa vocation artistique.

Le XIXe siècle.Pour les artistes qui travaillaient sur le vif, les photographies constituèrent une source incomparable de détails et de compositions. Dans les années 1880, Eadweard Muybridge (1830-1904) prit les premiers clichés à grande vitesse. Il exposa ses clichés de cheval au galop ou d'homme en mouvement. Ces décompositions du mouvement intéressèrent de nombreux peintres, notamment l'impressionniste Degas.En quête d'un statut et d'une reconnaissance artistique, les premiers photographes adoptèrent les thèmes moraux des peintures du XIXe siècle, parfois en en recopiant simplement le style. Désireux d'évoquer dans leurs portraits ou leurs paysages les coups de pinceau du peintre, des artistes se réclamant du courant «pictural» coloraient leurs photos de teintes profondes ou y incorporaient des effets de flou. Ils peignaient avec la lumière, affirmaient-ils.Grâce aux progrès techniques des décennies suivantes, les photographes apprécièrent leur disciplinepour son instantanéité unique et sa faculté de porter sur le monde un regard particulier.

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Les meilleurs d'entre eux, telle la portraitiste victorienne Julia Margaret Cameron (1815-1879), conféraient à leurs œuvres une grande vitalité et les imprégnaient d'une profondeur psychologique authentique.

Le modernisme.Au début du XXe siècle, la photographie acquit un nouveau statut : celui d'activité artistique indépendante. À travers son œuvre et ses écrits, dans sa galerie new-yorkaise et son magazine Camera Work, l'Américain Alfred Stieglitz (1864-1946) préconisait une photographie «pure», chargée d'une valeur esthétique qui dépasserait la simple fonction descriptive ou utilitaire. Cette conception moderne influença toute une génération de photographes. Les Américains Edward Weston(1886-1958) et Paul Strand (1890-1976) soutenaient une forme de photographie «objective» : la beauté et la signification des images, nettes et précises ; provenaient du choix du sujet même, objets, personnages ou paysages.Ansel Adams (1902-1984), héritier de cette tradition puriste, se fit connaître par ses superbes tirages et ses clichés parfaits des contrées sauvages des États-Unis.Tandis que les photographes américains recherchaient l'inspiration dans la solitude de la nature, les photographes européens nouaient des liens étroits avec l'avant-garde artistique : les futuristes italiens adoptèrent la photographie pour célébrer le rythme et la vitesse de la société moderne, le dynamisme de l'âge des machines. S'inspirant des techniques de collage cubistes, les dadaïstes allemands, comme John Heartfield (1891-1968), recoururent au photomontage pour juxtaposer différentes représentations de la réalité : ce procédé devint un puissant instrument de satire politiqueet sociale. Pour les surréalistes et leur grand photographe novateur, Man Ray (1890-1976), la photographie représentait l'outil idéal pour suggérer l'illusion et l'étrange en éclairant le monde quotidien sous un jour nouveau, dans le but de mystifier, de troubler ou de choquer leurs contemporains. Les innovations techniques et l'esprit de provocation de Man Ray engendrèrent un courant toujours actuel : la photographie « surréelle ».Les photographes de la «nouvelle objectivité» proposaient un autre regard sur le monde. Leur chef de file, le HongroisLâszlé Moholy-Nagy (1895-1946), participa à l'école révolutionnaire allemande du Bauhaus. Ils dégageaient l'insolite des lieux les plus banals, sans les modifier de façon artificielle, mais en les saisissant sous des angles inhabituels et avec un détachement quasi scientifique. Ce point de vue singulier transforme les choses ordinaires : un gros plan de fleur la faitressembler à une machine, une scène de rue photographiée de très haut évoque un motif abstrait de tissus.

La photographie documentaire.Considérés aujourd'hui comme de grands maîtres, ces photographes n'étaient pas en quête d'un statut d'artiste.Eugène Atget (1856-1927), André Kertesz (1894-1985) et Brassaï (1899-1984), qui décrivaient la vie quotidienne en faisant ressortir ses qualités surréelles, inspirèrent les surréalistes.La photographie documentaire est un domaine vaste et varié, tant par ses attitudes que par ses thèmes. Walker Evans(1903-1975) s'intéressait à la dure existence du monde rural : ses images vives, puissantes et dignes constituent d'irremplaçables témoignages des inégalités sociales d'alors. Les photographies de Jacques-Henri Lartigue (1896-1986) rendent brillamment compte des loisirs et des événements sans importance de la société bourgeoise française. Ces chroniques, apparemment anodines, possèdent une véritable dimension sociale. Les images minutieuses, poétiques et obsédantes de Bill Brandt (1904-1983) soumettent à une critique sociale la vie quotidienne de l'Angleterre des années trente."Le travail du photographe consiste, en partie, à voir les choses plus intensément que la plupart des gens. Il doit avoir et garder en lui la réceptivité de l’enfant qui regarde le monde pour la première fois, ou celle du voyageur quidécouvre une contrée exotique".Précurseurs de la photographie « engagée » de l'après-guerre, des reporters parcouraient le monde en espérant, grâce au témoignage de leurs photographies, le modifier. Telle est la démarche d'Henri Cartier-Bresson (1908-2004), dont les clichés élégants cherchent à saisir cet instant fugitif et décisifoù la perfection de la composition corrobore la transparence du message.

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La photographie depuis 1945.Dans les années cinquante et soixante, les Américains Lee Friedlander (né en 1934), Robert Frank (né en 1924) etDiane Arbus (1923-1971) enrichirent l'approche spontanée des scènes urbaines ou des scènes de rue. Leurs clichés dépeignent un univers grave en proie à la guerre froide, encore sous le choc de l'Holocauste, dans lequel le photographe se sent étranger.L'art plastique et la photographie entretiennent des liens très étroits. Les œuvres des artistes du pop' art, comme Andy Warhol (1929-1987) et Robert Rauschenberg (1925-2008), utilisent des concepts et des clichés photographiques. En s'inscrivant en faux contre le caractère unique, physique et manuel de l'objet d'art, la photographie soutient l'essor des arts minimaliste et conceptuel, ainsi que du Performance Art.Si la photographie est maintenant omniprésente, son public semble plus averti et mieux préparé à passer outre aux notions d'objectivité ou de vérité. Ce type de réaction favorise l'intrusion croissantede leur propre imaginaire dans l'œuvre des photographes contemporains.

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Vocabulaire de la Photo

A

Aberrations, défauts d'un système optique. Les principales aberrations sont : l'aberrationchromatique, caractérisée par des différences de netteté selon les couleurs; l'aberration desphéricité, qui est due au fait que les rayons sont différemment réfractés au bord ou au centred'une lentille; les distorsions, qui traduisent des droites par des courbes sur l'image;l'astigmatisme, qui traduit une dissymétrie des rayons réfractés en fonction de leur direction.Chacun de ces effets peut être corrigé. On supprime par exemple l'aberration chromatique enfabriquant des objectifs dits «apochromatiques ».

Accélérateur, produit que l'on ajoute à un révélateur pour maintenir son effet en cours dedéveloppement et accélérer en conséquence celui-ci. C'est le cas, par exemple, du métaborate desodium.

Agrandissement, tirage d'épreuves à un format plus élevé que le négatif original. On opère surun appareil appelé «agrandisseur».

Aluphoto, photographie sur plaquettes d'aluminium sensibilisées en surface par incorporationd'une couche photosensible dans les pores du traitement anodique.

Ambrotype, photographie sur plaque au collodion, ou amphitype, blanchie au mercure.

Amphitype, photographie sur plaque de verre au collodion de Talbot (1852).

Anaglyphe, couple d'images stéréoscopiques traduites l'une en rouge et l'autre en vert. Cesimages sont imprimées en superposition; quand on les regarde avec une lunette bicolore dont unverre est rouge et l'autre vert, on retrouve l'impression du relief binoculaire à l'examen.

Anamorphose, distorsions recherchées et amplifiées par dispositifs optiques aberrants.

Anastigmat, objectif corrigé de l'astigmatisme.

Autochrome, se dit du procédé de photographie en couleurs des frères Lumière, qui utilise unemosaïque trichrome formée par des grains très fins de fécule colorée.

Autographies, images obtenues par enregistrement direct d'un corps radioactif.

BBlanchiment, action de solubiliser l'argent d'une image en vue de l'éliminer pour affaiblir

l'image ou de le remplacer par un autre composé en vue d'un virage coloré ou d'un renforcement.Le bromure de potassium est le plus souvent à la base des bains de blanchiment.

Bonnette, lentille grossissante pour prises de vue de près, tels que portraits.

CCalotypie, négatif sur papier à l'iodure d'argent imprégné de nitrate d'argent et d'acide

gallique, proposé en 1841 par Talbot. On développe à l'acide gallique. On obtient le tirage aupositif par les mêmes voies.

Carbro, procédé sur papier bromure pigmenté et tanné, donnant des résultats voisins duprocédé papier sur charbon à noirs profonds.

Chambre, partie de l'appareil photographique recevant, d'une part, l'objectif et, d'autre part,les surfaces sensibles.

Chargeur, magasin à films sensibles permettant de placer ceux-ci en plein jour dans le fond dela chambre de manière commode.

Chromophotographie, procédé de photographie directe en couleurs.

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Chronophotographies, suite en séries selon une cadence donnée de vues d'un mouvementpour l'étude de ce mouvement (J. Janssen, en 1874, Muybridge, en 1877, Marey, en 1882,pratiquèrent ce moyen, repris plus commodément depuis avec la stroboscopie).

Coin de Goldberg, dispositif fournissant une gamme sensitométrique à variation continue de ladensité et dont Goldberg a donné des modes de préparation sur gélatine.

Collodion, solution de nitrate de cellulose (coton poudre) dilué dans un mélange alcool-éther,qui fut utilisée comme véhicule et liant d'émulsion par Gustave Le Gray en 1849, puis dans denombreux procédés, soit sous forme humide, soit sous forme sèche.

Colorbrite, procédé chimique de correction de nuances des émulsions en couleurs Ektachrome.

Contraste, valeur relative entre les parties les plus claires et les parties les plus foncées d'uncliché.

Contrejour, photographie obtenue avec la source de lumière devant soi et non derrière, commeon le recommande parfois aux débutants. On obtient ainsi, moyennant quelques précautions, desrésultats esthétiques intéressants.

Cyanines, matières colorantes dont de nombreux dérivés sont utilisables commesensibilisateurs.

DDactyloscopie, photographie des empreintes digitales et sa comparaison avec les documents

du fichier d'identification utilisé dans les services de police judiciaire.

Daguerréotype, image obtenue sur feuille d'argent plaquée sur cuivre selon un procédéimaginé par Daguerre et Niepce, et fixée par amalgame. Ce fut de 1839 à 1849 la forme populairede la photographie.

Décentrement, dispositif de réglage de l'objectif pour maintenir la représentation géométriqueparfaite d'un sujet, tel que monument vu du bas. Toutes les chambres professionnelles en sontdotées.

Déclencheur, dispositif pour commander l'ouverture de l'obturateur. Le déclencheur souple estun accessoire constitué par un câble flexible gainé dont une extrémité s'adapte à la commande dedéclenchement et dont l'autre permet la manoeuvre au moyen d'un poussoir. Cet accessoire estutile pour les poses sur pied, car il évite toute vibration. II peut être combiné avec un retardateur,ce qui permet à l'opérateur d'aller se placer dans le champ pour se photographier lui-même.

Densitométrie, contrôle et mesure de la densité optique des clichés photographiques. Desappareils très précis ont été réalisés pour ces opérations à des fins scientifiques.

Dessin photographique, document obtenu en superposant un positif et un négatif égalementdenses et en tirant sur papier à grand contraste avec éclairage en mouvement rotatif de la lampeautour du châssis. On obtient ainsi un pseudo-dessin pouvant être reproduit par les procédésphotomécaniques sans usage de trame.

Développement, opération chimique destinée à transformer l'image latente en image négative,visible et stable, par le moyen d'un bain révélateur.

Diapositive, photographie positive sur support transparent, généralement destinée à laprojection.

Doubleur de focale, dispositif optique intéressant pour les appareils de petit format à objectifinterchangeable et que l'on place entre le boîtier et l'objectif pour doubler la longueur focale decelui-ci. Il existe aussi des tripleurs de focale. Le temps de pose doit être majoré en conséquence.

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E Effets photographiques, anomalies présentées par les couches sensibles lors de leurs transformations. Les principaux sont :l'effet Cailler (dans un agrandissement, une lumière dirigée donne un contraste plus élevé qu'une lumière diffuse);l'effet Clayden (une forte surexposition peut se traduire par une inversion des valeurs);l'effet Herschel (une légère lumination peut donner lieu à une sensibilisation à une lumière inactinique de longueur d'onde plus élevée);l'effet Russell (des émanations de corps qui s'oxydent lentement à l'air provoquent un voilage des couches sensibles qui leur sont exposées);l'effet Sabatier (sensibilisation d'une émulsion par une légère exposition préalable en lumière blanche; c'est cet effet que l'on utilise pour la solarisation); l'effet Schwarzschild (il traduit la non-réciprocité des effets de noircissements qui ne sont pas en rapport linéaire avec la lumination).

Electrographie, procédé permettant l'obtention d'images par fixation de phénomènesélectrostatiques. La xérographie en est un exemple. On appelle aussi électrographies les imagesd'effluves électriques : une médaille posée sur une plaque photographique et soumise à une fortetension pourra être ainsi reproduite.

Emulsions, nom donné aux couches photosensibles, parce qu'elles sont formées par descristaux microscopiques d'halogénures d'argent enrobés dans une substance colloïdale, qui est engénéral la gélatine.

Epreuve, image positive tirée directement ou agrandie sur papier à partir d'un cliché négatif.

FFerrographie, procédé d'enregistrement magnétique des images utilisant une encre spéciale

ferro-magnétique.

Ferrotype, procédé au collodion sur plaque métallique.

Ferromagnétographie, procédé de photocomposition pour la transcription directe d'images surpapier.

Film, terme d'usage courant pour désigner le support plastique de l'émulsion, en opposition àplaque lorsqu'il s'agit du support rigide de verre. On devrait dire pellicule et réserver le terme defilm pour désigner les longues bandes destinées au cinéma ou au petit format.

Filtre, élément destiné à être placé devant l'objectif (parfois devant la source de lumière) poursélectionner certaines radiations. II existe des filtres destinés seulement à des corrections, qui sontseulement nuancés et clairs, et des filtres d'effets, qui sont de couleurs beaucoup plus saturées.Les filtres sont réalisés en verre coloré ou en gélatine teintée. Ils doivent être rigoureusement planavec des surfaces parallèles et préparés optiquement. II faut tenir compte de leur coefficientd'absorption, par lequel on multipliera le temps de pose. II existe des filtres incolores, mais quiarrêtent les rayons ultraviolets, et des filtres noirs, qui laissent passer soit des rayons infrarouges,soit des rayons ultraviolets. Il existe aussi des filtres à facettes taillées pour multiplier le nombredes images, des filtres donnant des flous artistiques, des filtres de trucages et d'effets très divers.

Fish-eye, système optique (objectif) à très grand angle (120 à 180°), que l'on devrait appelertrès grand angulaire.

Fixage, opération chimique de fixation de l'image après son développement.

Flash, éclair lumineux pour prises de vue par éclairage instantané du sujet. On utilise soit deslampes donnant un seul éclair, soit des décharges de condensateur dans un tube à gaz rare(généralement xénon) selon un dispositif que l'on nomme flash électronique. Les lampes flash,miniaturisées, groupées par quatre (flash cube), susceptibles d'être amorcées par une énergiemécanique remplaçant le courant d'une pile (magicube), constituent un moyen commode pour desprises de vue occasionnelles.

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Le flash électronique, dont il existe des versions puissantes ou des versions automatisées parcomputer incorporé, est pratique pour des reportages suivis et des prises de vue multiples.

Flou, manque de précision dans les détails d'une image, recherché parfois pour l'obtentiond'effets artistiques.

Fluographie, procédé qui consiste à imprégner le sujet de produits fluorescents qui se fixentdans les cavités et les accidents de surface. On essuie et l'on photographie en fluorescence sousles rayons ultra-violets filtrés d'une lampe de Wood. On obtient de cette manière des précisions surl'état de surface ou le détail de fines gravures, rayures ou fissures. En annexe, on a proposé ledessin fluographique, qui précise la fluographie et s'obtient par un tirage de la superposition d'unpositif et d'un négatif de la fluographié originale.

GGamma, facteur de contraste du négatif, traduisant les courbes de noircissement d'une

émulsion en fonction de la lumination. C'est le contrôle du gamma qui permet de modifier lecontraste d'un cliché en agissant sur la durée de développement.

Gammagraphie, procédé de radiographie par les rayons gamma très pénétrants.

Glaçage, opération consistant à rendre brillante la surface d'une épreuve tirée sur papier en laséchant sur une surface très lisse (verre bien net ou rouleau de laiton chromé).

Grain, particule de sels d'argent enrobée dans la gélatine des couches sensibles. La granulationest plus ou moins grande et s'amplifie en général avec la sensibilité. Elle limite le pouvoir derésolution de l'émulsion, donc ses possibilités d'agrandissement. Pour une émulsion donnée, onpeut réduire le grain apparent par des développements dits «à grains fins».

HHéliographie, procédé graphique de report photographique d'une image au moyen d'un cliché

gravé sur plaque métallique; il dérive de l'héliogravure (Niepce de Saint-Victor, 1853).

Hélioplastie, moyen indiqué en 1855 par Alphonse Poitevin (1819-1882) pour obtenir surgélatine bichromatée un relief permettant le moulage d'un cliché.

Holographie, technique de production d'images en relief utilisant un faisceau lumineuxcohérent : laser. L'image ainsi obtenue est un hologramme. Aujourd'hui, les hologrammes sont desimages en 3 dimensions.

IInversion, traitement chimique destiné à transformer une image positive en image négative,

ou inversement.

KKératométrie, étude de la cornée de l'oeil en faisant intervenir la photographie.

Kymographie, procédé d'investigation microphotographique d'un processus dynamiquecombinant un enregistrement sur diaphragme à fente et un mécanisme transporteur du film. Onétudie et on illustre ainsi les battements du coeur et ses anomalies éventuelles.

LLanterne magique, ancêtre, qui eut une grande vogue, de l'appareil de projection de

diapositives. C'est de la lanterne magique d'Athanasius Kircher (1602-1680) que dérivèrent lePraxinoscope, ou «Théâtre optique», d'Émile Reynaud (1876), le cinéma et aussi la » LaternaMagica» de Prague, qui est un intéressant essai de spectacle intégré, combinant les projections devues fixes ou de décors, le cinéma et le jeu d'acteurs réels.

Latensification, procédé d'intensification consistant en un renforcement de l'image latente, quel'on pratique par fumigation dans des vapeurs de mercure ou de divers acides organiques oud'anhydride sulfureux, ou par bain dans un acide dilué dans un solvant volatil, du bisulfite desodium, du perborate de sodium ou de l'eau oxygénée.

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Lentilles, bonnettes de grossissement qui se chiffrent en dioptries (puissance de grossissementd'une lentille qui aurait 1 m de distance focale). On nomme aussi lentille diffusante les filtres deflou et lentille prismatique les filtres prismatiques multiplicateurs d'images.

Lithophotographie, transfert photographique sur pierres lithographiques (Zurcher, 1842).

Iogetron, dispositif électronique de correction ou de modification des contrastes au tirage ou àl'agrandissement.

Lumination, quantité de lumière utilisée sur l'émulsion pour obtenir l'image photographique.On la détermine au moyen des posemètres, qui ne sont autres que des luxmètres étalonnés enfonction des commodités de la prise de vue.

Luminographie, technique consistant à garnir des parties creuses d'un sujet (gravure parexemple) de produits phosphorescents pour en obtenir l'image par contact avec une plaquephotographique ou directement sur papier apposé contre.

Lumitypie, procédé de composition typographique d'Higonnet et Moyroud (1948) pour imprimerselon un processus photographique.

MMacrophotographie, photographie d'objets très rapprochés et de petits sujets dont l'image est

en grandeur réelle ou un peu-plus grande que celle de l'objet. Cette technique implique de longstirages de la focale et un éclairage étudié.

Magnétographie, procédé dans lequel les images sont obtenues sur une pièce métalliqueaimantée par fixation des spectres magnétiques figurés par de la poudre de fer et photographiées.L'image obtenue est dite « magnétogramme ».

Microfilm, copie en dimensions réduites sur film de documents en vue de leur stockage ou deleur transport. Utilisé pendant la guerre de 1870 pour envoyer des messages par pigeonsvoyageurs durant le siège de Paris, le microfilm ne fut repris qu'en 1930 pour une conservation etune utilisation rationnelles de l'information, reportée sur film de 16 ou de 35 mm.

Microphotographie, images photographiques obtenues sous forts grossissements au moyend'un microscope.

Miniformat, format qui utilise des films de 16, voire de 9,5 ou de 8 mm chargés en cassettesdans des appareils de très petites dimensions (celles d'un stylo par exemple).

Montage photographique, ou diaporama, ensemble cohérent de photographies sur un sujetdonné, utilisé en projection, de préférence en fondu enchaîné, avec accompagnement sonore d'uncommentaire approprié ou d'un fond musical, ou de leur combinaison.

Monture, cadre en carton, en matière plastique ou en métal servant à maintenir des vuesdiapositives de petit format éventuellement enserrées entre deux verres minces protecteurs.

Multivision, projection simultanée de diapositives sur plusieurs écrans. La multivision sur deuxoutrois écrans peut accroître le caractère documentaire et attractif. Celle qui se fait en véritablemosaïque sur plusieurs dizaines d'écrans répond surtout à un souci de surenchère publicitaire.

NNetteté, l'une des premières qualités d'une image photographique, qui dépend de la qualité de

l'objectif, de son ouverture (on accroît la netteté en diaphragmant), du pouvoir résolvant del'émulsion, de son développement et des conditions de la prise de vue (un fort éclairage permet dediaphragmer).

Nombre guide, indice utilisé pour définir l'efficacité relative d'une lampe flash ou d'un flashélectronique. C'est le produit de la distance par l'ouverture du diaphragme.

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O.Objectif, dispositif optique placé sur l'ouverture de la chambre noire de l'appareil

photographique. II permet d'obtenir des images plus lumineuses que la simple ouverture ensténopé et de fixer des focales diverses. Les courtes focales couvrent de larges champs et sontdites «grands angles; les longues focales permettent d'opérer à grandes distances et sont dites«téléobjectifs». Une optique normale couvre un champ voisin de celui de notre sens visuel etcorrespond à environ 50 mm de focale en format 24 x 36 mm.

Obturateur, dispositif mécanique, parfois électronique, permettant de découvrir durant letemps requis (temps de pose) l'ouverture de la chambre noire. Les obturateurs sont centraux à irisréglable ou à fente se déplaçant à une rapidité réglable. L'obturateur central est constitué par unesérie de lamelles mobiles pivotantes, dont le mécanisme moteur doit être préalablement armé. Lesobturateurs focaux sont constitués par un mécanisme propre à assurer, après leur armement,l'exposition de la surface sensible par la translation rapide de deux rideaux distincts terminés parune lèvre rectiligne perpendiculaire à la direction de la translation. En certains cas, c'est la largeurde la fente qui est réglable.

Ombroscopie, technique permettant, en projetant sur un écran, au moyen d'une sourceponctuelle et puissante, l'ombre d'un fluide perturbé, d'obtenir une image des perturbations duesaux variations provoquées dans l'indice de réfraction des diverses zones. C'est ainsi que laméthode des ombres de Libessart permet d'obtenir, autour de la silhouette d'un projectile sedéplaçant en mouvement rapide, les mouvements que provoque le projectile dans l'air, où il sedéplace.

PPPanoramique, se dit d'un appareil photographique permettant d'obtenir par balayage un très

grand champ horizontal sans les déformations qui accompagnent les systèmes optiques à trèsgrand angle, dits «fish-eyes».

Paraglyphes, effets de similirelief ou de bas-relief obtenus en superposant un négatif et unpositif d'un même sujet et en faisant un tirage avec un léger décalage. Il faut distinguer cesystème de celui du dessin photographique, où les deux clichés doivent être exactementsuperposés et de même densité optique, alors qu'ici on peut jouer au contraire sur les densitésrespectives. Les paraglyphes, découverts par Béla Alexander (1852-1916), furent, par la suite,réinventés par plusieurs auteurs. Blondeau les a appliqués à la radiographie, et Tendron à lafluographie.

Photocéramique, photographie sur émaux, porcelaine ou verre, utilisant une préparationphotosensible spéciale, qui, après développement et lavage, est vitrifiée et fixée par cuisson.

Photochromie, ensemble des procédés photographiques fournissant des images en couleurs.

Photochromotypographie, procédé graphique photomécanique de reproduction des couleurs.

Photocopie, copie d'un phototype (cliché) par un procédé optique.

Photodécoration, art du décor et de la décoration à partir de photographies, notammentd'agrandissements de dimensions importantes.

Photographisme, ensemble de recherches graphiques obtenues au moyen de procédésphotographiques.

Photogramme, image obtenue sans appareil en projetant directement par contact (ou avec unagrandisseur) les ombres ou les silhouettes des objets sur un papier bromure que l'on développeet fixe.

Photogrammétrie, technique qui consiste à effectuer des mesures dans une scène, en utilisantla parallaxe obtenue entre des images acquises selon des points de vue différents. Recopiant lavision stéréoscopique humaine, elle a longtemps exploité celle-ci pour reconstituer le relief de lascène à partir de cette différence de points de vue.

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Photolithophanie, effets de transparence sur porcelaine ou autre support translucide, obtenuspar procédés photographiques.

Photométrographie, synonyme de photogrammétrie dans son sens le plus général.

Photominute, procédé de reproduction rapide, où les produits de développement et de fixagesont écrasés en pâte sur l'émulsion à la prise de vue en couleurs.

Photomitrailleuse, instrument photographique en forme de fusil ou de mitrailleuse, servant àl'entraînement militaire au tir et fournissant sur un film les images du but qui aurait été touché sile tir avait été réel.

Photoprofil, procédé de photographie des sections de galeries de mines en vue de leurcontrôle.

Photorama, prise de vue et projection d'une suite de vues recouvrant en panorama le tourcomplet de l'horizon (Lumière, 1900).

Photosculpture, exécution rapide et précise de sculptures à l'aide de prises de vuephotographiques suivies de leur restitution.

Photostéréosynthèse, obtention de photographies en relief observables sans lunettes. Cesystème fut imaginé par L. Lumière en superposant une suite de diapositives mises au point surdes plans successifs.

Photothermométrie, procédé photographique de contrôle des corps chauds par densitométriedes clichés.

Pinatypie, procédé de transfert hydrotypique de colorants au moyen d'une couche gélatinée.

Piqué, terme utilisé par les photographes pour caractériser un bon pouvoir résolvant et un boncontraste.

Pose, durée d'exposition sur la couche sensible pour la prise de vue.

Posemètre, appareil destiné à déterminer la durée d'exposition. Il est le plus généralementphoto-électrique et au sulfure de cadmium.

RRadiographie, procédé utilisant les rayons X pour obtenir une image qui donne des

informations sur l'intérieur du corps. L'image peut être obtenue directement sur émulsionsspéciales épaisses, par photographie de l'écran fluorescent d'un appareil radioscopique, enmicroradiographie. L'action directe des rayons X sur les émulsions impose une certaine prudenceau cours de voyages aériens, où les bagages peuvent être sondés aux rayons X pour raisons desécurité. Il est donc dangereux de laisser des émulsions vierges ou impressionnées dans lesbagages, et il est recommandé de les garder avec soi.

Réflectographie, procédé photographique de photocopie très simple sur papier contraste.

Reliéphotographie, ou reliéfographie, procédé de photographie en relief sous sélecteur gaufrélenticulaire, proposé par Maurice Bonnet (1941).

Reprographie, terme utilisé pour désigner les divers procédés de reproduction photographiquede documents.

Rétinographie, procédé pour la photographie du fond de l'oeil au moyen d'un appareil dotéd'une lampe à éclair que l'on nomme rétinographe.

Révélateur, substance réductrice utilisable pour le développement de l'image latente. Les principaux révélateurs sont : le métol, qui est le sulfate de méthyle para-amino-phénol (génol, ucenol, rhodol...); le glycin, qui est le para-hydroxy-phénilglycin (ikonil, kodurol...); le para-amino-phénol; le diamino-phénol (amidol, acrol...); le phénidon; l'hydroquinone; la chlorhydroquinone; lapyrocatéchine; le pyrogallol; la paraphénylène-diamine... Ces produits sont à la base de bains alcalinisés et stabilisés.

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SScintigraphie, technique d'exploration médicale qui utilise des produits radioactifs pour

impressionner caméra spéciale appelée caméra à scintillation (gamma-caméra).

Sensitométrie, étude des propriétés et des caractéristiques des surfaces sensibles. Les courbessensitométriques des émulsions sont caractéristiques de leur efficacité. La Sensitométrie est labase de l'étude et des applications du noircissement en fonction de la sensibilité rapportée au typedu révélateur et à son mode d'emploi. La rapidité se chiffre selon divers systèmes, dont un tableauannexe donne les valeurs.

Solarisation, application de l'effet Sabatier pour obtenir des effets d'inversion partielle etartistique sur des négatifs que l'on tire ensuite. On peut aussi effectuer de telles opérations encours de tirage. Ce procédé est aussi pratiqué par tirages sur film inversible en duplicata des effetssemblables en couleurs.

Spectrophotographie, enregistrement photographique des spectres des diverses sourceslumineuses.

Sténopé, petite ouverture libre par laquelle se fait l'image dans une chambre noire. Universellement remplacé aujourd'hui par un objectif, le sténopé est parfois réutilisé par desjeunes ou des bricoleurs pour construire un appareil bon marché ou pour réaliser des expériencesde production d'images.

Stéréoscopie, vision du sujet en relief. Nos yeux voient les images sous des angles un peudifférents, ce qui leur permet d'apprécier le relief. En réalisant un couple de photographiesdécalées de la même manière et en les regardant dans un appareil per-mettant à chaque oeil devoir seulement l'image qui lui correspond, on restitue l'impression de relief. Des appareils de prisede vue à deux objectifs ont été conçus à cet usage, ainsi que des appareils pour l'observationbinoculaire des couples ainsi obtenus.

Strioscopie, enregistrement photographique des projectiles ou subjectiles se déplaçant dansl'espace à grande vitesse, qui utilise le fait que la lumière se déplace plus lentement dans lescouches denses de l'air que dans les couches moins denses. Ce procédé, dû à Schlieren et quiporte parfois son nom, est combiné avec l'emploi de filtres et de méthodes d'interférence pour lavisualisation, en noir ou en couleurs arbitraires, des courants d'air formés par exemple autour d'unavion en vol.

Stroboscopie, mode d'obtention, au moyen d'éclairs, d'une suite de photographies jalonnantles phases successives d'un mouvement en étude.

TThermographie, procédé d'enregistrement photographique de l'émission infrarouge d'un corps

chaud. Ce procédé s'est développé dans le domaine médical pour l'examen du corps humain parson émission thermique, que l'on capte et que l'on amplifie de façon à pouvoir la reproduire sur unfilm photographique ou sur un écran de télévision, qui peut lui-même être photographié. Lesthermographies sont souvent transcrites en zones arbitraires de couleurs, ce qui facilite leurinterprétation.

Tomographie, association de la photostéréosynthèse à la radiographie.

VVirages, opérations ayant pour objet de transformer une image en noir et blanc colorée

monochrome, en remplaçant tout ou partie du sel d'argent noir par un sel métallique différent etcoloré.

Viseur, accessoire disposé sur ou dans le boîtier de l'appareil et permettant de voirdistinctement l'image telle qu'elle sera enregistrée.

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X Xérographie, procédé d'électrographie qui remplace le procédé photochimique classique par unprocédé électrique. On utilise une plaque photosensible chargée électriquement. Son enduitélectrostatique, isolant dans l'obscurité, devient conducteur par insolation et inscrit une imagelatente. On projette à sec sur cette plaque une poudre qui se fixe sélectivement sur les partieschargées pour transformer cette image en une image visible que l'on peut fixer. Les poudresutilisées sont, par exemple, du noir de fumée, des résines colorées, une poudre de lycopode, quisont chargées négativement. On les fixe par collage en pulvérisant une eau gommée ou parchauffage.

SOURCE : http://faust.chez.com/index.html

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