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En pleine crise

internationale, le Maroc appuiesur l’accélérateur comme peu depays se le permettent. Certes, letextile est touché de plein fouetpar la chute de la demandeeuropéenne et les grands secteursindustriels avouent ressentirquelques secousses. Mais latempête mondiale décoiffe àpeine le Maroc et son taux decroissance de plus de 6%, prévujusqu’en 2012.

Porté par les bons résultatsde l’agriculture, du tourisme,des industries manufacturièresdu bâtiment et des travauxpublics, le Maroc ne veut pas enrester là. Lancé en 2005, le Plan

Émergence en dit long surl’ambition du royaume et deMohammed VI, surnommé LeRoi bâtisseur. Émergence, c’estni plus ni moins un véritableplan de bataille. Une stratégiemûrement réfléchie avec l’aidedu cabinet McKinsey&Companyqui a mené une étude de marchéet un benchmark international.

LE GRAND JEU POUR LA MIAMI DU MAGHREBLe Maroc poursuit deux

objectifs : créer de la richesse,donc de l’emploi et de la crois-sance, et développer les activi-tés exportatrices à forte valeurajoutée. Pour y arriver, le plan

prévoit de développer septsecteurs : l’accueil de servicesdélocalisés (les activités off-shore), l’automobile, l’électro-nique, l’aéronautique, le textileet le cuir, l’agroalimentaire et latransformation des produitsde la mer.

É m e r g e n c e a e n o u t r edécrété l’obligation de dévelop-per de véritables pôles decompétitivité dans toutes lesgrandes villes du royaume.Tanger, Rabat, Marrakech sevoient attribuer des secteursspécifiques. Reste Casablancaqui, dans ce plan, a l’ambition dedevenir l’une des premièrescapitales économiques de l’Afri-

OPPORTUNITÉSÀ L’ÉTRANGER

CASABLANCALA START-UP DE L’AFRIQUE

Poumon économique du Maroc, Casablanca amorce un virage ambitieux. À coups de grands projets, la ville veut s’imposer sur le continent africain,notamment dans le domaine du offshore. De belles opportunités pour lesFrançais, déjà très présents dans tous les secteurs.

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que. Pour ne pas dire la pre-mière. Casablanca, c’est déjà lacapitale du business au Maroc.Cinquième ville du continentafricain avec ses 3,6 millionsd’habitants (plus de 5 millionsavec l’agglomération), premièreplace financière du pays (ladeuxième d’Afrique), la VilleBlanche, surnommée aussi laMiami du Maghreb pour sacorniche, ses plages, ses fillesaux épaules nues et ses cabaretsorientaux, concentre plus de lamoitié de l’activité économiquedu pays et génère près de 60 %du PIB marocain.

Le Plan Émergence prévoitd’en faire la capitale de l’offshore

en Afrique. Pour inciter lesgrands groupes à venir implan-ter leurs filiales à Casablanca,l’État sort le grand jeu : créditsd’impôts, exonération de char-ges patronales et sociales, loyersmodérés, démarches adminis-tratives simplifiées, etc.

Sur le modèle de l’Inde ou dela Chine, le Maroc a même lancéla construc t ion de zonesréservées aux activités offshore.C’est le cas de Casanearshore,située dans le quartier d’affairesSidi Maârouf. Plusieurs groupesfrançais comme Bull, Sagem etIppon Technologies s’y sont déjàinstallés. Sur plus de 50 hectareset 250 000 mètres carrés de

bureaux, ce complexe immobi-lier devrait accueillir 30 000salariés dans quelques années.“Nous disposons de locaux dequalité, parfaitement bienéquipés pour notre activité,affirme Cyril Vermeil, directeurgénéral d’Ubisoft, l’éditeur dejeux vidéo, installé depuis août2008 sur le site de Casanear-shore. Notre présence ici estlogique. Casablanca se développetellement vite…”

C’est en effet une spectacu-laire mutation qui s’opère. “Cetteville a toujours été bouillon-nante et en mouvement, maisl’État a désormais décidé d’enf a i r e u n e m é t r o p o l e p l u sprésentable aux yeux des inves-tisseurs, explique Éric Lefort, leP-DG de Premium, une entre-prise marocaine spécialisée dansles biens d’équipements pourle bâtiment, l ’ industrie etl’agriculture.

LA VILLE MISE GROS SURLES SERVICES OFFSHOREIci et là, d ’ importants

travaux viennent perturber unecirculation déjà chaotique. Lacorniche et les grandes artèresfont l’objet d’un lifting ambi-tieux, les travaux de la premièreligne de tramway, qui doit rou-ler en 2012, ont commencé. Etsurtout, à deux pas de la GrandeMosquée et de la Médina, unemarina sort de terre. L’un deschantiers majeurs de la ville. Sur

Je connaisbien le pays pour y êtrené. Après quelquesannées d’absence, je suisrevenu à Casablanca en 2003. Le pays ne cesse d’évoluer, c’est une évidence. Il se dote de nombreusesinfrastructures.Aujourd’hui, le Maroc est un vaste chantier !Tout comme Casablanca, où les problèmes decirculation et depollution sont d’ailleurstrès gênants. Je penseque le Maroc s’arrime

à l’Europe et que l’accord de libre-échangeavec les Etats-Unis ne fonctionnera quepour quelques secteurs :on ne fait pas decommerce avec unpartenaire situé sur l’autre rive d’unocéan.

CASANEARSHORE.À l’image de cequ’ont déjà fait la Chine et l’Inde, la capitaleéconomique duMaroc se spécialisedans l’offshore,l’accueil desservices à distance.De nombreusessociétés françaisessont implantéesdans ce centreouvert fin 2007.

—THIERRY LE ROCH’,43ans, directeurrégional du groupe Colas

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OPPORTUNITÉSÀ L’ÉTRANGER���

26hectares (dont 10 gagnés surl’océan), Casablanca accueilleraun Palais des congrès de 2 000places, 450000 mètres carrés deprogrammes immobiliers (30%de résidentiel, 30% de bureaux,40 % de commerce, hôtellerie,loisirs et services), des jardinspublics, des parkings souter-rains, un port de plaisance de130 anneaux et un aquarium sur10 000 mètres carrés.

“C’est le projet qui manquaità Casablanca, estime JamalMastari, directeur projets deCGI Développement, société encharge de la marina. Celui quipermet à la ville de se tournerenfin vers l’océan.” Coût total decette gigantesque opération quidevrait être achevée en 2012 :plus de 7 milliards de dirhams,soit un peu moins de 700 mil-lions d’euros.

Casablanca voit grand, et cene sont pas les Français qui vonts’en plaindre. Premiers clientsdu Maroc, et premiers investis-seurs, ils sont omniprésentsdans tous les secteurs. “Lesactivités offshore vont soutenirune économie locale déjà trèsporteuse pour les entreprisesfrançaises .” Né au Maroccomme ses parents, PhilippeMontant, ancien cadre de DellComputer et de Microsoft, peutse permettre d’être aussi catégo-rique. Il connaît bien le marché

de l’emploi de Casablanca pouravoir créé avec son épouse, en2005, Rekrute.com, premierportail web pour l’emploi et lerecrutement du pays.

Aujourd’hui, le couple, aidépar une quarantaine de collabo-rateurs, répond aux sollicita-

tions d’un millier d’entreprisesinternationales. “Même si denombreux Marocains formés enFrance reviennent, cette dyna-mique économique va offrir desopportunités pour des cadresfrançais désirant travailler auMaroc, affirme Philippe Montant.

Le pays manque de managerssusceptibles d’accompagnerl’essor des entreprises françaisesou marocaines. Et il va enavoir besoin.”

Directeurs généraux, direc-teurs des ressources humaines,directeurs financiers, responsa-bles marketing et de la commu-nication, directeurs commer-ciaux, directeurs artistiques,ingénieurs, commerciaux expé-rimentés, formateurs… lesopportunités semblent réellesdans tous les secteurs. “Dans cecontexte de crise internationale,le Maroc – et plus particulière-ment Casablanca – inspire uncertain optimisme”, affirme ÉricLefort, de Premium. Sa sociétésuit, comme beaucoup d’autres,une courbe de croissance régu-lière et affiche un CA d’environ100 millions d’euros.

Pour autant, aucun Françaisn’ose affirmer que Casablancaprésente toutes les garantiesd’un Eldorado. Les entreprisestricolores sont confiantes maisla concurrence espagnole, alle-mande, américaine ou asiatiquedevient agressive. En outre, si les

J’ai créé mon entreprise en 2002,après avoir travailléplusieurs années auMaroc dans le monde du tourisme. J’ai vu le pays évoluer enquelques années.Certains secteurs, dont le tourisme, vont encoreconnaître d’importantesphases d’expansion. On annonce plus de70000 emploisnouveaux entre 2010 et2012. Aujourd’hui, lesentreprises ont besoin decadres. Il y a une fortedemande pour desresponsables RH, parexemple. Mais je regrette

que les écarts secreusent dans la sociétémarocaine. Il n’y a pas de classe moyenne et cela m’inquiète. Onsait que les extrémistestrouvent de l’écho chez les plus démunis. Le Maroc doit rester vigilant.

—MURIELLEBAUDUIN, 46 ans,DG de Consulteam (management et formation dans le tourisme)

MUTATION.Les tours jumelles de CasaTwin (ci-contre), dessinées

par Riccardo Bofill : unerupture nette avec la Casade l’avenue Mohammed Vet son architecture héritée

de la présence française.

La France est bien placée, mais

la concurrence de l’Allemagne

et des Etats-Unisse renforce.

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Les salairesse négocient,mais certains

PEUVENTtoucher7 000euros

L’AUTRE CASA. La technopole offre des locaux ultra-modernes aux entreprises. La Médina, royaume de la débrouille, n’est pas loin.

opportunités pour les cadresexistent, elles ne doivent pasfaire oublier les réalités descontrats de travail locaux. Lessalaires ? “Tout se négocie ici”,a-t-on coutume d’entendre.Certains peuvent atteindre les7 000 euros brut par mois,sachant qu’au Maroc les impôtssont prélevés à la source. Maisdans l’ensemble, les postes sontmoins bien rémunérés qu’enFrance. La couverture sociale ?Rien d’enthousiasmant. Laretraite? Tous les cadres souscri-vent à des complémentairesretraites françaises. Le coût dela vie ? Bien moindre qu’enFrance, mais attention, l’immo-bilier en centre-ville et les biensde consommation haut degamme sont aux mêmes prix.

Et pour ce qui est de la viequotidienne, il faut être prêt àaccepter la pollution, le vacarmeet les embouteillages.

“CASABLANCA N’ATTIREJAMAIS LE MALHEUR”Enfin, les cadres et leur

famille ne peuvent ignorer unautre visage de la ville : celui,loin du business, d’une Casa-blanca pauvre et démunie. Celledes quartiers délabrés, de ladébrouille à tous les coins derue, de la contrefaçon et despetites filles mendiant quelquesdirhams contre des chewing-gums périmés. Le taux dechômage frôle les 20 %, mêmesi les autorités assurent qu’ilbaisse. Le salaire minimumavoisine les 180 euros. Seuls

10 % des salariés disposent d’aumoins 550 euros.

Pour oublier les difficultésdu quotidien, les familles popu-laires de Casablanca aiment seretrouver sur l’immense plageen face de l’île où se dresse lakoubba (le tombeau) du mara-bout Sidi Abd-er-Rahman. Unhaut lieu mythique, historiqueet magique, accessible à piedquand la marée est basse. Dansun brouhaha bon enfant, entretables de camping, chaises etbarbecues, des femmes interpel-lent les quelques étrangers depassage. Elles lisent dans leslignes de la main, mais ne pré-disent que le bonheur. “Parceque Casa n’attire jamais le mal-heur”, disent-elles face à l’océan.

—Claude Faber

Dans l’équipe France, aucun grand joueurne manque à l’appel : Total, VivendiUniversal, Renault, Suez, Saint-Gobain,Colas, Veolia Environnement, Alcatel,Casino, EADS, Vinci, BNP Paribas, SociétéGénérale, Ubisoft, Axa, Danone, Accor,sans oublier les PME sous-traitantes. La plupart des 500 entreprises françaisesimplantées au Maroc ont choisiCasablanca. Et on ne compte plus lesentreprises marocaines créées et dirigées

par des Français. Les raisons d’uneprésence aussi dense? Proximitégéographique, linguistique, stabilitépolitique, faible coût de la main-d’œuvre,douceur de vivre et liens étroits entre les deux pays. Par ailleurs, le royaume, qui va former plus de 10000 ingénieurspar an, ne cache pas qu’il attend beaucoup des entreprises françaises en termes de formation. Devant les lacunes dumarché de l’emploi local, les groupes

ont donc décidé de se lancer. Ubisoft a monté un campus dans ses locaux pourformer des jeunes à l’animation et augraphisme des jeux vidéo. “Casablancadispose de bons ingénieurs locaux etd’artistes à fort potentiel qui manquent de qualification”, souligne Cyril Vermeil,directeur général d’Ubisoft. Et enavril 2008, c’est Renault qui a ouvert, aux portes de Casablanca, la RenaultAcademy Maroc. —C. F.

LE ROYAUME ATTEND BEAUCOUP DES ENTREPRISES FRANÇAISES

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OPPORTUNITÉSÀ L’ÉTRANGER���

Matra Automobile engineeringet Teuchos pour les centres derecherche et développement)sont déjà présents dans leroyaume, souvent à Casablanca,d’ailleurs.

Mais beaucoup d’équipe-ments ne sont pas encore fabri-qués au Maroc, comme dans ledomaine de la plasturgie, del’emboutissage, de la fabricationdes phares ou encore des radia-teurs. Des équipementierscomme Valéo envisagent doncde doubler leur capacité deproduction.

Le Plan Émergence s’inscritdans le mouvement. Il préconiseen effet que les industrielslocaux (déjà installés ou nou-veaux) produisent près de300 composants sur les 3 000nécessaires pour la fabricationd’une voiture. Il estime ainsiqu’environ 40 000 emploissupplémentaires seront créésdans les dix prochaines années.Le secteur devrait connaître unecroissance annuelle de 35 %entre 2011 et 2014.

RENAULT, CHAMPION DUMONDE À CASABLANCAM ê m e m u s i q u e s u r l e

marché intérieur : le Marocs’illustre avec des ventes d’auto-mobiles en hausse de 15 %(117 000 ventes en 2008 pour103 000 en 2007). Et Casa-blanca concentre environ 45 %de ce marché. Renault Maroc(les marques Renault et Dacia),

qui a vendu 34 250 véhicules(dont plus de 19 000 Renault)en 2008, soit 28,2% du marchétoutes marques confondues, enest le premier bénéficiaire. “Lefaible taux d’équipement envoiture et l’absence de transportspublics expliquent en partie lasituation marocaine, expliquePatrice Ratti, P-DG de Renault-Maroc. De plus, ici, le marché del’occasion n’existe pas. Il s’agitprincipalement de premièresacquisitions.”

Pour l’anecdote, la succursaleRenault à Casablanca détient lerecord mondial des ventes dansle réseau avec plus de 8 300véhicules par an. Par ailleurs,toujours à Casablanca, laSomaca (usine de montagehistorique du Maroc, filiale deRenault depuis 2003) a réaliséen 2008 une production recordavec plus de 41 000 voituresfabriquées sur le site, dont laLogan qui reste le véhicule leplus vendu au Maroc depuis2006. “C’est le produit idéal,ajoute Patrice Ratti. Elle offre unexcellent rapport qualité/prixpour des familles qui ont besoind’un véhicule solide et fiable.” Depremières exportations de Logan(environ 5 000 unités) ont eulieu vers l’Europe en 2007.L’usine Somaca construit aussila Kangoo, ainsi que le Partnerpour le compte de PSA PeugeotCitroën. “Nous détenons 16 %des parts du marché, expliqueLoïc Morin, P-DG de Sopriam,

Àl’inverse de la tendance

générale, l’automobile se portebien au Maroc. Le secteurregroupe aujourd’hui 130 entre-prises (équipementiers etconstructeurs) et génère 30000emplois. Mais cela ne devraitpas en rester là . Dans cecontexte de crise internationale,donc de réduction des coûts, lessous-traitants installés au Marocse frottent les mains. Fin 2008,PSA Peugeot Citroën a déjà faitpart de son intention d’augmen-ter ses achats de pièces automo-biles dans le royaume.

Tous les grands fournisseursfrançais de l’automobile (Valéoet Alcatel Nexans pour lesfaisceaux de câbles, Faureciapour les coiffes de sièges ou

Les groupes français et leurs sous-traitants jouent les premiers rôles dans lessecteurs fondamentaux de Casablanca. Les belles promesses d’essor ne peuventque profiter aux entreprises et aux cadres français, en pole position au Maroc.

L’AUTO ET L’AVION FONT DÉCOLLERL’ÉCONOMIE MAROCAINE

USINE LOGAN.Solide et fiable, lemodèle économiquede Renault fait untabac au Maroc.

DR

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MOSQUÉE HASSAN II.La troisième plusgrande du monde,construite par legroupe Bouygueset l’architecteMichel Pinseau.Les Marocainssont très fiers de lahauteur de sonminaret (210 m),d’où part unfaisceau laser quiéclaire à 30 km de distance.

importateur et distributeurexclusif de PSA. En 2008, nousavons enregistré une hausse de17 % de nos ventes. Elle seramoins importante en 2009,mais toujours largement posi-tive.” Si Loïc Morin et PatriceRatti restent confiants, les deuxmanagers ne quittent pas desyeux les constructeurs asiatiquesqui s’attaquent au marché maro-cain. Prudence.

NUMÉRO UN EN AFRIQUEPOUR L’AÉRONAUTIQUEAutre secteur étonnamment

en forme: l’aéronautique. Avecune croissance annuelle de30 %, un chiffre d’affaires àl’exportation de 3 milliards dedirhams (environ 300 millionsd’euros) qui devrait être doubléd’ici à 2012 et 7000 salariés, lesecteur porte haut les couleursdu Maroc. Le royaume est lapremière plateforme de sous-traitance et de maintenanceaéronautique d’Afrique.

Et la France est directementconcernée puisque la soixantained’entreprises de production, deservices et d’ ingénierie dupays réunit majoritairement des

filiales de groupes français.EADS Sogerma est présentdepuis 1951. Il détient 100% ducapital d’EADS Maroc Aviation,l’un des acteurs historiques del’aéronautique marocaine avecRoyal Air Maroc. Le groupeSafran et ses diverses filialescomme Labinal (systèmes élec-triques), Teuchos (ingénierie)ou encore Snecma Services(maintenance de réacteurs) estégalement implanté dans l’Em-pire chérifien. “Toutes les entre-prises du secteur connaissentune importante activité, expli-que Marc Gouny, directeurgénéral de Snecma Morocco etmembre du bureau du Gimas,Groupement des industriels ma-rocains Aéronautique et spatialqui rassemble toutes les entre-prises du secteur. Et l’on prévoitencore une très forte croissancedu secteur. On aura besoin denouveaux managers compétents,c’est une évidence.”

L’industrie aéronautiquemarocaine compte franchir unnouveau palier, avec pour objec-tif de passer du stade actuel desous-traitant en composantsélectriques, électroniques et

mécaniques à celui de la fabri-cation de systèmes entiers (hy-drauliques, électriques, etc.). Onannonce que les effectifs pour-raient ainsi tripler d’ici à 2012.La ville de Casablanca prévoitdéjà la construction de loge-ments près de l’aéroport pour lessalariés de l’aéronautique, tandisque le Gimas a annoncé endébut d’année la création d’unInstitut des métiers de l’aéronau-tique à Casablanca, en collabo-ration avec l’État marocain, pouraccompagner les besoins desentreprises. —C. F.

EMBAUCHE. Une loi de 2005 imposeà toute entreprise sur le sol marocainde privilégier les compétences marocaines. Pour embaucher unétranger, l’entreprise doit prouverqu’il lui était impossible de trouver un Marocain doté de la compétencerecherchée. Concrètement,l’entreprise doit avant tout passer uneannonce de recrutement dans deuxjournaux quotidiens d’un tirage de30000 exemplaires, l’un en languearabe et l’autre en français. Si aucuncandidat marocain ne répond ou ne convient, elle obtient l’autorisationd’embaucher un étranger. Cettecontrainte ne concerne pas les postesde top management.RENDEZ-VOUS. Si vous devez traverser la ville pour vous rendre à un rendez-vous, prévoyez large et armez-vous de patience. Les embouteillages sont permanents. Et si vousn’avez pas de véhicule, optez pour les petits taxis rouges. Petitsprix et chauffeurs bavards assurés. En revanche, n’attendez

pas un justificatif de frais. Munissez-vous aussi de votre adresse, voire d’un plan: le chauffeur, aussisympathique soit-il, ne connaît pasforcément votre destination.DIRECTION L’ALGÉRIE. Connaîtrel’Algérie est un plus. De nombreusesentreprises marocaines embauchentdes cadres français pour approcher le marché algérien. On considère queles Français ont plus de chance deconclure des affaires en Algérie que les Marocains.ACCORDS INTERNATIONAUX.Casablanca est une ville carrefour. Outre les accords conclus au cours de la deuxième moitié des années

1990 avec l’Union européenne, la Jordanie, l’Égypte et la Tunisie,un accord de libre-échange a été signé en 2003 avec les ÉmiratsArabes Unis. Et celui paraphé par le Maroc et les États-Unis, en 2004, est entré en vigueur le 1er janvier 2006. Les droits de douane sur plus de 95% des produits ont été immédiatementéliminés. —C. F.

DEUX OU TROIS CHOSES À SAVOIR POUR BIEN TRAVAILLER AVEC LES MAROCAINS

EMBAUCHE. Les Marocains sont prioritaires.