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1 La santé des étudiants d'aujourd'hui : L'avenir de la société de demain ! Livre blanc des Mutuelles Etudiantes Régionales sur "la santé et la protection sociale des étudiants" USEM - Union nationale des Sociétés Etudiantes Mutualistes régionales MEP, MGEL, SEM, SMEBA, SMENO, SMERAG, SMEREP, 116, rue du Bac 75007 PARIS - tel. 01.44.18.37.87 - fax : 01.44.18.94.75 - www.usem.fr - [email protected]

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La santé des étudiants d'aujourd'hui : L'avenir de la société de demain !

Livre blanc des Mutuelles Etudiantes Régionales

sur "la santé et la protection sociale des étudiants"

USEM - Union nationale des Sociétés Etudiantes Mutualistes régionales MEP, MGEL, SEM, SMEBA, SMENO, SMERAG, SMEREP,

116, rue du Bac 75007 PARIS - tel. 01.44.18.37.87 - fax : 01.44.18.94.75 -

www.usem.fr - [email protected]

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L'USEM, Union nationale des mutuelles étudiantes régionales,

représente les mutuelles étudiantes régionales, gestionnaires du régime étudiant de Sécurité Sociale pour près de 850 000 étudiants et d’organismes complémentaires pour près de 250 000 étudiants. Elles rassemblent ainsi la majorité des étudiants affiliés à la Sécurité Sociale étudiante. L’action des Mutuelles Etudiantes Régionales s’articule autour de trois

métiers : la gestion du régime étudiant de Sécurité Sociale pour 850 000

étudiants, mission de service public pour laquelle elles bénéficient d’une

délégation de gestion de la part de la CNAMTS ; la prise en charge des

prestations complémentaires de 250 000 adhérents au travers de garanties

mutualistes spécifiquement adaptées aux besoins des étudiants ; enfin, la

conduite d’actions de prévention ciblées répondant aux comportements à

risques propres aux étudiants ainsi qu’aux problématiques auxquelles ils

sont confrontés dans leur vie quotidienne : alcool, tabac, VIH, drogues,

mal-être, nutrition (...) Le savoir-faire et l’expertise des mutuelles

étudiantes régionales sur ce point sont unanimement reconnus, leur

méthode, celle de la prévention par les pairs, validée.

Fortes de cette expérience et de leur implication dans la santé et la

protection sociale des étudiants, les mutuelles étudiantes régionales entendent promouvoir la santé des étudiants en interpellant les pouvoirs

publics.

Nous considérons qu'il y a urgence à repenser notre système d'enseignement supérieur en améliorant les conditions de vie étudiante, dont la qualité ou, a contrario, les insuffisances, agissent comme un déterminant puissant sur la santé et le bien être des étudiants.

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Nous sommes convaincus que ces enjeux, au rang desquels figurent la santé et la protection sociale des étudiants, doivent être placés au cœur de la politique envers les Jeunes. Ainsi l'USEM adresse "10 propositions pour améliorer la santé et la

protection sociale des étudiants" La crise du CPE puis celle sur l’autonomie des université a agit comme

un révélateur puissant sur les esprits et dans l’opinion publique, du

malaise existentiel de la population étudiante et des conditions de vie

étudiantes souvent précaires (accès aux soins, accès à la prévention,

logement, orientations scolaire et universitaire, pouvoir d'achat), qui n'ont

pas fait l'objet jusqu'à présent d'une attention particulière de la part des

pouvoirs publics, comme l'a d'ailleurs reconnu le député Laurent

Wauquiez dans son rapport au Premier ministre sur les aides sociales aux

étudiants, ainsi que son rapport parlementaire sur la santé étudiante,

rendu public le 6 décembre 2006.

En effet, le parlementaire, interrogé par le quotidien "Métro" le 7

décembre 2006, au lendemain de la remise de son rapport parlementaire

"Pour un plan santé étudiants: préserver leur avenir"1 a notamment

indiqué : " J'ai vraiment découvert à quel point la santé des étudiants est

négligée", il indiquait même plus loin "Nos campus sont semblables à

ceux du tiers-monde. Il faut une mobilisation immédiate et totale, car

notre retard n'est plus simplement dramatique, il est dangereux."

En effet, ces conditions de vie difficiles pour un grand nombre

d'étudiants et de jeunes adultes induisent des conséquences néfastes pour

leur santé. En l'absence d'une réelle prise de conscience de ce

phénomène, une proportion importante de jeunes risque, demain, d’être

handicapée socialement par son état de santé ou par l'adoption de certains

comportements à risque qui la privera d'une réelle et durable insertion

sociale et professionnelle.

1 Rapport d'information du 6 décembre 2006 de la Commission des Affaires sociales de

l'Assemblée nationale n°3494 du député Laurent Wauquiez

4

Dés 1998, pourtant, le Président du Haut Comité de la Santé Publique

dans un rapport2 sur la santé des jeunes alertait l'opinion sur ces liens de

cause à effets : "(...) Il existe un problème d'intégration des jeunes dans

la société qui peut conduire à une absence de perspectives d'avenir et à

un sentiment d'inutilité générateur de mal-être, voire d'une véritable

souffrance psychique à l'origine de comportements à risque.(...)."

Onze ans plus tard les faits sont là ! L'enquête santé réalisée en 2007

3 par le réseau national des mutuelles

étudiantes régionales (USEM) en partenariat avec la fédération nationale

des observatoires régionaux de santé (FNORS), auprès de 50 000

étudiants dans toute la France, a permis pour la première fois de mettre

en lumière de façon scientifique l’existence d’une proportion

significative d'étudiants, 31,3% confrontés tout au long de l’année

universitaire à des périodes de mal-être et de dépression. Plus inquiétant

encore, 8,8% étudiants ayant répondu à l'enquête déclarent avoir éprouvé

des pensées suicidaires dans les douze mois précédents.

Cette souffrance psychique, au-delà de la situation de mal-être vécue par

l'étudiant, entraîne des conséquences graves sur sa santé, du fait des

comportements addictifs qu'elle génère. En effet, selon la même enquête,

les étudiants souffrant de mal être sont deux fois plus nombreux à

adopter des conduites à risques. Ils sont par exemple 12% à déclarer une

consommation excessive d’alcool, contre 9% pour la moyenne générale

des étudiants ; 6% à consommer du cannabis contre 3% des étudiants en

moyenne et 22% à être de gros fumeurs contre 12% pour la moyenne des

étudiants.

Est-il encore nécessaire à ce stade de rappeler les conséquences néfastes

de tels comportements sur l'état de santé de la personne ?

2 "La progression de la précarité en France et ses effets sur la santé", rapport du Haut Comité de

la Santé Publique, février 1998. 3 5ème enquête santé USEM/FNORS, juin 2007, consultable sur le site : www.usem.fr

5

Face à cette situation qui ne doit plus être absente des débats publics,

deux voies d'actions nous paraissent devoir être privilégiées :

En amont, il faut agir sur les causes qui provoquent chez les étudiants des

réflexes anxiogènes : logement, intégration au sein du monde étudiant,

amélioration du système d'orientation et des outils d’insertion

professionnelle. Ces sujets concernent spécifiquement les conditions de

vie étudiante. En tant que mutuelles étudiantes régionales, nous

souhaitons les évoquer sans entrer dans le détail des réformes à mettre en

œuvre. Nous avons jugé plus légitime de concentrer nos propositions sur

le cœur de notre métier, la santé, la protection sociale et la prévention des

conduites à risques des étudiants. Cela ne nous interdit pas néanmoins de

proposer aux pouvoirs publiques un geste fort qui témoignerait de la prise

de conscience de cet enjeu : la création d'un secrétariat d'Etat à la vie

étudiante.

En aval, quand l'étudiant est directement confronté à des conduites qui

mettent en danger sa santé, le meilleur moyen d'apporter des réponses

réside dans la création d'un statut de la santé étudiante. Ce statut

garantirait un meilleur et égal accès aux soins et à la prévention à tous les

étudiants. C'est le sens de notre proposition de «chèque santé étudiant»

qui permettrait à tous les étudiants qui rentrent pour la première fois dans

l’enseignement supérieur de bénéficier d’une aide substantielle pour

l’acquisition d’une complémentaire santé. En effet, aujourd'hui, 16,5%

étudiants n'ont pas de complémentaire santé4 et ce sont ceux qui

renoncent le plus aux soins : 86% des étudiants bénéficiant d'une

mutuelle ont consulté un professionnel de santé dans les six derniers mois

contre 70% des étudiants non couverts. Ce statut doit aussi permettre à

tous les étudiants de bénéficier d'actions de prévention. Pour cela nous

proposons aux pouvoirs publics qu’à l’intérieur de la nomenclature

budgétaire des crédits du ministère de la santé soit clairement affichée

une ligne spécifique dédiée aux actions de prévention en direction des

jeunes adultes. Cela passe inévitablement par une réforme indispensable

4 5ème enquête santé USEM/FNORS, juin 2007, consultable sur le site : www.usem.fr

6

du pilotage de la santé publique. Trop de plans de prévention sont gérés

par des organismes divers et variés. Cela nuit à l'efficacité des actions de

terrain. Il faudra demain reconnaître institutionnellement la légitimité et

l'expertise des acteurs de terrains de la santé étudiante que sont les

mutuelles étudiantes pour que leurs actions puissent être amplifiées afin

de répondre aux besoins croissants de prévention des comportements à

risques.

C'est en marchant dans ces deux directions, que l'on pourra ouvrir la voie

à un processus vertueux de santé durable et faire en sorte que les

étudiants de demain ne puissent plus écrire comme Paul NIZAN, "J'avais

vingt ans et je ne laisserai personne dire que c'est le plus bel âge de la

vie".

Pour aider les pouvoirs publiques à mettre en œuvre ces réformes indispensables, l'USEM entend d'abord dresser un constat actualisé et lucide des risques auxquels est confrontée la population étudiante, afin de proposer ensuite une réforme du pilotage de la santé et de la protection sociale des étudiants (I) qui doit permettre d'amplifier les actions de prévention à l'égard de ce public spécifique (II) et qui doit surtout améliorer l'accès aux soins de tous les étudiants (III).

******

7

Un constat inquiétant : des comportements à risque qui se développent et qui fragilisent la santé des étudiants

1) La souffrance psychique

8,8 % des étudiants sont sujets à des pensées suicidaires au cours de l'année universitaire5. S'agissant de la souffrance psychique, le baromètre santé 2005 de

l'INPES montre que 8,5% des jeunes de 15-24 ans ont souffert d'un

épisode dépressif caractérisé au cours des douze derniers mois. Sur ce

type de pathologies, l'enquête montre que pour cette population, le

recours aux soins est plus faible chez les 15-24 ans, que dans les autres

tranches d'âge, où il oscille entre 40 et 50%. L’isolement, l’une des

causes du mal-être chez les étudiants, en devient ainsi également l’une

des conséquences.

L’enquête santé 2007 a également mis en évidence cette proportion, de

plus en plus forte, d'étudiants concernés par des situations de mal-être.

Ainsi, plus de 31% déclarent s’être sentis, sur une période de plus de

15 jours consécutifs au cours des 12 derniers mois, tristes, déprimés,

sans espoir, avec une perte d’intérêt pour les activités qu’ils aiment faire habituellement. L’enquête révèle également qu’ils sont, 7% à se

déclarer en mauvaise santé.

2) L'alcool

Le constat n’est pas meilleur en ce qui concerne la consommation

d’alcool : elle augmente dangereusement chez les jeunes de 17-18 ans.

En effet, l'alcool est de loin la substance psychoactive la plus

consommée par les jeunes. Au cours des trente derniers jours, 7 jeunes sur 10 déclarent au moins un usage au cours de la période.

5 Op. Cit. 5ème enquête santé USEM/FNORS, juin 2007, consultable sur le site : www.usem.fr

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Une raison simple à cela : l'alcool est un produit très accessible dont la consommation est la plus facile (peu de préparation, voire pas du tout comme dans le cas des boissons premix). D'autre part, dans l'imaginaire étudiant, l'usage de l'alcool est valorisé socialement. Certains étudiants allant même jusqu'à considérer le coma éthylique comme un rite initiatique d'entrée dans la vie étudiante. L'OFDT (observatoire français des drogues et des toxicomanies) montre

également qu'en 2005 la proportion de consommateurs réguliers d'alcool

(au moins 10 fois au cours du mois) est de 12% chez les jeunes de 17 ans.

Le dernier baromètre santé INPES de 2005 montre que les jeunes de 20-

25 ans étaient ceux qui déclaraient la plus forte consommation d'alcool

durant le week-end avec un pic de 5,1 verres le samedi. Rappelons ici

que cette consommation est établi sur la base des déclarations des

étudiants dont on imagine qu’ils ne comptent pas forcément précisément

– ou ne veulent pas le faire – le nombre exact de verres qu’ils ont

consommés au cours d’une soirée.

L'enquête santé USEM/FNORS 2007 montre que 10,7% déclarent avoir

une consommation d'alcool importante ou excessive. Fait plus inquiétant:

cette consommation importante ou excessive ne cesse de croître tout au

long des études supérieures, puisque 8,4% des étudiants déclarent gros

consommateurs en 1ère

année, contre 12,9% en 5ème

année et plus.

L'alcool en milieu étudiant est presque exclusivement associé aux soirées

étudiantes. Selon la même enquête, la grande majorité des étudiants ayant

répondu (neuf sur dix) boivent pour faire la fête. C'est ce qui explique le

succès des boissons "premix" auprès d'une population peu habituée à

boire et peu sensible au goût des boissons alcoolisées.

Par ailleurs, on assiste à des distorsions de la perception de l'alcoolisme

chez cette population, qui ne se considère pas liée à une addiction

alcoolique. En effet, les étudiants ont le sentiment que consommer de

l'alcool même de manière excessive en fin de semaine, en soirée lors

d'occasions festives, ne les rend pas dépendants à une consommation

régulière d'alcool et ne constitue pas, en soi, une addiction.

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Des pratiques inquiétantes se développent depuis quelques années

concernant la consommation excessive d'alcool comme a pu le montrer

différents reportages télévisuels: "Biture Express: jeunes et alcool"

(Envoyé Spécial). Chez les étudiants ce n'est pas le vin à table qui

prédomine mais une quête d'ivresse rapide et intense : c'est l'alcool

"défonce", le "binge drinking", que l'on consomme en fin de semaine

entre amis. Le premier risque immédiat lié à l'alcool est constitué par les

accidents de la route. En 2008, les jeunes de 15 à 24 ans représentent

12,5% de la population française, mais 30% des tués sur la route, c'est la

première cause de mortalité pour cette tranche d'age. N’occultons pas non

plus les risques de coma éthylique, dont l’actualité nous a rappelé qu’il

était mortel, ni les risques aggravés de violences et de rapports sexuels

violents et/ou non protégés liés à une consommation excessive d’alcool.

3) Les drogues et médicaments psychotropes ou les substances psychoactives S'agissant des drogues, l'usage du cannabis chez les jeunes de 17 ans

connaît une hausse sensible comme le montre un récent rapport de

l'observatoire européen des drogues et des toxicomanies selon lequel près

de 20% des jeunes adultes consommaient de façon régulière ce type de

drogues.

Aujourd'hui, plus de la moitié des jeunes de 18 ans (66% des garçons et 52% des filles) ont déjà fumé au moins une fois du cannabis.

S'agissant de la consommation régulière de cannabis, on compte 850 000

consommateurs réguliers, dont 450 000 consommateurs quotidiens,

principalement des jeunes. Ces chiffres sont 2 à 3 fois plus élevés qu'il y

a 10 ans. Ils placent la France en tête des pays européens avec la

République Tchèque et le Royaume-Uni. S'agissant de la population

étudiante, 15,7% des étudiants déclarent consommer du cannabis, et

parmi eux, 4% déclarent en consommer de façon excessive ou

importante. 25% des fumeurs de cannabis qui déclarent fumer cette

drogue de façon importante ou excessive avouent avoir ce type de

comportement en réponse à une situation de mal-être.

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Concernant cette fois la consommation de médicaments psychotropes

(tranquillisants, somnifères, antidépresseurs) et produits psychoactifs, on

doit déplorer une augmentation inquiétante de l'utilisation de ces produits

par les jeunes, puisque qu'en 2003, à 17 ans un individu sur quatre

(24,7%) en a déjà fait l'expérience contre seulement 19,3% trois ans auparavant. L'usage régulier a également augmenté chez les jeunes

filles passant de 2,6% en 2000 contre 4,5% en 2003. Le baromètre 2005

de l'INPES montre que 21,8% des 18-25 ans ont fait l'expérimentation de

ces substances. Ajoutons que cette consommation s’effectue la plupart du

temps sans le moindre suivi médical, avec les risques liés à

l’automédication que l’on connaît.

S'agissant des autres produits psychoactifs, on note également un

accroissement des consommations de certaines substances, notamment

l'ecstasy dont la consommation progresse de 2,1% à 3,2% des jeunes de

17 ans et du poppers (de 2,4% à 3,3%) et des amphétamines passant de

1% à 1,6%.

Selon le baromètre 2005 de l'INPES, 5,6% des 18/25 ans ont fait

l'expérience du "poppers", 3,4 % de la cocaïne et 4% de l'ecstasy.

4) Le tabac

La consommation de tabac qui avait connu une légère diminution depuis

2003, liée en partie à l'augmentation des prix du tabac et aux actions de

prévention, notamment celles conduites par les mutuelles étudiantes

régionales, repart malheureusement à la hausse chez les 18-25 ans,

comme les enquêtes de l'INPES. Sur cette population la prévalence au

tabac a chuté de 47,5% en 1999 à 40,3% en 2003, remonte à 48,5% à

l'automne 2006.

Il faut déplorer que le tabagisme actuel, qui regroupe le tabagisme

quotidien et le tabagisme occasionnel, concerne près de la moitié des

jeunes de 17-18ans (46%), et que 40% des jeunes de 17-18 ans avouent fumer quotidiennement. C’est 10% plus élevé que la moyenne de la population française (29%). S'agissant de la

11

population étudiante, l'enquête santé USEM/FNORS a montré que plus de 29% des étudiants étaient des fumeurs quotidiens ou occasionnels. 14,5% d'entre eux déclarent fumer de façon excessive ou importante.

5) Sexualité et conduites à risques

Enfin, s'agissant du VIH et des IST (infections sexuellement

transmissibles), une récente enquête KAPB sur la perception du SIDA

réalisée par l'Observatoire Régional de Santé d'Ile de France révèle un

comportement inquiétant des jeunes de 18 à 24 ans. D'une part cette

population est moins sensibilisée et accorde moins d'attention à la prévention du SIDA et des IST, et d'autre part ils sont moins nombreux à déclarer avoir utilisé un préservatif au cours de l'année. Par ailleurs, il est constaté d'après l'état des lieux des données en 2003 de

l'Institut de veille sanitaire VIH IST, qu’après plusieurs années

consécutives de baisse, le nombre des nouveaux cas de sida ne diminue

plus depuis 2002. La classe d’âge la plus touchée par le Sida est celle

des 20-29 ans. La cause : la perception que les jeunes ont de cette maladie. L'arrivée des

traitements a fait du Sida, dans l'imaginaire des jeunes, une maladie

chronique, certes contraignante, à l'image du diabète ou de l'asthme, mais

dont on ne meurt plus. L’effort doit donc porter sur l’information des

jeunes.

Les résultats du baromètre santé 2005 de l'INPES, montrent que depuis

2000, date du dernier baromètre santé, on observe une diminution du

score de santé générale parmi les 15-19ans. Cette baisse est flagrante

pour la santé mentale des jeunes de 15-19ans et elle est encore accentuée

pour les jeunes filles dans cette tranche d'âge. La dépression est la

pathologie pour laquelle les personnes interrogées se disent le moins bien

informées.

Face à ces constats, quelles réponses apporter ?

12

Les propositions de l'USEM pour améliorer la prise en charge de la santé des étudiants

Pour enrayer ce phénomène et mieux prendre en charge les

comportements à risques des étudiants qui peuvent à terme nuire à leur

état de santé global, il nous semble capital tout d'abord de redéfinir le

pilotage de la santé des jeunes et des étudiants en particulier.

Ce travail devrait permettre ensuite de renforcer les actions de prévention

à destination du plus grand nombre d'étudiants.

Bien entendu ces actions ne pourront atteindre leur pleine efficacité qu'à

partir du moment où elles s'accompagneront d'un meilleur accès aux

soins et en particulier d'une action volontariste des pouvoirs publics en

faveur de l'acquisition d'une complémentaire santé.

I/ Pour un meilleur pilotage de la santé étudiante. Définir clairement les priorités de santé publique et clarifier les structures régionales de santé

Nous devons malheureusement constater qu'aujourd'hui, il n'existe pas de

ligne politique ni d'objectifs clairement identifiés en matière de gestion

de la santé des étudiants.

Faute d'objectifs clairement désignés, les opérateurs de santé, qu'il

s'agisse des médecines préventives universitaires ou des mutuelles

étudiantes, éprouvent les pires difficultés pour obtenir un soutien

financier et logistique afin de mettre en œuvre leurs actions et en

particulier leurs actions de prévention.

13

En effet depuis le milieu des années 1990 la réforme de notre système de

santé s'est organisée autour de l'espace régional. Nous approuvons cette

orientation générale dans la mesure où nous-mêmes, mutuelles étudiantes

régionales, avons pris en compte dès le début des années 70 le

déterminant régional dans la santé des étudiants. Cependant nous

sommes forcés de constater que depuis une quinzaine d'années, cette

réforme du pilotage de notre système de santé s'est accompagnée d'une

multiplication de structures: l'Etat, avec les DDASS et les DRASS, les

collectivités locales, qui interviennent plus fréquemment dans les

dossiers de santé et d'action sociale, l'assurance maladie, à travers les

CRAM (caisses régionales d'assurance maladie), les URCAM (unions

régionales des caisses d'assurance maladie) et les 128 CPAM (caisses

primaires d'assurances maladies), les ARH (agences régionales de

l'hospitalisation) et enfin les organes de concertation au niveau régional

qui doivent fixer les priorités en matière de santé publique : Conférences

régionales de santé (CRS), Groupements régionaux de santé publique

(GRSP), pour ne citer que les plus importants....

Cette multiplication des structures, dont les compétences réciproques ne

sont pas toujours clairement identifiées, qui possèdent souvent des

logiques de fonctionnement différentes, ne garantit pas aux acteurs de

santé publique en direction des étudiants une efficacité maximale de leurs

actions.

Plus grave encore, nous ne pouvons que déplorer l'absence d'objectifs et

de priorités d'action en direction des étudiants dans les programmes de

ces structures.

� Nous proposons donc la mise en place d'une conférence nationale annuelle de la santé des jeunes adultes qui aura pour mission

de définir précisément les objectifs de santé et les priorités en matière de

programme et de plans de prévention. Cette conférence nationale devra

travailler sous l'égide des Ministère de la Santé et de l'Enseignement

Supérieur, qui devront mettre en place des relations plus étroites et

régulières que ce n'est le cas actuellement. Les décisions prises à cette

occasion devront s'appuyer sur des enquêtes régulières sur l'état de santé

14

des jeunes et ses déterminants, conduites sous la responsabilité du

Ministère de la Santé en partenariat avec les professionnels de soins et les

opérateurs de santé étudiante, sur le modèle notamment de l'enquête que

réalise l'USEM, tous les deux ans en partenariat avec un organisme

indépendant.

Proposition n°1 : Créer une conférence annuelle de la santé des jeunes adultes

� De même au niveau régional, il nous semble important, pour

mettre un terme à la confusion qui existe malheureusement entre les

différentes structures chargées de gérer notre système de santé, de définir

un pilotage clair leur permettant de coordonner leurs efforts autour d'objectifs de santé définis en commun, sur la base des orientations qui auront été arrêtées par la conférence annuelle de la santé des jeunes adultes. Dans l'immédiat, il est urgent que cette thématique de la

santé étudiante soit prise en compte dans chaque conférence régionale de

santé, chaque groupement régional de santé publique, et, in fine, soit

déclinée dans les plans régionaux de santé publique (PRSP) au niveau

des politiques de soins et de prévention à entreprendre.

Proposition n°2: Clarifier au niveau régional le pilotage des différentes structures de santé

Rendre homogène la gestion de la santé de la population étudiante

En effet, aujourd'hui, le "monde étudiant" est morcelé, et se caractérise

avant tout par l’extraordinaire hétérogénéité des situations vis-à-vis de

son régime de protection sociale, en fonction notamment de l'existence

d'une activité professionnelle parallèle aux études supérieures .

15

Cela conduit cette population qui recouvre en grande partie les jeunes de

18 à 25 ans à être prise en charge de façon partielle et désordonnée sans

cohérence ni plan d'ensemble concernant sa santé et la prévention des

risques sanitaires que l'on rencontre à cette période de la vie.

La population étudiante compte environ 2 258 000 étudiants. Elle se

répartit entre d'une part 1 628 000 affiliés à la sécurité sociale étudiante,

d'autre part 630 600 étudiants, qui étant salariés plus de 60 heures par

mois ou 120 heures par trimestre, sont régis par le régime général de

sécurité sociale. Le diagnostic des étudiants qui doivent ou non cotiser à

la sécurité sociale étudiante constitue donc un véritable "casse tête" pour

les étudiants et surtout pour les services administratifs des scolarités, dont

ce n'est pas le cœur de métier.

D'autre part les déclarations erronées de rattachement à la sécurité sociale

étudiante entraînent fréquemment l'absence totale de couverture sociale

des étudiants avec les conséquences que cela peut entraîner pour la prise

en charge des soins. C'est également une source de fraude aux comptes

de l'URSSAF, certains étudiants profitant du caractère complexe du

rattachement à la sécurité sociale étudiante pour ne pas s'acquitter de la

cotisation.

A ces étudiants qui poursuivent une formation dans les établissements

d'enseignement supérieur, il faut ajouter près de 370 000 apprentis,

désormais appelés "étudiants des métiers", depuis la loi de

programmation pour la cohésion sociale, mais qui ne bénéficient pas, eux

non plus, d'une couverture sociale étudiante.

C'est le cas également des étudiants qui s'engagent dans une formation

par alternance, que les pouvoirs publics souhaitent à juste titre

encourager. C'est le cas encore des étudiants qui, dans le cadre de leur

parcours universitaire, sont amenés à réaliser des stages professionnels de

longue durée qui les amènent à changer de régime de protection sociale,

puis à revenir dans le régime étudiant de sécurité sociale lorsqu'ils

s'inscrivent dans un cycle universitaire moins professionnalisant.

16

Ce morcellement des situations, les allers-retours fréquents entre régimes

de sécurité sociale que cela entraîne, conduisent à des conséquences

importantes au niveau de la qualité, de la continuité et de la cohérence de

la prise en charge de leur santé et des messages qui peuvent leur être

diffusés pour se familiariser avec notre parcours de soins et les bonnes

pratiques en matière de santé.

Cette absence de prise en charge homogène de tous les étudiants par la

mutualité étudiante tout au long de leurs années d'études, ne permet pas

la mise en œuvre d'actions globales de prévention dans les domaines qui

exposent cette population à de graves risques sanitaires.

A ce sujet, une note d'un service rattaché au Premier ministre, le Centre

d'analyse stratégique en date du 11 septembre 2006, fait un point sur le

cumul emploi-étude en Europe pour les jeunes scolarisés de 15 à 24 ans.

Les chiffres de cette note indiquent que seuls 11% des 15-24 ans

scolarisés occupent un emploi. Même si la population étudiante recouvre

une tranche d'âge légèrement différente, 18-28 ans, force est de constater

néanmoins l'écart avec le pourcentage des étudiants déclarant avoir une

activité salariée de plus de 60 heures par mois : près de 23%.

A la vue de ces deux résultats sensiblement différents, on ne peut

manquer de s'interroger sur les causes de ces différences de chiffres.

Aussi pour éviter le flou qui entoure les conditions de prise en charge de

la sécurité sociale des étudiants et pour clarifier les règles qui régissent

cette activité, nous proposons une mesure qui a le mérite de la clarté, de

la simplicité et de la cohérence.

� Nous proposons que tout étudiant, qui possède un contrat de travail à temps plein, sur l'ensemble de l'année universitaire, soit pris en charge par le régime général de sécurité sociale. A ce niveau

d'activité professionnelle, en effet, il est clair que l'activité principale de

l'étudiant est constituée par son emploi salarié et qu'à ce titre, il relève du

régime général de sécurité sociale...

17

A contrario, tous les autres étudiants qui exercent un emploi à temps

partiel nous semblent devoir relever du régime étudiant pour la gestion de

leur santé, c'est-à-dire la prise en charge de leur sécurité sociale et des

actions de prévention qui les concernent.

En effet ces étudiants qui travaillent à temps partiel, souvent dans des

conditions difficiles, pour financer leurs études avec des horaires décalés,

méritent plus que d'autres de bénéficier d'une prise en charge particulière

de leur santé par des opérateurs de proximité spécialisés, présents tout au

long de l'année dans le milieu universitaire et en contact régulier avec les

réalités et les acteurs de la vie étudiante (associations étudiantes, services

de médecine universitaire, scolarités, inspections d'académie,

rectorats,...).

Proposition n°3: Faire bénéficier du régime étudiant de sécurité sociale, tous les étudiants salariés à temps partiel

II/ Renforcer les actions de prévention à destination de tous les étudiants. En effet, la population jeune 18-25 ans est plus fréquemment confrontée

à des comportements à risques qui peuvent avoir des conséquences

graves sur son état de santé.

Pour prendre en charge de façon correcte et efficace la santé des

étudiants, il est nécessaire, non seulement de leur permettre de bénéficier

de l'accès et du remboursement des soins, ce qui est notre cœur de métier

en tant que délégataire du service public de sécurité sociale étudiante,

mais cela nécessite aussi de proposer à l'ensemble de cette population

sans exclusive, une offre de prévention pour les inciter progressivement

tout au long de l'année universitaire à modifier leurs comportements.

18

Cette action spécifique de prévention qui porte sur les comportements

étudiants ne peut se faire sans une présence régulière des opérateurs de

santé, en l'occurrence les mutuelles étudiantes régionales, dans les lieux

de vie étudiants, seul mode opératoire véritablement efficace pour influer

sur ces comportements et réduire les risques sanitaires.

Les actions de prévention mises en place par les mutuelles étudiantes régionales : une expertise reconnue par les pouvoirs publics

Les mutuelles étudiantes régionales ont mis en place une organisation

adaptée pour répondre efficacement aux besoins de santé des étudiants.

C’est dans le cadre de cette mission de prévention que les mutuelles

étudiantes régionales interviennent dans les établissements

d’enseignement secondaire et supérieur, en milieu festif jeune

(établissements de nuit, soirées associatives étudiantes…) et en milieu

ouvert au gré des partenariats. Le public bénéficiaire est âgé en majorité

de 18 à 25 ans.

Nos atouts en matière de prévention santé résident dans des actions

décidées et effectuées par les pairs accompagnés par des professionnels. Ces actions de prévention sont caractérisées par la proximité, gage d’une

forte adaptabilité, donc d’une meilleure efficacité, et par une cohérence

avec les remboursements de soins (base et complémentaire) pour

permettre une politique de prise en charge globale.

Les mutuelles étudiantes régionales possèdent une connaissance et

assurent un suivi des comportements du public étudiant pour une

meilleure efficacité de leurs actions.

Les mutuelles étudiantes régionales décident et mettent en place leur

politique de prévention en fonction des priorités nationales de santé

publique et des priorités définies par les élus étudiants qui les

administrent. Elles adaptent leurs actions en fonction des besoins de la

population étudiante et des spécificités de leurs régions. Pour cela,

l’USEM mène en partenariat avec la fédération nationale des

observatoires régionaux de santé des enquêtes biannuelles auprès des

19

étudiants pour mettre en évidence des constats particuliers, mieux

comprendre leurs problèmes de santé et identifier des priorités de santé.

Pour répondre aux priorités de santé déjà identifiées, des plans d’actions

cadres sont mis en place au niveau national puis déclinés au niveau local.

Trois plans nationaux de prévention sont à l'œuvre dans nos mutuelles

étudiantes régionales :

- Plan de lutte contre la consommation de tabac

- Plan de lutte contre la consommation d’alcool

- Plan de promotion du bien-être étudiant

Mais malheureusement, comme nous l'avons déjà évoqué, l'organisation

actuelle du système de santé ne nous permet pas de mettre en place des

actions de prévention aussi ambitieuses et couvrant un public aussi large

que nous le souhaiterions.

� Pour arriver à ce niveau d'efficacité et de couverture globale de la

population étudiante, nous proposons la mise en œuvre d'une ligne

budgétaire spécifique dédiée aux actions de prévention à destination des jeunes adultes. Sur le modèle de la ligne budgétaire "santé de

l'enfant et troubles de l'apprentissage" qui figure dans le programme

santé publique et prévention des crédits du ministère de la santé, nous

proposons donc que soit créée une ligne "prévention des comportements

à risques des jeunes adultes" au sein de laquelle seraient "fléchés" des

crédits budgétaires existant dans les lignes "Alcool", "Tabac", "Santé

mentale et suicide", "VIH Sida".....

Cela permettrait d'être plus efficace et plus réactif dans le montage et le

financement de nos actions de prévention et de les rendre pérennes.

20

Proposition n°4: Créer une ligne budgétaire spécifique "santé des jeunes adultes" dédiée aux actions de prévention à destination de ce public.

� Nous insistons également sur la nécessité, pour diffuser le plus

largement possible nos actions de prévention, d'être associé aux

instances nationales qui définissent et arrêtent les plans de prévention et les priorités dans ce domaine. Nous pensons en

particulier aux services de la CNAMTS qui gèrent le Fonds national de

prévention d'éducation et d'information sur la santé (FNPEIS) et à

l'INPES. Il faut que les acteurs de la prévention étudiante soient associés

aux instances nationales qui définissent les plans de prévention dans ce

domaine. C'est à cette condition que nous pourrons réellement renforcer

les synergies et prendre en compte globalement les problématiques de

santé étudiante.

Proposition n°5: Associer les acteurs de la santé étudiante aux instances nationales qui définissent les priorités de santé publique et les plans de prévention

La suppression du service national à partir de 1996 et l'évolution des

modes de vie, conduisent aujourd'hui les jeunes qui entrent dans

l'enseignement supérieur, à avoir moins recours de façon régulière à des

professionnels de santé, médecins ou dentistes notamment. Par ailleurs,

la visite médicale prévue dans le cadre des études supérieures est

largement sous utilisée par le public étudiant, faute de moyens à la

hauteur des enjeux alloués aux services de médecine universitaire.

Comme l'a montré le rapport parlementaire du député Laurent Wauquiez,

la France ne dispose que de 60 services de médecine préventive pour 84

universités. On ne dénombre qu'un seul médecin pour 10 000 étudiant et,

21

plus grave quand on connaît le nombre d'étudiant atteints de souffrance

psychique, d'un seul psychologue pour 43 000 étudiants.

� Pour remédier à cette carence nous proposons de rendre possible

pour chaque étudiant le recours à une consultation de prévention chaque année, dont les modalités de prise en charge seraient définies au

niveau régional, et dont le contenu serait directement inspiré par les

priorités qui auront été définies à l'échelle de la conférence annuelle de

santé et de prévention.

Proposition n°6: Proposer à chaque étudiant au cours de l'année universitaire une consultation de prévention

Enfin, nous tenons à souligner, que le renforcement des actions de

prévention pour tous les étudiants est indiscutablement lié aux actions

visant à améliorer la vie étudiante.

En effet selon nous, il est clair, par exemple, que l'amélioration de

l'orientation des étudiants vers les filières universitaires où il sera censé

s'épanouir, participe d'une action de prévention à l'égard d'éventuelles

conduites à risques, puisqu'une étude de l'Observatoire Régional de Santé

d'Ile de France a montré que la proportion de fumeurs de cannabis était

deux fois plus importante chez les étudiants ayant choisi une orientation

qui n'était pas satisfaisante pour eux.

De même l'amélioration des conditions de logement des étudiants aura un

impact réel sur leur propension à suivre ou non des conduites à risques.

L'enquête santé USEM menée par l'USEM en 2005 et 2007 ayant montré

que l'étudiant confronté à la souffrance psychique était justement celui

dont les conditions de logement ou de transport, l'isolaient de sa famille,

de ses amis, de son lieu de vie universitaire.

22

� Nous proposons que le prochain chef du gouvernement s'entoure

d'un Secrétaire d'Etat à la Vie Etudiante, afin de mobiliser l'ensemble des

directions centrales des différents ministères qui concourent à

l'amélioration de la qualité de la vie étudiante (Education Nationale,

Santé, Logement, Affaires Sociales, Culture, Jeunesse et Sports...).

Cela permettra de faire des conditions de vie étudiante un vrai sujet

prioritaire d'action des pouvoirs publics, tout au long du prochain

quinquennat.

Proposition n°7: Créer un secrétariat d'Etat à la Vie

étudiante

� Nous proposons également que les opérateurs de santé soient

étroitement associés à toutes les instances qui réfléchissent et qui mettent en œuvre des actions visant à améliorer les conditions de vie étudiante.

Proposition n°8: Associer les mutuelles étudiantes à toutes les instances en charge des conditions de vie étudiante

III/ Améliorer l'accès aux soins des étudiants

La couverture complémentaire santé, clé de l'accès aux soins Les chiffres de l'enquête santé, de l'USEM montrent que seuls 83.5 % des

étudiants étaient couverts par une complémentaire santé, soit 10 % de

moins que la moyenne nationale (enquête Santé et protection sociale de

l'IRDES, 2006).

23

Notre enquête a montré également que ce sont justement les étudiants qui

n'ont pas de couverture complémentaire santé, qui renoncent le plus à

consulter un professionnel de santé pour les étudiants qui bénéficient

d'une complémentaire santé.

Pour lutter contre cette faible couverture complémentaire, les pouvoirs

publics ont mis en place des dispositifs, dont le dernier en date s'intitule

"crédit d'impôt d'aide à l'acquisition d'une complémentaire santé" mais

qui ne répond pas à l'objectif qui lui était assigné, comme le souligne une

étude de l'IRDES (2007).

En effet, cette étude propose une évaluation du dispositif d'aide à

l'acquisition d'une couverture maladie complémentaire (ACS), mis en

place en janvier 2005, destiné aux personnes ayant un revenu juste au

dessus du plafond de la Couverture Maladie Universelle Complémentaire

(CMUC). Malgré une montée en charge régulière, le dispositif ne

concernait en 2006 qu'un peu plus de 200 000 personnes. Résultat bien

en deçà des 2 millions de personnes visées par la mesure et annoncé par

le gouvernement lors de sa mise en œuvre. La participation des ménages

souscripteurs reste après bénéfice de l'ACS relativement importante au

regard de leurs revenus. En effet, le dispositif laisse à la charge des

bénéficiaires près de 60% du prix du contrat, c'est-à-dire 389€ en

moyenne par an, représentant environ 4,5% de leur revenu annuel. Plus

grave, concernant la population étudiante, une enquête effectuée dans les

mutuelles étudiantes régionales montre que le taux de recours à l'ACS

chez les étudiants se situe autour de … 0,1%.

� Notre proposition pour améliorer la couverture complémentaire

santé des étudiants consiste au contraire à offrir à chaque étudiant inscrit

pour la première fois dans un établissement d'enseignement supérieur, un

outil simple et clair: le "chèque santé étudiant" lui permettant d'acquérir plus facilement un contrat complémentaire santé.

Les jeunes étudiants qui s'inscrivent pour la première fois dans un

établissement d'enseignement supérieur vont faire l'expérience de leur

24

autonomie en matière de protection sociale, grâce à la cotisation

obligatoire à la sécurité sociale étudiante, ou à celle du régime général

pour ceux qui sont salariés plus de 60 heures par mois. Cette expérience

va les rendre partiellement autonome vis-à-vis du système de soins.

Pour rendre totale cette autonomie, il est important que le jeune étudiant

maîtrise également les mécanismes du régime complémentaire. Ainsi le

chèque santé étudiant va l'inciter fortement à l'acquisition d'une

complémentaire santé et donc à une totale autonomie vis-à-vis de notre

système d'accès aux soins.

Ce chèque santé devrait permettre également aux nouveaux étudiants de

se familiariser avec le parcours de soins initié par la réforme de

l'assurance maladie du 13 août 2004 puisqu'il ne serait valable qu'en cas

d'acquisition d'une complémentaire santé dite "responsable" et ne

pourrait s'adresser qu'à l'étudiant qui souscrit une complémentaire santé

en son nom propre. Il permettra ainsi aux étudiants d’entrer dans une

logique de prévention et d’éducation pour la santé pour gérer au mieux sa

santé, ces prestations étant obligatoires dans ce type de contrat (par

exemple: prise en charge des substituts nicotiniques, d'une visite

médicale de prévention chez un médecin...) permettant d’optimiser

l’utilisation du système de santé.

Nous proposons que ce « chèque santé » soit attribué sans condition de ressources. Il s’agit en effet de limiter les effets de seuil inévitables avec

ces critères. D’autres part, les étudiants des milieux les plus aisés ont,

dans l’immense majorité des cas, accès à une complémentaire parentale,

souvent gratuite et avec une couverture plus large. Ces contrats seraient

bien sûr exclus du dispositif.

Nous constatons avec satisfaction, que déjà le Conseil général des Alpes

Maritimes vient de mettre en place pour tous les étudiants un "plan

jeunes" qui comporte une mesure identique à celle du" chèque santé

étudiant". Ce plan a été voté par ce Conseil général le 25 septembre

2006.

25

Proposition n°9 : Mettre à disposition de tous les étudiants à l'occasion de leur première année d'étude supérieure, un "chèque santé étudiant" pour les aider à acquérir une complémentaire santé.

Réduire les inégalités sociales des étudiants vis à vis de la santé Ce chèque santé va aussi permettre de lutter contre les inégalités sociales

devant la santé, en simplifiant considérablement les démarches pour faire

valoir ses droits pour l’accès à une complémentaire santé, souvent

méconnues et complexes, qui ne permettent pas une pleine efficacité des

politiques sociales. Cet accès, en même temps qu’il luttera contre les

inégalités d’accès aux soins, luttera contre les inégalités devant la

prévention et l’information sur la santé et le système d’assurance

maladie, inégalités souvent non prises en compte mais qui déterminent

pourtant fortement les comportements des assurés dans la gestion de leur

propre santé.

Le dispositif du chèque santé étudiant:

Ce chèque santé étudiant doit être un dispositif très simple d'utilisation,

contrairement au formulaire à remplir pour bénéficier du crédit d'impôt

pour l'aide à la complémentaire santé.

Ce contrat complémentaire santé devra être "responsable" c'est-à-dire

respectant le parcours de soins. Le contrat devra être souscrit au nom de

l'étudiant primo inscrit dans un établissement d'enseignement supérieur.

Les mutuelles, assureurs et organismes gestionnaires pourront obtenir le

remboursement du montant des chèques encaissés, en cours d'année,

auprès d'un organisme à définir.

26

Le montant du chèque santé étudiant pourrait être de 50% du coût

d'une complémentaire santé de base, proposée par les mutuelles

étudiante,(80-90 euros par an) c'est-à-dire, que le chèque santé étudiant

pourrait être compris entre 40 et 50 euros. S'agissant de l'impact budgétaire d'une telle mesure, il représenterait un

coût de l'ordre de 7 à 8 millions d'euros, sachant que la moitié des

étudiants sont couverts par une complémentaire santé parentale et n'aurait

donc pas de raison d'utiliser un tel dispositif.

Il est important également de signaler que cette mesure permettrait de

renforcer considérablement l'accès aux soins des étudiants qui

aujourd'hui n'ont pas de complémentaire santé. Elle permettrait donc à

terme de réduire les coûts supportés par les organismes de prise en

charge des soins quand les étudiants qui ont attendu pour subir des soins

"rattrapent" cette absence de soins une fois dans la vie active en ayant

malheureusement recours à des soins plus importants et donc plus

onéreux que s'ils avaient pu régulièrement consulter des professionnels

de santé pendant leur vie étudiante.

Il nous paraît de plus important que cette aide constitue une réelle incitation, mais ne s'assimile pas pour autant à la gratuité de la couverture complémentaire santé. En effet, il nous semble capital que le reste à charge pour l'étudiant même s'il est faible, lui permette de prendre conscience du coût de sa santé et le responsabilise vis-à-vis du système de soins de droit commun dans lequel il va s'insérer plus tard dans le cadre de sa vie active. Permettre le paiement fractionné des droits de sécurité sociale.

Le Ministre de la Santé a évoqué l'idée au printemps 2006 de permettre

aux étudiants de payer en plusieurs fois leurs droits de sécurité sociale

étudiante.

27

Cette réforme aurait un caractère social, et soulagerait incontestablement

la trésorerie des étudiants, notamment les plus modestes. A ce titre, les

mutuelles étudiantes régionales approuvent sans réserve la philosophie de

cette mesure.

� Nous avons même proposé à cette occasion au Ministre de la

Santé, d'aller plus loin en permettant aux étudiants de s'acquitter de

leurs droits de sécurité sociale en dix fois au cours de l'année universitaire. Les mutuelles étudiantes régionales ont la capacité de

réaliser cette réforme car dès à présent elles proposent aux étudiants le

paiement en dix fois de leur cotisation mutualiste.

Pour mettre en place cette mesure, il conviendrait de réformer le système

d'affiliation à la sécurité sociale des étudiants en confiant sa

responsabilité aux mutuelles étudiantes et non plus aux scolarités des

établissements d'enseignement supérieur. Dès lors, les mutuelles

étudiantes pourraient proposer aux étudiants, lors de leur affiliation, le

paiement en dix fois des droits de sécurité sociale en leur faisant remplir

une autorisation de prélèvement de ces sommes sur leur compte bancaire.

Cette gestion du fractionnement et du recouvrement des droits de sécurité

sociale par les mutuelles étudiantes présente plusieurs avantages pour les

étudiants et pour les comptes de l'URSSAF.

Cela évite tout d'abord qu'il y ait plusieurs structures différentes qui

gèrent la sécurité sociale et la santé des étudiants au moment de leur

inscription universitaire. La prise en charge de la gestion et du

recouvrement des droits de sécurité sociale par l'organisme qui gère et

prend en charge la santé des étudiants rend cohérent le parcours d'accès

aux droits de sécurité sociale des étudiants.

Cela permet ensuite d'améliorer les conditions de vie de l'étudiant, grâce

à une possibilité de paiement en dix fois de ces droits de sécurité sociale,

ce qui peut l'inciter à prendre plus fréquemment une complémentaire

santé (aujourd'hui, seul 82% des étudiants sont couverts par une

complémentaire santé).

28

Cette mesure permet également de sécuriser la gestion des droits de

sécurité sociale, en évitant les fraudes liées notamment à des déclarations

abusives d'étudiants, relatives notamment au statut d'étudiant salarié afin

d'éviter le paiement des droits de sécurité sociale étudiante.

Cela permet enfin d'alléger la charge de travail des secrétariats

administratifs des universités et des établissements d'enseignement

supérieur, en concentrant leur mission sur la gestion des droits

universitaires.

Le coût budgétaire de cette mesure a été chiffré à 8% du coût de la

cotisation sécurité sociale étudiante, c'est-à-dire 15 euros par an et par

étudiant, soit 25 millions d'euros, ce qui est à rapprocher du manque à

gagner pour les URSSAF dû aux cotisations sécurité sociale qui ne sont

pas acquitté par les étudiants, du fait de la complexité des procédures

d'affiliation à la sécurité sociale étudiante. Aucun chiffre précis n'existe

sur ce manque à gagner, mais à titre d'information, cette somme de 25

millions d'euros représente la cotisation sécurité sociale de 5% des

étudiants.

Proposition n°10: Permettre aux étudiants de payer en 10 fois, leurs droits de sécurité sociale.

29

LES 10 PROPOSITIONS DE L'USEM POUR LA SANTE ETUDIANTE

1) Créer une conférence annuelle de la santé des jeunes adultes 2) Clarifier au niveau régional le pilotage des différentes structures de santé 3) Faire bénéficier du régime de sécurité sociale étudiante, tous les étudiants salariés à temps partiels 4) Créer une ligne budgétaire spécifique "santé des jeunes adultes" dédiée aux actions de prévention à destination de ce public. 5) Associer les acteurs de la santé étudiante aux instances nationales qui définissent les priorités de santé publique et les plans de prévention 6) Proposer à chaque étudiant au cours de l'année universitaire une consultation de prévention

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7) Créer un Secrétariat d'Etat à la Vie Etudiante 8) Associer les acteurs de la santé étudiante aux instances en charge des conditions de vie étudiante 9) Mettre à disposition de tous les étudiants à l'occasion de leur première année d'étude supérieure, un "chèque santé étudiant" pour les aider à acquérir une complémentaire santé. 10) Permettre aux étudiants de payer en 10 fois, leurs droits de sécurité sociale.

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USEM - Union nationale des Sociétés Etudiantes Mutualistes régionales MEP, MGEL, SEM, SMEBA, SMENO, SMERAG, SMEREP

116, rue du bac 75007 PARIS - tel. 01.44.18.37.87 - fax : 01.44.18.94.75 -

www.usem.fr - [email protected]