la russie d'aujourd'hui

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L'église orthodoxe en question Ce supplément est édité et publié par Rossiyskaya Gazeta (Moscou, Russie) qui assume seule l'entière responsabilité de son contenu Distribué avec Mercredi 5 septembre 2012 Le virus de la caméra sans frontières Les pays se mêlent dans la vie de Lioudmila Espiaube, mais son style reste unique. P. 7 L'exposition qui fait du bruit un objet d'art Les appareils de Vladimir Popov reproduisent les sons de la mer, de l'usine ou du transport. P. 7 PAGE 2 PAGE 5 Porte du Caucase La petite république d'Adygué peut être fière non seulement de ses montagnes, de ses rivières, de son fromage, mais aussi de la tolérance de ses habitants envers toutes les religions. PAGE 4 À l’occasion du bicentenaire de la Campagne de Russie, un ba- taillon de vingt-trois cosaques a pris le chemin de la France. Ce trajet de 5 300 km va leur prendre deux mois. Leur desti- nation finale est Fontainebleau, où ils arriveront en octobre. PHOTO DU MOIS Les cosaques sont de retour Les promenades du cœur « Promenade de santé » avec le docteur Léo Bokeria. Cet éminent cardiologue avoue que, pour lui aussi, se lever de si bonne heure pendant son jour de repos est un véritable exploit. Pourtant, huit samedis de suite, il se rend au parc pour une balade avec ses patients. Léo Bokeria n’a jamais eu peur des premières fois. Avant même d’être désigné comme principal cardiologue du ministère de la Santé en Russie, il a été un pion- nier en matière de traitement chirurgical des malformations car- diaques congénitales et acquises, de l’arythmie et de l’ischémie car- diaque. Lors des interventions, il se sert volontiers des technologies de pointe comme l’imagerie 3D permettant de reconstituer l’es- pace opéré ou la visioconférence permettant à une vingtaine de mé- decins de suivre l’intervention à travers la Russie et en CEI. Les rues de Moscou paraissent bien désertes par ce samedi matin frisquet. Contrastant avec la ca- pitale figée dans l’attente de l’au- tomne, le parc Krylatskie khol- my, avec ses collines encore verdoyantes, apparaît comme un véritable îlot estival gardant l’em- prunte des jours ensoleillés. Malgré l’heure matinale, plus d’une centaine de personnes sont présentes au rendez-vous de la EKATERINA TCHIPOURENKO LA RUSSIE D'AUJOURD'HUI Tous les week-end, le docteur Léo Bokeria, cardiologue le plus célèbre de Russie, organise une promenade de santé dans un parc de la capitale russe. Santé Une initiative de salubrité publique SUITE EN PAGE 3 Trois jeunes femmes, membres du collectif Pussy Riot viennent d'être condamnées à deux ans de prison pour avoir récité dans une cathédrale une "prière punk" intitulée "Mère de Dieu, débarrasse nous de Poutine". De nombreux Russes ont été choqués par cette performance. Le patriarche Cyrille a parlé d'"abomination" et de "blas- phème". D'autres y ont vu une dénonciation de liens qu'ils trouvent trop étroits entre le pouvoir politique russe et l'au- torité religieuse. L'affaire Pussy Riot et la condamnation très sévère a en tous cas placé le clergé ortho- doxe au centre d'une polémique qui enflait depuis des mois. À cause du train de vie luxueux du haut clergé, de son influence politique grandissante et des valeurs très conservatrices qu'il défend. Notre reportage se penche sur le regard qu'ont les Russes sur une église à laquelle une majo- rité de la population dit appar- tenir. L'église orthodoxe russe est- elle encore en phase de "renou- veau" ou bien est-elle confron- tée à sa première crise depuis la fin de l'ère soviétique ? Produit de Russia Beyond the Headlines Après 18 ans de négocia- tions, la Russie adhère à l'Organisation mondiale du Commerce. Mais le débat sur les avantages et les inconvénients se poursuit. Enfin à l'OMC ! Le parlement a voté une loi interdisant aux officiels de pos- séder des propriétés immobi- lières à l'étranger. Cette mesure permettra-t-elle d'enrayer la fuite des capitaux ? Patrimoine patriote EN LIGNE SUR LARUSSIEDAUJOURDHUI.BE Reportage photo exclusif sur la Syrie en ruines LARUSSIEDAUJOURDHUI.BE/15315 Un souvenir injustement méconnu Le pouvoir toujours en quête d'identité PAGE 8 PAGE 6 LOISIRS Les célèbres châles et les fou- lards russes que les touristes les plus attentifs repèrent lors de leur voyage en Russie pro- viennent de l’usine textile de Pavlovski Possad. Lancée au mi- lieu du XIXe siècle par Vassili Griaznov, à la fois industriel vi- sionnaire et saint de l’Eglise or- thodoxe, l’usine est une véritable institution qui perpétue, depuis 200 ans, la tradition des châles et foulards imprimés à travers l'histoire mouvementée du pays. Le politologue Eugene Ivanov estime que depuis son inaugu- ration en mai,Vladimir Poutine a renoncé à la modernisation. Resté crispé sur une promesse de stabilité, il ne propose pas de vision stratégique d'avenir. OPINIONS Léo Bokeria possède plus de 150 brevets d’inventions médicales. Prière publique pour la protec- tion de la foi devant la cathé- drale du Christ Saint Sauveur, le 24 avril 2012. SUITE EN PAGE 2 © LORI/LEGION MEDIA © ALAMY/LEGION MEDIA © RUSLAN SUKHUSHIN © ALLA SHADROVA, SPIKE ROGERS © GETTY IMAGES/FOTOBANK © ELENA POCHOTOVA © ITAR-TASS © KIRILL LAGUTKO © SERVICE DE PRESSE

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La Russie d'Aujourd'hui est une source d'informations politiques, économiques et culturelles internationalement reconnue. Elle propose une couverture médiatique réalisée sur le terrain par des journalistes possédant une connaissance en profondeur du pays, ainsi que des analystes et un vaste éventail d'opinions sur les événements actuels.

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Page 1: La Russie d'Aujourd'hui

L'église orthodoxe en question

Ce supplément est édité et publié par Rossiyskaya Gazeta (Moscou, Russie) qui assume seule l'entière responsabilité de son contenu

Distribué avec

Mercredi 5 septembre 2012

Le virus de la caméra sans frontièresLes pays se mêlent dans la vie de Lioudmila Espiaube, mais son style reste unique.

P. 7

L'exposition qui faitdu bruit un objet d'artLes appareils de Vladimir Popov reproduisent les sons de la mer, de l'usine ou du transport.

P. 7

PAGE 2 PAGE 5

Porte du Caucase

La petite république d'Adygué peut être fière non seulement de ses montagnes, de ses rivières, de son fromage, mais aussi de la tolérance de ses habitants envers toutes les religions.

PAGE 4

À l’occasion du bicentenaire de

la Campagne de Russie, un ba-

taillon de vingt-trois cosaques a

pris le chemin de la France. Ce

trajet de 5 300 km va leur

prendre deux mois. Leur desti-

nation finale est Fontainebleau,

où ils arriveront en octobre.

PHOTO DU MOIS

Les cosaques sont de retourLes promenadesdu cœur

« Promenade de santé » avec le docteur Léo Bokeria. Cet éminent cardiologue avoue que, pour lui aussi, se lever de si bonne heure pendant son jour de repos est un véritable exploit. Pourtant, huit samedis de suite, il se rend au parc pour une balade avec ses patients.

Léo Bokeria n’a jamais eu peur des premières fois. Avant même d’être désigné comme principal cardiologue du ministère de la Santé en Russie, il a été un pion-nier en matière de traitement chirurgical des malformations car-diaques congénitales et acquises, de l’arythmie et de l’ischémie car-diaque. Lors des interventions, il se sert volontiers des technologies de pointe comme l’imagerie 3D permettant de reconstituer l’es-pace opéré ou la visioconférence permettant à une vingtaine de mé-decins de suivre l’intervention à travers la Russie et en CEI.

Les rues de Moscou paraissent bien désertes par ce samedi matin frisquet. Contrastant avec la ca-pitale fi gée dans l’attente de l’au-tomne, le parc Krylatskie khol-my, avec ses collines encore verdoyantes, apparaît comme un véritable îlot estival gardant l’em-prunte des jours ensoleillés.

Malgré l’heure matinale, plus d’une centaine de personnes sont présentes au rendez-vous de la

EKATERINA TCHIPOURENKOLA RUSSIE D'AUJOURD'HUI

Tous les week-end, le docteur

Léo Bokeria, cardiologue le plus

célèbre de Russie, organise une

promenade de santé dans un

parc de la capitale russe.

Santé Une initiative de salubrité publique

SUITE EN PAGE 3

Trois jeunes femmes, membres du collectif Pussy Riot viennent d'être condamnées à deux ans de prison pour avoir récité dans une cathédrale une "prière punk" intitulée "Mère de Dieu, débarrasse nous de Poutine".

De nombreux Russes ont été choqués par cette performance. Le patriarche Cyrille a parlé d'"abomination" et de "blas-phème". D'autres y ont vu une dénonciation de liens qu'ils trouvent trop étroits entre le pouvoir politique russe et l'au-torité religieuse.

L'affaire Pussy Riot et la condamnation très sévère a en tous cas placé le clergé ortho-doxe au centre d'une polémique qui enfl ait depuis des mois. À cause du train de vie luxueux du haut clergé, de son infl uence politique grandissante et des valeurs très conservatrices qu'il défend.

Notre reportage se penche sur le regard qu'ont les Russes sur une église à laquelle une majo-rité de la population dit appar-tenir.

L'église orthodoxe russe est-elle encore en phase de "renou-veau" ou bien est-elle confron-tée à sa première crise depuis la fi n de l'ère soviétique ?

Produit de Russia Beyond the Headlines

Après 18 ans de négocia-tions, la Russie adhère à l'Organisation mondiale du Commerce. Mais le débat sur les avantages et les inconvénients se poursuit.

Enfin à l'OMC !

Le parlement a voté une loi interdisant aux officiels de pos-séder des propriétés immobi-lières à l'étranger. Cette mesure permettra-t-elle d'enrayer la fuite des capitaux ?

Patrimoine patriote

EN LIGNE SURLARUSSIEDAUJOURDHUI.BE

Reportage photo exclusif sur la Syrie en ruinesLARUSSIEDAUJOURDHUI.BE/15315

Un souvenir injustement méconnu

Le pouvoir

toujours en

quête d'identité

PAGE 8

PAGE 6

LOISIRS

Les célèbres châles et les fou-lards russes que les touristes les plus attentifs repèrent lors de leur voyage en Russie pro-viennent de l’usine textile de Pavlovski Possad. Lancée au mi-lieu du XIXe siècle par Vassili Griaznov, à la fois industriel vi-sionnaire et saint de l’Eglise or-thodoxe, l’usine est une véritable institution qui perpétue, depuis 200 ans, la tradition des châles et foulards imprimés à travers l'histoire mouvementée du pays.

Le politologue Eugene Ivanov estime que depuis son inaugu-ration en mai, Vladimir Poutine a renoncé à la modernisation. Resté crispé sur une promesse de stabilité, il ne propose pas de vision stratégique d'avenir.

OPINIONS

Léo Bokeria possède plus de 150

brevets d’inventions médicales.

Prière publique pour la protec-

tion de la foi devant la cathé-

drale du Christ Saint Sauveur,

le 24 avril 2012.

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02LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI WWW.LARUSSIEDAUJOURDHUI.BE

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LES SUPPLÉMENTS SPÉCIAUX ET SECTIONS SUR LA RUSSIE SONT PRODUITS ET PUBLIÉS PAR RUSSIA BEYOND THE HEADLINES, UNE FILLIALE DE ROSSIYSKAYA GAZETA (RUSSIE), DANS LES QUOTIDIENS INTERNATIONAUX: • LE SOIR, BELGIQUE• EUROPEAN VOICE, UE • LE FIGARO, FRANCE • THE DAILY TELEGRAPH, GRANDE BRETAGNE • SÜDDEUTSCHE ZEITUNG, ALLEMAGNE • EL PAÍS, ESPAGNE • LA REPUBBLICA, ITALIE •DUMA, BULGARIE •GEOPOLITICA, SERBIE • THE WASHINGTON POST ET THE NEW YORK TIMES, ÉTATS-UNIS • ECONOMIC TIMES, INDE • YOMIURI SHIMBUN, JAPON • CHINA BUSINESS NEWS, CHINE • SOUTH CHINA MORNING POST, CHINE (HONG KONG) • LA NATION, ARGENTINE • FOLHA DO SAO PAOLO, BRÉSIL • EL OBSERVADOR, URUGUAY • POLITIKA, SERBIE • TODAY, SINGAPOUR • UNITED DAILY NEWS, TAÏWAN.

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IGOR SEDYKHLA RUSSIE D'AUJOURD'HUI

Le procès des Pussy Riot a

scindé la société en deux camps

distincts, mais la légère baisse de

confiance envers l’Église ne

concerne qu’une petite partie

des Russes.

L’affaire Pussy Riot divise les orthodoxesReligion La position du Patriarcat de Moscou provoque des remous au sein de la population russe

Des gros bras surveillent les abords de la cathédrale du Christ sauveur, lieu du « délit » des Pussy Riot. Sous un ciel de plomb, ils passent au crible les fi dèles pour repérer les suspects : ceux qui viendraient soutenir les trois pun-kettes tout juste condamnées à deux ans de camp. L’atmosphère est tendue, sur le fi l du rasoir.

« J’ai pitié de ces fi lles mais je ne peux pas accepter ce qu’elles ont fait. Elles ont tout de même blasphémé contre la sainte Vierge », commente Tatiana Sar-ganskaïa, 54 ans, fi dèle de l’Église orthodoxe.

Le procès des Pussy Riot est révélateur de bouleversements si-gnifi catifs au sein de la société russe. Dès le début, deux camps distincts se sont formés pour se diviser défi nitivement à l’issue du procès, laissant peu de gens in-différents. D’un côté, ceux qui re-vendiquent la séparation de l’Église et de l’État et de l’autre, les activistes orthodoxes qui prônent une présence accrue de l’Église à tous les niveaux.

Parfois, les positions sur-prennent. Le leader du parti com-muniste Guennadi Ziouganov s’est retrouvé du côté de l'Église en affirmant qu’elle était sujette à une « puissante attaque psy-chique ». Réputé très conserva-teur, il a soutenu que « Staline a beaucoup fait pour la renaissance de la croyance orthodoxe dans le pays ». À l'inverse, beaucoup de chrétiens ont estimé que l'Église aurait pu faire preuve de davan-tage de miséricorde.

Le haut clergé s'est prudem-ment tenu à l’écart de l’affaire , attendant le verdict pour deman-der davantage d'indulgence en-

pousse à prendre le parti des faibles.

À l’opposé, se sont formés des groupes d’orthodoxes radicaux. « Le bien doit avoir de bons poings », lance Ivan, 23 ans, per-suadé d’être du côté de la vérité et de Dieu. Ses camarades et lui font la ronde dans les rues, tra-quant les t-shirts inspirés de Pussy Riot. Plusieurs villes ont déjà leur « service de sécurité or-thodoxe ».

Vladimir Poutine et l'Église or-thodoxe russe n'ont jamais caché entretenir des relations étroites et cordiales. Les autorités ont sou-tenu le retour de terres de l'Église et des monastères, confi squés par les autorités soviétiques. L'Église, à son tour, n’a jamais critiqué le pouvoir et a même accordé une origine sacrale au pouvoir de Vla-dimir Poutine. Les autorités ont

Nombre d'orthodoxes ont été choqués par le manque de miséricorde du haut clergé.

AVIS D'EXPERT

Deux réformes indispensables

En ce début de XXIe siècle, l'Église orthodoxe est confrontée à la tâche de mener deux réformes. D'un côté, une réforme qui condui-rait à la prise de conscience de la primauté de ses traits chrétiens sur sa spécificité orthodoxe ainsi qu'à sa réconciliation avec le progrès social et la doctrine moderne des droits de l'homme. D'autre part, la politique en Russie devrait éga-lement être réformée en tenant compte de la nature multiconfes-

Viatcheslav

InozemtsevDOCTEUR EN

SCIENCES ÉCONOMIQUES

sionnelle de la société russe : des partis et des associations doivent apparaître. L'absence d'unions chrétiennes dans un pays façonné pendant des siècles par cette tradi-tion chrétienne, est un erreur. Cela favorise et nourrit les extrémismes de toutes sortes, cela développe un terreau de haine, de nationalisme et de violence.Si l'Église et le pouvoir ne veulent pas de révolution en Russie, ils doivent commencer à changer, en faisant un pas vers le peuple, et pas uniquement l'un vers l'autre.

Lisez la version intégrale en ligne

› larussiedaujourdhui.be/15489

vers les Pussy Riot. Tout en se gar-dant bien d'aller jusqu'à contester la sentence. Le prêtre Sergueï Baranov, chef de l’éparchie de Tambov, a été telle-ment choqué par le verdict qu’il a décidé de quitter l’Église ortho-doxe russe : « Bien sûr, les actes des Pussy Riot sont inadmissibles, mais la tournure qu’a pris le pro-cès et le verdict qui en découle sont, à mon avis, blasphème et sacrilège ». C’est l’avis de la plu-part des défenseurs des Pussy Riot : ils condamnent leurs actes mais l’absurdité du jugement les

Le haut clergé a prudemment attendu le verdict pour demander davantage d'indulgence envers les Pussy Riot

JONATHAN EARLETHE MOSCOW TIMES

Selon le dernier sondage en

date, les cotes de popularité et

de confiance du président ont

connu une forte baisse cet été,

après une diminution constante

de ces indicateurs depuis mai.

Un gros creux dans la popularité de Poutine

Sondage La majorité est fatiguée d'attendre

Les résultats du dernier son-dage montrent que les Russes voient désormais Poutine comme un dirigeant peu efficace et doutent de sa capacité à opérer des changements positifs. 53% accordent à Poutine une infl uence « très forte » à « forte » sur la si-tuation en Russie, beaucoup moins que le 66% enregistrés en mai - le résultat le plus faible de-puis octobre 2006. Et 56% se dé-clarent « fatigués d’attendre » des changements positifs de sa part.

Son indice de confi ance, rap-port entre le soutien et la désap-probation de la population, a chuté à 35% en juillet, en baisse constante depuis le pic enregis-tré à 78% en septembre 2008.

Pourtant, toujours selon le son-dage de Levada, l’opposition, à l’origine des mouvements mas-sifs de contestation depuis dé-cembre, peine à s’affirmer.

En juillet, seuls 42% des Russes soutenaient l’opposition. Et seuls 5% des sondés se disent prêts à manifester pour des élections libres.

D'après le sondage du Centre Le-vada, 48% des personnes inter-rogées affirment avoir une opi-nion positive des actions du président. Ils étaient encore 60% en mai, lors de sa dernière réé-lection. L’indice de confi ance de Poutine a chuté de 57% en mai à 52% en août, tandis que le taux de désapprobation de sa politique est resté stable à 24%.

Par rapport aux chiffres occi-dentaux, la cote de popularité du président russe a toujours été très élevée en Russie, ce qui servait d’argument aux partisans de Pou-tine pour justifi er sa présence au pouvoir durant 12 ans. En mai 2008 par exemple, au terme de huit années de présidence, Vladi-mir Poutine pouvait se vanter d’avoir le soutien de 77% de la population, selon les chiffres du Centre Levada.

SERGUEÏ GORIACHKO, ANASTASIA NOVAKKOMMERSANT

Deux projets de loi ont été

soumis en juillet à la Douma. L’un

oblige les officiels russes à

déclarer leurs actifs étrangers,

l’autre leur interdit la possession

de biens immobiliers à l’étranger.

Sus à la fuite des capitaux !Fonctionnaires Des députés veulent obliger les officiels à rapatrier leurs fortunes

seconde lecture : réduction des délais pour se débarrasser des ac-tifs étrangers, élargissement du cercle familial et interdiction d’envoyer ses enfants étudier à l’étranger. Les sanctions en cas d’infraction risquent également d’être renforcées. Le député ex-plique ces mesures draconiennes par « le volume pour le moins important des actifs cachés sur des comptes offshore » et les nom-breuses astuces permettant de ne pas déclarer le gros de leur for-tune.

Mais pour Ilia Ponomarev, au-teur du premier projet de loi qui préconisait juste de rendre obli-gatoire la déclaration d’actifs étrangers, « les officiels vont sim-plement mieux cacher leurs ac-tifs étrangers, d’autant que la plu-part en ont déjà l’habitude ». Le député communiste Valéri Rach-kine trouve plus raisonnable d’obliger seulement à déclarer les biens immobiliers étrangers. « La Russie a ratifi é de nombreux ac-cords commerciaux avec diffé-rents pays. Devrait-on tous les annuler à cause de ce projet de loi ? »

Un sondage du Fonds Opinion Publique indique que la popula-tion veut des mesures plus sé-

Les députés de quatre factions ont proposé d’interdire à tous les fonctionnaires de posséder des biens immobiliers à l’étranger. D’après la déclaration des reve-nus 2011 des membres de l’As-semblée, gouverneurs, hauts fonc-tionnaires et membres de l’administration du président ainsi que de leur famille, 52 d’entre eux ont déclaré être pro-priétaire de 107 biens immobi-liers hors de la Russie.

Ce projet de loi devrait en-joindre les fonctionnaires, leurs épouses et leurs enfants mineurs à se débarrasser des biens immo-biliers et de leurs comptes ban-caires étrangers dans les six mois qui suivent. En cas d'infraction, la loi prévoit une amende de 125 000 euros et jusqu'à 5 ans de prison.

L’un des auteurs du document, Viatcheslav Lyssakov, a ajouté que ces mesures vont être durcies en

donné le feu vert à l’enseignement des bases de l'orthodoxie à l’école, suscitant un large débat. Cette union est devenue particulière-ment évidente quand Cyrille a pris les fonctions du Patriarche. Ce dernier a appelé les orthodoxes à ne pas participer aux manifes-tations de l'opposition. Enfi n il a appelé à voter pour Poutine aux élections présidentielles.

Une autre polémique enfl e sur les aspects matériels. Toute l’in-formation sur la fortune de l'Église est cachée. Chacune de ses plus de 30000 paroisses est une entité juridique indépen-dante, la même situation prévaut avec 160 éparchies et le Patriar-cat de Moscou. « Où prennent-il cet argent, cela demeure un mys-tère », commente Nicolai Mitro-chine, spécialiste du Centre d'études sur l'Europe orientale de l'Université de Brême.

Du fait de sa discrétion, le nombre de scandales autour de l'argent de l'Église russe ortho-doxe est moindre aujourd'hui que dans les années 90. Mais le débat reste vif autour du retour des biens de l'Église. Selon une loi de 2010, toutes les organisations re-ligieuses peuvent exiger le retour de la propriété à usage religieux. Autrement dit, l'Église pourrait redevenir le plus grand, ou l'un des plus grands propriétaires du pays - comme avant la Révolu-tion de 1917.

Les scandales liés au patri-moine du clergé, y compris la montre à 30000 euros de Cyrille, n'ont pas infl uencé la confi ance en l'Église. Le représentant du Patriarcat de Moscou Vsevolod Tchapline a déclaré que la richesse de l'Église refl ète son prestige so-cial. Et pour l'archiprêtre, ce pres-tige doit être « le plus visible pos-sible et refl éter la place de l'église dans la vie sociale, que chaque croyant estime être centrale ». Quant à ces gens qui reprochent au clergé son goût du luxe, l'ar-chiprêtre Tchapline les qualifi e tout simplement d'"ennemis".

" Des restrictions sur la pro-priété des officiels sont nécessaires. C’est un signal

pour les élites".

IL L'A DIT

Mikhaïl DegtiarevDÉPUTÉ DE LA DOUMA D’ÉTAT, PARTI LIBÉRAL-

DÉMOCRATE

Article publié dansThe Moscow Times

Les pays favoris des fonctionnaires

vères : 66% sont pour l’interdic-tion des comptes en banque et des biens immobiliers à l’étran-ger. Pour 16% des citoyens, cette loi est nécessaire car l’argent que les fonctionnaires transfèrent à l’étranger est de l’argent détour-né, issu de la corruption. Seuls 4% estiment que chacun doit être libre de garder son argent où il le souhaite.

Article publié dansKommersant

Le soutien des Russes à l'église

À quelle religion appartenez-

vous ?

L'État doit-il intervenir dans les

questions religieuses ?

Les activités du clergé suscitent-

elles votre mécontentement ?

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SOURCE : REVENUS DES FONCTIONNAIRES ET DE LEURS FAMILLES EN 2011

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03LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI WWW.LARUSSIEDAUJOURDHUI.BE

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Promenadede santéavec le cardiologue

Les randonneurs se sont divisés en deux groupes et font la queue devant deux « cabinets » dispo-sés dans de grandes tentes. Dans le premier, on se charge d’inscrire les nouveaux et de leur distribuer « l’uniforme » : casquette, t-shirt et podomètre. Dans le second, on leur fait un bilan de santé: prise de sang pour déterminer le taux de glucose, mesure de la tension artérielle.

« Je suis chirurgien cardiaque. Nous sommes tous cardiologues ici. Il y a aussi des infi rmières en chef et de simples aide-soi-gnantes », explique l’un des bé-névoles du projet, qui travaille au Centre Bakoulev.

Les promeneurs sont plutôt des personnes âgées vivant non loin du parc. Certains sont venus après avoir lu des prospectus distribués près du métro, d’autres ont été dirigés depuis le Centre Bakou-lev.

« En Russie, il y a près de 700 000 médecins, si chacun pro-mène une centaine de personnes, ce sera bénéfi que pour une grande partie de la population. Car même en France, où la médecine sociale est si développée, les établisse-ments traitant l’arythmie peuvent prendre en charge seulement 3% des malades même en travaillant 24h sur 24, 7 jours sur 7 », ex-plique Léo Bokeria.

Dès qu’il apparaît, ses « pa-tients » l’encerclent jusqu’à la fi n de la balade. Grand, le rose aux joues, il écoute l’air très sérieux mais répond toujours avec un sou-rire chaleureux. Il parle des mé-dicaments, des traitements, il en-

Si chaque médecin russe promenait une centaine de personnes, ce serait bénéfique pour une grande partie de la population, dit Léo Bokeria.

Une biographie parfaite

Né en 1939 à Otchamtchira, en ré-publique d'Abkhazie. Formation : Faculté de médecine de I.M.Setchenov à Moscou.

En 1968, après ses études, Léo Bo-keria commence à travailler à l’Ins-titut de chirugie cardio-vasculaire A.N. Bakoulev, et en devient le directeur en 1994. En 2001, il de-vient membre de l’Académie des Sciences de Russie au département de physiologie et de médecine fon-damentale.Pionnier en matière de chirurgie des malformation cardiaques, il a

été également le premier, en Rus-sie, a implanter des appareils de stimulation cardiaque pour pré-venir les cas de mort subite. Il est à l’origine de la mise en place du seul système d’informatisation complète du dossier des patients en cardiochirurgie, avec une base de données de plus de 20 000 pa-tients.Léo Bokeria est lauréat du prix Hippocrate, décerné aux meilleurs chirurgiens cardiaques mondiaux. Il est président de la "Ligue Natio-nale pour la Santé" et membre de la Chambre Publique de Russie.

SUITE DE LA PREMIÈRE PAGE

IGOR VIOUJNYLA RUSSIE D'AUJOURD'HUI

Environ 60% des nouveaux

séropositifs en Russie sont des

toxicomanes. Et pour certains, le

virus devient la dernière chance

de commencer une nouvelle vie.

Quand le sida vous remet les pieds sur terreSanté Reportage auprès de séropositifs luttant avec la maladie, mais aussi avec l'administration russe

tait le virus, les médecins l’ont traitée de prostituée. Ils lui ont reproché d’être contagieuse. « Les médecins m’ont humiliée mille fois. Je me suis renfermée, puis j’ai commencé à picoler. Je bu-vais, je buvais, je sentais bien que je devenais alcoolique », se sou-vient-elle.

Un sondage du Centre Levada pour l’ONU a révélé, en 2010, que 76% des Russes séropositifs se sentent stigmatisés, ils vivent dans la honte et la culpabilité. 78% redoutent la discrimination et la réprobation de leur entourage. Ces angoissent sont fondées : 56% sont effectivement victimes de ce type de traitement.

Alina raconte que c’est son mari, séronégatif, qui l’a aidée à surmonter la dépression. « Quand il a appris pour moi, il ne s’est pas détourné. C’est ça l’amour. Je t’aime, je m’en fi che, il m’a dit. Et c’est toujours vrai », sourit la jeune femme.

Alina ne sait pas comment elle a attrapé le virus, ou bien elle ne veut pas en parler. Disposée à la confi dence, Alina demande néan-moins que son nom de famille ne soit pas divulgué. Elle craint que l’article ne soit lu dans sa ville natale et qu’elle ne puisse plus y retrouver du travail.

« Plus tu en sais, mieux tu te portes »Contrairement à Alina, le Mos-

réservés à cette fi n. Mais Aksio-nov doute que cet argent sera dé-pensé efficacement. Les ONG sont unanimes : le problème, c’est qu’en 25 ans de lutte contre le sida, la Russie n’est pas parvenue à élaborer une stratégie au ni-veau fédéral de lutte contre le virus. Quatre ministères et deux commissions sont en charge de la question. Résultat, le seul do-maine à peu près efficace est l’ap-provisionnement des malades en médicaments, qui coute 60 mil-liards de roubles par an. Mais tant qu’aucune stratégie préventive n’existe, chacun survit comme il peut.

« Moi, je suis un anarchiste par nature », explique Alexandre. Il n’a rien reçu de l’État, tout a été le fait de sa propre initiative. «  Chez nous, chacun se sauve soi-même, martèle-t-il. Mon crédo : dans ce pays, personne ne doit rien à personne ».

Alina semble être du même avis, mais elle a confiance dans les gens. Des inconnus l’ont aidée à trouver sur Internet une clinique qui a bien voulu l’opérer. Des bé-névoles inconnus eux aussi l’ont accueillie à Moscou et lui ont ex-pliqué où s’adresser et comment. « Je me sentais comme une hors-la-loi, maintenant je suis une per-sonne ordinaire. On va m’opérer et la vie va continuer », sourit-elle. Et elle compte donner nais-sance à un deuxième enfant.

Alina, une jolie blonde, est la maman d’une fi llette de 11 ans, originaire d’Ekaterinbourg, la ca-pitale informelle de la drogue dans l’Oural. Elle n’est pas venue à Moscou depuis longtemps et s’étonne : « Vous êtes tous maus-sades ici, vous avez beaucoup de problèmes ? »

Alina rit tout le temps et boite un peu à cause d’une infi rmité innée. Elle est venue dans la ca-pitale pour « chercher la vérité », comme elle dit : à 34 ans, elle a besoin depuis longtemps d’une opération, un remplacement de l’articulation coxale que les mé-decins lui refusent. Parce qu’elle est séropositive.

Deux ans de calvaire d’hôpital en hôpital et sept refus de se faire opérer. Parfois pour des raisons formelles, c’était soi-disant contre-indiqué à sa condition. Parfois, on lui disait ouvertement que c’est à cause de son HIV. « Le centre de soins et de réhabilita-tion Roszdrav a fi ni par accep-ter... J’hallucine », dit-elle en riant à gorge déployée.

Lors de son accouchement en 2001, en découvrant qu’elle por-

covite Alexandre Savitski, 39 ans, ne cache pas son statut. « Quand j’ai appris en 2000 que j’étais sé-ropositif, je me suis dit qu’il me restait six mois à vivre », se sou-vient-il. Aujourd’hui, il a une femme, séropositive elle aussi, et deux enfants, sains tous les deux. Il a aussi la chance d'avoir un travail qu’il aime : il forme des psychologues qui s’occupent des séropositifs.

" Personne ne doit rien à personne ", tel est le credo d'Alexandre.

EN CHIFFRES

76% C'est le pour-centage de Russes séropo-

sitifs qui se sentent stigmatisés et vivent dans la honte et la culpa-bilité.

Sans le virus, Alexandre serait peut-être déjà mort d’une overdose, comme beaucoup de ses amis

Une telle issue aurait été dif-fi cilement imaginable il y a douze ans, quand Alexandre avait 27 ans. À l’époque, il vivait dans le nord, dans une ville déprimée, et se piquait. Il a attrapé le virus par la seringue. Sa mère l’a amené à Moscou dans un centre de ré-habilitation privé, où il a com-pris qu’on pouvait vivre avec le HIV. Encore faut-il changer son mode de vie.

Sans le virus, vraisemblable-ment, Alexandre ne serait plus de ce monde. Il serait mort d’une overdose, comme beaucoup de ses amis.

En 2011, le ministère de la Santé, dans le cadre de la lutte contre les fi nancements étrangers

des ONG nationales, n’a pas au-torisé le Fonds mondial à sub-ventionner les associations en Russie, et d’importants pro-grammes pour le HIV et la tuber-culose ont dû être suspendus.

« Mais en échange, le gouver-nement n’a pas proposé de fi nan-cements adéquats, ni de pro-grammes méthodologiques », relève le directeur d’une organi-sation de défense des séroposi-tifs, Sergei Smirnov. « L’État n’a pas voulu utiliser l’expérience de dizaines d’ONG, alors qu’objec-tivement on en a besoin ».

Pour autant, l’État subven-tionne la prévention. Dans le bud-get de 2011-2012, 1,2 milliards de roubles (soit 30 mios euros) sont

tend chacun et « écoute » même parfois le coeur.

« Nous discutons aussi bien des tout nouveaux traitements que des méthodes simples, apprises dans l’enfance mais oubliées. Ne pas trop manger, ni trop boire, ne pas fumer, se coucher à heure ré-gulière, se lever de bonne humeur, en deux mots : mener une vie saine ».

Il se souvient que c’est sa mère qui lui a inculqué les préceptes d’un mode de vie sain. « Elle nous a consacré toute sa vie et je lui suis extrêmement reconnaissant de m’avoir appris la vie, jusqu’à

mes 15 ans, où je suis devenu un garnement comme tous à cet âge. Grâce à elle, j’ai pu grandir sans porter atteinte à ma santé. Pour-tant nous vivions dans un quar-tier à risque ».

Leo Bokeria annonce le départ de la promenade et ouvre la marche en tenant une petite fi lle par la main. Il essaie tranquille-ment de répondre à la myriade de questions, tout en plaisantant, racontant des anecdotes sur sa profession, se rappelant des pro-menades précédentes. Dans la foule, on entend des bribes de phrases : « Réunissons-nous pour la Journée de la ville » ou « la santé dans la philosophie de Des-cartes... »

Il avoue n’avoir jamais pensé

à une carrière publique avant d'avoir reçu en 2003 la proposi-tion de rédiger une lettre de santé adressée aux citoyens russes. « Je me suis dit que j’aurais beaucoup à dire sur la santé. J’ai accepté. Nous avons commencé à publier en Russie un atlas : La santé, gran-deur de la nation. Ce sont des cartes géographiques sur les-quelles sont marquées, par ré-gions, les maladies les plus cou-rantes, le nombre de terrains de sport, de prisonniers et beaucoup d’autres informations. Ce livre a eu un impact sérieux. Les gou-verneurs ont commencé à s’inté-resser aux régions voisines en se demandant « Pourquoi cet évé-nement n'existe-t-il pas dans ma région ? ».

Maintenant Léo doit être par-tout à la fois : à la mi-août, il inaugurait le premier circuit pé-destre à Samara, l’ouverture d’un nouveau circuit est prévue dans le parc moscovite de Tsaritsyno au début de septembre, et il pré-pare un nouvel atlas : La santé dans les pays de la CEI.

Tandis que notre balade s’achève, les participants se di-rigent vers l’équipe médicale pour comparer les indicateurs de signes vitaux avec ceux des promenades précédentes.

« Je me sens très bien, une lé-gère fatigue. La tension a baissé et le moral est remonté ! », té-moigne Zoïa Grigorievna, dont c’est la deuxième promenade. Et sûrement pas la dernière.

L'initiative fait tâche d'huile. Les gouverneurs voisins veulent avoir la même chose sur leur territoire

30 millions d'euros -

c'est la somme pré-vue dans le budget

russe de 2011-2012 pour la préven-tion du sida.

Voir notre diaporama sur larussiedaujourdhui.be

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EN BREF

« Sugarpova » est la nouvelle marque de bonbons que la joueuse de tennis russe a pré-senté à New York : un mélange de goût, style et charité. L'in-tention de l'athlète est de pro-mouvoir des friandises corres-pondant à son style. Voilà que Sharapova, à l'image de tant d'autres sportifs, crée un nou-veau business, qui ajoute une touche de luxe accessible aux sucreries, le tout dans un em-ballage dernier cri et décliné en dix goûts.

« C'est le projet le plus pas-sionnant que j'aie entrepris, car il s'agit de mon affaire, mon in-vestissement et mon argent », a déclaré Sharapova.

Les aff aires

en sucre

de Sharapova

EuroChem investit en 2012 en-viron 15 millions d'euros dans des actifs achetés à BASF pour la production d'engrais à An-vers. Ces actifs avaient été ra-chetés en avril dernier au géant chimique allemand très présent en Belgique.

Les actifs acquis comprennent une usine de production d'am-monium nitrate de calcium / ni-trate d'ammonium, des engrais et de l'acide nitrophosphorique. Ils ont été logés dans une socié-té distincte, du nom d'Euro-Chem-Anvers.

EuroChem Trader a également acquis K + S Nitrogen, qui dis-tribue des engrais fabriqués dans les installations de la société Eu-roChem-Anvers, ainsi que la production d'autres grands fa-bricants d'engrais européens.

EuroChem investit

15 millions d'euros

dans une usine

belge

FORUM DES RELATIONS ENTRE

LA RUSSIE ET LA BELGIQUE

LE 20 SEPTEMBREANVERS

Un forum est organisé par la Chambre de commerce belgo-luxembourgeoise pour la Russie et le Belarus sur le développement des relations entre les ports belges et la Russie, de 16h30 à 21h45. Après une présentation des diffé-rents ports belges et russes, les in-tervenants traiteront notamment

JOURNÉES ÉCONOMIQUES

BELGO-LUXEMBOURGEOISE

DU 1 AU 5 OCTOBRERÉGION D’OULIANOVSK, RUSSIE

Ces journées économiques orga-nisées dans la région d'Oulianovsk invitent à mieux connaître une ré-gion généralement éclipsée par Moscou et Saint-Pétersbourg. Les thèmes abordés seront l’automo-bile, l’aviation, le nucléaire inno-vant, l’agriculture et la logistique. Les participants visiteront des so-

TOUS LES DÉTAILS SUR NOTRE SITE

LARUSSIEDAUJOURDHUI.BE

AFFAIRESÀ SUIVRE

sement des restrictions sur les im-portations, par exemple dans l'ali-mentation. Néanmoins, d'autres secteurs tels que la fi nance et les télécommunications devront at-tendre avant de sentir des effets positifs.

Les études de la Banque mon-diale indiquent que l'entrée dans l'OMC entraînera une hausse des salaires, aussi bien pour les tra-vailleurs à bas salaires que pour le personnel hautement qualifi é. Les spécialistes de la Banque ex-pliquent cet effet par le fait que les nouvelles entreprises étran-gères souhaitant ouvrir des re-présentations en Russie vont re-cruter parmi ces deux catégories.

Cependant, les avantages que le budget russe retirera de l'ad-hésion ont un prix. Le ministre du Développement économique Andreï Belooussov a déclaré que les pertes du budget causées par l'abaissement des taxes d'impor-tation pourraient atteindre 4,7 milliards d'euros en 2013, et 6,4 milliards en 2014. Selon lui, ces pertes seront atténuées par la croissance des échanges et l'élar-gissement de l'assiette fi scale. Le ministre considère la réduction du niveau de protection du pays par les droits de douane comme un « droit d'entrée ».

Les taxes d'importation seront réduites progressivement ce qui, selon Belooussov, permettra aux entreprises industrielles et agri-coles de s'adapter au fur et à me-sure. Selon la Banque mondiale, l'OMC générera une hausse du PIB au cours des trois premières années d'environ 3,3%, et sur 11 ans de 11%, l'augmentation de-vant être permanente. Les experts russes sont moins optimistes, avec tout juste 0,5% par an.

En adhérant à l'OMC, la Russie sera en mesure de peser sur l'éla-boration des règles du commerce mondial. Le pays bénéficiera d'une réduction des droits de douane, ce qui sera en premier lieu profi table aux exportateurs russes de métaux (ferreux et non-ferreux) et de produits de l'in-dustrie chimique. « Ces dernières années, les exportations russes ne se diversifi ent pas et, en plus, elles se détériorent. Aucune mesure de promotion de l'export n'a été adoptée. De fait, l'entrée dans l'OMC est la première étape d'im-portance afi n de renforcer les ex-portations russes », estime le pro-fesseur Natalia Volcthkova, de l'École russe d'économie.

L'entrée dans l'OMC provoque des bouleversements qui forcent le monde des affaires à agir de façon plus transparente, car dé-sormais son activité sera contrô-lée non seulement par les auto-rités russes, mais aussi par des représentants d'autres pays. « La stabilisation de la politique com-merciale pourrait rendre la Rus-sie plus attrayante pour les in-vestisseurs étrangers », ajoute Mme Voltchkova. Selon les ana-lystes de Troïka Dialog, l'adhé-sion à l'OMC sera bénéfi que pour le secteur des services. Dans l'en-semble, les droits d'importation pour ce secteur devraient être ré-duits de 13,3 à 10,3%. L'adhésion produira en outre un assouplis-

La Russie a obtenu des conces-sions importantes de l'OMC, comme les conditions d'admissi-on des fi liales de banques étran-gères (uniquement à travers des filiales russes soumises à la Banque centrale). Pour le gaz, le droit de douane de 30% sur les exportations a été sauvé. On a également réussi à s'entendre sur la question de la mise en place des périodes de transition: une période assez longue d'« acclima-tation » sera fournie aux indus-tries telles que l'automobile, l'agriculture et les assurances.

Elvira Nabioullina, ancienne ministre russe de l'Economie et Pascal

Lamy, directeur général de l'OMC, au moment de la signature pour

l'adhésion de la Russie.

IOULIA SINAEVAJOURNALISTE

Dix-huit ans ont été nécessaires

pour mener à terme les

négociations d'adhésion à l'OMC,

sur fond de fronde de députés

protectionnistes et de certains

cercles d'affaires.

L'adhésion à l'OMC ne met pas finà la controverse

Commerce international La Russie vient d'entrer officiellement dans l'Organisation Mondiale du Commerce

« La Russie a obtenu des droits tout à fait avantageux. Désormais, notre défi est d'être actifs et de rechercher des avantages non seu-lement au niveau individuel, mais aussi de nouer des amitiés en fonc-tion des intérêts. Par exemple, nous avons actuellement intérêt à nous rapprocher des États oc-troyant un soutien minimal à l'agriculture : l'Australie, la Nou-velle-Zélande, le Canada, les pays d'Amérique latine. Ce groupe sou-haite une liquidation rapide des subventions à l'agriculture. Nous devons les rejoindre et lutter pour l'élimination des subventions », a déclaré Alexeï Portanski, pro-fesseur de la faculté d'économie mondiale et de politique mondiale à la Haute école d'économie.

Les périodes de transition pour

la libéralisation de l'accès au mar-ché russe dureront deux ou trois ans, et de cinq à sept ans pour les produits les plus sensibles. L'au-tomobile, l'agriculture, les équi-pements agricoles et l'industrie légère ont été classés par les membres du groupe de travail comme des fi lières sensibles sus-ceptibles de faire face à certaines difficultés économiques et fi nan-cières en raison des nouvelles conditions. Selon les acteurs du marché, suite à l'adhésion l'OMC, les pertes annuelles de ces sec-teurs se chiffreront en milliards d'euros.

4,7 mds eurosLe manque à gagner du budget fé-déral russe pour 2013. Ce manque à gagner va encore augmenter en 2014, puis devrait se résorber.

18 annéesLes négociations d'adhésion à l'OMC (alors appelé le GATT) avaient démarré en 1994 sous l'ad-ministration de Boris Eltsine.

0%Les importations de porc, l'un des secteurs les plus menacé par l'OMC, seront annulées alors qu'elles sont de 15% actuellement.

EN CHIFFRES

Belooussov considère la moindre protection du pays par les droits de douane comme un « droit d'entrée »

Article publié dansRBC Daily

" En général mes impressions sur le Forum (Sotchi-2011) sont très posi-tives. La discussion avec Vladimir Poutine était la partie la plus utile. Je me rappelle de ses déclarations sur la nécessité à réduire le rôle du

gouvernement dans l'économie. Et je crois que c'était une décision juste ».

IL L’A DIT

Nicolaï Prianichnikov

Sotchi, pôle d’attraction des investissements européens

Le Forum International d’Investissements de Sotchi se tiendra cette an-née du 20 au 23 septembre. En 2011, il a accueilli 548 participants étrangers de 47 pays. À cette occasion, 105 accords ont été signés pour une somme totale de 11,4 milliards d’euros.

Un Forum automnal incontournable

© SERVICE DE PRESSE, ADMINISTRATION DE LA RÉGION DE KRASNODAR

RUSSIA BEYOND THE HEADLINES – PARTENAIRE MÉDIA DU FORUM

PRÉSIDENT DE MICROSOFT RUSSIE

des changements apportés par l’entrée de la Russie dans l’OMC, de la place des ports belges et russes dans le système portuaire euro-péen, du modèle portuaire futur, des difficultés liées aux douanes. Le forum s’achèvera par un cocktail permettant aux participants de se rencontrer. L’inscription à l’avance est nécessaire. Tous les renseigne-ments et les fiches d’inscriptions sont disponibles sur le site.

› www.ccblr.org

ciétés locales ainsi que le centre de recherche nucléaire et la gigan-tesque usine d'avions Aviastar SP, la plus vaste du pays. Ils auront l’occasion de rencontrer les acteurs économiques et les responsables politiques de la région d’Oulia-novsk, y compris le gouverneur et le ministre de l'Agriculture.

L’inscription préalable est indis-pensable.

› www.ccblr.org

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DARIA GONZALESLA RUSSIE D'AUJOURD'HUI

Cette petite république du

Caucase fait peu parler d'elle.

Pas de violence, pas de drames.

Au contraire, une tradition

d'hospitalité qui devrait la

transformer en pôle touristique.

Voyage L'Adygué reste une destination méconnue, malgré la grande diversité de paysages et de cultures

L’air du petit matin est imprégné de mimosa et de prunes mûres. Le monastère orthodoxe Saint-Michel de l’Athos se noie dans la brume ; un homme avec une grande barbe vêtu d’une soutane noire empile des caisses de pain frais au pied d’un mur.

Les habitants de l’Adygué, au sud de la Russie, ne ferment ja-mais leur porte à clef. « Ne te presse pas. Tu auras le temps de tout faire, et ce que tu n’as pas le temps de faire n’est pas indispensable », est la phrase que l’on entend le plus souvent dans les hameaux perdus dans les montagnes.

Les chevaux grimpent vers le plateau Lago-Naki. Le palefrenier Serioja fait bruyamment claquer sa langue et cravache la croupe de son cheval avec une branche d’érable. Quand les pistes de mon-tagnes ne sont pas trop mauvaises, le camion tout-terrain GAZ-66, préféré des militaires, devient une bonne alternative au cheval. Deux Tcherkesses en chapeaux à longs

poils bouclés descendent à sa ren-contre. Serioja les salue d’un ho-chement de tête amical.

La région compte 80 nationali-tés, dont les Adyguéens, la popu-lation de souche. Ils vivent dans des hameaux isolés, dans les plaines du nord, tandis que les ré-gions montagneuses sont peuplées d’un mélange multiethnique  : Russes, Tcherkesses, Grecs, Tsi-ganes, Arméniens et Kurdes, au-tant de mentalités, de religions et de traditions différentes.

« Il n’y a pas de confl its entre nous, tout ça c’est dans les villes », raisonne Serioja, en regardant pen-sivement les crêtes. « Tout le monde s’est dispersé dans les hameaux et on se fi che ici de savoir quel dieu tu pries. Là-bas, dans le village de Temnolesskaya, vivent des vieux croyants. Des jupes jusqu’au sol, des foulards. Ils ont planté la croix sur la montagne. Elle protège toute notre vallée, les chrétiens, les mu-sulmans, les baptistes aussi ».

Le directeur de l’office du tou-risme régional, Serguei Choubine, explique que « les locaux sont pleins d'initiatives. Ils connaissent les meilleurs chemins, les villages, les noms de crêtes et les endroits dangereux. À la fin des années 1990, les gens ont commencé à ou-vrir des maisons d’hôte et de pe-tites structures de tourisme spor-

tif. Beaucoup d’entreprises familiales ».

Rouslan est diplômé de la fac de mathématiques de l’université de Maïkop. N’ayant pas trouvé de travail dans sa spécialité, il a fi ni par monter la première entreprise de tourisme dans le village de Kha-djokh. Aujourd’hui, il emploie sept moniteurs professionnels, dont sa petite sœur de quatorze ans Su-zanna, sa mère qui prépare les pa-niers repas et son père qui emmène les touristes dans les montagnes dans le fameux GAZ-66.

Peu de gens viennent s’installer

en Adygué, et peu quittent leur terre natale. La république res-semble à un monde parallèle où la principale nouvelle, depuis des mois, n’est « ni le procès des Pussy Riot, ni la crise syrienne ou les JO, mais la rivière Blanche, d’habitue cristalline, qui est devenue trouble à cause des crues ».

Le soir tombe. Le soleil, apparu une minute, se couche quelque part au loin, derrière les montagnes. L’air est rempli d’arômes de pomme. Dans la pommeraie, les tentes s’amassent autour du feu. Les étudiants en archéologie viennent ici toute l’année pour étu-dier les vestiges de la région, les dolmens qui parsèment la terre d’Adygué. Le « Khadjokh-1 » se trouve ici, au bout de la pomme-raie, sur un petit talus, parmi des arbres fantasques. Il pleut de nou-veau, mais l’archéologue Igor Ogaï,

qui préside la Société de géogra-phie russe, malgré la foudre et le tonnerre, continue son récit sur cette petite maison et sa désigna-tion : peut-être un tombeau, un temple, ou une indication routière. À Khadjokh, Igor étudie des mo-numents du mégalithique et anime des visites de l’exposition privée du village Kamennomostski, deux petites pièces contenant tout ce que les archéologues de Maïkop ont réussi à dénicher. « Ce casque de soldat nazi date du milieu du XXe siècle, et celui-là, techerkesse, du XVIIe. Des lances, des espa-drilles en paille, des accessoires de coiffure, des amulettes en os. Si vous devinez le nom de cette pierre, je vous offre un aimant. C’est une améthyste ». Igor déverse sur les visiteurs une avalanche d’informa-tions. Il virevolte entre les fossiles étalés par terre, des collections d’espèce adyguéennes, et des au-rochs et sangliers empaillés, écar-quillant d’un air menaçant leurs yeux de verre. Un chaton gris ron-ronne dans le casque allemand.

« On vient du monde entier pour voir nos dolmens. Nos monuments de 5000 ans d’âge ont été conser-vés, miraculeusement, en très bon état. Nous aimerions constituer ici un parc mégalithique en liant tous les monuments en un circuit unique, mettre à jour les infras-

tructures, augmenter le fl ux de vi-siteurs, et donc de moyens pour continuer les fouilles archéolo-giques et entretenir les dolmens existants. Nous nous en occupons à nos propres frais mais ce n’est pas assez ». Une nuit pleine de sen-teurs s’est installée. Un vieux lan-dau tcherkesse se balance douce-ment devant une porte ouverte. Il y a plusieurs siècles déjà, les Tcherkesses y attachaient les bébés avec de petites sangles de cuir, pour éviter qu’ils ne tombent. Ils s’amusent à dire qu’ils devraient recevoir le Prix Nobel pour l’in-vention de la ceinture de sécurité.

Khodja, un riche Tcherkesse de Gouzeriple a construit, à côté de sa maison, une mosquée, une sy-nagogue et une église. Elles scin-tillent dans la nuit de petites lu-mières bleues. Khodja, lui, est assis, l’air maussade, au bord de la ri-vière Blanche. La truite a quitté les eaux troubles. La seule chose dont il rêve aujourd’hui, c’est de l’eau claire qui coule dans la ri-vière près de sa maison.

Privée de mer, l’Adygué est pourtant truffée de fossiles marins et de coquillages préhistoriques

1. Le canyoning est l'une des activités les plus popu-

laires des amateurs d'extrême dans la république.

2. La mosquée Sobornaïa à Maïkop.

3. Le monastère orthodoxe Saint-Michel de l’Athos.

4. Le marché aux puces sur l'un des itinéraires tou-

ristiques.

Le fromage adyguéen sent la fl eur

La meule de fromage a toujours des motifs caractéristiques sur le bord, imprimés avec des branches d’osier pendant la préparation. La recette est simple : le lait de vache filtré est mis sur le feu. Lorsqu’il commence à bouillir, on y ajoute du petit-lait aigre. Le caillot obtenu repose cinq minutes, puis on retire la moitié du petit-lait. Ce fromage se mange frais, fumé ou séché.

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Où se restaurer Il y a peu de cafés à Kha-djokh. Cependant, les chambres d’hôtes font

aussi table d'hôte. Si vous n'ai-mez pas déjeuner au grand air, le café « Pechernii Tchelovek », installé à l’intérieur de la masse rocheuse du village de Khadjokh, propose un menu du jour.

Où se loger

Le village de Khadjokh regorge de chambres d’hôtes. C’est le type de

logement le plus agréable. Les prix démarrent à 20 euros par personne. Les budgets serrés opteront pour le camping. Ils trouveront partout des endroits pour planter leurs tentes.

Pour s’y rendre

Le meilleur moyen d’al-ler jusqu’au coeur de l'Adygué, est la ligne

aérienne Moscou - Krasnodar. Puis par bus jusqu'à Khadjokh ou "Krasnodar-Maikop". Le bil-let d'avion aller-retour coûte 250 euros et le trajet jusqu’à Krasno-dar prend environ 2h30.

Un État de grâce sur le versant nord du Caucase

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Préparé parVeronika Dorman

LU DANS LA PRESSEPUSSY RIOT :

ON N'A PARLÉ QUE

D'ELLES TOUT CET ÉTÉD'un point de vue purement poli-tique, la condamnation des trois filles militantes marque une nou-velle étape dans le dialogue de Vladimir Poutine avec la société. Depuis sa réélection, le pouvoir s'est concentré sur l'autodéfense. Il ne fait qu'interdire, chasser, li-cencier, mettre à l'amende, empri-sonner, bref, intimider par tous les moyens. Des agents secrets sèment la pagaille, les dissidents sont pris en chasse, les tribunaux fabriquent des affaires. Pas une once de léga-lité, mais une logique implacable : le pouvoir se bat contre une partie de la société. Les limites de l'ac-ceptable sont mobiles, mais on sait à peu près quoi faire pour ne pas se mettre dans le pétrin.

DIVISER POUR MIEUX RÉGNER

Mikhaïl Fishman VEDOMOSTI

Pour avoir chanté et dansé dans une cathédrale moscovite, trois jeunes femmes viennent d'être condamnées à deux ans de pri-son. Depuis leur arrestation, la controverse n'a fait qu'enfler à travers tout le panorama des sen-sibilités. Des ultra conservateurs aux ultra libéraux, des orthodoxes aux athées, des opposants à Pou-tine aux partisans du régime. Les lignes de rupture n'ont fait que se creuser, comme en témoignent les éditoriaux.

PIRE QUE LE NUCLÉAIRE

Alexander GoltsTHE MOSCOW TIMES

COMBAT INÉGAL

Père Alexandre PikalevPRAVOSLAVIE I MIR

Ce procès et son verdict ont mon-tré à quel point les dirigeants russes sont vraiment réactionnaires. La Maison Blanche et le Pentagone n'auront pas manqué de le relever. Bien qu'en apparence il s'agisse d'une affaire intérieure, le com-portement réactionnaire et fonda-mentaliste de la Russie est perçu comme un problème plus global par de nombreux dirigeants occi-dentaux. Ils en tirent des conclu-sions sur la santé et la stabilité gé-nérales du régime. Si le Kremlin fait preuve d'instabilité et de radi-calisme dans les affaires domes-tiques, il peut faire preuve d'autant de rigidité et d'imprévisibilté dans les questions de sécurité mondiale ou les dossiers militaires.

Des phénomènes comme les Pussy Riot ou les FEMEN sont les mor-ceaux d'un même puzzle, l'objectif étant la guerre avec la tradition, la culture et la fois, au nom de l'ab-surdité morale. Mais l'Église est la seule citadelle immuable qu'au-cun cataclysme d'origine humaine n'a pu ébranler en 2000 ans. C'est pourquoi les t-shirts pourriront sur les décharges ; les jeunes femmes de Pussy Riot grandiront et devien-dront raisonnables ; celles de FE-MEN vieilliront et auront honte de se dévêtir en public mais l'Église, elle, restera. Et ce qui sera écrit sur l'Église dans les livres d'histoire, a qui sera adjugé la victoire, ne dé-pendra pas d'elles, mais de nous, les orthodoxes.

TOUJOURS EN QUÊTE D’UNE IDENTITÉ

L'EGYPTE : CLÉ DE VOUTE

Eugene IvanovLA RUSSIE

D'AUJOURD'HUI

Fiodor

LoukianovGAZETA.RU

Après plus de 100 jours de présidence, Vladimir Poutine n’a toujours pas proposé de thème pour

le développement de la Russie.Les pays, comme les personnes,

souffrent parfois de crises iden-titaires, que je défi nirais comme une incapacité à saisir pleinement leur raison d’être universelle (ce que l’on appelle en Russie « l’idée nationale »), leurs véritables va-leurs et aspirations et, plus es-sentiellement encore, leur vision du futur. La crise identitaire sup-pose souvent aussi un large fossé entre les citoyens ordinaires et les dirigeants, ainsi qu’un malaise entre différents groupes sociaux.

Nous avons toutes les raisons de croire qu’après plus de 100 jours de la troisième présidence de Vladimir Poutine, la Russie est plongée dans une sorte de crise identitaire. La situation était dif-férente il y a quatre ans, quand un jeune et dynamique Dmitri Medvedev a commencé à promou-voir son programme de moder-nisation. Pas de doute aujourd’hui, les tentatives de Medvedev pour réformer le modèle économique vétuste et le système politique au-toritaire de la Russie n’ont pas eu beaucoup de succès. Néan-

À peine après avoir prêté serment, le président égyptien Mohammed Morsi a rapidement re-

modelé le paysage politique. Le limogeage des chefs de la junte égyptienne, le ministre de la Dé-fense Hussein Tantawi et le chef d'état-major Sami Annan, ainsi que la suppression des amende-ments à la Constitution élargis-sant les pouvoirs de l'armée, montrent que les Frères musul-mans n'ont pas l'intention de chercher un compromis avec l'an-cien régime.

L'Egypte est le pays le plus peu-plé du monde arabe (80 millions d'habitants). Le Caire étant his-toriquement une des principales capitales de la région. Les événe-ments qui s'y déroulent, s'ils n'ont pas servi de modèle pour le dé-veloppement politique de la ré-gion, ont laissé un impact visible.

L'armée égyptienne n'a pas tenté, comme en Algérie, d'annu-ler dans la violence l'élection des islamistes. Et même si elle se ré-sout à une telle démarche, son succès est loin d'être garanti. En 20 ans, beaucoup de choses ont changé dans le monde. À l'époque, les généraux algériens pouvaient compter sur des décisions en cou-lisses, alors que personne n'inter-férait avec leurs méthodes. Aujourd'hui, la réaction interna-tionale serait négative aussi bien dans le monde arabe qu'en Occi-dent, quelle que soit la préoccu-pation de ce dernier pour l'isla-misation de l'Egypte. En outre, la société égyptienne veut des pro-cédures et des changements dé-mocratiques.

Si les Frères musulmans et Mo-hammed Morsi consolident leur pouvoir, cela pourrait signifi er le début d'une redistribution pro-fonde des forces et de l'infl uence au Moyen-Orient. Il est clair que le modus vivendi en vigueur de-puis la fi n des années 1970 avec Israël ne sera pas maintenu. Il est peu probable que le Caire se lance dans une rupture brutale et dé-monstrative des accords. On pour-rait plutôt s'attendre à une révi-sion en douceur. La réorientation de la Turquie, les changements en Egypte et le chaos en Syrie, qui éclabousse déjà la Jordanie et le Liban, détruisent l'ensemble du système de relations sur lesquelles s'est bâtie la sécurité d'Israël.

Presque aucun des dirigeants actuels au Moyen-Orient ne pren-dra le risque de provoquer une guerre avec l'État hébreu, même

moins, ses efforts, et surtout sa rhétorique rafraîchissante, ont fa-vorisé la formation de l’image d’une Russie désireuse de deve-nir un meilleur pays pour ses ci-toyens, et cette image a été bien accueillie en Russie et dans le monde entier.

Medvedev n’est plus président, mais il est toujours dans les pa-rages et prétend encore être un modernisateur. Actuellement, il dirige un cabinet rempli de jeunes technocrates aux qualifi cations libérales certaines. Mais depuis le début, l’équipe de Medvedev a été étrangement silencieuse, et son impact sur la situation à l’in-térieur du pays n’est pas très clair. La dernière nouvelle que j’ai en-tendue, personnellement, au sujet du cabinet, est que le gouverne-ment a dépensé $730 000 pour décorer et meubler les bureaux des jeunes modernisateurs.

De son coté, depuis son inau-guration en mai, le président Pou-tine n’a fait aucune tentative pour formuler une vision stratégique cohérente de l’avenir du pays. Après avoir rejeté tacitement l’idée de « modernisation » de son prédécesseur et complètement épuisé sa propre promesse de « stabilité » (un terme qu’il a eu du mal à défi nir pendant sa cam-pagne présidentielle), Poutine n’a littéralement rien proposé en échange. Les problèmes du pays

avec à la clé un regain de popu-larité dans les rues arabes. Mais l'érosion générale des règles de conduite pourrait entraîner une série d'incidents sur la frontière israélienne, la riposte pouvant en-traîner Israël dans un confl it la-tent avec tous ses voisins.

Bien sûr, Washington possède des leviers de pression liés aux deux milliards de dollars octroyés au Caire pour diverses raisons de-puis les accords avec Israël. Et comme l'économie égyptienne est en chute libre, il serait dangereux pour le gouvernement des Frères musulmans de refuser cet argent.

Cependant, dans le cadre d'un processus de remodelage géopo-litique global, une réorientation vers d'autres sponsors n'est pas à exclure. Les principaux acteurs du « printemps arabe » sont les monarchies du golfe Persique, dont l'infl uence a grimpé en fl èche en un an et demi. Les capacités fi nancières des royaumes pétro-liers leur permettent de soutenir l'Egypte dans une mesure com-parable aux États-Unis.

La collision prochaine la plus grave est liée à l'Iran : pour presque tous les acteurs régio-naux, l'objectif principal est d'évi-ter le risque d'un Iran nucléaire et de réduire l'infl uence de Téhé-ran, ce qui est un des aspects du confl it en Syrie. Tant que le pro-blème iranien subsistera, les in-térêts des monarchies, des régimes révolutionnaires, des États-Unis et d'Israël coïncideront. Mais si ce dossier est réglé, le programme commun prendra fi n et on peut à coup sûr s'attendre à voir s'ef-friter l'entente tacite entre l'Ara-bie saoudite et Israël. Beaucoup, pour ne pas dire tout, dépendra alors de l'Egypte, de son état in-terne et de son orientation ex-terne.

Fiodor Loukianov est rédacteur en chef de Russia in Global Af-fairs.

Version intégrale de l'article sur Gazeta.ru

sont réels : l’économie est encore, de façon humiliante, dépendante des prix du pétrole et la corrup-tion est devenue incontrôlable. Mais les officiels russes ont passé l’été à compter, comme des en-fants, les médailles remportées et perdues par la Russie aux JO de Londres. Il semble que l’unique « idée nationale » que la classe politique russe soit capable de formuler serait de gagner la course à l’or aux JO d’hiver de Sotchi en 2014. Tiens, d’ailleurs, les Jeux Olympiques de Sotchi sont en train de devenir l’évène-ment sportif le plus cher de l’his-toire. Ne demandez pas où va tout cet argent (34 milliards d’euros).

Et puis il y a eu la sentence des Pussy Riot. C’est grave qu’une per-turbation mineure de l’ordre pu-blic ait pris les proportions d’un scandale politique et culturel ma-jeur dans l’histoire de la Russie contemporaine, le tout à cause d’une mesquine soif de vengeance des leaders politiques et, pire en-core, religieux. Ce n’est pas bon non plus qu’à l’époque où l’unité devrait devenir la véritable « idée nationale » russe, un facteur de division (créé ex nihilo) coupe le pays en deux idéologiquement, comme la Russie en manquait. Pire encore, en provoquant contes-tations et condamnations partout dans le monde, la Russie a perdu, une fois de plus, une occasion pour définir d’elle-même son identité. Ce sera fait par d’autres désormais, et le Kremlin risque de ne pas aimer le résultat.

Il est vrai que pour l’instant la crise identitaire n’a pas tué un seul individu. Pas plus qu’il n’y a de précédent dans l’histoire d’un pays qui se serait écroulé sous le poids d’une telle crise. Certes. Tou-tefois, il ne faut pas prendre les crises identitaires à la légère, pour une simple raison : elles sont sou-vent suivies d’autres crises qui, elles, sont beaucoup plus nui-sibles.

Eugene Ivanov est un commenta-teur politique.

Alors que l'attention mondiale est focalisée sur la Syrie, l'Egypte est le théâtre d'événements qui, par leur importance pour l'avenir régional et mondial, sont comparables à la guerre civile en Syrie

Le président n'a encore fait aucune tentative pour formuler une vision cohérente de l’avenir du pays

Poutine a rejeté la modernisation de son prédécesseur et épuisé sa propre promesse de stabilité

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De Guerre et paix à La Saga mos-covite de Vassili Axionov, en pas-sant par des ouvrages au volume plus modeste, comme Docteur Jivago ou La Joie souffrance de l’auteur franco-russe Zoé Olden-bourg, les sagas russes marquent puissamment le paysage litté-raire. La dernière en titre, Les Vaincus, est due à la plume de la petite-fi lle du compositeur Ni-kolaï Rimski-Korsakov, Irina Go-lovkina.

Anticipant les craintes légi-times du lecteur, l’éditeur a pris soin de proposer tout au début de l’ouvrage un index des noms des personnages qui lui facilite-ra l’avancée dans l’imposant vo-lume d’un millier de pages.En Russie, la défaite de l’armée blanche et le triomphe des bol-cheviks instaurent la lutte des classes, violente confrontation de deux mondes, celui des vain-queurs et celui des vaincus. Du côté des vainqueurs, l’arbitraire et les exactions des périodes de guerre laissent bientôt la place à l’implacable meule de la ter-reur organisée par l’hôte du Kremlin. Quant aux vaincus, quel que soit leur désir de s’adapter au monde nouveau, ils sont irré-médiablement condamnés à être broyés.

Les familles sont éparpillées, décimées, les êtres brisés par les offenses, les persécutions, la mi-sère et la peur. Parmi les vaincus, la famille Bologovski et de nom-breux personnages dont les des-tinées tragiques s’entremêlent. Essentiellement des femmes, parmi elles, Elizaveta, aussi ap-pelée Lolotchka, infirmière, amoureuse éperdue d’Oleg, an-cien officier de la garde. Elle s’ef-facera pourtant devant Assia Bo-logovski qu’Oleg épousera, une jeune fille charmante, autant douée pour le bonheur qu’Eliza-veta l’est pour l’adversité.

Elizaveta est guidée par l’im-portance de donner un sens à sa vie à travers l’exaltation de va-leurs intellectuelles et patrio-tiques. Elle est le fi l conducteur du roman, dont son journal constitue une part importante. Comme Irina Golovkina l’a été elle-même, elle est le témoin in-dispensable pour les générations à venir et semble survivre aussi pour donner du sens à cette pé-riode terrible de l’histoire russe.

Car pour Elizaveta, seul compte vraiment le destin mes-sianique de la Russie. Publié en Russie en 1992, le livre d’Irina Golovkina a suscité chez les lec-teurs russes un engouement car elle leur restitue, dans une langue puissante, des pans entiers de leur histoire et convoque les théma-tiques duales qui leur sont chères, foi orthodoxe contre nihilisme, patriotisme contre bonheur in-dividuel. Le lecteur occidental y trouvera aussi tout le charme des grands romans russes.

Christne Mestre

CHRONIQUE LITTÉRAIRE

Mission chrétienne

TITRE : LES VAINCUSAUTEUR : IRINA GOLOVKINAÉDITION DES SYRTESTRADUIT PAR KSÉNIA YAGELLO

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SUR LARUSSIEDAUJOURDHUI.BE

ARTUN CRÉATEUR D'OBJETS EN PÂTES

TOURISMEVOYAGE EN PAYS COSAQUE

LANGUE« PLUS VITE, PLUS HAUT, PLUS FORT »

IRMA CORDOVALLA RUSSIE D'AUJOURD'HUI

Originaire d'Azerbaïdjan,

Lioudmila Espiaube a quitté

l'ancienne république soviétique

pour explorer l'Asie, dont la

culture rejaillit à travers toute

son œuvre.

Le virus de la caméra n'a pas de frontières

Photographie "Capter cette beauté" est devenu l'un des motifs principaux de la vie de Lioudmila Espiaube

Début 2003, Lioudmila ren-contre le photographe français Vincent Munier, dont le travail avait été récompensé trois années auparavant au cours du presti-gieux concours Wildlife Photo-grapher of the Year, organisé par la BBC. Impressionnée par les cli-chés des grues japonaises pris par Munier au cours d’un voyage hi-vernal, Lioudmila décide de se rendre au Japon pour observer les grues de ses propres yeux. Si la photographe confesse avoir douté de son talent, elle part pour-tant trois semaines sur l'île d'Hok-kaïdo avec son appareil photo.

« Lorsque je vivais en France, dès que je croisais une personne asiatique, j'étais attendrie, comme si quelque chose qui émanait d’elle

« J'ai attrapé le virus de la pho-tographie à Singapour, grâce à un ami de notre famille, Ang », raconte Madame Espiaube. Un jour, ce dernier a organisé un voyage de 10 jours au Vietnam et a invité ses amis, dont Lioudmi-la, à s'ouvrir à de nouveaux ho-rizons. Subjuguée par les im-menses étendues de la nature sauvage, Lioudmila a saisi son appareil photo.

m'était familier », reconnaît la photographe.

Au Japon, Lioudmila a réussi à photographier la danse des grues, sous la neige, au cours de la saison des amours. « La danse des grues s'accompagne d'un grand cri aigu. Quand celles-ci font une trêve, on entend la neige tomber tellement le silence règne », raconte-t-elle.

Cette année, Lioudmila s'est rendue à Tounski en février, à 600 km de Shanghaï. Là-bas, elle a pris des photos des célèbres pay-sages montagneux et des esca-liers qui inspiraient à l'époque les peintres chinois.

« Je ne ressens pas la fatigue. Quand je vois les montagnes, les nuages et que la lumière est idéale,

je n'ai qu'un désir : capter cette beauté. Je fuis tous les fantômes de la civilisation qui hantent les paysages naturels », ajoute-t-elle.

La photographe reconnaît être séduite par les deux pays : le Japon, ses neiges pures et la quié-tude de ses paysages la ravissent tout autant que la Chine et sa culture antique. La Russie et son

Azerbaïdjan natal occupent en-core peu de place dans son œuvre, mais Lioudmila y travaille. En juillet 2011, Lioudmila Espiaube s'est rendue dans l'Altaï avec l'ex-pédition scientifi que Biosphère, où elle a pu photographier des paysages de montagne et la faune locale. Ses clichés ont été publiés dans le journal Nat’Images.

Lioudmila est attirée par l'Asie, sa culture et les gens.

EMILY WRIGHTLA RUSSIE D'AUJOURD'HUI

Une reconstruction des

instruments « à bruit » inventés

par Vladimir Popov dans les

années 1920-1950 et livrés aux

mains des visiteurs du musée

polytechnique de Moscou.

Une exposition assourdissanteArt On peut voir le laboratoire musical de Vladimir Popov jusqu'au 16 septembre à Moscou

un premier temps, des instru-ments conçus par Vladimir Popov pour les bruitages au théâtre et reconstruits entièrement à la main, dans un deuxième temps, des sons de la vie, qui peuvent être recréés par tous grâce à ces outils en bois et en métal. C’est ainsi que les organisateurs de l’ex-position nous montrent l'une des nombreuses expériences sonores qui ont vu le jour pendant la pé-riode de l’avant-garde russe.

Environ 70 des quelques 200 « machines à bruit » conçues par

Ce n’est pas en vain que le pro-jet d’exposition interactive du musicien Piotr Aidu et de son « la-boratoire musical » s’intitule Re-Construction du bruit. Il s’agit d’une double reconstruction : dans

Popov (1889-1968), destinées au théâtre puis réutilisées par les premiers ci-néastes, sont à la disposition du public dans quatre salles. La réaction des visiteurs ? Konstantin D o u -dakov-Kachouro, l’organisateur qui s’occupe de la recherche scien-tifi que du projet, raconte qu’un mois et demi après l’ouverture de l’exposition (qui a lieu jusqu'au

16 septembre), il y a plus d’instru-ments cassés que

d’instruments intacts.

Même les dis-positifs jugés incas-

sables y sont passés. « Le bruit peut avoir une infl uence impré-visible sur les gens et les rendre primitifs », affirme Doudakov-Kachouro. Et ces visiteurs sont enchantés par une exposition aussi interactive que peu surveil-lée (il n’y a, en effet, aucun sur-

veillant, tant le bruit est assour-dissant) mais également si instructive.

Popov, qui était aussi acteur, a inventé ces instruments pour re-produire, au théâtre, le son de l’automobile, du tank, du bateau, de la grenouille, de la mer, du ton-nerre ou encore d’un homme qui tombe dans l’eau. Dès les années 1910, les spectacles du Théâtre d’art de Moscou (MKhAT) trouvent un nouvel écho grâce aux dispositifs de Popov.

Mais ces instruments de brui-tage sont aussi utilisés par la suite au cinéma et à la radio. Eisens-tein a ainsi fait sonner ses bou-cliers dans son film Alexandre Nevski (1938). Une scène de com-bat du fi lm en question est pro-jeté sur le mur dans la salle consa-crée à la bataille et le spectateur peut lui-même devenir le brui-teur du fi lm à l’aide des appareils à disposition.

Le but de l’exposition est de reconstruire des appareils qui n’existent plus et montrer que le bruit est un phénomène culturel. Sortir ces instruments de l’oubli pour les placer dans un contexte où l’art, le théâtre et les bruits, cette musique du quotidien, ne font plus qu’un est l’ambition de ce « laboratoire musical ».

"Ritmokombinator", l'appareil qui imite le bruit des machines-outils.

Un tambour rempli d

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sonne comme la pluie.

L'exposition n'est pas surveillée : le personnel ne peut supporter 100 décibels de moyenne toute la journée !

Voir notre diaporama surlarussiedaujourdhui.be/15433

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Les Pussy Riot méritent-elles deux ans de prison ?

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Jennifer EremeevaSPÉCIALEMENT POUR

LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI

RECETTE

Controverse autour

de la tarte au miel

Oubliez les Pussy Riot, un nouveau scandale fait le buzz à Moscou. Les apiculteurs de

toute la Russie connaissent une levée de boucliers devant le dé-placement de la foire du miel, de la prestigieuse place du Ma-nège au centre de la capitale vers un centre commercial en périphérie. Une mesure prise par l’actuel maire, Sergeï So-byanine, visiblement pour dé-nigrer son prédécesseur Iouri Loujkov, dont la passion pour l'apiculture est célèbre.

Sobyanine ne semble pas être un fan de sucreries en tout genre, sans parler du miel, voilà donc un défi culinaire dans lequel croquer ! Voyons si nous pouvons convertir le maire de Moscou aux délices du sucré à l’aide d’une tarte au miel !

Le miel a joué un rôle pri-mordial dans la vie des hommes depuis le paganisme. Longtemps avant que le sucre ne soit facilement accessible, le miel était le premier ingré-dient aux propriétés sucrantes, utilisé dans différents aspects de la cuisine : pour la fermen-tation des boissons comme l’hydromel ou le kvas et la cuisson des gâteaux et des coo-

kies comme le pain d’épices. Le miel était également un bon médicament, par application, comme un baume, ou par in-gestion pour soulager fi èvres et frissons. En Russie, au-jourd’hui, le miel, la confi ture, et le thé chaud sont toujours considérés comme des produits de base.

Les recettes de tartes au miel abondent en Russie. Avec le pain d’épices, les tartes au miel traditionnelles de la Russie oc-cidentale sont souvent compo-sées de noix et de pommes, mé-langeant ensemble les saveurs des trois festivals des récoltes d’août, connues dans le calen-drier liturgique comme les trois « Sauveurs ». Le 14 août est le « Medovyi Spas », ou le « Sauveur de Miel ». Le 19 août, on fête le « Yablochnyi Spas» - ou «  Sauveur de pommes » - qui est suivi, le 29 août, par le « Sauveur du fait sans les mains » où noix et noi-settes sont les vedettes.

J’ai mené un petit sondage informel parmi mes divers amis russes pour déterminer la tarte au miel la plus popu-laire et le résultat m’a quelque peu surpris. La spécialité au miel favorite de mes amis s’est révélé être le « Medovik », une tarte assez compliquée et de-mandant un certain temps de

préparation. Je n’aurais pas dû être surprise, presque toutes les fêtes de bureau auquel j’ai par-ticipé en Russie comprenaient des tartes au miel, ce gâteau mul-ti-couches de biscuit plat et une crème, remplie de caramel et re-couverte de noix. Comme tous les gâteaux achetés en magasin en Russie, ils ont l’air parfaits et alléchants mais ils ont en réali-té un arrière-goût de sciure. Je savais grâce à mes livres de cui-sine française que la combinai-son biscuit/ remplissage pouvait fonctionner. Le défi a donc été d’ajuster saveurs et textures.

  Les livres de cuisine russes traditionnels ne font pas men-tion du Medovik. J’en ai déduit que ce dessert avait gagné son extraordinaire popularité pen-dant la période soviétique. Cela s’est confi rmé quand j’ai com-mencé à comparer des recettes de livres de cuisine de l’ère so-viétique – ni très fi ables, ni fa-ciles à utiliser. Les opinions di-vergent sur les ingrédients, mais tous en avaient un en commun, ingrédient très soviétique : une conserve de lait condensé sucré bouilli pendant deux heures et demi ! Sceptique, j’en ai bouilli une, puis j’ai compris d’où le goût du caramel venait : la chaleur caramélise doucement le sucre dans le lait condensé et produit une substance proche du pud-ding, qui, malheureusement, est également très glissante et dif-ficile à manipuler. Le goût est également très discret. Après quelques échecs pour tenter d’empêcher la couche de biscuits de glisser dans tous les sens, j’ai foncé au garde-manger pour trouver des ingrédients et un équipement additionnel. Ajouter de la crème et du fromage frais au lait condensé et du beurre ont résolu le problème du glissement et ont fortement permis d’amé-liorer le goût du produit fi ni. Un moule et une brochette en bois aident à garder tout ensemble dans le réfrigérateur pendant la nuit, alors que le biscuit absorbe lentement la crème. Le résultat est très éloigné du précédent, et qui sait, peut être suffisant pour convaincre Monsieur le maire !

Lisez la recette de la tarte et les autres sur larussiedaujourdhui.be

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3 Octobre

Voyage à vélo sur les traces de Tolstoï

Un visiteur se promenant sur l’Arbat, l’artère la plus touris-tique de Moscou, ne peut man-quer de remarquer les étals ba-riolés des magasins de souvenirs. Si son oeil est attentif, entre les chapkas et les matriochkas, il tombera infailliblement sur les fameux châles russes. S'il est un tant soit peu curieux, il fera glis-ser entre ses doigts les douces franges de laine ou de soie, et appréciera la bonne qualité de la laine, serrée mais légère, ty-pique de la laine mérinos. Puis, au moment de choisir, il se per-dra dans la multitude des cou-leurs classiques, rouge, vert, bleu ou noir, ou des tons pastel plus modernes, en passant par les di-zaines de motifs fl euris tous dif-férents. Tous cela sans savoir de combien d’années d’histoire chaque pétale et chaque fl eur té-moigne. Environ 200...

L’histoire commence en 1795 avec la petite fabrique de soie du paysan Ivan Labsine, l'une des 70 entreprises textiles qui existaient alors sur le territoire du gouvernement de Moscou. C'est là que naît notre héros, plus précisément dans la ville de Pa-vlovski Possad. Ce n'est qu'en 1850 que la fabrique acquiert ses caractéristiques actuelles, quand le descendant de Labsine, avec son associé Vassili Griaznov, commence à produire des châles avec des motifs imprimés.

MILA RIMSKAYALA RUSSIE D'AUJOURD'HUI

L’histoire des châles de Pavlovski

Possad s'étale sur plus de deux

cents ans, mais la fabrique n'est

pas tournée vers le passé et

cherche en permanence de

nouveaux motifs.

Les châles de Pavlovski Possad, un souvenir prisé

Reportage Visite d'une institution de l'artisanat russe

Le grand couturier

russe Viatcheslav

Zaitsev a crée sa

collection « Isto-

ki » (Les origines)

sur les motifs de

châles de Pavlov-

ski Possad.

Depuis, les châles en laine et les foulards en soie de Pavlov-ski Possad ont toujours fait par-tie intégrante du patrimoine culturel russe. Contrairement à tant d’autres, la fabrique a sur-vécu à la Révolution, aux Guerres mondiales et à la Pe-restroïka.

Chaque période historique se lit dans son architecture : les bâ-timents d’origine en briques rouges en partie restés intacts, un grand portrait de Lénine da-tant de l’époque soviétique, les horloges murales désormais ar-

rêtées, les grilles tournantes que chaque ouvrier devait et doit en-core aujourd’hui passer pour en-trer et sortir. Une partie du ma-tériel est également d'origine.

De vraiment nouveau, on ne voit que la partie administrative et certaines nouvelles lignes de production. Vyatcheslav Dolgov, le vice directeur général, ex-plique : « Notre cycle de produc-tion est complet, à l’exception de l’élevage des moutons. À l’époque soviétique, la concur-rence n’existait pas. Mais au-jourd’hui, avec l’économie de marché et la concurrence qui propose la même offre à un moindre coût, nous avons dû réa-juster et moderniser progressi-vement la production, grâce à un programme d’aides et de fa-cilités fi scales que l’État réserve à certaines entreprises de pro-

duction artisanale. Aujourd’hui nous avons des imprimeurs ita-liens ».

L'entreprise a également adapté sa politique commerciale. « Nous vendons désormais à par-tir de notre site Internet : plus de 200 000 personnes y ont acheté un châle au moins une fois. Le site propose aussi un forum qui a créé une communauté vir-tuelle de «  Chale-manki, fanatiques des châles ». Ce sont des femmes de tous les âges qui se tiennent informées de toutes nos nouveautés, a c h è t e n t régulière-ment et n o u s d i s -

pensent leurs conseils   » .Le magasin propose un grand

choix de châles avec des orne-ments fl oraux et animaliers, et d'autres consacrés aux villes et personnalités reconnues. On y trouve même un châle avec les héros russes de la Campagne de 1812. Les hommes ne sont pas

privés non plus de cache-nez de laine ou de soie.

« Nous sommes ravis de voir des jeunes porter aussi nos châles : cela signifi e que nous avons réussi à casser le vieux

préjugé comme quoi les châles sont seulement bons pour les grands-mères ». Vyatcheslav Dolgov ajoute une précision histo-rique  : «  Vassili Griaznov, en plus d’être un industriel visionnaire, était aussi un homme extrêmement bon qui se préoccupait

s a n s c e s s e d e s pauvres. Sa canoni-

sation avait été dé-cidée bien avant

la révolution russe, mais a

eu lieu seu-lement en 1999, 130 ans après

sa mort ».Dolgov est inta-

rissable sur le fonda-teur : « Même si nous sommes une entreprise laïque, nous ne pouvons pas nous empêcher de nous sentir protégés par ce grand homme. Et c’est peut-être grâce à lui que notre produc-tion se vend si bien dans le monde orthodoxe ».

Nous sommes ravis de voir que les jeunes portent aussi nos châles : nous ne sommes pas si vieux jeu

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Le miel a joué un rôle primordial depuis le paganisme car il fut longtemps l'unique ingrédient sucrant

P o u r c o n t a c t e r l a r é d a c t i o n : r e d a c @ l a r u s s i e d a u j o u r d h u i . b e S e r v i c e d e p u b l i c i t é s a l e s @ r b t h . r u t é l . + 7 ( 4 9 5 ) 7 7 5 3 1 1 4

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