la russie d'aujourd'hui

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Ce supplément est édité et publié par Rossiyskaya Gazeta (Moscou, Russie) qui assume seule l'entière responsabilité de son contenu Distribué avec Mercredi 2 octobre 2013 Bruxelles célèbre Alexandre Sokourov L'œuvre du cinéaste russe fait l’objet d’une rétrospective en Belgique. P. 6 Le "cover-art" belge au service du rock russe Les trois Belges de Leroy Brothers font un tabac avec une exposition de pochettes d'albums. P. 6 Produit de Russia Beyond the Headlines La famille de Yarob est arrivée à Moscou à la fin du mois de jan- vier. Aujourd’hui, elle vit dans un appartement que leur a trouvé son frère et les enfants vont à l’école, mais les souvenirs pénibles restent vifs. Yarob, 39 ans, revient sur le début des troubles. Les gens sor- taient dans la rue pour participer à des manifestations qui ressem- blaient à des fêtes. On y emme- nait les enfants, personne n’arrê- tait les manifestants… Yarob lui-même n’a « pas re- marqué comment un jour, subi- tement, on ne sait pourquoi et comment, des armes sont appa- rues dans l’un de ces rassemble- ments. On nous a expliqué que c’était pour la protection des ci- vils. Personne n’a été tué ou ar- rêté dans notre village jusqu’à ce qu’une moto piégée explose près du check-point à l’entrée de Al- Skelbia (20 000 habitants chré- tiens). Après cela, l’armée a ins- tallé un camp près de notre village ». Renouer avec la vie, après la guerre civile SUITE EN PAGE 2 MARIA KARNAUH POUR LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI Le "Bouton de vie" est un système de signalisation d'urgence qui stimule le secteur de la médecine mobile en Russie. Il a déjà sauvé plus de 250 vies. Un gadget mobile qui peut vous sauver la vie Starts-ups De jeunes entrepreuneurs vous simplifient le quotidien de ses études à Skolkovo, une grande école moscovite. « Nous envisagions trois domaines : l'in- formatique, l'efficacité énergé- tique et la médecine », raconte Iourtchenko. L'informatique les a effrayés par la forte concurrence, l'énergie par les énormes capi- taux nécessaires pour démarrer. « Nous avons opté pour la mé- decine : en Russie, la concurrence est faible, la fragmentation très importante et la tendance est à l'augmentation des dépenses sur fond de vieillissement de la po- pulation et de faible niveau de compétence des médecins ». Dmi- tri Iourtchenko s'est associé avec Irina Linnick, sa collègue au MBA de Skolkovo. Le stage d'études est tombé à pic. Deux mois aux États-Unis, pays leader en médecine mobile, ont bien servi. Au final, les entre- preneurs débutants se sont arrê- tés sur l'idée du "Bouton de vie". Il devait devenir le premier sys- tème de signalisation médicale en Russie, un outil électronique per- mettant aux personnes âgées et aux handicapés d'appeler facile- ment une assistance médicale. Le service comporte deux élé- ments : le gadget et un centre d'as- sistance. C'est un pendentif, un bracelet ou un téléphone mobile. Son prix varie entre 67,5 et 232,5 euros. Le dispositif transmet un signal d'urgence au centre d'as- sistance, où les opérateurs sont médecins. Le dispositif est destiné aux personnes âgées, mais la cible prioritaire sont les personnes qui vivent séparément de leurs pa- rents âgés et veulent être rassu- rés. La Russie compte plus de 18 millions de personnes âgées. Chaque année, 3 millions d'entre eux sont victimes d'incidents et ne parviennent pas à prévenir les secours ; 1,5 million oublient leur adresse et 2,4 millions sont inca- pables d'appeler une ambulance. SUITE EN PAGE 4 L’une des plus vastes étendues sauvages du monde, la péninsule du Kamtchatka est célèbre dans le monde entier pour ses volcans, ses ours, sa nature intacte et ses paysages stupéfiants. Le transsibérien possède depuis le 22 septembre une extension vers le pays le plus fermé du monde. Non pas pour y transporter des touristes. Plutôt pour exporter du charbon. Et pour faire la nique aux Chinois. De glace et de feu En Corée du Nord PAGE 3 PAGE 2 L'inventeur du "Bouton de vie", Dmitri Iourtchenko, a eu l'idée du gadget qui permettrait aux proches d'obtenir une assistance médicale d'urgence en 2009 lors Dmitri Iourtchenko et Irina Linnick, fondateurs du "Bouton de vie". MOUNZER HALLOUM LA RUSSIE D'AUJOURD'HUI Quand la guerre civile a embrasé la Syrie, des milliers de familles ont été contraintes de fuir pour survivre. Certaines d'entre elles ont pu trouver un refuge en Russie. Réfugiés Récit d'une famille syrienne installée en Russie, après des mois de lutte pour survivre dans l'enfer du conflit Réquisition pour motif politique dans une galerie de Saint-Pétersbourg La vibrante Russie racontée autrement ! larussiedaujourdhui.be/art Inscrivez-vous à notre newsletter hebdomadaire sur www.subscribe.larussiedaujourdhui.be/subscribe et recevez des nouvelles de Russie directement dans votre boîte mail ! Suivez-nous sur Facebook et partagez votre avis sur les sujets d'actualité. © MIKHAIL SINITSYN © IGOR SHPILENOK/FOCUS PICTURES © KOMMERSANT © PHOTOXPRESS

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La Russie d'Aujourd'hui est une source d'informations politiques, économiques et culturelles internationalement reconnue. Elle propose une couverture médiatique réalisée sur le terrain par des journalistes possédant une connaissance en profondeur du pays, ainsi que des analystes et un vaste éventail d'opinions sur les événements actuels.

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Page 1: La Russie d'Aujourd'hui

Ce supplément est édité et publié par Rossiyskaya Gazeta (Moscou, Russie) qui assume seule l'entière responsabilité de son contenu

Distribué avec

Mercredi 2 octobre 2013

Bruxelles célèbre Alexandre SokourovL'œuvre du cinéaste russe fait l’objet d’une rétrospective en Belgique.

P. 6

Le "cover-art" belgeau service du rock russeLes trois Belges de Leroy Brothers font un tabac avec une exposition de pochettes d'albums.

P. 6

Produit de Russia Beyond the Headlines

La famille de Yarob est arrivée à Moscou à la fi n du mois de jan-vier. Aujourd’hui, elle vit dans un appartement que leur a trouvé son frère et les enfants vont à l’école, mais les souvenirs pénibles restent vifs. Yarob, 39 ans, revient sur le début des troubles. Les gens sor-taient dans la rue pour participer à des manifestations qui ressem-blaient à des fêtes. On y emme-nait les enfants, personne n’arrê-tait les manifestants…

Yarob lui-même n’a « pas re-marqué comment un jour, subi-tement, on ne sait pourquoi et comment, des armes sont appa-rues dans l’un de ces rassemble-ments. On nous a expliqué que c’était pour la protection des ci-vils. Personne n’a été tué ou ar-rêté dans notre village jusqu’à ce qu’une moto piégée explose près du check-point à l’entrée de Al-Skelbia (20 000 habitants chré-tiens). Après cela, l’armée a ins-tallé un camp près de notre village ».

Renouer avec la vie, après la guerre civile

SUITE EN PAGE 2

MARIA KARNAUHPOUR LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI

Le "Bouton de vie" est un

système de signalisation

d'urgence qui stimule le secteur

de la médecine mobile en Russie.

Il a déjà sauvé plus de 250 vies.

Un gadget mobile qui peut vous sauver la vie

Starts-ups De jeunes entrepreuneurs vous simplifient le quotidien

de ses études à Skolkovo, une grande école moscovite. « Nous envisagions trois domaines : l'in-formatique, l'efficacité énergé-tique et la médecine », raconte Iourtchenko. L'informatique les a effrayés par la forte concurrence, l'énergie par les énormes capi-taux nécessaires pour démarrer.

« Nous avons opté pour la mé-decine : en Russie, la concurrence est faible, la fragmentation très importante et la tendance est à

l'augmentation des dépenses sur fond de vieillissement de la po-pulation et de faible niveau de compétence des médecins ». Dmi-tri Iourtchenko s'est associé avec Irina Linnick, sa collègue au MBA de Skolkovo.

Le stage d'études est tombé à pic. Deux mois aux États-Unis, pays leader en médecine mobile, ont bien servi. Au fi nal, les entre-preneurs débutants se sont arrê-tés sur l'idée du "Bouton de vie". Il devait devenir le premier sys-tème de signalisation médicale en Russie, un outil électronique per-mettant aux personnes âgées et aux handicapés d'appeler facile-ment une assistance médicale.

Le service comporte deux élé-ments : le gadget et un centre d'as-sistance. C'est un pendentif, un bracelet ou un téléphone mobile. Son prix varie entre 67,5 et 232,5 euros. Le dispositif transmet un signal d'urgence au centre d'as-sistance, où les opérateurs sont médecins.

Le dispositif est destiné aux personnes âgées, mais la cible prioritaire sont les personnes qui vivent séparément de leurs pa-rents âgés et veulent être rassu-rés. La Russie compte plus de 18 millions de personnes âgées. Chaque année, 3 millions d'entre eux sont victimes d'incidents et ne parviennent pas à prévenir les secours ; 1,5 million oublient leur adresse et 2,4 millions sont inca-pables d'appeler une ambulance.

SUITE EN PAGE 4

L’une des plus vastes étendues sauvages du monde, la péninsule du Kamtchatka est célèbre dans le monde entier pour ses volcans, ses ours, sa nature intacte et ses paysages stupéfiants.

Le transsibérien possède depuis le 22 septembre une extension vers le pays le plus fermé du monde. Non pas pour y transporter des touristes. Plutôt pour exporter du charbon. Et pour faire la nique aux Chinois.

De glace et de feu En Corée du Nord

PAGE 3 PAGE 2

L'inventeur du "Bouton de vie", Dmitri Iourtchenko, a eu l'idée du gadget qui permettrait aux proches d'obtenir une assistance médicale d'urgence en 2009 lors

Dmitri Iourtchenko et Irina Linnick, fondateurs du "Bouton de vie".

MOUNZER HALLOUMLA RUSSIE D'AUJOURD'HUI

Quand la guerre civile a embrasé

la Syrie, des milliers de familles

ont été contraintes de fuir pour

survivre. Certaines d'entre elles

ont pu trouver un refuge en

Russie.

Réfugiés Récit d'une famille syrienne installée en Russie, après des mois de lutte pour survivre dans l'enfer du conflit

Réquisition pour motif politique dans

une galerie de Saint-Pétersbourg

La vibrante Russie racontée autrement ! larussiedaujourdhui.be/artInscrivez-vous à notre newsletter hebdomadaire sur www.subscribe.larussiedaujourdhui.be/subscribe

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Souvenirs de guerrede réfugiés syriens Inopinément, les combattants issus des Frères musulmans ont commencé à tirer tous les jours en direction du camp militaire. Ils ignoraient les demandes des habitants de ne pas utiliser leurs maisons pour mitrailler l’armée.

« Un jour j’étais dans ma phar-macie et un homme armé est entré. Je lui ai dit : vous dites que vous avez pris les armes pour pro-téger les civils, mais alors pour-quoi vous nous utilisez comme des boucliers vivants, vous tirez à partir de maisons dans les-quelles vivent des gens. Bien sûr, il ne m’a rien répondu. Mais le lendemain, une fusillade a écla-té entre l’armée et les combat-tants et un enfant de trois ans a été tué. C’était la première vic-time civile », raconte le pharma-cien.

Son épouse Suzanna se mêle à la conversation : « Il y avait une pièce dans notre maison que nous utilisions comme refuge. Nous avons été obligés de quit-ter la maison et une semaine plus tard, un obus est tombé précisé-ment sur cette pièce. Mais là où nous avons fui la guerre, elle nous a rattrapée ». Yarob et sa famille ont d’abord loué un appartement dans une région plus sûre, et puis ont déménagé à Al-Skelbia.

Yarob se rappelle ce qui est ar-rivé à leurs amis et proches  : « Deux amis se sont disputés, l’un était dans l’armée libre, l’autre dans l’armée régulière. Résultat : celui de l’armée régulière a tué celui de l’armée libre. Le frère de celui qui a tué soutenait l’armée libre en lui versant 4 500 d'euros par mois ». Par la suite, raconte

Les deux fils de la famille Rachid sur un terrain de jeu à Moscou.

SUITE DE LA PREMIÈRE PAGE

MUNZER HALLUMLA RUSSIE D'AUJOURD'HUI

Tout a changé en Syrie : la vie

quotidienne, le rapport à l'avenir

et les perspectives d'avenir. Des

épouses russes de maris syriens

relatent leur expérience du

conflit.

Des femmes russes devenues otages de la guerre

Témoignage Le versant féminin du conflit

NADEJDA, MÈRE DE DEUX FILLES, VIVAIT À

LATTAQUIÉ :

L'attitude des Syriens envers moi n'a pratiquement pas changé, mais la vie a radicalement chan-gé : la journée commence et se

Dans la salle de sport où je m'en-traînais, le propriétaire a refusé de prendre de l'argent russe car la Russie a mis son veto à toutes les résolutions anti-syriennes. Au centre culturel, où je donnais des cours de russe, les relations en-vers moi se sont même amélio-rées, elles sont devenues encore plus respectueuses. Les gens ont des avis différents, des points de vue divergents, c'est pourquoi nous ne parlions pas de politique avec mes amis. Mais d'un autre côté, j'ai cessé d'aller en ville seule, du moins dans les quartiers sunnites.

Elena,MÈRE DE DEUX GARÇONS, VIT À

LATTAQUIÉ :

Dans mon lycée, on a remercié la Russie pour son aide et dans cer-tains magasins, on a tenté de me donner des produits gratuitement. C'est un peuple émotif... Mais d'un autre côté dans les magasins des quartiers sunnites, quand la Rus-sie a utilisé son veto pour la pre-mière fois, un jeune vendeur m'a demandé : « D'où viens-tu ? ». J'ai répondu que j'étais Russe, il m'a regardée avec un sourire et m'a dit : « Bon, allez, tu n'es pas res-ponsable... »

À chaque rencontre, et dans toute conversation, les sujets de discussions sur ce qui arrive dans le pays surgissent, parfois sur des tons très chargés, car le stress, la peur, la douleur ou juste un sen-timent d'incertitude constante sont dans l'air, mais nous avons appris à vivre avec.

Nadejda avec l'une de ses filles dans une rue de Moscou.

termine par les bulletins d'infor-mations. Aujourd'hui, il n'est pas question de vie, mais de survie. Cependant, si avant j'aimais le pays, je suis aujourd'hui tombée amoureuse d'un peuple qui s'op-pose au mal. Si le gouvernement Assad chute, il n'y aura pas d'ave-nir à court terme, ni pour moi, ni pour ma famille, ni pour le peuple syrien.

LARISSA, MÈRE DE DEUX ENFANTS, AYANT VÉCU

SUR LA CÔTE, ELLE VIT DEPUIS UN AN

DÉJÀ EN RUSSIE :

Suzanna, la maison de ce frère, son usine de lait, la maison de son fi ls et quelques boutiques ont été brûlées, comme cinq autres maisons de ses parents les plus proches. « La maison de mon oncle qui n’y était pour rien dans cette histoire a été incendiée. Et le magasin aussi. Et la maison de ma tante, et la pharmacie ».

C’était l’une des plus grandes pharmacies du district de Hama. Il y en avait pour 225 000 d'eu-ros rien qu’en alimentation pour enfants. Le propriétaire a pro-posé 52 500 d'euros pour sauver son commerce. On lui a pris

l’argent, mais la pharmacie a quand même été incendiée.

Après cet incident, les habitants de la ville ont décidé de faire grève et ont fermé toutes les pharma-cies pour une journée. « Moi aussi j’ai fermé boutique, mais on m’a prévenu : si tu ne l’ouvres pas, elle sera incendiée », raconte Yarob. C’est ce qui s'est passé avec les autres pharmacies, où des grenades ont été balancées.

La situation empirait. Trois fois la maison des Rachid a été tou-chée par des obus, avant qu’ils ne quittent le pays, et deux fois après qu’ils se sont retrouvés en Russie. « Ça tirait tout le temps », se sou-vient Suzanna. En regardant son deuxième fils, elle se rappelle qu’avant la guerre, il se rendait tout seul chez son grand-père, même quand il faisait déjà nuit. Maintenant il a peur d’aller aux toilettes sans se faire accompagner. Quand un feu d’artifi ce a détonné à Moscou à l’occasion d’une fête, les enfants ont cru que la guerre recommençait. La famille Rachid n’est pas la seule à avoir décidé de fuir : « Près de 65% des habi-tants ont quitté notre district, en direction de la Turquie ou d'ail-leurs en Syrie. Beaucoup d’entre eux n’avaient ni passeports, ni argent ».

Tout a disparu dans la ville na-tale de Yarob : nourriture, eau, élec-tricité. Suzanna s’est mise à fabri-quer du pain à la maison, mais la farine est devenue hors de prix. « Il est arrivé que nous passions trois jours sans manger une miette. Il faisait très froid l’hiver. Une fois, une fusillade violente a commen-cé. Nous nous sommes cachés dans le couloir, assis sur le sol en pierre. Nous étions gelés mais il était im-possible d’aller chercher des vête-ments chauds car les balles tra-versaient nos fenêtres sans cesse », raconte Suzanna.

Malgré tout ce qu’il a traversé, Nasser continue d’avoir des pré-occupations d’enfant : « Je ne connais personne ici… Mes amis Ibrahim, Mahmoud, Rachid me manquent... ».

« Moi, tonton et grand-père me manquent », lâche le fi ls cadet.

Yarob secoue la tête : « Le plus important pour moi maintenant est d’obtenir un permis de travail. Comment vivre sans travail ? Mais notre situation est tout de même mille fois meilleure que celle des autres ».

PAUL DUVERNETLA RUSSIE D'AUJOURD'HUI

Les Chemins de fer Russes (RZD)

ont inauguré le 22 septembre

une ligne reliant la Russie au

terminal portuaire de Rajin, en

Corée du Nord. Un projet plus

politique que commercial.

Le transsibérien s'étend jusqu’en Corée du Nord

Coopération Commerce ou diplomatie ?

avec la Russie) - Rajin avec le Mi-nistère des Chemins de fer de RPD de Corée du Nord, pour une durée de 49 ans.

La reconstruction a concerné 54 km de voie ferroviaire combi-née de rails 1435 (format nord coréen) et 1520 mm (format russe), des ouvrages d'art ont été construits : 18 ponts, 12 ponceaux tubulaires et trois tunnels d'une longueur totale de plus de 4,5 ki-lomètres. Des équipements mo-dernes de signalisation, de cen-tralisation, de blocage et de communication, ont été mis en place.

Le tronçon n’est pas destiné à transporter des voyageurs du transsibérien, mais des marchan-dises. À l’heure actuelle, le port de Rajin n’est équipé que pour transborder du charbon (à une capacité de 4 millions de tonnes par an).

Dans un second temps, Vladi-mir Iakounine estime qu’un ter-minal destiné aux containers sera construit. Il s’agit donc d’expor-ter du charbon russe vers la Chine via la Corée du Nord.

« C’est un projet essentiellement politique », admet en catimini un dirigeant de RZDStroi, la fi liale de RZD qui a reconstruit la ligne. Présents lors de la cérémonie d’inauguration, une poignée de diplomates occidentaux parta-geaient entièrement cet avis. « C’est évidement un geste posi-tif qui signale le regain d’intérêt de la Russie pour cette région », confi e un diplomate européen pré-férant garder l’anonymat. Reste à savoir si le voisin chinois verra un intérêt à acheter du charbon russe passant par cette voie.

Le fameux transsibérien n’a été allongé que de 50km, mais c’est un tronçon peu ordinaire. Une in-cursion dans le pays le plus fermé du monde. Le président de RZD Vladimir Iakounine s’est person-nellement déplacé pour l’occasion et a été accueilli par son homo-logue Jeong Gil Su, ministre des Chemins de fer de la RPD de Corée du Nord. Il s’agit en effet de sortir le petit pays de son iso-lement complet : diplomatique et économique. En revitalisant un lien ferroviaire construit lorsque les deux pays partageaient la même idéologie communiste, Moscou signale aussi au monde entier, et au puissant voisin chinois en particulier, qu’elle re-devient un canal d’infl uence en Corée du Nord. Rappelons qu’à cause de la minuscule jointure (10 km) entre la Russie et la RPD, toute la région chinoise de Har-bin est privée d’accès à la mer.

RZD et le ministère des Che-mins de fer coréens ont conjoin-tement investi 207,5 millions d’eu-ros dans la reconstruction de la ligne (126,8 millions) et dans le port de Rajin (80,7 millions).

Une société commune, Rason-KonTrans, a été créée pour opé-rer la ligne. RasonKonTrans a signé un bail de location des che-mins de fer sur le tronçon Tuman-gang (ville située à la frontière

Cérémonie d'inauguration sur le terminal portuaire de Rajin.

EN BREF

Fin septembre, le général Knud Bartels, président du Comité mi-litaire de l’OTAN, a annoncé la réunion des ministres de la Dé-fense des 28 pays membres de l’OTAN à Bruxelles les 22 et 23 octobre. Comme annoncé pré-cédemment, en marge de cette réunion des ministres de la Dé-fense, une session du Conseil OTAN - Russie pourrait réunir les chefs des départements mi-litaires pour une rencontre qui n’a pas été convoquée depuis deux ans.

Sergueï Choïgou, ministre de la Défense russe, devrait parti-ciper à la réunion.

L'OTAN se réunira

à Bruxelles

"La terreur qu'éprouvaient nos enfants et notre crainte pour leur sécurité me poussait à fuir"

"Nous aimerions tant rentrer au pays. Mais c'est impossible. Nous avons demandé le statut de réfugiés"

AFFAIRESÀ SUIVRE

BE-LUX-RU COMMISSION

MIXTE

LE 13 NOVEMBRE,PALAIS D’EGMONT - BRUXELLES

À l'agenda, la discussion du pro-gramme de coopération entre les partenaires russes, belges et luxembourgeois pour les 3 pro-chaines années. Dmitri Rogozine, vice-Premier ministre russe, sera présent, accompagné d’une dé-légation de 20 entrepreneurs.

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Où se loger Doté d'un restaurant et d'une petite bibliothèque, Petropavlovsk Hotel est

situé dans la partie nord de la ville. 5 Stars Apartments offre des chambres avec une vue pa-noramique sur les volcans.

Pour s’y rendreDepuis Bruxelles, le vol via Moscou vers Petropa-vlovsk-Kamtchatski dure

15 heures et démarre à 730 eu-ros aller/retour. Il n'existe pas de liaison ferroviaire, mais des croi-sières desservent le Kamtchatka.

GUIDE

Les volcansdu Kamtchatka

Ploski Tolbatchik abrite un cratère de 3 kilomètres et est entouré de forêts dont la végétation a été dé-truite par les éruptions successives.

C'est le plus haut volcan actif d'Eu-rasie (4 850 m). Au cours des 270 dernières années, il s'y est produit plus de 50 éruptions violentes.

En 1996, ce volcan a été ajouté à la liste des 16 volcans qui, de l'avis de l'ONU, doivent être tout spéciale-ment étudiés.

Ce volcan, un des plus grands du sud du Kamtchatka. Il atteint 2323 m d'altitude. Le cratère cen-tral mesure 2 km sur 1,5 km.

Quelles agences ?

Terres d'aventure (www.terdav.com) propose un circuit de 14 jours avec un guide local français et prend tout en charge. Sinon, vous avez le choix entre deux agences à Pe-tropavlovsk : Explore Kamchatka (www.explorekamchatka.com), The Lost World (www.travelkam-chatka.com). Elles proposent une large gamme de circuits.

AJAY KAMALAKARANPOUR LA RUSSIE D'AUJOURD'HUI

La péninsule du Kamtchatka, une

des plus des grandes étendues

sauvages au monde, offre aux

intrépides voyageurs une gamme

de paysages vierges sans

équivalent au monde.

Terre de glace et de feuVoyage La péninsule du Kamtchatka, dans l'Extrême-Orient russe, est l’une des dernières zones totalement sauvages du monde

Le mot Kamtchatka évoque des images de sources bouillonnantes, de myriades de volcans enneigés et de rivières sauvages regorgeant de saumon en été et cachées sous des couches de glace et de neige en hiver. La péninsule du Kamt-chatka, une plus des grandes éten-dues sauvages au monde, est si-tuée sur la ligne de changement de date . Certaines parties de cette péninsule longue de mille kilo-mètres étant encore très sauvages, ses habitants n’hésitent pas à dire affectueusement que le Kamtchat-ka n’a pas de routes... seulement des directions.

L’isolement de la région et son manque d’infrastructures consti-tuent à la fois une bénédiction et une malédiction. La nature du Kamtchatka reste en grande par-tie inaccessible au tourisme de masse. Il est quasiment impos-sible pour un voyageur seul (et au budget limité) d’y voyager sans solliciter une agence.

Ploski Tolbatchik

Klioutchevskoï

Koriakski

Moutnovski

Petropavlovsk a été fondée dans les années 1740. Située sur la baie d’Avatcha, la ville offre de formi-dables vues sur deux volcans et plusieurs sommets enneigés. La capitale de la région reste cepen-dant un bon point de départ pour les excursions dans les autres sites de la péninsule, dont beaucoup ne sont accessibles que par héli-coptère.

Si vous ne disposez pas de beaucoup de temps, les volcans Avatchinski et Koriakski, visibles depuis Petropavlovsk, sont les plus faciles à visiter. Une personne ayant une bonne condition phy-sique met environ six heures pour arriver au sommet de l’Avatchins-ki, qui culmine à 2 741 mètres d’altitude, alors que le Koriakski (3 456 mètres) se montre plus exi-geant : il faut au moins douze heures aux randonneurs les plus en forme pour atteindre son pic.

Comme souvent en Extrême-Orient russe, le temps change aussi vite que l’humeur d’une jolie femme et les orages peuvent venir de nulle part un matin ensoleillé d’août. Mais les vues de la mer, les paysages verts luxuriants et certains des espaces les plus sau-vages au monde méritent d’y consacrer du temps, de l’énergie et de la patience. Si vous faites

tout le voyage jusqu’à la pénin-sule, n’hésitez pas à y consacrer quelques semaines.

Aucun voyage dans la pénin-sule ne serait complet sans une visite de la vallée des geysers. La vallée de la rivière Geysernaïa fait partie de la réserve naturelle de Kronotski d’où jaillissent de la vapeur, de l’eau et de la boue. La zone offre plusieurs circuits de randonnées et il est assez facile d’explorer une majeure partie de la vallée en une journée. L’accès à cette zone est néanmoins oné-reux. Elle se trouve en effet à 200 kilomètres de Petropavlovsk et

l’hélicoptère constitue presque le seul moyen de s’y rendre. Le tra-jet vous coûtera facilement 450 euros.

Pour visiter Tolbatchik, l’un des endroits les plus isolés et extra-ordinairement beaux de la pénin-sule, il vous faudra pénétrer une des forêts les plus denses au monde et vous déplacer en ba-teau sur la rivière.Les environs du Tolbatchik, toujours actif, sont très similaires au paysage de la Lune. C’est pourquoi l’Union so-viétique y a testé son véhicule lu-naire avant de l’envoyer dans l’es-pace.

L’isolement de la région et son manque d’infrastructures constituent à la fois une bénédiction et une malédiction.

À CHEVAL 2 euros pour une promenade à poney ou

à cheval

Il est possible de faire une balade à che-val ou en poney dans le parc d'Izmaïlo-vo, qui dispose de sa propre écurie. Les promenades ont lieu tous les same-dis, les weeks-ends et les jours fériés

de 11h à 12h.Deux équipages travaillent dans la partie

nord et centrale du parc.

EN TROLLEYBUS 2 euros pour une excursion d'une heure

Sur la ceinture des jardins entourant le centre historique de la ville, on peut apercevoir des trolleybus peu ordinaires qui, pendant le voyage, invitent leurs usagers à chanter à l'aide de guitares les chansons de célèbres interprètes. Après le concert, le trolleybus bleu eff ectue un retour à la normale - on remballe affi ches, micros et hauts-parleurs - et

on le renvoie au dépôt.Les horaires des excursions sont dispo-nibles sur le site du "siniï trolleybus" (www.sin-troll.ru, en russe) ou par télé-phone au +7 (499) 760-21-56, +7 (926)

215-48-49.

À VÉLO 20 euros pour la location d'un vélo

Louer des vélos dans Moscou n'a rien d'exceptionnel, mais de véritables excursions à vélo n'ont été mises en place que récemment. Plusieurs clubs de passionnés de vélo organisent des excursions allant de la simple balade à la course d'orientation, avec ses mis-sions et ses véritables aventures dans le

centre de Moscou.Les tarifs et les horaires des excursions sont disponibles en plusieurs langues sur

le site www.moscowbiketours.ru.

EN TRAMWAY RÉTRO À partir de 2,5 euros pour 15 minutes de

trajet et jusqu'à 120 euros pour une heure

de location

L'histoire d'Annouchka commence en 1911 quand les rues de la capitale virent défi ler le premier tramway électrique. Le trajet A (surnommé Annouchka par ses passagers) traversait alors le centre ville de Moscou. Après plusieurs années, Annouchka s'est vu dotée de son propre café directement à l'intérieur du tram-way  : aujourd’hui, on peut y arpenter Moscou tout en profi tant d'une déli-

cieuse collation.Le vieux tramway circule sur de multiples lignes dont l'une des plus populaires s'étend entre les gratte-ciels staliniens du sud-ouest et les monuments à la gloire de l'Empire Russe dans le centre

historique.

EN LOCOMOTIVE RÉTRO 17 euros le voyage

Partir en voyage sur le petit anneau fer-roviaire cerclant Moscou à bord d'une locomotive à vapeur, c'est possible. Départ de la gare de Riga d'où s'en va une rame conduite par une véritable locomotive à vapeur de la fi n du XIXe siècle. Vous pourrez admirer le monas-tère de Novodievitchi, voir Moscou City,

VDNKh et le jardin botanique.Des précisions concernant les horaires, la durée et le trajet exact de l'excursion sont disponibles sur le site spécialement dédié aux trains rétros : www.retropoezd.ru (en russe). Les excursions ont lieu habituelle-ment le week-end, mais il est possible de

réserver en semaine par téléphone au +7 (495) 608-01-58.

EN.TRAVEL2MOSCOW.COM/WHERE/VISIT/

© ITAR-TASS

© ALAMY/LEGION MEDIA

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© RIA NOVOSTI

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04LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI WWW.LARUSSIEDAUJOURDHUI.BE

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ET DISTRIBUÉ AVEC Économie

Des start-ups qui changent la vieLa Russie d'Aujourd'hui et la société de conseil Ward Howell ont sélection-né fin septembre 30 entrepreneurs russes de moins de 30 ans ayant fondé les start-ups les plus promet-

teuses. Le projet sera présenté en intégralité sur le site larussiedaujourd-hui.be à la fin de l'année. Ce sont de nouveaux visages du management russe, entrepreneurs et innovateurs.

Les principaux critères évalués sont les qualités professionnelles et per-sonnelles des jeunes entrepreneurs et l’importance de leur activité pour la communauté d’affaires russe et inter-

nationale. Nous vous présentons en avant-première trois "jeunes pousses" ayant déjà fait leurs preuves sur leur marché natal et qui attaquent déjà leur expansion internationale.

Bouton de vie : l'aide médicale en un clic

Workle : 400 emplois créés en4 ans d'existence

Le projet a été lancé en un an, neuf mois ont été consacrés à l'élaboration du projet et aux es-sais des canaux de distribution. Durant cette période, les associés

Deux ans et demi après le lan-cement du projet, Iourtchenko est certain que son entreprise a dé-passé le statut d'une start-up. Les services de la société sont propo-sés dans 7 villes russes, notam-ment à Moscou et à Saint-Péters-bourg. Actuellement, la société emploie 24 personnes. « La co-lonne vertébrale de l'entreprise, ce sont moi (directeur général), Irina Linnick (co-fondatrice, di-rectrice commerciale), Maria Ka-raban (directrice du développe-ment régional) plus trois autres personnes responsables des rela-tions avec les partenaires et des ventes, Kuan Nguyen (directeur technique) plus quatre spécialistes techniques. Les autres sont des opérateurs du call-center et des collaborateurs dans les régions », explique Iourtchenko.

Les fondateurs affirment que les profi ts à court terme ne sont pas leur principal objectif. Ils veulent lancer une industrie dont l'idée principale est d'assurer la sécurité des proches. « J'ai une raison d'être fi er : qui peut se van-ter d'avoir sauvé ne serait-ce qu'une vie humaine ? Nous en avons sauvé 250. Nous sommes à l'origine d'une industrie qui aide les gens ».

La société prévoit une expan-sion sur tout le territoire russe via une simplifi cation du service. Iourtchenko croit que c'est le moyen optimal d'augmenter la capitalisation de sa société. La société envisage aussi une expan-sion internationale. Bouton de vie travaille sur un service global de monitoring du poids et de l'acti-vité humaine.

Une autre niche qui intéresse les entrepreneurs : les parents d'enfants en bas âge, avec un gad-get spécifi que.

Irina Linnick avec un exemple de "gadget" signé Bouton de vie.

SUITE DE LA PREMIÈRE PAGE

ment à risque Venture Angels », raconte Iourtchenko. Puis, les en-trepreneurs récoltent 875 000 d'euros auprès d'un investisseur stratégique, le groupe IT. Au total, ils lèvent 1,5 millions d'euros. Sa société s'évalue aujourd'hui à 7,5 millions d'euros, sur la base des dernières prises de participation au capital.

Il y a eu des difficultés, mais les créateurs de la start-up ont leur propre approche des pro-blèmes qui leur a empêché de baisser les bras. « Quand on lance une entreprise, on a un gros pro-blème : on veut une grande en-treprise qui réussit, et on n'en a pas. Alors, on divise ce problème en plusieurs composantes et on le résout », sourit Iourtchenko.

Bouton de vie

Modèle d'aff aires

Depuis le lancement et en six mois seulement, le nombre de points de vente de téléphonie commercia-lisant le Bouton de vie a été mul-tiplié par 100 pour passer de 5 à 500. Le Bouton est commercia-lisé dans sept villes, notamment à Moscou et à Saint-Pétersbourg. Le projet est finaliste du concours des start-ups organisé par Forbes, c'est le « Meilleur projet à caractère so-cial » en 2011 et 2012.

La start-up a remporté le concours Global Start-up organisé dans le cadre de la conférence GMIC Si-licon Valley, puis a décroché le prix de Russian Startup Awards 2013 de The Next Web dans la catégorie « Meilleur style ». L'application est téléchargeable gratuitement. Pour l'instant seulement en anglais. Les revenus viennent des restaurants prêts à payer pour certains ser-vices, comme la distribution de no-tifications aux utilisateurs.

Vladimir Gorbounov a eu l’idée de lancer ce projet innovant en juillet 2009 alors qu'il recrutait des travailleurs à domicile via In-ternet. Le fondateur de Workle et ses compagnons avaient pour cela besoin d’investisseurs, ce qui n’était pas facile à trouver. 370 000 personnes sont désormais inscrites sur le site, et certaines d’entre elles gagnent à distance plusieurs milliers d'euros par mois. Cette start-up est en plus tout-à-fait légale, à la différence de plusieurs autres sites pour in-dépendants : Workle a un statut d’employeur et signe des contrats avec les prestataires. Elle devient ainsi leur agent fi scal et permet de travailler pour des sociétés connues, sur le principe de la sous-traitance. La composante sociale est importante : c'est un outil très pratique pour les han-dicapés et les mères d'enfants en bas âge.Le concept de Workle est simple :

une personne s’inscrit sur le site, reçoit un poste dans un bureau en ligne et devient représentant d’une ou de plusieurs sociétés par-tenaires de la fi rme. Elle peut alors vendre des articles ou des services de ces entreprises sur internet et percevoir un pourcentage.

L’entreprise oeuvre dans trois secteurs : les services bancaires, l’assurance et le tourisme. D’ici la fi n de cette année, près de vingt autres domaines seront également proposés, comme la vente, les centres d’appels et le secrétariat. Workle envisage une expansion internationale, avec d'abord l'Ukraine et le Kazakhstan, puis l’Inde et le Brésil.

MARIA KARNAUKHPOUR LA RUSSIE D'AUJOURD'HUI

Dish.fm est le TripAdvisor des

gourmets : une application

mobile au contenu généré par

les utilisateurs, dont le nombre

dépasse déjà les 50 000

personnes.

Marre des plats décevants ? Le site Dish.fm a la solutionlancer un service qui aiderait les utilisateurs à naviguer sur les cartes de restaurants ? », raconte Diliara. « Évaluer non pas les res-taurants, mais les plats. Et, outre les réactions, ajouter à chaque plat des photos ! Quant aux uti-lisateurs, qu'ils puissent donner des notes, indiquant s'ils ont ap-précié les pâtes ou la viande ».

À peine une semaine plus tard, les trois entrepreneurs passent à table. Ils ont de la chance : au moment même le fonds russe Far-miners lance un programme de soutien aux start-ups. Les trois entrepreneurs parviennent à convaincre le fonds. Le lendemain,

Tout a commencé au cours d'un mémorable déjeuner dans un res-taurant de San Francisco réu-nissant les trois fondateurs de Dish.fm – Diliara Mingalieva, An-dreï Sourine et Jeanna Charipo-va. Un repas... excécrable ! « Au cours du repas, une idée nous a traversé l'esprit : pourquoi ne pas

liara. Des services comparables comme TripAdvisor ont pris quelques années pour le faire. Dish.fm a trouvé une solution en agrégeant les millions d'avis déjà existant sur le Web. Pour pro-mouvoir le projet, les fondateurs ont eu recours à des sites thé-matiques. Ils forment des parte-nairiats avec des bloggeurs cri-tiques gastronomiques et journalistes de mode.

La priorité est désormais de fi -déliser les utilisateurs et de porter leur nombre à 150 000. Dish.fm couvre déjà tous les restaurants américains et veut devenir le géant global de l'e-gastronomie.

TATIANA GLAZKOVALA RUSSIE D'AUJOURD'HUI

Workle propose à ceux qui le

souhaitent de travailler à

distance pour de grandes

entreprises des secteurs de

l’assurance, des services

bancaires et du tourisme.

ils reçoivent 111 000 euros de fi -nancement, et une semaine plus tard, ils déménagent au bureau de Farminers Startup Academy.

« La première version du pro-jet, celle employant du contenu généré par les utilisateurs, a été lancée aux États-Unis, à San-Francisco. Mais nous nous sommes retrouvés face à un pro-blème : pour couvrir complète-ment San-Francisco et ses 5 000 restaurants, nous aurions du col-lecter près de 500 000 commen-taires. En moyenne, il nous faut les réactions sur dix plats par restaurant, dix commentaires pour chaque plat », raconte Di-

lèvent 375 000 euros de fi nance-ments. « Irina Linnick et moi-même avons investi le capital ini-tial (15 000 euros environ), puis nous avons emprunté 75 000 euros à un ami et ensuite nous avons fait appel au fonds d'investisse-

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05LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI WWW.LARUSSIEDAUJOURDHUI.BE

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LA CARTE DIPLOMATIQUE RUSSE

L'AFGHANISTANEN CRISE EN 2014 ?

Richard

Sakwa POLITOLOGUE

Mikhail

RostovskiRIA NOVOSTI

Malgré les efforts que Vla-dimir Poutine a déployés dès les premiers jours de sa présidence pour « nor-

maliser » les relations entre la Rus-sie et l’Ouest, ces relations restent fondamentalement anormales. Pour le président russe, la défi ni-tion de la « normalité » était simple, à savoir que la Russie ne devait plus être traitée comme un cas à part, mais uniquement comme tout autre pays souverain et indépen-dant. À cette fi n et à la première occasion venue, Poutine rembour-sa le gros de la dette souveraine et mit fi n à différentes formes de dé-pendance accumulées depuis les années 1990, notamment vis-à-vis du Fonds monétaire international. Parallèlement, il accéléra le pro-cessus d’intégration, à la traine sous Eltsine, intensifi ant les rela-tions avec l’Union européenne et, après les attentats du 11 septembre 2011, s’efforçant de créer un par-tenariat « entre égaux » avec les États-Unis.

Les experts craignent des troubles sérieux en Afgha-nistan l'année prochaine. Le ton de l'ancien ambas-

sadeur de France à Kaboul, Ber-nard Bajolet, est alarmiste : « Je ne parviens pas à comprendre comment la communauté inter-nationale et le gouvernement afghan aboutissent à une situa-tion où tout doit se régler simul-tanément en 2014 ».

Le retrait des troupes améri-caines de l'Afghanistan. Les élec-tions présidentielles. La transi-tion vers un nouvel ordre économique où l'Afghanistan devra plus compter sur ses propres capacités et moins sur l'aide des donateurs internatio-naux. « Et tout cela, ajoute l'am-bassadeur, doit avoir lieu alors que le processus de paix n'a en réalité pas démarré ».

L'année 2014 s'annonce diffi-cile pour l'Afghanistan, comme d'ailleurs pour ses voisins. Néan-moins, poursuivre sur la même voie que celle que l'on connaît en Afghanistan depuis 2001 n'est pas une solution non plus. La poli-tique afghane nécessite un puis-sant bouleversement. C'est sa seule chance pour pouvoir pré-tendre à un avenir meilleur.

Savez-vous qu'en 1977, l'Afgha-nistan était l'une des destinations touristiques les plus populaires au monde ? Des paysages mon-tagneux stupéfi ants, les prix bas et la sécurité du pays attiraient des foules de touristes étrangers. Puis, la combinaison de deux fac-teurs, l'aventurisme et l'incom-pétence du gouvernement afghan et l'impuissance des nations sur lesquelles s'appuyait ce gouver-nement, a joué son rôle.

Premier acte. Avant la révolu-tion afghane de 1978, les repré-sentants soviétiques essayaient par tous les moyens de convaincre les marxistes locaux de ne pas

Toutefois, il fut rapidement évident que cette stratégie de la « normalisation » serait vouée à l’échec. La Russie n’a pu devenir une grande puissance comme une autre, en partie parce qu’elle a dû accepter en 1991 les fortes exi-

gences politiques liées au proces-sus qui en font un État-Nation, et en partie parce qu’elle s’est identifi ée elle-même comme un État européen et un membre clé de la communauté internationale des nations.

Du fait des contradictions sys-témiques et identitaires qui per-durent en Russie, les relations de ce pays avec le monde occiden-tal continueront d’être entachées par des éléments « anormaux » pour un bon moment. L’accep-

organiser une révolution socia-liste dans le pays. La société afghane féodale n'y était pas prête ! Les chefs du Parti démo-cratique populaire de l'Afghanis-tan ne les ont pas écoutés et n'en ont fait qu'à leur tête. Ils étaient persuadés que, mis devant le fait accompli, l'URSS n'abandonne-rait pas ses frères afghans à un moment difficile. C'est exacte-ment ce qui s'est passé.

Deuxième acte. Après la révo-lution de 1978, les messagers de Moscou suppliaient presque le gouvernement afghan de ne pas lancer une vague de terreur contre les représentants des « classes féo-dales », car cela conduirait à une guerre civile. Une fois de plus, les chefs afghans ont décidé autre-ment. Ils étaient persuadés que, si besoin était, l'URSS enverrait ses troupes.

Les relations entre le leader of-ficiel actuel de l'Afghanistan, Hamid Karzaï, et ses alliés occi-dentaux suivent un chemin simi-laire. Depuis 2001, ils enjoignent à Karzaï  de compter sur ses propres forces, de lutter contre la corruption, de dépenser l'argent efficacement. Le président afghan acquiesce à chaque fois. Et n'en fait qu'à sa tête. L'Occident le to-lère et lui envoie de l'argent régu-lièrement, malgré le fait qu'il re-çoit simultanément des fonds du pire ennemi des Américains. Selon les traditions politiques afghanes, recevoir l'argent de deux puis-sances étrangères qui sont oppo-sées, ne constitue absolument pas un fait qui compromet le président. Ce qui compromet effectivement Karzaï est son incapacité à amé-liorer la situation dans le pays ou, du moins, à la contrôler.

Puisqu'il en est ainsi, peut-être que la tempête annoncée est pré-férable au bourbier politique ac-tuel ? En fi n de compte, tous les nouveaux chefs du pays, talibans compris, auront besoin de l'aide internationale. Il ne faut pas craindre la crise politique en 2014. Il faut juste bien s'y préparer.

tation de la Russie au sein de la communauté transatlantique s’est révélée problématique de-puis le début, comme en témoigne l’évocation par le président Boris Eltsine de la « paix froide » dès décembre 1994. L’une des carac-

téristiques de ce syndrome de la paix froide est le langage absurde de «  redémarrages  » et de « pauses » dans la relation amé-ricano-russe. Ce langage est la mesure du chemin qu’il reste à parcourir avant que des relations normales ne puissent être éta-blies.

L’heure est venue de faire preuve d’une plus grande matu-rité de part et d’autre. Pour l’Oc-cident, une relation forte avec la Russie est essentielle pour des rai-

sons stratégiques, économiques ou simplement diplomatiques. Bien que de nombreux sénateurs et activistes de la société civile cherchent à sortir de l’ombre en tapant sur la Russie, et qu’ils en tirent un bénéfi ce politique non négligeable, ce jeu est stérile et dangereux.

Le drame de ces dernières an-nées est que l’Union européenne n’a pas été capable de se doter d’une voix à part pour se faire entendre parmi les pricipaux re-présentants des nations euro-péennes, et pour jouer un rôle de médiation dans la transformation de la communauté transatlan-tique. Bien que l’Europe dispose d’une voix propre, son incapaci-té à s’opposer aux errements de la puissance américaine domi-nante au sein de l’hégémonie oc-cidentale sur un certain nombre de sujets, notamment la guerre en Irak, a sapé sa crédibilité en tant que puissance normative.

C’est bien sûr l’occasion pour la Russie de relever le défi , et plu-tôt que de renforcer la margina-lité dans laquelle ses adversaires voudraient la confi ner, d’interve-nir de manière constructive pour contribuer à résoudre certaines des impasses qui sont le fait de l’Occident lui-même. La soumis-sion de type britannique à l’hé-gémonie américaine ne rend pas service. Il est du devoir d’un ami de signaler leurs erreurs à ses amis. Plutôt que d’être perçue comme un fauteur de troubles, la Russie peut ainsi se reposition-ner comme fournisseur de solu-tions. Ce sera peut-être le cas en Syrie.

Obama et Poutine comprennent, l’un comme l’autre, qu’il n’existe aucun fossé idéologique fonda-mental entre la Russie et l’Occi-dent ; il est donc déplacé de par-ler d’une nouvelle Guerre froide. Pour autant, les tensions existent bel et bien et elles favorisent une atmosphère de « paix froide ». De la Syrie à Snowden, la liste des sujets sur lesquels la Russie a sa propre analyse est sans fi n. Bien qu’un lanceur d’alerte ne soit na-turellement pas du goût de Pou-tine, le pays dispose de bases nor-matives lui permettant d’accorder à Snowden l’asile politique, ne serait-ce que pour un an. De la même manière, l’analyse russe de la crise en Syrie est, depuis le début, plus juste que celle des puissances occidentales.

La principale source de l’in-fl uence que la Russie peut exer-cer aujourd’hui réside dans un rôle de force modératrice en po-litique internationale. L’Occident s’est mis en difficulté sur un cer-tain nombre de fronts ; la Russie peut servir d’intermédiaire dans la recherche de solutions aux confl its et contradictions de la po-litique occidentale.

Richard Sakwa est professeur spécialiste des politiques russe et européenne à l’Université du Kent (Angleterre).

Obama et Poutine comprennent qu’il n’existe aucun fossé idéologique entre la Russie et l’Occident

Après la Guerre froide et au-delà de la « paix froide », la Russie peut se repositionner dans un rôle constructif

Préparé parÉtienne Bouche

LU DANS LA PRESSESATISFAITS

DU MAINTIEN

D'ANGELA MERKEL

Sans surprise, la formation d’An-gela Merkel, la CDU, a rempor-té les élections allemandes du 22 septembre, permettant à la chancelière d’accéder à un troi-sième mandat. Elle entend désor-mais former une coalition afin de gouverner à la majorité absolue au Bundestag. La presse russe brosse des portraits laudateurs de la « Dame de fer » allemande et voit en sa réélection non seu-lement une chance pour l’Europe, mais aussi pour la Russie.

UN GAGE DE STABILITE POUR

LES ANNEES À VENIR

Ekaterina KravtsovaTHE MOSCOW TIMES / 24.09

DES SOCIAUX-DÉMOCRATES

JUGES PRAGMATIQUES

Maria GorkovskaïaIZVESTIA / 23.09

DES INTÉRÊTS ÉCONOMIQUES

COMMUNS

Fiodor LoukianovRIA NOVOSTI / 24.09

La victoire d’Angela Merkel devrait assurer la stabilité des relations russo-allemandes pour les quatre années à venir. Dans le programme de son parti, Merkel a loué les re-lations « de bon voisinage » avec la Russie et plaidé pour un nouvel accord de partenariat entre la Rus-sie et l’Union européenne, pour da-vantage de coopération entre les citoyens des deux pays ainsi que pour de nouvelles avancées en vue d’un régime sans visa pour les en-trepreneurs, étudiants et universi-taires. Même si Merkel continue de s’exprimer sans détour sur les pro-blèmes des droits de l’Homme en Russie, les experts estiment que cela n’aura pas d’impact sur les af-faires entre les deux pays.

Les conservateurs et les sociaux-démocrates (SPD) ont déjà été au pouvoir de 2005 à 2009. C’est de cette nouvelle coalition, la plus vraisemblable selon les experts, que dépend aujourd’hui le rappro-chement entre Berlin et Moscou. Les deux formations défendent l’idée de nation et partagent le même esprit. La politique étran-gère les rapproche, notamment la volonté de renforcer les partena-riats avec la Russie et l’aspiration à jouer un rôle de médiateur inter-national. Les sociaux-démocrates sont traditionnellement reconnus pour leur politique orientale prag-matique. Ils pourraient notamment mener ce processus de rapproche-ment entre la Russie et l’UE.

La réélection de Merkel n’entraî-nera certainement aucun change-ment pour la Russie, bien que l’on ne sache pas encore qui intégrera la coalition avec les chrétiens dé-mocrates. Moscou a toujours coo-péré en bonne intelligence avec les sociaux-démocrates. Bien sûr, une potentielle alliance avec les Verts réjouirait moins le Kremlin, ce parti prêtant une attention par-ticulière aux problèmes des droits de l’Homme et des minorités. Dans tous les cas, les relations russo-al-lemandes sont solides, fondées sur des intérêts économiques com-muns qui ont traversé toutes les perturbations depuis les années 1960. Des changements radicaux paraissent de fait improbables.

©NATALIA MIKHAYLENKO

©NATALIA MIKHAYLENKO

Page 6: La Russie d'Aujourd'hui

06LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI WWW.LARUSSIEDAUJOURDHUI.BE

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Arts plastiques Quand les artistes graphiques rencontrent les musiciens

Le "cover-art" belge au servicedu rock russe

occupés d'art à Shanghai, la thé-matique extrême-orientale leur est proche et familière. C'est d'ail-leurs également à Shanghai que le leader du groupe Mumiy Troll, Ilya Lagoutenko, qui n'est pas seulement musicien mais égale-ment peintre, a exposé ses oeuvres. Lagoutenko peint à l'huile des toiles abstraites. C'est à Shanghai que le musicien et les trois frères belges se sont rencontrés.

Aujourd'hui la collaboration des Mumiy Troll avec les Belges se poursuit : l'exposition ira à Moscou, puis à Saint-Pétersbourg et ensuite à Monaco puis proba-blement dans le monde entier.

YAN CHENKMANLA RUSSIE D'AUJOURD'HUI

Les Belges Leroy Brothers ont

fait un tabac en Russie grâce à

leurs procédés de créations

originaux. Le groupe Mumiy Troll

en a bénéficié pour son dernier

album.

lement programmée mélange tout cela pour en faire un objet d'art. Chaque objet a son étiquette. Sous le tag #mumiytroll sont rassem-blés les travaux de la dernière pa-rution, SOS Matrosou, de l'un des groupes de rock russes les plus célèbres, Mumiy Troll.

Les images viennent de diffé-rents pays. « It is now that I rea-lize you've », a écrit Galla Ro-gner-Cohen d'Israël. Oliver Vasconcelos du Monténégro a en-voyé des photos de palmiers at-teignant le ciel. Elena Rosenthal de Russie a quant à elle envoyé le dessin d'une jeune fi lle planant au-dessus du nez enneigé d'un sous-marin. Qu'est-ce que cela si-gnifi e ? Difficile de savoir, mais cela fait son effet. On peut ainsi dire que la pochette de l'album a été réalisée par tous dans le monde, sous la direction bien sûr des trois frères belges.

Et l'album est sorti ainsi. Im-médiatement après sa parution, il est devenu tellement populaire qu'il a occupé les premières po-sitions de l'iTunes russe. Une par-tie de la gloire en revient aux frères Leroy. Dans la patrie des

Ils sont trois frères : Nicolas, Gilles et Gregory. Les trois sont des ar-tistes, leur groupe s'appelle Leroy Brothers. Il y a six ans, ils ont in-venté une façon ingénieuse et élé-gante de faire de l'art en puisant dans les ressources des inter-nautes du monde entier et en créant le service interactif Wit-ness Your World. Voici comment cela fonctionne : vous vous enre-gistrez, vous téléchargez les pho-tos de votre choix et leurs lé-gendes. Cela peut être des photos de personnes souriantes, sombres ou bien des scènes de rue, des pay-sages, des chats, comme il vous plait. Quant aux légendes, le site regorge d'exemples : « If you're not a shark and not a spider then you are born in space » ou « Music is the lady ! »

Ensuite, une machine spécia-

Mumiy Troll à Vladivos-tock, une exposition des frères a eu lieu pendant plusieurs jours. Nico-las, Gilles et Gregory ont passé leur nuit à vis-

ser leurs images dans la galerie d'art contemporain

Art-etaje, et dans la pièce voi-sine des artistes de Vladivostok ont organisé une exposition de cover-art (nom donné à la créa-tion de pochettes d'album). Des disques avec des portraits, des couvertures érotiques, des typo-graphies exotiques : une vaste col-lection de couvertures était ex-posée en différentes sections.

Principal port de l'Extrême Orient russe, Vladivostok possède une solide tradition musicale, et un intérêt très marqué pour la collection de pochettes d'album. Dans les années 1970, les habi-tants de Vladivostok étaient les premiers à recevoir de nouvelles informations musicales. Les vi-nyles étaient apportés par les ma-rins revenant de l'étranger.

Ainsi les Belges, avec leur site web, se sont parfaitement retrou-vés dans l'ancienne tendance de Vladivostok. Dans la capitale de l'Extrême-Orient russe on adore les belles pochettes d'album. Les trois frères se sont longuement

Leroy Brothers et Ilya Lagoutenko lors de la présentation du

nouvel album SOS Matrosou à Vladivostok.

ETIENNE BOUCHELA RUSSIE D'AUJOURD'HUI

Son œuvre fait l’objet d’une

rétrospective en Belgique. Le

réalisateur a aussi supervisé

l’exposition « Les Courageux »,

qui traite de la disparition du

patrimoine culturel irakien.

Bruxelles célèbre Alexandre SokourovCinéma Connu pour son cinéma d'art et d'essai exigeant, le réalisateur dévoile aussi son combat pour la défense du patrimoine culturel

dentaux, le cinéma de cet ancien élève d’Andreï Tarkovski est long-temps resté confi dentiel. Sa noto-riété éclot au milieu des années 90, dans une Russie affranchie du régime communiste. Auteur de nombreux documentaires, parmi lesquels L’élégie de la traversée, Sokourov s’est façonné une œuvre singulière et libre, qui se distingue notamment par ses expérimenta-tions formelles (Mère et fi ls, Faust).

Le cinéaste a notamment réa-lisé une tétralogie sur la perver-sité du pouvoir, ébauchée en 1999 avec Moloch – sur Adolf Hitler – et achevée en 2011 par son am-bitieuse adaptation de Faust, tournée en allemand. Le film, sacré à Venise, avait enthousias-mé le président du jury, Darren Aronofsky : « Il y a certains fi lms qui vous font pleurer, certains fi lms qui vous font rire et certains fi lms qui vous changent pour tou-jours. Celui-là en fait partie ».

RÉTROSPECTIVE ALEXANDRE SOKOUROV

ET EXPOSITION « LES COURAGEUX »

JUSQU’AU 28 NOVEMBRE 2013.

Lorsque son Faust a reçu le Lion d’or en 2011, la plus prestigieuse récompense de la Mostra de Ve-nise, Alexandre Sokourov a réagi avec fl egme. « La culture n’est pas un luxe. C’est la base du dévelop-pement de la société », plaida-t-il face aux journalistes. Le dis-cret cinéaste russe, dont le travail fut longtemps invisible, sait l’im-portance et la fragilité du patri-moine culturel. L’homme est d’ail-leurs très impliqué dans la sauvegarde de l’héritage histo-rique de Saint-Pétersbourg. Son prochain fi lm, lui, portera sur le musée du Louvre durant l’Occu-pation allemande.

Cette obsession inquiète de la préservation est le thème d’une exposition qu’il a lui-même su-

pillé ou brûlé. Et cela se passe à notre époque ».

L’exposition se présente comme un « fi lm documentaire dans l’es-pace », rassemble photos et vidéos d’archives diffusés sur des écrans. Les différents documents multi-média offrent un aperçu du pré-judice subi par la culture ira-kienne. « L’exposition ne se limite pas à Alexandre Sokourov », in-siste Alexeï Jankowski. Les « cou-rageux » auxquels rend hommage l’exposition, ce sont ces hommes qui, conscients de la valeur ines-timable de ce patrimoine, se sentent la responsabilité d’agir pour sa sauvegarde. « On a dédié à chaque contributeur un écran afi n de montrer qui sont ces gens qui s’investissent », indique Jan-kowski.

Parallèlement, les films d’Alexandre Sokourov sont pro-jetés dans trois établissements bruxellois  : documentaires à Bozar, fi ctions et élégies à la Ci-nematek et cycle « L’art et les gens en guerre » au cinéma Galeries.

Chéri par les cinéphiles occi-(1) Alexandre Sokourov (2) "Mère et fils", 1997 (3) "Moloch", 1999 (4) "Faust", 2011.

pervisée : « Les Courageux », pré-sentée au cinéma Galeries de Bruxelles, dresse un terrible état des lieux du patrimoine culturel irakien. En deux décennies tour-mentées, celui-ci a été quasiment annihilé. « Il faut avoir conscience de ce qu’il se passe dans le monde aujourd’hui », prévient Alexeï Jankowski, réalisateur documen-taire à l’origine de l’exposition. « Le cas de l’Irak est un désastre national, au-delà de toute imagi-nation », se désole ce collabora-teur de longue date de Sokourov. « Son tissu culturel a été déchiré en morceaux : les écoles, les mu-sées, les bibliothèques, tout a été

L'album a connu un succès immédiat et a occupé les premières positions de l'iTunes russe

Le fondateur

du "rokapops"

Le groupe Mumiy Troll s'est for-mé en 1983, à Vladivostok. Leur premier album avait pour titre Nouvelle Lune. Il leur a causé de sérieux ennuis. Les autorités so-viétiques ont lu dans les paroles de la chanson Nouvelle Lune des propos qui ont classé le groupe comme socialement dangereux. La musique du groupe ne correspon-dait pas aux concepts habituels des styles rock et pop de cette pé-riode, c’est pourquoi le chanteur Il-ya Lagoutenko a qualifié le style de Mumiy Troll de rokapops, ouvrant ainsi la voie à un nouveau style musical. En 2001, Mumiy Troll a été le premier groupe russe à soutenir l’organisation PSI dans son combat contre le SIDA en Russie. En 2012-2013, le groupe a effectué un tour du monde à bord du voilier Sedov, au cours duquel un nouvel album a été enregistré.

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