la révolution sociale, ou la dictature militaire (bakounine, 1871)

Upload: bibliotecario-da-silva

Post on 05-Apr-2018

220 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

  • 8/2/2019 La rvolution sociale, ou La dictature militaire (Bakounine, 1871)

    1/124

    Bakunin, Mihail Aleksandrovi (1814-1876). La rvolution sociale, ou La dictature militaire. 1871.

    1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numriques d'oeuvres tombes dans le domaine public provenant des collections de la

    BnF.Leur rutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n78-753 du 17 juillet 1978 :

    *La rutilisation non commerciale de ces contenus est libre et gratuite dans le respect de la lgislation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source.

    *La rutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. Est entendue par rutilisation commerciale la revente de contenus sous forme de produits

    labors ou de fourniture de service.

    Cliquer ici pour accder aux tarifs et la licence

    2/ Les contenus de Gallica sont la proprit de la BnF au sens de l'article L.2112-1 du code gnral de la proprit des personnes publiques.

    3/ Quelques contenus sont soumis un rgime de rutilisation particulier. Il s'agit :

    *des reproductions de documents protgs par un droit d'auteur appartenant un tiers. Ces documents ne peuvent tre rutiliss, sauf dans le cadre de la copie prive, sans

    l'autorisation pralable du titulaire des droits.

    *des reproductions de documents conservs dans les bibliothques ou autres institutions partenaires. Ceux-ci sont signals par la mention Source gallica.BnF.fr / Bibliothque

    municipale de ... (ou autre partenaire). L'utilisateur est invit s'informer auprs de ces bibliothques de leurs conditions de rutilisation.

    4/ Gallica constitue une base de donnes, dont la BnF est le producteur, protge au sens des articles L341-1 et suivants du code de la proprit intellectuelle.

    5/ Les prsentes conditions d'utilisation des contenus de Gallica sont rgies par la loi franaise. En cas de rutilisation prvue dans un autre pays, il appartient chaque utilisateur

    de vrifier la conformit de son projet avec le droit de ce pays.

    6/ L'utilisateur s'engage respecter les prsentes conditions d'utilisation ainsi que la lgislation en vigueur, notamment en matire de proprit intellectuelle. En cas de non

    respect de ces dispositions, il est notamment passible d'une amende prvue par la loi du 17 juillet 1978.

    7/ Pour obtenir un document de Gallica en haute dfinition, contacter [email protected].

    http://www.bnf.fr/pages/accedocu/docs_gallica.htmmailto:[email protected]:[email protected]://www.bnf.fr/pages/accedocu/docs_gallica.htmhttp://gallica.bnf.fr/http://www.bnf.fr/
  • 8/2/2019 La rvolution sociale, ou La dictature militaire (Bakounine, 1871)

    2/124

    Original illisible

  • 8/2/2019 La rvolution sociale, ou La dictature militaire (Bakounine, 1871)

    3/124

  • 8/2/2019 La rvolution sociale, ou La dictature militaire (Bakounine, 1871)

    4/124

    RVOLUTIONSOCIALEOULAOULA

    ,Y

    Mvm militairetffgx

    IMPRIMERIE COOPRATIVE, RUE DE CAROl'GE, 8

    1871

    Lu 5~-

    Moi

    MICHELBAKOUNINE

    OENVB

    PAU

  • 8/2/2019 La rvolution sociale, ou La dictature militaire (Bakounine, 1871)

    5/124

    Supplment l'Errata.

    P. 4, 1. 11. cesconseillersextraordinaires, lisez cescommissairesextraordinaires.

    P, 10, 1.29. et il fait obir, lisezet il faut obir.P. 14, 1. 19. des singuliers rpublicainsde la veille, lisezde ces

    singuliers rpublicainsde la veille.

    P. 25, 1.31. est devenueabsolumentinfaillible, lisezest devenueabsolumentimpossible.

    P. 69, 1. 28-29. et causede cela mm, un abme: retranchezces mots.

    P, 81, I. 6. Aprs les mots toute contraire, mettez un point-Vir-gule au lieu d'une virgule.

    H., 1. 19-20. il y a dix ans peine, lisez il y a six ans

    peine,-inP. 82, 1. 33-34. plutt une erreur de systmeque d'intrt, l'in-

    trt des ouvriers allemands,lisez plutt une erreur de sys-tme que d'instinct, l'instinct des ouvriers allemands

    P. 83, I. 14. Aprs partout ailleurs, mettez un point au lieud'une virgule.

    P. 87, I. 16-17. de bonne mmoire, Usezde lubrique mmoire.

  • 8/2/2019 La rvolution sociale, ou La dictature militaire (Bakounine, 1871)

    6/124

    E! I\ n A. T A..

    Le titre de l'ouvrage doit tre rtabli ainsi :t r/ilssajtu-eKmouto-germanitiue et la Rvolution 'sociale.

    P. 17. Transpositionde lignes. La 13rncligne doit tre placeentre la 11"18efla 12me.

    P. 53, 1. 36. la loi du prairial, lisez la loi du &2prairial.P. 55,1. 23-24. ont-ils us dela mansutude lisez ont-ils

    usde tnnnsulude.P. 58, 1. 20. les Guzot, lisez les Quinet. > tP. 81 ,1,9, tousles intrts, lisez tous leurs intrts.

    Id., I. 27. pour atteindre ce but, milieu dechercher lisezpour atteindre ce but. Au lieu de chercher.

    P. 83, I. 1. le tempsdesesquestionsgouvernementales lisez:

    le tempsde sescoquetteriesgouvernementales.H., 1. 9. carter le proltariat et l'extirper dans sa ratine.lisez: craser le proltariat el extirper dans sa jracine. .

    Id., I. 18-19. (isis Blanchinein),lisez[in's Blattehinein).P, 81, I. 10. qui crient, au milieu des clameurs lisez qui

    eurent, au milieu des clameur?.Id., 1. 16. toutecette animalik bourgeoisevigilante. lisez

    toute cetteanimalit bourgeoiserugissante.I\ 85, 1, 22, je prie les partisans allemands lisez: je prie

    les patriotes allemands. 'P. 87, 1. 4. Louis YUl, lisezLouis XVIII, `a

    Id,, 1. t. il y enest un Russe. lisez Hy eut ureRuste,P. 88, 1. 18-19. Reste doncun seul grief, la scission. Lisez:

    Reste doncun seul grief, le voici.Id., 1.2 de la note. lord Bloompichi,lisez lord Blomjield.

    V".89, 1. 26 dmocratique,lisez bureaucratique.P. 90, 1. 3 plus savante, lisezplus ouverte.l., 1. 16 toute la force^liseztoute la faute.Id., 1,24 la presserusse, lsez le peuple russe.Id., 1.33 cette ventede rsignation,lisezcettesainte

    . rsignation.

  • 8/2/2019 La rvolution sociale, ou La dictature militaire (Bakounine, 1871)

    7/124

    P. 91 1. 15de la note. grillard, lisezpillard.Id.j I. 36 Oui, messieurs les patriotes. lisez:

    Quemessieursles patriotes.P. 92, 1.4 de la note. les villes, lisez lesnobles.

    P. 94.,1. 24.

    qu'ilsont

    perdu,lisez

    qu'ellesont

    perdu.Id.. 1. 26-29. Rtablissezla phrase ainsi: car c'est l son ha-bitude, sa secondenature, sa religion, sa passion, mais c'estl'insignifiance, la faiblesse,l'impuissancerelative de celui

    qui il doit et il ieut obir.P. 95, 1. 0 . Cruel estle sentiment,lisezQuelestlesentiment

    Id,, 1. 17. se sentant, lisezse sentent.Id,, 1.35. Hohenslaufer,lisez Hohenslau/fen.

    P, 96, 1. 15. n'a jamais ainsi, lisezn'a jamais aim.P. 107, l. 11. par la voix, lisezpar la voie.

    Id., I; 18. invraisemblable,lisez insaisissable.P, 113, 1. 6. dsempera,lisez,dessaisira.P. 114, 1. 7: Renchlin, lisezReuchlin.

    Id.. 1. 8. Ulrich von Hulln, lisez Ulrich vonHullen.Id., 1. 9. Pie de Mirandole, lisezPis de Mirandole.

    Id., I. 10. Zuringle, lisez Zwingti.< Id., 1.29. Werthory, lisez Wartbourg.P. 115, 1. 26. galit de bras, lisez galit de tous.P. 116, 1. 22. renient, lisez reniant.P. 118, 1. 7. preuve, lisez grande.

    Sf. B. Nous engageons le lecteur corri-

    ger sur son exemplaire les fautes indiquesdans cet Errata, avant d'entreprendre la lec-ture de l'ouvrage. Nous n'avons relev que les

    plus graves, celles qui dnaturent le sens.

  • 8/2/2019 La rvolution sociale, ou La dictature militaire (Bakounine, 1871)

    8/124

    LA

    RVOLlTldNSOCIALE

    OU LA

    DICTATUREMILITAIRE

    Lyon,2& Septembre18T..

    Moncher am, .', .

  • 8/2/2019 La rvolution sociale, ou La dictature militaire (Bakounine, 1871)

    9/124

    4

    vernementale de votre pays, il ne reste plus d'autre moyend salut pour la France que le soulvement, l'organisation .

    et la fdration spontanes, immdiates et rvolutionnairesde s communes,en.deho.rfdboute tutelle et d&toute,di-.retioh ici#|.Jf; ft y ff., j t/i.f }%

    "TbdSc^strVnons"de l'ancienne administrationdu pays"ces municipalitscomposesen grande partie de bourgeoisou d'ouvriers convertis l bourgeoisie; gens routiniers s'il

    en fut dnusd'intelligence,d'nergie et manquantde bonne

    foi;*tousces.pr-oucerKde'laRp|ibji

    Voici vingt-cinqjours qui se sont couls depuis la pro-clamationde la Rpublique,et qu'a-t-on fait, pourprpareret pour organiser la dfensede Lyon? Rien, absolumentrien 1Ii'>:

    Lyon est la seconde capitale de la Franceet la clef duv'Midi.' Outrele soin de sa propre dfense il a -donc undouble devoir remplir celui d'organiser le soulvement

    arme du Midi et celui de dlivrer Paris, Il pouvait faire,il

    peut encore faire l'un et l'autre. Si Lyonse soulve,ilen-

    trainera ncessairement avec lui tout le Midid

  • 8/2/2019 La rvolution sociale, ou La dictature militaire (Bakounine, 1871)

    10/124

    5.:n:

    suscitera des centaines de milliers de combattants, et oppo-,sera aux forces militaires pi..organises 'de rinyasjon"la

    toute-puissanced la rvolution..Par contre, il dojl tre vident pour join le mndfque,si Ljon tombe au-Ymainsdes, Prussiepsj a Francesra irr\vofablment perdue. De Lyon a Marseilj,ils jne rencontre-ront plus (j:pbs{alesr'EJalors ?Alors,- la France deviendrace 'que l'Italie ? t si longtemps,froj) longtemps, yU-;vj?;de- votre ci-devant empereur une 'yage(de' sa majest!l'empereiir d'Allemagne.Estril po^sibie detpmbrpsbas?q

    .Lyon,seul, peut lui pargne/, cette chute et cette, morthonteuse. Mais, pour cela, }f faudrait queLjonse rveille,qu'il agisse, sansperdre un jour, un instant. LesPru.siens,.malheureusement, n'rri perdent plus. Ils ont dsapprisledormir systmatiques commele sont toujoursles Allemands,

    ils suivent, avecune

    dsesprante prcision,leurs

    planssavamment combins et joignant cette antique qualit deleur race, une rapidit des mouvementsqu'on'avait consi-dre jusque-l commel'apanage exclusif des troupes fran-aises, ils s'avancent rsolumentet plus menaantsque ja-mais, au curmmede la France.' Ils marchent sur Lyon.Etqucfait Lyonpour |se dfendre? Rien..

    'Et pourtant, depuis quela France existe, jamais elle nes'est trouve dansune' situation ptus dsespre, plus ter-'ribje. Toutesces armes sont, d^uijes. La plus, grandepar-tie,de. son matriel de, guerre, grce, . l'honntetdugou-vernementet de Tadministralionirnprale,n'a jamais existque sur.le papier, et le reste, grce leur prudence,a ^l

    sj.biei) '.enfouidn's'les.fcrteres.ses'dQMe.tzet de Strasbourg,qu'il servira probablementbeaucoupplus l'armementdel'invasion prussjenrie,(qu"cl'ui de 'la' dfense nationale/Celle dernire, sur, tous les points de, l France, manqueau-

    jourd'hui de'anons?de munitions,'d fusils et, jqu estaisencore, .die manque, d'argent pour en. ahCerVi jonquel'argent manque lji bourgeoisie d'errance; au "contraire,,~e.p~IJ)~Qq1\e..a)t,"f9,~rg~ome.f r,~p.c" P~;O_QJr4~~e..grce de? lois pr'otectrces' qqi.li ont permis'exploiterlargement le travail.duproltariat, sets pocheseh sont pleines.Maisl'argent des bourgeois n'est point patriote, et il prfre'

  • 8/2/2019 La rvolution sociale, ou La dictature militaire (Bakounine, 1871)

    11/124

    6

    ostensiblementaujourd'hui l'migration, voire mme les r-q'oisitionsforces des Prussiens, au danger d'tre appel h

    concourir au salut de ta patrie en dtresse. Enfin, quedirai- 1je, la.France n'ai plusd'administration. Celle qui existe en-core et que te gouvernementde ta Dfense nationale eu

    la faiblessecriminelle'de maintenir, est une machine bona-partiste, crepour l'usage particulierdes brigands duDeuxDcembre,et, commeje l'ai dj dit ailleurs, capable seule-ment, non d'organiser, mais de trahir la France jusqu'auboutet dela livrer aux Prussiens.

    Prive de tout.ee qui constitue la puissancedes Etats, SaFrancen'est plu4 un Etal. C'est un immense pays, riche, in-

    telligent, plein de ressourcs' et de forcs naturelles,' maiscompltement'dsprganiset condamn, au milieu de cettedsorganisation'etfroyable, se dfendre contre l'invasion

    la plus 'meurtrire quiail jamais assailli une nation, Quepeut-elle opposer aux Prussiens? Rien que l'organisationspontane d'un immense soulvement populaire, la litofa-tion, "

  • 8/2/2019 La rvolution sociale, ou La dictature militaire (Bakounine, 1871)

    12/124

    La confianceproduit l'union et l'union crela forc, voilasans doute ds vrits que nul ne tentera de nier. Maispour

    que ce soient des vrits, il faut deux choses il faut que laconfiancene soit pas Unesottise, e' que l'union, galementsincre de tous les cts, ne soit pas une illusion, un mn-sorig*,ou une exploitationhypocrite d'un parti par un autre.Il tau'que tous les partis qui s'unissent, oublient tout--fait,non pour toujours sans doute, maispour tout le temps'quedoit durer cette union; leurs intrts particuliers et nces-sairement opposs; que ces intrts et ces buts qui dans lesttops.ordinairesles divisent, se laissent galementabsorberdansla poursuite du but commun. Autrement qu'irrivera-s;Vil? L parti sincre deviendra ncessairement ta victimeet la dupe de celui qui le sera moins ou qui ne le sera pasdu tout, et il se verra sacrifi,non au triomphe de la causecommune,mais au dtriment de cette cause et au profit ex-clusifdu parti qui aura hypocritement exploit celte union.

    Pour que l'union soit relle et possible, ne faut-il pas aumoins que te but au nom duquel les partis doivent s'unir,soit le mme. En est-il ainsi aujourd'hui? Peut-on dire que

    la bourgeoisie et le proltariat veulent absolumentla mme.- chose?Pas du tout.

    ' Les ouvriers de France veulent le satut de la France tout prix;, dt-on mme. pour la sauver, faire de ta Franceun dsert, faire sauter toutes les maisons,dtruire et incen-dier toutes les villes,ruiner tout ce qui est si cher au coeurdes bourgeois proprits, capitaux,industrie et commerce,convertir en un mot le pays tout entier, en un immensetombeaupour enterrer les Prussiens. Ils veulent la guerre

    outrance, la guerre barbare au couteau s'il le faut. N'ayantaocan bien matriel sacrifier, ils donnent leur vie. Beau-coup d'entre eux, et prcisment la plus grande partie de,ceuyqui sont membres de l'Association internationale desTravailleurs-,nt la pleine conscieacede la. haute mission

    qui incombeaujourd'hui au proltariat de France. IUsavent,que;si la France succombe, la 'cause,de l'humanit en Eu-'fope sera perdue pour un demi-sicle au:moins, ils savent

    qu'ils Sont responsables du salut de la France, non seule-

  • 8/2/2019 La rvolution sociale, ou La dictature militaire (Bakounine, 1871)

    13/124

  • 8/2/2019 La rvolution sociale, ou La dictature militaire (Bakounine, 1871)

    14/124

    9 5

    passionnment que vous-mmes,veulent sauver la France,

    tout prix,. : v

    Quandon va rencontred.'un immensedanger, ne raut-ilpas'mieux marcher en petit nombre,avec la pleine certitudede. ne pointtre abandonn au, momentde ta hjlte, .que deIralner avec soi une foule de faux allis qui vous trahirontsur le premierchampde bataille ? -'

    ,11en est de la disciplineet de la .confiance commedel'u-,nion, ce sont des chp.sesv excellenteslorsqu'elles sonl bienplaces,funestes lorsqu'elles s'adressent qui. neles mritepas. Amantpassionn dela libert, j'avoue que je medfiebeaucoup de ceux qui ont toujours le motde discipline labouche. Il est excessivementdangereuxsurtout en France,

    o discipline pour la plupart, du, tempssignifie, d'unct, des-potisme,et de l'anlre, automatisme.En France, le culte mys-

    tiquedel'autorit, 1 amourdu commandementet l'habitude de'se taisser commander, ont dtruit dansla socit aussi bienque dans la grande majorit des individus,tout s.enlimentde libert, ton.tefoi dansl'ordre* spontan et vivant que lalibert seule peut crer. Parlez-leur de la libert, et ilscrieront aussitt l'anarchie; car il leur sembleque du mo-

    ment que celle discipline, toujours oppressiveet. violente,del'Etat, cesserad'agir, toute la socit doit s'entredchirer

    et crouler.. Lgit le. seqret de l'tonnant, esclavageque lasocit franaise enduredepuis qu'elle a fait sa'grand(eryo-lution. Robespierrecl les Jacobinslui ont lgu le culte de

    `

    la disciplineie l'Etat. Ce uip, vous le retrouvez,en entierdans tous 08, rpublicainsbourgeois,*officiels.et; officieux,et c'est lui quiperd la Franceaujourd'hui., Il'la perdeu pa-.:`

    ralysant l'unique sourceet l'unique moyende dlivrance quilui'rest ledploiementlibre des.forcespopulaires; et. enlui faisant chercherson salut dansl'autorit,et dansl'actionillusoire d'un Etat, qui ne prsenteplus. rien, aujourd'hui,qu'unevaine, prtention despotique, accompagned'une im-puissance,absolue.. rj >j ,.

    .Tout ennemique je suis, de ce qu'on Appelleen FranceJadiscipline, )e reconnais toutefoisqu'une; certaine >disciplin/

    non automatique,mais(volont.aireet rflchie, et s'accordant

  • 8/2/2019 La rvolution sociale, ou La dictature militaire (Bakounine, 1871)

    15/124

    10

    parfaitementavec la libert des individus, reste et sera tou-.jours ncessaire, toutes les fois que beaucoup d'individus,*

    unis librement, entreprendront un travail ou,uneaction col-lective quelconque. Cette discipline n'est alors rien que taconcordance,volontaireet rflchiede t,usles efforts indivi-duels vers un but commun.Aumomentde l'action; aumilieude la lutte, les rles se divisent mutuellement, d'aprs tesaptitudes de chacun, apprcies et juges par la collectivittout entire les uns dirigent et commandent,d'autres ex-cutent tes commandements.Mais aucune fonctionne se p-trifie, ne se fixe et ne teste irrvocablement attache 'aucune personne. L'ordre et l'avancement hirarchiquesn'existent pas; de sorte que le commandantd'hier peutde-venir serviteuraujourd'hui. Aucun ne s'lve au-dessusdesaufre's,,bs'il s'lve, ce n'est que pour retomber un instantaprs, Comme les vagtesa e la mer,revenant toujours au'

    niveau salutaire de l'galit.Dansce systme, il n'y a plus de pouvoirproprement dit

    Le pouvoirse fond dans la collectivit,et il devient l'exprs-sion sincre dla libert de chacun, ta ralisation fidle etsincre de la volontde tous; chacun n'obit que parce quele chef dujour ne lui commandeque ce qu'il veut lui-mime.. Voilla disciplinvraiment humaine, la discipline nces-saire l'organisation de ta libert. Telle n'est point la dis-cipline prnepar vos rpublicains, hommesd'Etat. Ils veu-lent la vieille disciplinefranaise,automatique, routinire etaveugle.Lechef, non lu librement et seulementpour un'

    jour*,mais impospar l'Etat pour longtempssinon pour tou-jours, commandeet il fait obir. L salut de la France,tous

    disent-ils, et mmela libert de la France., n'est qu' ceprix. L'obissance passive, base de tous tes despotisme,'sera donc aussi la pierre angulairesur .laquelle vousallez"fonder vtre rpublique.

    Mais si monchef me commande de tourner les armes,contre cette rpublique,ou de livrer la Franceaux Prussiens,"dois-je 1'uiobir, oui ou non 9 Si je lui Obis,je trahis laFrance; et si je dsobis, je viole, je brise cette disciplinequevous voulez m'impbsercomme l'unique moyende salut

  • 8/2/2019 La rvolution sociale, ou La dictature militaire (Bakounine, 1871)

    16/124

    U

    pour ta France. Et ne dites pas que ce dilemmeque je vous

    prie de rsoudre, soif un dilemmevicieux. Non, il est tout

    palpitant d'actualit,car c'est 'celuidans lequel se trouvent

    pris h cette heure vos soldats. Qui ne sait que leurs chefs,leurs gnraux et l'immense majoritde leurs officiers su-prieurs, sont dvous 'corps et mes'au rgimeimprial1?Qui ne voit qu'ils conspirent ouvertement et partout contrela rpublique? Que doiventfaire ls soldats?S'ils obissent,ils trahiront !a France; et s'ils dsobissent/ ils dtruiront

    cequi vbus reste de troupes rgulirement organises. Pourles rpubHcanVpartisans de l'Etat,-d l'ordre.public

    et de la discipline quandce dilemme est insoluble.Pour nous, rvolutionnairessocialistes,il n'offreaucunedif-fi'aU,Ils doiventdsobir,ils doiventse rvolter",ils doiventbriser cette disciplinet dtruire l'organisationactulfdes

    troupes rgulires, ils doivent au nom du salut de la France

    dtruire ce fantme d'Etat, impuissant pourle bien, puissanttpourle mal; parce que le salut de la France ne peut venir

    maintenant que de la seule puissancerelle "qui reste la

    France, la Rvolution.

    ;.6;

    Et maintenant que dire de cette confiancequ'on vousre-commandeaujourd'hui commela plus sublime vertu desr-

    publicains1 Jadis, lorsqu'on tait rpublicain' pouf tout de

    bon',ri recommandait ta dmocratiela'dfiance.D'ailleurs'on n'avaitpas a$m besoin de ta lui conseiller'; la dmocra-tie est dfiante par pstjon, par nature et aussi par exp-

    rience' historique; car de'tout tempselle a t la victimeet ila duped tous les ambitieux, de tous tes intrigants, classes8et individus,qui, sous le prtexte de la diriger et de la me-ner bon port, l'ont trangement exploite et trompe. Elle-n'a fait autre chosejusqu'ici que servir de marchepied.' Maintenant,>Messieurs les rpublicains du'journalismebourgeoislui conseillentlaconfiance.Maisen qui et cri quoi?

    Qui sont-ils' pour oser la recommander,et qu'bht-its'faitpour la mriter eux-mmes1?lis ont crit des phrases d'un

  • 8/2/2019 La rvolution sociale, ou La dictature militaire (Bakounine, 1871)

    17/124

    13

    rpublicanismetrs-ple, tout imprgnes d'un esprit troi- tementbourgeois, tant la ligne. Et combiende petits Olji-

    viers en herbe parmi eux? Qu'y a-t-il de communentre

    ejis, les dfenseurs intresss et serviles des intxtsde la'classe possdante,' exploitante, et le proltariat1?Ont-ilsja-mais partagles souffrancesde ce monde ouvrier, auqueUUosent .ddaigneusement adresser leurs admonestations tleurs conseils; ont ils seuleient sympathisavec elles?Oni-ils,jamais,dfendu Jes. intrts,et 1p,sdroits ds travail-leurs contre l'exploitation bourgeoise? Pien au contraire,ca/ foiites les.fois que la grande question du sicle, la ques-tion conomique, atpose,ils se sont fait les aptres decette doctrine bourgeoise, qui condamneie proltariat ,ce.tte doctrine bourgeoise qui conda~Mete prottariatl'ternelle misre et j'lernel esclavage,au profit (le la li-bert*et de la prosprit matrielle d'une minorit privil-gie, v. ' . v;

    Toilles gens qui se croientautoriss recommander au

    peuple la confiance. Mais voyons doncqui a.mrit et quimrite aujourd'hui cette confiance?..

    Serait-ce la bourgeoisie?" Maissans parler mmede lafareur ractionnaire que cette classe a montre en Juin1848, et de la lchel complaisante et servile dont elle afait preuve pendant vingt ans de suite, sous la prsidenceaussi bien que sous,l'empire de NapolonIII; sans parler,dei'esploiiatioo, impitoyable qui fait passerer da,ns ses pochestoijll produit4u.travai)populaire,laissant ,,peinele strictncessaire auxmaHieureuxsalaris, ,sa,ps parier del'aviditinsatiable,"et decette atrocee,tinique cupidit, qui, fondantla prosprit 4e la classe bourgeoise ku$"la misre ett sur j'es.clftva^e ponomqueda proltariat, en font l'ennemie

    ijrrco(nciiiable da peuple; -^voyonsquejs-peuvent,^tr lesdroits achte, de, .cette bourgeoisje ia.coji.fiane dece

    peuplejV-t t', ... v-i..v.v* /' < .Les malhe,ursde la France rauraie,nt-ils.transforme,tout

    d'un coup!inSrait-eife devenue franhelientpatjr|oie,rjm'v

    bliaipe, (J'moatc,populaire ef rvolutiono?^At .M""?.el,le

  • 8/2/2019 La rvolution sociale, ou La dictature militaire (Bakounine, 1871)

    18/124

    13

    repentie de ses lches iniquits, d ses;infmes trahisonsd'hier et'd'avnt-hier, et se" serait-elle franchement r'cjte

    dans les bras du'peuple, pleine de co.nfiahceen lui Seserait-elle misede plein cur la tte de ce peuple1poursauver le pays ?: v

    Mon ami, il suffit^ n'est-ce pas, de?poser ces questions,pour que tout le mon*de,*la vue de ce qui se passe aujour-d'hui, soit forc d'y rpondre ngativement. Hlas! la bour-

    geoisie n s'est pointtransforme, ni amende, ni repentie.'Aujourd'huicomme hier et mmeplus qu'hier, trahie parle

    jour dnonciateur queles vnementsjettent sur les htrmmsaussi bien que sur tes choses,ll&se montre dure, goste,cupide, troite, bte, la foisbrutale et servil, froce quandelle crot pouvoir l'tre sans beaucoup d danger commedans tes nfastes journes de Juin, toujours prcstern de-vant l'autorit et la force publique,dont elle attend,sonsalut,et ennemie du peuple toujours et quand mme.

    La bourgeoisie hait le peuple cause mme de tout lemal qu'elle lui a fait; elle l hait parce quelle voit dans'la

    misre, dansl'ignorance et dans l'scjavage;de ce peuple, sa

    propre condamnation,parce qu'elle sait qu'elle n'a que tropbien mrit la haine populaire, et parce qu'elle se sn t me-nace dans toute son existence par cette haine qui chaque

    jour dvient plus intense et plus irrite. Elle hait l peuple.,parce qu'il lui fait ppur elle le hait dbe'meritaujourd'hui,parce que seul patriot sincre, rveill de sa torpeur par lemalheur de cette France, qui n'a t d'ailleurs, commetoutes tes patries du monde, qu'une martre pour lui, lepeupl a osse lever; il.se reconnat, se compte,s'organise,

    commenc palplrhaut, chantela' A/ar*eV//a&edansles rues,et par l bruit!qu'il fait, par tes menacesqu'il profre^djcontre les trattrs' dla. France, trouble l'ordre,' public,-la

    conscienceet (a* quitudede Hessieursles borgois." t'La cnriance n se ga^neque1par la confiance. La bOitr

    gcpise vient-elle de montrer la moindreconfiante dans l

    peupi? Bien loin ie\h. tout ce qu'elle afait, tout ce qu'ellefait,prouve au contraire que sa dfiancecontre lui a dpasstoutes tes bornes. C'est au point que dans un moment o Ci

  • 8/2/2019 La rvolution sociale, ou La dictature militaire (Bakounine, 1871)

    19/124

    14

    l'intrt, le satut de la France exige videmmentque toutlepeuple soit arm, elle n'a pas voulului donner des armes.

    Le peuple l'ayant menacede !es prendre par force, elle dut `cder. Mais, aprs"lui avoirlivr tes fusils, elle fit tous tesefforts possibles pour qu'on ne lui donnt pas de munitions.Elle dut cder encore une fois; et maintenantque voil,lpeuple arm, il n'en est devenu qde plus dangereux et plusdtestable aux yeux de la bourgeoisie.

    Par haineet par crainte du peuple, la bourgeoisien'a pointvouluet ne veut pas de la rpublique. Ne l'oublionsjamais,cher ami, Marseille, Lyon, Paris, danstoutes les grandescits de France, ce n'est point la bourgeoisie, c'est le peuple,ce sont les ouvriers qui ont proclamla rpublique,et Pa-ris, ce ne furent pas mme les peu fervents rpublicainsirrconciliablesdu Corps lgislatif, aujourd'huipresque tous rmembres du

    gouvernementde la Dferse

    nationale,ce, fu-rent les ouvriers de la Yillelte et de Belleville, qui la pro-clamrent contre le dsir et l'intention clairement exprimsdes singuliers rpublicains de la veille.Le spectre rouge, |edrapeau du socialismervolutionnaire, le crime commisparMessieursles bourgeois en Juin, leur ontfait perdreje gotde la rpublique. N'oublionspas qu'au 4 Septembre Jes op-vriers de Belleville ayint rencontr M.Gambettaet l'ayantsalu par le cri de': .Vivela Rpublique, il >eurrponditpa.rces mots Vivela FranceI Vousdis-je. ,

    M.Gambella, commetous les autres, ne, voulaitpoint de

    la rpublique.Il voulaitde la rvolutionencore moins, Nousle savonsd'ailleurs, par tous les discoursqu'il a prononcs, `,

    depuis que son non) a attir sur lui ('attention du public,M.Gambetta veut bien se dire ttn hommed'Etat, un repu-

    blicain'sage,modr, conservaient,rationnel et positiviste(1),maisil ala' rvolution en horreur. Il veutbien gouverner lepeuple, mais non se laisser dirigerpar' lui. Aussitous les " " l

    (1) Voir sa lettre dans le Progrs de Lyon. s

  • 8/2/2019 La rvolution sociale, ou La dictature militaire (Bakounine, 1871)

    20/124

    15

    efforts de M. Gambettaet de ses collgues de la gauche ra-dicaieau Corps lgislatif, n'ont-ils tendu, le 3 et le 4Sep-

    tembre, que vers un seulbut celui d'viter toute force

    l'installation d'un gouvernement issu d'une rvolutionpo-

    pulaire. Dans la nuit du 3 au 4 Septembre,ils se donnrentdes peines inoues pour faire accepter h la droite bonapar-tiste et au ministre Palikao, le projet de M.Jules Favre,

    prsent la veille et sign par toutela gauche radicale, pro-

    jet qui ne demandait rien de plus que l'institutiond'une

    commission gouvernementale,nomme lgalement par le

    Corps lgislatif,consentant mme ce que les bonapartistesy fussent en majorit et rie posant d'autre conditionqul'entre dans cette commissionde quelques membres de la

    gauche radicale. v;

    Toutes ces machinationsfurent brises par le mouvement

    populairequiclata le soir du 4 Septembre. Mai au milieu

    mme du soulvement des ouvriers de Paris, alors que lepeuple avait envahiles. tribuneset la salle du Corps lgisla-tif, M.Garobtta,fidle sa pense, systmatiquementanti-

    rvolutionnaire,recommandeencore au peuple-degarder lesilence et de respecter la libert des dbats(!), afin qu'on ne

    puissepas dire quel*. gouvernementqui devait sortirdu vote

    du Corpslgislatif, ait t constitusousla pressionviolenteditIl

    peupl-Commeunvrai avocat, partisan de la fictionlgalequand

    mme, M. Gambettaavaitsans doute pens qu'un gouverne-ment qui serait nomm par ce Corps lgislatifsorti

    de la

    fraude imprialeet renfermantdansson sein les infamiesles

    plus notoires de la France, aurait tmillefoisplus imposant

    et plus respectable qu'un gouvernement acclampar le d-sespoir et par l'indignation d'un peuple trahi. Cet amourdu

    mensonge conslitutionnel^avait telle'nient aveuglM.Garil-

    beHa,qu'il n'avait pas compris, tout homme d'esprit qu'ilest, quenul ne pourrait ni ne voudrait croire ta libertd'un vote mis en de pareilles circonstances.Heureusement,la majorit bonapartiste, effraye par les manifestationsde

    plus en plus menaantes de la colre et du mpris populaire,s'enfuit; et M. Gambetta, rest seul avecses collgues de

  • 8/2/2019 La rvolution sociale, ou La dictature militaire (Bakounine, 1871)

    21/124

    16

    la gauche radicale, dans la salle'du Corpslgislatif, s'est vt

    forc de renoncer, bien contr-coursans doute, ses rvs

    du pouvoir lgal, et de'souffrir que le peuple dpost auxmainsde cette gauche le pouvoir rvolutionnaire.Je diraitout--l'heure quel misrable usage lui et ses collguesont

    fait,pendant les quatre semainesqui se sont coules depuisle 4 Septembre, de ce pouvoirqui leur a t confipar le

    peuple de, Paris pour qu'ils provoquassent dans toute ;\aFrance une rvolutionsalutaire, et dont ils ne se sontservis

    jusqu' prsent aipontraire que pour la paralyser partout.Sous-ce rapport, M. Gambetta et tous ses collgues du

    gouvernementd la Dfense nationale n'ont t que la trop,

    juste expression des sentiments et de la pense dominantede la bourgeoisie. Runissez tous les bourgeois de France,

    et demandez-leurce qu'ils prfrent: de la dlivrance de

    leur patrie par une rvolutionsociale,-et il ne

    peut yavoir

    d'autre rvolutionaujourd'huique la rvolution sociale oubien de son asservissementsous le joug des Prussiens? S'ilsosent tre sincres, pour peu qu'ils se trouvent dans une

    portion qui leur permette de dire leur pense sans danger,les neuf-diximes, que dis-je, les quatre-vingt-dix-neufcen-

    times, ou mme les neufcent quatre-vingt-dix-neufmil-

    limes, vous rpondront sans hsiter qu'ils prfrentl'asservissement la rvolution. Demandez-leurencore, en

    supposant que le sacrificed'une partie considrabledetours

    proprits,de leurs biens,de leur fortune mobilireet immo-

    bilire, devienne ncessaire pour le salut dela France, s'ils

    se sentent disposs faire ce sacrifice et si, pour me servirde

    la figurede rhtorique de M.Jules Favre, ils sont relle-

    ment dcids se laisser plutt enterrer dans les.dcombresde leurs villes et de leurs',maisons, que d tes rendre aux

    Prussiens? Ilsvous rpondront unanimementqu'ils prfrentls racheter aux Prussiens. Croyez-vousque si les bourgeoisde Paris n se trouvaient pas sous l'oeilet sous le bas tou-

    jours menaant des ouvriers de Paris,' Paris aurait opposeaux Prussiens unesi glorieuse rsistance? r

  • 8/2/2019 La rvolution sociale, ou La dictature militaire (Bakounine, 1871)

    22/124

    17

    les bour

    S

    Est-ce queje calomnieles bourgeois? Cher ami, yus sf-vez bien que non. Et; d'ailleurs,il existe maintenant,auv,uH la connaissance'de tout le monde, une preuve irrfu-

    table de la vrit, de la justice de truies mes'.accusationscontre la bourgeoisie. Le mauvaisvouloir et "l'indiffrencede la bourgeoisie ne se sont que trop manifests dans la

    question d'argent. Tousle mondesait que les finances,du

    pays sont ruines, qu'il n'y a pas un sou dans les caissesde

    ce gouvernementde la DfenseNationale, queMessieursle,bourgeois paraissent soutenir maintenant avec unzle; siardent et si intress. Tout te mondecomprend que ce gou-des emprunts et de l'impt. Un gouvernementirrgulier nevernemeatne peut ls remplir par les. moyensordinaires

    peut trouver de crdit- quant au rendement de l'imptjilest devenu nul. Une partie de la, France,comprenant les

    provincesles plus industrielles, les plus riches, est occupe

    et mise pu pillage rgl par les Prussiens. Partout ailleurslecommerce, l'industrie, toutes les transactions d'affairs sesont arrts. Les contributions indirectes ne donnent plusrien, ou presque rien. Les contributions directes se payentavecune immense difficult et avec une. lenteur. dsesp-rante. Et cela dans un moment o la France aurait besoinde toutes ses ressources et de tout son crdit pour subveniraux dpenses extraordinaires, excessives,gigantesques deldfensenationale. Les. personnes les moinshabitues auxaffairsdoivent comprendre que, si la France ne, trouvepasimmdiatement de l'argent, beaucoup d'argent,-il lui sera

    impossible rie continuer sa dfense contre l'invasion des

    Prussiens: ( :? :> ^.v.Y*

    Nulne devaitcomprendrecelamieux

    quela bourgeoisje,

    eue

  • 8/2/2019 La rvolution sociale, ou La dictature militaire (Bakounine, 1871)

    23/124

    18

    qupi se nourrir; c'est donc uriiqueient, exclusivementdans.les coircs-forls deMessieursles bourgeois. Eux seuls d-

    tiennent l'argent ncessaireau salut de la France. Enont-ilsoffert spontanment,librement' seulementunepetite partie?Je reviendrai, cher ami,sur "cette questiond'argent, qui

    est la qustion-principale quand il s'agit de mesurer la'sin-

    crit des sentiments,des principes et' dupatriotisme bour-geois. Rglegnrale Voulez-vous reconnatre d'une ma-

    .nire infaillible si le bourgeois veut srieusement telle outelle chose? Demandezsi, pour l'obtenir, il a sacrifidrl'argent. Car soyez-encertain, lorsque'les bourgeois veulent

    quelque chose avec passion, ils'ne reculent devant aucunsacrifice d'argent. N'ont-ilspas dpens des sommesimmen-ses pour tuer, pour touflerla rpublique en 1848? Et plustard n'ont-ils pas vol, avecpassioh tous les impts et' tous

    les emprunts que NapolonIII leur a demands,et n'onl-ils.pas trouv dans leurs conYcs-forlsdes. sommes fabuleusespour souscrire tous ces emprunts? Enfin, proposez leur,moritrez-leur le moyen de rtablir en France une bonnemonarchie, bien ractionnaire, bien forfe et qui Idur rende,avec ce cher ordre public et ia tranquillit dansles rues, ladomination conomique, le prcieux privilge d'exploiter'sanspiti ni vergogne, lgalement,systmatiquement,la mi-sre du proltariat, et vous verrez s'ils seront chchest vaPromettez-leur seulementqu'une foislcs Prussienschasss"

    du territoire dela France,on rtablira cette monafchi.e,spitavec Henri V, soit avec un ducd'Orlans, soit mmeavecun rejeton d l'infme Bonaparte, et persuadez-vous bienque leurs coffr'es-forlss'ouvriront aussitt et qu'ils y trou-

    veronttous les moyens*ncessaires' l'expulsion des Prus-siens. Maison leur promet la rpublique,-le reue de la d-raocratie, la souverainet du peuple^ l mancipationde la,canaille populaire,et'ils lie veulentni" devotre rpublique,ni de cetle'mancipUon aucunprix, et ils te prouvenjtentenant leurs coffres ferms;en nb sacrifiant pasun sou, *Vous savez1mieuxque moi, cher ami, quel a t le sort

    de ce. malheureuxempruntouvert pour-l'organisation do ladfense de Lyon, par la municipalit de cette vjlle. Conv

  • 8/2/2019 La rvolution sociale, ou La dictature militaire (Bakounine, 1871)

    24/124

    19

    bien de souscripteurs sont-ils vepus? Si; peu quellespreneurs du patriotisme bourgeoiss/enjnonlretoteux-mmes

    humilis,dsols et dsesprs. > v. " -> s Et on f commndeau peuple,d'avoirconfiance en cette

    boirgoisiel Cetteconfiance,elle a le front,le cjnisme,dela

    demander,que dis-je,- de l'exiger elle-mme. Elle prtendgouverneret administrer seule cette rpublique qu'au fondde son cur elle!maudit. Au nom, deta rpublique, elles'efforcede' rtablir et de renforcer son autorit et, sa domi-nation exclusive, unmomentbranles. Elle s'est empare

    de toutes les fonctions, elle a rempli toutes !es places, n'enlaissant quelques-unes que pour quelquesQuvriers trans-fuges qui sont trop heureux de siger parmi Messiea rs les

    bourgeois. Et quel usagefont-ils dupouvoirdontils se sont

    empars ainsi? Onpeut en juger en considrant les "actesde

    votre municipalit. '- i-

  • 8/2/2019 La rvolution sociale, ou La dictature militaire (Bakounine, 1871)

    25/124

    m

    pourra jamais produire que des lectionsillusoires,anti-dmorerotiqueset absolumentopposesaux besoins,auxiiisliticts M

    la colonierelle des populations."(- 1 Toutesles' lections";qui,; depuisle' Coup-d'Etatde D-cembre; ont t faites'directement par le peuple de Franco,n'ont-elles pas t diamtralementcontraires aux intrts derepeuple, et la dernire cotation sur le plbiscite imprialn'a-t-ell:pardonnsept millions de *0l!I l'empereur? Ondira' sans"doutequele suffrageuniverselne fut jamais,libre-

    ment exerc dans J'empire; ta libert de la presse, celle del'association et des runions, conditions essentiellesdj

    libert politique,- ayantt proscrites, et le peupleayanttlivr sans dfense l'action corruptrice d'une presse,stipen-die et d'uneadministration infme. Soit, mais les lections

    de 1848 pour la Constituanteet pour la prsidence,et cellesde Mai 1849

    pourl'Assemblelgislative,furent absolument

    libres,' je pense.Elles sefirent en dehors de toute pressionou mmeinterventionofficielle, dans toutes les conditionsde l plus absolue;libert. Et pourtant qu'onl-clles produit?Rien que la raction. -l- " /'

    Undes premiers actes du gouvernementprovisoire,ditProudhon (1), celui dont il s'est applaudi le ptus, est l'appli-

    cation du suffrage universel. Le jour mme o le dcret a

    t promulgu,'nouscrivions ces propres paroles, qui pou-vaient alors passer pour'un paradoxe L suffrage univer*sel est l coni-riolution.' ~'Oit peut juger d'aprs l'-vnement, si nousnous sommestromps; Les lections de1848ont t faites,1 une immensemajorit, par les prtres,

    les lgitimistes,-parles dynastiques,par Joutc quela Fiancerenferme d plus. ractionnaire,'de plus rtrograde. Cela nepoivait tre autrement.1.. '>[ '''>'

    - Non,'celane pouvaittre, et aujourd'huieiico-e, cela riepourra pas tre autrement,-tant quel'ingalit desconditionsconomiqueset so'ciales'de la Viecontinueradeprvaloirdansl'organisationde la socit; tant que la socit continuerad'tre' diviseen deux"classes, dont Tune; la classe esploi-

    _.' "' ', ) .ix. -y- t, y,V^->' V\ (i)' Ides ltobttionHa'irtii;- " ;

  • 8/2/2019 La rvolution sociale, ou La dictature militaire (Bakounine, 1871)

    26/124

    21

    tante et privilgie, jouira de tous tes avantages.dela for-tune, de l'instruction et du loisir, et l'autre, -comprenant,toute la

    massedu proltariat, n'aura pourpartage queletravail manueltassommantet forc, l'ignorance,- la misreetleiw accompagnementoblig, l'esclavage, non de droit maisde fait.. .: -j

    Oui,l'esclavage, car quelques larges quesoient les droits

    V

    politiques:que vous accorderez cesmillions de proltairessalaris,vrais forats dela faim, vous ne parviendrez-jamais les soustraire l'influence pernicieuse, la domination,naturelle .des divers, reprsentantsde la classe, privilgie,

    commencer par le prtre jusqu'au. rpublicain bourgeoisleplusjacobin,le plus rouge; reprsentants qui, quelquedivi-ses qu'ils paraissentouqu'ils soient rellement entre .eux,dans les questions politiques, n'en sontpas. moins unis dansun intrt communet suprme celui de l'exploitation d la

    misre, de l'ignorance, de l'inexprience politique et de labonnefoi duproltariat, auprofit dela domination cono-miqued la classe possdante. f. i < ..il f .;

    Commentte proltariat des campagneset des villes pour-`

    rait-il rsister aux intrigues de la politique clricale, nobi-liaire et bourgeoise?Il n'a pour se dfendre qu'une arme,soninstinct qui tend presquetoujours, au vrai et aujuste,parce qu'il est lui-mmela principale, sinonl'unique victimede l'iniquit et de tous les mensongesqui rgnent- danslasocit actuelle, et parce qu'opprim parle privilge, il r-clame naturellement l'galit pourtous* ;.ji.Maisl'instinct n'est pas une arme suffisante pour sauve-

    garder le proltariat contre les machinations,ractionnaires

    ds classs privilgies. L'instinct abandonn lu-nime,ettant qu'il ne s'est pas encore transformen conscience"r-flchie, eh une pense clairement dtermine;se. laisse faci-,leroeht dsorienter,- fausseret tromper.AIais.il lui est ,1m-possibledes'lever, cette conscience de. lui-mme, sans,l'aide de l'instruction, de la science; t la science;la on--naissancedesaffaireset des hommes, l'exprience poljlique,manquent compltementauproltariat., La consquencetcstfacile tirer Le proltariat veut une'ch

  • 8/2/2019 La rvolution sociale, ou La dictature militaire (Bakounine, 1871)

    27/124

    22

    habiles, profitantde son ignorance, lui eh font faire une

    autre, sansqu'il se doutemmequ'il fait tout le contrairede"

    ce qu'il veut, et lorsqu'il s'en aperoit la fin,- ilest

    ordinai-'rcmerit trop tard pour,rparer le mal qu'il a fait et dont na-turellement, ncessairement et toujours, il est la premire etprincipale victime,

    C'est ainsi qnc les prtres, les.nobles, les grands propri-taires et toute cette 'administrationbonapartiste, qui, grce la niaiserie criminelle du gouvernement qui s'intitule le

    gouvernementde la Dfense nationale(1), peut tranquille-ment continuer aujourd'hui fcapropagande imprialiste dansles campagnes;c'est ainsi quelous ces fauteursde la francheraction, profilant de l'ignorance ciasse du paysan idelaFrance, cherchent le soulevercontre la rpublique en faveuf des Prussiens. Et ils n'y russissent que trop bien, h-las! Car ne 'voyons-nouspas des communes,non seulementouvrir leurs portes aux Prussiens, mais encore dnoncer et

    chasser tes corps-francsqui viennent pour lesdlivrer.Les paysans de France auraient-ils cess d'tre Franais? `~

    Pas du tout. Je pense mme que nulle pari, l patriotismepris dans le sens le plus troit et le plus exclusifde ce mot,ne s'est conserv aussi puissant, et aussi sincre queparmi eux; car ils ont plus que toutes les autres parties de

    la populationcet attachementau ,sol, ce culte de la terrerqui constitue la baseessentielle dupatriotisme. Comment sefait-it donc qu'ils ne veulent pas qu qo'ils hsitent encore se lever pour dfendre cette terre contre les Prussiens? Ahfc'est parce qu'ils ont t tromps et qu'on continu encore les tromper. Par une propagande machiavlique,commen-

    ce en 1848 par tes lgitimistes et par les orlanistes," dfrconcert avec les rpublicains modrs,CommeM.JulesFavreet O, puis continue, avecbeaucoupde succs,par la presset par l'administration bonapartiste, on est parvenu les,

    persuader que tes ouvriers socialistes, les partageui,- ne:spngent rienimoinsqu' confisquerleurs terres que l'em-

    (1>pieserait-ilpas plusiutedel'appelerle souvernemntde.> \f.ejr~. if:n.~sF!,p.l#sl"te.'11~.PP~l.e.r.!.i"ou"em~n'~r.d.&laruinede la France? ' t >>

  • 8/2/2019 La rvolution sociale, ou La dictature militaire (Bakounine, 1871)

    28/124

    23 ,y

    preur seul voulu et pu les' dfendre contre cette spolia-tion et quepour s'en venger,,les rvolutionnaire socialistes

    t'ont livr, lui et ses armes, aux Prussiens; mais,que le roide Prusse vient dse rconcilier a.Ye,c l'empereur, et qu'ille ramneravictorieux pour rtablir l'ordre en France.

    C'esttrs-bte, maisc'est ainsi. Dansbeaucoup,dis-je, dansla majorit des provincesfrancises, le paysan croit trs-sin-

    crement tout cela, Et c'est mmel'unique raison de son

    inertie et de son hostilit contrela rpublique.C'estun grandmalheur, car il est clair quesi les campagnes restent inertes,si les paysansde France, unis aux ouvriers des villes,ne se

    `

    lvent pas en masse pour chasser les Prussiens, la Franceest perdue. Quelquegrand que soit l'hrosme que dploie-ront les villes et tant s'en faut que toutes en dploientbeaucoup les villes,' sparespar les -campagnes,seront

    isoles commedes oasisdans Ic dsert. Elles devrontnces-sairement succomber. ,

    Si quelque chose prouve mes yeux la profondeineptiede e singulier gouvernement de la Dfense nationale, c'estqu ds le premier jour de son avnement a pquvoir, il

    n'ait pointprisimmdiatementtoutes!esmesures ncessaires

    pour clairer les campagnessur l'tat actuel des choseset

    pour provoquer, pour susciter partout te sdulvemnnt armdespaysans. Etait-il donc si difficile de comprendrecettechosesi simple, si vidente pour, tout le monde, que du

    soulvementen

    masse des paysans,uni colui

    du peupledes"

    villes, a dpendue dpend encore aujourd'hui te salut dela France?Mais! gouvernement de Paris et d Toufs a-t-itfait jusqu' ce jour une seule dmarche? A-t-ilpris un,oseule mesure pour provoquerle, soulvementdes paysans?,Il n'a rien fait pour les soulever, mais au contraire, il toutfait pour rendre/cesoulvementimpossible.Telje est si folieet son crime; folie et- crime,quipeuvent tuer la France, a

    Il a rendu le soulvement des campagnesimpossible, en"

    maintenant dans toutes les communesde France l'adminis-

  • 8/2/2019 La rvolution sociale, ou La dictature militaire (Bakounine, 1871)

    29/124

    24.

    tration municipalede l'empire ces mmes maires,jugesdepaix, gardes-champtres,sans oublier MM.'les crs, qui

    rt'ont t tris, choisis,institus et

    protgs parMM.les.

    prfets et les sous-prfets,aussi bien que pf les yqesimpriaux,que dans un seul but celuide servir contre touset contre tout, contre les intrts de la France elle-mme,les intrts de la dynastie; ces mmesfonctionnairesquiontfait toutes les lections de l'empire, y compris le'dernierplbiscite, et qui au mois d'Aot dernier, sous la direction v

    de M.Chevreau,ministre de, l'Intrieur dans le gouverne-ment Palikao,avaient soulev contre les libraux et*les d-mocrates de toute couleur, en faveur de NapolonM,,au'moment' mmeo c misrable livrait-la France tix Prris>siens, une croisade sanglante, une propagande' atroce, r-pandant dans toutes les communescette calomnieaussi ridi-cule qu'odieuse, que les rpublicains, aprs avoir pouss

    l'empereur cette guerre, se sont -allismaintenant contrelui avec les soldats de l'Alleman,,ne.

    0

    Tels sont les hommes quela mansutude ou la sottise

    galement criminelle du gouvernementde la Dfensenatio-nale ont laiss jusqu' ce jour la tte de toutes les coin-munes rurales de la France. Ces hommesj tellement com-promis que tout retour pour eux est devenu,impossible,peuvent-iis se dgager maintenant, et; changeant tout d'un

    coup de direction, d'opinion, de paroles, -peuvent-ilsagiricommedes prtis.anssincres' dela rpublique et du salut dela France1?Maisles paysansleur riraient au.nez.Ils sontdonc forcsde parler et d'agir, aujourd'hui, comme ils l'ontfait hier; forcsde plaider et de dfendre la canse de l'em-

    preurcontre Ja rpublique, de la dynastiecontre la France,et des Prussiens, aujourd'hui de l'empereur et d:sa

    dynastie, contre la' dfense"nationale.Voil ce qui expliquepourquoi toutes les communes, loin de rsister aux Pfus-siensi leur ouvrent leurs portes.1 v

    .J le rpte 'encore, c'est une grande honte, un grandmalheur et un immense danger pour la France, et toute lafauteen retombe sur le gouvernement de la Dfensenalio-nal,Si les choses continuent. de marcher ainsi, si l'on ne

  • 8/2/2019 La rvolution sociale, ou La dictature militaire (Bakounine, 1871)

    30/124

    23

    change pas au plus vite les dispositions' des campagnes,Si"l'on ri soulve pas tes paysans contre les Prussiens, la

    France est irrvocablementperdue;-ru *

    Mais commenttes soulever3 J'ai trait amplerient cettequestion dansune autre brochure (i). Ici je n'en dirai quepeu de mots. La premire condition sans doute, c'est la r-vocation' immdiate et en1 massede tous les fonctionnairescommunauxacluels, car tant que ces bonapartistesresteront

    enplace, il n'y aura rien faire. Mais'cette rvocation neSeraqu'une mesurengative. Elle est absolumentncessaire,mai5elle n'est pas suffisante".Sule paysan,nature raliste etdfiantes'il en fut, on' nepeut agir efficacementque par des

    moyenspositifs. C'est assez dire que tes defetset l'es pro-clamations, fussent-ils mme contresigns >partpus lesmembres, d'ailleurs lui inconnus, du gouvernement de l'

    `

    Dfensenationale,' aussibien que les articles de journaux,-

    0*01)1aucune prise sur lui. Le paysanne lit p_as.Ni son ima-ginslion, ni son cur ne sont ouverts aux'ides, tant queces dernires apparaissent sous une forme littraire ou abs-traite. Pour le saisir, les ides doivent se manifester lui

    par la parole Vivanted'hommes vivants et par la puissancedes faits. Alors il coule, il comprendcl finit par se laisserconvaincre. /,

    Faut-il envoyerdans les campagnesdes propagateurs, des

    aptres del rpublique? Le moyenne serait point mauvais;-seulehihl il prsente une difficult et deux dangers. Ladifficultconsist en ceci, c'est que te gouvernementde laDfense nationale, d'autant plusjaloux de son pouvoir, qiice pouvoir est nul,et, fidle son malheureux systme d

    centralisationpolitique dans Unesituation o cette centra-centralisationpolitique dans une situation ou cette centra-lisation est devenue absolument infaillible,voudrachoisir etnommi'lui-mmetous les ptres, ou bien ;il chargr.de

    ce oihses nouveaux'prfets et commissairesextraordi-^naifes, lotis; otfpresque'tous; appartenant la mme religion'politiqueque lui, 'est-'dire os, oupresque.toiis,; tant des

    rpublicains bourgeois, des avocats on ds rdacteurs de':r-=- -c. ,"!>'' (l)'lettres toi trtMisiUrh crise actuelle. Septembre'1870,

  • 8/2/2019 La rvolution sociale, ou La dictature militaire (Bakounine, 1871)

    31/124

    26

    journaux, des adorateurs soit platoniques et ce sont lesmeilleurs,mais non les plus senss soit trs-intresss,

    d'une rpublique dont ils ont pris l'ide non dans la vie,mas dans. les livres et qui promet aux une. la gloire avecla palme "du"martyr, aux autres des carrires brillantes etdes places lucratives; d'ailleurs trs-modrs; des rpubli-cainsconservateurs,rationnels et positivistes,comme,M.Gam-betta, et commetels ennemis acharns de la rvolutionet du

    socialisme, et adorateurs quand mmedu pouvoir de l'Etat.Ces honorables fonctionnairesde la nouvelle,rpublique

    ne voudront naturellement envoyer, commemissionnaires,dansles campagnes,que des hommes deleur propre trempe,et qui partageront absolumentleurs convictionspolitiques.Il en faudrait, pour toute la France, an moins quelques mil-liers, On diable les prendront-Us? Les rpublicains bour-geois sont aujourd'hui si rares, mmeparmi lajeunesseI Si

    >sraresque, dansune ville commeLyon, par exemple, on n'entrouve pas assez pour remplir les fonctions les plus impor-

    tanteset qui ne devraienttre confiesqu' des rpublicainssincres.

    Le premier danger consiste en ceci que si mme lesprfets et les sous-prfets trouvaient, dans leurs dpar-tements respectifs, un nombre suffisant de jeunes genspaf remplir l'office de propagateurs dans les campagnes;'ces missionnaires nouveaux seraient ncessairement, pres-que toujours et partout, infrieurs, et par leur intelligencervpiutionhaireet par l'nergie de leurs caractres, aax pr-fets et aux sous-prfets qui les auront envoys, con.me Cesderniers sont videmment,eux-mmes,infrieurs

  • 8/2/2019 La rvolution sociale, ou La dictature militaire (Bakounine, 1871)

    32/124

    27

    rdacteur du Progrs Lyon;"desgommes qui, au nom dela Rpubliqueferont la propagande de la raction. Pensez-

    vous, cher ami, quecela puissedonner aux

    paysansle

    gotde la Rpublique2 > i < vHlasje craindrais le contraire.Entre les ples adorateurs

    de la rpublique bourgeoise,dsormaisimpossible;-et le pay-,sande France, non posftivisteet rationnel comme M.Gaxn-

    betta, maistrs-positifet plein de bon sens, il n'y a rien decommun. Fussent-ilsmmeanims des meilleursdispositions

    du monde/ils verront chouer toute leur rhtorique litt-raire, doctrinaire et avocassire'devantle mutisme madr deces rudes travailleursdes campagnes.Cen'est pas chose im-possible, mais trs-difficileque de passionner les paysans.Pour celi, il faudrait avant tout porter en soi-mme tettepassion profonde et puissante. qui remue les meset pro- voqueet produit ce que dans la vie ordinaire, dans l'exisy

    tonce monotone de chaque jour, on appelle des miraclesdes miraclesde dvouement, de sacrifice,d'nergie et d'ac-tion triomphante. Les hommes de 1792 et de 1793, Dantonsurtout, avaient cette passion, e\ avec elle et parelle ilsavaientla puissance de ces miracles, ils avaient le diable aucorps et ils taient parvenus mettre le ^diableau corps atoute la nation; ou plutt ils furent eux-mem.esl'expres-s'ionla plus nergique de la passion qui animait l nation.Parmi tous les hommesd'aujourd'hui et d'hier qui compo-

    sent le parti radical bourgeoisde la France,' avez-vousren-contr ou seulement entendu parler d'un seul,- duquel on

    puisse dire

  • 8/2/2019 La rvolution sociale, ou La dictature militaire (Bakounine, 1871)

    33/124

    28

    torique, par l'apparition du socialisme rvolutionnaire.Nous avonstudi avecvous, cher ami, les reprsenlarUs

    de ce parti Lyon-mme. Nous les avons vus l'oeuvre.Qu'mt-ils dit, qu'ont-ilsfait, que font-ilsan milieude la'criseterrible qui menac d'engloutir la France? Rien que de lamisrableet petite raction. lis n'osent pas encore,faire la

    grande.'Deux semainesleur ont suffipour montrer au peuplede Lyon, qu'entre les autoritaires de la rpublique et ceuxde la monarchie, il n'y a de diffrenceque le nom. C'est lammejalousie d'un pouvoir,qui.dteste et craint le contrle

    populaire.-La mme dfiance du peuple, le mme entrane-ment et les mmes complaisances pour les classes privil-gies. Et cependant -M,Chaliemel-Lcour,prfet et aujour-d'hui devenu,grce la servile lchet de la municipalitde

    Lyon, le dictateur de- cette vifle, est' un ami intime de

    M, ambetta,son cher lu, le dlgu confidentiel et l'ex-pression fidle des penses les plus intimes de ce grand r-

    publicain, de cet hommeviril, dont la France attend aujour-d'hui btement son salut. Et pourtant M. Andrieux, aujour-d'hui procureur de la Rpublique, et procureur vraiment

    digne da ce nom,car il promet de surpasser bientt par sonzle ultra-juridique et par son amour dmesur pour l'ordre

    public, les procureurs les plus zls de l'empire, M.^An-driaux s'tait pos sous le rgime prcdent comme un

    libre-penseur,commel'ennemifanatiqueds prtres, commeun partisan dvou du socialismeet commeun amide l'tn-ternationale. Je pense mme que peu de jours avantla chute

    de. l'empire, il a eu l'insigne honneur d'tre mis en prison

    ce titre, et qu'il en a t retir par le peuplede

    Lyonen triomphe,! ' sCommentsefait-il que ces homme aient chang, et Jltte

    rvolutionnairesd'hier, ils soient devenusdes ractionnairessi rsolusaujourd'hui? Serait-ce l'effet d'une ambition sa-

    tisfaite, et parce que. se trouvant placs aujourd'hui,grce a unervolution populaire^ assez lucrativement,a>se>*oSil r-sulte que l'Etal rpblicjaWest tout aussi oppressif qtt'e

  • 8/2/2019 La rvolution sociale, ou La dictature militaire (Bakounine, 1871)

    37/124

    "32

    VEtat monarchique;.seulement, il n l'est poiul pour,tesclasses possdantes, il ne l'est .exclusivementquecontre le

    peuple., . ,> Aussinulle forme de gouvernement n'et-elle"t aussi

    favorableaux intris de la bourgeoisie, ni aussi aime decelle classe quela rpublique, si elle avaitseulement dansla situation conomiqueactuelle de l'Europe, la puissance

    de se maintenircontre }es aspirationssocialistes,de plus enplus menaanles,des masses ouvrires. Ce dont les bour-geoisdoutent,ce n'est. doncpasde la bont de la rpublique

    .qui est toute en leur laveur, c'est de sa puissancecommeEtat,ou de sa capacitde se maintenir et de les protger contre

    les rvoltes du proltariat, il n'y a pas de bourgeois qui nevous dise La rpublique est une belle chose, inalheureu-seoientelle est impossible; elle ne peut durer, parce qu'elle

    no trouvera jamais en elle-mn\e la puissance ncessairepour se constituer en Etat srieux, respectable, capable dese faire respecter et denous faire respecterpar les masses.Adorant la rpublique d'un amourplatonique, mais doutantde sa possibilit ou au rapins de sa dure, le bourgeois tendpar consquent se. remettre toujours sous la protectiond'une dictature militairequ'il dteste, qui le froisse, l'humi-lie el quif}nittoujours par Je ruiner tt pu tard, mais, quitui offre au moinstoutes les conditions de la force, de latranquillitrt:>nstes rues et de l'ordre public. ,\>.

    Celte prdilectionfajaje de ('immensemajorit^de la bour-geoisie pour le rgimedu, sabrefait le dsespoirdes .rpu-blicains bourgeois- Aussiont-ils faitet ils font prcisment

    -aujourd'hui des effortssurhumainspour luijaire aimerla r-publique, pour lui prouverque,, loin, de, nuire auxintrts

    de la bourgeoisie,elle leur sera au contrairetout-5-faft favo-rable, ce qui revient direqu'elle sera toujours opposeauxintrts, duproltariat, cl qu'elle, auratoute la force n-cessaire pour imposer au peuplele respect des lois, quiga-rantissent la tranquille, dominationconomiquecl politique

    -.des bourgeois.. i. ,>.Telle est aujourd'hui la proccupation principale de tous

    les membres du gouvernementdela Dfense nationale, aussi

  • 8/2/2019 La rvolution sociale, ou La dictature militaire (Bakounine, 1871)

    38/124

    33

    3

    bien que de tous les prfets, sous-prfets,avocatsde la R-

    publique et commissairesgnraux qu'ils ont dlgusdansles dpartements. Ce n'est pas autant de dfendrela France

    contre l'invasion des Prussiens, que de prouver aux bour-geois qu'eux, rpublicains et dtenteurs actuels du pouvoir

    ,de l'Etat, ont toute la bonne volont et toute la puissancevouluepour contenir les rvoltes du proltariat. Meltez-vos ce point de vue, et vouscomprendreztous les actes, autre-ment incomprhensibles, de ces singuliers dfenseurs etsauveurs de la France.

    Animsde cet esprit et poursuivantce'but, ils sont forc-ment pousss vers la raction. Commentpourraient-ils ser-vir et provoquer la rvolution, alors mme que la rvolutionserait, comme elle l'est videmment aujourd'hui, l'uniquemoyende salut gnral de la France? Ces gens qui. portentla mort officielleet la paralysie de toute action populaireeh

    eux-mmes, comment porteraient-ils le mouvement et lavie dans les campagnes? Que pourraient-ils dire aux pay-sans pour les soulever contre l'invasion des Prussiens, enprsence de ces curs, de ces juges de paix, de ces maireset de.ces gardes-champtres bonapartistes, que leur amourdmesur de l'ordre public leur commandede respecter, etqui font'et qui continueront de faire, eux, du matinjusqu'ausoif, et arms d'une influence et d'une puissance,d'actionbien autrement efficaceque la leur dans les campagnes,une

    propagandetonte contraire? S'efforceront-isd'mouvoirles

    paysans par des phrass, lorsque tous les faits seront op-poss ces phrass?'1

    V Sachez,-(e bien, le. paysana en haine tous ls gottyerh-

    ments, IIles supporte par prudence; il leur paie rgulire*mats Jes imptset souffre qu'ils lui prennent ses fils poufren faire des soldats,parce qu'il ne voit pas cornaient,il p'our-

    jaii faire autrement, et il ne prte la mainaauctinchange-ment, parce qu'il se dit quetoustes gouvernementsse valentet que le gouvernement nouveau, quelque nom qu'il sedonne, ne sera pas meilleur' quel'ancien, et parce qu'il veutviter les risques et les frais d'un*changement inutite. Detous les rgimes' d'ailleurs, le gouvernementrpublicain luiles, 1"- Si

  • 8/2/2019 La rvolution sociale, ou La dictature militaire (Bakounine, 1871)

    39/124

    34

    est le plus odieux, parce qu'il lui rappelle les centimes ad-ditionnels de 1848d!abrd, et qu'ensuite! on s'est occup

    pendant vingt ansde suite

    le, noircir.dansusonopinion".

    C'est sa bte noire, parce qu'il reprsente, ses yeuxler-ginae.dela violence exerce sans, aucunj:avantage*maisaucontraire avecla ruine matrielle. ;La rpublique, pour lui,c'est le rgne,de ce qu'il dteste,plus que tout aute ehpse,la dictature des avocatset des. bourgeois.de,ville, et dicta-ture pour dictature, il a le mauvaisgot de prfrer, celledu sabre.. , * : ,

    Commentesprer alors que des reprsentants offimk dela rpublique pourront le convertir la rpublique?, J^prj-qa'il se sentira le plus fort,. Mse moquera ^'eu-i et Je.s

    classera de son village}et; lorsqu'il sera le plusfaible,;il $Prenfermera dans son mutismeet dans son inerUe!:E.nvyerdes rpublicains bourgeois,> des avocatsou des rdate.urs

    dejournaux dans les campagnes, pour y faire la propagandeen faveurde la rpublique*ce serait donc,donner te coupdiegrce la rpublique. . -t < .>

    Maisalors que faire? Il n'y a qu'un seul moyen,c'est dervolutionner les campagnesaussi bien que les villes. Etquipeut le faire? La seute classe qui porte aujourd'hui relle-ment, franchement, la rvolution en son sein La"class dstraviilleurs des villes. (

    ' >V'yf~

    'Mais commentles travailleurs s'y prndroiu-iUjp*tir r-volutionner les campagnes?.nverront-iis dans chaqueVil-lfgedes'ovrersisols commeds aptresde la .rpubtqta?Majsofjpfendront-ils l'argent ncessaire ^ouftoUyjrlrS

    frais "e"tt pr.bpag'Bde?Il est vrai .queMS."(esp^fets,lC'sii-piitets,. et commissaires gnrauxD'ottrraie'rjt tesenvoyer,^u'x/.frais jje l'Etat. Mais alors ils n;sraien| plus

    /les digfts'lu.inondeouvrier, pais ceux de l'Etat, ce quiy

    changerait nguji^rmentleur caractre, leurrle,, et lana-ture mmede leur propagande,qiij deviendraitiJar.l-nmeh propaganden'oar^vpluUQnnair, mais forcement ac*tionnaire; car l premifchose, qu'ils seraient forcs, defaire, ce serait d'insptrf-ui paysans la ^oriflan'e''dahstoutes les autorits nouvellement''tablies ou'cbnsrye'par

  • 8/2/2019 La rvolution sociale, ou La dictature militaire (Bakounine, 1871)

    40/124

    -35

    l rpublique*donc'aussila confiancedans ce* autorils bd-napartistesdont l'action malfaisantecontinue de peser encore

    surles campagnes.D'ailleurs,;il est videntque MM.les pr-fets, les sous-prfetset les commissairesgnraux,confor-mment cette loi naturelle, qui fait prfrer chacunceqttr concordeaveclui t non ce qui lui est contraire, choisi-raient, pour remplir cerle de propagateurs dela rpublique,les ouvriers les moins rvolutionnaires,les: plu dociles oules plus complaisants.*Cesserait encore laraction sous laforme ouvrire; et nous l'avons dit; la rvolution seule peutrvolutionner les campagnes. >> . i '> i

    Enfin, il faut ajouter quela propagande individuelle, ft-e!!e mmeexerce parles hommesls plus rvolutionnairesdu monde, ne saurait avoir une trs-grande influencesurIcfspaysans".La rhtorique poureux n'a point de charme, et lesparoles lorsqu'elles ne sont pas la manifestation de.la force,

    et ne sont pas immdiatement accompagnespar: desfaits,ne sont pour eux que des paroles. L'ouvrier qui viendraitseul tenir desdiscours dansun village,courrait bien le risqued'tre bafou et chass commeun bourgeois.

    Que faut-il donc faire?. ,1 > j

    1} faut envoyer dans les campagnes, comme propa-gateurs de la rvolution, des Corps-Francs. M

    Rglegnrale Qui veutpropager la rvolution,doit tre`

    franchement rvolutionnaire lui-mme. Pour soulever les hommes, il faut avoir le diableau corps; autrement on nefait que desdiscoursqui avortent,oune produisent qu'unbruitstrile, non des actes. Donc, avant tout, les Corps-Francs

    propagateurs, doiventtre, eux-mmes,rylutionnairemeattinspirs et organiss. Ils doiventporter I S rvolutionen leursein, pour pouvoir l provoquer et la'sscter" parmi eux.Ensuite, ils doiventse tracer"unsystme',une ligne d* con-

    duite conformeatii but qu'ils"se proposent. S. '

    Quel est ce but? Ce'n'est pasd'imposer la*rvolution auxcampagnes,biais de l'y provoqueret de l'y susciter. Uner-volution impose, soit par des dcrets,officiels, soit. mainarme, n'est plus la rvolution, maisle contraire de tarvo,-

  • 8/2/2019 La rvolution sociale, ou La dictature militaire (Bakounine, 1871)

    41/124

    36

    lutioh, car elle provoque ncessairement la raction. Enmmetemps, les Corps-Francsdoiventse prsenterauxcam-

    pagnescommeune force

    respectableet

    capablede se faicer

    respecter) non sans doute pour !es violenter, mais pourleur ter l'envie d'en rire et de les maltraiter, avant,mmed les avoir couts,ce qui pourrait bien arriver des pro-pagatursindividuels et non accompagnsd'une force res-

    pectable. Les paysans sont quelque peu grossiers, et lesnatures grossires se laissent facilement entraner parleprestige et les manifestations de la force, sauf se rvoltercontre elle plus tard, si cette force leur impose des condi-tions trop contraires leurs instincts et leurs intrts,

    Voil ce dont les Corps-Francs doivent bien se garder.Ils ne doivent rien imposer et tout susciter. Ce qu'ilspeuvent et ce qu'ils doivent naturellement faire,c'est d'car-ter, ds l'abord, tout ce qui pourrait entraver le succs de

    la propagande. Ainsiils doiventcommencer par casser, sanscoup frir, toute l'administration communate, ncessaire-ment infecte de Bonapartisme, sinon de lgitimisme oud'orlanisme; attaquer, expulser et, au besoin, arrterMM.les fonctionnairescommunaux,aussi bien quetous les

    gros propritaires, ractionnaires, et M. le cur avec jis,pour"aucuneautre cause, queleur (otiwvencesecrteave lesPrussiens: L municipalitlgale doit tre remplacepfttpcomitrvolutionnaire, form d'un petit nombrede paysansles plus nergiques.et les plus sincrement convertis laRvolution.

    Maisavant de constituer/ce comit, il faut avoir prodoitune conversionrelle dansles dispositionssinon de tous les

    paysans; au moins de la graphe majorit. Jl faut quecettemajorit se passionne pour, l Rvolution,.Commentpro-duire ce miracle1 Par l'intrt.- Le paysan franais est eu*pide, dit-on; bh bien, il faut que sa cupidit elle-mmes'intresse 'la,.Rvolution.,11faut lui offrir, et lui, donnerimmdiatementde grands avantage^matriels, y*.

    ')'; .: ;:v :

    Qu'onne se rcrie pas contre l'immoralit*d'un pareilsystme. Parl tempsqui court et ri prsence des exemples

  • 8/2/2019 La rvolution sociale, ou La dictature militaire (Bakounine, 1871)

    42/124

    37

    que nous donnent tous les gracieuxpotentats qui tiennenten leurs mains tes destines de l'Europe, leurs gouverne-

    ments, leurs gnraux,leurs

    ministres,leurs

    hauts et basfonctionnaires,et toutes les classes privilgies.'clerg, no-blesse, bourgeoisie, oh aurait vraiment mauvaise grce dese rvolter contre lui. Ce serait de l'hypocrisie en pure.perte. Les intrts aujourd'hui gouvernent tout, expliquenttout. Et puisque les intrts matriels et la cupidit desbourgeois perdent aujourd'hui la France,pourquoi les int-rts et la cupidit des paysans ne la sauveraient-ilspas?RD'autant plus qu'ils l'ont dj sauve une fois;et cela en1792..

    Ecoutez ce que dit ce sujet le grand historien d laFrance, Michelet,que certes personne n'accusera d'tre unmatrialiste immoral(i)

    'fil n'y eutjamais un labour d'octobre, commecelui de 91;celui o le laboureur, srieusement averti par Varennesetpar Pilniu, songea pour la premirefois, roula en esprit sesprils, et toutes les conqutesde la Rvolutionqu'on' voulaitlui arracher. Son travail,anim d'une indigna'tionguerrire,tait dj pour lui une campagne en esprit, Il labourait .ensoldat, imprimait la charrue le pas militaire, et, touchentses btes d'un plus svre aiguillon, priait l'une,: ill laPrussel l'autre Vadonc, Autriche. Le bu mar-chait comme un cheval,le socallait pre et rapide, le noirsillon fumait, plein de souffle et plein de. vie.

    > C'est quecet hommene supportait pas patiemment dese Yoirainsi troubl dans sa

    possessionrfente, dans ce pre-mier momento la^igriit humaines'tait rveille en lui.Libre et foulantun champlibre,s'il frappait dpied, il semaitsous lui uneterre sans droit ni dtme,qui dj tait lui ouserait lui demain Plus deseigneurs! Tousseign'earsl1Tous rois, chacunsur sa terre^ le vieuxdictonralis{ 4

    Pauvre homme,en sa maison, Roi est. ' .6 (1) Histoiredela Rvolutionfranaise,par Michelet,tomeIH.

    ~..'

  • 8/2/2019 La rvolution sociale, ou La dictature militaire (Bakounine, 1871)

    43/124

    38

    ' En sa maison,et dehors. Est-ce quela France entiren'est pas sa maisonmaintenant?

    a.Et plus loin, en partant de l'effet produit sur les paysanspar l'invasion dBrunswick Brunswick,entr dans Verdun,s'y trouva si commod-

    ment qu'il y resta une semaine. L, dj, les migrs quientouraient le roi de,Prusse commencrent lui rappelerles'promesses qu'il avaitfaites.Ce prince avaitdit, .au d~part, ces tranges paroles (Hardenbergles entendit):c Qu'ilne se mlerait pas du gouvernement de la France, que seurlement il rendrait au roi l'autorit absolue. Rendre au roila royaut, les prtres aux glises,lespropritsaux propri-taires, c'tait toute son ambition.Et pour tous.ces bienfaits,que demandaitil Ja France? Nullecession de territoire,rien que les frais d'une guerre entreprise pour la sauver.

    Ce.petit

    mot rendre lesproprits,

    contenaitbeaucoup.Le grandpropritaire tait le! clerg;il s'agissaitde lui res-tituer unbiende quatre milliards, d'annuler les ventes quis'entaient faitespoxiri^jnttliarj ds.janvier 9f, et qui depuis^en neufmois,s'teh'tnormmentaccrues. Que devenaientune jnfihit 'd' contratsdont cette opration avait't l'oc-casion"directe o| indirecte? Ceti'taient pas seulement(lesq^i'ur"qui taient lss,mais"ceux,qui leur prtaient del'argent, maistes ss-aqtirurs,auxquelsis avaientvendu,une fouled'autres prsrines. .tan gfnd peuple,et vritablementattach la Rtolulonpar unintrt t'spc{\.table. Cesproprits, dtournesdepuisplusieurs siclesdubut des pieux fondateurs,la JlvolutiQn\? avait rappel^ leur destinationvritable,l

    s v' t ".* Aces mots significatifsde restauration des prtres, de

    restitution, etc., l paysan dressa l'oreille et comprit que

  • 8/2/2019 La rvolution sociale, ou La dictature militaire (Bakounine, 1871)

    44/124

    39

    c'tait toute la contre-rvolution qui entrait en France,qu'une mutation immense et des choseset des personnes!allaitarriver: Tousn'avaient pas de fusils,maiscette quien eurent eh prirent qui avait une fo.ufcheprit la fourche,et qui unefaui, unefaux".:4-Un phnomneeut lieu sur laterre de France, Elle parut change tout coup au passagede l'tranger. Elle devint un dsert. Les grains disparurent,et commesi untourbillon les et emports, ils s'en allrent l'ouest. 11ne resta sur la route qu'une chosepour l'ennemiles raisins Verts,-la' maladieet la mort. : Et encoffrplus loin, Michelettrace c tableaudu soulve-

    ment des paysans de la France :.* .

  • 8/2/2019 La rvolution sociale, ou La dictature militaire (Bakounine, 1871)

    45/124

    40

    t Pourquoi les paysanss'taient-ilssoulevsenmassecontreles Prussiens en 1792, et pourquoi restent-ils non-seule-mentinertes, mais plutt favorables ces mmes Prussiens,

    contre cette mme Rpublique,aujourd'hui? Aht c'est que,pour eux, ce n'est plus la muie Rpublique.La Rpubliquefonde par la Conventionnationale, le 21 septembre 1792,tait une Rpubliqueminemmentpopulaire;et rvolution-naire'.Elle,avait offert au peuple un intrt immense, ou,commedit Michelel,respectable.Par la confiscation'enmassedes biens de l'Eglised'abord, et plus tard de la noblessemi-gr ou rvolt, ou souponneet dcapite, elle lui avaitdonn la terre, et pour rendre la restitution de cette terre ses anciens propritaires impossible,le peuples'tait leven masse, tandis que la Rpublique actuelle, nullement'tpopulaire, mais au contraire pleine d'hostilit et de dfiancecontre le peuple, Rpubliqued'avocats, d'impertinents doc-

    trinaires, et bourgeoise s'il en fut, ne lui offrerien que desphrases, un surcrot d'imptset des risques, sansla moindrecompensationmatrielle.

    Le paysan,lui aussi,ne croit pas en cette Rpublique,maispar une autre raison que les bourgeois.Il n'y croit pas pr-cisment parce qu'il la trouve trop bourgeoise, trop favo-rable aux intrts de la bourgeoisie, et H.nourrit au fpnd deson cur contre ls bourgeoisune haine sournoise qui, pourse manifester sous une forme diffrente, n'est pas moinsintense que la haine des o'uvrirs des villes contre cetteclasse devenueaujourd'hui si peu respectable. - ''

    Les paysans,l'immense majoritdes paysansau moins, nel'oublionsjamais, quoique devenus propritaires en France,n'en

    vivent pasmoinsdu travail deleurs bras. C'est lce

    quiles spare foncirementdela classe bourgeoise,dont la plusgrande majorit vit de l'exploitationtycrativedu travail desmassespopulaires;et ce qui l'unit, d'un aujre ct, auxtra-vailleursdes villes, malgr la diffrence de leurs positions,toute au dsavantagede ces derniers, et la djffrened'id^es,les malentendusdans les princip'esquien rsultent roai|ne-reusement trop souvent.

    Cequi loignesurtout les paysansdes ouvriers des villes,

  • 8/2/2019 La rvolution sociale, ou La dictature militaire (Bakounine, 1871)

    46/124

    41

    c'est une certaine aristocratie d'intelligence,d'ailleurs trs-mal fonde, que les ouvriers ont le tort d'afficher souventdevant eux. Les ouvriers sont sans contredit plus lettrs;

    leur intelligence, leur savoir, leurs ides sont plus dvelop-ps. Au nomde cette petite supriorit scientifique,il leurarrive quelquefoisde traiter les paysansd'en haut, de leurmarquer leur ddain.Et, commeje l'ai dj faitobserver dansun autre crit(l), les ouvriers ont grand tort, car ce mmetitre, et avec beaucoup plus de raison apparente, lfesbour-

    geois, qui sont beaucoupplus savantset beaucoup plus d-

    t veloppsque les ouvriers, auraient encore plus le droit de

    mpriser ces derniers. Et ces bourgeois, commeonsait, ne

    manquent pas.de s'en prvaloir.Permettez-moi,cher ami,de rpter ici quelques pages de

    l'crit queje viens de citer Les paysans, ai-je dit dans cette brochure, considrent

    les ouvriers des villes comme ds partageux, et craignentque les socialistes ne viennent confisquer leu^' terre qu'ilsaiment au-dessus de toute chose. Que doivent doncfaireles ouvriers pour vaincre cette dfiance et cette nimositcontre eux? D'abord, cesser de leur tmoigner leur mpris,cesser de les mpriser. Celaest ncessaire pour le salut dela Rvolution,car la hainedes paysansconstitue un immense

    danger. S'il n'y avait pas cette dfiance et cette haine, laRvolutionaurait t faite depuis longtemps, car l'animosit

    qui existe malheureusementdans les campagnescontre lesvilfesconstitue non-seulementen France, mais dans.tous les

    pays,Ja base et la force principalede la raction. Donc.;dansl'intrt de la Rvolutionqui doitles manciper,les ouvriers

    doivent cesserau

    plusvite de

    tmoigner ce mprisaux

    paysans. Ils le doivent par justice, car vraiment ils n'ontaucune raison pour les mpriser et pour les dtester. Les

    paysansne sontpas desfainants; cesont derudestravailleurscommeeux-mmes;-seulement ils travaillentdans des condi-

    tions diffrentes.Voiltout. En prsenceditbourgeoisexploi-teur, l'ouvrier doitse sentir lefrre du paysan.

    w

    - . K

    (1)Lettres unFranaissurla criseactuelle.Septembre1810.

  • 8/2/2019 La rvolution sociale, ou La dictature militaire (Bakounine, 1871)

    47/124

    42

    Les paysans marcheront avec les ouvriers des villespour le salut de, la patrie aussitt qu'ils seront convaincus'

    quelesouvriersdes villesne

    prtendentpasleur

    imposerleur

    volontni un oidre politiqueet socialquelconque,inventparles villes pourla plusgrande flicit des campagnes;aussittqu'ils auront acquisl'assurance queles ouvriers n'ont ac-netnntl'intentiondeleurprendre leur terre..

    > Eh bien1il est de toute ncessit aujourd'hui que lesouvriers renoncent rellement cette prtention et cetteintention, et qu'ils y renoncent de manire ce que lespaysansle sachent et en demeurent rellement convaincus.Les ouvriers doivent y renoncer, car alors mme que desprtentions pareilles seraient ralisables, eUesseraient sou-verainement injustes et ractionnaires; et maintenant queleur ralisationest devenue absolumentimpossible, elles neconstitueraientqu'une criminellefolie.

    De quel droit les ouvriers imposeraient-ilsaux paysansune formede gouvernement ou d'organisation quelconque?Du droit de la rvolution, dit-on. Maisla rvolution n'estplus rvolution,lorsqu'au lieude provoquer la libert dansles masses, elle suscite la ractiondans leur sein.. Le moyenet la condition,sinon le but principal de la rvolution/c'estl'anantissement du, principe de l'autorit dans toutes sesmanifestationspossibles, c'est l'abolition compltede. l'Etatpolitique et juridique, parce que l'Etat, frre del del'Eglise, commel'a fort bien dmontrProudhon, est la con*scration historiquede tous les despotismes, de tous les pri-vilges,la raison politiqcde. tous les asservissements,co-nomiques et sociaux;l'essence mmeet le centre de 'toute

    raction..Lorsqu'au nomde la Rvolutionon veut faire ?dl'Etat, ne ft-ceque del'Etat provisoire,on fait dela ractionet ontravaille pour le despotisme non pour la libert pourl'institution du privilgecontre l'galit.' -s '>-

    C'est clair commele jour. Mais les ouvriers socialistesde la France, levs dans les traditions politiquesdes Jaco-bins, n'ont jamaisvoulule comprendre. Maintenantils seront

    forcs de le comprendre, par bonheur pour la Rvolutionetpour eux-mmes.D'oleur est venue cette prtention ,au,ssi

  • 8/2/2019 La rvolution sociale, ou La dictature militaire (Bakounine, 1871)

    48/124

    43

    ridicule qu'arrogante, aussi injuste que funeste, d'imposerleur idal politique et social dix millions de paysansqui*En'en veulent

    pas?C'est videmment encore un hritage:

    bourgeois, un legspolitiquede rvolulioonarismebourgeois,Quel est le fondement,l'explication;la thorie de cette pr*>tention? C'est la supriorit prtendue ou relle d l'inielli- >

    gence, de l'instruction,en un mot de la civilisationouvrirejsur la civilisationdes campagnes;Maissavz-vousqu'avec untel principe on peut lgitimer toutes les conqutes,consa-crer toutes les oppressions? Les bourgeois n'en ont jamaiseu d'autre pour prouver leur mission de gouverner}ou, cequi veut dire la mme chose, d'exploiter le monde ouvrier,' 1De nation nation, aussi bien que d'une classe uneautre,ce principe fatal, et qui n'est autre. quecelui de l'autorit,expliqueet pose comme un .droit tous les envahissementset toutes les conqutes. Les Allemandsne, s'en sontrjls pas

    toujours servis,pour excuter tous leurs attentats,contre lalibert et contre l'indpendancedes peuplesslaves, et pouren lgitimer,1a germanisation violente et force?;.C'est,disent-ils, la conqute de la civilisation sur t la" barbarie.Prenez garde; les Allemands commcnqent s'apercevoiraussi que la civilisationgermanique protestante est biensuprieure la civilisationcatholique,reprsente en gnral,par les peuples de race latine, \ la civilisationfranaise enparticulier, Prenez garde qu'ils ne .s'imaginetitbienttqu'ils,ont la missionde vous civiliseret de_vous rendre heureux;comme vous vousimaginez,vous, avoir l mission'decivi-Useret d'mancipervoscompatriotes;vos frtes, Jespaysansde la France. Pour moi,l'une et l'autre; prtention sont

    galement odieuses, e.tje vous dclare quej tant dans,ls.rapports internationaux que dans lef rapppfts d'unQ.cl^sseune autre, je .serai toujours.;di| c"t,)dejQeuxtm'onjrojKlfkciviliserpar ce procd. Je mRvolteraiavec.e^ojiUr'

    '`

    tous ces civilisateursarrogants*qu'ils s'pppeljent)e$oyriierou les Allemands,et, en me rvp.Uantopfreeux,,je serval

    la rvolutioncontre la raction.. . ..

  • 8/2/2019 La rvolution sociale, ou La dictature militaire (Bakounine, 1871)

    49/124

    44

    tontes les intrigues de ta raction? Point du tout. Il fautcraser la raction dans les campagnes aussi bien que dansles villes';mais il faut pour cela l'atteindre dans les faits, et

    ne paslui faire la guerre coups de dcrets. Je l'ai djdit,on n'extirpe rien avecles dcrets. Au contraire, les dcretset tous tes actes de l'autorit consolident ce qu'ils veulentdtruire.

    Aulieu de vouloirprendre auxpaysansles terres qu'ilspossdent aujourd'hui, laissez-les suivre leur instinct na-turel, et savez-vousce qui arrivera alors? Le paysan veutavoir lui toute la terre; il regarde le grand seigneur et leriche bourgeois,dont les vastes domaines, cultivs par desbras salaris, amoindrissent son champ, comme des tran-gers et des usurpateurs. L Rvolutionde 1789 a donn auxpaysans les terres de l'Eglise; ils voudrontprofiter d'uneattire rvolution pour gagner cellesdela noblesseet de la

    bourgeoisie, '7> Mais si cela arrivait, si les paysans mettaient la mainsur toute la portion d sol qui ne leur appartient pasencore, n'aurait-on pas laiss renforcer par-l d'une, ma-nire fcheuse le principe de la proprit individuelle,etles paysans ne se trouveraient-ils pas plus que jamaishostiles aux ouvriers socialistes des villes't

    Pas du tout, car* une fois l'Etal aboli, la conscrationjuridiqueet, politique,la garantie de la propritpar l'Etat,leur manquera. La propritne sera plus un droit, elle serarduite l'tat d'un simple fait.

    Alorsce sera la guerre civile, direz-v6us. La propritindividuelle n'tant plus garantie par aucune autorit sup-

    rieure, politique, judiciaire et policire, etn'tant plus dfendue que par la seule nergie du pro-pritaire, chacunvoudra s'emparer du bien d'autrui, les plusforts pilleront ls plus faibles/

    II est certain que, ds l'abord, les choses ne se passe-ront pas d'ute' manireabsolument pacifique il y aurade$ luttes; l'ordre public, cette arche sainte des bourgeois,sera troubl, et les premiersfaits qui rsulteront d'un tatde choses pareil pourront constituer ce qu'on,est convenu

  • 8/2/2019 La rvolution sociale, ou La dictature militaire (Bakounine, 1871)

    50/124

    45

    d'appeler une guerre civile. Mais aimez-vous mieux livrerla France aux Prussiens"? i.> v

    i D'ailleurs,ne craignez pas que lwes paysanss'entre-

    dvorent; s'ils voulaient mme essayer de te faire dans le-commencement,ils ne tarderaient pas se convainr-de

    l'impossibilit matrielle de persister dans cette voie,-etalors on peut tre certain qu'ils tcheront de s'entendre, detransiger et de s'organiser entre eux. Le besoin de mangeret de nourrir leurs familles,et par,consquent la ncessitde continuer les travaux dela campagne,la ncessit dega-

    >rantir leurs maisons, leurs familles et leur propre viecontre des attaques imprvues, tout cela les forcera indu-bitablement entrer bientt dansles voies des arrange-ments mutuels. :.

    Et ne croyezpas non plus que dans ces arrangements,amensen dehors de toute tutelle officiellepar la seule force

    des choses, les plus forts, les plus riches exercent ut.einfluenceprdominante.La richesse des riches, n'tant plusgarantie par les institutionsjuridiques, cessera d'tre une

    puissance. Les riches ne sont si influents aujourd'hui queparce que, courtiss par les fonctionnaires de l'Etat,- ilssont spcialement pVotgs par l'Etat. Cet appui venant leur manquer, leur puissance disparatra du mme coup.Quant aux plis madrs, aux plus forts, ils seront annuls

    par la puissance collective de la masse des petits et des

    trs-petits paysans, ainsi que des proltaires des campa-gnes, masse aujourd'hui rduite la souffrance maette,

    mais que le mouvement rvolutionnaire armera d'une irr-sistible puissance. >;

    Je ne prtends pas, notez-le bien, que les campagnesqui se rorganiseront ainsi, de bas en haut, creront du

    premier coup une organisationidale, conforme dans tousles points celle que nous rvons, Cedontje s,uisconvaincu/c'est que ce sera une organisation vivante, et, cotnroetelle,suprieure mille fois ce qui existe maintenant. D'ailleurs,cette organisation nouvelle restant toujours ouverte . la

    propagandedes villes, et ne pouvantplus tre fixe et pourainsi dire ptrifie par la. sanctionjuridique de l'tat, pro-

  • 8/2/2019 La rvolution sociale, ou La dictature militaire (Bakounine, 1871)

    51/124

    46

    gressera librement, se dveloppantet se perfectionnantd'unemanireindfinie, maistoujours vivante et libre,jamats d-

    crte ni lgalise,jusqu' arriver un point aussi raison.nable qu'on peut l'esprer de nos jours. Commela vi&et l'action spontanes, suspendues pen-

    dant des sicles par l'action absorbante de l'Etat, serontrendues aux communes,il est naturel que chaque communeprendra pour point!de dpart' de son dveloppement nou-veau, non l'tat intellectuel et moral dans lequel la fictionofficiellela suppose, maisl'tat rel de sa civilisation; etcommele degr de civilisationrelle est trs-diffrententreles communes de France, aussi bien qu'entre celles del'Europe ri gnral; il en rsultera" ncessairement unegrande diffrencede dveloppements; mais l'entente mu-

    .lueile, l'harmonie, J'quilibre tabli d'un commun acecord

    remplaceront:l'unit artificielleet

    violentedes Etats.

    Uyyaura une vie nouvelle etj un. monde nouveau..Vous me direz Maiscelte agitation rvolutionnaire,,cette 'laite intrieure qui 'doit naitre ncessairement de ladestruction d'esinstitutions politiques et juridiques, ne pa-ralyseront-elles pas la dfense nationale,et, au lieu de re-pousser'les Prussiens, ri'attra-l-on pas au contraire livr laFrance l'invasion?

    Point do tout. L'histoire nous prouve que jamais lesnations n se montrrentatissi puissantes au dehors quelorsqu'ells se' sentirentprofondmentagites et troubles l'intrieur; et qu'au contraire elles ne furent jamaisaussifaibles que lorsqu'elles apparaissaient unies et tranquilles

    sous une autorit quelconque.Au

    fond, riende

    plusna-

    turel la lutt, c'est la penseactive, c'est la vie, et cettepense ative et vivante, c'est la force. Pour vous en con-vaincre, comparez entre eUes quelques poques de votrepropre histoire, Mettez en regard la France sortie de la

    Fronde, -dveloppe, aguerrie par les luttes de la Fronde,sous (a jeunessede Louis XIV,et la France desa vieillesse,la monarchiefortement tablie,unifie,pacifiepar le grandroi: la premire.toute resplendissantede victoires, la se-conde marchant de dfaite en dfaite la ruine, Comparez

  • 8/2/2019 La rvolution sociale, ou La dictature militaire (Bakounine, 1871)

    52/124

    47

    d mme la France de 1792 avec la France d'aujourd'hui.Si jamaisla Francea t dchire par la guerre civile, 0'es.tbien en 1792et 1793; le mouvement,la lutte,- une lutte

    vie et mort se produisait sur- tous les points de laRpublique, et pourtant la France a repouss victorieu-sement l'invasionde l'Europe presque tout entire coalisecontr elle. En1870, la France unie et pacifiede l'em-

    pire est battue par les armes de l'Allemagne,et se montredmoralise au point qu'on doit trembler pour son exis-tence. '' '' -

    I:i se prsente une question La rvolution de 1792etde 1793 a pu donner aux paysans, non gratis, mais un

    prix trs-bas, les biens nationaux, c'est--dire les terres del'Eglise et de la noblesse migre, confisques par l'tat.

    Mais,Objecte-t-on, elle n'a plus rien

    donner aujourd'hui.Oh que si; l'Eglise, les ordres religieux des deux sexes,grce la connivencecriminellede la monarchie lgitime etdu second empiresurtout, ne sont-ils pas redvenus for