la revolution française

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Dossier pédagogique Histoire Collège - Lycée Un dossier proposé par Zérodeconduite.net En partenariat avec L’Agence Cinéma Education La Révolution française Double DVD - TF1 Vidéo - 2009 Première partie : Les Années Lumière de Robert Enrico (Durée : 166 mn) Deuxième partie : Les Années terribles de Richard T. Heffron (Durée : 154 mn) Date de la sortie en salles : 1989

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la revolution française

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Page 1: la revolution française

Dossier pédagogique

HistoireCollège - Lycée

Un dossier proposé par Zérodeconduite.net En partenariat avec L’Agence Cinéma Education

La Révolution françaiseDouble DVD - TF1 Vidéo - 2009Première partie : Les Années Lumière de Robert Enrico (Durée : 166 mn)Deuxième partie : Les Années terriblesde Richard T. Heffron (Durée : 154 mn)

Date de la sortie en salles : 1989

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Ce dossier est réservé aux établissements acheteurs du DVD avec ses droits institutionnels, commercialisé par l’Agence Cinéma Education.Crédits Photo La Révolution française : TF1 Vidéo, tous droits réservés

Dossier rédigé par Valérie Marcon, Hélène Chauvineau et Francis Larran.

Dossier coordonné par Vital Philippot pour Zérodeconduite.net

SOMMAIRE

Introduction générale ........................................................ p. 3

Les Films

Les Années Lumière.......................................................... p. 4

Les Années terribles............................................................ p. 8

Activités

Séquences........................................................................... p. 19

Evénements........................................................................ p. 22

Personnages....................................................................... p. 24

Thèmes.............................................................................. p. 32

Documents complémentaires............................................. p. 38

Pour aller plus loin

Entretien avec Annie Duprat .............................................. p. 40

Entretien avec Sylvie Dallet................................................ p. 43

Analyse comparée : La Marseillaise................................... p. 46

Analyse comparée : Danton................................................ p. 48

Analyse comparée : Marie Antoinette................................. p. 50

2 Dossier pédagogique

AU PROGRAMME

Au Collège en classe de Quatrième : 2e partie Histoire : la période révolutionnaire de 1789 à 1815 ; il est recommandé de mettre l’accent sur « les épisodes majeurs et les principaux acteurs de la période révolution-naire […] en insistant sur la signification politique et sociale de chacune des phases retenues ». La réécriture des programmes en fonction du socle commun de connaissances et de compétences insiste elle sur : « les événements fondateurs, les principaux acteurs et grandes figures. On insiste sur des points clés de la période : la chute de l’Ancien Régime politique et social en 1789, l’accélération des événements et des expériences politiques entre 1792 et 1794 […] ».

Au Lycée, en classe de Seconde : 5e partie Histoire : la Révolution et les expériences politiques en France jusqu’en 1851. Le programme met l’accent sur la rupture avec l’Ancien Régime et demande d’ « évoquer les grands repères chronologiques, les moments forts et les acteurs de cette période ». « Il faut mettre en valeur les principes qui fondent la Révo-lution française (droits de l’homme, égalité civile, liberté, nation…) en s’appuyant sur les textes fondamentaux de la période (DDHC par ex) et sur une chronologie montrant comment et par quelles forces sociales ces principes sont mis en œuvre ».

Page 3: la revolution française

— Pourquoi, Alexandre Mnouchkine, après tant de films produits par vous, celui-là, aujourd’hui ?— Parce que je croyais que c’était impossible.

Ainsi répondait le grand producteur d’origine russe, en octobre 1989, à la veille de la sortie du premier volet du diptyque, La Révolution française, à un journaliste.

Il paraissait jusque-là impensable en effet de pouvoir résumer en un film (ou même deux) cette histoire foisonnante et heurtée ; impossible de réconcilier les visions antagonistes de cet événement fondateur de la mémoire nationale… Mais l’ambition d’Alexandre Mnouchkine était précisément là : proposer une narration continue et une vision unifiée des événements, quand tant de films avaient été consacrés à tel ou tel aspect, période, personnage de la Révolution française.

Il savait que le projet bénéficiait d’un formidable atout : la perspective du bicentenai-re de 1989. Les producteurs Mnouchkine et Antoine de Clermont-Tonnerre parvin-rent ainsi à convaincre les financiers de l’intérêt de proposer au public cette grande fresque ; ils obtinrent de l’Etat français les moyens pour la porter à l’écran : soutien financier bien sûr mais surtout logistique (décors — à commencer par le château de Versailles —, armées de figurants — au sens propre, puisque le Ministère de la Défense dépêcha des bataillons d’appelés —, etc).

Arrivant en queue de comète des célébrations (à l’automne 1989), le film ne rencontra qu’un succès mitigé au box-office, loin des ambitions de ses initiateurs.Mais il entama quasi-immédiatement une seconde carrière auprès du public des passionnés d’histoire et des enseignants…

Vingt ans après on le redécouvre aujourd’hui, à la faveur d’une édition DVD remas-térisée.

Du point de vue de l’historien (nous en avons interrogé deux), les deux films ont leurs défauts, bien sûr : un découpage chronologique — forcément — discutable, l’omission — inévitable — de nombreux épisodes, la focalisation — nécessaire — sur un petit nombre de protagonistes, le caractère exclusivement parisien de l’action (au détriment d’événements comme la révolte vendéenne).

Mais ces lacunes, inhérentes au projet, ne remettent pas en cause ses qualités : soin apporté à la reconstitution et à la mise en scène, puissance de l’interprétation (Jean-François. Balmer en Louis XVI, Sam Neil en La Fayette, le trio Robespierre-Danton-Desmoulins), clarté et fluidité de la narration…

Par ces qualités, La Révolution française (Les Années Lumière de Robert Enrico et Les Années terribles de Richard T. Heffron) se révèle un support pédagogique d’une remarquable utilité pour les enseignants.

Dans ce dossier pédagogique, nous avons voulu leur proposer un certain nombre d’outils pour les aider à tirer le meilleur parti du film avec leurs classes :

— La première partie (Les films) offre un séquencier complet et détaillé des deux long-métrages, qui permettra au professeur de retrouver immédiatement, dans les cinq heures et quelques de film, l’extrait qui l’intéresse.

— La seconde partie (Activités) propose une série de questionnaires en rapport avec les objets d’étude définis par les programmes (Quatrième, Seconde) : études de séquences entières, mais aussi parcours dans l’œuvre (choix d’extraits à l’appui) autour de personnages (La Fayette, Danton, le roi…) ou de thématiques (le peuple, les expériences politiques)

— La troisième partie (Pour aller plus loin) s’efforce de replacer l’œuvre dans son contexte historique : en interrogeant les deux spécialistes que sont les historiennes Annie Duprat et Sylvie Dallet, mais également en confrontant les films d’Enrico et Heffron à d’autres visions cinématographiques de la Révolution.

Nous espérons que ce dossier vous apportera toute satisfaction.

Si vous y trouvez des erreurs ou des imprécisions, si vous souhaitez nous proposer des améliorations, ou tout simplement nous faire part de votre avis, n’hésitez pas à nous contacter !

Vital [email protected]

3 Dossier pédagogique

INTRODUCTION

Page 4: la revolution française

LES ANNÉES LUMIÈRELES FILMS

4 Dossier pédagogique

Fiche techniqueRéalisation : Robert Enrico Scénario : David Ambrose, Daniel Boulanger, Robert EnricoPhotographie : François Catanné et Bernard ZitzermannMontage : Anne BaronnetMusique : Georges DelerueDécors : Jean-Claude GallouinSon : Bernard Le Roux, Jean-Charles Ruault et Claude Villard

Production : Alexandre Mnouchkine, Les Films Ariane

Fiche artistiqueAvec : Jean-François Balmer (Louis XVI), Jane Seymour (Marie-Antoi-nette), Peter Ustinov (Mirabeau), Sam Neil (La Fayette), Michel Du-chaussoy (Bailly), Klaus Maria Brandauer (Danton), Andrzej Seweryn (Robespierre), François Cluzet (Desmoulins), Vittorio Mezzogiorno (Marat), Claudia Cardinale (la duchesse de Polignac), Marie Bunel (Lucile Desmoulins)…

Première Partie - Les Années LumièreDate de sortie en salles : 1989

Durée : 2 h 46

Chapitres DVD

GénériqueLes menus plaisirsLa prise de la BastilleLe Roi à ParisL’abolition des privilègesAux armesVersailles, 6 octobre 1789La Fête de la FédérationLa fuite du roiBientôt la guerreAux armes citoyens

Page 5: la revolution française

Chapitre DVD Minutage Descriptif de l’action Pistes pédagogiques AnnéeGénérique 0’-1’35 A Paris en 1774, Robespierre et Desmoulins enfants

entrevoient le roi.Thème : Etude des causes de la Révolution(0’-21’25) : causes sociales et économiques.> Séquence étudiée (jusqu’à 1h29) p. 19 :« De la contestation à la crise de l’Ancien Régime »

1774

2’05-4’30

4’30-6’00

6’00-6’35

Bal dans la Galerie des Glaces à Versailles en 1788

Necker propose à Louis XVI la convocation des Etats généraux pour pallier les difficultés financières du royaume.

Marie-Antoinette frivole dans sa ferme, avec ses enfants.

Thème : Le Château de Versailles symbole du pouvoir absolu du roi.Thème : Les difficultés financières de la mo-narchie

1788

6’35-8’00 La rédaction d’un cahier de doléances par Desmoulins Texte : des extraits de cahiers de doléances 1789

8’00-10’10 Desmoulins arrive à Paris et assiste au pillage d’une boulangerie.

Thème : Cause de la Révolution : crise des subsistances (mauvaises récoltes)Etudier en parallèle un graphique sur le prix du blé à cette époque

10’10-11’50

11’50-12’45

Discussion Danton-Mirabeau sur le vote par tête, et manifestations

Danton est avocat ; il est intéressé par l’argent.

Thème : Cause sociale de la Révolution : la noblesse accapare les charges les plus inté-ressantes

12’45-15’25 Echauffourées à cause des subsistances Thème : Crise des subsistances

Les menus plaisirs

15’25-17’30 Versailles 5 mai 1789 : ouverture par le roi des Etats généraux. Chacun des trois ordres doit délibérer séparément.

Thème : Définition de la monarchie absolue> Séquence étudiée (jusqu’à 21’25) p. 20 :« La rupture avec l’Ancien Régime »

17’30-20’00 Retrouvailles entre Desmoulins et Robespierre.

LES ANNÉES LUMIÈRELES FILMS

5 Dossier pédagogique

NB pour la colonne Pistes pédagogiques : En rouge : renvoi au dossier> Evénement étudié p.En bleu : piste non développée dans le dossierIcono. : la prise des Tuileries.

Page 6: la revolution française

6 Dossier pédagogique

20’00-20’40 Mort du dauphin 1789

20’40-21’25 Necker informe le roi de la révolte des députés. > Fin de la séquence étudiée p. : « De la contestation à la crise de l’Ancien Régime »

21’25-23’00 Révolte des députés : les portes de la salle fermée, ils se réfugient dans la salle du Jeu de Paume.Serment du Jeu de Paume.

Thème : La révolution politiqueIcono. : Le Serment du jeu de paume de J-L David de 1790 (musée Carnavalet)Texte : le Serment du jeu de paume

23’00-25’50 Le Roi déclare nulles les décisions prises devant les députés.

25’50-27’30 Discussion entre la famille royale et Necker.

27’30-28’30 Manifestations contre les régiments (gardes suisses)

28’30-29’25 Necker prévient Louis XVI du danger de troupes qui sont considérées comme étrangères par les Français.Il présente sa démission au roi.

29’25-32’00 Place du Palais royal : Desmoulins annonce le renvoi de Necker et pousse la foule à la révolte. Il fait adopter la cocarde verte.La troupe charge.

Thème : La révolution populaire (son proces-sus) (29’25-58’30)

La prise de la Bastille

33’50-35’30 Discours de Danton au club des Cordeliers

35’30

46’40

48’00

Prise de la Bastille

On avertit le roi, qui ne comprend pas les enjeux.

Barricades – Danton/Desmoulins ; joie

> Evénement étudié p. 22

49’30-51’00 Marie-Antoinette décide de partir pour Metz.

LES ANNÉES LUMIÈRELES FILMS

Page 7: la revolution française

Le roi à Paris 51’00-54’55 A l’Hôtel de ville, Bailly remet les clefs de Paris à Louis XVI et La Fayette offre la cocarde au roi. Louis XVI ordonne le retrait des troupes, le retour de Necker.

Thème : L’union entre le roi et son peuple (cocarde portée par le roi)

1789

L’abolition des privilèges

54’55-57’25 En province, des terriers sont brûlés.A l’Assemblée, c’est la nuit du 4 août : abolition des privilèges.

Thème : Les conséquences de la Grande Peur : l’abolition des privilèges

57’25-58’30 Discussion entre Danton et Desmoulins. Au Club des Cordeliers, annonce des différentes libertés proclamées à l’Assemblée.

Thème : Les principes révolutionnaires et leurs conséquences

58’30-1h01’20

1h01’20-1h02’30

1h02’30-1h03’40

Déclaration des droits de l’homme et du citoyen

Le roi refuse de signer les décrets

Discussion entre Desmoulins et Danton sur le partage de la souveraineté (entre le roi et l’Assemblée)

1h05’45-1h07’00 Banquet des soldats à Versailles

1h07’00-1h08’00 Des femmes se disputent pour du pain ; tandis que le roi se goinfre.

Thème : Crise des subsistances

Aux armes 1h10’001h11’30

1h15’05

Danton appelle à l’insurrectionMarche des femmes dans Paris qui réclament du pain à l’Hôtel de Ville.Le Roi accepte les décrets.

Thème : Le rôle des femmes dans la révolu-tion

Texte : « La déclaration des droits de la fem-me et de la citoyenne » d’Olympe de Gouge

Versailles, 6 octobre 1789

1h19’15-1h26’40 Journée du 6 octobre 1789 à Versailles. > Comparaison avec le film Marie Antoinette p. 51

1h26’40-1h29’00 Au Palais des Tuileries en juin 1790, M. Guillotin présente la « guillotine » au roi.

> Fin de la séquence étudiée p. : 20 « La rupture avec l’Ancien Régime »

1790

7 Dossier pédagogique

LES ANNÉES LUMIÈRELES FILMS

Page 8: la revolution française

8 Dossier pédagogique

1h29’00-1h30’30 Desmoulins fait visiter son journal. Thème : Une conséquence de la liberté de la presse : l’essor des journaux.

1790

1h30’30-1h32’25 Discussion entre Marie-Antoinette et Mirabeau.

La Fête de la Fédération

1h32’25-1h34’501h34’50-1h39’00

Préparatifs de la fête de la Fédération14 juillet 1790 fête de la Fédération.

Thème : La Fête de la Fédération symbole de la réconciliation du roi et du peuple (serment de La Fayette) > Evénement étudié p. 23

1h39’00-1h42’00 Mutinerie de la garnison de Nancy et répression.

1h42’00-1h42’55 Scène montrant la corruption de Mirabeau.

1h42’55-1h44’301h44’30-1h48’05

Mariage de Desmoulins, en présence de Robespierre. Rencontre entre Danton et La Fayette au chevet de Mirabeau.

1791

1h48’05-1h51’35 Marie-Antoinette évoque l’exil.Discussion entre le Roi et un cardinal à propos de la Consti-tution civile du clergé.

Thème : La révolution et la religionTexte : Constitution civile du clergé : texte qui définit à partir de 1790 l’organisation du clergé et oblige les prêtres à prêter serment au nouveau régime.

1h51’35-1h53’10 Marat et son journal L’ami du peuple Violences anticléricales à Paris

Thème : La violence dans la révolution

La fuite du roi 1h53’10-1h56’05

1h58’20-2’01’20

Annonce de la fuite du roi

Discussion entre Desmoulins et RosbespierreArrestation de la diligence.

Thème : Fracture entre le roi et le peuple : l’échec de la monarchie constitutionnelle

2h01’20-2h02’25 Au club des Cordeliers : Marat réclame la République. Thème : Les différents courants politiques parmi les révolutionnaires

2h02’25-2h03’10 A l’Assemblée, La Fayette demande la loi martiale pour dissiper tout rassemblement illégal.

LES ANNÉES LUMIÈRELES FILMS

Page 9: la revolution française

9 Dossier pédagogique

2h03’10-2h05’10 Discussion Danton-Robespierre sur le régime politique. 1791

2h05’10-2h05’30 La Fayette : la loi martiale vient d’être déclarée.

2h05’30-2h10’15 17 juillet 1791 : fusillade du Champ de Mars. Icono. : gravure de Prieur, La fusillade du Champ de Mars

Bientôt la guerre

2h10’15-2h12’50 Londres hiver 1791 : Marat, souffrant, reçoit la visite de Danton.

2h12’50-2h14’05 Au club des Jacobins : discussion sur la guerre. 1792

2h14’05-2h15’35 20 avril 1792 : le roi propose la guerre à l’Assemblée natio-nale.

2h15’35-2h16’20 Danton annonce à sa femme qu’il retourne à Paris.

2h16’20-2h18’15 Déroute de l’armée française à la frontière belge le 28 avril 1792.

2h18’15-2h19’10 Discussion entre Marie-Antoinette et Louis XVI.

2h19’10-2h20’00 Au club des Cordeliers, Marat réclame « 10 000 têtes ».

2h20’00-2h23’14 20 juin 1792 : la foule envahit les Tuileries. Thème : Le peuple en action

2h23’14-2h24’10 Lecture du manifeste de Brunswick.

Aux armes, citoyens

2h24’10-2h25’00 Le manifeste est discuté à l’Assemblée. On déclare la « patrie en danger ».

2h25’00-2h27’20 L’armée chante un nouveau chant, la « Marseillaise ». Texte : Etude des paroles de la Marseillaise

LES ANNÉES LUMIÈRELES FILMS

Page 10: la revolution française

2h27’20-2h28’00 Au club des Cordeliers, Robespierre déclare : « Nous devons avoir la victoire ».

1792

2h28’00-2h29’20 Robespierre discute avec Danton de l’élection d’une nouvelle convention nationale

2h29’20-2h30’15 Bataillon de Marseillais.

2h30’15-2h32’50 10 août 1792 : « Commune insurrectionnelle en session » Thème : La chute de la monarchie

2h32’50-2h39’10 Prise des Tuileries. Le roi et sa famille se réfugient à l’Assemblée nationale.

Icono. : la prise des Tuileries.

> Evénement étudié p. 23> Comparaison avec le film La Marseillaise p. 46

2h39’10-2h43’ Les affrontements continuent aux Tuileries.

2h43’ Fin de la première partie.Générique.

10 Dossier pédagogique

LES ANNÉES LUMIÈRELES FILMS

Page 11: la revolution française

LES ANNÉES TERRIBLES

11 Dossier pédagogique

Fiche techniqueRéalisation : Richard T. Heffron Scénario : David Ambrose, Daniel Boulanger, Richard T. HeffronPhotographie : François Catanné et Bernard ZitzermannMontage : Anne BaronnetMusique : Georges DelerueDécors : Jean-Claude GallouinSon : Bernard Le Roux, Jean-Charles Ruault et Claude Villard

Production : Alexandre Mnouchkine, Les Films Ariane

Fiche artistiqueAvec : Jean-François Balmer (Louis XVI), Jane Seymour (Marie-Antoi-nette), Peter Ustinov (Mirabeau), Sam Neil (La Fayette), Michel Du-chaussoy (Bailly), Klaus Maria Brandauer (Danton), Andrzej Seweryn (Robespierre), François Cluzet (Desmoulins), Christopher Lee (San-son), Vittorio Mezzogiorno (Marat), Claudia Cardinale (la duchesse de Polignac), Marie Bunel (Lucile Desmoulins)…

Seconde Partie - Les Années terriblesDate de sortie en salles : 1989

Durée : 2 h 34

Chapitres DVD

GénériqueMassacre en chaîneL’an ILe procès du roiDanton dans la tourmenteLe procès de la reineLa guillotineMenace d’insurrectionDanton rencontre RobespierreLe procès de DantonUne parodie de justiceLa fin de Robespierre

LES FILMS

Page 12: la revolution française

Chapitre DVD Minutage Descriptif de l’action Pistes pédagogiques AnnéeGénérique 0’-4’30 Emprisonnement du roi et de la famille royale. > Séquence étudiée (jusqu’à 23’35) p 21. :

« La naissance mouvementée de laRépublique »

1792

4’30-5’40 Fête dans Paris.

5’40-7’20 La Fayette annonce à ses hommes sa démission.

7’20-8’20 Le roi en prison.

8’20-9’40 Danton défend le gouvernement qui doit rester à Paris et combattre les Prussiens.

11’30 Robespierre – Desmoulins : discussion sur « notre peuple ». Images de guerre.

11’30 Scène de pillage et de massacre. Prussiens contre révolutionnaires

12’00- Marat à la tribune : discours sur les ennemis de l’intérieur (« Mort aux traîtres »)

12’30-14’00 Massacres de septembre. Scènes de violence. Thème : Les massacres de septembre : violence des sans-culottesIcono. : Etude d’une gravure sur les massa-cres de septembre.

Massacre en chaîne

14’00-15’30 Discussion Desmoulins – Danton à propos des violences.

15’30-16’4016’40-17’50

Scènes de violence dans Paris.Marie-Antoinette effrayée par le spectacle.

LES ANNÉES TERRIBLES

12 Dossier pédagogique

LES FILMS

NB pour la colonne Pistes pédagogiques : En rouge : renvoi au dossier> Evénement étudié p.En bleu : piste non développée dans le dossierIcono. : la prise des Tuileries.

Page 13: la revolution française

17’50-18’30 Danton reconnaît que ces événements sont un « outrage à la Révolution ». Mais la guerre doit continuer : il n’y a plus d’ennemis à l’intérieur.

1792

18’30-21’00 20 septembre 1792 : bataille de Valmy. Thème : Valmy : naissance d’une nouvelle ère grâce aux soldats-citoyens. Icono. : « la victoire de Valmy »

21’00-22’15

22’15-23’35

Danton et Robespierre sont acclamés.

Réunion de la Première Convention nationale.

> Fin de la séquence étudiée p. 21

L’an I 23’35-27’00 Discussion Danton-Robespierre : faut-il « arrêter la Révolu-tion » ?

Thème : Les débuts de la République 1793

27’00-29’45 A la Convention, Saint-Just demande la mort du roi.

29’45-31’40 En prison, le roi apprend son assignation devant un tribunal.

Le procès du roi

31’40-35’00 Procès du roi à la Convention. Lecture des chefs d’accusation.

35’00-35’58 Marie-Antoinette en prison.

35’58-39’20

9’20-39’45

39’45-41’50

41’50-44’00

Défense de Louis XVI.

Vote de la mort du roi..

Entrevue du roi avec un prêtre.

Exécution du roi.

44’00-44’25 Marie-Antoinette et ses enfants.

LES ANNÉES TERRIBLES

13 Dossier pédagogique

LES FILMS

Page 14: la revolution française

45’20-47’20

47’20-49’45

Mort de Gabrielle Danton

Discussion entre Robespierre et Danton sur la fin de la légalité.

Mise en place de la Terreur 1793

49’45-51’00 Discussions autour d’un gouvernement révolutionnaire

Marat demande « 100 000 têtes ».

Icono. : Une exécution capitale de Pierre-An-toine de Machy

51’00-52’25 Marat est arrêté puis acquitté.

Danton dans la tourmente

52’25-53’35 Danton est accusé par Brissot d’être un traître.

53’35-55’00 Les révolutionnaires retirent son fils à Marie-Antoinette.

55’00-58’40 Discussion entre DesmoulinsRobespierre sur la République.

Danton veut la tête de Brissot.

58’40-1h02’00 Arrestation des Girondins Thème : La fin des Girondins

1h02’00-1h05’30 Dénonciation de la Convention à Caen.

Assassinat de Marat par Charlotte Corday.

Enterrement de Marat.

Thème : Montrer l’opposition girondine à la Révolution montagnarde Icono. : Etude du tableau de David, Marat assassiné, 1793, musée de Bruxelles

1h05’30-1h06’30 Robespierre entre au Comité de salut public.

Le procès de la reine

1h07’-1h14’44 15 octobre 1793 : procès de Marie-Antoinette.

Exécution de Marie-Antoinette.

LES ANNÉES TERRIBLES

14 Dossier pédagogique

LES FILMS

Page 15: la revolution française

1h14’44-1h16’13 Robespierre prône la Terreur. 1793

1h16’13-1h16’46 Danton dans son domaine à la campagne.

La guillotine 1h16’46-1h18’25 A l’Assemblée : « la Terreur est à l’ordre du jour ». Etude de la Terreur : la loi des suspects du 18 septembre 1793

1h18’25-1h19’10 Scène d’exécutions en chaîne ; Brissot est guillotiné.

1h19’10-1h20’20 Danton se remarie ; pour lui la Révolution est terminée.

1h20’20-1h22’10 Desmoulins est remplacé par Saint Just dans l’amitié de Robespierre.

1h22’10-1h23’20 Danton décide de revenir à Paris.

1h23’20-1h24’50 Discours de Danton contre la Terreur.

1h24’50-1h31’00 Robespierre est favorable à la création d’une commission examinant la carrière de Danton et il le soutient contre Hébert.

Menace d’insurrection

1h31’00-1h31’55 Scène de pillage d’une boulangerie. Les sans-culottes en action

1h31’55-1h32’30 Hébert est arrêté pour « conspiration pour restaurer la monarchie »

Danton rencontre Robespierre

1h32’30-1h40’00 Desmoulins en famille et au siège de son journal.

Robespierre ordonne une manœuvre d’intimidation contre Desmoulins.

LES ANNÉES TERRIBLES

15 Dossier pédagogique

LES FILMS

Page 16: la revolution française

1h40’00-1h43’00 Discussion entre Danton et Robespierre.Mise au jour de l’opposition fondamentale entre Danton et Robespierre.

> Comparaison avec le film Danton p. 48 1794

1h43’00-1h44’30 Le Comité de salut public discute de l’opportunité de faire arrêter Danton et Desmoulins.

Le procès de Danton

1h44’30-1h52’30 Arrestation de Desmoulins puis de Danton.

1h52’30-1h56’00 Procès de Danton et Desmoulins.

Une parodie de justice

1h56’00-2h01’00 Procès de Desmoulins : parodie de justice. Défense de Danton.

2h01’00-2h05’00 Exécution de Danton et Desmoulins.

2h05’00-2h06’40 Exécution de Lucille Desmoulins

2h07’-2h09’55 Fête : Mariannes, arbre de la liberté Le 8 juin 1794 ; fête de l’Etre suprême.

La religion civique : le culte de l’Etre su-prême

2h09’55-2h11’15 Robespierre est accusé par les membres du Comité.

2h11’15-2h12’20 Robespierre, malade, apprend la victoire de Fleurus.

2h12’20-2h13’30 Au Comité de salut public, les attitudes dictatoriales de Robespierre sont critiquées. Saint Just est accusé.

La fin de Robespierre

2h13’30-2h19’20 Robespierre et Saint-Just arrivent à la Convention. Robespierre à la tribune. Il s’en va.Le Décret d’accusation contre Robespierre est proposé.

LES ANNÉES TERRIBLES

16 Dossier pédagogique

LES FILMS

Page 17: la revolution française

2h19’20-2h26’00 Arrestation de Robespierre. Icono. : l’arrestation de Robespierre 1794

2h26’00-2h28’50 Exécution de Danton et Desmoulins.

2h28’50-2h30’15 Lecture (en voix off) des différentes œuvres de la Révolution (discours de Danton).

Fin de la seconde partie. Générique.

LES ANNÉES TERRIBLESLES FILMS

17 Dossier pédagogique

Page 18: la revolution française

18 Dossier pédagogique

ACTIVITÉS PRÉSENTATION

Ces activités s’efforcent de donner à l’enseignant un éventail de propositions assez large, dont il pourra s’inspirer en fonction de la conduite et de l’avancée de son cours, du niveau de sa classe, du temps dont il dispose, etc.La plupart des activités sont proposées pour la classe de Seconde ET celle de Quatrième (ce qui suppose d’alléger et de simplifier les questionnaires pour les adapter aux collégiens).Toutes les propositions d’approches thématiques comportent un choix d’extraits.On se reportera au séquencier pour la correspondance avec le chapitrage DVD.Les documents d’accompagnement indiqués (iconographie, textes) sont pour la plupart disponibles dans les principaux manuels.

Page 19: la revolution française

19 Dossier pédagogique

Séquence : De la contestation à la crise de l’Ancien Régime (Les Années Lumière, 0’-21’25)

ACTIVITÉS SÉqUENCES

Problématique

Quels facteurs poussent à la remise en question de l’Ancien Régime en France ?

Documents complémentaires :

Doc 1- Budget de l’Etat en 1788 (recettes et dépenses)

Doc 2- Graphique sur l’évolution des prix des céréales entre 1787 et 1790

Doc 3- Extraits de cahier de doléances du tiers état

Questionnaire

1/. A quelles difficultés financières est confrontée la monarchie de Louis XVI en 1789 ? (doc 1, 4’30-6’00)

2/. Par quoi sont causées ces difficultés financières (2 arguments, 2’05-6’00) ?

3/. Quelle solution propose le ministre Necker au roi ?

4/. Depuis quand les Etats généraux n’ont-ils plus été convoqués ?

5/. Décrivez les conséquences de cette décision pour les Français. (6’35-8’00)

6/. Quelles sont les principales préoccupations du peuple dans les cahiers de doléances ? (doc 3, 6’35-8’00)

7/. Quelles inégalités sont visibles au début du film, dont est victime notamment Danton ? (11’50-12’45)

8/. Quelles manifestations connaît Paris en 1789 ? Pourquoi d’après le doc 2 ?

9/. Où se réunissent les Etats généraux en mai 1789 ? Pourquoi selon vous ?

Bilan

Montrez que la crise économique et sociale ainsi que les tensions politiques sont fortes à la veille de la Révolution.

4ÈME / SECONDE

Page 20: la revolution française

20 Dossier pédagogique

La rupture avec l’Ancien Régime (Les Années Lumière, 15’25’-1h29’)

ACTIVITÉS SÉqUENCES

Problématique

Comment l’Ancien Régime prend-il fin entre mai et octobre 1789 ?

Documents complémentaires :

Doc 1- Tableau Le Serment du Jeu de Paume, de J.-L. David, 1790, Musée Carnavalet, Paris.

Doc 2- Gravure de la Grande Peur du musée Carnavalet (juillet-août 1789)

Doc 3- Texte des principales décisions prises par l’Assemblée nationale la nuit du 4 août 1789

Doc 4- Texte de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen du 26 août 1789

Questionnaire

1/. En quoi le Serment du Jeu de Paume le 20 juin 1789 marque-t-il la fin de l’absolutisme politique ? (21’25-23’00, doc 1)

2/. Quelles sont les principales décisions prises par l’Assemblée nationale la nuit du 4 août 1789 ? Pourquoi peut-on dire que cela marque la fin de la société d’Ancien Régime ? (54’55-58’30)

3/. Qu’est-ce qui a poussé les députés à prendre ces décisions ? (doc 2)

4/. Citez deux articles de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen évoqués dans le film qui remettent en cause l’Ancien Régime. (doc 4 ; 58’30-1h01’20)

5/. Comment le roi refuse-t-il ces remises en cause ?

6/. Quelle est la signification politique du retour du roi à Paris après la marche des femmes à Versailles, le 6 octobre 1789 ?

Bilan

Montrez que l’Ancien Régime prend fin en 1789 du point de vue politique et social.

4ÈME / SECONDE

Page 21: la revolution française

21 Dossier pédagogique

La naissance mouvementée de la République (du 10 août au 22 septembre 1792)(Les Années terribles, 0’00-23’35 )

ACTIVITÉS SÉqUENCES

Problématique

Dans quelles circonstances le régime républicain se met-il en place ?

Documents complémentaires :

Carte de la France dans la Révolution (incluant les menaces extérieures)

Iconographie : les massacres de septembre (gravures anonymes, par exemple celle de la prison des Carmes ; ou gouache de Le Sueur)

Décret de la Convention abolissant la royauté, 21 septembre 1792

Gravure : la victoire de Valmy

Questionnaire

1/. La période du 10 août au 22 septembre 1792 constitue une transition entre deux régimes politiques ; lesquels ? Pourquoi cette transition dure-t-elle ainsi quelques semaines ?

2/. Quels périls extérieurs menacent la Révolution ? Le territoire français est-il atteint ?

3/. Comment réagit le gouvernement provisoire ? Pourquoi peut-on parler d’une justice expéditive ?

3/. Comment expliquer les massacres de Septembre, c’est-à-dire les meurtres dans les prisons ? Qui accomplit ces massacres ? Qu’en pensent les dépu-tés ? Comment réagissent-ils, et pourquoi ?

4/. Quel événement militaire marque un tournant psychologique et stratégique pour la République naissante ?

5/. Décrivez l’état d’esprit des députés au moment de la naissance du nouveau régime. Qu’est-ce qui montre qu’ils considèrent vivre un tournant dans l’Histoire de France ? (plusieurs réponses possibles).

Bilan

Montrez que la Ie République est marquée dans ses débuts à la fois par un grand enthousiasme et une grande fragilité.

4ÈME / SECONDE

Page 22: la revolution française

Film Les Années LumièreDurée de l’extrait 20‘ environExtrait De 29’25 [Discours de Desmoulins au Palais Royal]

à 49’30 [Joie du peuple sur les ruines de la Bas-tille]

Questionnaire

1/. Qu’est-ce que la Bastille ?

2/. Que symbolise-t-elle ?

3/. Comment se met en place le mécanisme de l’insurrection ?

4/. Qui participe à l’attaque de la Bastille ?

5/. Qui défend la forteresse ?

6/. Quelles sont les armes utilisées par les deux camps ?

7/. Qu’est-ce qui rend le peuple furieux ?

8/. Qu’advient-il des défenseurs du fort, du gouverneur ?

BilanDe quelle valeur le 14 juillet 1789 est-il porteur ? Pourquoi cette journée est-elle devenue l’un des symboles de la Révolution française ?

Pistes : - Possibilité d’étudier en parallèle le 14 juillet 1789 et le 14 juillet 1790

- Comparaison des images du film avec les représentations picturales de cet événement

22 Dossier pédagogique

Gros plan sur : Le 14 juillet 1789

ACTIVITÉS ÉVÉNEMENTS 4ÈME

Page 23: la revolution française

23 Dossier pédagogique

Gros plan sur : La fête de la fédération, 14 juillet 1790

ACTIVITÉS ÉVÉNEMENTS

Film Les Années LumièreDurée de l’extrait 6’30 environExtrait De 1h32’24 à 1h39’00

Questionnaire

1/. Dans quel état d’esprit les Français préparent-ils la fête ? Qu’est-elle destinée à célébrer ?

3/. Qui mène la cérémonie ? Pourquoi ?

4/. Qui constitue le public ? Détaillez bien (types sociaux, fonctions, person-nages précis, places dans le public)

2/. Comment se manifeste l’attachement à la monarchie durant la fête ?

5/. Comment se manifeste l’attachement à la Révolution et à la nation française durant la fête ? N’oubliez pas d’inclure l’étude des décors et attitudes.

6/. Quelle attitude ont le roi et la famille royale ? Pourquoi peut-on dire qu’ils ne manifestent qu’un enthousiasme mesuré face à cette fête ?

BilanEn quoi la fête de la Fédération est-elle la manifestation d’un accord politique fragile autour de la Révolution ?

SECONDE

Page 24: la revolution française

24 Dossier pédagogique

Gros plan sur : Le 10 août 1792

ACTIVITÉS ÉVÉNEMENTS

Film Les Années LumièreDurée de l’extrait 13 mn environExtrait De 2h23’15 à 2h25’

puis de 2h30’15 à 2h43’00

Questionnaire

1/. Quelle menace constitue le manifeste de Brunswick ?

2/. Quelle est la réponse de l’Assemblée nationale ?

3/. Quel révolutionnaire joue un rôle important au cours de la révolte ?

4/. Qui organise l’attaque des Tuileries ?

5/. Quels sont les acteurs de cette journée ?

6/. Qui défend les Tuileries ?

7/. Quel chant révolutionnaire est le symbole de cette journée ?

8/. Qu’arrive-t-il au roi et à sa famille à l’issue de cette journée ?

Chronologie (rappel)

11 juillet 1792 : l’Assemblée déclare la « Patrie en danger »

30 juillet 1792 : des bataillons de Fédérés marseillais entrent dans Paris (les Fédérés ont été appelés en renfort par les sections parisiennes).

1er août : les Parisiens prennent connaissance du manifeste du duc de Brunswick, commandant en chef de l’armée prussienne.

5 août 1792 : les sections de Paris exigent la déchéance du roi

10 août 1792 : la famille royale se réfugie à l’Assemblée nationale, les Tuileries sont envahies par les sans-culottes

20 septembre 1792 : réunion de la première session de la Convention nationale et victoire de Valmy

21 septembre 1792 : la République est proclamée

Document complémentaire

La Prise du palais des Tuileries, cour du Carrousel, 10 août 1792 de Jacques BERTAUX, 1793 (tableau commenté sur le site www.histoire-image.org/)

4ÈME / SECONDE

Page 25: la revolution française

25 Dossier pédagogique

ACTIVITÉS PERSONNAGES

« Je meurs innocent de tous les crimes dont on m’accuse » Louis XVI le jour de son exécution, le 21 janvier 1793

Choix d’extraits

Les Années Lumière

Scène 1 : 1’35– 6’00 Bal à Versailles et discussion avec Necker

Scène 2 : 15’25 -16’05 Ouverture des Etats Généraux par le roi

Scène 3 : 1h01’25-1h02’30 et 1h13’27-1h19’15

Refus du roi de signer les décrets et la Déclaration des Droits de l’homme et du citoyen suivi des journées d’octobre 1789, durant lesquelles il cède.

Les Années terribles

Scène 4 : 29’45-35’00 le roi au Temple et durant son procès à la Convention

Scène 5 : 39’45-44’00 l’exécution du roi place de la Concorde

Questionnaire

1/. Où habite le roi ? Que montre son style de vie ? En étudiant sa position durant le bal (sa place dans la salle et la réaction de son entourage lorsqu’il part de la salle) ainsi que le dialogue avec Necker, montrez que le roi dispose d’un pouvoir absolu, c’est-à-dire d’un pouvoir sans partage. (scène 1)

2/. Où est installé le roi dans la salle ? Qu’est-ce que cela montre sur son pouvoir ? Comment justifie-t-il son pouvoir de commander aux élus des Etats Généraux ? [Classe de Seconde] Relevez ses vêtements et leur symbolique. (scène 2)

3/. Comment voit-on que le roi ne dispose plus d’un pouvoir absolu dès 1789 ? (scène 3)

4/. Comment voit-on que Louis XVI n’est plus considéré comme le roi ? [Classe de Seconde] Relevez les accusations portées par la Convention contre Louis XVI. Quelle attitude Louis XVI adopte-t-il face à la Convention ? (scène 4)

5/. Comment se déroule la mort de Louis XVI ? (scène 5)

Personnage : LOUIS XVI (1754-1793)

4ÈME / SECONDE

Page 26: la revolution française

« Nous jurons d’être à jamais fidèles à la nation, à la loi et au roi, de maintenir de tout notre pouvoir la Constitution décrétée par l’Assemblée nationale et acceptée par le roi » Serment prêté le 14 juillet 1790 à la fête de la Fédération

Choix d’extraits

Les Années Lumière

Scène 1 : 15’25-17’30 Ouverture des Etats généraux (mai 1789)

Scène 2 : 51’00-54’55 La Fayette général de la Garde nationale (juillet 1789)

Scène 3 : 1h34’50-1h39’ La Fête de la Fédération à Paris au Champ de Mars (14 juillet 1790)

Scène 4 : 1h44’20-1h48’05 Discussion entre Danton et La Fayette sur le devenir de la monarchie, au chevet de Mirabeau mourant.

Scène 5 : 1h53’10-1h56’05 L’attitude ambiguë de La Fayette face à la fuite du roi (21 juin 1791)

Scène 6 : 2h05’10-2h10’15 La Garde nationale commandée par La Fayette réprime une manifestation au Champ de Mars (17 juillet 1791)

Les Années terribles

Scène 7 : 5’40-7’20 Alors commandant de l’armée du Nord, La Fayette démissionne pour rejoindre Paris et soutenir le roi.

Questionnaire

1/. A quel ordre appartient La Fayette en 1789 ? (scène 1)

2/. Au cours de quel événement s’est-il rendu célèbre avant 1789 ? (scène 1) Pourquoi est-il populaire à l’ouverture des Etats généraux en mai 1789 ?

3/. Quelle est sa principale fonction de 1789 à 1791 ? (scènes 2 à 6)

4/. Quel régime politique La Fayette défend-il pendant la Révolution ? (scènes 3, 4 et 5) Montrez qu’il est partisan d’une monarchie constitutionnelle.

5/. Pourquoi doit-il s’enfuir à l’étranger en août 1792 ? (scène 7)

ACTIVITÉS PERSONNAGES

Personnage : La Fayette (Gilbert Motier, marquis de la Fayette, 1757-1834)Figure du juste milieu*

4ÈME / SECONDE

26 Dossier pédagogique

* Dictionnaire critique de la Révolution française, Furet/Ozouf, Flammarion, 1992

Page 27: la revolution française

« Tout s’émeut, tout s’ébranle, tout brûle de combattre. Une partie du peuple va se porter aux frontières ; une autre va creuser des retranchements, et la troisième, avec des piques, défendra l’intérieur de nos villes. Le tocsin qu’on va sonner n’est point un signal d’alarme, c’est la charge sur les ennemis de la patrie. Pour les vaincre, Messieurs, il nous faut de l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace et la France sera sauvée. » Danton, discours du 2 septembre 1792.

Choix d’extraits

Les Années LumièreScène 1 : 10’10-12’45 Danton s’entretient avec Mirabeau ; il est sceptique sur les changements à

venir.Scène 2 : 33’50-35’30 discours de Danton au club des Cordeliers, la veille de la prise de la Bastille ;

il appelle à la révolteScène 3 : 2h03’10-2h05’10 discussion Danton-Robespierre sur le régime politique à adopter (1791) –

Danton n’ira pas au Champ de Mars : préfère aller à la campagne ; Danton se prononce pour la royauté.Les Années terribles

Scène 4 : 8’20-9’40 Danton ministre de la justice expose sa politique : le gouvernement doit rester à Paris et combattre les Prussiens, il faut arrêter les traîtres ; « de l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace. ».

Scène 5 : 17’50-18’30 Danton défend la violence intérieure.

27 Dossier pédagogique

ACTIVITÉS PERSONNAGES

Personnage : Danton (Georges Jacques, 1759-1794), Entre audace et modération*

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4ÈME / SECONDE

* Dictionnaire critique de la Révolution française, Furet/Ozouf, Flammarion, 1992

Page 28: la revolution française

28 Dossier pédagogique

ACTIVITÉS PERSONNAGES

Scène 6 : 24’-27’00 Danton-Robespierre : Robespierre inquiet du rapprochement entre Danton et les députés conservateurs ; Danton essaie de « trouver un juste milieu » ; Evocation de la mort du roi.

Scène 7 : 1h23’20-1h24’50 Danton revient à Paris après s’être retiré avec sa femme à la campagne. Discours contre la terreur à la Convention.

Scène 8 : 1h40’-1h43’ différend entre Robespierre et DantonScène 9 : 1h44’30-1h52’30/1h56’-2h01’

procès de Danton

Scène 10 : 2h01’-2h05’ Danton guillotiné

Questionnaire

1/. A quel ordre et à quel milieu social appartient Danton à la veille de la Révolution ? (scène 1)

2/. Quelles charges occupe-t-il au cours de sa carrière politique ? (scènes 4, 6, 7)

3/. Quelles sont ses idées politiques ? Où les exprime-t-il ? Montrez qu’elles évoluent. Justifiez l’expression que les historiens utilisent pour le caractériser : « entre l’audace et la modération ». (scènes 1 à 7)

4/. Montrez les contradictions du personnage à partir des scènes 1 et 2 par exemple. Montrez qu’il ne participe pas directement aux journées révolution-naires (à partir de la scène 3 par exemple)

5/. En le comparant à Robespierre, quelles différences de caractère notez-vous entre les deux hommes ? (scènes 3, 6 et 8)

6/. Montrez que Danton a un vrai tempérament politique dans les grandes occasions. (scènes 4, 9 et 10)

7/. Pourquoi est-il arrêté en avril 1794 ? (scènes 8 et 9)

8/. Quelle est son attitude lors de son procès et de son exécution ? (scènes 9 et 10)

Personnage : Danton (Georges Jacques, 1759-1794)

4ÈME / SECONDE

Page 29: la revolution française

29 Dossier pédagogique

ACTIVITÉS PERSONNAGES

« Il faut étouffer les ennemis intérieurs et extérieurs de la République ou périr avec elle. Le gouverne-ment de la Révolution est le despotisme de la liberté contre la tyrannie. Le ressort du gouvernement populaire en révolution est à la fois la vertu et la terreur ; la vertu sans laquelle la terreur est funeste ; la terreur sans laquelle la vertu est impuissante. » Discours à la Convention, 5 février 1794.

Choix d’extraits

Les années LumièreScène 1 : 15’25 -20’00 Lors des Etats Généraux, Desmoulins et Robespierre se revoient et discutent

du vote par tête.Scène 2 : 1h56’50-1h58’08 A la suite de la fuite du roi à Varennes, Robespierre discute avec Desmoulins

de l’attitude de l’AssembléeScène 3 : 2h02’27-2h05’10 Séance de l’Assemblée où l’on voit Robespierre siéger, et discussion entre

Danton et Robespierre sur le régime politiqueScène 4 : 2h12’50-2h14’05 [/2h15’35]

Alors que Brissot défend la guerre au Club des Jacobins, Robespierre s’y oppose [/ le 20 avril 1792 à l’Assemblée, le roi propose la guerre]

Scène 5 : 2h27’20-2h29’20 Au club des Cordeliers, Robespierre déclare qu’il faut vaincre non seulement les ennemis de l’extérieur, mais aussi ceux de l’intérieur ; il discute avec Danton et Desmoulins de l’évolution du régime politiqueLes Années terribles

Scène 6 : 47’20 -51’18 Robespierre affirme à Danton qu’il faut un « nouveau tribunal révolution-naire » et une justice sommaire pour juger légalement les ennemis que sont devenus les modérés. Le roi au Temple durant son procès à la Convention

Scène 7 : 55’-58’40 Robespierre discute avec Danton de la République.

Personnage : Robespierre (Maximilien de, 1758-1794), « L’Incorruptible »

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4ÈME / SECONDE

Page 30: la revolution française

30 Dossier pédagogique

ACTIVITÉS PERSONNAGES

Scène 8 : 1h05’30- 1h07’23 Robespierre fait l’éloge funèbre de Marat, et entre au Comité de salut public.Scène 9 : 1h34’43-1h44’21 Robespierre lance un avertissement à Desmoulins pour ses articles trop mo-

dérés ; il rompt aussi son « amitié » avec Danton ; le Comité de Salut Public fait arrêter Danton et Desmoulins

Scène 10 : 2h07’-2h09’55 fête de l’Etre SuprêmeScène 11 : 2h09’55-2h28’50

opposition ouverte à Robespierre au Comité de Salut Public après les lois de Prairial ; Robespierre peine à se défendre à l’Assemblée ; arrestation et exécution de Robespierre.

Personnage : Robespierre (Maximilien de, 1758-1794)

Questionnaire

1/. Reconstituez la carrière de Robespierre (profession initiale, fonctions électives) à partir des scènes 1, 2, 3, 6, 8 et 11.

2/. Quelles sont ses idées politiques ? Montrez à la fois la constance de certains de ses principes et ses changements d’avis sur certains sujets. (scènes 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7)

3/. Quels traits de caractère peuvent être décelés à travers les scènes 1, 3, 6, 7 ? Justifiez son surnom d’Incorruptible.

3/. En quoi l’évolution de ses amitiés politiques montre-t-elle son évolution vers un extrémisme ? (scènes 1, 5, 6, 7, 9)

4/. Pourquoi peut-on dire que Robespierre fut à la fois profondément démocrate et un tyran ? (scènes 1, 2, 3, 5, 6, 7, 9, 11).

5/. Reconstituez les étapes de la chute de Robespierre (scènes 10 et 11).

4ÈME / SECONDE

Page 31: la revolution française

Hébert Jacques-René chef des sans-culottes, fondateur du journal le Père Duchesne en 1790, il défend tout d’abord la monarchie constitutionnelle mais se radicalise après le mas-sacre du Champ de Mars en juillet 1791. Désormais, il alimente les surenchères au sein du club des Cordeliers et de la Commune insurrectionnelle et par son journal ; il participe à la Terreur mais est guillotiné en 1794 en raison de ses excès.

Le Comte de Mirabeau (1749-1791) Défenseur des principes de la liberté, mais oscille constamment entre la royauté et la révolution (entre en contact avec la famille royale).

Desmoulins Camille (1760-1794) Avocat, journaliste (plume de Danton et de Robespierre), il se fait connaître par son discours du Palais Royal où il appelle à l’insurrection après le renvoi de Necker, le 12 juillet 1789. Il est victime de la terreur en 1794 comme son ami Danton.

Bailly Jean-Sylvain (1736-1793) Cet astronome est d’abord élu député du Tiers Etat aux Etats Généraux puis président de l’Assemblée nationale. En juillet 1789, il devient maire de Paris. Partisan de la monarchie constitutionnelle, il donne l’ordre à la Garde nationale de tirer sur la foule au Champ de Mars, le 17 juillet 1791. Il est jugé puis guillotiné en novembre 1794.

Marat Jean-Paul (1743-1793) Journaliste, député montagnard, journaliste fondateur de l’Ami du Peuple, acquitté à son procès en avril 1793, assassiné par une girondine Charlotte Corday le 13 juillet 1793.

Saint Just (1767-1794) Surnommé l’ « archange de la Terreur », ce lieutenant-colonel de la Garde nationale participe à l’escorte qui raccompagne Louis XVI à Paris depuis Varen-nes. En 1792 il est le plus jeune député de la Convention, où il se distingue par l’intransigeance de ses discours, tout comme au Comité de Salut public à partir du printemps 1793. Proche de Robespierre, il est entraîné dans sa chute et guillotiné le 10 Thermidor.

31 Dossier pédagogique

ACTIVITÉS PERSONNAGES

Autres personnages sur lesquels une étude est envisageable

Page 32: la revolution française

ACTIVITÉS THÈMES

Choix d’extraits

Les années Lumière

Scène 1 : 8’00-10’10 femmes qui pillent une boulangerie ; Desmoulins dans Paris croise des artisans, des boutiquiers…

Scène 2 : 36’05-36’55/38’43-39’00

la prise de la Bastille (s’appellent « citoyens ») ; des femmes des hommes armés ; portent la cocarde bleu et rouge.

Scène 3 : 1h10-1h15’05 Marche des femmes sur Versailles

Scène 4 : 1h32’25-1h34’50 préparation de la Fête de la Fédération le 14 juillet 1790.

Scène 5 : 2h05’30-2h10’15 17 juillet 1791, la fusillade du Champ de Mars.

Scène 6 : 2h20’15-2h23’14 le peuple envahit les Tuileries le 20 juin 1792Scène 7 : 2h38’-2h42’15 la chute de la royauté, le 10 août 1792

Les Années TerriblesScène 8/7 : 12’00-15’30 les massacres de septembre 1792Scène 9/8 : 58’40-1h02’ les citoyens de la Commune de Paris entrent dans l’Assemblée, menés par Hébert ; veulent les « 22 traîtres ».Scène 10/9 : 1h31’-1h31’55 pillage d’une boulangerie, appel d’Hébert à l’insurrection

Remarque : Le film propose une vision très parisienne de la Révolution (rien sur la Grande Peur dans les campagnes en 1789, choix de ne rien montrer du rôle du peuple dans la Contre-Révolution, notamment en Vendée).

Questionnaire

1/. A travers l’étude des vêtements, professions et autres indices, expliquez ce que l’on appelle le peuple de Paris. (scènes 1, 2, 3 et 4)

2/. Quelle évolution constatez-vous au niveau des vêtements du peuple entre 1789 (scène 2) et 1792-1793 (scènes 6 et 9) ?

3/. En quoi cela correspond-il à une évolution du rôle du peuple dans la Révolution ? Distinguez bien pour cela les préoccupations du peuple au début de la Révolution, et son rôle durant les années 1792-1794. (scènes 1, 5, 6, 7, 8 et 9)

4/. Quels sont les moyens d’action du peuple durant la Révolution ? Décrivez bien les armes qu’il utilise lors des journées révolutionnaires (scènes 2, 6, 7 et 8)

6/. Comment est mise en œuvre la fraternité entre les gens du peuple, que ce soit dans les moments heureux ou dans les révoltes ? (ex : scènes 4 et Pensez à la fois aux attitudes et au langage du peuple.

Thème : Le Peuple dans la Révolution

32 Dossier pédagogique

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4ÈME / SECONDE

Page 33: la revolution française

Vocabulaire :

Commune de Paris : elle remplace la municipalité à la chute de la royauté en 1792 ; elle compte 288 membres dont Robespierre et Hébert qui créent des comités de surveillance qui font pression sur l’Assemblée. Elle disparaît après la chute de Robespierre.

Sans-culotte : expression au départ dépréciative, elle est revendiquée le 20 juin 1792 par ceux qui ne portent pas de « culotte » mais le pantalon du peuple et de la petite bourgeoisie.

Sections : Paris est divisé en 60 districts pour les élections aux Etats généraux, puis en 48 sections ou assemblées primaires en 1790. Les citoyens obtien-nent le droit d’y siéger en permanence.

Référence

Les gouaches de Jean-Baptiste Lesueur (musée Carnavalet)

Bibliographie

L’Histoire, mai 2009, « La Révolution et le peuple ».

ACTIVITÉS THÈMES 4ÈME / SECONDE

33 Dossier pédagogique

Page 34: la revolution française

ACTIVITÉS THÈMES

Choix d’extraits

Les années Lumière

Scène 1 : 21’30-25’49 le Serment du Jeu de Paume et la résistance de députés face à l’ordre royal de se réunir séparément

Scène 2 : 1h02’35- 1h03’27 discussion entre Mirabeau et Desmoulins sur la souveraineté à partager entre le roi et l’Assemblée.

Scène 3 : 1h44’30-1h48’00 discussion entre Danton et La Fayette sur le régime monarchique, au chevet de Mirabeau malade.

Scène 4 : 2’01’19-2h03’04 au Club des Cordeliers, Marat réclame la fin de la monarchie et l’instauration de la République ; à l’Assemblée, protestation de La Fayette.

Scène 5 : 2h30’15-2h32’50-2h43’ le 10 août 1792, prise de l’Hôtel de Ville par la Commune insurrectionnelle et prise des Tuileries

Les Années Terribles

Scène 6 : 21’23-23’33 au lendemain de la victoire de Valmy, réunion de la Première Convention nationale et proclamation de l’abolition de la monarchie

Scène 7 : 47’20 -51’18 discussion entre Danton et Robespierre qui évoque la création d’un « nouveau tribunal révolutionnaire »Scène 8 : 1h16’46 -1h18’25 à l’Assemblée : Saint-Just proclame que « la terreur est à l’ordre du jour »Scène 9 : 2h12’20-2h19’20 rébellion du Comité de salut public contre Robespierre, et décret d’accusation contre lui à l’Assemblée.

Questionnaire

1/. En quoi voit-on que le roi doit désormais partager son pouvoir, c’est-à-dire que la monarchie n’est plus absolue ? (scène 1)

2/. L’assemblée a-t-elle pour autant tous les pouvoirs à cette époque ? (scène 2). Comment appelle-t-on ce type de régime politique ?

3/. Y a-t-il un consensus, c’est-à-dire un accord parfait, entre tous les acteurs politiques sur le régime politique pendant la monarchie constitutionnelle ? Rele-vez les différentes positions exprimées (scènes 2 et 3)

4/. Après la fuite du roi à Varennes, quel type de régime veulent Marat et ses partisans ? Qui s’y oppose, et pourquoi ? (scène 4)

5/. Quel événement marque la fin de la monarchie ? Quel régime est instauré quelques semaines plus tard ? (scènes 5 et 6)

6/. Décrivez l’état d’esprit des Français représentés dans la scène 6 au moment de la naissance du nouveau régime.

7/. Quelle évolution constate-t-on quelques mois plus tard ? Quelle institution est mise en place pour faire face ? Avec quelles conséquences ? (scènes 7 et 8)

8/. Pourquoi le Comité de Salut public se révolte-t-il contre Robespierre ? Quelles en sont les conséquences ? (scène 9)

Thème : Les expériences politiques sous la Révolution

34 Dossier pédagogique

SECONDE

Page 35: la revolution française

ACTIVITÉS THÈMES

Choix d’extraits

Les années Lumière

Scène 1 : 29’25 -32’00 discours de Desmoulins place du Palais royal

Scène 2 : 33’50-35’30 discours de Danton au Club des Cordeliers et signature d’une pétition

Scène 3 : 57’25 -58’28 annonce de la proclamation de la liberté de la presse au Club des Cordeliers

Scène 4 : 1h08’27-1h09’55 appel de Danton à l’insurrection placardé sur les murs de Paris

Scène 5 : 1h28’48 -1h29’40 Desmoulins fait visiter son journal

Scène 6 : 1h51’36-1h53’10 L’ami du peuple de Marat ; mouvements de foule contre les curés ; chant révolutionnaireScène 7 : 2h10’15-2h14’03 à Londres, Marat évoque le musellement de la presse ; séance au Club des Jacobins avec les Girondins

Les Années TerriblesScène 8 : 1h34’40-1h39’50 attaque du Comité de Salut Public contre Desmoulins et son Vieux Cordelier

Questionnaire

1/. Par quels moyens une opinion publique se développe-t-elle durant la Révolution ? (scènes 1, 2, 4, 5, 6, 7)

2/. Quels Français sont concernés par cette liberté de parole ? (mêmes scènes : relevez leurs nom, vêtements, discours pour en déduire leurs milieux, fonc-tions, opinions)

3/. Montrez que la liberté d’expression connaît une évolution durant la Révolution (scènes 1, 3, 7, 8).

Thème : L’affirmation d’une opinion publique

35 Dossier pédagogique

4ÈME / SECONDE

Page 36: la revolution française

ACTIVITÉS THÈMES

Choix d’extraits

Les années Lumière

Scène 1 : 21’30-23’02 le Serment du Jeu de Paume

Scène 2 : 33’48-34’50 discours de Danton au Club des Cordeliers contre la répression armée des mouvements populaires

Scène 3 : 54’55-57’25 attaques contre les propriétés des nobles et abolition des privilèges.

Scène 4 : 58’29-1h01’24 lecture de la Déclaration des Droits de l’homme et du Citoyen

Questionnaire

1/. Comment voit-on que la souveraineté du peuple (c’est-à-dire le fait que le peuple n’est soumis à aucun pouvoir supérieur) est un principe fondamental pour les révolutionnaires ? (scènes 1, 2, 4)

2/. Relevez ce qui concerne le principe d’égalité (scènes 3 et 4).

3/. Relevez ce qui concerne le principe de liberté (scènes 3 et 4).

4/. [Classe de Seconde] En quoi tous ces principes s’opposent-ils à ceux en vigueur sous l’Ancien Régime ? (toutes les scènes).

Thème : Les principes fondateurs de la Révolution

36 Dossier pédagogique

4ÈME / SECONDE

Page 37: la revolution française

Les Années LumièreBudget de l’Etat en 1788 (recettes et dépenses)

Graphique sur l’évolution des prix des céréales entre 1787 et 1790

Extraits de cahiers de doléances du tiers état

Texte de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen du 26 août 1789

Tableau du Serment du Jeu de Paume, de J.-L. David, 1790, Musée Carna-valet, Paris*

Portraits des Sans-culottes : Les gouaches de Jean-Marie Lesueur (Musée Carnavalet)

Gravure de la Grande Peur du musée Carnavalet (juillet-août 1789)

Tableau : La Prise du palais des Tuileries, cour du Carrousel, 10 août 1792 de Jacques Bertaux, 1793*

Les Années terriblesPour les massacres de septembre : Jean-Louis Prieur, Massacre à l’Abbaye le 2 septembre 1792, dessin, musée Carnavalet

Jean-Baptiste Mauzaysse, La bataille de Valmy, 20 septembre 1792, huile sur toile, 1835*

Pour la Terreur : nombreux documents possibles, dont Pierre-Antoine de Machy, Une exécution capitale, 1793-1794, huile sur papier entoilé, musée Carnavalet ; ou C.N. Malapeau, Intérieur d’un comité révolutionnaire sous la Terreur, eau-forte, 1797, Centre historique des archives nationales.

Jacques-Louis David, Marat assassiné, 13 juillet 1793, huile sur toile, 1793, musée de Bruxelles*

Pierre-Antoine de Machy, Fête de l’Etre suprême au Champ de Mars (20 prairial an II), huile sur toile, 1794, musée Carnavalet*

Raymond-Quinsac Monvoisin, Le 9 Thermidor, huile sur toile, 1837, musée historique de la Révolution française (Vizille)*

*Tableaux commentés sur http://www.histoire-image.org

ACTIVITÉS DOCUMENTS COMPLÉMENTAIRES

Documents cités dans les activitésLa plupart de ces documents sont présents dans tous les manuels scolaires des niveaux concernés. Il ne s’agit évidemment que de suggestions

de documents, tant les possibilités sont nombreuses.

37 Dossier pédagogique

Page 38: la revolution française

ACTIVITÉS DOCUMENTS COMPLÉMENTAIRES

Carte du Paris révolutionnaire

38 Dossier pédagogique

La Bastille : prise le 14 juillet 1789 et détruite par la suite

Le Champ de Mars : lieu de la Fête de la Fédération le 14 juillet 1790

Palais des Tuileries : résidence du roi, la prise du palais le 10 août 1792 entraîne la chute du Roi.

Salle du Manège, siège de l’Assemblée : Constituante, Législative et Convention

Place de la Révolution : anciennement Place Louis XV ; place où fut exécuté Louis XVI le 21 janvier 1793

Notre Dame : devenue Temple de la Raison sous Robes-pierre

Page 39: la revolution française

POUR ALLER PLUS LOIN PRÉSENTATION

39 Dossier pédagogique

Les deux volets de La Révolution française sont un somptueux livre d’images animées, compilant les événements-clés de l’histoire révolutionnaire, en présen-tant les protagonistes principaux et les problématiques majeures.Ils offrent à l’enseignant une matière vivante et attrayante pour illustrer son cours.

Il importe toutefois de rappeler aux élèves les limites et les dangers de l’image de fiction.Pour se détacher de la séduction et de l’évidence de l’image cinématographique, il s’agit de rendre à celle-ci sa subjectivité et son historicité, en montrant que :— ce n’est qu’une des interprétations possibles du fait historique— cette interprétation est elle-même un produit de son temps

Les entretiens que nous ont accordés les historiennes Annie Duprat et Sylvie Dallet permettront aux enseignants de replacer Les Années Lumière et Les Années terribles à la fois dans leur contexte historique et dans la filmographie de la Révolution française.Mais il importe également de montrer que le cinéma peut proposer des visions très différentes du même événement : dans un dernier mouvement nous proposons trois analyses comparées, qui confrontent aux films de Robert Enrico et Richard Heffron d’autres visions des événements révolutionnaires.

Page 40: la revolution française

En les revoyant aujourd’hui, près de vingt ans après leur sortie en salles, comment jugez-vous les deux films de Robert Enrico (Les Années Lumière) et Richard T. Heffron (Les Années terribles) ?

En préambule je voudrais souligner la distance énorme qui sépare le travail de l’historien et celui du scénariste ou du réa-lisateur de film (cinéma et télévision). Le travail de recherche de l’historien, comme tout travail de recherche scientifique, nécessite des hypothèses et des sources. L’historien n’est pas censé couvrir tous les champs d’une question, il peut se contenter, par exemple, d’une étude très parcellaire, voire pointilliste. S’appuyant sur des sources validées, et partant d’hypothèses qu’il faut parfois modifier — l’orientation de son travail peut fréquemment varier -— il tente de donner à connaî-tre et à comprendre la passé, parfois en cherchant des clés d’intelligibilité pour le présent.

Le travail du cinéaste — scénariste ou réalisateur — est bien différent dans la mesure où, avec les données acquises de la part des historiens, il doit faire une oeuvre de spectacle et prendre en compte prioritairement le public. Cela suppose la clarté de l’écriture du scénario (en quelques secondes, le public doit comprendre la scène et en identifier les protagonistes), l’attractivité et la variété de la mise en scène, l’efficacité du montage pour solliciter l’intérêt du public et ne pas le perdre en route... C’est une gageure lorsqu’il s’agit d’un film d’histoire (dont la narration est nécessairement complexe) a fortiori pour les films « en costumes »…

C’est pour cela que réaliser un film pour raconter l’histoire de

la Révolution française me semble impossible. Ceci posé, on peut dire que les deux films de Robert Enrico et Richard T. Heffron sont des films ambitieux et minutieux. Ils sont tous deux de bonne facture, avec des omissions mais peu d’erreurs et un souci de la reconstitution du détail (les décors, les costu-mes, les mises en images de quelques événements « cultes » comme le serment du Jeu de Paume).

Et pourtant une impression de lassitude se dégage, en particu-lier du second volet, Les Années terribles, qui décrit les événe-ments les plus noirs de la Révolution (massacres et guillotine), sans que le spectateur ne soit éclairé sur les enjeux politiques (centralisme ou fédéralisme, démocratie directe contre repré-sentative, etc.).

La Révolution française de R. Enrico et R. Heffron préten-dait offrir une vision sinon objective, du moins équilibrée et apaisée, de l’histoire de la Révolution française… Cela vous paraît-il possible ?

Vision équilibrée et apaisée, sans doute oui, en particulier dans le film Les années Lumière. Mais c’est surtout une vision qui correspond le plus et le mieux à l’histoire scolaire, enseignée jusque dans les années 1980, avec un consensus autour de la déclaration des droits de l’homme, l’accent mis sur quelques protagonistes comme le roi, Danton, Desmoulins et Saint-Just, et un rejet de la violence (celle des massacres de Septembre et celle de la guillotine en 1793-1794).

Le film est sorti en 1989, à l’occasion du bicentenaire de la Révolution. Vous paraît refléter les débats historiographi-

POUR ALLER PLUS LOIN ENTRETIEN

Entretien avec l’historienneAnnie Duprat

Historienne de la Révo-lution française, spé-cialiste notamment de l’iconographie politique (portraits et caricatu-res), Annie Duprat analyse les deux films de Robert Enrico et Richard Heffron : choix et omissions, présuppo-sés idéologiques et histo-riographiques, etc.

Deux films dans l’histoire

40 Dossier pédagogique

Page 41: la revolution française

POUR ALLER PLUS LOIN ENTRETIEN

ques, ou en tout cas l’ambiance de l’époque ?

Guère. L’accent mis sur les protagonistes, leurs réflexions personnelles, les relations amicales et familiales qui guide-raient leurs actes, a remplacé les réflexions sur la conjonc-ture, la crise économique et sociale, les forces populaires… La dynamique de la Révolution repose sur les figures de Danton et de Desmoulins qui sortent héroïsées, même après leur exécution : on pense à la scène finale, inventée, montrant leurs familles et surtout leurs enfants priant dans une église, alors que la voix-off de Danton reprend quelques unes des grandes phrases qu’il a prononcées lors de son procès. Le débat ouvert par François Furet — qui reprenait d’ailleurs quel-ques écrits de la fin du XIXème siècle comme ceux de Tocque-ville et d’Augustin Cochin —, porte davantage sur le glissement nécessaire des discours, et donc des actes, vers le jusqu’au-boutisme révolutionnaire.

L’ouverture du film sur la rencontre de l’élève Robespierre avec le roi — l’humiliation de l’orphelin boursier qui débite sous la pluie son compliment à un roi qui ne sort même pas de son carrosse — met l’accent sur une psychologisation de l’Histoire bien antérieure, qui remonte même à Michelet, en tous cas à Max Gallo (Robespierre, histoire d’une solitude, 1968).

Les deux films, qui font la part belle à Danton, montrent cepen-dant la rivalité de deux personnalités, Danton et Robespierre, dans la grande tradition du vieux débat Aulard-Mathiez, en faisant pencher les sympathies vers Danton, donc vers Aulard. Rien de tel alors, dans les années 1980, chez les historiens de la Sorbonne, Soboul puis Vovelle et Mazauric. Enfin, les films penchent également vers la fameuse question des « circonstances » — guerres extérieure et intérieure — même si la guerre en Vendée est quasiment absente. Le seul indice qui marquerait une interprétation plus « furetienne » réside dans les débats (Les Années terribles) à propos de la création d’un tribunal révolutionnaire qui, pour Danton, devrait être une instance de justice légale (avec avocats, droit à la parole etc.) après les massacres de Septembre. Danton le répète d’ailleurs lors de son procès quand le président ne veut pas donner la sentence publiquement, contrairement à la loi.

Vingt ans plus tard, les débats sont-ils toujours aussi vifs ?

Oui, les débats sont toujours vifs, mais se cantonnent à la sphère des historiens car les manuels scolaires, comme les oeuvres « grand public », ont choisi de mettre en valeur des personnages. On note d’ailleurs déjà dans ces films la présence importante de la reine, quasiment absente des manuels scolaires dans les années 1980, alors qu’elle est très présente aujourd’hui. La figure de la République n’apparaît pas dans ces deux films.

Que pensez-vous du découpage chronologique opéré par le film, qui interprète la Révolution française comme une période allant de la réunion des Etats-Généraux au 10 Thermidor… ?

C’est le découpage traditionnel issu à la fois des historiens radicaux du XIXème siècle et de ceux de la IIIème République qui considéraient la période directoriale comme réactionnaire et brouillonne, responsable par ses échecs du coup d’Etat de Brumaire. François Furet a bien analysé les conséquences du choix de telle ou telle date terminale, en choisissant pour sa part les années 1880. Mais généralement on accepte Brumaire — 1799 — comme date terminale, car les travaux sur le Directoire ont bien progressé depuis vingt ans.

Et le choix de scinder le film en deux « époques » : Années Lumière et Années terribles ?

C’est un choix médiatique, quasiment de propagande ou d’auto-suggestion, qui souhaite défendre une vision « apai-sée » de la Révolution, autour des Droits de l’Homme, bien loin du « Bloc » que défendait Clemenceau. Tout se passe comme si, en surplomb chronologique des événements, deux siècles plus tard, on distribuait des qualificatifs comme d’autres des bons points.

Le Roi, Danton et Desmoulins, Robespierre, La Fayette… Vous avez beaucoup travaillé sur les carica-

Annie Duprat est historienne, profes-seure à l’Université de Cergy-Pontoise, membre du Centre d’Histoire Culturelle des sociétés contemporaines de l’Université de Versailles-Saint-Quentin. Elle est spécialiste de l’histoire de la Révolution française et de l’iconogra-phie historique de l’époque moderne et contemporaine.

Elle est l’auteure notamment de :

Marie-Antoinette. Une reine brisée, Paris, Perrin, 2006.Histoire de France par la caricature, Paris, Larousse, 1999 (nouvelle éd. 2000).Les rois de papier. La caricature de Henri III à Louis XVI, Paris, Belin, 2002.Images et Histoire. Outils et méthodes d’analyse des documents iconographi-ques en Histoire, Paris, Belin, 2007.

41 Dossier pédagogique

Page 42: la revolution française

tures révolutionnaires : pouvez-vous nous dire quel-ques mots sur la façon dont ces personnages sont représentés dans le film ?

Le roi est représenté de façon ambivalente, entre faiblesse et malice dans le regard du comédien (Jean-François Balmer). Les scénaristes n’ont pas insisté sur l’atmosphère de la cour à Versailles : lors du banquet des gardes du corps de la reine, on les voit bien arracher les cocardes tricolores mais on ne les voit pas arborer les cocardes noires, couleurs de la reine et donc de l’Autriche. Louis XVI est qualifié de « gros cochon » un peu trop tôt : ce n’est qu’au printemps 1791, à l’occasion du refus des décrets constitutionnels sur l’Eglise, que la confiance du peuple dans son roi commence à vaciller. Après Varennes, il est un cochon, un nul, M. Veto etc... ce qui n’est guère visible.

La reine des caricatures est beaucoup moins sérieuse et réservée que celle du film : il est vrai que le film débute avec la Révolution et le deuil du fils. Les caricatures, en geste de combat, en restent toujours à l’Autrichienne débauchée, croqueuse de diamants et agent de l’étranger (il n’est fait aucune allusion dans le film à sa correspon-dance avec Dumouriez).

Robespierre est exactement tel que les contemporains l’ont décrit : il est même montré moins froid que sa légende (cf ses jeux avec le fils Desmoulins). Son visage, lorsqu’il est placé sous la guillotine, est très ressemblant aux caricatures thermidoriennes. Rien à dire sur Danton et Desmoulins car il n’y a pas de caricatures politiques pendant la Terreur et ils ne pouvaient pas être l’objet de caricatures avant — les royalistes, qui commencent leur campagne de dessins fin 1790, mentionnnent sim-plement « l’ânon Desmoulins » et se déchaînent plutôt sur d’autres (Bailly, Gorsas, Brissot, Barnave, ce dernier curieusement absent du film). La Fayette, qui fait corps avec son cheval blanc, est bien le général « sans-tord » ou « centaure », le « blondinet » comme ses ennemis,

nombreux et de tous bords, le dépeignaient.

Ce parti pris de donner la part belle à des «personna-ges» ne trahit-il pas la dynamique révolutionnaire ?

La « dynamique révolutionnaire » renvoie à la conjonctu-re de la fin du XVIIIème siècle, qui voit un véritable bascu-lement du monde des monarchies anciennes — Améri-que coloniale, Pays-bas autrichiens, Pologne sous tutelle russe, etc.— dont l’action de quelques protagonistes ne peut rendre compte à elle seule. Mais la « dynamique ré-volutionnaire » est un concept abstrait, difficile à rendre au cinéma, sauf lorsqu’il est en phase avec son époque (voir La Marseillaise de Jean Renoir en 1938, entre Front Populaire et cent-cinquantenaire de la Révolution).

D’après vous, que peuvent apporter ces deux films à la pédagogie de la Révolution française ?

S’ils ne sont pas des « grands films », au sens ciné-philique du terme, ces deux films sont sérieux et bien construits

Les professeurs d’histoire pourront aisément choisir une scène en contrepoint de leur cours : beaucoup peuvent être isolées, sur les événements comme la prise de la Bastille, le serment du jeu de paume ou les séances à l’assemblée, ou encore les débats entre Danton et Robespierre, ou enfin les deux figures très différentes de journalistes, Desmoulins et Hébert. La reconstitution des ateliers d’imprimerie est très bien faite.

Cependant, si un extrait de film peut être utile à un cours d’histoire, il ne faut pas oublier que le cinéma est un art dont les ressorts ne sont pas ceux de la pédagogie.

POUR ALLER PLUS LOIN ENTRETIEN

42 Dossier pédagogique

Page 43: la revolution française

POUR ALLER PLUS LOIN ENTRETIEN

Pouvez-vous nous donner un aperçu de la filmographie consacrée à la Révolution française…

J’ai dénombré un peu plus de trois cents films sur la Révo-lution française. Dans ce lot, un peu moins de la moitié sont des films français, le reste se répartit entre films américains (un petit tiers) et anglais, italiens (ce qui est lié à des accords de production franco-italiens du début du siècle) et, pour une petite part, allemands et d’Europe centrale. Pour bilan, de rares chefs d’oeuvre, mais des curiosa significa-tives (le film de Demy, Lady Oskar, 1979, adapté d’une bande dessinée japonaise), voire des films médiocres, tant du point de vue esthétique que par la pertinence historique.La production télévisuelle, plus discrète, reste qualitativement plus homogène et thématiquement plus ouverte.

Y a-t-il une différence d’approche, par exemple dans les épisodes traités ?

Il y a une coupure idéologique entre cinéma français et cinéma anglo-américain. Les Français s’intéressent surtout à 1792 et à la chute de la monarchie. Ce qui intéresse les Anglo-améri-cains c’est plutôt la « révolution de la liberté » : 1789, symbo-lisé par la chute de la Bastille et l’abolition des privilèges. Le cinéma anglo-américain s’inspire de deux sources : d’une part les écrits de l’historien anglais Edmund Burke (1729-1797) ; l’autre source est littéraire, c’est un roman de Dickens, A Tale of two cities (1859), qui a inspiré la trame de nombreux films (il faut citer d’ailleurs l’excellente adaptation de Jack Conway en 1935). Il y a également une femme-écrivain, Mrs Montaigu,

qui signait sous son nom de jeune fille hongroise, baronne Orczy, des romans de cape et d’épée depuis 1903. Le cane-vas de ses romans, d’audience internationale, est toujours le même : un héros britannique sarcastique, Le Mouron Rou-ge (the « scarlet pimpernel ») vole au secours d’une pauvre jeune fille noble et l’aide à passer en Angleterre. Les romans mettent ainsi souvent en scène une opposition entre le noble français cruel et débauché et l’aristocrate britannique, humain et pragmatique. Les Anglais ont toujours été très hostiles à la monarchie française, qu’ils jugent coupable, par son impéritie et son aveuglement, de sa propre perte.

Les films américains sont dans une problématique un peu différente. Ils montrent la famille royale parce qu’ils sont fascinés par les « stars ». Ils sont également très attachés aux figures féminines, généralement négligées en France : Marie Antoinette (voir le très beau film de W.S. Van Dyke, de 1939), Lady Hamilton (la maîtresse de l’amiral Nelson), Madame du Barry. Le cas de Madame du Barry est intéressant, parce que c’est une femme d’origine populaire, devenue la dernière maitresse de Louis XV, détestée de Marie-Antoinette et guilloti-née peu après elle. La démocratie américaine reste très atten-tive à l’ascension sociale individuelle et les films américains se plaisent à décrire des « destins »... pour peu qu’ils se situent dans des espaces historiquement emblématiques.

Le cinéma soviétique s’est-il intéressé à la Révolution française ?

Quasiment pas. Les Russes ont fait leur propre Révolution,

Spécialiste de la repré-sentation à l’écran de la Révolution française, à laquelle elle a consacré plusieurs ouvrages, Sylvie Dallet a été commissionnée par le Bicentenaire de 1789. Elle replace les deux films de Robert Enrico et Richard Heffron dans un contexte plus large.

Entretien avec l’historienneSylvie Dallet

Filmographie de la Révolution française

43 Dossier pédagogique

Page 44: la revolution française

POUR ALLER PLUS LOIN ENTRETIEN

comme les Cubains. Ils n’ont pas eu à chercher de modèles à l’étranger. Quand les cinéastes russes s’intéressent à la période, c’est pour mettre en scène Napoléon 1er et le dépeindre sous les traits du tyran.

Revenons en France…

Le film le plus marquant avant-guerre est évidemment ce-lui de Jean Renoir, La Marseillaise (1938). La Marseillaise s’intéresse (pour sa partie parisienne) à 1792 et à la chute de la monarchie, ce qui est conforme aux préférences du cinéma français de l’époque. En ce sens c’est un film classique, mais il est aussi très original parce qu’il met en scène des personnages populaires et s’intéresse à un épisode peu représenté, qui est la montée des Marseillais sur Paris.

On a dit qu’il s’agissait d’une vision très idéologique de l’histoire, proche du PC de l’époque, le film ayant été pour partie financé par une souscription de la CGT.

Le film de Renoir n’est pas plus « idéologique » qu’un autre ! D’un point de vue historique, scientifique, c’est le film le plus crédible de l’époque. Renoir est un des premiers cinéastes à avoir travaillé à partir des archives, celles des Bouches du Rhône notamment, ce qui est assez exceptionnel pour l’époque. Il faut savoir que la plupart des films sur la Révolution française avant-guerre ont été financés avec des capitaux de droite et d’extrême-droite, les scénarios étant souvent écrits par des membres de l’Académie française, qui était un bastion monar-chiste.

Plus largement, chaque film est le produit d’un terreau idéologi-que, d’un enseignement, mais aussi de l’influence de circons-tances particulières. La comparaison entre ce Marie-Antoinette de Van Dyke et des films de Robert Enrico et Richard T. Heffron est très intéressante. Le canevas des événements est évidem-ment le même mais il y a des différences dans le choix des épisodes et dans leur mise en scène. Le film de Van Dyke a été tourné à la veille de la guerre et produit par une société très engagée dans l’anti-nazisme qui était la Warner : la France et sa révolution y sont présentées de manière plutôt favorable. La violence notamment y est minorée. Dans le film de Richard

Heffron on voit la tête de la duchesse de Lamballe danser sur une pique ; le film de Van Dyke se contente de nous montrer le regard effaré de Marie-Antoinette qui assiste à la scène. Cette question de montrer ou non la violence est centrale : les films favorables à la Révolution française insistent sur l’enthou-siasme et le mouvement, les films qui lui sont hostiles insistent plutôt sur la violence. Il faut voir les films de Griffith dès 1909 (dix ans avant son chef-d’oeuvre Orphelines dans la tempête), avant l’instauration de la censure en 1921 : c’est une litanie de meurtres et de massacres.

Passons à l’après-guerre…

L’intérêt pour la période baisse très nettement dans les pays étrangers. En France il y a les films de Sacha Guitry, des films à sketches avec des « bons mots » qui perdureront avec la pochade de Jean Yanne Liberté, Egalité, Choucroute (1984)… Sacha Guitry s’intéresse à la « grande histoire », à l’imagier consensuel de la République. Ce qui manque souvent sur la Révolution française c’est l’histoire des mentalités, des condi-tions socio-économiques, des nuances du tempérament insur-rectionnel ou libertaire. Le danger du cinéma est de faire uni-quement de l’événementiel, de ne plus montrer les conditions de vie des populations de l’époque. Or si elles se sont soule-vées, c’est bien qu’elles avaient des raisons de le faire.

Dans les années 1970 c’est la télévision qui prend le re-lais…

La télévision française a fait un remarquable travail de mise en scène de l’Histoire. Je pense évidemment aux épisodes de La Caméra explore le temps du trio Lorenzi-Decaux-Castelot consacrés à la Révolution, notamment La Terreur et la Vertu en deux parties ; mais on peut citer aussi 1788 de Maurice Failevic qui suscite l’admiration de tous les historiens, et des téléfilms moins connus comme La fin du marquisat d’Aurel ou Madame Thérèse adaptée du roman homonyme d’Erckmann-Chatrian.

La grande qualité des films de Stellio Lorenzi est d’être resté très près des sources (par exemple les compte-rendus des séances de la Convention), et ainsi d’avoir retrouvé la qualité du langage de l’époque. C’est une qualité qui manque cruelle-

Sylvie Dallet, professeure des univer-sités (Paris-Est ), chercheur au Cen-tre d’Histoire Culturelle des Sociétés Contemporaines (université de Versailles-Saint-Quentin), publie sur l’histoire des idées et de la création contemporaine (images & sons).

Spécialiste de l’imaginaire de la Révo-lution française, elle est, notamment, l’auteure de : La Révolution française et le cinéma (De Lumière à la télévision), Editions Lherminier /Les Quatre Vents, labellisé Mission du Bicentenaire, 1988Filmographie mondiale de la Révo-lution française (ouvrage coécrit avec Francis Gendron et commandité par la Mission du Bicentenaire), Editions Lher-minier /Les Quatre Vents, 1989.Boîter avec l’humanité, la représen-tation de l’histoire à travers la filmo-graphie gancienne, in « Abel Gance », dossier réuni par Laurent Veray, 1895, n° 31, nov. 2001.

44 Dossier pédagogique

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ment à un film comme celui de Richard Heffron, où on a l’impression d’avoir affaire à des obsédés de la guillotine qui s’expriment par borgorygmes. Or les révolutionnai-res (souvent des avocats, des savants…) s’exprimaient dans un français très élaboré et utilisaient un vocabu-laire riche et précis, dont .les textes nous ont restitué la saveur. La langue participe de la clarté et de l’élégance de la pensée. Souvent les réalisateurs sont très attentifs à la reconstitution visuelle, et délaissent la qualité de la langue. De ce point de vue, Eric Rohmer a livré un très beau film avec L’Anglaise et le duc (2001), au point de vue certes, ouvertement monarchiste et réactionnaire, mais qui restitue remarquablement la qualité et la signi-fication sensible de la conversation.

Ensuite, dans les années 1980, il y a à nouveau quel-ques films de cinéma sur la Révolution française, avant le projet d’Alexandre Mnouchkine. Les plus intéressants sont sans conteste La Nuit de Varennes d’Ettore Scola (1982) et le Danton d’Andrzej Wajda (1983).

Si l’on fait le compte de tous ces films (français comme étrangers) quels sont les événement et les personnages privilégiés ?

On l’a déjà dit, le cinéma anglo-américain s’intéresse à 1789, le cinéma français a privilégie 1792 et la chute de la Monarchie, prolongée par l’opposition entre Monta-gnards et Girondins. Il y a une période qui a été souvent traitée par le cinéma français, c’est le Directoire : mais c’est le prétexte à mettre en scène des histoires galan-tes, le Directoire étant reconnu comme une période de corruption et aux mœurs légères. Ensuite c’est la pé-riode napoléonienne qui débute, avec un grand nombre de films, au premier rang desquels le magnifique Napo-léon d’Abel Gance (1927), qui fait preuve d’une inventité visuelle étonnante. Napoléon Bonaparte est d’ailleurs le personnage qui a le plus inspiré de films. Les personna-ges les plus populaires sont ensuite Marie-Antoinette et

Robespierre, puis le roi, Danton…

La Révolution française au cinéma c’est une histoire à trous. L’ambition du film La Révolution française, dans la vision du producteur Alexandre Mnouchkine, grâce à sa maison de production Ariane, était justement de proposer une narration continue de la période, au moins jusqu’à Thermidor. Pour mémoire, sa fille Ariane avait crée pour la scène puis filmé une pièce de théâtre, 1789.

Pour conclure, y a-t-il d’autres films qui vous parais-sent remarquables ?

Adieu Bonaparte de Youssef Chahine (1985) et La nuit de Varennes d’Ettore Scola ont ouvert l’imaginaire révo-lutionnaire à l’international et aux minorités. A l’inverse, le film à épisodes de 1925 Jean Chouan (Luitz-Morat) qui annonce le lyrisme du Napoléon d’Abel Gance reste passionnant malgré ses longueurs et ses parti-pris.

J’ai une grande tendresse pour Les Mariés de l’an II (1971) de Jean-Paul Rappeneau avec Jean-Paul Bel-mondo et Marlène Jobert. C’est un film populaire qui a eu un grand succès à l’époque, et qui pour cette raison a été négligé par les historiens. Mais c’est un film tout à fait passionnant sur la Révolution française. La grande qua-lité de Jean-Paul Rappeneau est sa capacité à mettre en scène le mouvement, les passages symboliques et sensi-bles. Dans Les Mariés de l’an II cette forme sert très bien la mise en scène d’une époque qui fut un feu d’artifice d’évolutions, un véritable tourbillon d’idées. Jean-Paul Belmondo campe un personnage extravagant, François Philibert, français émigré aux Etats-Unis, qui revient en France pour divorcer. Le film se passe pour partie à Nantes ce qui est remarquable car la plupart des films sur la Révolution française sont très parisiens (reproche qui s’adresse aux films de Robert Enrico et Richard Hef-fron). Il met en scène une vraie histoire de couple et un beau personnage de femme, alors que l’influence des femmes (Lucile Desmoulins mise à part) reste généra-

lement gommée dans le cinéma français. En ce sens Rohmer a ouvert une vraie brêche en brossant un portrait nuancé de son Anglaise. Il faudrait étendre cette sympa-thie attentive aux exclus des écrans, les révolutionnaires des colonies, des provinces, des marges religieuses, ce peuple exclu qui reste chatoyant et divers.

Index des films cités (par ordre chronologique)

A Tale of two cities de Jack Conway (1935)

La Marseillaise de Jean Renoir (1938)

Marie Antoinette de W.S. Van Dyke, (1939)

Les Mariés de l’an II de Jean-Paul Rappeneau (1971)

Lady Oskar de Jacques Demay (1979)

L’Anglaise et le duc d’Eric Rohmer (2001)

La Nuit de Varennes d’Ettore Scola (1982)

Danton d’Andrzej Wajda (1983)

Liberté, Egalité, Choucroute de Jean Yanne (1984)

Adieu Bonaparte de Youssef Chahine (1985)

POUR ALLER PLUS LOIN ENTRETIEN

45 Dossier pédagogique

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Le film« Chronique de quelques faits ayant contribué à la chute de la monarchie », réalisée sous la forme d’une série de tableaux qui évoquent les trois premières années de la Révolution, La Marseillaise est le vingt-et-unième film de Jean Renoir.Le réalisateur se met au service du Front Populaire en célébrant des thèmes qui lui sont chers : l’esprit de 1789 et l’élan libérateur du peuple. Il fait de La Marseillaise une œu-vre ouvertement partisane, mais qui doit, selon ses propres termes, « rester de bonne foi ». Financé en partie par une large souscription populaire lancée par la CGT, le film est pour lui l’occasion de célébrer, en 1938 (avec en point d’orgue le cent-cinquantenaire de la Révolution, en 1939), la grandeur de l’indi-vidu dans l’action collective. Comme Jaurès dans son Histoire socialiste de la Révolution française, Jean Renoir se penche sur le peuple révolutionnaire, sur sa condition et sur ses com-bats, dans une perspective socialiste voire même marxiste.

AnalyseLa prise des Tuileries, telle qu’elle est conçue chez Robert Enrico (Les Années Lumière) et Jean Renoir, constitue à cet égard un angle d’attaque intéressant pour comprendre combien la Révolution française se prête à une multiplicité de lectures cinématographiques.La Révolution française de Enrico et Heffron se focalise sur les grandes figures révolutionnaires, au premier rang desquel-les Danton et Desmoulins, rejoignant la tradition des historiens

romantiques (dans les premières pages de son Histoire de la Révolution, Michelet dit de Danton et Desmoulins qu’« ils vont nous suivre, ils ne nous lâcheront plus », « car la comédie, la tragédie de la Révolution sont en eux, ou dans personne »).Fidèle à ce parti pris, Robert Enrico donne le premier rôle à Danton dans l’organisation de la journée du 10 Août. A lui de discuter avec Robespierre et Desmoulins du nouveau cours politique à donner à la Révolution, à lui de mettre en place la Commune insurrectionnelle, à lui enfin de galvaniser les Fédé-rés. Si le peuple et les soldats de la Révolution sont bien pré-sents, ils semblent seulement emprunter le chemin que Danton leur a ouvert. Jean Renoir adopte une perspective complètement différente pour peindre la prise des Tuileries. De Danton ou d’autres gran-des icônes révolutionnaires, il n’est pas question dans le film. L’attention est toute tournée vers les Fédérés marseillais, qui sont placés au cœur de l’action. A eux de discuter de l’événe-ment, à eux de prendre des décisions aux Tuileries et de s’en emparer.Cette attention au peuple des Fédérés s’explique, sinon par un parti pris déclaré, en tout cas par les sympathies idéologiques de Jean Renoir. Par le biais du portrait des Fédérés, il se livre à un éloge de l’homme révolutionnaire tel que le XXème siècle en a connu et que le PCF a exalté. Dans la scène sur la prise des Tuileries, on trouve ainsi des thématiques à même de rappe-ler le discours du parti communiste français. Le réalisateur fait tenir de vibrants discours aux Fédérés dans lesquels on loue l’action révolutionnaire comme action pacifique par essence. On y légitime la pratique révolutionnaire et le sacrifice de son existence personnelle sur l’autel d’une cause supérieure.

ANALYSE COMPARÉE

Le héros ou le peupleLa Marseillaise de Jean Renoir (1938)

46 Dossier pédagogique

Un film de Jean RenoirFrance, Pologne, 1937Durée : 126 mnAvec : Pierre Renoir, Lise Dela-mare, Louis Jouvet , Carette, Aimé Clariond, Andrex, Irène Joachim, Ardisson

POUR ALLER PLUS LOIN

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Dans sa description du peuple des Fédérés, La Mar-seillaise a des accents presque marxistes ou jauressiens. Le film prête une attention particulière à leur vie, à leur langue (le patois marseillais), à leur métier (la maçonne-rie à travers le personnage de Bomier), à leurs préoccu-pations quotidiennes (notamment les problèmes de ravi-taillement) comme à leur culture politique (Bomier est par exemple séduit par les élections démocratiques) et à ses vecteurs de diffusion (journaux, placards, graffiti, théâtre d’ombres chinoises…).

Mais la séquence est également intéressante par la façon dont sont représentés le Roi et de son entourage. Robert Enrico présente un portrait de Louis XVI assez subtil, adoptant une voie historiographique médiane : il souligne aussi bien la faiblesse et l’indécision du Roi que son courage (le Roi se rend seul, en tête de sa famille, à l’Assemblée nationale, en se frayant un chemin parmi le peuple parisien amassé à l’entrée des Tuileries) et sa lu-cidité politique. Dans ce long métrage, Louis XVI a mani-festement compris la portée historique du 10 août ( avant la revue de ses troupes, il avoue : « Je vais donc jouer mon trône sur cette chance » ; réfugié à l’Assemblée, il confie à son fils : « A partir de maintenant, il n’y a plus de Roi en France »).Jean Renoir offre un portait plus marqué de Louis XVI. Confronté à l’insurrection populaire et à l’assaut des Fédérés, le Roi se distingue par son inconscience : fin gourmet, il fait l’éloge de la tomate, un fruit apporté par les Marseillais. Alors même que les Tuileries sont assaillies, il se soucie surtout du port de sa perruque. En quittant le palais, il s’inquiète de la précoce chute des feuilles des arbres. Etroitement surveillé par sa femme, il ne prend aucune décision et suit docilement les conseils de son entourage.

Des considérations semblables peuvent être dévelop-pées au sujet de la reine Marie-Antoinette. Relativement effacée chez Robert Enrico, elle est clairement présen-

tée dans La Marseillaise comme l’ennemi de l’intérieur. Le film retient les principaux aspects de sa légende noire : elle est l’étrangère ennemie du peuple (qu’elle songe d’ailleurs à massacrer perfidement), la manipulatrice (qui tire parti des faiblesses de son époux pour imposer ses vues) et la femme de petite vertu (comme pourrait le lais-ser entendre l’attitude particulièrement obligeante des gentilshommes à son égard).

On retrouve enfin, de façon comparable, des différences de traitement des Gardes suisses dans les deux long-métrages. Alors que Robert Enrico voit en eux de simples fidèles à la monarchie, Jean Renoir les présente comme des êtres sanguinaires (qui ont pour objectif de massa-crer le peuple et des Fédérés), perfides, et d’une supé-riorité méprisante à l’égard du peuple. Leur portrait prend même une connotation nettement germanophobe, sans doute liée au contexte de l’époque. En insistant ainsi sur leur accent allemand, leur sens de l’honneur militaire jusqu’au-boutiste (« Vaincre ou mourir »), leur caractère belliqueux, le film se distingue par un symbolisme trans-parent.

POUR ALLER PLUS LOIN

47 Dossier pédagogique

ANALYSE COMPARÉE

La Marseillaise de Jean Renoir1. Un groupe de Fédérés

Tous droits réservés

La Marseillaise de Jean Renoir2. Le Roi (Pierre Renoir)

La Marseillaise de Jean Renoir3. La Reine (Lise Delamare)

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Le film et son contexteAuréolé de la Palme d’Or et du triomphe mondial de L’Homme de fer (1981), film politique en prise directe avec l’actualité polonaise, Andrzej Wajda se voit commander son prochain long-métrage par la société française Gaumont.Danton, adaptation par le scénariste français Jean-Claude Carrière d’une pièce de la dramaturge Stanislawa Przybys-zewska (1901-1935), doit se tourner en Pologne avec une distribution franco-polonaise, et dans les rôles principaux Gérard Depardieu et Wojciech Pszoniak.Mais l’instauration par le général Jaruzelski de l’état d’urgence, 13 décembre 1981, qui proscrit notamment les rassemble-ments de plus de trois personnes, oblige Gaumont à rapatrier le tournage en France. La genèse du film est ainsi profondé-ment marquée par le contexte politique.

AnalyseDans ses notes* sur Danton, Andrzej Wajda raconte avoir convié, pour le préparer à son rôle, l’acteur Gérard Depardieu à Varsovie, afin de lui faire rencontrer les leaders du syndicat Solidarnosc, et de lui montrer « le visage de la Révolution ».On ne saurait mieux définir l’originalité du Danton d’Andrzej Wajda, qui regarde la France de 1794 au prisme de la Pologne de 1982, et vice versa.

Le film relate les événements qui conduirent à l’élimination des « Indulgents » et à leur exécution le 24 mars 1794. Respectant la trame chronologique des faits et accordant un grand soin à la reconstitution, il se présente sous les auspices

apparemment classiques du film historique.Mais à y regarder de plus près, le film propose une vision très orientée des événements : du contexte économique et de la situation militaire (à l’intérieur et aux frontières), il n’est qua-siment jamais question ; le film se focalise sur les enjeux de pouvoir autour de quelques personnages, laissant le peuple dans l’ombre, à tel point que l’historien François Furet a pu parler d’un film « dont la société et le peuple sont absents. » (Entretien accordé au Nouvel Observateur, Janvier 1983) ; entre autres impasses, il n’est jamais fait allusion aux Hébertis-tes que Danton, soutenu par Robespierre, vient d’écraser.En revanche un accent particulier est mis sur des traits qui pouvaient évoquer d’autres référents historiques au spectateur de 1983 : la surveillance de la population par la police politique (les agents du comité de sûreté révolutionnaire), les entraves à la liberté d’opinion et à la liberté de la presse (l’interdiction du journal Le Vieux Cordelier), la mise au pas de la justice (le pro-cès de Danton se fonde sur les mêmes ressorts que les procès de Moscou, de Prague et de Varsovie), sont autant d’échos aux pratiques des démocraties populaires de la seconde moitié du XXième siècle. Le film peut être lu comme une allégorie de la situation politique de la Pologne aux débuts des années 1980, et de la brutale reprise en main opérée par le régime du général Jaruzelski. Après avoir desserré l’étau qui étouffait les Polonais en faisant entériner les accords « en 21 points » de Gdansk qui autorisent la création d’un syndicat indépendant, les diri-geants de Solidarnosc sont emprisonnés et persécutés par Jaruzelski en 1981, et toute velléité de résistance est écrasée par la déclaration de l’état d’urgence (13 décembre 1981). Après avoir voulu entraver la mécanique de la Terreur, les Indulgents en sont victimes à leur tour.

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L’histoire au prisme de l’actualitéDanton d’Andrzej Wajda (1983)

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Un film de Andrzej WajdaFrance, Pologne, 1982Durée : 136 mnAvec : Gérard Depardieu, Wojciech Pszoniak, Anne Alvaro, Roland Blanche, Patrice Chéreau, Krzysztof Globisz, Tadeusz Huk, Marek Kondrat, Boguslaw Linda

ANALYSE COMPARÉE

Page 49: la revolution française

L’intérêt de Wajda se focalise sur l’affrontement théâtral, duel quasi shakespearien entre Danton (G. Depardieu) et Robespierre (W. Pszoniak), qui faisait tout l’intérêt de la pièce de Stanislawa PrzybyszewskaMais le scénario de Jean-Claude Carrière et la mise en scène de Wajda infléchissent à la fois la pièce originale (pro-robespierriste et pro-communiste) et la réalité histo-rique pour mieux mettre en scène le parallèle de Dan-ton/Lech Walesa (très populaire leader de Solidarnosc) et de Robespierre/Jaruzelski (premier ministre du ré-gime communiste). Le film exacerbe ainsi les traits des deux personnages pour mieux les opposer.

La scène de l’entrevue de Danton et de Robespier-re dans un hôtel parisien est à cet égard éloquente. Probablement inspirée par les clichés pris à l’occasion de la rencontre du 10 mars 1981 entre les deux leaders polonais, elle oppose un Danton aussi actif, humain et gouailleur que Walesa, à un Robespierre partageant la même raideur et la même austérité que Jaruzelski, et défendant la même conception théorique du bonheur.La performance fiévreuse de Gérard Depardieu ainsi que le jeu symbolique autour de la nourriture (offerte par Danton et refusée par Robespierre) donnent à cette en-trevue un tout autre relief que la scène équivalente des Années Terribles de Richard Heffron, résumée à une brève conversation nocturne dans une rue de Paris.Une scène postérieure charge encore un peu plus le portrait de Robespierre : la fameuse séquence où l’Incorruptible demande au peintre David d’effacer le visage de Fabre d’Eglantine de son tableau du Serment du Jeu de Paume, pure invention historique, est une allusion transparente au culte de la personnalité et aux pratiques staliennes de réécriture de l’histoire.

On peut faire une autre comparaison entre les deux films, dans leur traitement de la Déclaration des Droits de l’homme et du citoyen : objet d’une transposition très lyrique chez Robert Enrico, qui donne au texte une

dimension presque transcendante (alors qu’une voix-off égrène les principaux articles, des groupes de person-nages représentatifs des différents groupes sociaux lè-vent les yeux vers le ciel), elle est réduite dans le film de Wajda à un catéchisme figé et dénué de sens, qu’Eléa-nore Duplay (Anne Alvaro) fait réciter à son jeune frère pour complaire à « l’Incorruptible ».

* « Before we began filming in Paris, while «Solidarity» was still func-tioning in Poland, Gérard Depardieu came to Warsaw for one day to see the revolution, and especially, to see its leaders at the moment just before the collapse of their undertaking.I wanted Depardieu to see the face of Revolution - inhumanly tired, with eyes wide open, suddenly falling asleep and never fully slee-ping. Depardieu, guided by Krystyna Zachwatowicz, stood for a long moment in the hall of the Mazowsze Region headquarters with its endlessly milling crowds, where the history of those days was being created... No words and no director could have made a better jub of introducing Gérard to the subject of my new film Danton than the scene which he saw with his own eyes. »

Extrait du site officiel d’Andrzej Wajda :http://www.wajda.pl

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49 Dossier pédagogique

Danton d’Andrzej WajdaLa rencontre entre Danton (Gérard Depardieu) et Robespierre (Woj-ciech Pszoniak)

ANALYSE COMPARÉE

Page 50: la revolution française

Le filmMarie Antoinette est le troisième long-métrage de la jeune réa-lisatrice américaine Sofia Coppola. Après les mystérieuses jeu-nes filles de Virgin Suicides et l’épouse délaissée de Lost in Translation, S. Coppola poursuit sa réflexion sur la féminité en portant à l’écran la très empathique biographie d’Antonia Fra-ser (Flammarion, 2006). Assumant ses effets de style et ses anachronismes (musicaux ou pâtissiers), Sofia Coppola cher-che moins à camper la reine de France dans sa réalité histori-que (elle cesse d’ailleurs de suivre son parcours en 1789) qu’à en faire une femme innocente et humaine emprisonnée dans un rêve de jeune fille : la cour de Versailles et son étiquette protocolaire. Pour a-historique qu’elle se donne, cette réinter-prétation n’en est pas moins porteuse d’une vision de l’histoire, elle-même héritière d’une longue tradition historiographique et cinématographique anglo-américaine.

AnalyseDans la mise en scène des journées du 5 et du 6 octobre (au cours desquelles les femmes de Paris allèrent chercher le roi et la famille royale à Versailles), seul événement commun aux films de Sofia Coppola et Robert Enrico, la vision de l’histoire est une question de point de vue.Dans Marie Antoinette, la foule qui attend aux grilles du château est d’abord perçue par le son, un grondement menaçant, tandis que l’image nous montre la famille royale retenant son souffle à l’intérieur du château (voir Illus. n° 1).

Quand la reine, seule (le rôle du roi est ici totalement gommé), s’avance au balcon pour faire face à la foule, cette dernière est filmée de loin, et majoritairement de dos (voir Illus. n° 2) : dans le clair-obscur des torches la foule révolutionnaire appa-raît ainsi comme une masse indistincte et anonyme hérissée de piques, de torches et de faux. Le film nous fait ainsi épouser le point de vue à la fois effrayé et méprisant (les courtisans emploient systématiquement le terme péjoratif de « mob », que l’on peut traduire par « populace ») de la famille royale sur la foule révolutionnaire. On peut voir dans cette mise en scène un lointain écho aux descriptions d’Edmond Burke (Reflections on the Revolution in France, Londres, 1790), qui ont influencé toute l’historiographie anglo-américaine : il évoque ainsi « une bande de brutes féroces, d’assassins cruels (…) empestant le sang », « toutes les indicibles abominations des furies de l’enfer incarnées dans la forme déchue des femmes les plus avilies ».Robert Enrico adopte un angle radicalement opposé : pla-cée face ou au milieu de la foule la caméra permet ainsi d’en distinguer toutes les composantes (notamment féminines) et de susciter l’empathie des spectateurs. On y voit des femmes enceintes, malades, épuisées et affamées. Ce choix ciné-matographique s’inscrit directement dans la voie ouverte par E. Labrousse et son tableau socio-économique de la France à la fin de l’Ancien Régime : mal nourrie et appauvrie par les récoltes catastrophiques de 1788, mécontente des droits et des taxes qu’elle doit payer, la population française se trouve, au printemps 1789, en état de soulèvement latent.Surtout, Les Années Lumière insèrent les journées du 5 et du

Une question de point de vueMarie Antoinette de Sofia Coppola (2005)

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Un film de Sofia CoppolaEtats-Unis, 2005Durée : 123 mnAvec : Kirsten Dunst, Jason Schwartzmann, Rip Torn, Steeve Coogan, Asia Argento

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ANALYSE COMPARÉE

Page 51: la revolution française

6 octobre dans un récit qui en explique les causes et la signification. Cela permet à Robert Enrico de mon-trer les différentes motivations qui ont poussé les Pa-risiennes à marcher sur Versailles. Le film retient ainsi l’importance des mots d’ordre diffusés par des person-nages emblématiques (Danton appelant les citoyens aux armes par des placards sur les murs de Paris, Marat excitant la foule à Versailles), il montre le mélange de revendications économiques (le film reprend la phrase mythifiée « Allons chercher le boulanger, la boulangère et le petit mitron ! ») et de réactions politiques (on repro-che ainsi au Roi son refus de la Déclaration des droits de l’Homme et de la résolution votée par l’Assemblée le 4 août, l’utilisation systématique de son veto tout comme sa volonté de fuir Paris). Chez Sofia Coppola au contraire l’irruption de la foule révolutionnaire surprend la reine et le spectateur après une heure et demie de film, comme un coup de tonnerre dans un ciel presque serein. Comme l’écrit Marc Ferro (in Cinéma, vision de l’histoire, Ed. du Chène, 2003) « Aux Etats-Unis, où la révolution est globalement re-jetée par la société depuis l’indépendance, celle-ci joue le rôle de catastrophe et elle anime le genre favori des cinéastes, le mélodrame. On y retrouve toujours un per-sonnage de victime, une jolie femme de préférence, et là Marie-Antoinette ainsi que madame du Barry jouent les vedettes ; un traitement pathétique fait adopter au spectateur le point de vue de la victime. La Révolution, comme l’a bien montré l’historien du cinéma Jean-Louis Bourget, exerce la fonction de la catastrophe, ce qui, en profondeur, connote ces films d’une signification réac-tionnaire. » L’irruption violente des Parisiens prend effectivement le sens d’un drame pour la reine, qui quitte, avec grande nostalgie, Versailles le 6 octobre. L’image finale du film, un plan fixe montrant une pièce dévastée du château, est à cet égard sans ambiguïté (Illus. n° 3).

La mise en scène de l’événement révolutionnaire permet ainsi à Sofia Coppola de clore son portrait mélancolique de Marie-Antoinette sur une note particulièrement som-bre et pathétique.

NB : Prix de l’Education Nationale au Festival de Cannes 2006, Marie Antoinette de Sofia Coppola fait l’objet d’un DVD-DVD-Rom pédagogique dans la collection « A propos» éditée par le CRDP de Nice.

http://www.crdp-nice.net

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52 Dossier pédagogique

Marie Antoinette de Sofia Coppola1. La famille royale assiégée

Marie Antoinette de Sofia Coppola2. Vision du peuple en colère

Marie Antoinette de Sofia Coppola3. Epilogue : Versailles dévasté

ANALYSE COMPARÉE