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LA RESISTANCE DANS LES CAMPS DE CONCENTRATION ET D’EXTERMINATION Il ne faut pas mourir (…) chaque mort est une victoire du SS. ” Robert Antelme 81 474

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LA RESISTANCE DANS LES CAMPS DE

CONCENTRATION ET

D’EXTERMINATION

Il ne faut pas

mourir (…)

chaque mort

est une victoire

du SS. ”

Robert Antelme 81 474

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Buchenwald

Dans tous les camps, y compris les centres de mise à mort, il y eut une résistance. Celle-ci

prit des formes diverses, allant jusqu’à la lutte armée au moment de la libération du camp,

comme ce fut le cas à Buchenwald.

Cette résistance peut être individuelle, c’est un moyen de survivre en luttant contre la

déshumanisation. Il s’agit alors d’une résistance passive, qui préserve la dignité humaine, ou

active par le sabotage ou des actes de solidarité.

Il existe aussi une résistance collective. Elle est faite de groupes organisés selon des

affinités nationales, politiques ou philosophiques. Sa mise en place est difficile en raison de la

mixité des origines qui peut parfois générer des conflits. Elle est défensive lorsqu’elle consiste à

protéger certains, ou certains groupes. Elle est offensive lorsqu’il s’agit de faire passer des

informations sur le camp à l’extérieur, de perpétrer des sabotages ou des actions militaires.

Préambule : les camps de concentration et d’extermination

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Les premiers internés sont allemands opposants au régime nazi et les premiers déportés

sont autrichiens et tchèques. Les premiers camps sont appelés les « camps sauvages » car ils sont

improvisés. Mais, à partir de juillet 1934 est créé une inspection générale des camps de

concentration qui définit un modèle standard de camp de concentration selon le modèle de

Dachau et le règlement intérieur fondé sur la perte d’identité et l’humiliation des détenus. Ce sont

les détenus qui sont forcés de construire ces camps, les victimes travaillant dans des conditions

inhumaines, y laissant souvent leur vie.

Les camps d’extermination nazis étaient des centres de mise à mort à grande échelle, où

les victimes, essentiellement des Juifs, étaient assassinées par gazage. Maillon essentiel de la

Shoah, ils prirent le relais des fusillades de masse pratiquées par les Einsatzgruppen. Sur les six

centres de mise à mort, quatre étaient uniquement destinés au gazage des déportés et deux

combinaient cette fonction avec celle de camp de concentration.

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Qui est interné ?

Les premiers détenus sont majoritairement des antinazis et des communistes. A partir de

1936, de nouvelles catégories sont internées : les délinquants, les réfractaires au travail, les

asociaux, les homosexuels, les témoins de Jéhovah, les tsiganes, les juifs… Et enfin à compter de

1938, les premiers déportés autrichiens et tchèques.

Ces différentes populations carcérales rend difficile les formes de cohésion en d’entraide au sein

des camps.

Au fur et à mesure des annexions ou des conquêtes militaires, l'origine des détenus

s'élargit pour atteindre 22 nationalités différentes, y compris des républicains espagnols réfugiés

en France après la victoire de Franco.

À l'exception des Tziganes, et au contraire de l'extermination des Juifs, les déportés ne

sont pas internés en raison de leur prétendue race ou de leur nationalité, mais pour leur

dangerosité réelle ou supposée pour la société allemande ou le régime nazi. Selon Olga

Wormser-Migot, au total, entre 2 000 000 et 2 500 000 auront été internées pour un temps plus ou

moins long dans les camps.

Quelles sont les différentes catégories d’internés ?

Les nazis ont développé un système de symboles afin de différencier les individus

emprisonnés selon la raison de leur incarcération : en fonction de leur étiquetage, ils subissaient

un traitement différent.

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Marquage nazi pour les juifs. Marquage nazi pour les homosexuels allemands.

Marquage nazi pour les tsiganes. Marquage nazi pour les criminels de droit commun.

Marquage nazi pour les prisonniers politiques allemands, les résistants et les autres prisonniers

politiques. La première lettre du nom allemand du pays d'origine était ajoutée.

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Marquage nazi pour les prisonniers politiques français.

Marquage nazi pour les prisonniers politiques espagnols.

Marquage nazi pour les prisonniers politiques juifs.

Marquage nazi pour les juifs « honte de la race »1.

Marquage nazi pour les émigrés juifs. Marquage nazi pour les juifs asociaux.

Marquage nazi pour les prisonniers « asociaux », dont les lesbiennes.

Marquage nazi pour les Témoins de Jéhovah . Marquage nazi pour les émigrés.

Marquage nazi pour les prisonniers politiques de la compagnie disciplinaire.

Marquage nazi pour les prisonniers formés au travail.

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Elle se traduit par la mise en place d’organisation clandestine qui est facilitée par le fait

que majoritairement les détenus parlent tous allemands et étant pour la plus part des détenus

politiques, ils ont gardés cette culture d’organisation et de solidarité héritée de leur militantisme.

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I. La résistance dans les camps de concentration et

d’extermination de 1940 à 1945

Tout est fait pour déshumaniser le déporté. Travail, nourriture, hygiène, sanctions, tout est

calculé pour enlever aux déportés leur force physique et ainsi les conduire à une mort certaine. Le

lever a lieu à 4 heures du matin. Les appels durent des heures dans le froid, deux fois par jour. La

journée de travail atteint parfois 12 heures. Les rations alimentaires sont réduites au minimum.

Voici par exemple la ration d’un détenu au Struthof en 1944. À partir de cette date ces rations

deviennent théoriques compte tenu de la pénurie croissante et de l’augmentation de la masse des

détenus.

Pain

Viande et charcuterie

350 g par jour

185 g par semaine

80 g par semaine

160 g par semaine

100 g par semaine

1000 g par jour

Sucre

Graisse

Marmelade

Légumes

I D’après O. Wormser-Migot, Le système concentrationnaire nazi, Paris, PUF, 1968

Dan cet enfer, et envers contre tout, des hommes, des femmes, des enfants vont résister.

Cette résistance se traduit par la mise en place d’organisation clandestine qui est facilitée par le

fait que majoritairement les détenus parlent tous allemands et étant pour la plus part des détenus

politiques, ils ont gardés cette culture d’organisation et de solidarité héritée de leur militantisme.

A) La résistance première : … survivre

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L'objectif des S.S était de faire mourir les déportés par tous les moyens. Il était donc très

difficile de survivre dans les camps de concentration. Le premier combat d'un prisonnier était de

s'empêcher de mourir malgré le froid, la faim, la fatigue et le travail insupportable.

a) Se nourrir

Pour combattre la faim, certains déportés volent ou troquent de la nourriture. Mais c’est

surtout la solidarité qui sera un des piliers essentiels au ravitaillement. Elle revêtira plusieurs

formes :

prélèvement d’une petite part de leur ration pour les plus faibles

« Chaque jour, le responsable de la ‘‘ solidarité’’ recueillait les bouchées de pain, les petites

bouchées, 1 ou 2 centimètres cubes, que nous prélevions sur nos maigres rations, et les

répartissait entre les plus déficients d’entre nous. J’en ai bénéficié moi-même et c’est peut-être à

ces quelques grammes de pain que je dois d’avoir survécu, que beaucoup

François Faure, déporté au camp du Struthof-Natzwiller :

Le livre Les Françaises à Ravensbrück : « au hasard des équipes de travail, chacune

s’ingéniait à rapporter ce qu’elle pouvait, bravant les fouilles, les coups, les punitions […] Les

amies qui avaient la chance de travailler dans ces équipes où l’on distribuait un léger

supplément de nourriture appelé Zulage, le partageaient avec des amies moins favorisées […] Il

y a milles façons de venir en aide aux camarades. Dans les blocks, les détenues de droit

commun qui sont généralement préposées à l’entretien du feu, se font payer en nature pour

faire cuire les pommes de terre dans la cendre, en s’en réservant la moitié. Mais au block des

N.N., Charlie fait cuire celles des malades sans rien demander et s’ingénie à leur faire parvenir

encore chaudes. »

« Pendant les 18 derniers mois de notre captivité, tous les samedis nous nous privions

de notre cassecroûte pour le remettre le Dimanche à nos camarades français malades. Nous

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étions obligés de prendre certaines précautions pour faire ce travail car nous risquions de nous

faire repérer et de voir démolir ainsi notre organisation ».

René Cherrier

Qui est-il ?

Robert Carrière, déporté à Buchenwald et Dora depuis Toulouse, raconte qu’en janvier

1945, ses camarades et lui apprennent qu’un convoi de femmes vient d’arriver d’Auschwitz.

Parmi elles, se trouvent trois Françaises. Ils décident donc de préparer un petit colis de

nourriture et obtiennent du S.S. qui surveille ces femmes de le donner à l’une d’entre elles. Il

s’agit de Simone Veil.

des déportés affectés au cuisine, prendront le risque d’être punis, voir exécutés, en

faisant sortir de la nourriture

Marc Klein à Auschwitz « La différence entre les kommandos reposait non seulement sur

la dureté du travail et sur le traitement que les kapos infligeaient aux détenus, mais aussi sur les

possibilités plus ou moins grandes « d'organiser » la nourriture supplémentaire. Une source

d'alimentation se trouvait dans les vols plus ou moins importants que les détenus pratiquaient

avec l'approbation de tous leurs camarades, mais aux risques et périls de leur vie dans les

dépôts des « Canadas » et dans les immenses greniers alimentaires des troupes SS. D'un petit

larcin individuel, ces vols pouvaient parfois atteindre jusqu'à plusieurs centaines de boîtes de

conserves subtilisées lors du déchargement d'un wagon. Les sources de revenus variaient selon

le savoir-faire de chacun, tout était bon et permis pour se procurer un supplément de nourriture,

à condition toutefois que cette opération ne lésât aucun co-détenu, sans quoi elle devenait

purement et simplement un crime. »

certains déportés partageront leurs colis

installation de cuisine clandestine dans un coin du block

voler la nourriture aux allemands

« Souffrant de la faim, j’ai réussi à me faufiler dans la baraque des chiens. Ceux-ci étant dans

l’enclos grillagé, j’ai pris plein les mains et les poches tout ce que je pouvais, des biscuits

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fabriqués spécialement pour eux, avec paraît-il des déchets de toute sorte. Mais que c’était bon

! Avec quelques camarades nous les avons vraiment appréciés » d’après René THALMANN

b) Lutter contre le froid

“ C'est l'appel. Tous les blocks rendent leurs ombres. Avec des mouvements gourds de froid et

de fatigue une foule titube vers la Lagerstrasse (allée principale du camp). La foule s'ordonne

par rangs de cinq dans une confusion de cris et de coups. Il faut longtemps pour que se rangent

toutes ces ombres qui perdent pied dans le verglas, dans la boue ou dans la neige, toutes ces

ombres qui se cherchent et se rapprochent pour être au vent glacé de moindre prise possible.

Charlotte Delbo 31 661

Auschwitz II – Birkenau

[Kommando Wattenstedt – Usines Goering] Le froid. Nous sommes peu habillées et très mal

chaussée. Le pays est humide, le camp boueux et exposé à tous les vents. Le block est chauffé

avec le seul bois que nous volons à l’usine. (1945)

Rose Desserin

c) Résister au travail

Certaines fonctions ou certains commandos peuvent fournir une bien meilleure chance de

survie : les personnels de l'infirmerie, de la cuisine, ceux qui sont utilisés dans les services

annexes (ainsi Primo Levi dans son emploi de chimiste à Monowitz) ; dans les commandos

extérieurs au camp, il est rare que le travail en entreprise ne permette pas d'obtenir quelque aide

d'un travailleur local compatissant. Ceux chargés de porter la soupe aux commandos peuvent

s'attribuer les rares morceaux de viande s'y trouvant. En dehors des emplois très spécialisés, pour

survivre il faut avoir les faveurs du doyen ou du Kapo, se débrouiller, « organiser », et c'est le

plus souvent aux dépens des autres. La prostitution est fréquente, tant féminine que masculine (et

non le fait des homosexuels) avec des SS, des auxiliaires locaux des doyens ou Kapos, ou des

déportés « privilégiés ».

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Dans les commandos à la mortalité la plus élevée sont envoyés en priorité les Juifs et les

homosexuels, catégories les plus haïes des SS. Certains de ces commandos sont réputés pour leur

mortalité comme le commando de la carrière de Mauthause, les « tunnels » de Dora, le

commando « Königsgraben » de Birkenau, le « Schwarzkommando » de Sachsenhausen…

Les Françaises ont mauvaise réputation : elles ne veulent pas aller plus

vite - leurs machines se détraquent avec une facilité étonnante et sont toujours en panne

Rose Desserin

« j’avais la fièvre, en arrivant à Ravensbrück et je ne connus pas les premiers jours

d’usine. […] Pendant plus d’une semaine, je prolongeai ma fièvre par de longues stations,

dévêtue, dans le lavabo glacé et, bien entendu, je n’absorbai point les cachets qui me

furent distribués… »

Bluette Morat réussira à échapper au travail en se cachant de block en block, dans ce

qu’elle appellera le « maquis de Ravensbrück »

B) La résistance invisible

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a). La religion

“ Melk (Kommando du camp de Mauthausen), chaque dimanche matin, l’abbé Varnoux disait la

messe devant quelques fidèles pendant qu’à la porte du baraquement des militants

communistes faisaient le guet. La messe terminée, au même endroit, se tenait la réunion des

responsables du parti communiste clandestin du camp, sous la garde des catholiques qui

venaient de prier. ”

Raymond Hallery 62 521

Mauthausen

b). Connaitre l’allemand

« À Buchenwald, un jour, un appel a duré 17 heures ! Il manquait quelqu’un. Les S.S. ne l’ont

pas trouvé. C’était un Belge qui a réussi, avec un autre camarade, à passer entre les mailles. Il

parlait couramment l’allemand et a pu s’en tirer.

Guy se souvient…

c). Le chant, dessin, la musique

Le Chant des Marais, devenu hymne européen de la déportation, est une œuvre

collective créée en juillet-août 1933 dans le camp de concentration nazi de Börgermor. Chant de

détresse, mais aussi chant de résistance, de dignité et d'espérance, le Chant des Marais fut

inspiré par une coutume militaire en vigueur chez les SS de ce camp : les détenus étaient

obligés de chanter sur le chemin qui menait à un marais qu'ils devaient assécher à l'aide de

simples pelles

Dans ses Mémoires, Rudi Goguel raconte :

« Les seize chanteurs, pour la plupart membres de l'association ouvrière de chant de Solingen,

défilaient bêche à l'épaule dans leurs uniformes de police verts (nos vêtements de prisonnier de

cette époque-là). Je menais la marche, en survêtement bleu, avec un manche de bêche brisé en

guise de baguette de chef d'orchestre. Nous chantions, et déjà à la deuxième strophe, presque

tous les mille prisonniers commençaient à entonner en chœur le refrain. De strophe en strophe,

le refrain revenait de plus belle et, à la dernière, les SS, qui étaient apparus avec leurs

commandants, chantaient aussi, en accord avec nous, apparemment parce qu'ils se sentaient

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interpellés eux aussi comme “soldats de marécage”.

Aux mots “Alors n'envoyez plus les soldats du marécage bêcher dans les marécages”, les

seize chanteurs plantèrent leur bêche dans le sable et quittèrent l'arène, laissant les bêches

derrière eux. Celles-ci donnaient alors l'impression de croix tombales. »

d). Le moral

Elles ont eu l’idée d’une petite fête de Noël préparée bien à l’avance. A l’usine, avec du

caoutchouc « organisé », elles ont confectionné des cadeaux, souvent fort jolis : étuis à peignes,

couvre-livres, ceintures, pochettes, etc., etc. D’autres ont préparé des « bons » pour des

cadeaux futurs … après le retour (j’ai eu ainsi un bon pour un saucisson). Pendant plusieurs

jours, elles ont mis de côté quelques parcelles de pain, de margarine, de marmelade avec

lesquelles elles ont fabriqué des « gâteaux » et une « bûche de Noël ». Les poètes ont médité…

Et le jour de Noël, l’après-midi, il y a eu fête…Les souris fêtaient de leur côté, nous étions

tranquilles. Il y eut des poèmes, composés pour la circonstance, et qui, tous, parlaient de retour

… des chants, des danses. Une de nos compagnes était même drapée d’une écharpe

tricolore ! Où avaient-elles trouvé le papier, les morceaux de tissus ? […] Le soir, nous étions

toutes excitées, remontées et pleines d’espoir de revoir bientôt nos chéris et notre France… ou

du moins, voulant nous en persuader…

Rose Desserin Sources : « Mémoires de Rose »

C) La résistance active

a)/ Organisation clandestine

Le "Comité de Résistance Française" né en mars 1943 deviendra en 1944 le "Comité

des Intérêts Français" (CIF), dont la tâche sera triple :

- détecter parmi les nouveaux convois de déportés qui sont les Résistants français;

- sauver, dans le cadre des règles de la solidarité internationale antinazie la communauté

française.

- organiser le sabotage dans les usines nazies, préparer et participer, le moment venu, à la

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libération du camp.

Buchenwald

« Dès les premières semaines de l'été 1944, un gros effort fut tenté par les groupes

communistes pour convaincre, dans chaque collectif national, les non-communistes de

s'organiser, écrit Michel de Bouard, acteur de cette résistance. Les premiers, je crois, les

Français répondirent à cet appel; à la demande de trois dirigeants du groupe communiste

français, je constituai un comité de direction élargi, comprenant Georges Savourey, le docteur

Fichez, moi-même et Jean Guillon qui devait assurer la liaison avec l'organisation communiste.

Les Autrichiens, les Tchèques formèrent, dans les mois qui suivirent, des comités analogues.

Chez les Autrichiens, les dirigeants en étaient, avec Hans Marsalek, le docteur Soswinsky et le

colonel Codré. Grâce à une active collaboration entre ces divers organismes, poursuit-il, une

efficace action de solidarité put être menée. Des vêtements furent sortis en cachette du magasin

d'habillement, des vivres, des médicaments de l'infirmerie des SS; ainsi furent sauvées bien des

vies et préservées des forces en vue de l'éventuel combat final. Le mouvement de résistance

des Häftlinge réussit même à prendre contact avec deux détenus du Bunker et savoir ce qui se

passait à l'intérieur de cette redoutable prison.»

Olga Wormser - « dans la proximité physique et morale la plus horrible, lorsque la privation d'un

morceau de pain pouvait causer mort d'homme, lorsqu'une conversation, un rassemblement

pouvaient ouvrir le chemin du crématoire, lorsque la foi religieuse était proscrite, lorsque la

fidélité à des convictions politiques était un crime, il s'est trouvé des hommes et des femmes

pour organiser la solidarité, pour sauver des vies, pour s'opposer à la volonté de mort des SS et

de leurs séides ; des prêtres ont donné la communion, des groupes d'hommes ont organisé la

Résistance »

b)/ Le sabotage

Il se fait dans les kommandos de travail, et surtout dans les usines d’armement. Malgré la

surveillance étroite des S.S., des déportés s’emploient à travailler le plus mal et le plus lentement

possible. Leur but est surtout d’endommager, de cacher et de rendre inutilisable le matériel pour

ralentir la production nazie. Pour cela, on desserre un écrou, on règle avec un léger décalage une

pièce, on détraque une machine, etc. Ces actes sont aussi bien individuels que groupés. Au camp

de Sachsenhausen, des détenus ont enfoui des plaques d’acier destinés aux chars sous des

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gravats. À Ravensbrück, des déportées sont chargées de fabriquer des chaussures qu’elles font

trop étroites pour les soldats allemands sur le front.

Ah ! Parce qu'on faisait de la résistance aussi : on crachait dans les cartouches et

vous savez quand il y a de l'eau, quand c'est mouillé, ça ne pète pas ! Alors il y a tout un

convoi qui est parti, qui est revenu. Alors un jour, ils [les SS] se sont amenés, On a dit : "- Ca y

est, notre heure est arrivée ! " On a dit : "- Ca y est, cette fois on est bousillé! " Alors le directeur

[ de l'usine ], il nous a calmées. Je ne sais pas ce qu'il a fait pour les convaincre, Faut croire qu'il

avait l'expérience."

Emma Bruchard

Et puis ils [ les SS ] nous ont emmenées en camion à Schlieben qui dépendait de

Buchenwald. Mais alors, on est arrivé dans un camp, c'était le Sahara ! Il n'y avait pas d'herbe, il

n'y avait rien du tout, c'était un truc tout neuf qui venait d'être fait. C'était un grand camp de 3000

juifs, et nous 200 femmes avec eux. Mais il y avait des barbelés entre eux et nous. En fait c'était

une poudrière, parce qu'ils faisaient les dernières armes, pour … pour gagner la guerre. Et

alors, un jour, les juifs, ils ont fait sauter la poudrière. Ça pétait de partout. J'étais avec Olga,

une amie (...) Les juifs ont défoncé les portes, et on est parti. On est descendu en ville, on est

parti partout. Mais où voulez-vous qu'on aille avec nos costumes rayés ? Le soir ils nous ont

tous repris.

Emma Bruchard

c)/ Les évasions

Les évasions du camp principal ont été extrêmement difficiles. Les tentatives ont été plus

nombreuses dans les kommandos et les camps extérieurs et quelques-unes ont réussi, surtout vers

la fin de la guerre.

« Au début de février 1945, dans la nuit du 2 au 3, la révolte du Block 20 nous prouva qu'une

action de force pouvait être efficace. Quelques jours plus tôt était arrivé dans cet enfer un

groupe d'officiers soviétiques repris après une évasion. Ayant très vite compris qu'ils étaient

voués à une mort très prochaine, ils décidèrent de tenter la gageure d'une évasion. En pleine

nuit, à la date fixée, un commandement retentit: Alles raus ! Il arrivait souvent qu'un SS

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survint et fit sortir tout le monde dans la cour du Block pour une séance de brimades brutales.

Nul ne s'étonna donc. En un clin d'œil, les conjurés étranglèrent le chef de Block et ses

acolytes. Deux groupes attaquaient alors les deux miradors, aveuglant les sentinelles avec le jet

d'extincteurs à mousse et s'emparaient des mitrailleuses. Pendant ce temps, d'autres jetaient

des couvertures sur les barbelés électrifiés et, grâce à cet isolant, commençaient à franchir la

redoutable clôture. Immédiatement, les autres miradors avaient ouvert le feu; nous fûmes

éveillés par le crépitement des armes automatiques, le sifflement des balles qui rasaient le toit

de nos Blocks et les cris des SS. Quatorze seulement des insurgés, sur quatre cents environ,

furent tués au cours de l'opération. Les autres se dispersèrent dans la campagne où, pour se

procurer des armes, ils attaquèrent un poste de défense antiaérienne.

Aussitôt commença la chasse à l'homme. Tous les SS furent lancés, et tous les chiens, à travers

la région. Le lendemain, les kommandos de travail ne purent sortir du camp intérieur, faute de

sentinelles pour les accompagner. Pendant deux jours, nous vîmes ramener des cadavres

défigurés; souvent, ils étaient traînés au bout d'une corde attachée aux pieds. Nous en

comptâmes plus de trois cents. Mais il semble que quelques-uns des évadés aient pu gagner la

montagne. Les hommes demeurés au Block 20 furent exterminés le lendemain matin et le

Block désaffecté. »

d) Les révoltes

Les cas connus sont essentiellement le fait de déportés du Sonderkommando qui savent

que leurs jours sont comptés. Ces révoltes interviennent peu de temps avant la fin des gazages

dans chacun de ces camps :

2 août 1943, Treblinka : Un groupe de détenus pressentant la fin du camp (qui signifiait

l'exécution de tous les prisonniers) décident d'organiser une insurrection. Cette révolte éclate le

2 août 1943. Des déportés parviennent à s’emparer d’armes et participèrent à l’insurrection Sur le

millier de prisonniers qui se trouvaient dans le camp, 600 s'évadèrent mais, un an plus tard, à

l'arrivée de l'Armée rouge, il ne restait qu'une cinquantaine de survivants7. Les autres avaient été

tués le jour de la révolte ou dans les mois qui suivirent par les paysans polonais, les bandes

fascistes ukrainiennes, les déserteurs de la Wehrmacht, la Gestapo et les unités spéciales de

l'armée allemande

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14 octobre 1943, Sobibor : Le 23 septembre arrive un convoi de Juifs biélorusses tous

affectés à la construction de bâtiments ; avec Léon Feldhendler comme chef, secondé par

Alexander Petcherski, un prisonnier de guerre russe juif surnommé Sacha, le 14 octobre 1943, la

révolte éclate dans le camp.

Les révoltés réussissent à désarmer des gardiens, à en tuer une douzaine et à ouvrir une

brèche dans les barbelés. Plus de 300 déportés réussissent effectivement à sortir du camp, mais

seulement 47 survivent à leur fuite. Des dizaines d'entre eux trouvent la mort dans le champ de

mines entourant le camp. À l'occasion de cette émeute, neuf membres de la SS et deux gardiens

trawnikis, des Volksdeutsche, périssent également. Par la suite, les SS assassinent presque tous

les prisonniers du camp qui n'avaient pas pu s'enfuir ou même qui n'avaient en rien participé à la

résistance, soit plusieurs centaines de personnes. Seuls quelques-uns sont conduits dans d'autres

camps. En tout et pour tout, seulement 50 prisonniers survivent à la guerre.

7 octobre 1944 à Auschwitz-Birkenau. On l’a dit, plusieurs groupes de résistance

existaient à Auschwitz, mais c’est bien celui des déportés juifs qui mènent cette insurrection. La

révolte est préparée pendant plusieurs mois mais les deux premières tentatives échouent. Les

hommes du Sonderkommando parviennent finalement à entrer en contact avec des déportés du

camp, des hommes de Birkenau affectés à l’usine de l’Union Werke. Ces derniers sont en liaison

avec quatre femmes travaillant à l’atelier de munitions et de poudre de l’usine. Ce sont elles qui

volent puis fournissent les explosifs utilisés lors de l’insurrection

“ Un homme qui veut vivre…

Un homme qui veut vivre, pour lui rien n’est difficile. Quand j’ai vu que dans ces camps, dans

ces conditions, ça n’était plus vivre, je me suis dit : Je n’ai plus rien à perdre. Tout vaut mieux,

essayer n’importe quoi, plus que d’être dans ces conditions de non-vie (…) Nous avions fixé

l’heure de la révolte dans l’ensemble du camp pour le 14 octobre, à seize heures

(…) Le plan était de tuer les seize allemands qui se trouvaient dans le camp (…) ”

Yehuda Lerner

Survivante de Sobibor

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e) témoigner

« Il fallait être armé d’une volonté sans faille, d’une volonté d’acier et continuer à se

battre pour vivre (et quelle vie !). Conserver l’espoir insensé de survivre, comment cela

a-t-il été possible dans un tel enfer ? Surtout, ne pas renoncer. Les épreuves m’ont donné

la force de ne pas lâcher prise, car je m’étais persuadé que, si je disparaissais, il n’y

aurait plus aucun témoignage.»

Michel Pachter

L’exemple d’Auschwitz :

Des tracts sont rédigés par le Groupe de combat pour lutter contre l'antisémitisme et le

nationalisme. Préserver la vie de tant d'êtres humains menacés par une mort immédiate est

fondamental. Mais, face à la machine SS, les moyens paraissent dérisoires. Toutefois la

Résistance réussit à informer les Alliés des crimes commis à Auschwitz et signale en particulier

l'ampleur de l'extermination des Juifs. Elle leur transmet des plans, des rapports, des photos

dérobées aux SS ou prises clandestinement, des témoignages dont certains sont diffusés à la BBC

ou publiés à Londres sous la forme de brochures. Elle les appelle à bombarder les voies ferrées et

les chambres à gaz.

Pendant ce temps, les SS entreprennent de faire disparaître les traces de leurs crimes. Le

26 novembre, Himmler ordonne la destruction de l'ensemble des installations de mise à mort. Un

seul Krématorium reste en service pour brûler les cadavres des détenus - sa chambre à gaz restant

intacte - jusqu'au dynamitage tardif de l'ensemble des Krématorium le 25 janvier 1945. Les fosses

sont camouflées sous des plantations d'arbres. Les archives sont brûlées. Certaines sont sauvées

par des résistants travaillant dans l'administration et qui les enterrent. C'est ainsi que plus de 700

photos d'immatriculation de détenus arrêtés et déportés de France par mesure de répression ont pu

être conservées et retrouvées.

L’exemple de Birkenau

Les « chroniqueurs de Birkenau ». C’est le nom donné à un groupe d’hommes du

Sonderkommando qui ont décidé de tout consigner. Lettres, testaments, cahiers, notes et autres

documents manuscrits ont été regroupés et cachés dans des bidons de lait, des boîtes de

conserve puis enterrés près des crématoires dans l’espoir qu’ils soient retrouvés plus tard (et ce

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fut le cas). Leur objectif est de décrire les étapes de la « solution finale » mais aussi de rendre leur

humanité à ces millions de victimes anonymes. Grâce à ces documents très précieux, beaucoup

de survivants et de familles ont pu comprendre ce que furent les derniers instants des leurs et

ainsi faire leur deuil.

« La vie a eu le dernier mot puisque quelqu’un revient et parle ».

Charlotte Delbo

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II. Les valeurs véhiculées par la résistance

des déportés

Les valeurs véhiculées par la résistance des déportés sont nombreuses. Malgré l’horreur

des camps, les hommes et les femmes n’ont pas baissé les armes. Ils ont coute que coute gardé

une humanité qui leur a permis de se soutenir.

Ils ont fait échouer, par leur comportement, le système concentrationnaire construit pour

les avaliser, leur retirer toute dignité, toute humanité et tout sentiment.

A. Solidarité-amitié-partage

La solidarité entre déportés est déterminante dans la résistance au camp. Sans l’aide de

leurs camarades, beaucoup de déportés disent qu’ils ne seraient pas revenus.

Conchita se souvient…

« Cette fraternité se traduisait surtout par l’entraide morale car nous n’avions rien. À

l’usine, on chantait pendant le travail pour se donner du courage mais certaines chansons

faisaient pleurer quelques unes de nos compagnes. Elles leur rappelaient leur vie, leur famille.

Alors, on s’est dit : c’est fini, on ne chante plus de chansons populaires. Il faut trouver entre

chose. Alors on récitait les fables de La Fontaine, des poésies […] Notre fraternité, c’était ça, car

nous n’avions rien d’autre »

Emma Bruchard parle de l'appel :

" Alors le matin, l'appel, c'était à trois heures du matin, et on était debout pendant trois

heures consécutives. Et celles qui s'écroulaient, on les relevait parce que sinon, ils les

emmenaient au "Revier". Le Revier, c'était l'infirmerie, et elles mouraient. Alors on essayait de

les remonter tant qu'on pouvait. Et les autres qui nous comptaient, qui nous comptaient, et elles

se trompaient toujours ces bourriques là. "

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" Si j’ai survécu je le dois à coup sûr au hasard, ensuite à la colère, à la volonté de

dévoiler ces crimes et, enfin à la coalition de l’amitié, car j’avais perdu le désir viscéral de

vivre......

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"Le groupe donnait à chacun une infime protection (manger son pain sans qu’on

vous l’arrache, retrouver la nuit le même coin de grabat), mais il donnait aussi une

sollicitude amicale indispensable à la survie.

" Sans elle, il ne restait que le désespoir, c’est à dire la mort."

Germaine TILLON 24 588 RAVENSBRÜCK

B. Courage-sacrifice-oubli de soi

Des déportés se sacrifieront pour la survie de leurs camarades. Ils et elles donneront leur

vie pour que cessent l’insoutenable :

- Les 6 et 7 octobre, des membres du Sonderkommando se soulèvent anticipant l'insurrection

générale programmée, en apprenant qu'ils vont être liquidés. Ils font sauter le Krematorium-IV

grâce à la poudre soustraite dans l'entreprise d'armement « Union » par quatre détenues juives

polonaises. Elles seront par la suite pendues devant leurs camarades d'usine. Aucun des quelque

465 insurgés ne survit mais trois SS sont tués et douze blessés, le Krematorium-IV est

inutilisable.

Auschwitz

- L’évasion des officiers soviétiques à Mauthausen (février 1945) : Faits prisonniers de guerre,

ces officiers ont le même statut que les autres détenus au camp. Déportés à Mauthausen, ces

officiers élaborent un plan d’évasion. Une partie d’entre eux se sacrifie en se jetant sur les

barbelés qui disjonctent. Les autres peuvent alors franchir la clôture et s’enfuir.

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Comment conclure face à ce courage

d’hommes et de femmes ?

Nous terminerons notre exposé par cette citation de ce résistant et

déporté autrichien, mort récemment

« Même dans une situation limite, l’Humanité est plus forte que

l’inhumanité ; c’est pourquoi il faut résister».

Hermann Langbein (1912-1995)