la protection des forêts contre l’incendie dans les

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327 La protection des forêts contre l’incendie dans les Pyrénées-Orientales Une stratégie de grandes coupures par Daniel BOURGOUIN Le département des Pyrénées-Orientales et le risque incendie Le département des Pyrénées-Orientales est un département émi- nemment varié allant de la mer à la haute-montagne et qui présente, en conséquence, une extrême variété de végétation, celle-ci s’étageant du maquis bas méditerranéen aux peuplements de pins à crochet à plus de 2000 m d’altitude. Sa richesse environnementale, que ce soit au travers de ses paysages, de sa faune ou de sa flore, est une des plus grandes qui soit, ce qui explique l’importance des espaces classés au titre de l’environnement (réserve naturelle, site classé, Natura 2000, etc.). Il offre un cadre privilégié aux loisirs de plein air. Le tourisme est d’ailleurs le principal pôle économique de ce département avec l’agriculture. Enfin, parmi les principaux critères qui doivent être cités pour caractériser les Pyrénées-Orientales, il ne faut pas manquer de relever sa forte sensibilité aux risques majeurs et plus spécifiquement le risque d’incendie de forêt. Concernant ce fléau, les Pyrénées-Orientales sont confrontées à une situation critique, comme la majeure partie des départements ou des régions méditerranéennes. Ce texte est issu d’une conférence donnée par l’auteur en janvier 2002, à Bordeaux. Il y montre combien la Défense des forêts contre l’incendie (DFCI), fait partie intégrante de l’aménagement du territoire. La difficile prise en compte de l’ensemble des facteurs qui y contribuent (voirie de desserte, débroussaillement, mais aussi “coupures vertes” agricoles, pastorales ou forestières), implique, de la part de tous les acteurs concernés, une motivation et une animation persévérantes qui déboucheront, à terme, sur une action concertée, seule garantie de pérennité, d’efficacité et, finalement, d’économie globale. forêt méditerranéenne t. XXVI, n° 4, décembre 2005

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La protection des forêtscontre l’incendie

dans les Pyrénées-OrientalesUne stratégie de grandes coupures

par Daniel BOURGOUIN

Le département des Pyrénées-Orientaleset le risque incendie

Le département des Pyrénées-Orientales est un département émi-nemment varié allant de la mer à la haute-montagne et qui présente,en conséquence, une extrême variété de végétation, celle-ci s’étageantdu maquis bas méditerranéen aux peuplements de pins à crochet àplus de 2000 m d’altitude. Sa richesse environnementale, que ce soit autravers de ses paysages, de sa faune ou de sa flore, est une des plusgrandes qui soit, ce qui explique l’importance des espaces classés autitre de l’environnement (réserve naturelle, site classé, Natura 2000,etc.). Il offre un cadre privilégié aux loisirs de plein air. Le tourisme estd’ailleurs le principal pôle économique de ce département avecl’agriculture. Enfin, parmi les principaux critères qui doivent être citéspour caractériser les Pyrénées-Orientales, il ne faut pas manquer derelever sa forte sensibilité aux risques majeurs et plus spécifiquementle risque d’incendie de forêt.Concernant ce fléau, les Pyrénées-Orientales sont confrontées à une

situation critique, comme la majeure partie des départements ou desrégions méditerranéennes.

Ce texte est issu d’une conférencedonnée par l’auteur en janvier 2002,à Bordeaux. Il y montre combien laDéfense des forêts contre l’incendie

(DFCI), fait partie intégrantede l’aménagement du territoire.

La difficile prise en comptede l’ensemble des facteurs

qui y contribuent (voirie de desserte,débroussaillement, mais aussi

“coupures vertes” agricoles,pastorales ou forestières), implique,

de la part de tous les acteursconcernés, une motivation

et une animation persévérantesqui déboucheront, à terme, sur une

action concertée, seule garantiede pérennité, d’efficacité et,

finalement, d’économie globale.

forêt méditerranéenne t. XXVI, n° 4, décembre 2005

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Cependant l’ensemble du départementn’est pas exposé au même niveau de risque.Les principaux facteurs qui constituent le

risque incendie sont :– la végétation caractérisée par sa compo-

sition en essences, sa structure (le nombre destrates qui la compose), sa répartition (selonqu’elle est continue ou non), son étathydrique ;– les conditions climatiques dont séche-

resse estivale et vent constituent les élé-ments prépondérants dans le développementd’incendie ;– le relief où pente et exposition ont une

incidence significative sur le feu.Très schématiquement et simplement, on

peut considérer que le risque est fort sur lesmassifs forestiers dans les zones basses dudépartement (Aspres, Albères, Fenouillèdes,Corbières, Bas-Conflent) et que celui-cirégresse très fortement, avec l’altitude, dansles massifs les plus montagneux (Cerdagne,Capcir, Vallespir).

Une politique DFCI réfléchieLes actions de prévention contre les feux

de forêts mises en œuvre dans le départe-ment découlent d’une série d’analyses oud’études allant de l’échelle globale du dépar-tement à celle de la commune, ou même de lapartie de commune selon l’importance desenjeux à défendre.Les documents de référence en la matière

sont les suivants :– le SDAFI : Schéma départemental

d’aménagement des forêts contre l’incendiequi comme son nom l’indique, pose le pro-blème “feu” dans son ensemble à l’échelle dudépartement. C’est un document de stratégiequi, après avoir analysé de façon aussi objec-tive que possible les principaux facteursinfluençant les incendies, définit des priori-tés en termes d’actions à l’intérieur des bas-sins à risques qu’il aura précédemment iden-tifiés et qualifiés ;– les PAFI : Plans d’aménagement des

forêts contre l’incendie. Ce sont des docu-ments d’actions qui définissent, massif parmassif, les aménagements à mettre en placepour renforcer le dispositif de protection déjàconstitué. L’analyse initiale est similaire àcelle menée dans le cadre d’un SDAFI, maisà une échelle beaucoup plus fine qui estgénéralement celle du 25 000e. Le PAFI est

un document de travail d’une validité de 10 à15 ans qui permet aux maîtres d’ouvragesconcernés (généralement des syndicats decommunes à vocation DFCI) de définirchaque année un programme de travaux àengager.Des documents de travail encore plus fins

ont été réalisés, ils concernent des parties decommunes où des lotissements sont particu-lièrement exposés au risque “feu de forêt” ; lastructure de ces documents est similaire àcelle des PAFI, mais l’échelle de travail estalors celle du 1/10 000e et les propositionsd’équipement sont alors nettement plus pré-cises.Au-delà de ces documents qui débouchent

sur des mesures concrètes de protection d’unmassif forestier, il faut citer une autreapproche qui est celle des Plans de préven-tion des risques d’incendie de forêts. CesPPRIF ont une vocation beaucoup plus régle-mentaire et sont tournés prioritairementvers la protection des biens et des personnes.Ils portent généralement sur un territoirecommunal qui va être zoné (en fonction durisque feux de forêts) en secteurs construc-tibles sans réserves, constructibles sousconditions ou inconstructibles. Le zonage quien découle s’impose ensuite aux plansd’urbanisme des communes concernées.

L’équipement des massifs :évolution vers une politiqued’aménagement rural

On n’abordera ici que le volet de la préven-tion touchant à l’équipement des massifs,sachant que normalement le terme de pré-vention englobe aussi tout ce qui touche àl’information du public, à la réduction descauses de feux, au dispositif de surveillanceetc.

Initialement une politiqueDFCI sectorielleConcernant donc la conception des aména-

gements de terrains, il est important de rele-ver l’évolution significative dont elle a faitl’objet au cours de ces 10 à 15 dernièresannées.En effet, pendant de longues années la

stratégie de Défense des forêts contrel’incendie (DFCI) est restée très sectorielle,

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conçue par des forestiers, sur un domaineforestier, avec des moyens de forestiers. Cecin’est pas une critique, car cette méthode detravail correspondait aux pratiques dumoment qui était aussi celle de la majeurepartie des filières du monde agricole oud’autres domaines ; elle était en grande par-tie imposée par le fait que les financementsmis en œuvre étaient très ciblés (et aussi,sûrement, par le fait qu’ils étaient plus abon-dants, ce qui a pu nous amener à tarder dansla mise en œuvre d’actions plus sophisti-quées et plus coordonnées).La politique d’aménagement DFCI que

nous avons menée alors, reposait sur troistypes d’équipements classiques : des pistes,des points d’eau et des pare-feu qui étaientgénéralement des bandes débroussaillées(manuellement ou mécaniquement)d’environ 25 m de large de part et d’autred’une piste. L’objectif recherché était d’avoirune répartition aussi homogène que possiblede ces équipements sur le terrain aveccomme base des chiffres de l’ordre de 1 kmde piste pour 100 ha et d’un point d’eau de60 m3 tous les 2 kms.Ceci reste bien sûr très théorique et la

mise en œuvre de tels réseaux a été adaptéeaux contraintes locales : techniques maisaussi financières.Ce sont d’ailleurs ces contraintes qui nous

ont progressivement amenés à évoluer dansla conception des équipements de DFCI Leplus parlant des exemples est celui des pare-feu dont l’entretien est un gouffre financier ;rien ne repousse plus vite en effet que labroussaille qui vient d’être coupée.L’efficacité d’un tel équipement nécessite,avec des moyens mécaniques classiques, d’yrepasser tous les 3 ou 4 ans. La conséquenced’une telle contrainte est qu’après quelquesannées d’investissement on se retrouve dansune situation figée où l’argent mobilisable nesert plus à créer, mais uniquement à entrete-nir ce qui a précédemment été ouvert. Lamême problématique se pose pour les pistes,mais avec une échelle de temps plus longue.Pour continuer à progresser, il fallait donc

innover.

Une politiqued’aménagement ruralNous avons donc évolué progressivement

vers des politiques plus sophistiquées inté-grant les autres acteurs de ce milieu naturel.Tout en gardant la priorité de la DFCI nous

avons conçu les aménagements de terrain detelle façon qu’ils intègrent d’autres enjeuxvalorisant l’investissement initial et mino-rant par la suite le coût de leur entretien.Pour expliciter cette démarche, il suffit de

prendre l’exemple de zones “coupe-feu” réali-sées au travers d’aménagements sylvo-pasto-raux sous subéraie qui ont permisd’atteindre un triple intérêt :– un intérêt collectif : la protection de la

forêt et, plus généralement, de l’environne-ment en freinant ou arrêtant le passage desincendies ;– l’intérêt d’un éleveur qui a trouvé des

surfaces pour développer son activité pasto-rale, en échange de la garantie d’entretiendes surfaces ouvertes préalablement par desengins mécaniques ;– l’intérêt du propriétaire qui a pu bénéfi-

cier d’une remise en valeur de sa subéraie.D’autres profits pourraient être mis en

avant, celui par exemple des chasseurs quitrouvent ainsi un milieu plus diversifié et enconséquence plus riche en gibier ou celui despromeneurs à qui est offert un milieu plusaccueillant.Ce faisant, nous sommes passés d’un pare-

feu traditionnel de largeur limitée à desaménagements de beaucoup plus grandeampleur qui correspondent aux dernièresappellations de “coupure verte” ou encore“grande coupure”. De tels équipements sontévidemment beaucoup plus lourds à mettre

Photo 1 :Aménagementsylvopastoral au piémontdu Massif des Albères,au lieu-dit“La Couloubra”Photo DDAF 66

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en œuvre, car ils demandent au préalable,un travail important d’animation et deconcertation. L’investissement initial estbeaucoup plus important que celui néces-saire à un pare-feu classique, mais celui-ciest compensé ensuite par des coûts d’entre-tien plus réduits (les troupeaux maîtrisant larepousse des broussailles) et par une plusgrande efficacité pour arrêter un feu.

Des exemples concretsde “coupures vertes”Pour mieux faire comprendre le méca-

nisme de mise en œuvre de telles coupures,leur complexité mais aussi leur intérêt, ondétaillera ci-après quelques cas concrets.

Exemple d’aménagementsylvo-pastoral

Un premier exemple est celui d’un site enpiémont du Massif des Albères, sur la com-mune d’Argelès-sur-Mer au lieu-dit “LaCouloubra”.Au début des années 1990, ce secteur était

quasiment vierge de tout équipement DFCI.Seule une piste, dont l’implantation ne per-mettait que difficilement de créer une lignede défense en cas d’incendie, pouvait êtreutilisée. Aucune activité agricole n’avaitd’impact significatif sur ce territoire ; il exis-tait bien un petit troupeau de chèvre au MasChristine, mais celui-ci était conduit de façonextensive et son impact sur la végétationn’était que très diffus.

Ce site présentant un rôle stratégique dePFCI (Protection des forêts contrel’incendie), un vaste projet d’aménagement aété engagé. Quatre phases essentielles sont àdistinguer dans sa mise en œuvre.

Première phase : animationL’intervention s’est réalisée en territoire

privé, au parcellaire très morcelé et, oùavant d’entreprendre le moindre aménage-ment de terrain, il était nécessaire d’obtenirl’accord de tous les propriétaires concernés.Il a donc été constitué, après animation (ren-contres et discussions avec chaque proprié-taire) une ASL (Association syndicale libre)qui a regroupé 69 détenteurs ayant une maî-trise foncière sur un total de 457 ha. CetteASL a ensuite été maître d’ouvrage de lamajeure partie des travaux réalisés sur lesite, en association avec le syndicat de com-munes à vocation DFCI qui œuvre déjà surce massif (SIVU des Albères).

Deuxième phase : accès et ouverturedu milieuLe milieu était totalement fermé, embrous-

saillé et sans aucun accès. Le premier amé-nagement de terrain a donc été de réaliserune piste installée en courbe de niveau etconçue pour être, à terme, la base d’une lignede défense principale contre l’extension desfeux. Un point d’eau (citerne de 30 m3) a étéimplanté le long de la piste. En complémentde cette opération une série de débroussaille-ments classiques (en bord de piste) a été réa-lisée afin “d’y voir clair” et de disposer d’un

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Photo 2 :L’organisation

d’une activité pastoraleà “La Couloubra”

a été facilitéepar la mise en place

d’une Associationfoncière pastorale.

Photo DDAF 66

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équipement opérationnel en cas d’incendie.Ces opérations ont été réalisées en 1992 et1993.Dans le même temps et, pour anticiper une

future activité pastorale, des débroussaille-ments de plus grande envergure ont été réa-lisés sur des croupes facilement mécani-sables. L’intérêt affiché (et réel), encomplément de la DFCI, a été alors celui dela remise en valeur des suberaies (enjeu éga-lement présent sur les débroussaillementsprécédents).Toujours en anticipation d’une activité

pastorale, des clôtures périmétrales ont étémises en place.

Troisième phase : concertation etstructuration pastoraleEn parallèle aux investissements précé-

dents, une animation a été faite auprèsd’éleveurs pour les amener à s’installer surle site ou, pour celui déjà présent, à adapterses pratiques pour tirer parti des terrainsmis à sa disposition. Mais avant tout, il a éténécessaire de compléter la maîtrise foncière,sur l’ensemble du site, pour que celle-ciréponde à un usage pastoral. Ceci a amené àconstituer une Association foncière pastorale(AFP) en 1996, qui a permis de regrouper531 ha appartenant à 128 propriétaires(forestiers et non forestiers).L’organisation ainsi mise en place, avec

ASL et AFP, a permis par la suite de déve-lopper beaucoup plus rapidement les activi-tés pastorales et de rentrer dans une phased’aménagement multifonctionnel encore plusdynamique. Ce faisant, il a fallu élargir lechamp des concertations en intégrant auprojet les autres usagers de ces territoires,tels que chasseurs ou randonneurs (à pied, àvélo ou à cheval), pour garantir la cohérencedes réalisations et éviter des conflits entreusagers, susceptibles de remettre en cause latotalité de l’opération.Mais il ne faut surtout pas oublier que la

volonté communale, traduite parl’implication forte de quelques élus, a été unélément essentiel de réussite de cette action.

Quatrième phase : développementd’actions sylvo-pastoralesA partir de 1996, il a été possible de déve-

lopper des actions multifonctionnelles, ayanttoujours à la base un intérêt DFCI prépondé-rant, mais répondant, en même temps, à unenjeu pastoral et à un enjeu forestier direct,par la remise en production du liège.

A la date d’aujourd’hui, ce sont quatrestructures pastorales qui occupent le terrainsur 178 ha :– l’ancien éleveur de chèvres qui est passé

d’un élevage extensif à une occupation plusraisonnée du territoire avec un impact mar-qué ;– un éleveur de chevaux (organisateur de

randonnées estivales) qui, au lieu de garderses animaux à l’écurie avec une alimentationartificielle, occupe une partie du territoireaménagé ;– un éleveur de chevaux de race, tourné

vers la vente d’animaux sélectionnés (opéra-tion en cours de mutation : changementd’activité) ;– un éleveur ovin local qui s’est constitué

un troupeau et qui a pu développer son acti-vité grâce aux terrains mis à sa disposition.Ces quatre structures ont, chacune,

contractualisé des mesures agri-environne-mentales qui rémunèrent le travail supplé-mentaire effectué pour répondre aux enjeuxDFCI. Ceci se traduit par les trois zones sui-vantes :– surface totalement débroussaillée en

début d’été ;– zone dont la masse de broussaille est

réduite à 50 % ;– zone à impact plus diffus.

En résumé, ce qui vient d’être présentés’échelonne sur une période de 8 ans, aurademandé plusieurs mois de travail à destechniciens et ingénieurs forestiers ou agri-coles, et aura nécessité de mobiliser presque700 000 €. A cela il faudrait encore ajouter :

– le travail et les investissements propresaux éleveurs ;– les sommes engagées au travers des

mesures agri-environnementales qui, tousles ans, représentent environ 15 000 € ;

– les investissements réalisés sur des amé-nagements complémentaires, venant enappui au dispositif en place et dont l’enjeudominant est la réhabilitation de la subéraie.

Exemple de coupure D.F.C.I.viticole

De nombreux autres exemples de coupureverte avec reprise pastorale basée sur desmécanismes similaires pourraient être pré-sentés, certains allant jusqu’à la créationd’une bergerie et d’une fromagerie. Nous nele ferons pas ici, mais il est toutefois intéres-

Page 6: La protection des forêts contre l’incendie dans les

sant de présenter un autre type d’actionsqui, lui, repose sur le développement devignobles pare-feu. Ce type d’action aconcerné essentiellement le secteur des com-munes de Collioure, Port-Vendres, Banyulset Cerbère, où plus de 100 ha de vignoble àvocation DFCI ont été créés en prolongementde vignes anciennes pour cloisonner le terri-toire vis-à-vis des feux. Là encore, noussommes dans une opération d’aménagementconcerté associant élus, forestiers, viticul-teurs et répondant à de multiples enjeux :protection, relance viticole, développementtouristique, traitement des paysages, etc.Cette opération présente une approche voi-

sine de l’exemple pastoral précédent. Aprèsanimation, concertation et maîtrise du fon-cier, il est créé un accès sur lequel vonts’appuyer, par tranches successives, desmises en culture viticoles.L’efficacité de tels équipements s’est trou-

vée (malheureusement) démontrée lors d’unincendie en fin d’été 2000. Les coupuresmises en place ont parfaitement fonctionné ;on voit très nettement, à l’analyse de ce feu,qu’il a été canalisé par les vignes DFCI, per-mettant ainsi aux secours de concentrerleurs actions sur des secteurs plus dange-reux.

Une politique à long terme

La présentation des aménagements réali-sés en piémont du Massif des Albères permetde bien faire comprendre la complexité inhé-rente aux opérations d’aménagementsconcertés et la nécessité d’avoir une vision àlong terme de l’aménagement d’un territoirequi demande une continuité d’actions et demoyens.Cela explique le fait que la mise en œuvre

de grandes coupures ne puisse se faire demanière globale. Il ne suffit pas de le vouloirpour qu’elle se fasse. Contrairement à unéquipement de DFCI classique (de type pisteavec pare-feu linéaire en appui) que l’onpourrait implanter de façon autoritaire en seretranchant derrière le Code forestier et desdéclarations d’utilité publique, une grandecoupure ne peut être imposée. Un tel équipe-ment implique la prise en compte des fac-teurs humains et des conditions techniquesqui doivent rentrer en adéquation, à unmoment donné, de façon consensuelle.A “La Couloubra”, on se rend compte que

l’on est encore très loin de la continuité de“coupures vertes” qui est recherchée et affi-chée dans le dernier PAFI engagé sur lemassif. Actuellement, cette continuité nepeut être assurée que par une combinaisonde moyens où les aménagements classiquesde DFCI jouent un rôle essentiel. En effet,ceux-ci auront toujours une raison d’être, caril y aura, inévitablement, des parties de ter-ritoire où il sera impossible de réaliser unaménagement rural du type “grandes cou-pures”.

Perspective

Les dernières orientations prises en pro-longement des actions précédentes portentsur la mise en œuvre de la Charte forestièrede territoire. En effet, il est souhaitabled’élargir le champ des concertations en inté-grant de façon beaucoup plus réfléchie desenjeux tels que la prise en compte des pay-sages, la biodiversité, le développement tou-ristique, etc. Le but recherché étant de glo-baliser des financements d’origines diverses,support à des aménagements de terrain par-faitement en phase avec les multiples enjeuxd’un territoire

D.B.

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Daniel BOURGOUINDirection

départementalede l'agriculture

et de la forêt19 Avenue de la

Grande Bretagne66025 Perpignan

cedexTél. 04-68-51-95-29Fax 04-68-51-95-95

Courriel :[email protected]

Photo 3 :L’aménagement de la coupure de “La Couloubra” a permis, en complément

de la DFCI, une remise en valeur des subéraiesPhoto DDAF 66